Le prieuré de Notre-Dame de Longpont XI. Chartes relatives à Soligny (2) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _------------------- --------- Octobre 2010 Plan de la commune "Les Molières" dressé en 1899.C. Julien
Cette chronique est la seconde partie de l'histoire de Soligny, onzième volet de la série de textes qui exposent les chartes du prieuré Notre-Dame de Longpont. Après avoir résolu l'énigme introduite par le texte de l'abbé Lebeuf et évoqué les premières donations, nous continuons l'exposé des chartes évoquant la terre de Soligny « Soliniacum », lieu-dit de la paroisse des Molières, devenue commune en 1791 (cant. Limours, arr. Palaiseau, Essonne). Dans ce qui suit, nous apprenons qu'au XIIe siècle Soligny était un village, domaine rural de la seigneurie ecclésiastique de Longpont (1). La terre de Soligny était un arrière-fief du comté de Rochefort.
La donation de Bernard de Chevreuse Le couvent de Longpont reçut une partie du domaine rural de Soligny au cours de la seconde décennie du XIIe siècle ; ce fut Bernard de Chevreuse qui légua cette terre aux moines de Longpont avec le consentement de Gui II de Rochefort dont il était le vassal (Charte CCLVI). Nous allons découvrir que le legs de Bernard de Chevreuse fut une affaire compliquée par suite de rebondissements imprévus. En fait, quatre chartes sont consacrées à cette donation pieuse. La charte CCLVI du cartulaire de Longpont comprend en fait deux chartes en un seul parchemin. L'une est l'acte initial rédigé vers 1115 ou 1118 au temps des seigneurs de Montlhéry-Rochefort, l'autre étant le règlement d'une chicane introduite vers 1140 par le comte de Montfort, « premier seigneur » dont le fief de Soligny était mouvant à cette époque. Nous scindons cette charte en deux parties pour une compréhension meilleure. Voici le texte transcrit par Marion (vers 1115 ou 1118) : « Bernardus de Cabrosa, pro anima sua, dedit Deo et sancte Marie de Longo Ponte totam terram cum redditibus suis, quam ipse apud Soliniacum possidebat, Ivisia, uxore sua, Bernardo, amborum filio, Helizabeth et Cecilia, filiabus , concedentibus ; Arroldo, majore, Garino Britone, Johanne, carpentario, Reinaldo, fabro, audientibus et testificantibus. Maria postea, Reinaldi de Braiolo filia, hoc donum quod Bernardus fecerat Rainaldo, patri suo, ad velle suum faciendum cum filiis suis concessit. Ipse vero Deo et sancte Marie de Longo Ponte et se monacum et terram dedit, ipsa Maria, Aymone et Nanterio, filiis suis, annuentibus. Hoc factum est apud Dordingtum, in camera regis, audentibus Florentia, uxore Rainaldi ; Godefredo de Braiolo ; Pagano de Sancto Ionio ; Aymone et Hugone, ejus fratribus, et aliis quam pluribus. Donum istud Guido, Guidonis filius, de Rupe Forti, de cujus feodo erat, pro animabus antecessorum suorum, sine ulla retentatione servicii, concessit et in manu Henrici, prioris, per ligni porciunculam, hujus rei donum posuit, Seguino, filio Helizabeht, Arnulfo Frement, Herlando de Valle ; Fulcherio de Buelun, Hermuino preposito de Bertolcurt, Hoduino, preposito de Gumecio, attestantibus. Deinde Aymo, Tevini filius, miles factus, istam terram calumpnians, pro concessione accepit L solidos, et condonavimus ei XI solidos, quos rusticis ejusdem ville abstulerat, et dimidium modium frumenti et unum modium avene ; et misit donum super altare ipse et avunculi ejus, Godefredus et Odo, et concesserunt ita liberam ut inde nullum servitium haberent, nisi orationes, Sultano, Guidone Andegavense ; Burchardo de Vallegrignosa ; Roberto de Fluriaco, testificantibus ». Nous donnons une traduction aussi fidèle que possible : « Bernard de Chevreuse, pour le salut de son âme, donna à Dieu et à Sainte Marie de Longpont et aux moines de ce lieu, toute la terre qu'il possédait à Soligny , avec le consentement de son épouse Ivise et de leurs enfants Bernard, Elisabeth et Cécile. Ceux qui ont entendu cette chose et en sont les témoins : le régisseur Arraud, Garin Briton, le charpentier Jean et l'artisan Renaud. Ensuite, Marie, fille de Renaud de Breuillet, voulut que l'approbation de ce don soit fait avec ses fils, parce que cette chose avait été cédée à Bernard par Renaud son père. De ce fait, Marie et ses fils, Aymar et Nantier, donnèrent leur approbation pour que cette chose revienne à Dieu, à Sainte Marie de Longpont et aux moines. Ceci fut donné à Dourdan, dans la chambre royale, et l'ont entendu : Florence, épouse de Renaud, Godefried de Breuillet, Payen de Saint-Yon, Aymon et Hugues, ses frères, et plusieurs autres. Gui, fils de Gui de Rochefort, seigneur de ce fief, consentit à ce don sans rien retenir, pour son salut et celui des âmes de ses ancêtres. L'acte fut remis, avec le bâton de commandement, dans la main du prieur Henri, devant les témoins Seguin, fils d'Elisabeth, Arnoult Frement, Herland des Vaux, Foulques de Bullion, Hermuin prévôt de Béthencourt, Hodouin prévôt de Gometz. Ensuite, Aymon, fils de Tevin, qui fut fait chevalier, accepta cinquante sous pour abandonner ses droits sur cette terre, et fait la remise de onze sols qui étaient perçu sur les roturiers de ce village et un demi boisseau de froment et un boisseau d'avoine, il envoya l'acte sur l'autel de Sainte Marie et ses oncles Godefroy et Eudes acceptèrent que cela soit libre de service militaire. Les témoins de cela sont : Sultan, Gui Angevin, Bouchard de Vaugrigneuse et Robert de Fleury ». Une première question s'impose : qui est Bernard de Chevreuse ? Assurément ce personnage n'est pas le seigneur en titre de Chevreuse, mais un officier de la petite noblesse de ce lieu (2). Les seigneurs de Chevreuse descendent de Milon, premier châtelain en 1024 et 1028. Les frères Milon II et Gui II, ses fils, sont cités comme seigneurs de Chevreuse et suzerains de Geoffroy de Gometz dans un acte de 1064. À l'époque qui nous préoccupe, Milon III, époux d'Élisabeth, détient la seigneurie de Chevreuse de 1108 à 1144. Du reste, comme le fait remarquer Auguste Moutié, il est très fréquent de rencontrer des personnages appartenant même aux divers degrés de la noblesse, qui n'ont jamais eu aucun droit à la seigneurie d'où ils ne sont peut-être qu'originaires et dont ils ajoutent le nom à leur propre prénom (3). Tous nos cartulaires fourmillent d'exemples de ce genre. Dans le cartulaire de Longpont, nous trouvons çà et là quelques noms dont Rainfroy de Chevreuse « Rainfredus de Caprosia », sans autre qualification, figurer parmi les témoins d'une charte donnée par Gui Troussel, seigneur de Montlhéry. Vers 1108, Eudes, fils d'Ernest de Chevreuse « Odo filius Erneisii de Cabrosia » , est également témoin d'une donation faite au prieuré de Longpont, par Milon de Bray, d'un serf nommé Benoist, fils de Lambert. Comme il a été dit, il ne faut voir dans ces deux personnages que des officiers subalternes et peut-être de simples hommes de corps des seigneurs de Montlhéry et attachés immédiatement à leur service. Tel est particulièrement ce Bernard de Chevreuse, que nous trouvons pour la première fois parmi les témoins des moines, lorsque Gui Troussel, seigneur de Montlhéry, vint prier le roi Louis le Gros de prendre le prieuré de Longpont sous sa protection (charte XLVI). Ce même Bernard de Chevreuse fut encore témoin pour les moines, d'une transaction que ceux-ci firent avec Landry de Viry au sujet de l'aleu de Morsang. Vers 1110, il est encore présent à Longpont lors de la cérémonie du don de la terre de Savigny par Milon d'Atilly. Ainsi, Bernard de Chevreuse possédait en arrière-fief des comtes de Rochefort, la moitié de la terre de Soligny, dans la paroisse de Molières, qu'il donna au prieuré de Longpont avec tous ses revenus. La date de ce legs n'est pas donnée, mais il fut fait au-delà de 1108 après la mort de Guy le Rouge de Rochefort. Marion date l'acte vers 1115 ou 1118, alors que Moutié donne l'an 1112 (4). L'acte donné dans le château royal de Dourdan décrit les différentes phases de la cérémonie :
Tableau simplifié des seigneurs de Montfort au XIIe siècle.
La revendication de Simon de Montfort La seconde partie de la charte CCLVI datée de 1145 par Marion décrit la revendication de Simon III de Montfort, dit le chauve, devenu comte d'Evreux et comte de Rochefort après le décès, en 1140, de son frère Amaury IV (cf. tableau simplifié). Voici le texte latin : « Post longum tempus, ipse Amo Symoni, comiti de Munforti, (tempore cujus bene usque ad XVeim annos, omni tempore quo advixerat pater ejus, Amalricus scilicet, comes de Munforti, predictam terram liberam et quietam possederamus), suggessit quod nos monachi unum mensem servicii reddere deberemus, sicut medietatem ville nostram esse dicimus. Quod ille ita esse credens terram nostram cum redditibus in sua mani cepit. Nos vero hec audientes predictum comitem ad Rupem Fortem requisivimus, cartulas nostras ostendentes ; sed nichil proficere potuimus. Clamorem inde ad regem Lodovicum fecimus. Tunc predictus comes submonitus et in curia regis veniens, Parisius, lectis cartulis nostris coram regiis baronibus, ipso Lodovico rege inter nos judicante, sepedictus comes Symon terram nostram de Soliniaco , sicut antecessorum suorum temporibus, quin etiam ipsius, quietam et omni liberam possederamus, amodo in perpetuum concessit ut teneremus. Hujus rei testes : Rotroldus, Ebroarum episcopus ; comes Mellendis Galerannus ; Hugo de Campo Florido, regis cancelarius ; Teodericus ; Galerannus ; Ferricus Parisius ; Guido Cabrose ; Tibertus Parisius, et alii multi ». Une traduction sommaire donne : « Longtemps après, Aymon Simon, comte de Montfort (jusqu'à l'époque duquel, c'était la quinzième année que nous possédions la susdite terre sans contestation, comme du temps de son père le comte Amaury de Montfort) suggéra que nous, moines, devions rendre un mois de service militaire, parce que nous possédons la moitié de la dîme de ce village. Nous croyons que notre terre est son bien qui doit revenir dans ses mains. De ce fait, nous réclamâmes l'arbitrage du comte de Rochefort en exhibant nos chartes, mais ne pûmes rien obtenir. Nous réclamâmes la sentence du roi Louis. Le comte fut convoqué à la cour royale à Paris, après lecture de nos chartes devant les barons du royaume et le roi donne sa sentence afin que le susdit comte Simon nous rende la terre de Soligny, tel qu'au temps de ses prédécesseurs, et nous la posséderons en toute quiétude libre de tout service ; il est accepté que dorénavant nous la tiendrons à perpétuité. Les témoins de cela sont : Rotrou, évêque d'Évreux, le comte Galeran de Meulan, Hugues de Champfleury, chancelier du roi, Théodore, Galeran, Ferry de Paris, Gui Cabrose, Tibert de Paris et beaucoup d'autres ». Cet acte précise bien que les moines de Longpont possédaient la moitié du village de Soligny avec la dîme. Ils se trouvaient donc vassaux du comte de Rochefort, et devaient à ce titre rendre les devoirs associés à la vassalité, dont l'aide militaire à son suzerain (6). Il va de soi que les moines étaient dans l'impossibilité de satisfaire à une telle chose, et en reçurent l'exemption. Parmi les témoins présents au palais royal nous trouvons Rotrou de Beaumont-le-Roger ou de Warwich, évêque d'Évreux de 1139 à 1165 et Galeran IV ou Waleran, comte de Meulan (1118-1166), mari d'Agnès la sœur de Simon. En 1200, Simon de Montfort, donna au prieuré Saint-Paul-des-Aunaies le droit d'usage dans son bois de Solini.
Le consentement du comte de Rochefort Revenons à l'époque où Gui II de Rochefort, suzerain de Bernard de Chevreuse, donne son consentement pour le legs de la moitié du village de Soligny. La cérémonie se passe dans l'église de Longpont où, devant une nombreuse assistance, Guy remet au prieur Henri le bâton de commandement symbole attaché à l'acte de propriété. Nous notons la présence du personnel du comte de Rochefort, le prévôt de Gometz et celui de Bérancourt (7). C'est le thème de la charte CCLXXII. « Commendare memorie volumus quod Guido, Guidonis filius, de Rupe Forti, medietatem terre de Soliniaco , quam Bernardus de Cabrosia pro remedio anime sue ecclesie sancte Marie de Longo Ponte et monachis ejusdem loci dederat, precibus domni Heinrici prioris, familiariumque suorum, Deo et sancte Marie de Longo Ponte, quia de feodo suo erat, pro animabus antecessorum suorum, sine ulla retentacione, concessit, donumque hujus rei in manu supradicti prioris per ligni portiuneulam posuit. Quod viderunt et audierunt hii testes : Johannes, monachus, qui cum prore erat ; Seguinus, filius Helyzabeth ; Arnulfus Frumentum ; Herlandus de Valle ; Fulcherius de Boolun ; Ermenardus ; Almandus ; Helinuinus, prepositus de Bertocurt ; Holduinus, prepositus de Gomecio ». En voici une traduction succincte : « Nous voulons faire souvenir que Gui, fils de Gui de Rochefort, accepta pour le bien des âmes de ses ancêtres, sans rien retenir, le don que son vassal Bernard de Chevreuse avait fait pour le bien de son âme, de la moitié de la terre de Soligny qu'il avait fait à l'église Sainte Marie de Longpont, et aux moines de ce lieu, auprès du prieur Henri, les serviteurs de Dieu et de Sainte Marie de Longpont ; il posa cette chose donnée dans la main du prieur susdit par le moyen du bâton de commandement. Les témoins qui ont vu et entendu cela : le moine Jean qui était avec le prieur, Seguin, fils d'Élisabeth, Arnulf Froment, Herland de Valle, Foulques de Bullion, Ermenard, Almand, Helinuin, le prévôt de Bétancourt, et Holduin, le prévôt de Gometz ».
Foy et hommage du vassal à son seigneur.
Les remords d'Aymon de Forges La charte CCLXXXII reprend la donation de la terre de Soligny par Bernard de Chevreuse (que Marion date de 1105). Elle n'est que l'abrégé de la charte CCLVI décrite ci-dessus. Nous retrouvons la chicane du jeune chevalier Aymon de Forges qui, ayant un droit en ce lieu, consent à l'abandonner sur les conseils de ses oncles maternels. Voici le texte latin : « Bernardus de Cabrosia, pro anima sua, dedit Deo et sancte Marie de Longo Ponte, et monachis ejusdem loci, totam terram cum redditibus suis, quam ipse apud Soliniacum possidebat. Quod donum concesserunt Ivisia, uxor ejus, et Bernardus, filius amborum, Helyzabeth.·et Cecilia, filie ipsorum. De hoc sunt testes hii, ex parte ipsorum : Arroldus, major ; Garinus Brito, nepos Hugonis Bisol ; Johannes, carpentarius ; .Rainaldus, faber, de Curnomio. Ex parte sancte Marie sunt hii : Thomas, filius Drogonis de Braia; Hugo de Atrio ; Petrus, salnerius ; Lebertus, forestarius ; Fulco, major ; Hermerius. Iterum hoc donum concesserunt Balduinus, clericus, et Robertus, filii ipsius Bernardi et Ivisie, uxoris ejus. Quod viderunt et audierunt hii testes, ex parte illorum : Fredericus, major ; Garinus Brito ; Arroldus, major ; Johannes, carpentarius ; Rainaldus, faber, de Curnomio. Ex parte sancte Marie sunt hii : Girbertus, presbiter de Bosco ; Symon filius Drogonis de Braia; Thomas, fratcr ejus; Josbertus, major ; Garnerius, famulus. La traduction sommaire donne : « Bernard de Chevreuse , pour son âme, donna à Dieu et à Sainte Marie de Longpont et aux moines de ce lieu, toute la terre, avec tout ce qu'elle rapporte, qu'il possède à Soligny . Cette donation fut approuvée par Ivise, sa femme, et Bernard leur fils, Élisabeth et Cécile leurs filles. Les témoins de cela sont, de leur part : le régisseur Arrold, Garin Brito, neveu de Hugues Bisol, le charpentier Jean, Rainald, l'artisan de Tournan. De la part de Sainte Marie : Thomas, fils de Drogon de Braie, Hugues de Atrio, le saunier Pierre, le forestier Leber, le régisseur Foulques et Hermier. De même la donation fut approuvée par le clerc Baudouin et Robert, le fils de Bernard et Ivise, sa femme. Les témoins de cela, de leur part : le régisseur Frédéric, Garin Brito, le régisseur Arrold, le charpentier Jean, Rainald, l'artisan de Tournan. De la part de Sainte Marie, ceux-ci sont : Gilbert, le prêtre de Bosco, Simon, fils de Drogon de Braie, Thomas, son frère, le régisseur Josbert, le serviteur Garnier. Le jeune Aymon, fils de Tévin de Forges et neveu de Geoffroy et Marie de Breuillet, par conséquent petit-fils du dernier donateur, ayant été fait chevalier (il avait environ 17 ans), revendiqua, avec injures et violences, les droits qu'il pouvait avoir, du chef de sa mère, sur la moitié de la terre de Soligny. Les moines transigèrent avec lui en lui donnant 50 sous, et lui remirent en outre 11 sous qu'il avait extorqués aux colons de cette terre. Aymon et ses deux oncles abandonnèrent alors toutes leurs prétentions sur cette terre, renoncèrent à tous les droits qu'ils pouvaient avoir sur elle, en retenant toutefois l'aumône et les prières et déposèrent l'acte de ces concessions sur l'autel de l'église prieurale. La composition du diplôme laisse à penser que l'acte fut fait en deux temps. D'une part la libéralité de Bernard de Chevreuse avec toutes les précautions d'usage de consentement, abandon et transport de tous les droits seigneuriaux, et d'autre part le règlement du conflit avec Aymon de Forges. Cet acte semble être un vidimus de la charte CCLVI, toutefois on y rencontre de nouveau témoins. Vraisemblablement, à cause de la chicane d'Aymon, les protagonistes vinrent, à la demande des moines, une seconde fois à Longpont pour régler définitivement la donation. Cette notice serait particulièrement intéressante à dater, en raison de la quantité de témoins présents à Longpont qui s'y trouvent associés. Certains personnages indiquent que la construction de l'église prieurale se continue ; ce sont le charpentier Jean, Rainald, l'artisan de Tournan ( Curnomium est une mauvaise transcription du scribe pour Turnomium , Tournan : ch.l. cant., Seine-et-Marne). De nombreux régisseurs « major » des domaine ruraux attestent cette donation : les maires Arrold, Foulques, Frédéric, Josbert et le serf Garnier. Nous retrouvons des membres de la famille Angevin dans plusieurs chartes de Longpont. Gui Angevin « Guido Andegavense » n'est pas un inconnu à Longpont. Il fut témoin de Pierre Château et son fils Gui lors de la donation de cinq hostises à Orsay. Il assista le seigneur d'Orsay, Simon Château quand les moines de Longpont reçurent l'église de Pecqueuse. Vers 1150, Renaud, surnommé Cornut, prend les habits de moine à Longpont et donne la dîme du vallon qui vient en dessous de Nozay jusqu'au bois de Gui Angevin. En 1140, Jean Andegavens « Johannes Andegavensis », personnage qui pourrait être le frère de Gui, à la fin de sa vie, donne la moitié de sa dîme qu'il possède près de la route qui conduit à Nozay. Quant à Bouchard de Vaugrigneuse, les citations sont nombreuses dans le cartulaire de Longpont. Les membres de la famille de Vaugrigneuse, des chevaliers de la châtellenie de Montlhéry possédaient plusieurs fiefs dont les fours de cette ville. Bouchard de Vaugrigneuse « Burchardus de Valle Grinosa » est cité trente fois. Il assista les seigneurs de Montlhéry, leurs suzerains, tels Milon 1er confirmant la donation du moulin de Grotteau par son père Gui 1er (charte XLV), Milon II concédant les legs de ses parents (chartes XLIII, XLIV, XLVII) ou lors de l'arbitrage entre les moines de Longpont et les chanoines de Saint-Pierre de Montlhéry. Il assiste les autres officiers de Montlhéry : Milon de Linas ( charte LXXII), Gui de Linas (charte XC), Gaudric de Chouanville (charte LXXIII), Osanna de Chouanville (LXXX), Herman, curé de Montlhéry (charte XCVIII), Hugues de Chamilly (charte CLIX), etc. Les fils d'Étienne (charte LXXXVII). Il est au premier rang de ceux qui sont aux obsèques de Milon II de Bray (charte LXXXIV). Nous retrouvons des personnages du nom de Vaugrigneuse, tels les frères de Bouchard, Gui, le moine Hugues, Gilbert et Thibauld, la dame Aaler de Vaugrigneuse. Geoffroy de Vaugrigneuse, fils de Bouchard est cité dans les chartes CIII, CLXI, CLXII. À suivre…
Notes (1) J. Marion, Le cartulaire du prieuré Notre-Dame de Longpont de l'Ordre de Cluny au diocèse de Paris (Impr. Perrin et Marinet, Lyon, 1879). (2) Plusieurs personnages du XIIe siècle portèrent le même nom de Chevreuse sans en être le premier seigneur. En 1191, Bernard de Chevreuse fut avec Philippe de Chevreuse, frère de Gui II, Joscelin de Perruche et Pierre de Milly, témoin de la charte DXV du prieuré de Saint-Martin-des-Champ donnée par Guillaume de Garlande qui, avec l'assentiment d'Idoine, sa femme, de Robert et Thibaud, ses fils non encore chevaliers, renonce, en présence de la Reine régente (Adèle de Champagne), moyennant cent livres parisis, aux droits d'usage qu'il revendiquait sur la forêt de Noisy, pour la réparation des ponts de Gournay et des chaussées. Il se porte fort pour son fils aîné Guillaume, croisé avec le Roi. Aucune qualification n'indique la parenté de Philippe avec Bernard de Chevreuse. (3) Avant le XIIe siècle, seul le prénom (non héréditaire) était utilisé pour désigner les personnes. Parfois un sobriquet « cognonem » était attaché pendant la vie. C'est en effet au cours de ce siècle que le processus de création des noms de famille s'amorce. Face aux problèmes engendrés par un trop grand nombre d'homonymes, le nom individuel est peu à peu accompagné par un surnom. Avec l'usage, ce surnom est devenu héréditaire. (4) A. Moutié, Chevreuse, recherches historiques, archéologiques et généalogiques , in : Mémoires publiés par la Société Archéologique de Rambouillet, t. 3 (Libr. de Raynal, Rambouillet, 1876). (5) Gui II de Rochefort est le fils aîné de Gui le Rouge, comte de Rochefort-en-Yvelines et sénéchal de France. Il est donc le petit-fils de Guy 1er de Montlhéry et d'Hodierne de Gometz. Il aurait hérité du comté de Rochefort du fait de sa mère Elisabeth, dame de Rochefort. Il mourut sans postérité vers l'an 1115, laissant le comté à sa demi-sœur Béatrice, femme d'Anseau 1er de Garlande. Leur fille Agnès de Garlande fut mariée à Amauri IV de Montfort qui fit entré le comté de Rochefort dans la famille des Montfort. (6) Le service d'aide militaire du vassal à son seigneur était trois sortes : le service d'ost ou service de guerre en cas de conflit (le seigneur réunit le ban et l'arrière ban, le service de chevauchée et le service de garde dit l'estage pour lequel le vassal doit un certain nombre de jours de garde au château. (7) [ praepositus ], le chef, l'officier et le proposé, intendant. C'est le prévôt en latin médiéval. [ Bertocurt, Bertolcurt ], Bétaucourt ou Bétancourt : comm. de Saint-Forget, cant. de Chevreuse, Yvelines.
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