La ferme de Villiers à Nozay (2)

Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _------------------------------- Mars 2010

Carte des environs de Paris et tracé du chemin de Saint-Clair à Nozay passant à Bellebat et Villiers (1761).

JP. Dagnot

C. Julien

 

 

 

Cette chronique continue l'histoire de la ferme devenue hameau de Villiers à la fin du XVIIIe siècle. Nous nous étions arrêtés quand, au XVIIe siècle, la situation financière du marquis d'Entragues l'obligea à vendre des biens de la seigneurie de Marcoussis à ses vassaux à Nozay, les seigneurs de Villarceau et Lunaisy.

 

 

Les baux sous Léon II de Balsac d'Entragues

Le nouveau marquis d'Entragues a succédé à son père en 1669. Depuis quelques mois, Léon Poullier, bourgeois de Paris, fils de Pierre et Romaine Lanoullier, devient receveur de la seigneurie de Marcoussis et gère les terres de Léon II de Balsac d'Entragues . Début 1672, il baille pour neuf ans, à Nicolas Cossonnet, laboureur demeurant en la dite ferme de Villiers, conformément à celui fait précédemment par feu Romaine Lanoullier à Jean Bassonnet, moyennant 200 livres .

Trois ans plus tard, Léon Poullier renouvelle le bail " jusqu'à le temps et espace " de six années, à Nicolas Cossonnet, laboureur demeurant en ladite ferme. Les terres passent à 160 arpents, le loyer est inchangé à 200 livres . En mars 1681, le receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis confesse avoir baillé à titre de ferme et loyer pour neuf ans à Louis Creste, laboureur demeurant à Fretay, la ferme appelée de Villiers «  consistant en maison manable, granges, escuryes, bergerys, estables, cour jardin la quantité de soixante arpents de terres, moyennant la somme de 150 livres  ». En décembre 1688, changement de receveur, c'est Charles Desprez qui baille la ferme moyennant 300 livres. Deux ans plus tard, Charles Desprez et Charlotte Lamoureux, veuve de Louis Cretay, vivant laboureur demeurant en la ferme de Villiers paroisse de Nozay, «  lesquels font convention qui ensuit ledit Desprez s'est obligé par ces présentes à faire toutes les menues réparations qui sont à faire dans ladite ferme jusqu'à la sortie du couple de ladite ferme selon une visite faite et 25 livres que devait ladite Lamoureux  ». Toujours de " gros restablissements " non réalisés !!!

En janvier 1692, un nouveau fermier arrive à Villiers ; c'est Barthélémy Guézard, laboureur, demeurant à Nozay. Charles Desprez, receveur demeurant à Marcoussis «  lequel a volontairement recongnu et confessé avoir baillé à titre de loyer, ferme et prix d'argent pour le temps de trois années, c'est à savoir la ferme et métairie de Villiers, toutes les terres labourables dépendantes d'icelle avec les pastures, tels qu'en a joui Virgile Freslon, laboureur de ladite ferme, par le bail fait par Desprez pour le temps qui reste à expirer, ledit preneur dit bien savoir et congnoistre, ... ce bail fait moyennant le prix somme de deux cents livres de ferme et loyer et six chappons  ».

Le bail est renouvelé trois ans après par Denis Chartier, le nouveau receveur de Marcoussis, «  ledit Guézard comptant disant les bien connoistre, pour icelle ferme en jouir, ... ce bail à ferme fait moiennant 250 livres , et le preneur pourra aller coupper des espines et ramasser des brindilles de bois pour leur chauffage  ». En novembre 1697, nous avons Jean Bruières, receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis, y demeurant, «  lequel a baillé et délaissé à titre de loier ferme et prix d'argent, pour le temps de huit années à Philippe Guézard, laboureur demeurant à Nozay, la ferme et métairie de Villiers, ledit preneur dit bien savoir & congnoistre, le bail fait moyennant 225 livres  ».

 

Les réparations et les coûts d'entretien

En 1671, Léon de Balsac, seigneur de Marcoussis, passe un contrat avec Pierre Legendre, maçon couvreur, qui s'oblige d'entretenir toutes les couvertures des bâtiments de la seigneurie tant celles du château de Marcoussis que celles des fermes de Pillandry, et de Villiers à Nozay. Le marché est conclu «  pour le temps et espasse de neuf années les matériaux non fournis, moyennant 45 livres pour les toitures  ».

Deux ans après, Léon Poullier paye des «  travaux d'usufruit  » à la ferme de Villiers. Mais ce n'est plus le temps d'effectuer de petits travaux !!! Comme nous allons le voir tout de suite, tous les bâtiments de la seigneurie sont en mauvais état et même menacent ruine. Apparemment, le seigneur prend tous les profits mais n'entretient pas son patrimoine. De cette mauvaise gestion, un fait s'impose : les fermiers partent souvent avant la fin du bail. La chronique spécifique sur ce seigneur nous apprendra les raisons profondes de cette attitude.

À la fin du XVIIe siècle, faute d'avoir fait les réparations courantes, la ruine menace la plupart des bâtiments des fermes de la seigneurie. Le sieur Piretouz, expert, est commissionné en 1697 pour dresser un devis des réparations à faire à la ferme de Villiers «  vacqué à ce que dessus depuis laditte heure de six heures du matin jusqu'après de huit heures du soir …  ». Le total estimé pour le " restablissement " de la ferme de Villiers se monte à 375 livres tournois.

Nous donnons ici les articles principaux du procès-verbal :
• au logement du fermier, il est nécessaire de faire une recherche à la couverture de thuille en comble et fournir des thuiles neuves au lieu de celles qui sont coulées et de manque et refaire le plasterie estimé la somme de 45 lt,
• au bastiment qui servoit cy devant de moutonnerie et de grange nous l'avons trouvé fort ruiné tant en longueur de boutte,…, et l'autre un party que couverture de chaume et chevrons du comble il est nécessaire de refaire à neuf lesdits deux murs de boutte avecq mortier de terre comme ils sont de présent et mortier de chaux et sable au droit des quatre recoing pour les relier avecq lesdits deux murs de boutte, refaire aussy la pointe des pignons de costé de Bellebat, et refaire laditte couverture en toute son estendue, y fournir le chaume havis et playons pour ce nécessaires ou il sera aussy besoing de fournir plusieurs chevrons à la place de ceux qui sont pourryie, le tout complet, une porte de menuiserie à deux venteaux de bois de chesnes garnir par … à fournir, la baye de … de laditte moutonnerie laquelle est de manque, ycelle garnye de sa ferrure estimé la somme de 110 lt,
• au bastiment applicqué au rez de chaussée a une bergerie et une estable à vaches il y a un costé de la couverture de chaume entièrement à refaire, … estant ledit costé ruiné et enfoncé, refaire avecq la pointe du pignon de la bergerie et une reprise du mur à la boutte au droit de la vacherie au fond d'ycelle et une portion au mur de reffend à costé de la porte à main droitte, le tout avecq du mortier de terre, le tout estimé la somme de 60 lt,
• à la grange à bled nous avons trouvé qu'il est nécessaire de faire une recherche sur la couverture de thuille en comble y fournir les thuilles neuves nécessaires au lieu de celles qui sont coulées de manque et de nulle valleur et de refaire la plasterie, pour ce estimé la somme de 90 lt,
• au pou
lier il est nécessaire de refaire aussi la couverture de chaume, y en fournir tout ce qu'il y conviendra pareillement les havis et ployons estimé compris un restablissement à faire au hault du mur soubz la rampe, estimé la somme de 15 lt.

L'intérêt de ce procès-verbal est de connaître le détail des bâtiments.

La situation est catastrophique. Les soucis financiers suivent les héritiers. Alexandre d'Entragues, fils aîné de Léon de Balsac a de gros besoin d'argent. Il emprunte des sommes importantes mais ne peut plus honorer ses dettes. Il devient interdit de gestion et sa femme Philiberte de Xaintrailles prend en charge Marcoussis où «  elle finit ses jours dans le vieux chasteau  ». C'est en 1702, à la demande des créanciers, qu'Alexandre est obligé de faire procéder à la réparation des bâtiments de la seigneurie y compris la ferme de Villiers. Au logis du fermier la réfection de la toiture nécessite 2.000 tuiles, il faut refaire la cheminée et son manteau ainsi que le crépis du pignon côté Marcoussis, l'étable à vaches est en ruines il faut reconstruire un bâtiment en s'appuyant sur le pignon du logis et du mur de clôture; il faudra aussi reprendre une partie du mur de la bergerie.

 

Extrait de la Section A du cadastre napoléonien de 1808.

 

Quand Emmanuel Honoré Martin, secrétaire d'Alexandre de Balsac «  estant de présent au chasteau seigneurial dudit Marcoussis  » devient fondé de pouvoir en mars 1706, les grosses réparations ne sont pas faites. « Jean Brière, receveur dudit Marcoussis lequel ayant charge et pouvoir, lequel a baillé et délaissé à titre de loier ferme & prix d'argent pour le temps de neuf années, la ferme et mestairie Villiers ... ainsy qu'en a jouy et jouit actuellement Philippe Guézard, fermier d'icelle ferme, ..., avec les grosses réparations nécessaires en déduction du loier ». Il semble que Guézard est solidaire avec Louis Feuilleret, fermier à Pillandry, pour payer un loyer de 550 livres .

À la fin de l'été suivant, Jean Brière laboureur et sa femme renoncent et sont contraints de le «  remontré à messire Alexandre de Balsac  » parce qu'ils sont dans l'impossibilité de continuer à faire valoir les dites fermes de Pilandry et de Villiers «  attendu en premier lieu que tous les meubles meublants et bestiaux exploités dans ladite ferme appartiennent au seigneur, et en second lieu, le procès verbal de vente fait avec les collecteurs de la paroisse de Marcoussis, faute du paiement du revenu de leur dernière année de la recette de Marcoussis, de la saisie de tous les grains de la récolte que ledit Brières auroit ensemencé desdites fermes, faite le 22 août  ». La raison vient des collecteurs de Marcoussis de 1707 qui sont imposés par des rôles à des sommes exorbitantes, lesquels ont causé la ruine totale du fermier «  que quelque effort que ledit sieur Brière ait fait, les sommes restantes qui sont pour eux considérables, ... de quoy ils ont donné leur requeste et aux menasses des collecteurs à reprendre pour la demande faite au seigneur. .. ».

A la fin de l'été, fut présent hault et puissant seigneur, monseigneur Alexandre de Balsac, marquis d'Entragues, en son château seigneurial de Marcoussis, «  en conséquence de la résolution et rétrocession de bail à luy fait par Jean Brière cy devant receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis des huit années de bail quy leur avoit été faite par ledit seigneur devant notaire, des fermes de Pilandry size à Nozay, et de celle de Villiers avec leur circonstances et dépendances, a reconnu et confessé avoir baillé à titre de loier pour le temps de huit années et huit dépouilles, commencées des à présent, de ensemencer les bleds en la saison prochaine, à Pierre Guillier, marchand, à savoir lesdites fermes avec tous les bastimens d'icelles, terres labourables et toutes leurs dépendances sans réserve, ..., faire les grosses réparations, arretéz par Nicolas Mole, procureur fiscal et concierge du seigneur, lesquelles viendront en déduction des loyers, en outre moyennant la somme de 550 livres en argent  ». Nous retrouvons toujours les mêmes problèmes portés sur une autre tête. Devant les circonstances peu favorables, le nouveau preneur sera-t-il plus chanceux ?

Comme chacun sait, à la fin du règne de Louis XIV, les évènements douloureux sont de plus en plus fréquents et la situation empire. Demeurant à Paris, rue d'Enfer, paroisse Saint-Cosme, le marquis d'Entragues, seigneur de Marcoussis, Nozay, La Ville-du-Bois et autres lieux et son épouse dame Louise Philberte de Xaintrailles sont toujours à la recherche d'argent. En 1709, devant un notaire parisien, et faisant référence au contrat de donation substituée de César de Balsac, grand oncle maternel, ils vendent à Pierre de Louvain, écuyer de la petite écurie du Roy, seigneur de Villarceau et de Villevent , demeurant ordinairement à Versailles aux petites écuries, les fermes de Pilandry et de Villiers sizes à Nozay. La ferme de Villiers consiste en un corps de ferme où il y a appartement pour le fermier, écuries, granges, bergeries, et vacheries de présent en ruine, toit à porc, cour au milieu et petit jardin à coté contenant en tout cinq quartiers. Les terres représentent 94 arpents en plusieurs pièces.

 

 

Villiers sous Pierre de Louvain

Au début du XVIIe siècle, la famille Guézard tient plusieurs fermes dans la plaine de Nozay. D'abord, c'est Barthélemy Guézard qui est le maître à la ferme de Villarceau, il avait passé un bail d'affermage en 1698. Un de ses fils, Philippe est maintenant fermier à Villiers. Il faut dire que la position est bien plus délicate pour ce dernier.

Dès sa prise en main, le seigneur de Villarceau et Villevent installe un fermier à Villiers. Le bail d'affermage est passé «  à titre de loier d'argent jusqu'à neuf années à Bernard Chevalier le jeune, laboureur demeurant à Nozay  ». En ce jour d'automne 1709, la ferme de Villiers-sur-Nozay, consistant en plusieurs bâtiments , cour avec jardin derrière, un clos non fermé contenant deux arpents et la totalité des terres labourables montant à 170 arpents dont 20 à Montgarny à côté des héritiers de feu Evrard, et 5 arpents de prés.... Les preneurs disant bien connaître pour en jouir. Le bail fait moyennant deux chappons et 350 livres à régler en sa maison à Versailles. Une mention précise que 870 livres restent à payer.

La situation économique est de plus en plus difficile pour le fermier de Villiers après les terribles hivers du début du XVIIIe siècle et celui de 1709 " on pût juste récolter la quantité de grains nécessaires pour assurer les semences " (1). En 1717, Pierre de Louvain renouvelle pour deux années le bail d'affermage à Bernard Chevallier. Il semble que cette fois le laboureur de Villiers n'a pas eu toute l'étendue de la ferme puisque le bail ne comprend que «  20 arpens devant la ferme, item 15 arpens en trois pièces et jardin, moiennant 200 livres  ». Apparemment, ayant besoin d'argent, Pierre de Louvain démembre la ferme et découpe les terres attribuées aux fermes. Il vend le clos de la ferme ruinée de Villiers et d'autres terres dépendantes de la ferme de Nozay. Le sieur Aubry, bourgeois de Paris, achète des terres proches sa maison de Nozay.

 

 

Pendant l'été 1723, Louis Aubry, bourgeois de Paris, demeurant en la paroisse de Saint-Jacques de la Boucherie, achète la ferme et métairie de Villiers . Le 10 octobre, il baille et délaisse pour neuf ans à Claude Machelard, marchand demeurant en la ferme de la Grange-aux-Moines et Marie Madeleine Lamoureux, sa femme «  sçavoir la ferme et mestairye de Villiers consistant en logement pour le fermier, grange, écurie, bergerie, étables et autres bastimens, avec la quantité de 150 arpents de terrres labourables, 7 de prés, le tout situé en la paroisse de Nozay. Le preneur s'engage à faire construire et eddifier à neuf, une salle basse une laiterie, ..., moyennant 800 livres  ». Deux semaines plus tard, le même bourgeois de est de nouveau à Nozay «  lequel a baillé pour neuf années à Silvain Michau vigneron scavoir, un pressoir à roüe à pressoirer de vin , garny de tous ses ustancilles, tournants et travaillants, ledit preneur se contente pour en avoir jouy avant, situé dans les bastimens de la maison dudit Aubry, ce bail fait moyennant le prix et somme de soixante livres  ».

En 1726, Pierre de Louvain continue de vendre des terres à Nozay. Le 1er septembre, « estant en son hostel de Villarceau », il vend à Louis François de Sainville , bourgeois de Paris demeurant rue Saint-Dominique, faubourg Saint-Germain, paroisse Saint-Sulpice, 58 perches tenant à l'alignement du mur de clôture de la cour dudit Sainville, sis à Villiers.

Puis dix ans plus tard, dame Marie Ursulle Pichery, veuve de Louis François Sainville, vivant bourgeois de Paris, demeurant rue Clogeorges, paroisse Saint-Roch, de présent en sa maison de Villiers, voulant exécuter le dessein et volonté prise depuis longtemps en faveur de l'église Saint-Germain de Nozay, fonde un salut du très saint sacrement à dire chanter célébrer chacun an le jour et feste de l'Assomption le 15 aoust, à l'issue des vêpres, salut à perpétuité, en laissant 120 livres au curé et aux marguilliers qui acceptent et mentionneront cette fondation sur le registre mortuologe. La signature «  m u pi che ry  » est curieuse.

 

 

Les fermiers du marquis d'Entragues à Villiers

Nous donnons dans cette partie, le nom de quelques habitants de la ferme de Villiers pris dans les registres paroissiaux. Le 28 septembre 1688, Guillaume Leprieur, curé de Nozay, a inhumé Louis Cressé, âgé de 48 ans laboureur demeurant à Villiers en présence de Louis Cressé son fils lequel a signé le registre de sépulture.

Le même prêtre baptise, le 18 janvier 1690, «  un enfant masle né le jour précédent du mariage de Eugène Feslay laboureur demeurant à Villiers & de Elisabeth Prejay lequel a esté nommé Charles  ». Comme de coutume, le prénom du nouveau-né est donné par le parrain maître Charles de Sion, receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis, la marraine étant Louise Froissant femme de Jean Artage laboureur demeurant à Nozay (2).

Le mardi 8 janvier 1692 est un jour de fête à la ferme de Villiers chez Barthélemy Guézard (3). C'est François Courville, berger qui épouse Marguerite Paupe, veuve de deffunt Jacques Persault, qui, depuis son veuvage, habitait au bourg chez Jean Paupe son frère. Le curé Guillaume Leprieur écrit sur le registre «  après les fiançailles & publications des bans faites en ladite église de Nozay du futur mariage de François Courville berger fils de deffunt François Courville et d'Anne Le Roy d'une part & de Marguerite Paupe veuve de deffunt Jacques Persault d'autre, auxquelles publications ne se s'est découvert aucun empêchement. Nous curé de Nozay soussigné avons en ladite église interrogé lesdits François Courville et Marguerite Paupe & leur consentement mutuel pris par nous les avons par paroles de présent conjoints en mariage en présence de leurs parents et amis cy après nommés … ». Le vicaire de Nozay écrit également qu'il est seul avec Luc Artage, un des témoins, a signé au bas du registre ; les autres témoins ainsi que les mariés «  ont déclaré ne sçavoir écrire ny signer de ce interpellé suivant l'ordonnance  » (4).

En mars de la même année, Barthélemy Guézard est parrain de la fille de Claude Thénard, vigneron à Nozay prénommée Louise par sa marraine Louise Hanel, femme de Guillaume Bassonnet, laboureur demeurant au Mesnil-Forget. Le dimanche 22 novembre 1693 est jour de fête à la ferme de Villiers pour le baptême du garçon de Barthélemy Guézard et Jeanne Senevat. Le parrain, Claude Regnault l'aîné demeurant à la Ville-du-Bois donne son prénom au bébé. Seize mois plus tard, un fils cadet arrive chez les Guézard «  lequel a esté nommé Barthélemy et a eu pour parrain Lucas Artage, fils de Jean Artage et pour marraine Michelle Guézard, fille de Philippe Guézard laboureur demeurant à Massy laquelle a déclaré ne sçavoir écrire ny signer  ».

 

 

Les fermiers de Villiers au XVIIIe siècle

Depuis le début du XVIIIe siècle, Philippe Guézard, laboureur, et de Marie Mony, son épouse, tiennent la ferme de Villiers où Michel Foniot et Marie Mori sont les domestiques à leur service. Plusieurs marmots vont naître à la ferme. Tout d'abord une fille nommée Anne arrive le 11 avril 1704 baptisée le surlendemain par Delastre le vicaire de Nozay. Le parrain est Jean Bruière, vigneron de la paroisse de Marcoussy et la marraine Marianne Divry de la paroisse de Montlhéry. Deux plus tard, un nouveau bébé naît à Villiers, c'est Catherine portée sur les fonts baptismaux par Cantien Selourge, marchand demeurant à Montlhéry et Catherine Simoneau de Montlhéry. Le fermier de Villiers s'attache l'amitié des marchands grainetier de Montlhéry avec lesquels il est en affaire.

Le jeudi 2 juin 1718, nous trouvons Geneviève Goa, femme de Bernard Chevalier laboureur demeurant à Villiers paroisse de Nozay qui est marraine de Marie-Magdelaine, la fille de Pierre Corneiller laboureur et de Marie Darbone sa femme. En juillet de la même année, le père de Saint-André, prêtre curé de Nozay, baptise Marie Magdelaine née du jour précédent, fille de Nicolas Finet laboureur et de Denise Bruet sa femme. Comme il se doit, le parrain et la marraine sont des fermiers également. Le parrain est Claude Ozar, fils de Barthélemy Ozar fermier à Villarceau et la marraine est Marie Chevalier, fille de Bernard Chevalier, fermier de Villiers «  lesquels ont déclaré ne sçavoir signer  ».

En 1725, Claude Maschelard et sa femme Marie Madeleine Lamoureux tenaient la ferme. Parmi le personnel de la ferme, on comptait Noel Marchand, berger, qui y mourut le 17 avril 1727, Pierre Garouste, jardinier et sa femme Marie Valentin. François Le Blanc, vicaire de Nozay, écrivait sur le registre Viliere-sur-Nosay , puis Vilier . Le mercredi 7 septembre 1735, le père Feragu, curé de Nozay, donne les derniers sacrements à Nicolas Machelard, fermier de Villiers, mort à l'âge de 26 ans. Il est inhumé en présence de Nicolas Regnault, son frère utérin, de Charles Machelard, son frère, Jean Baptiste Machelard, Louis-Jacques François Genty, de Michel Genty son beau-frère, et de maître Jean Barroyer.

En 1737, ce sont Jean-François Grondard et Marie Claude Sérouge qui sont fermiers à Villiers (5). Jean Bideau et sa femme Madeleine Petit travaillaient aussi à la ferme. Jean Bourgeois, cribleur, âgé de 25 ans décède accidentellement à Villiers le 12 novembre 1739.

 

 

Le démantèlement de la ferme

Il semble que la ferme de Villiers a été démantelée au milieu du XVIIIe siècle pour être vendue en plusieurs lots dont nous retrouvons les propriétaires dans le terrier de la seigneurie de Nozay dressé en 1782, tous les bâtiments et terres étant dans la censive de la comtesse d'Esclignac.

Le dimanche 21 juillet, vers midi, à la sortie de la messe, le receveur de Marcoussis interpelle Jean Paupe le jeune, vigneron en la ferme de Villiers pour une déclaration de titre nouvel pour tous les biens qu'il tient dans la censive de Nozay. Le premier article est une maison sise à Villiers faisant partie de la derme de Villiers, la ditte maison contenant quatre espaces consistant en chambre à feu, grenier dessus, toit à porc, écurie, poulailler et volière dessus, le tout couvert en thuile, cave en partie sous lesdits bâtiments et l'autre partie sous la maison de la veuve Jean Aboilard, cour commune avec ses co-partageants ainsi que communauté de marre, tenant d'un long d'orient au clos du sieur Lahaye, d'autre long d'occident et par hache à la cour commune, d'un bout au midy audit reconnaissant à cause de l'article cy après, d'autre bout du nord à la ditte veuve Aboilard.

Par cette déclaration et celle faites par Catherine Liberolle, veuve de Jean Aboilard, nous apprenons que la grange de la ferme de Villiers a été partagée en deux lots, chacun d'un espace et demi. La cave de Jean Paupe est maintenant située en partie sous le logement de la veuve Aboilard. Les terrains à l'entrée de la ferme ont été également attribués à deux propriétaires dont Jean Paupe qui possède celui de droite en entrant, d'une contenance de 10 perches (100 m2). Dans le titre nouvel du 29 septembre, Catherine Liberolle et ses enfants déclarent «  deux espaces de bâtiments sis à Villiers faisant partie de l'ancienne ferme de Villiers   » partageant la cour et mare commune avec Jean Paupe. Le tout avec «  un autre espace couvert de chaume, étable, appentis, jardin clos de murs à côté desdits bâtiments de 25 perches et un espace et demi de grange dans la cour commune  » est chargé de 3 deniers de cens payés au receveur de Madame la Comtesse d'Esclignac. La veuve Aboilard cultive un petit lopin de 35 perches de vignes au lieu-dit les Graviers de la Croix Boissée.

Le sieur Laurent Delahaye, marchand tanneur à Longjumeau déclare plusieurs articles de terres qu'il détenait au hameau de Villiers « Cinq arpents de terres labourables au clos de Villiers tenant à la veuve Claude Paupe chargés de 15 deniers de cens l'arpent» et «13 arpents de terres labourables à Villiers, tenant d'un bout au chemin descendant de Villiers au carrefour de la Croix Rouge ».

Le 5 juin 1797, Jacques Paupe, cultivateur de Nozay, donne à loyer pour neuf années à Louis Rivet aussi cultivateur, une maison en la ferme de Villiers composée d'une chambre basse à feu en laquelle il y a un four, grange en face de la dite maison, petite écurie, toit à porc et poulailler au dessus, laiterie, le tout couvert de thuiles , cour en faces desdits bâtiments et communs avec d'autres propriétaires voisins et jardin derrière ladite maison d'un demi quartier.

Le cadastre napoléonien comporte une anomalie orthographique pour le hameau de Villiers, puisque le géomètre Poyard inscrivit, en 1809, Villières H au . Puis, la route de Versailles, dans le village, se nomme chemin de Vilières .

 

 

Notes

*Le lecteur trouvera les textes donnés par les actes anciens pour lesquels la forme et l'orthographe ont été conservées.

(1) M. Cotte, Traité de Météorologie (Impr. Royale, Paris, 1774).

(2) Nous retrouverons au XVIIIe siècle la famille de Sion devenue propriétaire de la ferme du Petit Bellejame à Nozay.

(3) Avant 1789, mardi et mercredi étaient les jours les plus courants pour la célébration des mariages à Nozay.

(4) On constate à la lecture des registres que seule 15% de la population savait signer (donc lire et écrire) à la fin du XVIIe siècle. L'ordonnance de Saint-Germain-en-Laye datée de 1667 organise la tenue des registres d'état civil avec les formules d'usage. Il est fait obligation au curé d'exiger la signature des comparants et témoins ou la mention de ne pas savoir signer.

(5) Les Groudard sont des fermiers installés à Massy.

 

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