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Le fief d'Armenon aux Molières (1) 1388-1700

Cette chronique est le premier volet d'un domaine situé aux Molières en Essonne. Souvent les informations ne sont que des intitulés extraits de procédures engagées au XVIIIe siècle. De ce fait l'histoire du suzerain appaîtra fréquemment. Pour simplifier le récit il sera chronologique.

 

JP.Dagnot Février 2013

Extrait des cartes de Cassini.

 

 

Les premiers documents

Ce lieu d'Armenon dépend du seigneur de Belleville qui lui-même relève du Roy, au XVIIIe siècle avant de vendre le comté de Limours au comte d'Eu, le roi de France et l'acheteur ont enquêté sur la région ce qui a permis de relever un certain nombre d'informations sur les biens vendus.

Le 17 février 1388, l'aveu et dénombrement du fief de Belleville rendu à Jehan de Craon, à cause de son chastel de Gometz par Jehan Tarde, seigneur de Platel , devant Jehan Poutelet tabellion de la prevosté de Dourdan.

Pendant le règne de Jehan de Montagu, en 1407, Jehan de Presles, escuier, seigneur de Belleville, rend aveu à Jehan de Montagu, chevalier vidame de Laonnois, à cause de son chastel de Gometz,
- lhostel de Belleville avec la cour et le colombier...
- item un autre arrière fief que Thomas de Vachenon escuier tient dudit hostel de Belleville, c'est à savoir 28 sols parisis qu'il prend sur lostel de Hermenon le grant le jour Saint Rémy ....
- item un arrière fief qui est aux hoirs de feu Denisot le Fleuroy, c'est à savoir lostel dermenon le petit, les vergers et le pré appartenant à icelluy ...

Après l'exécution de Jehan de Montagu, le duc de Bavière est devenu seigneur de Gometz en 1413, Marguerite Tarde, veufve de feu noble homme Jehan de Presles, escuier, par devant Pierre le Bourellier, clerc tabellion juré à Challou la Reyne, ladite damoiselle advoue à tenir en fief à une foy et hommage du duc de Bavières, à cause de son chastel de Gometz:
- lostel de Belleville, la cour, le colombier...
- item un droit de relief que tient Thomas de Vachenon, escuier, de 28 sols parisis de cens sur lostel de Hermenon le Grant...
- item ung arrière fief estant aux hoirs de feu Denisot le Felenoy cest assavoir lostel d'Armenon le Petit, les vergiers et le terroir dicelui hostel .

En 1510, un aveu est rendu par Jean Claustre Chevecier et chanoine de Chartres, seigneur des Mollières, à Guillaume de Presles, dit Pichot, écuyer, seigneur de Belleville, pour raison de sa terre et seigneurie d'Armenon le petit et Armenon le grand, consistant en maison, cour, jardin, estable, une fosse à poisson contenant deux arpens et demi, 80 arpens de terres et ung arpen de pré prèz la mairie de Soligny.

Après Jehan de Montagu, c'est au tour de Loys de Graville de recevoir l'aveu du fief de Belleville en 1511, passé par Gillet de Presles devant Guy Lemaistre, tabellion à Chateaufort.

 

Seigneurs de Belleville .

 

En 1538, devant Olivier Duval, commis pour l'absence du tabellion de Gometz, Simon Theron, au nom et comme fondé de procuration de Jehan Boucher, seigneur des Molières, rend aveu à Gilles de Presles, seigneur de Belleville; ensuite duquel est l'acte de foy et hommage des fiefs d'Armenon le Grand et Armenon le Petit. La consistance du fief est identique à celle de 1510.

Suite au décès de Jehanne de Graville, ses neveux se disputent son héritage. En 1541, Gillet de Presles rend aveu de Belleville à Messeigneurs seigneurs de Marcoussis, François et Thomas de Balsac.

Côté vie locale en 1543, Regnault de la Lande, menuisier à Armenon paroisse des Molières, et Marion Donde sa femme, font donation à leur fils étudiant en l'université de Paris, de leurs droits de succession de Mathurin de la Lande, laboureur, père de Regnault et de Charles Donde, faiseur de meules à moulins. Donc à cette époque Armenon est un hameau et les Molières ont déjà des carrières et des professionnels du travail de la meulière.

Toujours tiré d'intitulés, en juillet 1549, Gillet Trapu de Presles rend aveu et dénombrement du fief de Belleville au sieur de Balsac, devant Estienne Quesnay tabellion de Chateaufort.

En 1553, Jacques de Fontaines seigneur des Molières rend aveu des fiefs d'Armenon, la consistance des fiefs est celle de 1510. Marguerite Boucher, sa mère fait de même chez Lebarge notaire à Paris au suzerain Gilles de Presles. Le 6 juillet 1561, Jacques de Fontaines réitère l'aveu des fiefs d'Armenon devant Léon Doyen, notaire à Paris (inconnu aux AN).

Trois ans après, Gillet Trapu rend aveu et dénombrement à Thomas de Balsac, seigneur de Gometz-le-Chastel, devant Anthoine Joyet, commis pour l'absence du tabellion de Chasteaufort.

L'information vient cette fois de Thomas de Balsac, seigneur de Gometz qui en octobre 1574, rend aveu au roy pour sa terre de Gometz, devant Philippe Prevost, tabellion audit Gometz, dans lequel aveu les fiefs de Belleville et des grand et petit Armenon sont portés en arrières-fiefs.

Nous arrivons en 1576, le seigneur de Belleville fait saisir les propriétaires du fief d'Armenon; ces derniers ont déclaré qu'elle devoit être déclarée nulle disant:
- que les anciens propriétaires des fiefs d'Armenon avoient, dès 1510, aliéné à leurs auteurs le domaine entier de ces fiefs, à la charge de quatre livres parisis de cens et deux chapons; et que ces anciens propriétaires avoient pû le faire suivant l'article 41 de l'ancienne coustume de Paris qui permettoit de se jouer de la totalité de son fief , même sans le consentement du seigneur, que par conséquent les terres qui composoient le domaine des fiefs d'Armenon étoient en leurs mains de simples rotures chargées d'un cens envers les propriétaires desdits fiefs, qui s'étoient réservé d'en porter la foy au seigneur de Belleville, qui comme ledit seigneur de Belleville n'avoit donné aucun consentement à ce jeu de fief, les propriétaires du fief avoient continué de lui reporter par leurs aveux et dénombrements, le manoir et les terres qui composaient la glèbe de ce fief ; qu'à la vérité le seigneur de Belleville avoit été et étoit encore en droit de saisir féodalement la totalité de la glèbe, faute de service de la part du seigneur des fiefs d'Armenon;
- le seigneur de Belleville avoit ignoré jusqu'alors l'aliénation faite du domaine d'Armenon, parce que malgré l
e démembrement , il avoit continué d'être servi de la totalité desdits fiefs d'Armenon, conformément aux anciens aveux, mais il se crut fondé à soutenir que même par l'ancienne coûtume, il n'avoit jamais été permis de se jouer de son fief en entier, sans le consentement du seigneur; que suivant les principes en matière féodalle, le vassal qui fait un jeu de fief excessif , perd la totalité de son fief; qu'à la rétention de foy et la redevance par lui imposées, s'éclipsent, et que les acquéreurs de la Glèbe deviennent possesseurs du fief qu'ils sont tenus de reporter au seigneur suzerain; que par conséquent les propriétaires du domaine d'Armenon étoient les véritables propriétaires desdits fiefs, et que la saisie féodalle faite sur eux devoit être déclarée bonne et valable...
La contestation avoit été portée à la chambre du domaine où le procureur du Roy se rend en formant opposition à la saisie féodalle; il soutint que les propriétaires de la glèbe des fiefs d'Armenon la tenoient en roture et en censive du Roy. La sentence qui intervint a opté ce sistème.

Sur l'appel au parlement, le procureur général, parti au procès et intimé sur l'appel, comme prenant le fait et cause de son substitut, établit les mêmes principes que le seigneur de Belleville et se joignit à lui pour soutenir que les anciens propriétaires des fiefs d'Armenon avoient perdu leur fief par le jeu excessif et prohibé qu'ils en avoient fait, et que les possesseurs de la glèbe la tenoient en arrière fief du roi et dans la mouvance directe de Belleville. La fin en 1751!

Sortons de ces procès pour mettre des noms sur les personnes concernées; de la copie collationnée (intitulé), la saisie est demandée par Pierre Mory, tuteurs de Guillaume et Anne Trapu, seigneurs de Belleville. Le même dossier cite Pierre de la Rochette, seigneur des Mollières, escuyer, partie saisie à la requête de Pierre Morize, faute de droits et de devoirs non faits, et hommages et dénombrement non baillés. Une erreur a dû être commise le seigneur, depuis trois ans, est Jehan de la Rochette.

Notons en 1583, la foy et hommage passée devant Soixon, par Gilles Trapu seigneur de Belleville.

En 1586, Guillaume de la Rochette a acquis la seigneurie de Belleville il obtient une quittance du droit de rachat à cause de l'échange de partie de ce fief . À la suite de cette transaction, il rend aveu au suzerain seigneur de Gometz de moitié du fief de Belleville. Un blâme et une saisie sont déclenchés en raison des fiefs d'Armenon.

En 1602, l'ancien seigneur des Molières se voit de nouveau en difficulté. Il a quitté les Molières et demeure dorénavant à la Granche Saint-Clair à Pecqueuse; c'est toujours Alexandre Legrand, seigneur de Troux et Montabbé, qui fait saisir le grand et petit Armenon aux Molières poursuivant les criées du fief et héritages saisis sur Jacques de la Rochette, escuier, seigneur des Mollières, fils et héritier de Jehan de la Rochette:
- Ung lieu appelé le fief et seigneurie du Grand et Petit Armenon assiz en la paroisse des Mollières et relevant du fief de Belleville consistant en une maison, cour, jardin, pourpris du lieu comme il se poursuit & comporte, anciennement clos à murs et fossez nommé le Grand Armenon,
- item une autre maison manable, grange, estable, cour, jardin & pourpris nommée le Petit Armenon, tenant d'un costé à Noel Dolleron, d'autre aux hoirs de Nicolas Testard...
- item 80 arpens de terres estant autour desdits lieux, tenant ... au chemin de la croix blanche à Cernay,
- item ung arpen de pré assiz en la prairie des Mollières... tenant aux prés de Solligny,
- item ung pressoir à faire sydre garny de ses ustancilles assiz à Pecqueuse
...
Ledit fief et seigneurye saisi en 1601 faute de paiement du principal de 889 escus d'une rente de 66 escus... Dans cette saisie on apprend que le seigneur des Molières s'est retrouvé en prison à la conciergerie du Châtelet, gardé par le propriétaire de Quincampoix. Parmi les créanciers retenons Gilles Trappu seigneur en partie de Belleville, pour estre paié de la somme de 30 escus à luy deubz pour prouffits de fief mentionnée en certaines obligation passées par Jacques de la Rochette audit Trappu ...

En septembre 1605, Alexandre Legrand a acquis Armenon et rend aveu à Gilles Trapu seigneur de Belleville devant Henry Charbonnier, commis pour l'absence du tabellion de Chevreuse.

En 1611, les grandes manoeuvres continuent , Alexandre Legrand revend la terre et seigneurie des Molières ainsi que les fiefs du Grand et Petit Armenon à Philippes Hurault devenu comte de Limours.

Nous sommes en 1623, Louis Hurault, vicomte du Tremblay, comme héritier de Philippe Hurault, et Elisabeth d'Escoubleau son épouse, vendent au cardinal de Richelieu le comté de Limours, la seigneurie de Molières et le fief des grand et petit Armenon, moyennant 224.000 livres.

 

 

En 1627, le propriétaire des lieux se nomme Anne de Goubert. Reste à trouver comment ce bien lui est échu, il restaure les lieux: Jehan Lavour, maistre masson demeurant au pais de la Marche en Lymosin estant de présent au bourg des Mollières et Pierre Palfernier aussi masson dudit pais Lymosin, lesquels de leur bonne vollonté confessent avoir entrepris à travailler et besongner pour noble homme Anne de Goubert sieur des Buissons, et l'un des gardes du corps de la Reyne mère, demeurant à Armenon, paroisse des Mollières, toutes et chacunes les massonneryes à faire aux bastimens, murailles, tant au lieu d'Armenon que au lieu des Buissons dont la teneur ensuit, au lieu d'Armenon faire trois pans de closture de deulx pieds deulx pouces despaisseur, revenant à deulx pieds par le hault ... comme aussi faire un grand portail et poustils de pierres meullières de la hauteur de dix pieds de hault et dix neuf de large, le portail de huit pieds sous clef... bastir une vollière sur la closture... faire la closture de la cour ... moyennant 20 st pour chacune thoise...

Côté suzerain, notons en 1643, l'aveu rendu au comté de Limours, du fief de Belleville par Gilles de Trappu à Monseigneur Gaston, fils de France, devant Louis Moncouteau tabellion à Limours. Le comté de Limours appartient à cette époque au frère du roi.

En 1647, Jacques Gohier, huissier de salle de madame d'Orléans, demeurant aux Thuilleries , fils de Jacques Gohier laisné, bourgeois demeurant à Quincampoix, et de feue Marie Masson ses pères et mère, d'une part, et Marie Goubert fille de deffunt Anne Goubert et de Jehanne Lecointe, demeurant à Armenon , lesquelles parties se sont promis de se prendre l'un l'autre par les loys du mariage, ... ladite damoiselle apporte la mestairie d'Armenon et celle de Buisson en avancement dhoirie... Le voisinage de Quincampoix et d'Armenon a dû y être pour quelquechose.

En 1677, Le fils du couple de 1647 se marie avec une demoiselle de Limours. Jaques Gohier, bourgeois de Paris, fils de feu Jacques Gohier, vivant huissier de salle et Marie de Goubert ses père et mère, ayant le consentement de sa mère soubz seing privé, ce jourdhuy audit Limours, d'une part , et damoiselle Anne Douyn veuve de Guy Josse, stipulant pour Geneviève Josse sa fille, d'autre part, ...., se sont promis prendre l'un l'autre par loy du mariage, ..., les époux sont communs en biens, la mère de la future apporte la charge de procureur du roy au baillage de Limours, la somme de 1.000 lt, plus 2.500 livres, plus deux années de nourriture des espoux et de loger les espoux sa vie durant. Le futur doue la future de 1.500 livres de douaire coustumier. La mère de l'époux est absente pour cause de indisposition et maladie. Le même jour le frère de l'épouse se marie également...

En 1681, devant Germain Boullet tabellion à Limours, a lieu la succession de Jacques Gohier, huissier de salle de mademoiselle de Montpensier, est eschu à Jacques fils une ferme et métairie appelée Armenon en la paroisse des Molières avec plusieurs bastiments et les pastures pré bois et terres y énoncées.

Ce dernier acquiert l'office d'huissier commissaire priseur faisant l'un des 128 offices et paye 474 livres de droits d'hérédités. En 1703, François Prévost l'un des 120 huissiers priseurs de la vicomté de Paris vend à Vincent Vivien, praticien demeurant à Paris l'un des quatre offices héréditaires d'huissier sergent fieffé priseur vendeur de biens Cette vente faite moyennant la somme de 4.000 livres

À suivre ...