La terre et seigneurie de Villarceau(3) (1746-1803) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------- ________----------------- ---------avril 2012 Extrait plan terrier de Nozay aux AD 91.JP. Dagnot C. Julien
Cette chronique est la continuation des deux récits précédents. Nous nous étions rendus en 1746 quand l'héritier des Louvain vendait les terres et le domaine de Villarceau à « très hault et très puissant seigneur, Messire de Cossé-Brissac ». À cette époque Villarceau est un arrière-fief de la seigneurie de Nozay relevant de la châtellenie de Marcoussis.
Villarceau sous les ducs de Cossé-Brissac Lors de la vente de 1746, un architecte décrit soigneusement les lieux: Dès la vente signée en juillet 1746, l'acquéreur de Villarceau, Jean de Cossé-Brissac rend, comme il se doit, foy et hommage au seigneur de Marcoussis. Le nouveau propriétaire est issu de la noblesse d'épée qui deviendra maréchal de France en 1768. Il était aussi chevalier de l'Ordre de Malte. Il succéda, comme duc de Brissac, à son frère aîné, Charles, mort sans héritier mâle (1). Le nommé Peron laboureur était fermier au 30 avril, bien loin de cultiver les terres labourables dépendant dudit Villarceau, et qui lui étaient affermées, en a laissé une grande partie en friches, et notamment partie de celles qui auraient dues être ensemencées en bled au mois d'octobre, que les collecteurs de tailles ont fait saisir les meubles et la récolte des fruits de ladite ferme pendant par les racines. Depuis ledit Peron a fait évader nuitamment de la ferme de Villarceau les chevaux et charües qui servoient à labourer lesdites terres . Un huissier a été chargé de constater la quantité des terres qui sont labourées, ensemble faire résilier le bail de la ferme, avec nomination d'expert arpentage et labour. La saisie réelle du fermier de Villarceau eut lieu le 3 septembre 1746 (2). Une saisie du fief de Villarceau est faite le 13 mai 1747 (3). En septembre 1750, le seigneur doit rendre l'état des titres à maître François Rabache. Le laboureur Antoine Bloceau prend Villarceau en affermage en mai 1755. Claude Louise Héricourt, épouse de Laurent Antoine Bloceau, fermier de la ferme, terre et seigneurie de Villarceau, nomme son mari pour une liquidation le 17 février 1761. Quatre ans plus tard, c'est Pierre de Cauville qui signe le bail d'affermage. Marin Houdon cultive un quartier au chantier des Villevents et en passe déclaration de titre nouvel. L'aveu et dénombrement du 8 juin 1765, nous apprend que le fief de Villarceau est passé dans les mains de Louis-Hercule-Timoléon, le fils aîné du duc de Brissac. Jean-Philippe Hypolite Lambert, ..., trésorier général des aides de la Généralité de Paris, commissaire du conseil pour les ponts et chaussées de France, seigneur du Plessis-Saint-Père et de Villejust ayant la garde noble de Jean-Pierre Lambert, escuyer, Geneviève-Louise, frère et soeur mineurs enfant dudit Jean-Philippe, et damoiselle Marie-Gabrielle Jolybois, majeure, tante dudit sieur, lesdits Lambert et Jolybois, seigneur et dame de Villejust, avouent tenir du seigneur de Villarceau Louis-Hercule-Timoléon de Cossé-Brissac, les héritages suivants : Louis-Hercule Thimoléon de Cossé, duc de Brissac, est capitaine colonel des 100 Suisses de la garde ordinaire du roy, mestre de camp du régiment de Bourgogne cavalerie et chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint Louis. Il habite un hôtel rue de Bourgogne paroisse Saint-Sulpice. Depuis la mort de son frère en 1759, il est le chef de la maison Cossé-Brissac (4).
En janvier 1769, le duc de Brissac baille pour 9 ans la ferme de Villarceau, ses bâtiments, un parc de 30 arpents à droite de l'entrée de la maison seigneuriale moyennant 4.000 livres . Le locataire, Pierre de Cauville, laboureur, sera logé dans deux salles à prendre dans ladite maison avec l'usage du puits se trouvant dans le jardin. Le clos fermé de murs comprenant deux pièces de gazon et plusieurs quarrés de potager garnis d'arbres fruitiers ne font pas partie dudit bail. Le contrat d'affermage comprend également le colombier qui devra être rendu bien garni de pigeons. Les terres labourables sont estimées à 382 arpents en onze pièces sur Nozay, 99 arpents en 33 pièces et 27 arpents de pâturages en 2 pièces sur Villejust.
La vente de Villarceau Le duc de Cossé désirant regrouper au mieux le duché de Brissac et appliquant les règles définies en 1746 par son ayeule dame Béchameil, duchesse de Brissac dans son testament, vend le fief de Villarceaux à Phillipe-René Fontenilliat et Marie-Madeleine Bégé . L'acte de vente signé le 15 février 1773 nous apprend que la mare à l'entrée sert de vivier, que le bâtiment seigneurial forme l'équerre ouest, qu'il y a une construction nouvelle de 10 travées avec porte cavalière et colombier au dessus du porche, donc coté de la Poitevine. La vente est consentie pour la somme de 200.000 francs de prix principal.
Extrait du plan terrier dressé en 1781 avant son arrivée aux AD91.Philippe-René Fontenilliat est maître bourrelier à Paris , y demeurant rue Saint-Honoré, paroisse Saint-Roch, majeur fils de feu Adrien ou André-René Fontenilliat (†1744), aussi maître bourrelier, et de Lucrèce Fricot (†1774). Il avait épousé le 22 juillet 1753 Madeleine Bégé, fille mineure de Charles Bégé, marchand de chevaux, demeurant grande rue du Faubourg Montmartre, paroisse Saint-Eustache . L'épouse apporte une dot de 11.000 livres , tandis que Fontenilliat apporte 5.000 livres et des biens de 18.000 livres . Philippe décède le 13 août 1778 à Paris et Madeleine le 20 décembre 1806. De cette union, sont nés six enfants :
Villarceau sous les Fontenilliat Dès son entrée en possession de Villarceau, Philippe Fontenilliat baille, le 6 avril 1773, pour neuf années la ferme de Villarceau à 36 couples de fermiers qui jouissent déjà de ces terres. Il sera librement permis aux preneurs de faire construire des logements à cheminées dans les bergeries « ne pourront estre faites que de briques ou de pierres meulières et non en plastre, crainte du feu et s'ils font des murs de refend, ils seront présentés sur plan au bailleur ». Ils seront tenus d'apporter en leur demeure à Paris, le gibier que le garde leur remettra et une somme de 9.200 livres . Le contrat de location comprend le parc clos d'anciens murs contenant 30 arpents, les 382 arpents de terres labourables en 33 pièces, les 27 arpents de pâturages. Le partage de la ferme de Villarceau en 36 lots est bien surprenant car difficile à mettre en application. On imagine difficilement l'arrivée des 36 familles, les couples avec leurs marmots dans des bâtiments non adaptés à une telle co-habitation. Du à cette nouvelle gestion, le fermier de Mr de Cossé-Brissac doit déguerpir. Le 27 avril 1773, Pierre Joseph de Cauville, fermier de la terre de Villarceaux y demeurant, reconnaît avoir reçu de Philippe Fontenilliat, ancien maitre bourrelier, demeurant à Paris, la somme de 16.000 livres convenue avec le duc de Cossé pour « le dédommager de la résiliation par luy consentie de deux baux à luy faits de la terre de Villarceaux ». La vente de Villarceau réalisée, et conformément à la coutume de Paris, le vassal Fontenilliat doit présenter à son suzerain, la foy et hommage ainsi que son aveu et dénombrement de son fief de Villarceau. La déclaration du 10 juillet 1773 nous renseigne sur la constitution du fief et ses antécédents. Nous apprenons qu'Alexandre de Balsac d'Entragues, suzerain, avait vendu en 1709 les fermes de Pilandry et de Villiers à Pierre de Louvain. Le 29 mai 1775, Antoine Tisserant, laboureur demeurant à la ferme de Villarceau , et sa femme Geneviève Redon, délaissent à Louis Guichot laboureur de Villejust, une portion de grange à Villejust. À la même époque nous trouvons André Boucher comme garde-chasse de Madame Fontenilliat, dame de Villarceau, veuf de Marthe Herné. Cet homme signe « AB » sur le registre le jour de l'enterrement de son fils Magloire Thomas décédé le 8 juin 1779 à l'âge de onze ans. En avril 1778, Philippe Fontenilliat rédige son testament à Paris, il institue ses cinq enfants légataires universels et donne 25.000 livres à ses quatre filles. Quelques semaines plus tard, le seigneur de Villarceau est mort. L'inventaire après décès du seigneur de Villarceau détaille l'état des lieux de lhostel: cuisine au rez-de-chaussée, salle à manger au premier ayant vue sur la cour, chambre ensuite vue sur la basse cour, chambre à coucher aussi à gauche du premier escalier, garde robe, autre chambre en retour, autre chambre ensuite vue sur la basse cour, autre chambre. Dans le cave il y a 150 bouteilles de rouge Orléans et Bourgogne, et un quart de queue de vin de pays. Le 13 juin 1780, le partage de la ferme en 36 logements semble être fait en plusieurs étapes. Devant Susane et Loyal, notaires à Montlhéry, comparaissent Pierre Rousseau et Claude Martin vignerons qui apportent et déposent à Susane le jeune, un écrit sous signature privée fait en 1773 par Blin. La minute mentionne dit que ces deux vignerons conjointement avec Nicolas Langlois, Denis Billard, Germain Paupe, Jean Baudoin, Jacques Redon, Jacques Leroy, Jacques Cossonet, la veuve Paupe, Justin Rousseau et Germain Leroy sont tous locataires en partie de la ferme de Villarceau appartenant à la veuve et aux héritiers Fontenilliat. Ils ont divisé entre eux partie des bâtiments et logement de ladite ferme. Un document, rédigé le 27 décembre 1781, nous éclaire sur la famille Fontenilliat, depuis leur mariage, leurs enfants, leurs biens à Paris, à Limeil et à Villarceau. Limeil est leur maison de campagne. Un architecte expert fera la prisée des biens. La masse des biens meubles comprend 35.000 livres à Paris, 36.000 livres à Limeil et 2.300 livres à Villarceau qui constitue une source de revenus. Les immeubles comprennent plusieurs maisons à Paris pour une valeur de 180.000 livres , Villarceau est estimé à 220.000 livres , le moulin Carouge vaut 83.000 livres , et Limeil pour 20.000 livres . La masse totale y compris des effets se monte à 829.156 livres . Les petites dépenses pour un fils concernent les émoluments payés au dentiste, maître à écrire, maître d'anglais, maître d'armes, pour les filles, les frais concernent la pension aux religieuses, les émoluments du maître de musique, maître de danse, maître à écrire, maître de clavecin, et marchande de modes. En juillet 1783, les seigneurs des environs rédigent leur terrier, et pour faire cesser les hostilités entre eux, ils refont le bornage des seigneuries de Fretay, la Poitevine , Villejust, Villarceau, Villebon et les petits fiefs concernés. Ce document et les déclarations de cens des fiefs de Villarceau, Nozay, permettent de localiser les propriétaires et leurs biens. C'est ainsi que Marie-Madeleine Bégé, veuve de Philippe Fontenilliat, dame de Villarceau, aves ses enfants et gendres, déclare des possessions au terrier du seigneur de Nozay, hors seigneurie de Villarceau. Les rares bornes existant encore actuellement portent la lettre B (Bégée) pour leurs terres. Le 14 septembre 1783, Madeleine Bégé marie sa fille Victoire à Guillaume Gibert, notaire du Châtelet, puis régent de la banque de France. Le mariage a lieu en l'église Saint-Roch à Paris.
Extrait d'un plan de bornages de 1783 montrant Villarceau et le fief de la Saussaye.
Le 4 octobre 1783, le terrier de Nozay mentionne que Marie-Madelaine Begé, dame de Villarceau, demeurant à Paris rue Saint-Honoré paroisse Saint-Roch, déclare un arpent à la Marre Cager , 6 arpents à l' Orme de Villiers et 63 arpents en plusieurs pièces en roture du côté de Villiers. En décembre de la même année, Marie-Madeleine Bégé, veuve Fontenilliat, ainsi que ses enfants et représentants, font la déclaration censuelle au seigneur de Villejust, comme suit:
Les domestiques à Villarceau En consultant les registres BMS de Nozay (certains curés écrivaient Nauzay) de la période 1761-1795 (cotes 4E2222 et 4E2223), nous avons relevé les domestiques qui étaient au service de Madame Fontenilliat à Villarceau. L'an 1772, le quatorzième jour du mois de janvier après la publication des bans faite en cette église par trois jours de dimanche et fêtes sçavoir le trois fête de Sainte Geneviève, le cinq dimanche d'après la Circoncision de Notre Seigneur, le six fête de l'Epiphanie, du même mois. Vû l'extrait mortuaire de Jacques Moreau décédé sur la paroisse de Troux, diocèse de Paris. Vû l'extrait mortuaire de Julienne Mondion son épouse décédée sur la même paroisse. Vû la sentence de Messire Michel Pierre Emeri, sieur de l'Isle, avocat en Parlement, prévôt de la châtellenie roiale de Montlhéry, signé Blin, greffier de ladite châtellenie par laquelle est nommé Pierre Joseph de Cauville, laboureur à Villarceaux de cette paroisse pour servir de tuteur adhoc à l'époux. Ont été par nous mariés après avoir pris leur consentement mutuel et ont reçu de nous la bénédiction nuptiale, Jean Moreau, chartier à Villarceaux, âgé de 21 ans, fils des défunts Jacques Moreau et Julienne Mondion, d'une part et Marie Jeanne Thirouin demeurante audit Villarceaux, fille majeure de Pierre Thirouin, chartier à Antoni et de Marie Anne Marcille y aussi demeurante, tous deux de cette paroisse l'un depuis deux ans et demi et l'autre depuis huit ans. Témoins Pierre Joseph Cauville tuteur adhoc de l'époux, Jacques Moreaux, chartier de la paroisse de Plaisir diocèse de Chartres, frère de l'époux, Louis Leroux, journalier demeurant aux Troux, diocèse de Paris, beau-frère de l'époux, Pierre Thirouin, chartier à Antoni, Marie-Anne Marcille, père et mère de l'épouse , Jean-Pierre Thirouin, chartier à Rungis, Gaspard Thirouin garçon boulanger à Choisi-le-Roi, tous deux frères de l'épouse, lesquels ont signé excepté l'épouse et Gaspard Thirouin et pour les signatures voiés les registres de l'année dernière. Signé : E . Girardin, vicaire. Dans l'acte de mariage de François André Lemaire et Marie Marguerite Breton, domestiques du seigneur de Lunésy, célébré le 25 mai 1772, Joseph Virlas est dit garde chasse de Monsieur le duc de Cosé à Villarceaux. En septembre de la même année nous trouvons un acte de baptême où Jean-Baptiste Le Roy est intendant à Lunezy et Nicolas Jean Phylipe est garde-chasse de Monsieur le comte d'Esclignac. Le 22 janvier 1776 a esté par nous prêtre et curé de cette paroisse inhumé au cimetière de cette paroisse le corps de Jean Le Roy, concierge et régisseur de la terre de Lunésy, âgé de 39 ans, décédé le jour d'hier, l'inhumation faite en présence de Jacques et Germain Le Roy ses fraires, vignerons en cette paroisse, de Henry Roze son beau-père jardinier au Plaissy, de Henri Roze son beau-frère, aussi parents et amis qui ont signé avec nous. Signé : Roze, Henry Roze, Jacques le Roy, J. Cossonnet (bedeau), Germain Le Roy, Thomine, vicaire, F. Brille, curé. Le 3 mars 1777 a esté par nous prêtre vicaire inhumé au cimetière de cette paroisse le corps de Jean-Baptiste Vaudron, décédé le jour d'hier âgé de 26 ans, garde-chasse de Monsieur de Fonteniliacque, bourgeois de Paris, fils de Jean-Baptiste Vaudron et de Magdelaine Ferrière ses père et mère. L'inhumation faite en présence dudit Jean-Baptiste Vaudron, son père, de Louis Michaut et Sylvain Michaut ses oncles et des parents et amis qui ont signé avec nous. Signé : Jean Vaudron, Louis Michaut, Jean-François Machelard, Jean Ferrière, Louis Sylvain Michaut, Thomine, vicaire. Le 23 janvier 1778, a été baptisé Jean-Jacques Martin né d'aujourd'huy du légitime mariage de Jean Claude Martin laboureur à Villarceau de cette paroisse et de Geneviève Regelase ( ?) son épouse, le parrain Jacques Chartier, laboureur n cette paroisse, la marraine Marie Catherine Elisabeth Martin demeurante en cette paroisse qui ont signé avec nous, excepté la marraine qui a déclaré ne savoir signer, de ce interpellé suivant l'ordonnance. Signé : Thomine, vicaire. L'an 1778, le 29 aoust, avons de nous prêtre vicaire de cette paroisse, les cérémonies suppliées en baptême un enfant ondoyé à la naissance à cause du danger de mort selon le rapport nous a certifié messire Dauvert, chirurgien accoucheur (demeurant à Montlhéry) qui l'a ondoyé, a esté nommé Jean Paul Vincent né du légitime mariage de Noel Vincent Bideau, berger demeurant en cette paroisse et de Marie Magdeleine Vaudron son épouse. Le parrain Jean-Baptiste Vaudron garde de chasse de Madame Fontenilliat dame de Villarceau de cette paroisse, la marraine Geneviève Laisné veuve de défunt Claude Bideau demeurante à Arpajon qui ont signé avec nous, excepté la marraine qui a déclaré ne savoir signer, de ce interpellé suivant l'ordonnance. Signé : Thomine, vicaire, Vaudron. L'an 1778, le 10 novembre a esté par nous prêtre vicaire de cette paroisse, inhumé au cimetière le corps de Jean-Baptiste Vaudron, garde des chasses de Madame Fontenilliat dame de Villarceau, de cette paroisse, décédé le jour d'hyer, âgé de 55 ans. L'inhumation faite en présence de Noel Vincent Bideau, son gendre, berger en cette paroisse, de Louis Sylvain Michaut, de Jean-Baptiste Petit, ses beaux-frères, de Pierre Liberolles son cousin germain, tous de cette paroisse qui ont signé avec nous, excepté lesdits Bideau et Petit qui ont déclaré ne savoir signer, de ce interpellé suivant l'ordonnance. Signé : Thomine, vicaire, Louis Michaut, L.J. Michaut, Jean Perrière. Le 9 juin 1779 a été inhumé au cimetière de Nozay, le corps de Magloire Thomas Boucher décédé le jour d'hier âgé de 11 ans 8 mois, l'inhumation faite en présence d'André Boucher, son père, garde des chasses de Madame Fontenilliat dame de Villarceaux, de cette paroisse, (et de déffunte Marthe Hervé), de Louis André Boucher son frère qui ont signé avec nous. Signé : Thomine, vicaire, AB, Louis André Boucher. Le 17 février 1789, Dom Ruffieux, prêtre desservant de Saint-Germain de Nozay donne la bénédiction nuptiale à Pierre Lizau maître maçon demeurant à Leuville, âgé de 50 ans et Marie Magdeleine Boucher âgée de 29 ans, fille de André Boucher, garde des chasses de Madame Fontenilliat à Villarceau. Signalons qu'en cette année 1789, on comptait trois garde-chasse à Nozay : André Boucher garde-chasse de Villarceaux au service de Madame Fontenilliat, Louis Goujet garde-chasse de Nozay au service de la comtesse d'Esclignac et André Blanchard, garde-chasse de Lunézy au service du marquis de Campigny.
Villarceau pendant la Révolution Suite aux évènements révolutionnaires, les propriétaires prennent peur et, sur les conseils des notaires et hommes de loi, la famille Fontenilliat prend ses dispositions. En février 1790, Madeleine Bégé et ses quatre enfants s'accordent sur la succession de 1781, elle leur verse 100.000 livres en échange de leur parts, qui totalisent les quatre dixièmes. Nous apprenons ainsi que, Madeleine-Victoire est Parisienne et l'épouse d'un avocat, trésorier payeur des rentes de l'ancien clergé, Philippe-François, vit à Rouen où il est receveur des gabelles, Marie-Madeleine, Versaillaise est unie à un avocat, directeur des postes de la Cour , et enfin Victoire-Félicité demeure près de sa mère, son mari, écuyer, est conseiller du Roy, notaire au Châtelet. La part de chaque enfant pour Villarceau représente un dixième en indivis. La dernière fille Sophie-Rose venait d'être mariée le 26 juillet 1789 à un ancien capitaine de dragons des États-Unis d'Amérique septentrionale, chevalier de l'ordre de Cincinnatus. En avril 1790, le moulin du Carouge (à Brétigny-sur-Orge) est vendu à Etienne Breton, marchand farinier, par Madeleine Begé, veuve Fontenilliat, et son fils Philippe-René Fontenilliat, seigneur de Villarceaux , demeurant rue Saint-Honoré à Paris. En septembre 1790, Madeleine Bégé fait la donation de la propriété de Villarceaux à son fils Philippe Fontenilliat , sous la réserve de l'usufruit pendant sa vie durant. L'acte est passé chez un notaire du Pecq. La dame de Villarceau conserve une pièce d'entrée, sellier, cuisine, grande salle et six pièces au premier étage, le grand et le petit jardin, et le petit parc. Les inventaires des titres et papiers de la fabrique de Nozay du 4 novembre 1790, font mentions du mobilier classique et simple de l'église, des chasubles et de l'argenterie. Il y a deux cloches nouvellement fondues non encore bénies, la grosse donnée par Mme de Campigny, la petite par Mmes Privat et Fontenilliat. À partir d'août 1792, la situation va devenir délicate pour les aristocrates. La veuve Fontenilliat et, bientôt, ses enfants vont venir se réfugier à Villarceau, craignant pour leur vie tant à Paris qu'à Versailles. Les privilèges étant abolis depuis le 4 août 1789, la dame de Villarceau doit payer, comme tout "citoyen propriétaire" une contribution mobilière (5). Elle s'exécute le 11 mars 1792. Les commissaires du district de Versailles et les délégués de Palaiseau viennent de plus en plus souvent à Nozay : en avril 1793, pour la recherche des armes, en septembre pour ramassage du fer, puis on réquisitionne des chevaux. Au commencement de la Terreur , la veuve Fontenilliat est déclarée être cultivateur depuis le 15 août 1790. Le 13 septembre1794, un certificat de résidence est établi pour Madeleine Bégé qui est considérée comme suspect et anti-révolutionnaire. Fin 1793, la citoyenne Bégé, ci-devant dame de Villarceau, obtient un passeport pour se rendre à Paris et revenir. Son nom apparaît dans les registres municipaux de Nozay pour s'être fait établir le 22 septembre 1793 un certificat de résidence, non émigration et non détention reproduit ici: "Nous maire et officiers municipaux de la commune de Nozay, district de Versailles, département de Seine et Oise, sur l'attestation des citoyens André Blanchard, Pierre Verger et Denis Roinville, tous trois résidens en cette commune, lesquels nous déclarons bien connaître, certifions que la citoyenne Madeleine Begé veuve Fontenilliat propriétaire cultivateur à Villarceau de cette commune, native de Paris, s'est présenté ce jour d'hui devant nous, qu'elle a résidé en France depuis le neuf may 1792 jusqu'à présent sans interruption, qu'elle n'a point émigré, et qu'elle n'a pas été détenue pour cause de suspicion ou de contre révolution, ainsi visé, en outre que la citoyenne Fontenilliat nous a présenté en bonne forme sa quittance d'imposition mobilière de 1792 et celle de la contribution patriotique. "Signalement de ladite citoyenne "Agée de soixante deux ans, taille de cinq pieds, cheveux blancs, sourcils blancs, yeux bleus, nez rabattu, bouche moyenne, front large, menton rond, visage plein. "Délivré à la maison commune de Nozay le douze frimaire l'an troisième de la République française une et indivisible. "Délivré en triplicata – signé: M. Begé Fontenilliat ; Blanchard ; Roinville ; Verger, Le Gendre, maire ; Rousseau, officier ; Paupe, greffier. En 1793, la contribution foncière de la citoyenne Fontenilliat, propriétaire du domaine de Villarceau (Art. 112), calculée sur une assiette de 434 arpents 96 perches est constituée par une imposition de 2.224 lt, dont la moitié payée en assignats, soit 1.112 lt et le reste payable en nature, avoir, 697 lt 10 sols en froment à 11 lt 5 sols le quintal sont 62 quintaux et 414 lt. 10 sols en avoine à 6 lt. 14 sols le quintal font 61,87 quintaux. Une transaction est faite le 17 janvier 1794 entre Philippe-René Fontenilliat, logé chez sa mère à Paris, rue Saint-Honoré, et son beau-frère Edmé Foucher et sa sœur Victoire-Madeleine Fontenilliat. Celle-ci reçoit le cinquième indivis dans deux maisons rue St-Honoré, section des Thuilleries, venant de la succession de leur père ; cet abandon est fait moyennant 30.000 livres . En septembre 1794, Madeleine Bégé demeure à Villarceaux. Elle donne procuration à Augustin Brissault pour recevoir les revenus d'arrérages et ceux provenant des locations. Puis, la citoyenne Bégé achète sous commande quatre pièces de terre venant de la fabrique de Villejust. Le 23 avril 1795, on retrouve un jardinier infirme noyé dans la mare size devant la grande porte de Villarceau. En février 1796, sur ordre du district de Versailles, la citoyenne Fontenilliat doit porter douze quintaux de grains au marché de Palaiseau. Une nouvelle transaction est passée le 18 avril 1796 entre Madeleine Begé et son fils Philippe (6). La veuve Philippe Fontenilliat demeurante ordinairement à Villarceau , laquelle par ces présentes cède à Philippe Fontenilliat, son fils demeurant à Rouen, la moitié de la monture de la ferme et domaine de Villarceau appartenant à ladite dame consistant en bestiaux, ustanciles aratoires, labours et semences, meubles étant dans les bastimens de ladite ferme exception du mobilier personnel de ladite dame. La dame voulant faire cesser l'usufruit se désiste en faveur de son fils à l'exception du logement que la veuve occupe dans le domaine, composé au rez-de-chaussée d'une pièce d'entrée, cellier à coté, une cuisine, grande salle ensuite et six pièces au premier étage, petite chambre et grenier au dessus, la remise étant dans la ferme, le grand et le petit jardin clos de murs, et le petit parc aussi entouré de murs dans lequel est une salle de billard et un logement de jardinier servant au garde. Le fils s'engage à donner à sa mère 315 septiers de 250 livres le septier de bled froment ... En messidor an 4, la veuve Fontenilliat vit dans l'hôtel de la rue Saint-Honoré. Un acte de procuration de Philippe Fontenilliat, mentionne qu'en août 1796 il est logé dans la maison de la citoyenne veuve Fontenilliat, sa mère, aux numéros 109 et 501, sections des Tuileries. En mai 1797, Louis Houdon demeurant à Marcoussis et Antoine Tixeran demeurant en la ferme de Villarceau, tous deux cultivateurs, sont nommés experts pour un dédommagement de cinq années de jouissance du Ménil-Forget. En octobre de la même année, Madeleine Bégé, propriétaire de la moitié de la ferme et domaine de Villarceau donne sa part à son fils Philippe, demeurant à présent à Paris, rue du faubourg Saint-Denis: Dame Madeleine Bégé, demeurant à Villarceau, de présent à Paris, rue Saint-Honoré numéro 109, avait acquis de la République quatre pièces de terres, au moyen de déclaration en commande faite à son profit , du 2 vendémiaire an 3. Le 3 juillet 1802, elle revend ces biens à son fils Philippe, négociant à Rouen, représenté par Charles Bégé, moyennant 1.800 frs. La procuration nous apprend que les terres provenaient de la fabrique de Villejust.
Villarceau propriété du futur roi de Suède Une semaine avant Austerlitz, Philippe François Fontenilliat, négociant à Rouen, vend à Monseigneur Jean-Baptiste Bernadotte, maréchal de l'Empire et Madame Bernardine Eugénie Désirée Clary , son épouse, les terres domaines & ferme de Villarceaux , ci-devant fiefs de Villarceaux et des Villevents, situés à Nozay et Villejust, contenant 212 hectares et les terres et domaine de Lunezy , sis paroisse de Nozay, consistant 40 hectares de terres, 43 hectares de bois, le tout représentant 308 hectares . La vente est réalisée moyennant la somme de 350.000 frs (260.000 frs Villarceau et 88.000 frs Lunézy), payée en « numéraire métallique ». Ainsi en 1802, il n'est plus question de payer avec des assignats. En décembre 1803, à la requête de la dame Madeleine Victoire Fontenilliat, veuve de Edmé André Foucher demeurant à Paris, rue et division du Théatre Français n°1, nous apprenons que, le 23 septembre 1790, par devant le notaire du Pecq à Saint-Germain-en-Laye en présence de témoins, a été signé un acte par lequel, la dame Bégé, veuve Fontenilliat, avait fait donation entre vifs à Philippe François Fontenilliat, son fils, du domaine de Villarceau et dépendances à la charge de payer dans l'année du décès de la donatrice 40.000 livres aux héritiers de ladite dame par égales portions entre eux. Pour connaître la suite, le lecteur consultera la chronique "Passage de Bernadotte et des Clary à Nozay".
Notes (1) Jean-Paul Timoléon de Cossé-Brissac (né en 1698, mort le 17 décembre 1780 à Paris ) commença une carrière militaire dès l'âge de 15 ans. Il obtient le maréchalat de France en 1768. Il épousa en 1732 Marie-Josèphe Durey de Sauroy qui lui donna trois fils : Louis-Joseph (1733-1759), Louis-Hercule Timoléon (1734-1792) et Pierre-Emmanuel (1741-1754). (2) Les droits et devoirs du fermier sont bien établis dans le Code Rural. Le preneur peut prendre à sa charge dans le bail les cas fortuits, grêle, foudre, gelée ou coulure. Les cas fortuits extraordinaires, guerre, émeute, inondation dans les pays qui n'y sont pas sujets, ne sont pas compris dans cette stipulation, s'il n'est pas indiqué que ces cas fortuits, même imprévus, sont à la charge du preneur. Le fermier sortant doit laisser au fermier entrant facilités pour les travaux de l'année suivante, ainsi que les pailles et engrais de l'année ; le fermier entrant doit procurer au fermier sortant les logements convenables, et autres facilités pour la conservation des fourrages et autres ouvrages restant à faire. (3) N. Viton de Saint-Allais, Dictionnaire Encyclopédique de la Noblesse de France (Paris, 1816). La saisie féodale se faisait en plusieurs cas : (1) quand le fief était ouvert par succession, donation, vente, échange ou autrement, et quand le vassal ne se présentait pas pour faire foi et hommage, et payer des droits ; (2) lorsque le nouveau seigneur avait fait assigner ses vassaux, pour lui venir faire la foi, et qu'ils ne le faisaient pas ; (3) quand le vassal ne donnait pas son aveu dans le temps de la coutume ; faute par le vassal de payer l'amende, pour n'avoir pas comparu aux plaids du seigneur. (4) Louis-Hercule Timoléon Cossé, duc de Brissac, est né à Paris le 14 février 1734. Un des plus grands personnages de la cour de Louis XV et de Louis XVI, maréchal de France, grand panetier, gouverneur de Paris, Cossé-Brissac est nommé en 1791 commandant en chef de la garde constitutionnelle du roi. Le 29 mai 1792, l 'Assemblée décrète la dissolution de ce corps soupçonné d'opinions exagérément royalistes et l'inculpation de son chef accusé d'y faire régner un esprit contre-révolutionnaire et d'avoir fait prêter à ses hommes le serment d'accompagner le roi partout où il se rendrait. Envoyé à la prison d'Orléans en attendant d'être jugé par la Haute-cour , Cossé-Brissac est ensuite transféré à Versailles, mais les prisonniers, séparés de leur escorte, sont livrés à une bande d'égorgeurs qui les réclamaient et Cossé-Brissac est mis à mort le 9 septembre 1792, son cadavre mutilé et dépecé. (5) Remarquons que rien n'a été changé pour le tiers-état. Il fallait toujours payer les impôts avec les mêmes assiettes, seulement la destination fut transférée du seigneur à l'Etat. Le cens devient la cote mobilière, rien de plus. (6) Philippe-François Fontenilliat fut receveur des gabelles avant 1789. Devenu négociant en textile à Rouen, il épouse Rose Madeleine Manoury. Il décède le 20 décembre 1827 à Le Vast, près de Cherbourg où il avait implanté une filature de coton en 1795.
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