Le prieuré Notre-Dame de Longpont XX. L'annexe parisienne (3) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------------- _-------------------- --------- Août 2011 La ville, cité, université de Paris (plan de Belleforest, vers 1550).C. Julien
Cette chronique relate la troisième partie de l'histoire du prieuré Saint-Julien le Pauvre, l'annexe parisienne du prieuré clunisien Longpont. Ce texte est le vingtième volet de la série des textes qui exposent le temporel du prieuré Notre-Dame de Longpont, monastère de l'Ordre de Cluny. Nous avons appris que l'église Saint-Julien-le-Pauvre, située à l'extérieur de la première enceinte de Paris, avait été reçu par Longpont au commencement du XIIe siècle (1). Pendant le Moyen âge le prieuré abritait la faculté des Arts de l'Université de Paris. Le déclin s'amorça au XVe siècle. Sous le règne de Louis XIV, les difficultés financières et la menace de la ruine amenèrent les moines à céder l'église à l'Hôtel-Dieu de Paris.
Le chapitre général de Cluny Par le biais du chapitre général de Cluny, les définiteurs fixent le cens à payer (la taxatio ) à la maison-mère et imposent un droit de regard sur le personnel dirigeant des dépendances indirectes des maisons chef de réseau régional. Chaque prieuré, même le plus petit, n'existe sans un temporel viable dont les normes sont édictées par les définiteurs. Un prieuré clunisien présente toujours trois fonctions : lieu de vie en commun, lieu de prière, et centre socio-économique. En 1300, le chapitre général décide que tout prieur de dépendance immédiate (Longpont) ou médiate nouvellement institué fournira à la chambrerie un inventaire de son prieuré, en présence du chambrier (2). Le nécrologe de Longpont, rédigé vers le début du XIVe siècle, nous renseigne sur les prieurs de Saint-Julien « prior Sancti Juliani ». Odon, prieur de Saint-Martin-des-Champs en 1127-1128 visitait le prieuré de St-Julien. Guillaume, qui avait le bénéfice au XIVe siècle, était associé aux prières des moines les secondes calendes de mars. Le 9 septembre, les moines de Saint-Martin des Champs priaient pour le salut de Rodolf, prieur mort au XIVe siècle, tandis qu'une messe était dite le 20 décembre pour Jean, moine à Saint-Julien et chantre de Saint-Martin « Johannes, cantor hujus loci » et qui donna à ce couvent un très beau bréviaire avec un flacon d'encens. Lors du chapitre général du 13 avril 1410, le procès-verbal de visite du prieuré mentionne la présence de quatorze moines à Longpont où le service divin est correctement effectué bien que les bâtiments menacent ruines tant à l'intérieur qu'à l'extérieur « edificia minantur ruinam intus et extra ». Les visiteurs de la province de France énoncent quatre prieurés sous les ordres de Longpont : Forges-les-Bains, Orsay, Saint-Julien le Pauvre et Montlhéry « prioratus de Falgis, de Hordaio, Sancti Juliani Pauperis, de Monte Leideyrio ». En outre il est fait mention que les visiteurs n'ont pas imposé le prieur de Forges parce que le prieur était occupé par des gens d'armes. Lors de la diète de Cluny du 16 mai 1451, les définiteurs présidés par l'abbé Mauziac écoutent les visiteurs venus à Longpont où le prieur cumule plusieurs bénéfices, la commende du prieur de Port-Dieu et les fonctions de prieur de Saint-Julien le Pauvre. Il est dit que le cloître, les dortoirs, la chapelle du seigneur prieur, la grange et les autres bâtiments nécessitent de grosses réparations. Les définiteurs et l'abbé de Cluny font remarquer que le pape a déclaré que la commende devait être révoquée et supprimée. Lors du Chapitre général du 27 avril 1455, les visiteurs de la province de France ont inspecté les prieurés de de Longpont et de Saint-Julien le Pauvre. Ce couvent abrite les étudiants Artiens qui y tiennent leurs assemblées par que les lieux sont grands et appropriés. Ledit prieuré est menacé de ruine totale. La faute en incombe au prieur commendataire de Longpont qui n'a pas remédié à cet état de chose depuis quelque temps. Encore une fois, les définiteurs et le père abbé de Cluny exigent la révocation de la commende à Longpont. Les visiteurs clunisiens sont, au cours du printemps 1458, à nouveau à Saint-Julien le Pauvre où un seul curé séculier assure le service divin « in prioratu Sancti Juliani Pauperis, unito prioratui de Longo Ponte, ibi est unus presbyter secularis … ». Ce prêtre reçoit des émoluments qui se montent à 30 écus. Il n'y a qu'un seul calice et les livres religieux sont en bon état. Les vitres de l'église ont été réparées par l'Université de Paris « reparata in vitris per Universitatem Parisiensem » parce qu'elles avaient été brisées lors de l'élection du recteur par les nouveaux maîtres des Arts. Le prieur et son neveu sont les seuls membres du prieuré qui perçoivent quelques revenus. Les définiteurs prient le père abbé de Cluny de rémédier à cet état de fait sous le risque de voir le prieuré tomber en ruines.
L'Hôtel-Dieu de Paris et Longpont Sous les Mérovingiens, dans l'atrium , enceinte de l'église cathédrale de Paris se trouvait l' hospice des pauvres matriculaires , qui fut l'origine de l' Hôtel-Dieu « Domus Dei ». Selon la légende, cet établissement aurait été fondé au VIIe siècle par saint Landri, évêque de Paris (3). Près de la maison de l'évêque existait un lieu destiné à la nourriture des pauvres inscrits sur la matricule de l'église. Ils étaient logés et soignés, voilà l'origine des hôpitaux voisins des églises. L'Hôtel-Dieu de Paris reçut, à diverses époques, un nombre considérable de bienfaits de la part des rois, et surtout des particuliers. En mars 1208, Philippe Auguste donna toute la paille de sa chambre et de sa maison de Paris, chaque fois qu'il partait de cette ville pour aller coucher ailleurs « omne stramen de camera et domo nostra Parisiensi … ». Il va sans dire que cette généreuse libéralité donne une idée de l'état où se trouvaient les malades qui recevaient cette paille triturée et salie. En 1248, Saint Louis accorda l'usage du droit de « denrées des marchés » et déclara l'Hôtel-Dieu exempt de toutes contributions et augmenta les bâtiments jusqu'au Petit-Pont (4). Outre les bienfaits de rois déjà mentionnés, Philippe le Bel se montra aussi généreux en accordant un amortissement général et la confirmation de tous les biens. Sous l'Ancien régime, cet hôpital est placé sous la direction d'administrateurs, procureurs des « frères et sœurs de l'Hôtel-Dieu ». Recevant des libéralités, des biens-fonds mais également des valeurs monétaires, la politique patrimoniale des administrateurs se comprend par l'étude des registres terriers et les minutiers.
La censive de l'Hôtel-Dieu L'Hôtel-Dieu de Paris, propriétaire foncier avait rang de seigneurie ecclésiastique et percevait cens, rentes, usufruits, droits seigneuriaux et féodaux sur quantité de biens localisés dans la région de Montlhéry. L'établissement avait de nombreuses possessions dans le monde rural : maisons, terres, vignes, prés, bois, etc. À Montlhéry, les biens sont principalement des vignes situées dans le canton dîmier du prieuré de Longpont. La liste des censitaires de l'Hôtel-Dieu est longue et nous ne donnerons, ici, que les plus significatifs. Les minutiers du prieuré et le terrier de l'Hôtel-Dieu rappellent les désordres engendrés à Longpont au cours des XIVe-XVe siècles. Dès 1406, Gilles de Montaigu, prieur de Longpont donne à bail deux arpents de terre en friches entre Biron et Guiperreux « à Guillier Renault moyennant 2 sols parisis de cens et sujet à dixmes ». En août 1412, Jean Fichet devient censitaire pour « un arpent de friche qui fut jadis en vignes situé au Pressoir du Roy ». Jacquet Milon, potier de terre demeurant à Montlhéry, prend un « bail à cens d'un arpent de friches et vignes situé au terroir de Montlhéry, près le Chesne Luisant (14 aoust 1449). À la charge de 18 deniers parisis de cens payable le jour Saint Rémy sous peine de 5 sols d'amende ». Le 1er mai 1446, Marguerite de Brétigny, femme de Raoul de la Tournelle , rendit aveu et dénombrement à Denis du Moulin, évêque de Paris et seigneur de Vaugrigneuse. L'aveu dénombrement de Brétigny comporte 37 articles sur lesquels on relève quelques détails. «… 4 arpents de vigne en friche au lieu-dit les Préaux sur Chanquille ; 16 arpents de terre en friche et déserts appelés les Glaisières ; 2 arpents de terre en friche séans au Buisson-Bailleau ; 6 arpents de terre en friche par delà le bois du Plessis-Pâté ; 72 sous de cens appelé le Grand cens, reçu le jour de Saint-Martin, réduit d'abord à 20 sous, puis à rien ; 36 sous de cens appelé le Petit cens, reçu le jour des Morts, réduit à 24 sous à néant.... . ». La longue nomenclature où reparaissent si souvent les mots "en friche" lorsqu'il s'agit du sol, et le mot "néant" quand il est question du cens ou redevance en deniers ou en nature, suffit pour donner quelque idée déplorable de la région en 1446. Au début du XVe siècle, comme l'indique la déclaration du 29 juillet 1413, le terroir de Biron était dans la censive de l'Hôtel-Dieu de Paris. « Bail à cens et rente par les frères et sœurs de l'Hôtel-Dieu de Paris à Thomas l'Espinette, demeurant à Linois de deux arpents ou environ de patis, aulnoye, hayes et buissons situés au Patis de Bizon. À la charge de payer annuellement 4 deniers parisis de cens 7 sols parisis de rente annuelle et perpétuelle envers led. Hôtel-Dieu ». Il semble qu'à cette époque le terroir de Biron était en friche du fait de la guerre de Cent ans. Ainsi, à la fin de la guerre de Cent ans, le « Patis de Biron » devint un chantier à part entière (5). En 1453, le toponyme du chantier des Graviers de Biron apparaît dans les minutiers de l'Hôtel-Dieu où Jean Massou le jeune, laboureur de Montlhéry déclare bailler à cens trois quartiers de vigne «… à la charge de payer annuellement 4 deniers parisis de cens 18 deniers parisis et 18 deniers d'amortissement de pressoir au profit dud. Hôtel-Dieu ». Les terriers et censiers de l'Hôtel-Dieu, nous font revivre les habitants de Longpont. « Du 14 février 1450, bail à cens par les frères et sœurs de l'Hôtel-Dieu de Paris à Perrin et Dimanche Cordeau de 3 quartiers et demi de friche et vigne au lieudit le Pressoir du Roy qui fut à Guillin Coffret. A charge de 3 sols de cens payable le lendemain de Noël au profit dudit Hôtel-Dieu ». Le 21 janvier 1455, Dimanche Cordeau, laboureur à Guiperreux signe un bail emphytéotique avec les « frères et sœurs de l'Hôtel-Dieu de Paris » d'un demi-arpent de vigne dans leur censive des Graviers « à la charge de 6 deniers parisis de cens et 2 sols parisis d'amortissement de pressoir au profit de l'Hôtel-Dieu ». Le 7 mars 1461, « bail à cens par les frères et sœurs de l'Hôtel-Dieu de Paris à Guillaume Lemaçon, laboureur à Montlhéry de trois quartiers de friches de vignes situés aux Bas-Graviers et un demi-arpent de friches de vignes audit lieu. À la charge de 6 deniers de cens et 3 sols parisis d'amortissement pour les 3 quartiers et 6 autres deniers parisis de cens affectés sur ledit demi-arpent ». Plus tard, Simon Cordeau, couturier, les frères Pierre, Jean et Michel Cordeau, laboureurs, étaient censitaires à Longpont. Jean Georgette, marié à Jeanne Cordeau, avait aussi un lopin de vignes du côté de Guiperreux « Du 21 décembre 1463, bail à cens par les frères et sœurs de l'Hôtel-Dieu de Paris au nommé Jean Georgette, laboureur demeurant à Montlhéry d'un demi arpent de friches de vignes, chantier des Graviers. A la charge de 6 deniers parisis de cens et 2 sols d'amortissement au profit dudit Hôtel-Dieu ». Un bourgeois de Paris nommé Colin le Roux prend, le 22 mars 1475, un bail à cens auprès de l'Hôtel-Dieu pour « 6 arpents de patis et aulnois en friches au Patis de Bizon. À la charge de 2 sols parisis de cens par arpent ». La reconnaissance du 3 février 1518 de Jean Thomas porte sur un quartier tant de vignes que friche au chantier des Sablons au profit de la Confrérie Notre-Dame de Longpont. Les terriers ne mentionnent plus de friches à Longpont à partir de cette date de 1518. Comme tout autre seigneur, ces Messieurs les Administrateurs de l'Hôtel-Dieu ne font pas de cadeaux à leurs censitaires. Parfois, on devine quelque machination dont sont victimes des mineurs incapables de se défendre et dont le tuteur abuse. Certains préfèrent « déguerpir », c'est-à-dire abandonner un héritage contre le rachat d'une rente trop lourde. Il en fut ainsi à Saulx dans la censive de l'Hôtel-Dieu de Paris. La terre plantée à moitié de vigne des héritiers de Pierre Roussel fut mise en vente à la criée à l'issue de la grande messe du dimanche 11 septembre 1632, pour une rente de 50 sols qu'ils ne purent payer. Les enfants mineurs de Jean Baron l'aîné abandonnent un quartier de terre près la Croix-Rouge -Fer pour « demeurer quitte envers les moines des arrérages de 6 deniers parisis de cens, 16 sols tournois et une poule de rente affectés sur ledit quartier ». Bien que le système féodal de la censive perpétuelle protégeât le tenancier contre l'offensive seigneuriale, contre les « réunions à la réserve », contre l'éviction pure et simple, la misère imposait l'obligation de vendre. Au milieu du XVIIe siècle, les gouverneurs de Paris ne pouvaient plus tenir un domaine éparse, ruiné et difficile à gérer dans la région de Montlhéry. Un grand nombre d'intermédiaires, régents, procureurs, fermiers réduisaient les revenus qui étaient devenus incertains. De plus, presque tous les particuliers avaient été complètement ruinés pendant les évènements de la Fronde. De nombreux exemples peuvent être donnés, c'est le cas douloureux de Nicolas Moyen, laboureur à Bondoufle, que les moines obligèrent à comparaître le 25 mai 1655 devant la prévôté de Montlhéry « pour être payé des loyers, des dixmes et terres que ledit Moyen tenoit à Bondoufle, qui étoit insolvable et dont les bestiaux et autres effets ont été vendus ». C'était dans la nature des choses que les administrateurs de l'Hôtel-Dieu s'adressent aux religieux de Longpont qu'ils fréquentaient depuis longtemps. En 1229, un accord avait passé entre les administrateurs de l'Hôtel-Dieu de Paris et les religieux de Longpont, par lequel « lesdits administrateurs reconnaissent devoir une somme de 10 livres parisis de cens auxdits religieux pour une maison sçise dans la censive de Champlan ». Finalement, en 1324, les Religieux de Longpont avaient fait échange d'une maison qu'ils avaient à Paris, jouxtant l'Hôtel-Dieu, contre la maison, située près de l'église de Champlan, léguée par Guy de Palaciolo.
L'échange et transport de 1655 L'Hôtel-Dieu de Paris, établissement hospitalier de la rive droite manquait d'une chapelle et Mazarin avait donné son accord pour une extension sur la rive gauche de la Seine. Dans le but d'agrandir l'établissement qui ne pouvait recevoir que 1.200 à 1.300 malades, le cardinal Mazarin légua une somme de 70.000 livres à l'Hôtel-Dieu ; le duc de Mazarin, neveu du cardinal, y ajouta 30.000 livres , d'autres personnes pieuses en donnèrent 60.000. C'est alors qu'on projeta de prolonger les bâtiments au-delà de la rive gauche, seule possibilité d'extension. De ce fait, l'union du prieuré de Saint-Julien à l'Hôtel-Dieu devenait évidente. Des pourparlers s'étaient engagés avec le prieuré de Longpont, chef de groupement clunisien qui possédait le prieuré parisien depuis 1120 et les supérieurs de l'Ordre de Cluny. À cette époque, le prieur commendataire de Longpont était Michel Le Masle, ancien secrétaire et homme de confiance du cardinal de Richelieu. Les évènements de la Fronde précipitèrent les discussions et amenèrent les administrateurs de l'Hôtel-Dieu de Paris à reconsidérer la gestion des biens-fonds à Montlhéry. En 1655, l'affermage des cens et droits seigneuriaux au terroir de Montlhéry donnait un revenu annuel de 30 livres tournois. Le 30 avril 1655, un échange en forme de transaction est passé entre les gouverneurs de l'Hôtel-Dieu de Paris et Bernard Patron, docteur en théologie, prieur claustral et aumônier titulaire du prieuré Saint-Julien-le-Pauvre. « Par lequel échange les dits religieux consentent la suppression du titre du prieuré de Saint-Julien-le-Pauvre à Paris, ainsi que tous les fruits, revenus et généralement tous les droits en dépendant ». En contre échange, les gouverneurs de l'Hôtel-Dieu de Paris ont cédé aux religieux :
Plaque au dessus de la porte occidentale fixée à la fin du XIXe siècle (6).
Le cardinal Mazarin était abbé commendataire de Cluny ; il fut représenté par son intendant Colbert, qui signa l'acte d'échange et de transport avec Michel Le Masle et Paul Meliand, prieur commendataire de Saint-Julien-le-Pauvre. Selon les documents de la Bibliotheca Cluniacensis , la réunion de Saint-Julien-le-Pauvre à l'Hôtel-Dieu de Paris fut confirmée par bulle du pape Alexandre VII promulguée le 8 mars 1659 et, en juin 1697, par les lettres patentes du roi Louis XIV « l'Hôtel-Dieu de Paris qui s'agrandissait et avait besoin d'une chapelle ». Désormais, les moines de Longpont étaient possesseurs de censives qui s'étendaient sur le terroir de Montlhéry. L'ensemble de la manse du prieur et les nouvelles acquisitions formaient ce qui a été appelé le Grand Couvent . Les revenus cédés en 1655 étaient constitués par des redevances féodales, cens, rentes, droits de pressoir, lods et ventes, amendes, etc. Les biens qui étaient possédés antérieurement à l'échange constituaient le Petit Couvent qui, servait à pourvoir les manses des moines et les dépenses d'entretien du monastère. Le censier de l'Hôtel-Dieu de 1717 explicite les chantiers sur lesquels les censives de Longpont s'étendaient. « Les Fleurances sont composées des basses, de celles de milieu et de hautes. Les basses sont du prieuré de Longpont, celles du réage du milieu, et les hautes sont de l'Hôtel-Dieu de Paris et de par l'échange aux Religieux et couvent de Longpont. Les Fleurances du milieu et d'en haut tiennent d'en bas avec le chantier de Mr le Prieur de Longpont d'en haut au chemin de Biron à la Croix-Rongefer ». À cette époque les vignerons de ce chantier sont : Jean Peuvrier, Pierre Clouzeau, Jean Benoist, Michel Bouzinard, Anthoine Bouzinard, Nicolas Charpentier, Pierre Mollû, Cosme Mollû, Jean Cordeau, le garçon, Denis Boizard, Pierre Clouzeau l'aîné, tous de Guiperreux et sont soumis aux obligations de pressoir banal.
Les contentieux issus de l'échange Dans la complexité féodale de l'Ancien régime venait se superposé les difficultés d'identification des droits à percevoir. Le redressement des mauvaises habitudes fut difficile est source de nombreux procès tant avec les seigneurs voisins qu'avec les particuliers. La dîme de vin qui à l'origine était une fraction variable de la récolte fut unifiée au cours du XVIIe siècle. Que la récolte soit bonne ou mauvaise, on prélevait une quantité fixe afin d'éviter la fraude par fausse déclaration. La dîme de vin était de « 2 pintes par barrique mesure de Montlhéry » ou « 10 pintes de vin par chacun arpent de vigne », sauf à Montlhéry, Linas et Marcoussis où elle n'était que de 8 pintes . Ainsi, bien que la récolte de 1726 soit très mauvaise, la dîme prélève les 13 pièces de vin qui viennent des 325 arpents du canton de Montlhéry. En 1717-1719, il y eut une procédure entre le prieuré de Longpont et Jean Fontaine, prévôt de Montlhéry associé à 22 autres vignerons de Montlhéry « qui voudroient se dispenser de payer la dixme sous prétexte des cens et rentes dont leurs héritages sont chargez sur quelques cantons de la paroisse de Montlhéry qui sont dans la seigneurie directe qui appartenoit à l'Hôtel-Dieu de Paris. ..». L'arrêt du Grand Conseil du 28 juin 1719 est rendu contre le sieur Fontaine et autres Montlhériens « et en conséquence condamne les susnommés de payer audit Prieur Religieux et Couvent de Longpont pour leurs fermiers et préposés les dixmes de grains et vin en nature telles quelles sont dues suivant l'usage des lieux surtout les terres, vignes et héritages possédés par lesdits dans les paroisses de Longpont, Montlhéry et notamment au terroir de Guyperreux lieux-dits les Graviers ». En fait, le travail des procureurs clunisiens de Longpont consista, au cours du XVIIIe siècle, à reconstituer les titres de propriété du prieuré, à établir l'inventaire patrimonial et à dresser de nouveaux terriers. Cette tâche fut considérable, sachant que nombre de titres et parchemins avaient disparu au cours du siècle dernier, à la suite des événements des guerres de religion, de la Fronde , ou simplement par négligence, et de l'échange avec l'Hôtel-Dieu de Paris qui augmentait considérablement le patrimoine du prieuré. D'autre part, il y eut des conflits internes, induits par le partage des revenus de la manse prieurale entre le prieur commendataire et les religieux ; ces disputes imposèrent un inventaire complet. Mais, une fois encore les censitaires furent les grands perdants. Depuis le commencement du XVIIIe siècle, des chicanes eurent lieu avec les seigneurs circumvoisins de la seigneurie ecclésiastique. Ceux-ci profitèrent du changement opéré lors de l'installation des bénédictins réformés, des différents concordats de partage du temporel du prieuré, de la perte d'une partie des archives de Longpont et de la situation complexe issue de l'échange avec l'Hôtel-Dieu de Paris. En 1710, dès l'installation du nouveau prieur commendataire, l'abbé Jean-Paul Bignon, il fut convenu de refaire le terrier du prieuré. « Extrait d'un concordat passé le 7 juin 1720 entre Jean-Paul Bignon, prieur commendataire du Prieuré Notre-Dame de Longpont et les Vénérables Religieux de l'Étroite Observance de Cluny. Par lequel lesdits religieux cèdent au sieur Bignon pendant sa vie seulement tous les cens, rentes foncières et féodales dus à cause du terrier de l'Hôtel-Dieu et ceux du Petit Couvent et des offices claustraux, tant du passé, présent, qu'avenir, les droits de chasses, afin qu'il soit permis d'en faire faire à ses frais le terrier général. Et de son côté ledit sieur Bignon leur cède et abandonne la coupe de tous les bois dépendants du prieuré, et 500 livres en billet de banque et la dixme en espèces sur les chantiers de l'Hôtel-Dieu. À la charge par eux de remettre la coupe desdits bois aux prieurs et ses successeurs » (7). En 1765, lors de l'établissement du nouveau terrier dit « du Grand Couvent » au profit des prieur et religieux de Longpont, un certain nombre de paysans ne purent prouver qu'ils avaient bien payé leur droit aux anciens seigneurs, c'est-à-dire les administrateurs de l'Hôtel-Dieu de Paris. Comme ils refusèrent de payer de nouveau, un procès eut lieu ; 65 paysans de Longpont et Montlhéry furent condamnés à payer 29 années d'arrérages de cens (on appliquait ici la coutume du trentenaire). Pour un certain nombre, ce fut la ruine et la misère complète. Quelques-uns durent déclarer « abandon » et vendre tous leurs biens. De censitaires, qualité abandonnée par manque d'acquis des débets, ils devinrent de simples manœuvriers offrant leurs bras aux laboureurs plus chanceux. On comprend que toutes ces tracasseries juridiques ont été dénoncées par les Cahiers de doléances d'avril 1789. Certaines assemblées paroissiales demandèrent : « la diminution des déclarations de tarifs de terrier » ; d'autres : « la rénovation des papiers terriers devenue abusive ... et que la durée soit portée à cent ans » ; d'autres encore : « que les frais occasionnés par les rénovations des papiers terriers soient à la charge du seigneur ». Malgré les secours et libéralités « il s'en falloit cependant encore de beaucoup que ces sommes pussent suffire à la dépense des bastiments nécessaires pour un pareil établissement & il était imprudent de commencer, sans savoir comment on en pourroit soutenir les charges … ». Finalement, les administrateurs résignèrent ; le projet d'hôpital pour convalescents ne fut finalement jamais réalisé, il n'empêche que l'église Saint-Julien-le-Pauvre demeure dépendante du bureau de l'Hôtel-Dieu. À la Révolution Saint-Julien sert de grenier à sel et conserve son activité de lieu d'entrepôt jusqu' en 1826. La même année Saint-Julien est rendu au culte et sert de chapelle à l'Hôtel-Dieu, ce qui nous permet encore d'admirer, de nos jours, cette magnifique église au cœur du quartier latin.
Epilogue L'échange de 1655 se concrétisa par une nette augmentation des revenus du prieuré car l'apport des censives de l'Hôtel-Dieu compensait largement la perte de Saint-Julien qui avait perdu son rôle prépondérant au sein de l'université. Pire son déclin et la menace de ruine était un charge pour Longpont. Mais la principale conséquence fut le conflit d'intérêt entre le prieur commendataire et les moines résidant à Longpont. Chacun entendait profiter des fruits du prieuré. Ce fut l'occasion de procès devant le Grand Conseil. Une fois encore la paix n'est revenue qu'au prix de concordat qui fixe les règles de répartitions. Les juristes ont considéré attentivement tous le papiers terriers depuis l'aveu de dénombrement de 1383. Un vrai travail de bénédictin !! En conclusion nous donnons ce que le notaire du Châtelet écrivit dans le traité de 1720 « sous le nom de Petit Couvent , la jurisprudence n'entend autrechose que ce qui a été donné nommément auxdits religieux par aumône ou par fondation depuis l'établissement de la commende, ou ce qui a été par eux acquis en particulier depuis le même temps, et encore c'est l'explication la plus favorable de ce terme, car ledit seigneur prieur soutient qu'on ne doit compter que depuis le partage, ainsy ledit seigneur prieur a été en droit de s'opposer aux prétentions desdits religieux … »
Notes (1) A. Le Brun, L'Église St.-Julien-le-Pauvre d'apres les Historiens et des Documents Inédits Tirés des Archives de l'Assistance Publique , (Paris, 1889). (2) Dom Charvin, Statuts, chapitres généraux et visites de l'Ordre de Cluny (Ed. E. de Boccard, Paris, 1970). (3) Selon Dulaure « cette opinion n'est appuyée sur aucun document historique, quoiqu'on ait répété ce fait comme certain, on ne l'a jamais prouvé » [ Histoire physique, civique et politique de Paris ], on aurait fait que répéter une erreur. (4) A u temps de Saint-Louis, l'ancien Hôtel-Dieu recevait 900 malades, 1.3000 sous Henri IV, 1.900 sous Louis XIV ; ces nombres furent souvent dépassés et s'élevèrent, dit-on, jusqu'à 9.000 en 1709, alors qu'on installait plusieurs malades dans un même lit ( le Paris pittoresque ). (5) Patis [lat. pop. pasticium " paître "], terre inculte, friche, lande sur laquelle on fait paître le bétail. Bien souvent les patis, aussi appelés bruyères sont des communaux. (6) L'inscription du fronton compte des inexactitudes Le Cardinal Mazarin n'était pas administrateur de Longpont mais abbé commendataire de Cluny. Longpont n'a jamais été une abbaye mais un prieuré. Le culte catholique grec n'a pas été introduit en 1892 mais en 1889. (7) L'abbé Jean-Paul Bignon, doyen de Saint-Germain l'Auxerrois, conseiller d'État prit ses fonctions le 15 février 1710 après la résiliation du prince Frédéric Constantin de la Tour d'Auvergne qui devint abbé de Cluny. L'abbé Jean-Paul Bignon mourut en 1735.
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