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Le domaine de Crache, Pommeret et Fay à Limours et environs

Cette chronique est le cinquième et dernier volet d'un écart des communes de Limours et des Molières . Nous avions laissé ces lieux aux mains de deux familles distinctes, les héritiers Chavanne et les héritiers Vivien.

 

JP.Dagnot Mai 2013

 

Plan du domaine du Pommeret en 1815

 

 

Le domaine de Pommeret aux Poillouë

Au décès du père d'Antoinette de Chavanne, Jacques Auguste de Poillouë devient alors seigneur de Val-Ménil, Pecqueuse, le Pommeret, le Fay. Il décède en l'an II à Limours (acte non retrouvé). Sa veuve reste à Pecqueuse au début de la Révolution, elle est témoin lors d'une naissance en ventose an 5, et signe J. Chavane Poilloüe de St Mars. D'après Etienne Pattou, en l'an VI a lieu à Limours le mariage de Jules Gabriel de Poilloue, fils de Jean Auguste; les registres d'état civil, par contre, ne mentionnent pas cette union. On retrouve ensuite la veuve dans les demeures des Poillouë à Etampes, notamment en 1815.

La matrice cadastrale de Limours en 1809 mentionne la veuve Poillouë de Saint-Marc à Etampes. Cette dernière vend en 1815 à Adrien Lamare la terre patrimoniale du Pommeret: Antoinette Julie Chavanne, veuve Jacques Auguste Poillouë de Saint Mars, demeurant à Etampes, laquelle a vendu à Adrien Lamare, ancien avocat et notaire, demeurant rue Saint Honoré au 418, la terre patrimoniale du Pommeret comme autrefois sont les titres du Pommeret, Grand et Petit Crache, et du Fay, consistant en bâtiments, cour, jardin, parc, … contenant 232 hectares:
- une maison d'habitation pour le fermier, chambres, cabinet, fournil, laiterie, écurie, vacherie, bergerie, pressoir à cidre, …, deux collombiers, ...,
- emplacement et masure de l'ancien château du Pommeret, cour dans laquelle est un puits en maçonnerie, fossés remplis d'eau entourant l'emplacement de l'ancien château et se prolongeant du côté du midi jusque vers les les bâtiments de la ferme, le tout contenant 1.8 hectares ...
- le potager de la ferme contenant 1.7 hectares ...
- le parc contenant 7 hectares ...
- une mare qui alimente les fossés ...
- une petite maison dite la maison du garde ...
Lesdits biens appartenant à ladite veuve comme seule héritière de son père Jacques de Chavanne, doyen au parlement.
La vente faite moyennant 280.000 frs.

 

 

Le Pommeret aux Lamare

Présentation de la famille, Adrien Lamare est notaire de 1773 à 1811. Il se marie avec Catherine Dogon en 1778. Le notaire demeure au 418 faubourg Saint-Honoré, il décède en 1822. De ce couple est issu Adrien François né en 1783.

 

 

Notons pour situer le cadre des personnages qui vont intervenir, la naissance en 1819 de Laurence Honorine Montargon, fille naturelle de Marie Geneviève, femme de confiance, sans époux qui demeure au 418 faubourg Saint-Honoré; elle décèdera huit mois plus tard ... L'accouchement se déroule chez une sage-femme résidant faubourg Saint-Honoré, proche la demeure des Lamare.

Adrien François Lamare va adopter cet enfant en 1840. Quelle est la raison ? le père biologique est-il Adrien ou Adrien François? ... Ce dernier n'est pas marié, jouit d'une fortune conséquente, n'a ni enfant ni descendant. Que depuis 1825, jusqu'en 1840, il a donné des soins ininterrompus à Laurence Honorine, que depuis 1828 jusqu'en 1836, elle a été placée en pension qu'il a payé à ladite demoiselle.

En 1842, le père adoptif marie sa fille Laurence Honorine Matargon-Lamare avec Jean Auguste Borye. Le contrat est particulier, c'est un régime dotal avec création de société. Le futur apporte 100.000 francs en plusieurs obligations ; la future 48.000 francs et une maison au 418 rue Saint-Honoré donnés par Adrien François Lamare. Enfin en 1861, la fameuse maison au 418 a été apportée au mariage de Jenny Borye fille de Laurence Honorine sa mère...

Revenons en 1851 avec le bail de la ferme du Pommeret: Adrien Lamare, avocat à la cour d'appel de Paris demeurant à Paris, rue du faubourg Saint-Honoré, lequel fait bail à ferme à Maurice Laudon, la ferme du Pommeret qui se consiste en:
1° une maison d'habitation pour le fermier consistant en chambres, cuisine, salle à manger, cabinet, fournil, laiterie et cellier, le tout au rez de chaussée, une chambre à blé au premier étage au dessus de la cuisine. Au dessus de la laiterie, un appartement réservé par le bailleur, communauté avec le bailleur du cabinet d'aisance qui se trouve dans la cour. Ecurie, vacherie, bergerie, pressoir à cidre, deux celliers, toit à porcs, poulailler, granges, deux colombiers, emplacement et masure de l'ancien château du Pommeret, cour dans laquelle est un puits, fossés remplis d'eau entourant l'emplacement de l'ancien château et se prolongeant du côté du midi vers les bâtiments de la ferme, le tout contenant 1,79 hectares.
2° le potager de la ferme de même contenance, tenant au nord aux murs du parc et au midi aux bergeries,...
5° le parc du Pommeret planté en bois contenant 7 hectares,...
9° une pièce de terre devant les bâtiments de la ferme contenant une pièce d'eau qui alimente les fossés...
10° à 41°
suivent des terres le tout contenant 237 hectares. Le bailleur se réserve l'appartement du premier étage et une cave sous le cellier qui se trouve dans la cour du vieux château.
Le preneur devra fournir 30 hectolitres de blé froment, outre, moyennant un fermage de 15.000 frs les neufs premières années et 16.000frs les neufs suivantes. Le bailleur se réserve le droit de chasse.

En mars 1856, Adrien Antoine Lamarre père adoptif de Laurence, décède. Le mois suivant, à la requête de Laurence Honorine Montargon-Lamare, épouse Jean Auguste Borye des Renaudes, inspecteur des postes à Paris, demeurant rue du faubourg Saint-Honoré, fille adoptive d'Adrien François Lamare, habile à se porter seule héritière de son père décédé sans postérité… On assiste à l'énumération des biens pendant 23 articles avant d'arriver au Pommeret : la terre du Pommeret située sur les communes de Limours, les Molières, Pecqueuse ; elle consiste en bâtiments d'exploitation, cours, jardins, parc, remises, prés et friches d'une contenance de 233 hectares.

Le couple héritier va continuer à investir dans la région. Dès 1856, à la demande du vicomte de Corval, un cahier des charges est réalisé pour adjuger des terres, prés, bois, de la ferme de la grange Saint-Clair à Pecqueuse; Jean Auguste Borye se rend adjudicataire pour 82.000 frs. Il acquiert également d'autres terres prés bois au même endroit pour 12.700 frs.

 

 

Le Fay aux Le Tonnelier de Breteuil

 

 

Notons en 1808, devant Cornillet, notaire à Chevreuse, Aubin Vivien propriétaire, et Gilberte Achard sa femme demeurant au Fay, vendent à Olympe Siry veuve de Breteuil, la propriété du Fay moyennant 65.500 frs . Dans les conditions associées à la vente relevons: il n'y aura aucune communauté entre la maison bourgeoise et ladite ferme du Fay; à l'expiration du bail en cours, les portes seront bouchées aux dépens de madame de Breteuil; tous les murs qui les séparent à l'exception de ceux des granges qui appartiennent à madame Le Tonnelier seront mitoyens entre les parties (Mr Vivien et Mme de Breteuil) et comme tels entretenus à frais commun; madame de Breteuil pourra enclore l'abreuvoir si elle le juge à propos. Les fossés bordant la ferme appartiendront à madame de Breteuil et ils seront séparés de ceux de la maison bourgeoise... Il est clair que ces conditions montrent que les Vivien conservent leur maison de campagne (l'acte n'a pas été consulté) .

En 1816, au partage des biens d'Olympe Siry, épouse de feu Claude Stanislas Le Tonnelier de Breteuil et de ce dernier, ses deux enfants héritent chacun par moitié de leurs défunts parents. Nous ne retiendrons pour cette chronique que dans la masse des biens figurent:
- la terre de Bévilliers consistant en château et parc, ...
- trois fermes du château, de Prédécelles et de la Filolière, ...
- la ferme du Fay acquise par la vicomtesse de Breteuil depuis son veuvage, composés de bâtiments et d'environ 100 arpents de terres, d'une valeur de 64.000 frs et produisant 3.200 frs de revenus.
Deux lots sont faits, le second comprend le Fay et est attribué à la duchesse de Praslin.

 

Plan napoléonien des bâtiments du Fay.

En 1858, la ferme du Fay est vendue par Charlotte Laure Olympe le Tonnelier de Breteuil, duchesse de Choiseul-Pralin, veuve de Charles Raynard duc de Choiseul. Ladite dame demeurant à Paris rue de Varenne a vendu à Mr de Renaudes la ferme du Fay sise aux Mollières, Troux et Pecqueuse composée de bâtiments nécessaires à son habitation et exploitation, avec cour, jardin planté d'arbres fruitiers divers, prés, terres labourables, contenant 49 hectares moyennant un prix principal de 120.000 frs. Cette ferme est louée à Mr Mareille moyennant 3.500 frs. Notons à la même époque un achat de terrain aux Thernes.

 

 

Le Fay et le Pommeret aux Borye des Renaudes

L'extension du côté de Pecqueuse faite, c'est au tour du Fay d'être la cible, deux achats en 1858 vont faire revenir le Fay comme il était au siècle précédent:
- le premier au moyen de la vente par Louis Lefèvre, cultivateur à Jean Auguste de Borye des Renaudes d'une propriété appelée le Fay, consistant en deux pavillons, grange, jardin, étable, et grand clos, le tout d'une superficie de 5,5 hectares moyennant 20.000 frs. Dans l'inventaire de 1862, les bâtiments sont signalés démolis et les terres ajoutées à celles du Pommeret. Il est probable que ce bien doit être l'ancienne maison de campagne des Vivien.
- le second au moyen de vente de la ferme du Fay par Ch
arlotte Laure Olympe le Tonnelier de Breteuil détaillée au paragraphe précédent.

Le couple Borye a deux enfants Jenny et Adrien. Jenny de Borye se marie en 1891 avec Agnan Demons notaire (1857-1877), son père apporte une dot de 140.000 frs avec la fameuse maison au 418 rue st Honoré ...

L'année suivante, Jean Auguste Borye, époux de la fille adoptive décède. Côté des biens, peu de choses nouvelles, drainage et quelques acquisitions au Pommeret. Le couple a acheté plusieurs maisons aux Champs Élysés, à Montrouge. Son épouse va lui survivre l'espace de deux ans. À la requête de Agnan Démonts, notaire à Paris, y demeurant, place de la Concorde, agissant pour Jenny Marie Borye des Renaudes son épouse, également comme tuteur d'Adrien Borye des Renaudes son beau-frère mineur, Jenny et Adrien habiles à se dire et porter héritiers chacun par moitié de Laurence Honorine Montargon Lamare leur mère. L'inventaire se fait au 222 faubourg Saint-Honoré, notons:
- dans la cave ... vins de Bordeaux, Sauterne, Pommard, Saint Esthèphe, Xérès...
- 2300 volumes dans les bibliothèques.

Le récollement des actes se fait par lieu...
- le Pommeret, cette terre existe toujours et est louée au sieur Duval,
- la petite ferme du Fay est louée avec la ferme du Pommeret,
- les terres de la Grange Saint Clair sont exploitées par Legendre moyennant un loyer de 1938 frs,
- la grande ferme du
Fay, est louée au sieur Mareille, et depuis le 20 février 1863 il a été fait bail à Benoist fils avec la ferme de la grange Saint-Clair pour quinze années, moyennant 7.200 frs de fermage.

En 1870 a lieu le partage de la succession de Jean Auguste Borye et de Laurence Honorine Montargon père et mère de Jenny et Adrien Borye. Le répertoire mentionne la liquidation, la liasse existe, l'acte est en déficit!

En 1874, Jenny Borye vend à la congrégation des dominicains l'hôtel des Borye Renaudes.

Pour terminer avec cette personne, signalons le bail sous seing privé de la chasse, fait par Madame Demonts à Mrs Nus, propriétaire demeurant à Paris rue de la Chaussée d'Antin, et Paul Robert, joallier demeurant avenue des Ternes, pour trois, six ou neuf années, sur les terres de la ferme du Pommeret et celle du Fay moyennant un loyer annuel de 2.000 frs.

 

 

 

 

Le Pommeret et le Fay aux Philippot

En 1907, la veuve Demonts vend le Pommeret à Auguste Philippot, notaire à Paris. Madame Jenny Marie Borye des Renaudes, propriétaire demeurant à Paris, veuve de Monsieur Agnan Dèmonts laquelle a vendu à Monsieur Auguste Henri Philippot , la ferme du Pommeret assise sur les paroisses de Limours, des Molières et Pecqueuse, consistant en bâtiments d'habitation et d'exploitation, cour, jardin, terres, prés, remises, contenant 198 hectares:
- la maison d'habitation consistant en un corps de bâtiment avec tour carrée sise à gauche en entrant dans la cour de la ferme, divisé au rez-de-chaussée, en vestibule, cuisine, réfectoire, chambre de bonne, bureau, salle à manger, chambre à coucher, et au premier étage de quatre chambres à coucher par lesquelles on arrive par l'escalier de la tour, et greniers ayant accès par un autre escalier ayant entrée dans la cuisine,
- un autre corps de bâtiments en retour d'équerre et au midi du précédent consistant en laiterie et cellier au rez-de-chaussée, et au premier étage en un appartement non habité en mauvais état,
- les bâtiments d'exploitation consistant à droite en entrant dans la cour, un corps de bâtiment s'étendant du midi au nord , comprenant l'écurie avec grenier à grain au dessus, grange à la suite ayant entrée sur la cour ; en retour d'équerre, corps de bâtiment, vacherie avec grenier au dessus, bergerie à la suite ...
- au milieu de la cour autre bâtiment comprenant deux granges... à l'extrémité ouest un hangard de sept travées couvert en ardoide ayant une grande sortie sur la cour de l'ancien château et autre hangard de quatre travées à la suite...
- au midi de l'habitation autre bâtiment qui longe les fossés qui consiste en petite écurie, remise pour cabriolet, buanderie, atelier de charonnage, une grande cour au centre qui communique à la cour de la ferme par un pont en ruine sur les fossés. Ces bâtiments comprennent un colombier. De grands fossés entourent l'ancien château.
La vente faite moyennant 420.000 frs.

 

 

 

Plan postérieur à 1907.


Voyons maintenent la matrice cadastrale de Limours, Auguste Philippot, notaire serait entré en 1906 ; il a exercé de 1897 à 1921. Notons également les Philippot, notaires parisiens après Auguste, René (1934-1974), Patrice (1970-2001), Rémi (1994 à ce jour).

René Philippot décède en 1977. L'année suivante, Patrice, Rémi, Françoise et Jean-Pierre ses quatre enfants héritent en indivis de la ferme du Pommeret et Jeanne Videcoq leur mère jouit de l'usufruit. Notons en 1983 la renonciation à l'usufruit par Mme Videcoq.

 

Famille Philippot au Pommeret depuis 1907.

 

En 1981, un état des lieux de la ferme du Pommeret a été réalisé. Ce document est annexé à un bail. Entre Jeanne Videcoq, Françoise, Patrice,Jean-Pierre et Rémy Philippot ses quatre enfants, et Pierre Lhopiteau entrant comme preneur à ferme... Extrayons les informations suivantes:
- le fermier sortant Georges Perrin exploitant depuis longtemps cette ferme,
- la surface agricole utile représente 172 hectares,
les terres souffrent de l'humidité hivernale, d'anciens drainages existent et leur fonctionnement est faible et défectueux,
- les terres sont en assez bon état de culture,
- la culture comporte blé, orge, colza, fèves, pois, maïs,
- les rendements sont de 55 quintaux à l'hectare pour le blé, 44 pou l'orge, 54 pour le maïs, 26 pour le colza.

Dix ans après, un bail rural à long terme est conclu pour 24ans par les enfants Philippot à Yves Hincelin et Laurence Dumont :
- premier bâtiment d'habitation (six chambres au premier)
- second bâtiment en retour garage,
- bâtiments d'exploitations au nombre de quatre,
- 176 ha de terres.
Le présent bail fait moyennant 9 quintaux de blé à l'hectare indexé sur le cours du blé.

La fin de cette chronique se fait de manière orale avec les fermiers et les propriétaires, citons quelques phrases notées lors de ces entretiens:
- d'après Michel Perrin, fermier actuel du Fay, il existait un hangard en bois construit en 1913 monté sur les fondations de l'ancien château du Pommert et démoli en 1981 par le fermier entrant au Pommeret,
- en 1977, Georges Perrin père de Michel, exploitait depuis longtemps cette ferme,
- à ce jour le couple Hincelin occupe la ferme du Pommeret et Michel Perrin celle du Fay.