L'agriculture en Hurepoix au XIXe siècle (1) la région de Limours |
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Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------------- _------------------ --------- Janvier 2011 Carte du Hurepoix.C. Julien
Nous présentons une série de chroniques relatives à l'agriculture du Hurepoix à la fin du XIXe siècle (1). Les textes présentés concernent les communes qui alimentent l'un des quatre grands marchés : Limours, Chevreuse, Montlhéry et Arpajon. Le premier volet concerne la zone de Limours-en-Hurepoix avec dix communes associées dans cette zone économique d'une superficie de 9.354 hectares , peuplée de 5.916 habitants.
Une photographie du monde agricole Nous donnons une photographie du monde agricole en 1899 par la description faite par les instituteurs du département de Seine-et-Oise. Avant de disserter sur la situation agricole du Hurepoix, examinons la population donnée par le recensement de 1896 et la superficie de chaque commune.
Certains instituteurs étaient sans doute des chasseurs car ceux-ci n'oublient pas de décrire la faune giboyeuse. Ainsi Mr. Alexis Soucare, instituteur à Saint-Jean-de-Beauregard, nous dit « Le gibier, particulièrement les lapins et les perdrix sont très abondants aussi bien dans la plaine que dans les bois, les lièvres et les faisans deviennent de plus en plus rares ». À Pecqueuse, Mr. Monsanglant, écologiste avant l'heure, nous donne une description détaillée de la faune : gibier, oiseaux, insectes, animaux nuisibles et la flore : arbres fruitiers, plantes communes, etc. À la fin du XIXe siècle, on assiste à une crise du monde agricole. Trois facteurs sont responsables de l'exode rural : la surpopulation des campagnes, le développement du monde industriel et la mévente des céréales. De nombreuses exploitations agricoles disparaissent ; on observe dans certains villages une diminution de la population comme, par exemple à Boulay-les-Troux où le recensement de 1896 donnent 194 habitants alors qu'il y avait 30 personnes de plus dix ans plus tôt. La période 1875-1895 est connue sous le nom de Grande crise agricole . Elle se caractérise par une baisse importante et prolongée des prix agricoles. La crise agricole à la fin du XIXe siècle en France a été expliquée dans les détails par Jean Lhomme. La « crise agricole », nous dit Jean Lhomme, se situe entre 1880 et 1900 , en France. Elle s'est traduite par un long mouvement de baisse des prix gros et détail, et aussi par un ralentissement dans la croissance du produit agricole. « Deux causes générales, retard technique et progrès des transports, ont joué, entraînant un accroissement de la concurrence étrangère et des importations massives de produits agricoles ». Les revenus agricoles ont baissé, de façon d'ailleurs très variable suivant leur origine, leur nature, le degré d'indépendance économique et commerciale des intéressés. Malgré tout, les structures agricoles du pays ont peu varié. Quant aux remèdes, ils ont été recherchés avant tout du côté de la protection, dont les effets, avantageux dans le court terme, l'ont été beaucoup moins dans le long terme. Quand on s'interroge sur les effets sociaux de la crise agricole, on observe que les ruraux, vers la fin du XIXe siècle, vivaient dans l'isolement matériel et moral et dans un état de subordination que laissait subsister leur affranchissement politique. La crise agricole a entraîné quelques réactions, dans l'ensemble, modérées. Elle a donné aux agriculteurs la conscience de leurs intérêts communs et de leur force électorale. Mais, en définitive, ce sera seulement la guerre de 1914-1918 qui haussera la condition paysanne sur l'échelle des valeurs sociales (2). À partir de 1882 le taux annuel de croissance est négatif -0.7%. En comparant, les prix en 1880 et 1900 de trois denrées de base : blé, vin et pommes de terre, nous constatons : le prix du quintal de blé a diminué de 36%, celui des pommes de terre de 20%. Quant au vin, c'est un véritable effondrement des prix qui se produit depuis 1880, où l'hectolitre a valu 43 francs jusqu'en 1905, où son prix tombe à 14 francs, soit trois fois moins cher ! La situation des viticulteurs est plus terrible que celle des céréaliers, car la vigne subit à ce moment les désastreux effets du phylloxéra. Contrairement à ce que nous dit, en 1899, l'instituteur de Forges-les-Bains, la crise agricole, en aggravant le sort déjà fâcheux des agriculteurs français, avait encore confirmé ces diverses attitudes.
La culture du flageolet Dès le XVIIe siècle, les haricots des environs de Paris sont réputés pour être les meilleurs de France . Parmi ces haricots, c'est le petit haricot blanc ou « flageolet » qui connaît le plus vif succès chez les Parisiens. La popularité du flageolet sera telle que, vers 1865, Littré le définit dans son Dictionnaire comme « la variété la plus répandue aux environs de Paris ». Peu de temps après, une découverte importante va bouleverser le monde des haricots : à Brétigny-sur-Orge, un agriculteur du nom de Gabriel Chevrier va faire une découverte décrite comme telle par Denaiffe : « Un beau matin, Chevrier déposa de la paille sur une parcelle de champ où étaient encore des flageolets arrachés. Cinq ou six jours après, il vient pour enlever cette couche : les plantes avaient résisté à la privation d'air et de lumière et des cosses ouvertes montrèrent des grains d'un beau vert ». Dès cette découverte, le « chevrier » devient rapidement l'objet de cultures importantes, et se distinguera sous deux appellations : « haricot d'Arpajon » et « haricot flageolet nain très hâtif d'Etampes » (d'après la notice Servia). La culture de haricots est sujette à de nombreuses attaques de ravageurs insectes, acariens, escargots et limaces et de maladies comme la rouille du haricot, la pourriture blanche et l'oïdium.
Limours-en-Hurepoix La commune de Limours qui comprend trois hameaux : Roussigny, Chaumusson et le Cormier a une superficie totale de 1.425 hectares qui se décomposent comme suit :
Le sol est argilo-sableux, légèrement calcaire et rocailleux dans la vallée. À l'extrémité nord-est le plateau est très sableux, on y rencontre des blocs de grès. Vers, 1890, la propriété est assez divisée, on ne rencontre que huit domaines dépassant 60 hectares . La grande culture occupe 450 hectares de terre où l'assolement triennal est pratiqué. Les autres cultivent en grand le haricot dit « Chevrier ». Ce haricot est vendu en grains secs sur le marché de Limours. On récolte aussi en grande quantité la grosse châtaigne dite « marron de Lyon ». On élève un peu de moutons dans quelques fermes, un millier à peu près. La volaille et spécialement le canard et l'oie, s'élève dans toutes les fermes. La culture des arbres fruitiers se pratique avec beaucoup de soin et sur une grande échelle ; la culture de la fraise tend à se propager depuis quelques années. Le marché de Limours, créé par Louis XII, se tient tous les jours. Depuis l'établissement de la ligne de chemin de fer, il a pris une extension assez notable. En dehors des denrées alimentaires rendus généralement sur les marchés de Seine-et-Oise, il faut citer deux produits spéciaux à la région. C'est d'abord le haricot Chevrier qui se vend en gros principalement en octobre et en novembre ; environ 2.500 sacs de 150 litres sont vendus annuellement à des négociants en gros de Paris qui en font l'exportation en Angleterre et aux Etats-Unis. Le gros marron, dit de Lyon, est vendu suivant les années 150 à 200 sacs de 120 litres . Ces marrons alimentent Paris. Le marché de Limours sert de transit aux fromages provenant de la vallée de l'Orge et vendus à Versailles et Paris. Les foires au nombre de deux n'existent plus que de nom ; ce sont de simples marchés.
Pecqueuse La superficie territoriale de Pecqueuse appartient à 139 propriétaires ; 706 hectares sur 740 sont cultivés. On cultive les céréales, surtout le froment et l'avoine, les haricots, les pommes de terre, les betteraves. On fait beaucoup de prairies artificielles. On récolte annuellement en moyenne 800 quintaux de poires et de pommes dont on fait du cidre. Le recensement de 1898 dénombre 69 chevaux, 30 bœufs, 52 vaches, 1.500 moutons. D'après la statistique agricole décennale, Pecqueuse possède au 30 novembre 1892 : 600 poules, 10 oies, 50 canards, 20 dindes et dindons et 300 lapins domestiques. Bien que Mr. Lucien Monsanglant, instituteur dise «… cette émigration tend à diminuer chaque année, les habitants comprenant que leur bonheur est aux champs, que la profession du cultivateur est la plus saine, la plus agréable, la plus indépendante,et la plus rémunératrice pour tout praticien laborieux, intelligent et instruit… », l'exode rural est bien amorcé, 303 habitants en 1891, 256 en 1896 et cela continuera.
La flore de Pecqueuse (dessin de Mr. Lucien Monsanglant, instituteur, 1899).
Les Molières Le territoire de la commune des Molières fait partie de la plaine de Gometz qui commence après le vallon séparant les communes de Molières et de Boullay-les-Troux. Cette petite vallée se termine à Saint-Rémy-les-Chevreuse. De la commune des Molières dépendent les fermes de la Noue, d'Armenon, de Quincampoix et du Fay ; ce sont avec la Maréchalerie, les seules habitations en dehors de l'agglomération. Quant à l'occupation des sols, nous ne connaissons que celle de plan d'intendance dressé par l'arpenteur Chemid en 1783 (tableau suivant). La superficie de la commune a été diminuée de 38 hectares pour une superficie de 740 hectares après 1791.
Les couches superficielles du sol se composent de terres argilo-calcaires appelées terres franches argileuses, elles conviennent particulièrement à la culture des céréales : blé, avoine, seigle. Elles retiennent les eaux de pluie. Pour les assainir les cultivateurs sont obligés de pratiquer des rigoles d'écoulement ou de recourir au drainage. À la fin du XIXe siècle, les principales cultures sont les suivantes. Les terres labourables occupent une superficie de 573 hectares . On compte environ 73 hectares de prairies artificielles (luzerne, sainfoin et trèfle) ; dix hectares sont plantés en fraisiers ; le reste est divisé en trois sols à peu près égales : la première ensemencée en céréales d'automne se compose de 160 hectares de blé et 12 de seigle, le seconde est ensemencée en avoine de printemps, et la troisième comprend 100 hectares de haricots, 20 de pommes de terres et 17 de betteraves fourragères. La variété de haricots dont la culture est la plus répandue, est celle dite Chevrier très estimée sur les marchés de la capitale. Le voisinage de Paris, la dépréciation des céréales, ont considérablement accru l'importance de cette culture. Dans sa monographie Mr. Auguste Seroud donne une appréciation élogieuse : « … le sol est généralement bien cultivé. Les agriculteurs sont actifs et intelligents ; ils se tiennent au courant des progrès de la science agricole ; ils perfectionnent à la fois leur outillage et leur culture ». Dans les bonnes années, un hectare de blé produit en moyenne 25 à 30 hectolitres et dans les années ordinaires, 18 à 25 hectolitres (3). Un hectare d'avoine donne, dans le premier cas, 35 à 40 hectolitres et, dans le second cas, 30 à 35 hectolitres. Les betteraves et les pommes de terre produisent 100 à 200 quintaux suivant les années. Les jardins, plus ou moins étendus, plantés d'arbres fruitiers (poiriers) constituent une source de revenus assez importants. Le terrain est favorable à cette culture ; les fruits sont généralement abondants et de bonne qualité. En 1899, il y avait 67 chevaux employés aux travaux de l'agriculture et de l'industrie ; il s'y trouvait 63 bovins. Les fermes d'Armenon et du Fay se livrent à l'élevage des moutons. Chacune d'elles compte un troupeau de 400 têtes produisant bon an mal an, 150 à 200 agneaux. Les fermiers s'adonnent plutôt à l'engraissement qu'à la production de la laine. Presque toutes les maisons de culture élèvent des volailles, particulièrement des poules. La race la plus répandue est l'espèce commune, qui est excellente pondeuse et assez bonne couveuse.
Boulay-les-Troux Située dans la plaine à 168 mètres d'altitude, au bord du vallon de Montabé et du ravin de Mervilliers, dont le ruisseau se jette dans l'Yvette, la commune de Boulay-les-Troux a une étendue de 480 hectares qui se décomposent comme suit :
Le sol est de nature argilo-calcaire, sorte de terre franche dans laquelle domine l'argile et convenant spécialement à la grande culture : céréales et prairies artificielles. L'agriculture de Boulay-les-Troux a souffert, au lendemain de la guerre de 1870, du morcellement des trois grandes fermes qui constituaient la majeure partie du territoire. La disparition de ces exploitations est la seule cause de la diminution qui s'est produite dans la population après 1886. La culture des céréales est très propice dans la localité où les récoltes sont en général fortes et abondantes. À la fin du XIXe siècle, par suite de la mévente du blé, les cultivateurs se livrent à la culture des haricots qui sont expédiés et vendus aux halles centrales de Paris. Quoique le terrain de Boulay-les-Troux soit un peu fort pour cette culture, elle tend cependant à se développer de plus en plus depuis 1890, et les cultivateurs en tirent un profit « fort appréciable ». En 1899, la sole de haricots de variétés différentes est, pour le territoire de Boulay-les-Troux, d'environ 21 hectares . La variété dite « chevrier » est celle dont la culture est la plus répondue. La fraise est aussi cultivée depuis quelques années ; cette culture occupe déjà, en 1895, deux hectares environ. La récolte de 1899 a été peu abondante. Outre la partie expédiées aux Halles centrales, les produits récoltés à Boulay-les-Troux sont vendus sur les marchés voisins : Limours et Chevreuse. Les fruits, volailles, beurre et œufs sont absorbés par le marché de Limours il en est de même pour les haricots secs. Selon Mr. Charles Connois, instituteur en 1891, « Ce marché prend d'ailleurs une importance de plus en plus grande et est appelé à devenir le premier marché du département lorsque se fera le prolongement de la ligne de chemin de fer de Limours, prolongement qui doit relier nos localités au riche pays chartrain ». Les céréales et fourrages sont vendus principalement sur le marché de Versailles ou aux grainetiers et meuniers des localités voisines. Pour finir, rapportons l'instituteur fait allusion au fléau qui sévit dans les campagnes à cette époque : l'alcoolisme. « … une constatation moins heureuse, à l'heure actuelle la commune, pour sa population de 194 habitants compte cinq débitants ou marchands de vin qui paraissent vivre ou à peu près de leur industrie… . ».
Gometz-laVille La commune de Gometz-laVille (autrefois communément nommé par corruption Gomer ) est située dans une belle plaine bien cultivée. Le sol est fertile, il appartient aux terrains diluviens et la couche superficielle se compose communément de terre argileuse, propre à la culture ; on y trouve un nombre considérable de mares. En 1890, le pays est agricole ; la grande culture y est pratiquée surtout celle des céréales par six grandes fermes et autres petites exploitations. Ainsi, la population s'accroît par une émigration flottante de Normands, Bretons et Belges aux moments de l'année où les travaux agricoles réclament des bras. Cent deux chevaux sont employés dans les fermes (4).
Gometz-le-Châtel Le territoire est formé de deux parties bien distinctes du côté du sud-ouest, un plateau qui se continue jusqu'à Limours, et du côté opposé de nombreux petits vallons et coteaux ayant un sol très tourmenté et formant contre-fort de la vallée de l'Yvette. La couche supérieure du sol est argilo-siliceuse. La propriété à part la ferme de Grivery qui dépend du château de Saint-Jean-de-Beauregard, est très morcelée. Les terres de Grivery, aujourd'hui presque toutes drainées sont très fertiles. Il y an troupeau de moutons de 500 têtes, 15 chevaux, mais 2 vaches seulement, on y élève beaucoup de volailles. Le fermier possède une machine à vapeur, une batteuse, une moissonneuse, des râteaux mécaniques, etc., en général les meilleurs instruments agricoles. Il vend ses produits à Paris. Cette ferme seule d'une contenance d'environ 175 hectares représente la grande culture. Deux ou trois agriculteurs seulement s'adonne à la moyenne culture dont les grains et fourrages sont vendus dans les petits marchés environnants à Montlhéry et à Palaiseau. Les principaux revenus des petits cultivateurs sont fournis par la fraise et le haricot. La culture de la fraise occupe environ 15 hectares , les fruits sont vendus directement aux halles de Paris. La culture du fraisier demande un sous-sol soigneusement défoncé. On ensemence aussi près de 15 hectares de haricot, surtout le Chevrier qui a un fort marché à Limours. Pendant une grande partie de l'été, la récolte de la fraise et des haricots occupe un grand nombre de femmes et même d'enfants ; souvent les bras font défaut et on est obligé de faire venir des étrangers, comme pour le moment de la moisson. Le sol est très favorable à la culture du poirier, les fruits suffisent pour faire la boisson des habitants. Il n'y a pas d'élevage de bétail. La commune compte actuellement environ 66 chevaux et 20 vaches seulement qui ne suffisent pas à assurer l'alimentation en lait des villageois. Le litre est vendu 25 centimes. Autrefois on comptait 100 vaches, une partie du lait servait à élever de nombreux nourrissons venus de Paris.
Saint-Jean de Beauregard Primitivement appelée Montfaucon, la commune de Saint-Jean de Beauregard comprend onze maisons au village, quarante maisons à Villeziers, une maison à La Grange-aux-Moines, une maison à La carrière-Grandchamp. Le sol est très fertile, appartient aux terrains siliceux, la couche superficielle composée de terre argileuse est très propre à la culture. D'après le cadastre la superficie totale de la commune est de 397 hectares dont 238 de terres labourables et 10 de prairies naturelles. Les bois couvrent 97 hectares . Saint-Jean de Beauregard est essentiellement agricole. La grande culture est pratiquée sur la majeure partie de son territoire. Les principales productions consistent en blé, avoine, fourrages, betteraves, pommes de terre, etc. Le rendement moyen par hectare est de 30 hectolitres quand la moyenne nationale n'est que de 15 à 20. La petite culture s'applique surtout à produire des fruits comme les fraises et des légumes qui s'expédient facilement aux Halles centrales de Paris par la ligne de chemin de fer de Limours à Paris. La ferme de Villeziers, dont le fermier est M. Pescheux, possède une distillerie de betteraves. Pour les travaux d'exploitation, le fermier emploie 12 chevaux, 12 paires de bœufs pour ces derniers il donne la préférence à la race nivernaise. Dans la commune on compte encore une douzaine de chevaux et autant de vaches laitières. À la Grange-aux-Moines, le fermier entretient un magnifique troupeau de 6 à 700 moutons d'origine anglaise, la race southdown croisée qui s'engraisse facilement.
Janvry Le sol de la commune de Janvry est formé d'une profonde couche arable à base argileuse et le sous-sol est un tuf argileux peu perméable, mais les travaux considérables de drainage et d'assainissement qui y ont été exécutés depuis 40 années ont rendu la plaine de Janvry la plus riche et la plus fertile des environs. Toute la partie nord est couverte de bois, mais tout le reste est occupé par la culture des céréales, des prairies naturelles et artificielles et des plantes industrielles. Avec une superficie totale de 824 hectares , le territoire de Janvry (5) se décompose comme suit :
À la fin du XIXe siècle, le sol de Janvry appartient presque en entier à deux propriétaires : Mr. le marquis du Luart et Mr. le comte Joly de Bammeville, et cultivé par six fermiers. Ainsi la petite culture y est très restreinte et la population composée en majorité d'ouvriers agricoles va en diminuant graduellement par la raison qu'elle ne trouve pas d'autre occupation que celle qui se rapporte à la terre et que l'industrie y est tout à fait nulle.
Variétés de haricots du catalogue Vilmorin (1891).
Forges-les-Bains La commune compte six écarts dont nous donnons la population lors du recensement de 1896 (entre parenthèse) : Chardonnet (135 h.), Malassis (99 h.), Bajolet (69 h.), Bois d'Ardeau (34 h.), Ardillières (49 h.) et Pivot (16 h.). De point de vue de la démographie, nous notons une forte dépopulation des écarts par rapport à l'état de 1807 pour lequel on comptait 580 habitants contre 400 en 1896. À cette époque, le sol offre partout des champs cultivés quelques prairies et des bois, mais fort peu de terres incultes. Le sol dominant a pour base, dans les terrains en culture, une terre végétale assez profonde, principalement dans le vallon nord et celui du centre de la commune. Sur la pente des coteaux, la couche de terre végétale est peu profonde et repose sur des bases pierreuses supportées par des bancs de sable. Sur une étendue de 1.445 hectares , l'occupation du sol est la suivante :
Le brave instituteur de Forges, Mr. Louis-Casimir Lecomte, donne une image un peu trop idyllique de la société moderne de la fin du XIXe siècle. « Aucun de nos agriculteurs n'est plus aujourd'hui, comme autrefois asservi à une routine aveugle ; une transformation heureuse s'est opérée à peu près partout dans le mode d'exploitation des terres, dans l'outillage agricole, dans la tenue des fermes, etc. ; les produits ont augmenté et l'aisance s'est accrue. Les céréales dans le pays donnent un rendement supérieur à la consommation ordinaire ».
Briis-sous-Forges Avec une étendue de 1.086 hectares dont 933 cultivables, la nature du sol de la majeure partie de la commune de Briis-sous-Forges est sablonneuse, sur le plateau de Gometz, le sol est argileux. A la fin du XIXe siècle trois grandes fermes, celle de Briis, d'Invilliers et de Frileuse occupent une superficie d'environ 450 hectares , le reste est partagé entre un grand nombre de particuliers qui possèdent des parcelles variant de 4 ares à 2 hectares . Les fermiers font de la grande culture, l'un d'eux cultive spécialement la betterave qui alimente une distillerie, les petits cultivateurs se livrent à la petite culture si avantageuse à cause de la proximité de Paris, mais la culture spéciale est celle du haricot et surtout du « Chevrier », toujours vert, vendu sur les marchés de Limours et Arpajon. L'élevage du bétail n'existe pas. Les veaux sont engraissés et vendus pour la boucherie à l'âge de six à huit semaines. Un fermier possède, cependant, un magnifique troupeau de moutons « southdown » de race pure dont il tire un grand profit en en vendant les béliers et les brebis pour la reproduction. Il y a dans la commune une cinquantaine de ruches d'abeilles conduites d'après l'ancien système.
Vaugrigneuse Le territoire de peu d'étendue possède un sol de nature sablonneuse sur une partie du plateau de l'ouest et de nature argileuse dans presque tout le reste de la commune. Le terroir, très morcelé compte 2.940 parcelles appartenant à 223 propriétaires. On ne trouve qu'une seule exploitation agricole importante : la ferme de Vaugrigneuse qui cultive 130 hectares environ. Outre les céréales cultivées sur 280 hectares environ, on fait en moyenne 10 hectares de pommes de terre, 10 hectares de betteraves fourragères, 60 hectares de prairies artificielles, 10 de fourrages annuels et 34 de prairies naturelles. On cultive aussi sur 50 hectares environ les haricots, surtout les haricots dits Chevrier que l'on récolte en sec, et les graines de carottes, de betteraves et de radis. N'ayant que peu de prairies naturelles et non irriguées, la population ne peut s'adonner à l'élevage. On ne trouve que les animaux indispensables à l'agriculture : 70 chevaux, 60 vaches et 150 moutons et brebis à la ferme de Vaugrigneuse. Les animaux nuisibles à l'agriculture, à signaler le ver blanc qui dans certaines années ravage les champs de haricots et de pommes de terre, le lapin de garenne en trop grande quantité dans les bois et les corbeaux qui font le désespoir des cultivateurs. À suivre…
Notes (1) Les données sont celles relevées dans les monographies d'instituteurs rédigées en 1899 à la demande de Mr. le Ministre de l'Instruction Publique à l'occasion du siècle nouveau. (2) J. Lhomme, La crise agricole à la fin du XIXe siècle en France. Essai d'interprétation économique et sociale , Revue économique 21 (1970) 521. (3) L'amélioration des techniques et la sélection génétique ont conduit, de nos jours, à un rendement du blé de 60 quintaux à l'hectare en moyenne allant jusqu'à 80 voire 100 quintaux chez les agriculteurs les plus performants. (4) Chaque année un recensement des chevaux avait pour but de les reconnaître apte à être requis par l'armée si besoin en était. (5) Le toponyme de Janvry paraît venir de « Juniperus », génivrier, d'où on a fait Genveriax et Genvry.
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