Les fiefs de Crache, Pommeret et Fay à Limours et aux Molières
Cette chronique est le premier volet d'un écart des communes de Limours et des Molières . Cet endroit aujourd'hui ne laisse pas deviner l'existence aux siècles précédents d'un château entouré de douves avec un pont-levis et à des temps plus reculés d'une grange monastique.
Selon Merlet et Moutié, Terra de Crechiis , Crechiæ , les Crèches , représentent un ancien manoir près du Pommeret, dans la commune de Limours. Les bâtiments n'existent plus et ce n'est plus que le nom d'un chantier. Selon la déclaration de 1511, les religieux des Vaux de Cernay y avaient « tout droict de justice, haulte, moyenne et basse, pour laquelle exercer commettre sergens et prévost, l'appel duquel prévost ressortit par devant le bailly de ladite abbaye des Vaux, et l'appel dudit bailly ressortit par devant le prévost de Paris ou son lieutenant ». Également Pomeret, Pommeretum, Poumeret, Pommeret, Peommeretum , le Pommeray ou les Grandes-Crèches , caractérise une ferme dans la commune et canton de Limours, arrondissement de Rambouillet.
JP.Dagnot C.Julien Avril 2013
Les documents anciens
Il s'agit de chartes, pour la plupart extraites du cartulaire des Vaux de Cernay. En 1156, Thibault, évêque de Paris confirme tous les biens donnés aux moines des Vaux de Cernay « monachis Vallium Sarnaii ». Parmi les nombreuses libéralités pieuses, nous trouvons que toute la terre de Crèches fut donnée par un nommé Payen avec le consentement de Guillaume Bischeron dont le fief était mouvant. En tant que premier seigneur ledit Guillaume reçoit chaque année un demi muid de froment et un demi muid d'avoine à prendre sur la grange monastique (Charte XIII des Vaux de Cernay).
En 1162, Maurice, évêque de Paris, confirme la donation de Payen et Joscelin de Limours « Pagano et Joscelino de Lymoiis » du domaine de Crèches avec une terre et un bois.
« Moi Maurice par la grâce de Dieu, évêque de Paris, à tous les fidèles de l'Eglise, salut. A tous présents et futurs, nous faisons savoir que le chevalier Payen « Paganus » donna à l'église de Cernay et aux moines qui y servent Dieu, en pure et perpétuelle aumône, toutes la terre appelée fief de Craches « dicitur feodum de Crechiis » délaissant tous les cens, dîmes et champarts et la grange, contenant environ 106 arpents de terre, tenant d'une part au chemin qui tend de Bonnelles aux Molières, et d'autre part aux terres de Pommeray, et d'autre part au chemin qui tend de Cernay aux Molières, et aux terres de Mollières avec six arpents de prairie situés au même lieu proche la susdite terre de Craches, et d'autre part aux terres de Pommeray. Guillaume Bischeron accepte et confirme cette donation en tant que seigneur de la terre et de la prairie, sont également présents son fils Eudes et sa fille Eremburge qui concède ces choses. Et venant, le chevalier Joscelin de Limours donna à la susdite église toute sa terre située au même lieu, délaissant tout le cens, la dîme et le champart, d'une contenance de 85 arpents, tenant d'une part à la susdite terre de Craches donnée par le susdit Payen, et d'autre part à la terre et au jardin de Pommeray, et d'autre part à la voie tendant de Cernay à Chaumucon, avec les friches du même endroit contigu à la susdite terre d'une part et d'autre aux bois et terre dudit chevalier Joscelin de Limours. Et de plus Joscelin donna à la susdite église son bois situé au même lieu, en colline et vallon, contenant 34 arpents ou environ tenant d'un long la route de Chaucon à Cernay et d'un bout aux susdites friches, d'une part et aux terres de la grange de Saint-Clair d'autre part. Alors, les chevaliers Geoffroy de Vaugrigneuse et Bouchard de Coudray de qui les susdits terres, bois et friches sont mouvants, acceptent de céder et de quitter toute la justice que les moines tiendront en toute liberté et quiétude et Aia, femme dudit Geoffroy de Vaugrigneuse approuve cette donation. Puis, Gui, Hervé, Fromond, les frères de Bouchard de Coudray, Maheu Gruel et sa femme et ses filles Helvise, Agnès et Eremburge approuvent et donnent leur consentement. Et pour que cette chose soit permanente nous apposons notre sceau. Ceux qui témoignent : Gautier, chapelain ; Aunseau, chanoine de Paris ; Arnoult, doyen ; Orry, prêtre ; Guillaume de Fabricis, Simon de Braye et Erard son frère ; Adam de Braye ; le maréchal Thomas ; les changeurs Rambouth et Ebroin. Donné à saint-Victor, l'an de grâce 1162, le troisième anniversaire de notre épiscopat (charte XXIII des VdC). Cette entrée en matière montre qu'il y a plus de 850 ans les lieux Pommeret, Craches et Chaumusson existent ainsi qu'une grange monastique.
Une seconde charte identique à la précédente précise que Payen de Pise « Paganus de Pisis » pourrait être le véritable donateur de la terre de Crèches. D'autre part, l'acte stipule que cette terre est d'une contenance de 156 arpents (charte XXIII bis des VdC).
Vers 1162, Louis VII, roi de France et duc d'Aquitaine, donne aux moines des Vaux de Cernay, le droit d'usage dans la forêt d'Yveline, c'est-à-dire le bois nécessaire à la construction ou au chauffage. Dans le même diplôme, le roi confirme les biens reçus par l'abbaye « De Creches : Gaufridus de Vallegrainosa et Aia uxor ejus duderunt totum feodum de Creches, quod Vuillelmus Bisherum tenet ab eis, Hodone filio suo et Heremburge filia concedentibus », c'est-à-dire Geoffroy de Vaugrigneuse et Aia sa femme donnèrent tout le fief de Creches, que tenait Guillaume Bisheron, avec le consentement de son fils Eudes et de sa fille Eremburge. Puis, Geoffroy de Limours et Joscelin son fils « Gaufridus de Limois et Goscelinus filius ejus » donnèrent le champ contigu à la grange de Crèches avec le consentement de leurs femmes Elisabeth et Sanceline ainsi que l'approbation de leurs enfants Gui, Hervé, Fromond, Maheu, Godefroy et les sœurs de ceux-ci. Ensuite, ledit Geoffroy, sa femme et ses fils donnèrent la terre que les moines réclamaient, tenant au clos de la grange de Crèches avec les deux étangs qu'elle contenait avec le droit de pêche (Charte XXIV des VdC). D'autre part apparaissent également les premiers seigneurs de Limours connus.
Le 2 mars 1163, le pape Alexandre III donne une bulle de confirmation de tous les biens temporels de l'abbaye des Vaux de Cernay qu'il place sous sa protection. Ce diplôme reprend les termes précédents concernant la donation du fief de Crèches et de la terre jouxtant la grange par le chevalier Geoffroy de Vaugrigneuse (Charte XXVI des VdC).
Les lettres de Maurice, évêque de Paris, données en 1166, confirment le don de vingt arpents de terre jouxtant la grange de Crèches par Jean Muscat de Limours. Cette aumône est consentie par sa femme Cécile, ses fils Garin, Geoffroy et Thomas et sa fille Marie. De ce don fut approuvé et confirmé par serment par Joscelin de Limours et ses frères Gui, Hervé, Fromond, Geoffroy, leurs femmes et filles. Et pour le rendre permanent, le scel épiscopal est apposé sur l'acte dont les témoins sont : le chapelain Gautier, le chanoine Ascelin, le doyen Arnoult, le prêtre Orric ; Guillaume de Fabricis, Michel de Agenvillier et le maréchal Thomas (Charte XXVIII des VdC).
En 1192, un concordat est signé entre Gui, abbé des Vaux de Cernay et l'abbé de l'abbaye de Bourgueil, patron du prieuré de Limours en présence du prieur Pierre « Petro priore de Limoes ». Le moines des Vaux de Cernay reçoivent une terre que le prieur de Limours possédait devant la grange de Crèches à la condition de fournir chaque année deux muids de grains, mesure de Montlhéry, au prieur de Limours, savoir un muid de blé d'hiver après les semailles et un autre d'avoine. La présente terre avec son champart et sa dîme, qui étaient tenus par le prieur de Limours sont concédés. L'acte donné au chapitre en présence de Ferry prieur de Bourgueil, Jean sous-prieur, Olivier portefaix, Guillaume aumônier, Guillaume prévôt, Lucas sacristain, Guillaume cellarier, Durand chambrier, Gui abbé de Cernay, Jean prieur, Sanson sous-prieur, Roger chantre, Robert sous-chantre, Simon cellarier et Geoffroy de Noyer (Charte XCVI des VdC).
Les lettres données en 1197 par Eudes évêque de Paris confirment au profit des moines des Vaux de Cernay la donation de toute la terre du Fay et quatre arpents de prairie par Robert Chalmont et son fils Amaury. Jouxtant la terre de Crèches, cette terre donnée avec tout le cens, la dîme et le champart, contient 70 arpents tenant d'une part au chemin qui tend de Bonnelles aux Molières, d'autre part au pré du Fay et la terre de Grignon, d'autre part aux terres, jardins et clos du Fay et enfin du chemin tendant de Cernay à Chaubuisson. Puis lesdits Robert et Amaury donnèrent aux susdits moines quatre arpents de prairie situés et contigus d'une part à ladite terre et d'autre part aux terres et jardins du Fay. Robert et son fils jurèrent de ne pas inquiéter et contester la possession des moines. Gautier dit de Rochart, seigneur féodal abandonna la mouvance de cette terre. Le chevalier Simon, seigneur de Gometz, premier seigneur, donna toute la justice et jura que ni ses héritiers ni sa femme Hersende ne la réclameront pas. De plus ledit Robert donna auxdits moines 60 livres et son fils Amaury 30 livres. Les temoins de cette chose sont : Marcel clerc de l'abbaye, le maréchal Thomas, Guillaume curé de Gometz, Herembert curé de Chevreuse, Hugo Bibens, Hervé clerc de Limours et Fromond son frère, Garin de Germonville, Ramnerius habitant du même village et Richard des Molières (Charte CXI des VdC). Le chantier du Fay apparaît et donc tous les lieux concernant cette chronique sont maintenant cités.
Au cours du mois de mai 1226, un concordat est passé entre les moines des Vaux de Cernay et Amaury, comte de Montfort et de Leycester. Se rappelant que les roi Louis et Philippe avaient accordé des droits d'usage dans la forêt d'Yvelines « in foresta Aquiline », le comte reconnaît ne plus contester le prélèvement du bois mort pour le chauffage et du bois vif pour la construction nécessaires aux moines. Les différents lieux sont cités dont Crèches, Montfaucon et le cellier de Bruyères (Charte CCLXVIII des VdC).
Dans un acte de mai 1241, le chevalier Godefroy de Coudray « Godefridus de Coudreio » se rappelant que le défunt chevalier Geoffroy de Limours « Gaufridus de Lymoes » avait donné aux moines de l'abbaye des Vaux de Cernay, en pure et perpétuelle aumône, deux arpents de terre sis proche la grange appelée Crèches dans sa mouvance, concède et quitte cette terre au profit desdits moines qui la tiendront en mainmorte sans que ni lui-même, ni ses héritiers puissent la réclamer. Le chevalier appose son scel pour que cet acte soit permanent (Charte CCCCVI des VdC).
Les lettres données en avril 1249 par Girard archidiacre de l'Église de Paris confirment que Hédouin dit Leduc, clerc marié, sa femme Petronille et sa mère Mabile Blanche revendiquent avoir et percevoir chaque année, le jour de la Toussaint, deux setiers de froment et un setier d'avoine, mesure des Molières, à prendre dans la grange de Crèches contiguë de Pommeray « in granchia de Crachiis juxta Pomeret ». Dans les lettres de feu Maurice évêque de Paris, il est mentionné que deux setiers de froment et un setier d'avoine, précédemment possédés par feu Regnault, échoient chaque année à Hédouin et Mabile. Lesdits Hédouin, Pétronille sa femme et Mabile reconnaissent avoir vendu et quitter à toujours deux setiers de froment et un setier d'avoine aux religieux hommes, abbé et couvent des Vaux de Cernay moyennant treize livres parisis (Charte CCCCLXXII des VdC).
A la fin du XIIIe siècle, le chambrier de l'abbaye des Vaux de Cernay établit les comptes du temporel du couvent (Charte DCCCCLVII des VdC). Pour ce qui concerne la grange de Crèches au jour de lundi avant la fête de saint Luc évangéliste :
1° recette annuelle de 1296
• 40 muids de blé dont 22 setiers du prieur de Limours pour la dîme de toutes nos terres, 6 setiers, mesure des Molières, de Philippe de Herbouviller, 12 muids du four dont il faut déduire 8 muids pour l'entretien, 6 muids 8 setiers sont pris pour la semence.
• 28 muids d'avoine dont 22 setiers du prieur de Limours et 6 setiers de Philippe de Herbouviller, 10 muids 4 setiers pour la semence.
• 4 muids d'orge.
• 4 muids 6 setiers de fèves et 13 setiers de pois.
2° recette annuelle de 1297
• 38 muids de blé desquels 7 muids 8 setiers pour la semence, dont 21 setiers du prieur de Limours pour la dîme de toutes nos terres, 6 setiers, mesure des Molières, de Philippe de Herbouviller, 12 muids du four.
• 16 muids d'avoine dont 10 muids pour la semence. Le prieur de Limours a rendu 21 setiers mesure de Paris.
• 20 setiers de légumes.
• recette du régisseur : 202 livres 11 sols dont 160 livres 4 sols pour vente de 20 muids 2 setiers de blé ; 8 livres 2 sols pour vente de 18 setiers de fèves, 9 livres 13 sols pour la vente de 16 porcs, 72 sols pour la vente de 6 setiers de poissons, 20 livres pour la vente de 4 muids d'orge.
• dépenses : 207 livres dont 42 livres pour seigle, 10 livres 3 sols de vins et légumes, 60 sols de graisse, 9 livres de cuir des chaussures, 20 livres pour l'achat de chevaux, 62 sols pour la réparation des murs, 37 sols de toile, 52 livres 12 sols pour l'achat de 11 muids d'avoine, 25 sols d'huile, 18 livres pour le salaire des ouvriers, 30 sols pour le sarclage, 40 sols pour le forgeron, 32 sols pour les faucheurs.
Cette énumération montre à l'évidence un lieu en pleine activité, produisant des grains, des légumes, du bétail, du poisson. La grange est entourée de murs.
Les lieux au XIVe siècle
Du 9 juin 1300, une sentence du prévôt de Paris adjuge la possession d'une pièce de terre dans la paroisse de Limours « in parrochia de Limoiis » « A touz ceus qui ces lettres verront, Guillaume Thibout, garde de la prévosté de Paris, salut : Sachent tuit que nous, l'an de grace mil trois cenz, le vendredi après la Trinité, veymes unes lettres scellées du seel de la prévosté de Paris, contenanz la fourme qui s'ensuit. «A touz ceus qui ces lettres verront, Guillaume Thibout, garde de la prévosté de Paris, salut : Nous fesons asavoir que par devant nous vindrent en jugement, en leurs propres personnes, Heloyn de Balisi, escuier, et damoiselle Agnès, sa fame, affermèrent en droit que il avoient, tenoient et poursuivoient, du propre héritage dudit Heloyn, une pièce de héritage, contenant quatre vinz arpenz ou environ, que bois, que bruière, que pasture, que terre guaingnable, assis en la paroisse de Lymoux, en la dyocèse de Paris, tenant d'un bout, par devers Chaubuçon, au bois de Poumereit, et ensuient à ce meismes bout et à la terre du seigneur de Poumereit, et ensuient à ce meismes bout et à la terre au seigneur de Lymoux, et à l'autre bout, aus friches des Creiches, et l'un costé par desuq tous, au lonc du chemin par où l'en va de Sarnay à Chaubuçon jusques aus bois devant dit du Pomereit, et de l'autre, par dessouz, tenant à la terre à la fame deu Tenanrt Gerin, et de lez, tenant au chemin de la valée de Lymoux, et ensuient à la terre Renout le Bestier et à la pasture et au pré qui fu Jehan Petit, clerc, de Chevreuse, et à la terre Robin d'Artillert et à la terre à la fame feu Lambert Béraut : toute ladite pièce ou fié damoiselle Jehanne dou Coudray, fame jadis feu Hecart d'Escauz, jadis escuier, si comme il disoient. Toute laquele pièce de héritage, si comme elle se comporte, en plain et en larriz, en lonc et en lé, en haut et en bas, desus et desouz, escepté la terre au Breton, les devant diz Heloyn et damoiselle Agnès, sa fame, pour ce présenz par devant nous en jugement, vendirent chascun pour le tout, et recognurent et confessèrent en droit eus avoir vendu, et, par nom de pure et perpétuel vente, quitté, ottroié, desore, droit bonnement à touzjourz perpétuelment, à religieus hommes, l'abbé et le couvent des Vaus de Sarnay, à leur église et à leurs successeurs en icelle église, tout pour le pris de quatre vinz et dis livres de parisis, etc….
Et avec ce, vint en jugement par devant nous ladite damoiselle Jehanne du Coudray, laquelle vente, en la manière que il est dit et devisé par desus, et que lesdiz religieus et leurs successeurs tiengnent dès ores en avant à touz jours ledit héritage paisiblement, tout admorti tant comme à lui et à ses hoirs appartient ; et promist par son creant, et seurs l'obligation de touz ses biens et des biens de ses hoirs, que contre ce ne vendra, par lui ne par autre, à nul jour ou temps avenir. En tesmoign de ce, nous avons mis en ceste lettre le scel de la prévosté de Paris, l'an de grace mil trois cenz, le jeudi après la Trinité ».
Et nous, ou transcript de ces lettres, avons mis le scel de la prévosté de Paris, sauf touz droiz, l'an et le jour desus diz. Signé O. de Serqueuse.
Devant frère Geoffroy abbé du monastère de Bourgueil, un concordat fut établi le 29 juin 1303 entre le prieur de Limouts « priore de Limos » et les moines des Vaux de Cernay à propos de quatre muids et demi de grains à prendre sur la grange de Crèches « grangia de Crechiis ». « A tous ceux que ces lettres verront, frère Geoffroy, par la grâce de Dieu, abbé du monastère de Bourgueil au diocèse d'Angers et tout le couvent de ce lieu, au nom du Seigneur, salut. Depuis quelque temps, il existe un contentieux entre les religieux hommes abbé et moines du couvent des Vaux de Cernay, ordre de Citeaux et le prieur de Limours au sujet de quatre muids et demi, mesure de Montlhéry, moitié blé d'hiver et moitié avoine, à prendre chaque année dans la grange de Crèches dans le temps entre la saint Rémy et la Toussaint, il a été garanti et raisonné ce qui suit. C'est à savoir deux muids comptés de la terre devant l'entrée des Crèches qui est la terre appartenant audit prieur de Limours, et deux muids et demi comptés de l'amodiation de toute la dîme à prendre sur les terres de Crèches de la façon qu'il est prescrit par les lettres entre le monastère et l'abbé sous le scel apposé du couvent, alors que le prieur de Limours réclame avec insistance qu'il doit s'acquitter desdits quatre muids et demi, selon la nouvelle mesure de Montlhéry. Au contraire, lesdits abbé et couvent des Vaux de Cernay disent que la mesure dont on devait s'acquitter est la mesure ancienne de Montlhéry au temps où les lettres avaient été confectionnées utilisée jusqu'à maintenant dans cette grange et qui a été utilisée depuis les temps immémoriaux sans contradiction. Afin d'établir la paix entre les religieux et par l'expérience d'un conseiller et après délibération, il est décidé une composition et un concordat par lequel ledit susdit abbé et couvent des Vaux de Cernay et ledit prieur de Limours et ses successeurs, au sujet des susdits quatre muids et demi, que concernant la dîme de dix arpents de terre ou environ situés au lieu-dit Val-Froger qui avait été vendu par l'écuyer Jean de Pommeray, cette dîme appartiendra au prieur de Limours, c'est-à-dire vingt-deux setiers de méteil d'hiver après la semence et autant d'avoine, mesure et minage de Paris, livrés chaque année au lieu susdit et autant à perpétuité et désormais, le prieur et ses successeurs ne pourront réclamer la dîme sur les dix arpents. Pour que cet accord soit permanent nous apposons notre scel sur les présentes lettres. Donné l'an de grâce 1303, au mois de juin, le jour de la fête des apôtres Pierre et Paul (Charte MVII). Cet acte est intéressant il reconnait que la grange de Craches est tenue par des ordres religieux et qu'à des temps reculés existait un écuyer appelé Jehan du Pommeray.
Au mois de mai 1304, Philippe IV, roi de France « Philippus, Dei gratia, Francorum rex », par un vidimus confirme les lettres données par le prévôt de Paris le 24 mars 1302, relatives aux frais financiers payés sur l'acquisition faite par les moines de Cernay (Charte M). « A touz ceus qui ces lectres verront, nous, Jehan de Monci, enquesteur député de par nostre seigneur le roy de France des acquès que les églises et les religieus ont fait en la prévosté de Paris et en resort d'icelle, et des fiez qui sunt en main de non nobles, faisons assavoir que nous avons eu et receu des religious hommes, l'abbé et le couvent du Vau de Sarnay, de l'ordre de Cistiaus, ou non de nostre seigneur le roy devant dit, pour leur acquez depuis cinquante ans et de plus qu'il ont faiz en ladite prévosté et en resort, c'est assavoir de 80 arpens de bruyères et de pasturages ou environ, séanz entrz Chaumuce et les Crèches, et de vint et un arpent et un quartier et neuf perches ou environ de terre arable ou terrouer de Sernay, qui valent et sont prisiés par an de rente seize ou là entour, soissante et quatre livres de Paris de la finance des quatres années ; desquex deniers devant diz, nous nous tenons pour bien paiez, et en quitons lesdiz religious à touzjours, sauf le droit de nostre seigneur et l'autrui, s'il i est. En tesmoing de laquel chose, nous avons scelé ces lettres de nostre seel, qui furent fetes l'an de grace mil trois cenz et un, le samedi veille Nostre-Dame en marz ».
Du 6 mars 1305. « A touz ceus qui ces présentes letres verront et orront , Guérin Vyel et Jehan Chapellain, prévoz de Chevreuse, salut. Sachent tuit que par devant nous vindrent en jugement en leurs propres personnes, Jehan de Gernonvoisin, escuier, et Jehanne, sa fame, Jehannot, dit Cherruel, de Herboviller, Marguerite, sa fame, suer de ladite Jehanne, et Amelot, suer desdites Jehanne et Marguerite, filles jadis feu Phelippe de Herboviller, escuier, affermanz en droit que il avoient, tenoient et possedoient du propre héritage desdictes Jehanne, Marguerite et Amelot, un mui de grain de rente chacun an, en la maison de Crèches, de hommes religieus, l'abbé et le couvent des Vaus de Sarnay, c'est assavoir demi mui de blé et demi mui d'avoine, movant ledit mui en fié de Philippe de Jehaigney, escuier, si comme il disoit, lequel mui de grain dessusdit lesdiz Jehan de Gernonvoisin et Jehanne, sa fame, Jehannot Cherruel et Marguerite, sa fame, et ladite Amelot, recognurent eus avoir vendu et en non de pure et perpétuele vente avoir otroié, quitié et délessié au devant diz religieux, pour le pris de sept vint livres de Paris, etc…. En tesmoing de laquelle chose, nous avons seellé ces letres du seel de la prévosté de Chevreuse, l'an de grace mil trois cenz et quatre, le dimanche après la feste Nostre Dame de marz (Charte MXIV des VdC).
En 1308, le dimanche 10 novembre devant la fête Saint-Martin d'hiver, par devant Pierre le Féron, garde de la prévôté de Paris, Philippe de Jehaignay, écuyer, amortit la vente faite par les héritiers de Philippe d'Herbouvilliers. En 1308, le mercredi 13 novembre après la fête Saint-Martin d'hiver, par devant Jean Chapellain, prévôt de Chevreuse, damoiselle Phelippe de Jehaigny, femme de Philippe de Jehaignay, donne un semblable amortissement. Enfin en 1316, au mois de mai, Renaud de Soisey, sire de Molières, chevalier, ratifie l'acquisition faite par l'abbaye des Vaux de Cernay.
Le 22 juin 1319, vente d'une pièce de bruyère au bois de Crèches par Hémard de la Marche et sa femme Marie. « A touz ceus quoi ces lettres verront, Henri de Taperel, garde de la prévosté de Paris, salut. Sachent tuit que Hémart de la Marche, escuier, et madam Marie, sa fame, affermèrent et recognurent avoir vendu, quitté, cessé, deleissié et du tout transporté, desorendroit à touz jours, à religieus hommes et honnestes, l'abbé et le couvent des Vaus de Sarnay, à leurs successeurs et à ceus qui de eus ont et auront cause, une pièce de bruières qui il avoient, assis au bois de Cresches, tenant d'une part ausdiz religieus, et d'autre part au prieur de Loncpont, derrière une pièce de paastiz que il avoient assis en ce meisme lieu, tenant d'une part au prieur de Loncpont dessusdit, et d'autre par à Jehannot du Buisson, escuier, et aussi tout le cenz que Gilart, le fuiz Esdeline de Limos, leur devoit chascun an sus une pièce, que terre que bruière, tenant d'une part au bois dessusdit, et d'autre part au pré de Pisselou, c'est assavoir pour le pris de treze libres et sis souz parisis, etc… En tesmoing de ce, nous, à la requeste desdiz mariez, avons mis en ces lettres le seel de la prévosté de Paris, l'an de grâce mil CCC dis nuef, le vendredi avant la feste de la Nativité saint Jehan Baptiste (Charte MXXXVIII).
Déjà, en 1316, Hémard de la Marche et Marie de Limos, sa femme, avaient vendu à l'abbaye de Cernay, pour dix livres parisis, deux sous et six deniers parisis de cens sur deux arpents de terre à Crèches, qui furent à Jean le Sueur de Chaumuçon, « jouxte le bois de Crèches, qui fu jadis à feu Héloin de Limas, d'une part, et d'autre part au chemin par lequel on va à Chaumuçon , plus trois arpents de terre, au lieu appelé le Val-Renost ; le tout mouvant en fief de Lisiard d'Escaut, écuyer, neveu de ladite dame, qui confirme, dans le même acte, la vente faite par son oncle et sa tante. »
Un état des acquêts faits par l'abbaye des Vaux de Cernay a été dressé pour la période depuis l'année 1262 jusqu' en 1324. Nous donnons l'état des biens acquis dans la paroisse de Limours. Item de Jean de Pommeray, écuyer, achat de dix arpents de terre situé au lieu-dit Val-Froger, situé dans la mouvance du fief de Limours. En 1301, de Johanne de Bourguigneite, un quartier de pré situé dans la prairie de Limours dans notre mouvance, avec titre d'achat. En 1304, de Hémard de la Marche, écuyer, et Marie sa femme, une pièce de bruyère situé dans le bois de Crèche et une pièce de pâture située au même lieu et le cens que Gillard Esdeline de Limours devait sur une pièce de terre et bruyère, avec titre d'achat. En 1319, de Hémard de la Marche, écuyer, et Marie de Limours, sa femme, deux sols 6 deniers annuel pour trois arpents de terre ou environ situé dans le chantier appelé Val-Renold, mouvants du fief Lisiard d'Escaut, avec titre d'achat (Charte MXLVIII).
Dans les lettres du 13 novembre 1332, le prévôt de Rochefort confirme « le don et aumosnement faix aus religieux des Vaux de Sarnay de Jehan de Buviller pour une pièce de prés séant à Boolon ». « A touz ceus qui ces présentes lettres verront et orront, Roulet Prieur, garde du scel de la chastellenie de Rochefort, salut. Sachent tuit que, en la présence de Jaque Manuel, tabellion de Rochefort, juré et establi à ce, vint et fu présent Jehan de Buvyller, demourant à présent à Craiches-lez-Chaumuçon, lequel aferma que il avoit, tenoit et pourseoit de son propre une pièce de pré, si comme elle poursuit en lonc et en lé, tenant d'une part, d'un des costés à la roschière Jean Boncorps de Bollon, et de l'autre costé à la rivière alant de Bollon au Bourneuf, et des deus autres bous aus prez de très noble et puissent homme misire Thibaut de Denisy, chevalier, séant en la chastellenie de Rochefort, en ladite rivière de Bollon, tenue dudit misire Thibaut de Denisi, sire de Bollon, chevalier, à onze deniers parisis de cens paiez par an, le jour de Nostre Dame de marz, en ladite ville de Bollon : laquelle pièce de pré nommée et divisée, le dessusdit Jehan de Buvilliers donne, aumosne, quicte, cesse, transport et du tout en tout délesse, par don et au mosnement faiz entre vis, à touz jors, sanz espérence de james rappeler, à très religieux hommes et honnestes en Diex servir, mes seigneurz l'abbé et le couvent des Vaux de Sernay et à ladite église des Vaux, etc… En tesmoing de ce, nous, à la relaccion dudit tabellion juré, avons seellé ces présentes lettres su seel dessusdit. Donné l'an de grace Notre-Seigneur mil trois cenz trente et deus, le vendredi après la saint Martin d'yver» (Charte ML). Encore un personnage au nom troublant Jehan de Buvilliers qui curieusement demeure à moins d'un kilomètre de Quincampoix...
Les lieux après la guerre de Cent Ans
Cet endroit ne comportant pas d'enceinte fortifiée a dû subir les ravages des troupes anglaises et probablement revenir à l'état de friches. Les informations proviennent cette fois des hommages rendus; le premier en 1484, est un hommage de la baronnie de Massy et des fiefs de Pommeret et Chaumusson relevant de ladite baronnie, rendu au roi par Jehan de Gaillon, chevalier seigneur de Massy conseiller et chambellan du roy. Ils sont réitérés deux ans après par le même, les fiefs ayant fait place au fief de Limon.
En 1499, Guillaume de Gaillon, escuier seigneur de Macy, nous a rendu les foys et hommage pour raison de la terre seigneurie et baronie de Macy et des fiefs de Limours, de la haute justice de Pommeret et Chaumusson assis en la prévosté de Paris mouvant de nous à cause du Chastelet de Paris ... Les seigneurs doivent retrouver leur titres, il s'agit cette fois du fief de Limours et de la haute justice de Pommeret et Chaumusson...
Dans l'état des biens de l'abbaye des Vaux de Cernay dressé en 1511, le chapitre 19 mentionne : Fief, terre et seigneurie de Craiches, en la prévosté de Montlehéry, et fief nommé le Fay, en la chastellenie de Saint-Clair de Gommetz. « L'abbaye des Vaux de Cernay possède le fief, terre et seigneurie de Crèches et ses appartenances, ouquel fief y a manoir, chappelle, maison, granche, estables, bergeries, court et jardins, et une fosse ancienne à prisons, le tout clos à murs ; et avec ce, la quantité de sept cens dix arpens de terre. Item quarante arpens de terres labourables en la vallée assise près de Chaumusson, au terroir des Molières ». La région s'est donc rapidement reconstruite.
Nous arrivons en 1518, Guillaume de Gaillon écuyer nous a ce jourduy fait au bureau de nostre chambre des comptes les foys et hommages qu'il nous estoit tenu faire pour raison de la seigneurie et baronnie de Macy, ensemble de la haulte justice moyenne et basse du Pommeret Chaumusson, tenus et mouvant de nous à cause de nostre Chastellet de Paris...
Notons en 1551, Jehan Mauduit, laboureur demeurant à Craches paroisse de Lymours en son nom et à cause de Robine Laurent sa femme au paravant femme de feu Jehan de la Voye, confesse debvoir à noble homme maistre Nicole Day, procureur en la cour de parlement la somme de 12 lt pour le rachat de 20 st de rente sur un quartier de terre au terroir des Molières et sur une maison court & jardin assis au terroir de la Voye. D'après ce document Craches est un lieu habité.
En 1565, notons la première acquisition faite par noble homme Jehan Dehault, homme d'armes, devant le tabellion de Lymours.
À suivre…