Les biens des chevaliers de l'Hôpital de Jérusalem à Saclay

Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _------------------- --------- Octobre 2010

Le clos des Hospitaliers sur l'extrait du plan cadastral napoléonien (1808) de Saclay.

C. Julien

JP. Dagnot

 

 

 

 

Dès la fin du XIIe siècle, les chevaliers de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem, alors concurrents des chevaliers du Temple (cf . la chronique " Les Frères de l'Hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem ") formèrent à Saclay, «  Sarcleio  » en latin, un important domaine agricole appelé « maison prieurale  » que les Hospitaliers de Paris agrandirent au XIIIe siècle au moyen de plusieurs acquisitions (1). Les papiers terriers du XVIIe siècle énoncent que la maison de Saclay consistait en une belle ferme avec 300 arpents de terre arable.

De nombreux documents anciens, la plupart en latin, constituent le chartrier du patrimoine de la maison de Saclay tant par des acquisitions de terres dans les environs de ce village que par des donations pieuses. La première charte qui date de 1175 contient l'abandon d'un bien immeuble par un nommé Robert de Repenti suivi par la charte de la noble dame Ozanne la Vilaine , donnant à Dieu et aux pauvres de l'Hôpital de Jérusalem, tout ce qu'elle possédait à Saclay et aux environs.

Cette chronique donne les chartes latines suivant l'ordre chronologique de 1175 à 1480. Il semble que ces parchemins, documents précieux portant scels pour la plupart, aient été classés au XVIIe siècle afin de renouveler le terrier de Saclay. Le feudiste leur a attribué une cote que nous reproduisons (2). Quelques actes appartenant à l'ordre du Temple seront également insérés chronologiquement dans le texte.

 

 

Les premières lettres du XIIe siècle

Le premier acte (cote C.6) qui attribue des biens aux frères de la maison de l'Hospital à Paris «  domnus hospitalis sancte Johannis Jherosolimanam parisiensis fratribus et fratrubis eidem domus » est une vente de 1175 faite par Robert d'Arpenty . L'acquisition concerne des terres dans le sud parisien, plus précisément dans le Hurepoix à Saclay " apud Sarcleio " et à La Norville " apud Norvillam ". Le diplôme mentionne le frère Gérard, gardien et économe de cette maison, custos provisor dispensor . Ces qualificatifs équivalent à ceux de maître ou de commandeur. Les chevaliers de Saint-Jean font l'acquisition " des dictes choses " dont terres, vignes, pré et 3 sols de cens à Saclay au terroir de Repentis " Repentin ". Robert de Repentis et le frère Gérard Tunetemoris, hospitalier parisien sont assistés par Hugues de Châteaufort «  Hugo de Castro Forti  » et Thomas de La Norville «  Thome de Norvillam  ».

La même année, des lettres de confirmation sont données par Maurice, évêque de Paris, pour la donation d'une dixme de Sarclay faite par Adeline de Nuerei à l'Hôpital de Jérusalem “ de decima nobis data a domino Burcardo de Stagno apud Sarcloi “ (cote C.2). Voici une traduction succincte de ce parchemin scellé par un magnifique sceau de l'épiscopat parisien: « Moi, Maurice, évêque de Paris par la grâce de Dieu je fais savoir à tous les hommes que la dame Adeline de Nuerei concède en pure aumône à la maison des frères de l'Hôpital de Jérusalem avec le consentement de son époux Guillaume de Machy et son fils Gui, toute ce qui comprend la dîme à Saclay «  decima apud Saclerum  » qu'elle pose dans les mains des Hospitaliers et du seigneur Bouchard de l'Etang «  Buccardo de Stagno  ». Cette susdite aumône concédée à la maison de l'Hôpital est garantie par Adeline, son fils nommé Gui et frère Gérard, en ce temps économe de la maison de l'Hôpital à Paris «  tunc temporis dispensator domus Hospitalis parisiensis  ». Les témoins de cette chose sont le chapelain Daniel, Théobald de Utria, Etienne Plamari, Thomas Maréchal et le serviteur Engelran. Fait en 1175 ».

En 1179, un accord est conclu pour la possession des «  dixmes et autres droicts à Villerat  », au hameau de Villeras (cote 8 de la 30e liasse). Nous pouvons lire sur ce diplôme « Moi Macheul, seigneur de Malley, que tous tant présents que futurs sachent qu'un accord est fait entre les révérends frères Hospitaliers et Gui chevalier de Villerat «  milite de Villa Rati Guidone  » à propos des dîmes de Villarat «  quid decima apud Villa Ratio  » et des droitures à prendre sur plusieurs arpents et l'hostise tenue par Barthélemy Boissel «  Bartholomeo Boissel  » contre trente livres parisis. Fait l'an de l'Incarnation 1179 ».

Depuis le commencement du XIe siècle, le clergé s'efforçait, à faire disparaître les dîmes inféodées, et, en cas de vente, il prescrivait qu'elles fussent offertes d'abord au curé de la paroisse, puis à un établissement religieux. L'acte précédent montre que les Hospitaliers étaient également favorisés par les autorités religieuses régulières, puisque le curé de Saclay est exclu de la transaction par manque de deniers de l'épiscopat parisien. Toutefois, le transfert des dîmes inféodées ne va pas sans problèmes. Vers 1198, une sentence arbitrale donnée avec le curé de Saclay concernant les dîmes et les pains (3).

Ainsi l'acte de l'an 1193 confirme l'appui de l'évêque de Paris à la constitution du patrimoine des chevaliers de l'Hôpital Saint-Jean à Saclay. Il s'agit d'un accord obtenu pour raison de certaines dîmes, cens tenanciers et terre à Villerath . « Au nom du seigneur, moi Maurice évêque de Paris par la grâce de Dieu, nous faisons savoir qu'une conciliation est intervenue entre les frères de l'Hôpital et le chevalier Gui, fils de Huunger de Villerath «  Guidone milite filius Hungery de Villerath  » avec l'accord de la sœur dudit Gui, des droits de rotures comme aumône de la part de son père d'Hunger reçus par la maison de l'Hôpital contre la somme en argent 30 livres parisis. Ce sont trois sols de cens sur Réginald que l'Hôpital percevra chaque année ; et de plus les droits sur l'hostise tenue par le nommé Robio à Villerath que Philippe, le fils dudit Hunger possède ; et de plus la terre dans ce village avec la moitié de ce que Hunger possède est donnée à l'Hôpital susdit. Le susdit Gui et son frère Réginald mettent ces biens dans les mains des frères de l'Hôpital pour leur salut. De plus Gui et son frère Réginald donnent une somme de six livres parisis «  sex libras parisiensis  », cette chose est payée en monnaie d'argent. Acte fait en l'an 1193 de l'Incarnation de notre Seigneur.

Vers 1194, un don est «  faict par dame Osanne la Vilaine de tous ses biens estant à Saclay  » (cote C.2). Cette dame, une aristocrate qui détient un fief à Saclay, est assistée de nombreux seigneurs des environs et notamment ceux de la vallée de la Bièvre. Nous donnons une traduction sommaire de ce parchemin « Que les présents et futurs sachent que la dame Osanne surnommée la Vilaine et sa fille Petronille «  Osana cognomme Vilaine filia sua Petronilla  » ont concédé à Dieu et aux frères de l'Hôpital de Jérusalem l'aumône constitué par tout ce qu'elles possédaient de leur héritage à Saclay «  Sarcleio  ». Pierre fils de Gaurin détient les droits féodaux. Le seigneur concède et affirme cette aumône pour éviter toute calomnie. Ses fils font de même, à savoir Gaufrid, Pierre, Gautier et Amaury. L'oncle d'Osanne Vilaine et Pétronille fait de même. Radulf de Louans et Rainol de Orengis accepte et concède cette donation. Les témoins de cette chose sont Eustache de Bièvre, Gui Boisset d'Igny «  Ini  », Burcard son fils, Lotier de Ini, Rainold de Bièvre, Herald d'Igny, Garin et Huger fils de Burcard d'Igny, Etienne et Pierre de Bièvre, Girard frère de Sainct-Jehan de Jherusalem de la part du donateur Pierre. Les témoins du côté de l'Hôpital de Jérusalem sont : frère Goscelin, frère Bernin, frère Harduin, frère Almeric qui donnent le prix de cette aumône se montant à 20 livres parisis ».

 

Lettres de confirmation de l'archidiacre du Josas.

 

Dans un acte daté de 1198, nous trouvons « Moi, Jehan abbé de Sainte-Geneviève par la grâce de Dieu et moi Pierre chancelier de Paris, nous faisons savoir qu'une conciliation a lieu entre les frères de l'Hôpital parisien et le curé de Saclay «  sacredoce de Sarcleio  » à propos des dîmes de Saclay dues le jour de la saint Étienne. Les dites redevances sont : la dîmes de Soschères sur quatre arpents, celle sur une masure de Pierre Russi, celle sur 40 arpents à Villeras «  apud Vilerat  ». Les juges arbitres sont Nicolas doyen de l'église de Paris, Salomon doyen de Châteaufort, et maître Pierre chanoine de Saint-Marcel. La sentence accorde que les frères de l'Hôpital percevront toute la dîme devant leur maison de Saclay «  totam minuttam decima apud Sacleium  » et que la dîme qui échoit le jour de saint Étienne sera perçue moitie par les frères de l'Hôpital et moitié par le curé de Saclay. De la même manière, la dîme de Soschères sur quatre arpents, celle de la masure de Pierre Russi et celle sur quatre arpents à Villeras appartiendront aux frères de l'Hôpital… Plusieurs personnes ont été témoins de cette chose, dont Bartholomeus de Bruerys, Oger de Nouilla, frère Garin de la maison de Paris, frères Symon de Espallono. Fait en l'an de grâce 1198 ».

En avril 1199, l'archidiacre de Josas donne des lettres de confirmation d'un concordat entre la maison de l'Hospital des Loges représenté par frère Garin et le seigneur Galéran. Il s'agit d'une terre 60 arpents aux Loges et trois hostes et hostises à Saclay. « Moi, Hameric, archidiacre de Paris faisons savoir à tous les hommes qu'un concordat a été fait entre les frères de l'Hôpital représente par frère Garin d'une part et Galéran. Il est conclut que l'Hôpital donne une indemnité se montant à une somme de soixante deux sols et par ce concordat Galéran cède plusieurs biens consistant en une maison aux Loges «  apud Loggel  » où demeure Aridulf des Loges «  Aridulfo de Logges  » et 60 arpents en plusieurs pièces qui sont dans son fief et donne à ladite maison des Hospitaliers trois hostises «  tres hospites  » avec les hôtes à Saclay «  apud Sarclay  ». Les témoins de cette chose sont Radulf de Bua, Rannaud de Cuida, Gérard le serviteur de l'Hôpital. Et nous avons scellé ces lettres pour les affermir. Fait en l'an 1199 de l'Incarnation de notre Seigneur, au mois d'avril ».

 

 

Les lettres du XIIIe siècle

Rappelons brièvement que l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem créé au début du XIe siècle avait trouvé un renouveau d'intérêts en 1099 lors de la prise de Jérusalem par les croisés de Godefroy de Bouillon. Dès lors, l'Hôpital devient un ordre de chevalerie qui gagne un grand prestige en Europe occidentale lui permettant de recevoir un nombre incommensurable de libéralités pieuses dans le but de prendre soin des pèlerins allant en Palestine, tout en garantissant le salut de l'âme du donateur.

Le XIIIe siècle fut très favorable aux Hospitaliers qui construisirent de nombreuses maisons sous la responsabilité du Grand Prieuré de France. En 1201, une sentence d'arbitrage est donnée par deux prélats pour la dixme de Sarclay en faveur des frères de Lhopital de Jérusalem (cote C.8). Voici la traduction succincte du parchemin : « Nous, Robert par la grâce de Dieu, abbé de Saint-Germain des Prés et Johannes abbé de Sainte-Geneviève avont donné une sentence de notre autorité pour la cause entre les frères de l'Hôpital d'une part et Hugues Bludel «  Hugone Bludellus  », chevalier, au sujet de la dixme prélevée à Saclay «  apud Sacleium  ». Nous proclamons que ladite dîme appartient à Messieurs les frères de Lhospital. Les témoins de cette choses sont : Théobald chevalier de Veuif, frère Radulph, frère Jehan, frère Eudes, et frère Pierre. Nous avons apposé notre scel pour affirmer cette sentence. Fait en l'an m°. cc° i° ».

En octobre 1202, les frères hospitaliers de Saint-Jean reçoivent les dîmes sur un arpent de terre à Ygny près Saclay. Une transaction intervient pour les dîmes novales à Igny. L'année suivante, Ferry de Palaiseau et sa sœur Isabelle donne et concède en aumône à Dieu et à la maison de l'Hôpital de Jérusalem de Paris 12 deniers de cens annuel qu'ils possédaient sur une vigne jouxtant la terre de Palaiseau. Héloise, sœur de l'Hôpital de Saclay , surnommé Boue, est témoin de cette donation en compagnie de Simon de Corbeil.

Deux décennies plus tard, les lettres d'indemnité des acquisitions faictes de Amaury Dysi sont confirmées par l'Official de Paris (cote C.13). « Moi Official à tous les présents et futurs, salut en le Seigneur. Nous faisons savoir que sont présents Pierre Maillardus chevalier de Plailliaco et Emmeline sa femme qui reconnaissent, font l'éloge et confessent la vente de 43 arpents de terre arable et le champart perçu sur 41 arpents ainsi que le cens de 2 sols et sept hostises avec leurs tenanciers qui était dans le fief de Saclay «  apud Sarclanum  » appartenant au chevalier Amaury d'Issy «  Amalricus de Ysiaco  » qui concède les biens situés dans son fief aux frères de l'Hospital de Jérusalem à Paris. Nous avons apposé notre scel afin d'affermir les présentes lettres. Fait en l'année 1228 de l'Incarnation de notre Seigneur, au mois de mars ».

En avril de la même année, l'évêque de Paris donne des lettres de confirmation concernant l'indemnité pour l'acquisition faite par le chevalier Amaury d'Issy, frère hospitalier de Jérusalem en la ville de Sarclay , du chevalier Guillaume de Chercon et de Dalis son épouse en présence du doyen de Longjumeau. Nous résumons le parchemin « Guillaume (4), évêque de l'église de Paris par la grâce divine, à tous ceux que ces lettres verront salut. Nous faisons savoir que Guillaume de Chercon, chevalier et sa femme Daliz , en présence de R(ainaldus) doyen de Longjumeau «  Longemello  » approuve et consent à la vente faite à Amaury d'Issi «  Amalricus de Yssiaco  », chevalier, frère de l'Hôpital de Jérusalem au village de Saclay «  in villa de Sarclayo  » et jouxtant le bois de Littis. Et pour attester et affirmer cette chose nous apposons notre scel. Fait à Paris l'an de grâce 1228 au mois d'avril ».

Les dépendances des chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Saclay : Orsigny, Villeras, Repentis, Villiers, Orsigny, Villedombe, les Loges, Villetain. ( Carte de Cassini ).

 

Deux mois plus tard, l'abbé du monastère Sainte Geneviève à Paris donne des lettres portant confirmation de l'indemnité faite par les frères Hospitaliers de Saclay quand ils acceptèrent une donation (cote C.14). « Moi humble abbé de Sainte Geneviève à ceux qui verront les présentes lettres Salut en notre seigneur. Nous faisons savoir que Gaudefroy Pasquier de Vaucresson «  Gaufrid Pasqueri de Valle Crissonis  » et sa femme Adeline ont délaissé et renoncé au profit des frères de Lhospital de Jérusalem tout ce que possédait Guillaume de Saclay «  Guillelmi de Sarcleio ». Plusieurs frères ont attesté cette chose ».

Puis, un parchemin latin, daté de novembre 1228, fait état de la donation de plusieurs biens immeubles et droits seigneuriaux à Saclay. Nous donnons un résumé sommaire : « Que chacun sache que le chevalier Amalricus de Yssiaco et Adelina sa femme en notre présence on reconnu avoir vendu à la maison des frères de Lhopital de Jérusalem à Paris, moyennant le somme de 257 livres parisis, les choses suivantes : 41 arpents de terre arable et le champart sur 49 arpents et le cens perçu sur 49 arpents ; c'est-à-dire 59 sols pour chaque arpents et deux sols de cens par arpent. Tout ce qui vient d'être nommé est situé dans le village de Saclay «  in villa de Sarcleio  ». Pour les choses susdites les frères de l'Hôpital possèderont, tiendront chaque année et rendront six setiers de blé et 8 sols parisis de rente au susdit Amalric et à sa felle Acelina. Le chevalier Geruafius, frère de Amalric de Cornaz qui détient les droits féodaux des biens susdits donne son consentement, approuve et fait la promesse de garantir cette chose. Il est fait serment que la dîme de l'église de Saclay qui est collectée sur les terres susdites reviendra aux Hospitaliers. Fait à Paris l'an de l'Incarnation du seigneur 1228 au mois de novembre ».

En juin 1230, l'Official de la curie parisienne confirme l'acquisition d'une terre à Saclay (cote C.116). « À tous ceux que ces présentes lettres verront, l'Official de l'église de Paris salut. Que l'on sache que Matheus de Vico et Etiennette, sa femme, reconnaissent vendre à l'Hôpital de Jérusalem à Paris cinq arpents et demi de terre arable moyennant 20 livres et 15 sols parisis, c'est à savoir quatre arpents situés à Saclay et Villedomble et un arpent et demi à Villepion. Fait l'an de grâce 1230, au mois de juin ».

Une terre contenant 8 arpents et demy et deux quartiers sise à Saclay fut acquise en septembre 1233. L'indemnité de la dite terre et son amortissement sont confirmés par l'Official épiscopal (cote C17 liasse de Sarclay). « À tous ceux que ces lettres verront, l'Official de la curie parisienne salut en notre Seigneur. Par ces présentes nous faisons savoir que Gérard le Viaucres, chevalier, reconnaît vendre aux frères de l'Hôpital de Jérusalem 8 arpents et demi de terre arable qui sont dans la paroisse de Saclay moyennant 51 livres et 5 sols parisis ; ce bien est mis dans les mains des frères qui en prennent possession pour l'éternité. Et de cela Johannes le Vrain, chevalier, de qui cette terre était dans la mouvance féodale et Simon de Saint-Médard qui était également concerné par cette vente concèdent et approuvent. Et en témoignage de cette chose nous apposons le scel de la Curie parisienne. Fait l'an 1233 de l'Incarnation de notre Seigneur, au mois de septembre ».

La même année, la grande abbaye bénédictine de Saint-Denis reçoit des terres dans le nord-ouest parisien. « Moi Hugues Tyrell, chevalier salut. Nous faisons savoir tant au présents qu'aux futurs que Gile à concédé et délaissé de son héritage à l'église de Saint-Denis en France «  Sancti Dyonisii in Francia  » ce qu'il avait dans les villages de Cormeille «  Cormelias in Pisiaco  », Herblay «  Erbleium  », Montigny «  Montignacum  », La Faitte «  Fractam Cormeliaz  », c'est-à-dire en hostises et le clos qui est situé à Cormeilles tenant au clos de Galonis moine de Sainte Marie des Vaulx. Et aussi Clementina femme noble et son mari Simon de Belle Fonte, chevalier, concèdent cette chose à ladite église… Le scel a été apposé pour affermir les présentes lettres. Fait en l'an 1233 du Seigneur, au mois de septembre ».

 

 

La dîme de Repentis est acquise par Messieurs les frères Hospitaliers en janvier 1234 (cote C.18). Les lettres de confirmation sont données par l'Official de Paris. « À tous les présents que ces lettres verront, l'Official de l'église de Paris, archidiacre, salut en notre Seigneur. Nous faisons savoir qu'en ma présence Milon de Repentis «  Milo de Repentino  » écuyer et Aveline, sa femme, ont reconnu avoir vendu et concédé la dîme qu'ils possédaient aux frères Hospitaliers de Jérusalem moyennant la somme de 21 livres parisis. Cette chose était l'héritage de Aveline. Fait l'an de grâce 1234, au mois de janvier ».

Quatre ans plus tard, les frères de l'Hôpital continuent d'agrandir le domaine agricole de Saclay en achetant terre contenant «  ung arpen et demy  ». Les vendeurs sont le seigneur Guérin Chene et Agathe son épouse lesquels reconnaissent et confessent que le bien est en censive des frères hospitaliers de Saint-Jean (cote C.22). Le contrat d'acquisition de ladite terre est donné, au mois de mai 1238. En novembre de la même année, les hospitaliers de Saint-Jehan à Saclay, font l'acquisition de six arpents de terres labourables en deux pièces en la paroisse de Saclay . La vente est faite par Guillaume de Chateron et Adeline son épouse et amortissement est accordé par Jehan le Maingre et Simon de Saint-Médar.

En mars 1246, l'acquisition de quatre arpents de terre au lieu-dit «  rüe Chantemelle à Sarclay  » (cote C.23) est confirmé par les administrateurs de l'épiscopat parisien. « À tous que ces lettres verront, Jehannis official de l'église de Paris, archidiacre, salut en le Seigneur. Nous faisons savoir que Robert de Faedeio, Adèle sa femme et Isabelle sa sœur, ont reconnu avoir vendu, délaisser et transporter aux frères de l'Hôpital de Jérusalem pour la somme de 16 livres et 10 sols parisis, quatre arpents de terre qu'ils possédaient et détenaient à Saclay «  Sarclenum  » au terroir dénommé la Rue de Chantemelle . Fait l'an de grâce 1264, au mois de mars ».

 

Sceau de Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris (1228).

 

Un accord intervenant en mai 1261 entre Messieurs les frères de Lhospital de Jhérusalem et les religieuses abbesse et couvent de Vaulx Profond (Port Royal) est garanti par les lettres données par l'archidiacre du Josas (cote C.24). « À tous ceux que ces lettres verront, Radulfus archidiacre de l'église de Paris, salut au nom du Seigneur. Nous faisons savoir que les religieuses dames et abbesse et couvent de Vaulx Profond «  de Valle Profunda  » étant en possession de la douzième partie des dîmes de Saclay à prendre sur la grange des frères de l'Hôpital de Jérusalem à Saclay «  apud Sarcleyum  ». Un accord est conclu avec frère Jegan dit de Chaumes, procureur de ladite maison et le couvent pour établir la paix avec les religieuses susdites et se concilier sur ladite douzième partie des dîmes. Les dits frères ont et tiennent la dite dîme à perpétuité contre la fourniture chaque année d'un demi muid de blé mesure de Saclay moitié blé d'hiver, moitié autre qui seront récoltés à Saclay. Afin d'établir fermement cette chose, notre scel a été apposé. Fait l'an de grâce 1261, au mois de mai ».

En mai 1280, Michel, fils de Lucas de Villiers et Aalis sa feme font une donaison pour la salut de leur âme. aux frères de l'ordre de la Chevalerie du Temple de tous leurs biens meubles et non meubles, présents & à venir ... lesdits demeureront sur leurs héritages tant qu'ils vivront...

En juin 1282, le Grand-prieur de la sainte maison de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem acquiert à Saclay une terre de 10 arpents par échange de ladite terre. (cote C.26). Nous donnons l'essentiel du diplôme : « À tous que ces lettres verront, frères Jean de Villiers «  Johannis de Villar  », grand prieur de la sainte maison de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem , humblement salut au nom du Seigneur. Nous faisons savoir que le chevalier Saneto Albino donne une pièce de terre arable contenant 10 arpents aux frères de l'Hôpital. Ce bien est situé dans le fief de Jean de Cragiaco, chevalier, tenant au chevalier Simon dit le Borgne. Ladite pièce de terre arable contenant 10 arpents que Saneto Albino avait, possédait et tenait à Saclay «  apud Saclenum  » venait de l'héritage de Aalipdis de Ciriaco. En témoignage de cette chose nous avons fait mettre notre scel. Fait à Corbeil, l'an de grâce 1282 au mois de juin avant la fête de saint Jean-Baptiste ».

À la même époque, les chevaliers de l'Hôpital Saint-Jean continuent les acquisitions de biens à Saclay (cote C.25). « Nous faisons savoir que le chevalier Henric de Sacleio et Alelidis sa femme salut au nom du Seigneur. Tous sachent que Jehan de Niodus, écuyer a fait un échange et concède à la maison des frères hospitaliers Saint Jean de Jerusalem en France. Frère Jehan de Villarbus reçoivent huit arpents de terre arable à Saclay «  apud Sacleium  » en deux pièces dans le fief de la sainte maison des hospitaliers de ce lieu dit Lorme Choit et un arpent de terre arable situé au même village à Compellum Gagno paroisse de Saclay ; de même nef arpents de terre arable qui sont à Frambeuf «  Franoum Bouem  » ; trois arpents en deux pièces situés à Villepron «  Villa Proni  »et deux arpents et demi ont situé à l'Épine Heny. En témoignage de cela le scel a été apposé pour affermir cet acte. Fait l'an de grâce 1282, au mois de juin ».

Deux ans plus tard, un don universel est fait par Michel de Villers et Alis sa femme de tous leurs biens à Saclay et à Villiers [le Bâcle]. « À tous ceux que les présentes lettres verront, frère Guillaume abbé de Neauphe les Viez, salut en notre seigneur. Sachent ceux que denant nos établis Michiel le filz Lucart de Villers et Alis sa fame reconnurent et affirmèrent de leur bonne volonté que ils avoient donné et offert en nom de pure et perpétuelle almône sans espérance de jamais rappeler, en remède et en salut de leurs âmes. Donaison faite sollempnelment entre lesdits aux frères de l'ordre de la chevalerie du temple tous leurs biens meubles et immeubles présents et à venir en quelques leu ils pouront estre trouvez et tous leurs héritages trouvés eschaient qui lor porront et devront eschier des ore non par achat ou par autre manière. Et promettent ledit Michiel et ladite Aalis sa fame denant nos par la foi de leurs cors bailliée en nostre main… En celle condition que ledit Michiel et ladite Aalis sa fame demorront sur leur héritage tant comme il vivront et ne porront vendre ne engager ne moson ne pomet de leur héritage que ils aient, ne que leur viegue de achat ou par eschaière ou par autre manière sans le congié du Temple. En celle condition que ledit Michiel et ladite Aalis sa fame prendront sur leurs biens meubles et immeubles chascun de celle 60 sols quand ils mourront et leurs robes à donner par Dieu et aux pauvres de l'Hôpital Saint-Jean. Et nos en tesmoins de ladite ausmone et des choses dessus dites avons scellées cestes présentes lettres à la requeste dudit Michiel et ladite Aalis sa fame. En l'an de grâce mil et deus cens et quatre vinz et quatre et mois de Mai. (Grand baillage de La Morée ) ». Notons que cet acte cité dans la chronologie est dépendant de lordre des Chevaliers du Temple, communément appelés Templiers.

Une copie non signée des lettres de Messire le Grand Maître de la maison de l'Hospital de Sainct Jehan de Jherusalem, Jehan de Villan, donnée en juin 1285 contenant ung accord faict avec les religieuses abbesse et couvent de Gif pour raison de certaines dixmes (cote C.28). Nous donnons le résumé du texte sur parchemin « Accord entre le couvent de Gif et Messieurs les frères Hospitaliers de Jérusalem. Devant Jehan de Villarbz prieur des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, un accord est conclu entre les frères et les religieuses et abbesse et monastère de Gif pour la perception des dixmes perçue sur les héritages sis en la paroisse de Saclay «  parocchia de Saclero  » consistant en sept septiers de blé à prendre chaque année ».

Puis pendant le même mois un autre accord intervient entre l'abbesse et couvent de Gif et Messieurs les frères Hospitaliers de St de Jérusalem (cote C.29). « À tous ceux que ces lettres verront, entre nous révérende Isabelle humble abbesse du couvent de Sainte Marie de Gif «  Sancte Marie de Giffo  » un accord est intervenu au nom du Seigneur avec les frères de l'Hospital de Jérusalem seigneur de Saclay «  Sacleio  » pour les dixmes de quatre setiers de blé qui se à prendre chaque année «  quatuor sextarius bladi  » que nous possédons depuis des temps immémoriaux dans la paroisse de Saclay. Une conciliation médiane est intervenue avec le prieur, les frères et leurs successeurs auront le droit de prendre, chaque année, quatre setiers de blé, mesure de Chateaufort «  mensuram de Castro Forti  » sur la dîme que nous possédons dans notre grange «  aliam decinam quam habemus in granchia  » en ce village de Saclay «  apud Saclenum  ». fait l'an de grâce 1285, au mois de juin le jour de la nativité de Saint-Jean-Baptiste " Datum anno m° cc° octagio quinto die Janis

La donation universelle de tous les biens de Giles Picard et sa femme à Lhospital de Sainct Jehan de Jhérusalem est faite en décembre 1289 (cote C.30). « À tous les présents que ces lettres verront, l'Official de la Curie parisienne, salut en notre Seigneur. Que tous sachent que Giles Picard de Saclay et Mathilde sa femme ont donnés tous leurs biens à la maison des Hospitaliers Saint-Jehan de Jhérusalem en pure et simple aumône ».

En novembre 1297, les lettres de confirmation de l'Official de la curie parisienne concernent le don d'un muid de bled de rente sur une terre à Saclay au lieu-dit Villetein en la châtellenie de Châteaufort (cote C.32). « À tous les présents verront, l'Official de l'église de Paris Salut en notre seigneur. Savoir faisons que l'honorable personne Grégoire Bondel bourgeois de Montlhéry et Bernie sa femme «  Blondelli burgensis Montis Lerherici et Bernix eus uxor  », fils de feu Guillaume de Charron «  Guillermi de Charrona  » pour l'affection de ses ancêtres concédèrent à la sainte maison des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Paris une rente à la dite sainte maison. Cette chose est mise dans les mains du trésorier Jehan Bonnet et des frères qui posséderont comme une aumône. Le trésorier de ladite maison percevra une rente annuelle constituée par un muid de blé d'hiver «  modium bladi hybernagii  » qui sera livré moitié froment et moitié froment de pure qualité de la mesure de Chateaufort «  ad mensuram de Castro Forti  ». Cette chose vient de l'héritage du donateur sur la terre possédée autrefois par le défunt seigneur Guillaume de Charon et Edeline sa femme, située à Villetein qui tient à la vigne de Jehan de Charon et de Pierre de Laincio de Longjumeau «  Longo Jumello  »… Le scel de l'Officialité de Paris a été apposé pour confirmer cette donation. Fait l'an de grâce 1297 le jour de la fête de Saint-Martin d'hiver ».

Les lettres données en décembre 1299 par le prévôt Jehan Baussel de Chateaufort, garde de la châtellenie, confirme le don de terrains boisés aux frères hospitaliers de la maison de Saclay. Ce sont les «  boys à Joi  » en trois pièces, dont l'une est appelée le bois Girard, l'autre le bois de la Charrière et l'autre le bois de la Ponitete (?). La donation est faite à Jehan Bonnet trésorier de la meson de l'Hospital de Sainct Jehan de Jérusalem à Paris, et aux pères de la dite meson et à leurs successeurs… Avons mis le scel de ladite châtellenie. Fait l'an de grâce 1299, le samedi après la fête de Notre-Dame.

 

 

Les acquisitions postérieures

Les lettres données en février 1301 par le prévôt de Paris concernent la vente faite aux frères de Lhopital de Jérusalem à Paris par Pierre Trassart d'Origny écuyer de 40 arpents de terre et d'une pièce de pré y joignant assis au terroir d'Orsigny pour en jouir en mainmorte (pièce 4e de la 76e liasse). « À tous ceux que ces présentes lettres verront, Guillaume Thibout garde de ma prévosté de Paris salut. Nous fesons assavoir que devant nous est en sa propre personne en jugement Pierre Trassart d'Orsigny, escuyer , reconnaît et confesse en droit avoir vendu et par nom de pure vente, quitte, octroie, transporte à toujours a religieux hommes et honnête frère Yrier de Nanteuil de la Sainte meson de Lhopital de Saint-Jehan de Jérusalem, humble prieur de France et aux frères de cette meson, quarante arpens de terre arable avecques une pièce de prez qui tient à ladite pièce et la haye entre elle se comporte jusques à la voie d'Orsigny. C'est assavoir pour le pré de cenz livres payé et receu dudit prieur en bone pièces… Nous avons mis en ces lettres le scel de la prévosté de Paris en l'an de grâce mil trois cenz et un, le lundi après les huitièmes de la Chandeleur  ».

En juillet 1306, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem font acquisition d'héritages au terroir de Villedomble près Saclay, châtellenie de Châteaufort. L'acte mentionne une terre de 20 arpents, un cens de 4 sols. L'acquisition de l'indemnité est faite par Jehan de Troussel, de noble Monseigneur Philippe de Saudreville chevalier seigneur de Lymons, en faveur des hospitaliers.

Le mardi 3 décembre 1458, les lettres du prévôt de Paris confirment un acte de acte de renonciation de terres et pré à Saclay, lieu-dit Orseigny au «  profict de Mr le commandeur de St Jehan de Latran  ». En voici le résumé : « À tous ceulx que ces lettres verront, Robert de Fontenelle, chevalier, chambellan du Roy nostre sire et garde de la prévosté de Paris, salut. Savoir faisons que le… Michel Rat, fils de feu Jaques Rat lequel a reconnu par ces présentes renoncer à la propriété de la moitié par indivis de trente huit arpens de terre et un arpent et demi de pré en la paroisse de Saclay en la châtellenie de Châteaufort tenant d'une part audit Michel Rat et d'autre part aux ayant cause de feu Jannot Panaux aboutissant audit Michel Rat. Icelle tenoit faicte la censive des commandeur religieux et frères de la maison Saint-Jehan de Jérusalem qui jadis fut du Temple à Paris huy fut et appelez et unis en défault… lesdits héritages dessus déclarez ont droit de prendre et de ce avoir quittance. Nous avons fait mettre le scel de ladite prévôté de Paris.Ce fut fait le mardy trois jour de décembre l'an de grâce mil CCCC cinquante huit ».Cette renonciation est faite surtout pour ne pas être obligé de payer les arrérages dus depuis 150 ans, sur des terres probablement en friches à la sortie de la guerre de Cent Ans.

Le 29 décembre 1480, Jehan de Moulineaux , escuier, seigneur de Repenti prenait à titre de cens portant vente saisines et amendes pour luy et ses hoirs de vénérable et religieuse personne frère Nicol Lisbay, commandeur de Saint-Jehan de Latran, bailleur d'une masure où souloit avoir une maison, court, granche, assy a Saclay devant l'église .... Ce document confirme également les destructions existant dans la région, les religieux baillant à cens les biens sans valeur pour les valoriser.

 

 

Notes

(1) La maison des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem à Paris a porté différents noms. Les plus anciens documents citent simplement la maison de l'Hôpital. Au XIVe siècle, elle devient l'Hôpital ancien pour la différentier de la nouvelle maison qu'on venait d'établir au Temple. Elle s'appellera ensuite maison de Saint-Jean de Latran puis, au XVIIe siècle, baillage de la Morée .

(2) Dans la brève esquisse historique de la monographie de l'instituteur Mr. Bidard (1899), nous lisons «  Les anciens titres fournissent peu de seigneurs à Saclay. Les plus connus sont Robert de Sarcleis, Barthélemy de Sarcleis, Étienne de Moliniau et Lucas  ».

(3) Le pouillé du diocèse de Paris de 1205, établit la liste des églises du doyenné de Châteaufort placées sous l'autorité directe de l'évêque. Le bénéfice de l'église de Saclay «  ecclesia de Sarcloi  » se monte à 50 livres . Dans les comptes de 1352, le bénéfice de Saclay est estimé à 50 livres et le curé «  curatus de Saclaya  » paie un décime de 33 sols 4 deniers.

(4)Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris de 1227 à 1249.

 

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