Le moulin à vent de Longpont (2)tiré du plan terrier de Villebouzin |
||||
.............
de 1625 à la révo- lution
|
||||
Novembre 2007
JP. Dagnot et C. Julien Chronique du vieux Marcoussy
Le moulin du Mesnil ou du Boullay
Cette Chronique fait suite à celle qui introduisit l'histoire du moulin du Boulay. Nous continuons l'histoire du moulin en terminant par sa disparition sous le Directoire (1). Rappelons que le moulin du Boulay fut aussi dénommé moulin à vent de Longpont ou moulin à vent du Mesnil ou moulin à vent de Villebouzin. Cette dernière dénomination parce qu'il était dans le ban de la seigneurie de Villebouzin.
Description du moulin à vent Enfin une description du moulin dans son état à la fin XVIIIème siècle. C'est celle de l'acte de vente faite par Nicolas Hubault au citoyen Jacques Nion cultivateur demeurant la grange Cossonet à La Ville-du -Bois, paroisse de Nozay : La maison du meunier est décrite dans un titre nouvel : « ensemble d'une maison manable consistant en chambre basse four en icelle, grenier au dessus, écurie, toit à porc, le tout couvert de tuiles avec deux pièces de terre contenant trois arpens, au chantier du moulin à vent dit le Boullay ». L'intérieur du moulin est décrit de nombreuses fois lors des prisées (1) faites pour le renouvellement de baux. A la fin du XVIIème siècle, le meunier se transporte au moulin à vent du Mesnil, avec Georges Macé pour la prisée dudit moulin avec leurs experts: Donc il s'agit bien d'un moulin-tour par opposition au moulin-pivot souvent rencontrés dans le nord de la France. Les deux types de moulins à vent : moulin-tour et moulin-pivot.
Affermage et baux à rente Le moulin à vent du Boulay a été pendant plusieurs siècles dans la directe de la seigneurie de Villebouzin. Le seigneur était propriétaire et affermait le moulin à un maître-meunier. En 1643, Messire Pierre Grisson, chevallier, maitre d'hôtel ordinaire de la maison du roy, seigneur de Villebouzin, lequel a volontairement recongnu et confesse avoir baillé & délaissé à titre de loyer & prix d'argent pour six années à Jehan Bourgois marchand de Corbeil, le moullin à vent de Villebouzin ... En 1646, le bail est transporté à Pierre Launier « le bail fait par le seigneur de Villebouzin moyennant le prix & somme de six vingt quinze livres ». signature imagéeBien souvent le preneur abandonnait le moulin à un autre meunier. En 1630, Michel Laisné demeurant au moulin de l'estang, confesse avoir ceddé à Jehan Bourgeron aussy meusnier demeurant à Lynois, acceptant, le droit pour la jouissance du moullin à van du Boullay à cause du bail audit ceddant fait par le seigneur de Villebouzin, propriétaire dudit moulin, .... disant le bien congnoistre, le reste du temps, .... ce transport faict à la charge du prix du loyer de cent livres par an, ... aura le droit de chasse sur les subjets dudit moulin... Dans d'autres cas il peut être question de céder des droits de chasse attachés à d'autres moulins. En 1652, « Jehan Guillou, musnier demeurant au moullin à vent de Marcoussis, lequel confesse avoir ceddé transporté, faire jouir le temps qui reste à expirer Pierre Goudet, musnier demeurant au moullin à vent de Villebouzin, paroisse de Longpont, le droit de chasse à luy ceddé sur les habitans de la Ville-du-Bois pour raison des grains qu'il faut mouldre pour leurs familles... ce transport fait moyennant la somme de vingt livres par ledit Goudet ». Il ne faut pas oublier que les droits de la seigneurie de Marcoussis s'étendent sur plusieurs communes et que le moulin à vent de Marcoussis pouvait gérer les droits de Rouillon, Villejust, Nozay, Ville du Bois, Marcoussis. Seulement une faible partie des baux est relatée, on constate également que les preneurs sont souvent étrangers à la région et apparamment qu'ils se font piéger. Au décès du seigneur de Villebouzin, sa veuve (3) vend le moulin du Boulay à Charles Jumelle l'aisné. Un bail à rente est établi «par Louise de Grisson veuve de François comte de Montgommery, qui baille à titre de rente non rachetable annuelle & perpétuelle à Charles Jumelle, meunier demeurant à Breuillet, le moulin à vent du Mesnil...., avec ses tournans une maison manable estant proche ledit moulin .... moyennant le prix & somme de 50 livres de rente ». Vingt ans plus tard, la rente sera portée à 50 livres et 6 chapons. Le moulin reste dans les mains de la famille Jumelle jusqu'en 1740. C'est alors que « messire Jean Labbé écuyer, conseiller & secrétaire du roy maison et couronne de France, seigneur de Villebouzin, demeurant, rue Vincent (Vivienne?) à Paris paroisse st Eustache » rachète le moulin pour l'affermer à Jacques Guignard, meunier à Biron. Il est significatif que la rotation des meuniers au Boulay ait été importante. Au vu des changements successifs des meuniers, le moulin à vent du Boulay ne semble pas avoir été un instrument rentable. Quelles en sont les raisons ? Manque de vent, proximité des moulins hydrauliques de l'Orge ? Nous donnons un exemple de ces nombreuses mutations sur la courte période 1657-1663. Pas moins de 6 meuniers défilent au moulin à vent du Boulay ! Un vrai jeu de chaises musicales ! Le transport s'effectue toujours officiellement au même prix, 144 livres , sans compter les « dessous-de-table ». Ce sont Jacques Angiboust, Jacques Mulard, Louis Lobier, Jean Horget, Charles Lespard, Jacques Malard. Sur le graphique on remarque une lente dégradation du montant du loyer depuis 1652. Jusqu'à 80 livres en 1710. Rappelons-nous le terrible hiver 1709 où tout avait gelé et qui fut marqué par une mortalité importante. A l'expiration de son bail, Jacques Guignard, meusnier demeurant au moulin de Grouteau, devient propriétaire du moulin à vent moyennant une rente au seigneur (4). La prisée est évaluée à 900 livres . Les mutations de baux s'accélèrent de nouveau : Jean-Louis Guibout cède à Jean-François Bedeau, boulanger à Montlhéry ; puis Pierre Hervet, meusnier. A la mort de Jacques Guignard en 1784, sa veuve Barbe Laval maintient l'activité et baille le moulin à Pierre Guenot, marchand meunier du moulin de Quincampoix d'Epinay « ledit moulin moyennant 260 livres , ... suivi le 6 novembre d'une prisée amiable estimée à 1.000 livres ». Enfin, en 1790, Jean Lebeuf reprend l'activité pour la même somme « Demoiselle Barbe Elisabeth Laval, veuve du sieur Jean Jacques Guignard, meunier au moulin à vent du Mesnil paroisse de Longpont, bourgeoise de Montlhéry & y demeurant délaisse à titre de loyer d'argent pour neuf années au sieur Jean Lebeuf ledit moulin à vent du Ménil consistant en une tour de maçonnerie, tournant et travaillant en iceluy, manoir batiments près du moulin....moyennant 260 livres la prisée faite se monte à 1297 livres ».
Le «coq» du village Nous avons vu que Charles Jumelle avait acquis le moulin du Boulay en 1680. Il est marié à Jeanne Henry puis à Louise Gauvet après le décès de sa première femme. Initialement installé à Breuillet, il est déclaré « meusnier demeurant au moulin d'Aulnay », « meunier du moulin de la Boissière », « meunier du moulin d'Aulnay », puis «musnier au moulin de Basset ». C'est un « coq de village ». Il est devenu, au fil du temps, une sorte d'entrepreneur ayant une nombreuse domesticité. Considéré comme un notable, maître Jumelle était un homme aisé. On le voit à la tête de deux moulins et ses deux fils, Charles le jeune et Pierre, sont meuniers à Basset et au moulin Neuf de Bruyères. Dès son acquisition, il remet le moulin à neuf. Robert Champagne maître masson, demeurant à Villebouzin & Georges Benoist, maitre charpentier de Montlhéry, déclarent que sur le réquisitoire fait par Charles Jumelle, meunier du moulin de la Boissière , ils se sont transportés au moulin de Villebouzin appartenant à dame Marie Louise de Grisson en conséquence du bail & prise à rente faite d'iceluy moulin passé devant Josse... Successivement, le moulin à vent est affermé à Pierre Chrestien, meunier ; à Georges Massé ; à Marin et Philippe Massé, et à Germain Carré le jeune, tous boulangers à Montlhéry. En 1695, c'est Jean Mollage qui prend le moulin moyennant bail de 120 livres . Celui-ci résilie le bail deux ans plus tard. Puis vient Nicolas Lemaitre suivi par Jean Lemaitre. En 1713, différents actes obligent les héritiers de Charles Jumelle «sentence au siège royal de Montlhéry pour reconnaitre le nouveau suzerain. Une rente de 50 lt est due par les héritiers du deffunt Charles et des annexes de ladite rente … ». Et «qu'attaché à ces biens est une rente de 50 livres due au seigneur du Mesnil, fief du Boullay avec droit de faire moudre tous les bleds pour les besoins du seigneur ». Puis une « assignation par le seigneur de Villebouzin envers les héritiers de Charles Jumelle pour faire les grosses réparations du moullin pour sureté du paiement de la rente de 50 livres , non rachetable et six chappons ».
Réparations au moulin En 1660, Jacques Simon charpentier vend à Charles Lespard musnier dudit un corps de vollant de longueur vingt cinq pieds et de grosseur de neuf à dix pouces de bois de chesne en état de marche dans huit jours moyennant la somme de trente six livres, dont dix huit dans trois mois. L'année suivante, Pierre Dortu, charpentier de Montlhéry (Travaille également à bellejame) promet à Denis Goix comme soit disant avoir charge de Mr le comte de Montgommery, seigneur de Villebouzin, de refaire la queue du moulin à vent, mettre un tasseau sous la pré dudit moulin, moyennant 25 livres à payer par Goix. Les ailes posent problème, en 1663, Jacques Malard, musnier du moullin à vent du Mesnil, demande à Allexandre Girault, charpentier de la grande coignée de fournir ung vollan & faire en sorte que le moullin tourne bien moyennant le prix & somme de six vingt quinze livres dont soixante quinze ont été payées ... Le meunier était responsable de l'état du moulin. La veuve de Pierre Jumelle dépense 250 livres pour réparation « les travaux de remise en état du moulin pour la fin aoust, c'est à savoir les réparations grosses et menues du moulin à vent et maison manable du meusnier: En 1757, une tempête obligea à de grosses réparations des comble et de l'arbre du moulin emportés par l'impétuosité du vent (5). Attaché au bail, se trouve un état des réparations faites par le meusnier et objet de la réduction du prix de la location:
La disparition du moulin 1795, Jacques Nyon, cultivateur, vend à Charles Renault, maçon, le fond de terrain et emplacement du moulin à vent du Mesnil. L'ouvrage doit être imposant car trois ans après, Vincent Brizard, garde moulin, demeurant à Linas, vend à Nicolas Dauphin, le fond de terrain et emplacement du cidevant moulin à vent du Mesnil, sis en la commune de Longpont, et des bâtiments lieux et cour en dépendant, si ce n'est toutefois des pierres pavées et encoignures provenant de la démolition dudit moulin et bâtiments que le vendeur s'oblige à enlever dans les trois mois. La vente est faite moyennant 200 francs en espèces métalliques. Le moulin à vent du Boulay est détruit. Nicolas Dauphin ne pourra acheter que les pierres, le vendeur se les réserve, tout comme l'acquéreur du bâtiment du prieuré de Longpont qui, dans le même temps, utilise son adjudication comme une carrière depuis sa vente comme Bien National (ce processus est également utilisé pour les bâtiments des Célestins de Marcoussis et pourrait être l'objet d'une étude dans la région).
Notes (1) Rappelons que le Directoire est le régime politique français chargé du pouvoir exécutif entre le 26 octobre 1795 (4 brumaire an IV) et le 9 novembre 1799 (18 brumaire an VIII). Il succéda à la Convention et précéda le Consulat. (2) En droit, la prisée est une estimation d'objets mobiliers par un commissaire-priseur ou un greffier de justice. (3) La famille Grisson possédait Villebouzin depuis 1543. Marie-Louise Grisson, fille de Pierre, petite-fille de Jean, était marié à François de Montgommery. Leur fils Nicolas-François vendit Villebouzin à Louis de la Mothe , seigneur d'Apremont qui l'aliéna à Jean Labbé en 1718. (4) Le montant de la vente reste inconnu. (5) L'été 1757 a été très chaud avec le mercure grimpant à 37°7 à Paris. Cette canicule fut suivi par de violents orages qui balayèrent la région parisienne.
Ces sujets peuvent être reproduits " GRATUITEMENT" avec mention de l'auteur et autorisation écrite
|