Le prieuré de Notre-Dame de Longpont X. Chartes relatives à Soligny (1) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _------------------- --------- Octobre 2010 Extrait d'un plan terrier des MolièresC. Julien
Nous présentons le dixième volet de la série de textes qui exposent les chartes du prieuré Notre-Dame de Longpont, toutes celles transcrites dans le Cartulaire aux XIe-XIIe siècles (1). Cette chronique est consacrée aux biens du couvent dans le lieu désigné sous le terme latin « Soliniacum », « Soliniaco », c'est-à-dire en français, le village de Soligny que nous identifions comme un hameau de la commune de Les Molières (cant. Limours, arr. Palaiseau, Essonne). Avant de donner les chartes de Longpont, il convient de rétablir la véritable signification du toponyme après la confusion introduite par l'abbé Lebeuf dont la conclusion est contestable.
La solution d'une énigme Le but de cette section est la résolution d'une énigme qui fut posée au XVIIIe siècle par l'abbé Lebeuf dans son traité sur l' Histoire de tout le diocèse de Paris (tome X de l'édition de 1757). Dans son chapitre sur la paroisse de Longpont, l'éminent érudit évoque la charte du pape Eugène III en mentionnant « la moitié du village dit Soliniacum avec la moitié des dixmes » sans traduire en français le toponyme du lieu tout en reconnaissant dans une note : « J'ignore quel est ce Soliniacum, à moins que ce ne soit Marolles qui est à deux lieues de Longpont du côté du midi, et ou le Prieuré a une dixme » (2). C'est donc d'une manière indirecte que l'abbé Lebeuf parle de Soligny ; sans toutefois situer ce domaine rural, il imagine, on ne sait pour quelle raison que Soligny n'est autre que Marolles-en-Hurepoix. Il n'en est rien. Ceci est erroné comme nous allons le démontrer. Soulignons que le toponyme Soligny viendrait d'un nom de domaine d'origine gallo-romaine Soliniacum , dérivé avec le suffixe – acum du nom d'un homme Solinus , ou Solinianus traité comme Solinius (3). Cent ans plus tard, en transcrivant les chartes du cartulaire de Longpont, Jules Marion repris l'hypothèse de l'abbé Lebeuf en écrivant dans son dictionnaire géographique « [Solini, Soliniacum, Soliniacus], on ne sait à quel lieu moderne appliquer ce nom de Solini. L'abbé Lebeuf (Histoire du Diocèse de Paris, X, 150) propose, mais avec grande hésitation et sans donner de raisons à l'appui de son attribution, de donner le nom de Solini au village de Marolles-en-Hurepoix : cant. Brétigny, Essonne » (4). En rédigeant son mémoire sur l'histoire de Chevreuse, Auguste Moutié précise : « L'abbé Lebeuf a ignoré la situation et le nom de Soligny, auquel il a conservé sa forme latine de Soliniacum. Ce lieu n'est pas mentionné dans le Pouillé du XVIIIe siècle de l'ancien diocèse de Paris et ne figure pas sur la carte de France de Cassini ; mais il est indiqué sur la nouvelle carte de France de l'Etat-major et sur la carte des routes départementales de Seine-et-Oise publiée en 1835. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un lieu-dit, un simple chantier du territoire de la commune des Molières, non loin de Gometz-le-Châtel, dans le canton de Limours, à quatre kilomètres sud-ouest de Chevreuse, sous la dénomination de Butte de Soligny qui domine la vallée et sur laquelle on distingue encore quelques restes de substructions » (5). Jules Marion n'a pas pris garde aux incertitudes de l'abbé Lebeuf, de plus ayant publié le cartulaire de Longpont trois ans après le mémoire de Moutié, il aurait du convenir de Soligny, lieu moderne de Soliniacum . Au Moyen-âge, Soligny était un fief de la châtellenie de Gometz-le-Châtel, dans la mouvance de Rochefort-en-Yvelines qui, comme l'on sait, passa de la famille de Gui dit le Rouge de Montlhéry-Rochefort dans celle de Garlande, puis dans la maison de Montfort-l'Amaury. Plusieurs arguments forts militent pour désigner le village de Soliniacum sur la commune des Molières.
Le village disparu Dans l'histoire de Chevreuse, Auguste Moutié termine l'introduction de sa note du chapitre III sur la terre de Soligny par : « Ce n'est plus aujourd'hui qu'un lieu-dit, un simple chantier du territoire de la commune des Molières, non loin de Gometz-le-Châtel, dans le canton de Limours, à quatre kilomètres sud-ouest de Chevreuse, sous la dénomination de Butte de Soligny qui domine la vallée et sur laquelle on distingue encore quelques restes de substructions ». Voilà sans doute la raison pour laquelle Jules Marion a opté pour la thèse de l'abbé Lebeuf, aucune trace du village existait au XVIIIe siècle. Au chapitre décrivant la paroisse des Molières (doyenné de Châteaufort), l'éminent abbé ne dit mot de Soligny, évoquant seulement les écarts : Quincampoix, Taillebourdrie, Malassis et le Fay. Chose étrange quand on sait qu'un plan du XVIIIe siècle mentionne « Masures de Soligny » et qu'on connaît le cadastre napoléonien de la commune des Molières, dressé 60 ans après la publication de Jean Lebeuf où l'on voit le chantier de Solligny (avec deux –l ) et le hameau de Solligny qui domine le ravin de Fonceau. Pourtant, le premier document nous révélant l'existence de Soligny est le précieux cartulaire du prieuré de Longpont qui lui consacre une série de sept chartes, contenant de curieux détails sur les vicissitudes de ce lieu au XIIe siècle, sur les mœurs de ce temps, et montrent quelles difficultés éprouvèrent souvent les maisons religieuses à se maintenir dans la possession des biens qui semblaient leur avoir été concédés à perpétuité par la piété des donateurs. Tous ces actes de donations étaient accomplis et revêtus de toutes les formalités féodales exigées par les coutumes du temps, qui semblaient devoir à jamais assurer leur pleine et entière exécution ; il n'en fut point ainsi. Parmi les premiers bienfaiteurs de l'abbaye des Vaux-de-Cernay, fondée en 1118 et dont les possessions furent confirmées par le roi Louis VII en 1142, se trouvent Gautier de Rambouillet, Hamon Tirebois et Aymon de Soligny « Gauterius de Rambullet et Hamo Tyribos et Hamo de Soligneio » qui sont évidemment les hommes dont Simon de Neauphle parle dans l'acte de fondation. Cet Aymon de Soligny donna la dîme qu'il possédait dans la vallée de Bric-Essart (charte II) : ce personnage est vraisemblablement le premier de ceux du même nom que nous allons retrouver dans la famille des anciens possesseurs du fief de Soligny. Bien plus tard, le fief de Soligny est nommé dans plusieurs actes. En 1556, la foy et hommage des fiefs des Molières et de Soligny est présentée à Thomas de Balsac à cause de sa seigneurie de Saint-Clair de Gometz. En 1583, le même personnage reçoit l'aveu des fiefs des Molières et de Soligny pour lequel on lit « item un arpen et demy de pré assis prez la prairie de Solligny, item le fief de Solligny où soulloit avoir court, granche, coulombier, estables, anciennement clos à murs, nommé le grand hostel de Solligny... ». Qu'est devenu le village du XIIe siècle mentionné par « eidem ecclesie midietatem ville que Soliniacus vocatur » ? Il est rayé des cartes dressées au XVIIe siècle, celle de l'Archevêché de Paris comme celle de Cassini. Nous ne pouvons qu'émettre des hypothèses : les destructions de la guerre de Cent ans, les troubles des guerres de Religion, la position difficile sur une butte, ont eu raison de Soligny . Nous sommes donc en présence d'un village disparu comme bien d'autres dans le Hurepoix (6).
Les prélats au début du XIIe siècle Avant de commencer l'étude des chartes qui se rapporte à Soligny, dressons le tableau du personnel ecclésiastique et des prélats au commencement du XIIe siècle. Le prieuré Notre-Dame de Longpont fondé depuis une quarantaine d'années était dirigé par le prieur Henri 1er, issu de la famille Brito, aristocrates de Brétigny ; en fonction depuis 1086, il était le cinquième prieur depuis la fondation. Guillaume de Montfort, demi-frère de l'intrépide Bertrade, était assis sur le siège épiscopal de Paris depuis cinq ans (7). Le roi Philippe 1 er régnait en France était en conflit avec le pape Urbain II pour vivre en concubinage avec Bertrade de Montfort. Enfin, l'Ordre clunisien, dont Longpont était une succursale, était dirigé depuis 1049, par le plus prestigieux de ses abbés, saint Hugues 1er de Semur (1024-1109). Au sein de la Curie parisienne, l'archidiacre de Josas contrôlait les deux doyennés de Montlhéry et Châteaufort dont dépendait Soligny. La fin du XIe siècle avait vu un archidiacre prestigieux en la personne de Josselin, « Joscelinus archidiaconus » cité dans les actes épiscopaux de l'église de Paris, de 1067 à 1096. Il fut remplacé en 1097 par l'archidiacre Etienne « ex parte domni Ludovici, Stephanus, archidiaconus » nommé, en 1105, comme assistant à l'arbitrage de Gui Troussel lors de la dispute sur les limites de la terre de Savigny (charte CLXXIV) et témoin, en 1108, du roi Louis VI quand Gui Troussel demande la protection du roi pour son domaine de Montlhéry et celle du prieuré de Longpont (charte XLII).
La libéralité du pèlerin en Terre Sainte À une date non dévoilée par Marion, que l'on peut être estimée après la prise de Jérusalem par les Croisés, Godefroy de Bouillon, le chevalier Geoffroy Bovet décide de faire le grand pèlerinage en terre Sainte pour « le salut de son âme et celle de ses ancêtres ». De retour de Jérusalem, un long conflit eut lieu sur la propriété d'un bien, entre le pèlerin et l'abbaye de Longpont, laquelle avait acquis cet héritage en l'absence du chevalier. Le tribunal royal d'Étampes décida un duel judiciaire, mais les deux parties finissent par composer. Voici la transcription latine de la charte XXXVII par Jules Marion (p. 85). « Noverint universi quod Gaufredus Bovet, Jherosolimam peregrinari desiderans, quicquid habebat apud Garnevesin domino Michaeli vendidit. Qui videlicet Michael, quod juste comparaverat tanquam proprium posidens, cum ecclesia de Longo Ponte commutacionem fecit; illud scilicet ecclesie hundevum [vel handevum ] concedens quod Garnevesin a Gaufredo prefato juste mercatus fuerat, et ecclesia Michaeli tradente quicquid apud Soliniacum juris habebat. At memoratus Gaufredus, Jherosolimis rediens, predictam venditionem inficians, calumpniis ecclesiam de Longo Ponte frequentius lacessivit, jus suum eam injuste tenere proclamans. Sed huic controversie Garinus, domini Michaelis filius, qui patri successerat, sese obvium conferens, contra omnia Gaufredi machinamenta vel infestationes sese defensorem ecclesie proposuit. Cum autem inter se super his ecclesia de Longo Ponte et Gaufredus minime concordarent, eo usque ventum est ut in curia domini regis, Stampis, datis untrinque vadibus, per duellum lis ista finem sortiri deberet. Sed mediantibus viris sapientibus, ecclesia et Gaufredus, conditione date, invicem convenerunt. Habuit enim G. Bovet et G. Labele, gener ejus, pro pace reformata, VII libras, de quibus ecclesia de Longo Ponte XXX solidos reddidit. Sicque factum est ut Gaufredus, et gener ejus et uxores eorum, et filii et filie ipsorum, nunquam deinceps erga ecclesiam injurias irrogare, sed illam de cetero quietam fore, coram eis qui astabant, quorum nomina subscripta sunt, pronuntiarent. Hujus ergo rei testes existunt: Petrus de Richevila, tunc temporis Stampis prepositus; Adam Tadet; Garinus de Solini; Guillelmus Racicoht; Sevinus Gorloent; Gaufridus Labele; Mathildis, uxor ejus, et filii ejus et filie; Robertus, figulus ». Nous en donnons une traduction sommaire : « Que tous sachent que Geoffroy Bovet, désirant partir en pèlerinage à Jérusalem, vendit tout ce qu'il possédait à Garnevesin au seigneur Michel. Comme de bien entendu Michel prend en possession ce bien acquis avec justice, et fait un échange avec l'église de Longpont ; la bonne église consent parce que Geoffroy avait acheté justement Garnevoisin, et que Michel transmet à l'église des droits qu'il possédait à Soligny . Mais, Geoffroy revenant de Jérusalem se rappelle et conteste la vente précédente, provoquant l'église de Longpont, d'une façon répétée par une fausse accusation. Mais, de cette controverse, Garin, seigneur suzerain du fils de Michel qui succéda à son père, intervient dans ce conflit et participe, contre toute la machination de Geoffroy ou même introduit un exposé de défense de l'église. Tandis qu'entre l'église de Longpont et Geoffroy, la plus petite entente a lieu, à tel point qu'un courant d'opinions se produit à la cour du Roi notre sire à Étampes, assignant en justice les uns et les autres, pour que le terme de cette vigoureuse dispute passe par un duel. De ce fait, Geoffroy Bovet et Geoffroy Labele, son père, pour rétablir la paix donnèrent sept livres sur quoi l'église de Longpont donna en retour trente sols. De cette manière, Geoffroy et son père et leur épouse et leurs fils et filles, règlent le conflit et l'injustice infligée à l'église, ceci pour la tranquillité du reste du temps, et en présence de ceux qui sont présents, proclament et mentionnant tout ce qui est écrit précédemment. Les témoins de cette chose : Pierre de Richeville, pendant ce temps prévôt d'Étampes, Adam Tadet, Garin de Soligny , Guillelme Racicoht, Sevin Gorloent, Geoffroy Labele, Mathilde, son épouse et ses fils et ses filles, Robert, le tuilier». Une fois encore, la chicane intentée au prieuré de Longpont tourne court par peur de la damnation et de la colère divine. Le jeune Geoffroy Bovet fait intervenir ses parents, Geoffroy Labele et Mathilde pour éteindre le différend avec les moines. En partant pour la Terre Sainte, le chevalier avait vendu sa terre de Garnevoisin. Pour ce lieu-dit, Marion définit ce lieu dans son Dictionnaire géographique du Cartulaire (p. 361) : « Garnevesin, Garnulvisin, Guarnoveisin » pour les hameaux Garnevoisin et Guarnoversin dont l'abbé Lebeuf ( Hist. du Diocèse de Paris , IX, 188), désigne comme les écarts dépendant de la commune de Limours. Le hameau de Garnevoisin est nommé plusieurs fois dans le Cartulaire du prieuré ; dans la charte no. XII : en 1140, Gilbert, neveu de Robert prenant le froc à Longpont cède intégralement à ladite église toute la terre arable avec le bois « apud Guarnoveisin » avec le consentement de son frère Gautier et de son suzerain Simon de Montfort ; dans la charte no. CCLXXIII : vers 1100, Gui Château approuve la donation de la dîme de « Garnnulvisin » par son oncle Simon (8). L'un des témoins est Garin de Soligny « Garinus de Solini » dont nous ignorons le titre dans cette charte. Il semble toutefois ne pas être un aristocrate mais plutôt un homme désigné par le lieu de sa résidence. Toutefois, dans la charte suivante (CCLXXIX), Garin est cité comme étant « majoris », c'est-à-dire le régisseur du domaine que les moines avaient à Soligny. Au haut Moyen âge, dans le polyptyque de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, on disait « maire » et une « mairie » était un domaine rural. Nous remarquons également un assistant du nom de Robert, « figulus » celui qui travaille l'argile, qui peut exercer la profession de potier, tuilier ou briquetier. Ce métier est compatible avec la nature du sol dont les couches superficielles se composent de terres argilo-calcaire appelées les terres franches argileuses.
L'affranchissement de la serve de Soligny La seconde charte présentée dans cette chronique est celle relatant le legs de Guillerme de Galardon. Ce seigneur donna, vers l'an 1100, une serve de Solligny qui fut affranchie par le prieuré de Longpont (charte CCLXXIX). Voici la transcription latine par Jules Marion (p. 227) : « Guillermus de Galardone, filius Gaufredi Borgni, cepit Naalendem, uxorem Guarini, majoris de Soliniaco , dicens illam ancillam suam esse. Postea autem reddidit illam Deo et sancte Marie de Longo Ponte per Teodericum, monachum, atque illam dimittens liberam et omnes infantes ejus recognovit se injuriam fecisse, et de hoc secit rectum Deo et sancte Marie et in manu Teoderici, monachi, misit. Quod viderunt et audierunt hii testes: Guillermus, monachus, prior de Gomez, Arnulfus Frumentum, Hugo Bibens, Stephanus Barba, Paganus Alpes, Groffinus de·Genveriis, Hugo Malviel, Stephanus, frater predicte Naalendis, Garinus maritus ipsius ». Une traduction sommaire donne : « Guillerme de Gallardon, fils de Geoffroy Borgni, avait saisi Naalende, femme de Garin, régisseur de Soligny, disant que celle-ci était sa serve . Puis après, redonna celle-là à Dieu et à Sainte-Marie de Longpont par l'intermédiaire du moine Théodore. Cette violation du droit fut reconnut, et on envoya celle-là librement avec tous ses enfants, et de cela le servage fut supprimé directement par Dieu et à Sainte-Marie et mis dans la main du moine Théodore. Les témoins qui ont vu et entendu sont : le moine Guillaume, prieur de Gometz , Arnulf Froment, Hugues Bibens , Étienne Barba, Payen Alpes, Groffin de Janvry, Hugues Malviel , Étienne, frère de Naalende, précitée, Garin, le mari de celle-ci». La présence de Guillaume prieur de Gometz signifie que l'acte fut donné au prieuré Saint-Clair, dépendance de l'abbaye Saint-Florent de Saumur (9). C'est le moine Théodore envoyé par le prieur Henri 1er de Longpont qui reçoit la donation. Le donateur qui prétendait posséder une serve « ancilla », en latin médiéval servante ou esclave . On disait que le serf était attaché à la glèbe, c'est-à-dire que, contrairement à l'esclave, le serf possède un statut juridique pour lequel il n'appartient pas à son seigneur, mais au fief, ou encore à la terre avec laquelle il ne fait qu'un. C'est pour cette raison que Guillaume ne pouvait pas prétendre que Naalende, femme de Garnier, était sa chose. Les affranchissements accordés par l'Église et les monastères furent en fait nombreux à l'époque carolingienne et finalement les Clunisiens jouèrent un rôle très bienfaisant envers le servage. Un nouveau type d'exploitation rurale apparaît vers 1100, l'hostise « hospitia », tenure à cens détenue par une personne de statut libre, l'hôte . La famille de Gallardon serait une branche cadette des Le Riche issue d'Herbert 1er de Gallardon, fils d'Ansoud II Le Riche, conseiller de régence de Robert II le Pieux et de Rotrude. Il était le frère de Guérin 1er, baron de Paris, époux d'Hersende, d'où sont sortis le seigneurs de Maule. Herbert 1er de Gallardon fut seigneur de Berchères-Le-Maingot, capitaine et châtelain du château de Gallardon pour son cousin Aubert III Le Riche dont il épouse la fille Hildeburge dont il eut Hervé 1er de Gallardon (1037-v.1092), cofondateur du prieuré de Saint-Nicolas d'Epernon en 1052, époux de Béatrix, dame d'Auneau, fille de Gui 1er « Le Grand » , seigneur de Montlhéry et d'Hodierne de Gometz. Hervé II est seigneur de Gallardon vers 1135. Hervé III, contemporain de Philippe-Auguste, époux d'Alix de Châteaudun, fille de Geoffroy III, est resté dans la vassalité des comtes du Perche. Un nécrologe de Chartres nous révèle, à la date du 4 des ides de juillet, en 1232, l'existence d'un Gaufrid de Gallardon . Joseph Depoin ( Cartulaire de Saint-Martin de Pontoise ) fait d'Aubert III de Gallardon, le fils de Ribald de Dreux et d' Hildeburge , la fille d'Hervé 1er de Gallardon et de Béatrice de Montlhéry, la sœur de Hugues 1er et la petite-fille d'Aubert III. Il émet aussi l'hypothèse que Anne et Aubert 1er Le Riche sont peut-être fils d'une soeur du roi Louis d'Outremer ce qui expliquerait l'adoption de certains prénoms comme Régina (Reine) et Froheline. Parmi les témoins, nous trouvons Groffinus de Genveriis , Groffin de Janvry [ Genveriae, Janvry, anc. Janvries (cant. de Limours, arr. de Palaiseau, Essonne)]. Hugues Malviel est également mentionné comme témoin, c'est un seigneur issu une famille très pieuse attachée au prieuré Notre-Dame de Longpont qui détient des fiefs, dont Fontenelle, dans la châtellenie de Montlhéry. Des membres de cette famille sont souvent cités par le cartulaire, dont Arnoult Malviel, ses fils Eudes et Adam, vassaux de Milon de Linas . En 1090, il sollicite l'arbitrage de Tévin de Forges dans l'affaire qui l'oppose aux moines ; dix ans plus tard, il donne huit deniers de cens à Fontenelle, puis sa femme Adelaïde « Adales, uxor Arnulfi Malviel » lègue sa part de dîme au même endroit ; à la même époque, son parent Raynal Malviel assiste le seigneur Beaudouin. Un Hugues Malviel est cité comme témoin « De laicis, Hugo Malviel… » dans l'acte de donation de tout le village de Verisvilla , y compris les hostises et la dîme (charte datée de 1090) à l'abbaye de Marmontier. Nous retrouvons la famille de Bibens ( Bevant ou Boivant ) qui paraît avoir été assez nombreuse et alliée aux Bullion ( Boolum ) au XIIe siècle. Rodophe Bibens dit le fluet (Boivant) « Rodulfus Bibens cannam » fut témoin de Gilduin, vassal d'Ebrard III du Puiset, quand il donna deux arpents de vigne près du Puiset au prieuré de Janville pour élever une maison. Lors de la donation de Rencie, femme d'Aymon de Bullion, au prieuré de Longpont, nous trouvons plusieurs témoins dont Thomas Bibens, gendre d'Aimon de Bullion. Vers 1136, selon Marion, nous apprenons que Thomas Bibens est marié à Lucienne, fille d'Aymon. Une charte de confirmation du roi Louis VII, datée de 1142, relate la donation par Hugues Bibens de son bois de Montfaucon et d'une terre cultivable, près du chemin de Gometz, pour son salut avec l'approbation de sa femme Marie et de son fils Hugues. « Hugo Bibens dedit partem nemoris sui quod habebat in monte Faucone, cum quadam terre cultura que est juxta viam Gomez, pro sua parentumque suorum salute, Maria uxore sua, filioque suo Hugone assentientibus ». En 1168, Hugues Bibens, fils du donateur, confirma cette libéralité par une charte inscrite aussi dans l'inventaire des titres des Vaux de Cernay. D'autres seigneurs voisins, tels Nantier d'Orsay, Simon de Monjay et Pierre de Montlhéry, y ajoutèrent des terres. En 1197, ce même Hugues Bibens est témoin avec les curé de Limours et de Chevreuse et Richard de Molières « Ricardus de Molleriis » lors de la donation de la terre du Fay et quatre arpents de pré par Robert Chalmont et son fils Amaury (10). À la fin du règne de Philippe-Auguste, lorsque qu'on dressa un registre des vassaux de Montlhéry, on y inscrivit un nommé Thomas Bibens en qualité d'homme-lige du roi pour Guiperreux et Boisluisant, chantier entre Longpont et Montlhéry appelé aussi Lysin « Thomas Bibens est homo ligius regis de Vado Petroso et de nemore Lucenti… ». Vers 1180, ce même personnage « Thoma Bevant » assista Thion de Forges et tous ses parents qui léguaient deux muids de grain, l'un d'annone et l'autre d'avoine, de la grange des Essarts-Robert. La charte de confirmation d'Eudes, évêque de Paris, de la vente de la terre de Hermenon aux moines des Vaux-de-Cernay, cite un certain chevalier Hugues Bibens « Hugo Bevanz, miles » qui serait le fils du précédent. Cinq autres chartes de N.-D. de Longpont concernent Soligny. Elles seront l'objet d'une chronique à venir. À suivre…
Notes (1) Le Cartulaire de Longpont est inscrit au catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Nationale sous le no. 9968 des fonds latins. Dès le commencement du XVIIIe siècle il était sorti, par vente ou donation, de la bibliothèque du Prieuré ; car nous ne le voyons pas figurer nommément dans l'Inventaire des Titres de 1713, cité plus haut, où les moines n'eussent pas négligé de l'inscrire s'il eût encore occupé sa place sur leurs tablettes. Peu d'année après, il tomba entre les mains de M. de Foncemagne. Une note succincte, mise ne tête du premier feuillet du manuscrit, nous apprend que le savant académicien le légua par testament à la bibliothèque du Roi, où il entra le 16 décembre 1779, et d'où il n'est plus sorti depuis. Il faut croire que l'abbé Lebeuf eut accès au cartulaire puisqu'il écrivit son histoire du diocèse de Paris vers 1757. (2) J. Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris , vol. 10 (chez Prault, Paris, 1757) p. 150. (3) E. Nègre, Toponymie générale de la France ( Librairie Droz, Genève, 1990-1998). (4) J. Marion, Le cartulaire du prieuré Notre-Dame de Longpont de l'Ordre de Cluny au diocèse de Paris (Impr. Perrin et Marinet, Lyon, 1879). (5) A. Moutié, Chevreuse, recherches historiques, archéologiques et généalogiques , in : Mémoires publiés par la Société Archéologique de Rambouillet, t. 3 (Libr. de Raynal, Rambouillet, 1876). (6) Les villages du Petit- et du Grand-Rouillon, sont des exemples de hameaux agricoles devenus non viables et disparus au XVIIIe siècle. (7) Guillaume de Montfort, fils de Simon 1er et d'Isabelle de Broyes fut destiné à une carrière ecclésiastique et reçut une éducation religieuse comme clerc d'Yves, évêque de Chartres. Il succéda à Geoffroy de Boulogne comme évêque de Paris en septembre 1096, apaisa le conflit entre le roi et le pape, s'engagea dans la Croisade et fut tué en Palestine le 27 août 1101. (8) J. Marion, Le Cartulaire du Prieuré de Notre-Dame de Longpont de l'ordre de Cluny au diocèse de Paris ( A. Louis Perrin et Marinet, Lyon, 1879). (9) Le pouillé du XVIIIe siècle fait mention des églises du doyenné de Châteaufort dont le présentation appartient à l'abbé de Saint-Florent de Saumur « In decanatu de de Castri Fortis, ecclesie pertinentes ad donationem Sancti Florentii de Saumuro : Sancti Remigii, de Gomed Castro, de Gomed Villa, de Moleriis, de Brueriis, de Saud, de Villa Justa ». (10) Le Fay écart des Molières où se trouvaient un château et une ferme en limite de la commune de Pecqueuse.
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