Le prieuré Saint-Wandrille de Marcoussis (5)

(1736-1922)

Chronique du Vieux Marcoussy ----------------------- ---------____-- _----ajout juin 2012- Janvier 2010

Plan du prieuré Saint-Wandrille de Marcoussis dressé pour son estimation en 1791.

JP. Dagnot

C. Julien

 

 

Cette chronique est le cinquième volet de l'histoire du prieuré Saint-Wandrille de Marcoussis, couvent bénédictin sous l'obédience de la grande abbaye normande de Fontenelle.

 

 

Mathieu Rousseau prieur

Nous avions laissé le prieuré en 1735. Au décès de Baltazard de Saint André et bien que nous n'ayons pas trouvé trace de la prise de possession du prieuré par Mathieu Rousseau, la probabilité est grande pour que ce dernier soit son successeur direct.

Quatre années passent, nous verrons lors de la chronique sur la ferme de l'Hôtel-Dieu de Marcoussis, que cette dernière a été frappée par la foudre déclenchant l'incendie de cette dernière. "Un certificat" fut dressé pour relater les faits et parmi les présents retenons "Messire Mathieu Rousseau, prestre prieur ...(rongé sur le bord) de Marcoussis ...

La famille Barillet est toujours détentrice du fermage du prieuré. Bernardin, le puîné, en est le fermier. Les informations sur le prieuré ne nous parviennent que via celles de cette famille. Ainsi avec son frère Louis, officier du roy, seuls et uniques héritiers de Demoiselle Elisabeth Prudhomme, leur mère, se partagent ses biens. Un autre acte de 1741, mentionne le sieur Barnabé Barillet, fermier du prieuré de Marcoussis...

On le retrouve quatre ans après présent à la rédaction du testament de la dame de Marcoussis. Il accompagne le notaire Pouillot, assisté également par Pierre Brizard, sergent du baillage, et de Michel Ferret, maître cordonnier, témoins. La scène se déroule dans un appartement par bas en entrant sur la droite dans ledit château, qui a veue sur le fossé du costé du village.

En 1750, Marie Madeleine d'Albon (1), dame du Houssay est inhumée dans le choeur de l'église paroissiale de Marcoussis par messire Rousseau, prieur curé de Marcoussis, en la présence de son fils Bénigne le Ragois de Bretonvilliers, maréchal des camps des armées du roy, de Joseph Ignace comte de Sparre, maréchal des camps et armées du roy, et de messire Jean du Merle de Blanbuisson, chevalier de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, commandeur du Déluge.

La vie à Marcoussis continue. Relevons ce qui concerne notre prieur:

- En 1751, il représente les habitants et les marguilliers, et se rend à Paris pour percevoir une somme de 2.429 livres qui devra être utilisée pour l'entretien d'un maître d'école. Cette anecdote sera narrée dans la chronique sur l'enseignement à Marcoussis avant la Révolution. Notons simplement qu'elle est versée par Alexandre Moyria de Châtillon, sénéchal de Valence, demeurant à Dijon!

- En 1772, le mariage de Charles Benoit Lecompte, jardinier de Bellejame, venant d'Arpajon, est célébré par le père Rousseau, prieur et curé de Marcoussis.

- En 1774, la chambre de l'archevêché nous apprend que le 4 août la grêle de ce jour a tellement ravagé le territoire, qu'au moment de la récolte, il a fallu plus de cent gerbes pour faire un septier de grain, et que la vigne n'a rendu qu'une demie queue par arpent; que ce triste évènement fait bien des misérables dans la paroisse, et lui cause un tort considérable. La chambre a prévu tous les accidents, Mr le prieur et curé seroit donc dans le cas de se trouver débouté. Mais la chambre en pareil cas a toujours usé d'indulgence et modère de 24 livres sur le prieuré et de 12 livres sur la cure pour l'année 1774. Il était dû 97 livres par le prieuré et 49 livres par la cure.

Le 23 juin 1780, une foule nombreuse assiste à l'inhumation, sous le portique de cette église, de Messire Mathieu Rousseau, prieur et curé de Marcoussis, âgé de 75 ans. Sont présents son frère, son cousin, et Messire Charles, marquis de Bullion, seigneur de Bellejame, Guillerville, Vaugoulan , colonel d'infanterie, et Nicolas Josse, écuyer contrôleur des guerres de la seconde compagnie des mousquetaires du roy, sieur de Bellebat.

 

Mathieu Bonifay dernier prieur

Le bail à ferme du prieuré et de la dixme de Marcoussis est passé en 1785 par Mathieu Bonifay, cheffilier et chanoine de l'église collégiale de Meung-sur-Loire, prieur du prieuré simple de Sainte-Madeleine de Marcoussis, lequel baille à ferme pour neuf ans, à l'égard de la dixme, des rentes et autres revenus, exceptés ceux ci-après à Jacques Hubert, fermier de la ferme seigneuriale de Marcoussis. Sont compris une maison et ses dépendances, appelée la maison prieuriale, un jardin attenant à ladite maison... Le bail est accordé moyennant une redevance annuelle 1.200 livres...

Le mois suivant, Jacques Hubert, fermier du prieuré simple de Sainte-Madeleine de ce lieu et des dixmes en dépendant, lequel baille à titre de sous-location pour huit années restant à expirer du bail à lui fait par Jean Mathieu Bonifay, cheffecier chanoine de la collégiale de Meung-sur-Loire, prieur du prieuré simple de Sainte-Madeleine à Jacques Hébert, charron demeurant à Marcoussis. Il s'agit d'une maison et ses dépendances, appelée «  la maison prieuriale  », jardin attenant contenant un arpent, entouré de murs et de fossés, à l'exception de la grange. Le bail comprend la condition de ne pouvoir tenir auberge, donner à boire ni à manger audit prieuré. Ledit bail fait moyennant 400 livres et fournir une pièce de vin.

Douze jours plus tard, Louis Noel, jardinier, et Marie-Madeleine Legrand, sa femme, deviennent également locataires. Les lieux comprennent :
- une petite chambre basse et une autre à coté grenier au dessus, autre petite chambre étable plus une chambre haute ayant vue sur la cour au dessus d'une grande salle occupée par le bailleur Hébert, charron, escalier pour monter dans ladite chambre donnant dans ladite salle tenant à la rue allant à la Fontaine des Roches, d'un bout sur le petit jardin,
- un grand et un petit jardin clos de murs et de fossés, jardin du prieuré.
Le pré
sent bail moyennant le poisson du canal en commun ainsi que l'usage de la fontaine, en outre 300 livres.

Enfin le mois suivant, Jacques Hubert, comme fermier du prieuré, baille via sa femme Anne Cintrat, à titre de sous-location pour six mois seulement le bail des dixmes, rentes et autres revenus, ainsi que les bâtiments à Jacques Hervé, régisseur des dixmes dudit prieuré, demeurant audit lieu, appelé la maison prieuriale avec le jardin. Exception est faite pour la grange, bail est passé moyennant 300 livres. Finalement les revenus du prieuré deviennent des engagements purement mercantiles, la religion devient accessoire. Notons que le bas du jardin se valorise par une fontaine et un canal à poisson.

 

 

Le bas clergé à la fin de l'Ancien régime

Un document de première importance nous donne l'état du petit ou bas-clergé à la veille de la Révolution française : c'est le «  Cahier de l'ordre du clergé de la prévôté et vicomté de Paris hors les murs pour servir d'instruction à ses députés aux États généraux » rédigé le 6 mai 1789. Le texte introductif mérite citation «  L'ordre du clergé de la prévôté et vicomté de Paris, fidèle au serment qu'il a fait à Dieu, au Roi et à la patrie, aura constamment en vue ce serment dans les très-humbles doléances et supplications qu'il a arrêté d'adresser à Sa Majesté en l'assemblée des États généraux, formée de différentes classes, mais toutes réunies pour le zèle et uniquement animées de l'amour du bien public ; il réduit ses vœux à trois objets principaux : la religion, la constitution nationale, l'administration  ».

Outre une demande de l'égalité devant l'impôt, des plaintes du relâchement des mœurs, de la licence de la presse et des théâtres contre la religion, de la suppression des lettres de cachet, de la réforme du code civil et criminel, le clergé réclame la révision d'édits récents :

•  les lettres patentes de février 1778 devraient être exécutées selon leur forme et teneur, qu'il soit expressément enjoint aux magistrat et officiers de police d'y tenir la main. Il s'agit de la sanctification des dimanches et fêtes car «  l'infraction des lois à cet égard tend tout naturellement à faire perdre au peuple le sentiment de la religion  ». Il est demandé qu'aucuns travaux publics ne puissent être faits en ces saints jours sauf permission des autorités ecclésiastiques.

•  l'édit de novembre 1787 concernant les non catholiques doit être interprété et modifié conformément aux principes établis dans les remontrances de l'assemblée du clergé de 1788, notamment en ce qui regarde la manière de constater la naissance et le baptême des enfants, les empêchements de mariage et les dispenses d'iceux,…, qu'en outre, il soit statué par la jurisprudence établie avant la révocation de l'édit de Nantes que le droit de patronage ne pourra être exercé par des non catholiques.

•  l'édit de 1765 qui établit la suppression de petits couvents et maisons religieuses dont les fonds et les revenus sont trop faibles.

•  la recommandation de l'assemblée des notables de 1787 concernant les barrières et octrois nuisibles au commerce dans l'intérieur du royaume.

Les curés de campagne s'opposaient au droit de déport et spolium dont jouissaient les évêques, archidiacres et doyens, «  donnant lieu à de grands abus et à des contestations continuelles  ». Tous réclament l'augmentation de leur traitements : gros du curé et portion congrue des vicaires «  qu'il soit pourvu aux besoins pressants des anciens curés, vicaires et autres prêtres travaillant dans le saint ministère, et qu'à cet effet une partie des prébendes des églises cathédrales et collégiales leur soit conférée par préférence aux autres ecclésiastiques  ».

On comprend que le bas clergé était réduit à la misère et que, rédigeant en grande partie les cahiers du tiers état, les curés de campagne transmirent leurs doléances dans ces cahiers. Ainsi, à Longpont le peuple suggéra la portion congrue des curés fixée dans tout le royaume à 1.500 livres mais «  les curés des campagnes ne prendront aucun casuel  ». En un mot, la gratuité des sacrements. À Saint-Jean de Beauregard, on demande la suppression des petits couvents, des chapitres et bénéfices simples, inutiles et leurs biens employés à l'augmentation du revenu des curés et vicaires, et des fabriques pauvres, à l'établissement des maîtres et maîtresses d'école (2).

Un grand chapitre de doléances est également ouvert pour ce qui concerne la réparation des églises. Nous avons appris à plusieurs reprises que la coutume de Paris divisait chaque église paroissiale en un chœur qui appartenait au patron – on disait le droit de patronage - et la nef sous la responsabilité de la fabrique et des paroissiens. Le tiers état de 1789 émet plusieurs demandes dont :

•  Que le patronage de la cure sera de plein droit transporté à la commune du lieu qui en jouira inaliénablement et imprescriptiblement,

•  Que les répartitions et reconstructions des églises paroissiales, et presbytères, soient à la charge des fonds des économats,

•  Que les répartitions des églises, presbytères, maisons de maîtres d'école et sœurs de charité soient aux dépens des biens ecclésiastiques et, pour cet objet que l'on prélève sur les abbayes, prieurés simples et mis en économat, un an dès qu'ils seront vacants, les sommes convenables.

Décidemment la suppression des communautés religieuses était programmée dans toutes les têtes du tiers état. «  Que toutes les maisons religieuses qui n'ont pas dix religieux profès seront supprimées et leur biens répartis …  » disent les habitants de Guiberville-près-Arpajon. La loi de 1790 ne sera pas une surprise.

 

 

Le prieuré sous la Révolution

Il faudra attendre le 14 avril 1789 quand les citoyens de Marcoussis réunis en assemblée générale portèrent leur plaintes et remontrances dans leur cahier de doléances pour les impôts indûment levés par le prieuré « Que la paroisse de Marcoussis a payé de trop en 1784 une somme de 482 livres 15 sous pour Monsieur le prieur de Saint-Wandrille de ce lieu de Marcoussis et en 1786, autre somme de 457 livres 10 sous pour ledit prieuré ».

Les évènements vont conduire rapidement à la suppression du prieuré par la loi du 13 février 1790 qui abolissait les vœux monastiques et les ordres réguliers. Arrêtons nous un moment pour décrire la situation des communautés religieuses. Au milieu du XVIIIe siècle, dans 2.972 monastères vivaient 35.000 religieux. « Parmi eux se trouvaient des âmes admirables qui font honneur à la nature humaine, mais d'autres abandonnaient plus ou moins leurs devoirs d'état, y compris parfois la célébration du service divin  » dit Suzanne Lemaire. Plusieurs réformes avaient été tentées. Le 30 septembre 1765, Monseigneur Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse proposa au pape d'user de son autorité pour rétablir l'ordre et la régularité. Le 23 mai 1766, un arrêt du Conseil d'Etat créa une commission d'enquête habilitée à examiner les statuts monastiques et à visiter les couvents. L'édit de février 1773 traitait une véritable réglementation générale des ordres religieux, la gestion des biens et la discipline.

La loi sur la «  constitution civile du clergé  » fut votée le 12 juillet 1790. Trois textes législatifs organisèrent les statuts des ecclésiastiques devenus fonctionnaires publics : le décret du 27 novembre 1790 pour les évêques, curés et vicaires, le 27 mars 1791 pour les prédicateurs et les 15-17 avril 1791 pour les chapelains et aumôniers d'hôpitaux et de prisons. La constitution civile du clergé réorganisait l'Église de France d'inspiration gallicane en instituant un évêché par département. Le Saint-Siège était exclu de toute décision d'investiture.

Jean-Baptiste Heurteux, arpenteur expert, demeurant à Paris, rue de Bourbon, paroisse cathédrale Notre-Dame, nommé par le directoire du district de Versailles se rend à Marcoussis le 24 mai 1791. En présence du maire et du curé, il visite le prieuré à l'effet de trouver un supplément de jardin pour le curé dans une partie de terrain du prieuré de Saint-Vandrille, pour compléter le demy arpent de jardin qui appartient à chaque curé, «  nous avons arpenté au dessous du mur de terrasse pour compléter le demy arpen compris celui en terrasse au midy tenant au presbytère  ». L'estimation du prieuré à la somme de 5.500 livres est également faite par le même expert. Notons les chambres hautes et basses, caves, petit logement de jardinier, écurie, vacherie, autre petit bâtiment et une grange de trois travées.

Enfin, le 3 novembre 1791, c'est le moment de la vente des biens nationaux de première catégorie au district de Versailles. Le prieuré de Marcoussis (lot n° 230) est adjugé pour 12.700 livres au sieur Jacques Antoine Courbin. L'acquéreur est entrepreneur des bâtiments du gouvernement, et demeure à Paris, rue Croix des Petits-Champs.

Ajoutons que l'Assemblée législative décréta, le 29 novembre 1791, que les prêtres réfractaires seraient tenus pour suspects : les persécutions commençaient contre les catholiques fidèles à Rome. Elles allaient s'aggraver sous la Convention, sans épargner l'Eglise constitutionnelle elle-même lors de l'entreprise de déchristianisation des années 1793-1794. Après Thermidor, le 21 février 1795, la Convention accorda la liberté du culte, mais le schisme continuait. Le problème ne fut résolu qu'en juillet 1801, par la signature du Concordat entre Pie VII et Napoléon Bonaparte. La paix religieuse fut adoptée et promulguée par le Corps Législatif le 18 germinal an X (8 avril 1802).

 

Allégorie du Concordat de 1801 et portraits des deux acteurs de la paix religieuse : le premier Consul Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII.

 

Un reçu de trente sept livres est donné le 27 février 1794 à la recette de Longjumeau, par le citoyen Angiboust, montant pour deux années d'une rente de dix-huit livres due au ci-devant prieuré.

 

 

L'ancien prieuré de Marcoussis au XIXe siècle

Dans cette partie, nous voulons parler du devenir de l'ancien prieuré, bâtiments et jardins. Fin 1803, le citoyen Jacques Antoine Courbin, entrepreneur des bâtiments du gouvernement, et demoiselle Marie Bourdon, sa femme, demeurant à Paris rue Croix des Petits Champs, sont ce jour en leur maison de Marcoussis, lesquels donnent à loyer pour trois années au citoyen René Petit les biens qui suivent : une maison, bâtiment, cour, jardin, dits «  le prieuré  », le tout clos de murs, tenant à Louis Surau, charpentier, au chemin de la Fontaine des Roches et le notaire soussigné, au chemin de Marcoussis à Arpajon à la Sallemouille le tout pour 6.800 centiares… Les bailleurs se réservent la chambre haute à feu au dessus de la cuisine, la pièce d'eau dans le bas du grand jardin, le droit d'usage de la fontaine ainsi que la petite maison occupée par la veuve Daubois. Le bail est fait moyennant une redevance en nature constituée par des fruits et légumes et une soulte en argent. Voici la liste de ce que le citoyen Petit doit livrer aux bailleurs :
- des fruits : 26 poires de beurré, 26 poires de doyenné, 26 poires de Messirejean, 50 poires d'Angleterre, 100 abricots, 50 pêches, 24 kilos de chasselas, 5 kilos de groseilles, 50 prunes de Reine-Claude,
- un petit panier de légumes chaque semaine, en oignon, carottes, poireaux, pomme de terre et haricots,
- cinq décalitres d'oignon, ....
et 525 fran
cs de fermage le tout à porter à Paris!!

Les époux Courbin décèdent rapidement. En 1809, l'achat du prieuré est réalisé sous le nom de Perrin de Serrigny pour le fameux notaire Boudier aux héritiers Courbin. L'adjudication est faite au tribunal de première instance. Ce bien est conservé par le couple Boudier-Coipeaux, jusqu'au décès de cette dernière.

 

Extrait de plan napoléonien.

 

En 1825, Maître Garnier recueille la succession de Catherine Coispeaux. Il s'agit d'un partage complexe en raison du nombre des intervenants Coixpeaux. La masse des biens de la communauté du couple Boudier comprend entre autre :
- une maison
qui est «  la mairie actuelle  » pour 3600 centiares cadastrée section C 538 suivants... 542. Cet ensemble sera repris lors d'une chronique sur les mairies de Marcoussis.
- une autre m
aison près de l'église, « dite le prieuré », cadastrée section C120, 121, 122, 124bis, 125 et 132.

Retenons uniquement que "le prieuré" sera attribué en partie à Catherine Eléonore Leraton. Cette dernière conservera ce bien jusqu'à son décès en 1832.

Un avoué représentant les héritiers de ladite Leraton dépose alors un cahier d'enchères pour procéder à la vente par licitation du prieuré. L'affiche de vente du prieuré décrit les lieux:

 

 

L'avoué , mandaté par Vincent Nicolas, Pierre et Marie Leraton, poursuit la vente par licitation de la succession de la veuve Garnier, «  lequel procède à l'adjudication préparatoire des immeubles de l'enchère, rédige le placard de l'adjudication, annonce dans les journaux  », bref une liste de pièces légales.

L'adjudication définitive le mois suivant. Après un préambule sans intérêt, nous arrivons au premier lot qui nous intéresse, composé de la maison appelée le prieuré et enclos avec mise à prix 5.750 livres. Les enchères montent, adjugé au profit de Monsieur et Madame Beaufils, moyennant 7.750 francs. Cette dernière Anne Coispeaux est déjà héritière pour moitié de la moitié afférente à la ligne maternelle.

En 1837, ce lieu est revendu, Aure Eléonore Coispeaux, épouse de Denis Beaufils, ancien marchand grainetier, actuellement employé du télégraphe, demeurant à Paris rue Saint-Antoine, séparée de biens par jugement, laquelle a vendu à Jacques Louis Retourné, cultivateur fromager et à Marie Louise Groulon demeurant à Marcoussis, une maison autrefois appelée le prieuré à l'encoignure des rues de Montlhéry et de l'église, composée:
- d'une cour principale au fonds de laquelle est le bâtiment d'habitation. Ce bâtimemt est élevé d'un rez-de-chaussée de trois travées comprenant cuisine chambre et deux écuries; et d'un étage, couvert en tuile
- à gauche un deuxième corps de bâtiment renfermant une grange
- et enfin derrière ledit bâtiment et cour, un clos entouré de murs de plusieurs côtés, dans laquelle est un puits avec margelle, et une petite cave voûtée en moellons on y descend au moyen d'un petit escalier en pierre.
Le tout d'une contenance de 76 ares. La vente est faite moyennant la somme de 12.000 frs
.(4)

La succession de Louis Pascal Retourné a lieu en 1861. Une semaine plus tard , la vente d'une maison appelée anciennement le prieuré est réalisée à l'intérieur de la famille. Les héritiers, vendent à Victor Bréant, marchand fromager, époux de Louise Catherine Retourné, demeurant à Marcoussis, une maison sur la place de l'église, à l'encoignure de la Grande rue, faisant partie d'une plus grande appelée autrefois le prieuré, comprenant :
- un grand bâtiment ayant sa façade sur la place, construit en pierres, divisé au rez-de-chaussée en une chambre à feu à l'encoignure, porte cochère dessus de porte, hangar et fruitier à la suite vers le levant, au premier chambre au dessus de la pièce à feu, autre chambre froide au dessus de la porte cochère, grenier au dessus du hangar et du fruitier,
- autre bâtiment contigu longeant la Grande rue, comportant fournil, avec chambres au dessus,
- autre corps de bâtiment vers le jardin comprenant écurie, laiterie et grange,
- cour au milieu, l'emplacement de la maison contient 316 m2,
- jardin au levant formant hache jusqu'à la Sallemouille.
La vente est fait
e moyennant 8.000 frs. Réserve pour la mère donataire d'une chambre ... La description ressemble aux bâtiments actuels. La construction face à l'église est maintenant réalisée.

 

 

Le 29 mai 1922, Mr le maire de Marcoussis annonce qu'il a reçu un exemplaire de Louis Bigard sur le prieuré, ce livre sera classé dans la bibliothèque communale (3).

La fin du récit, du fait des archives non accessibles pour les 100 dernières années, est obtenue par des entretiens oraux. Ainsi une conversation avec Pierre Noel, le descendant des jardiniers du potager seigneurial , permet de dire que le bâtiment de la carte postale dit "EPICERIE" , fut tenu vers 1920 par les Bedeau , puis après par leur gendre Poisson, et en dernier par les Lelong que j'ai connu lors de mon arrivée à Marcoussis en 1974.

L'épicerie a fait place à des restaurants successifs, que le dernier prieur aurait réprouvé: tenir auberge et de confession probablement non catholique!

 

 

Notes

(1) Marie Madeleine d'Albon dame du Houssay, lieu qui fera l'objet d'une chronique.  

(2) Archives parlementaires de 1787 à 1860 - États généraux - Cahiers des sénéchaussées et bailliages. Impr. par ordre du Sénat et de la Chambre des députés sous la direction de MM. Jules Mavidal et Emile Laurent (P. Dupont, ed. Paris, 1879).

(3) L. Bigard, Le Prieuré de Marcoussis (Le Bailliage, Chatou, 1926).

(4) info J-C Bertrand.

 

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