Le prieuré Notre-Dame de Longpont

XXI. Chartes relatives à Balizy

Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------------- _-------------------- --------- Août 2011

La ville, cité, université de Paris (plan de Belleforest, vers 1550).

C. Julien

 

 

 

Cette chronique est le vingt-et-unième volet de la série des textes qui présentent les chartes du prieuré Notre-Dame de Longpont «  ecclesia sancte Marie de Longo Ponte  » relatives à Balizy « Balisi, Balezy, Bolisiacum, Balisiacum ». Le hameau de Balizy (comm. et cant. Longjumeau, Essonne) se trouve à l'est de la ville de Longjumeau. Le site est surtout célèbre pour son histoire templière.

 

 

Les chevaliers de Balizy aux XIe-XIIe siècles

Nous trouvons plusieurs personnages de Balizy nommés dans le cartulaire du prieuré Notre-Dame de Longpont. Ils agissent en tant que témoins ou plèges lors des cérémonies de donation organisées dans l'église Sainte-Marie (1). Vers 1090, Hébert de Balizy «  Herbertus de Balisi  » est témoin avec de nombreux autres dont Baudouin de Ver, Bouchard de Châtres et Guillaume Cochivi quand Tevin de Forges, et Rainald de Braiolet sont nommés pour juger la plainte portée par Arnoult Malviel contre les gens du prieuré de Longpont qui malmènent les hôtes du couvent (charte LIV). La même année, Hébert de Balizy assiste les moines quand Hugues de Champigny prenant le froc à Longpont constitue sa dot en léguant une terre à Lysui de Longpont chargée de 2 sols de cens «  apud Longum Pontem de Lysui, tantum terre que reddit duos solidos de censu  » et une hostise à Forges-les-Bains comprend des terres avec les droits seigneuriaux et le champart «  apud Forgias, unum hospitem qui tenet duos arpennos terre; unus arpennus solvit jus et alter campart  » (charte CVII). Puis, Dodon de Balizy «  Dodu de Balisiaco  » est présent dans l'église de Longpont quand les fils de Renaud de Trousseau fondent, au profit des leur parents, un obit constitué par une terre à Breuillet (charte CLXXXVIII) .

Au début du XIIe siècle, un homme nommé Duran de Gravigny «  Durannus de Gravini  » était un familier de la châtellenie de Montlhéry. Son nom apparaît dans les chartes du Cartulaire du prieuré Notre-Dame de Longpont. Vers l'an 1100, il fut témoin avec Constantin de Villebouzin et de nombreux serviteurs du prieuré du concordat établi pour éteindre le conflit entre les moines de Longpont et les chanoines de Montlhéry à propos de la propriété du cimetière du lieu «  cimiterium consecratum suit  ». Ceux qui rendent le jugement sont Fulbert Pigment et Duran Coquel (charte LXII).

 

 

La famille Morhier

Toujours au début du XIIe siècle, nous trouvons la famille Morhier dont l'un d'eux est qualifié de chevalier de Balizy «  Moreherius miles  ». Amaury, Pierre et Geoffroy surnommé Morhier, sont les trois fils de Thibaud de Murs fils de Thibauld de Murs . Devant l'assistance réunie à Longpont, en tant que suzerains, les trois chevaliers et leurs plèges autorisent la donation d'une terre à Lysui de Longpont en faveur des moines faite par Geoffroy le Vilain «  Gaufredus Turpis  » et sa femme Doda (charte CIX). Dans cette charte, du côté des Morhier se trouve les chevaliers d'Etampes dont le vicomte Marc fils de Roscelin, Ours le Riche d'Étampes et son frère Aymon ainsi que le monnayeur Geoffroy . Nous voyons encore ce même seigneur Morhier de Balizy «  Moreherius de Balisiaco  » aux côtés d'Albert de Dourdan et de Simon de La Brosse le jour de l'entrée de Bertrand, fils d'Odon dans l'ordre clunisien au couvent Sainte-Marie de Longpont (charte LXXVII).

Il y a tout lieu de penser que Morhier de Balizy faisait partie était un allié de Thion d'Etampes. En effet, nous le trouvons à Longpont comme étant le procureur de Geoffroy, fils de Thion d'Étampes (charte CCXIV). «  Godefredus, filius Teudonis de Stampis, dedit Deo et sancte Marie de Longo Ponte, et monachis ejusdem loci, medietatem portus de Palvello; et per Moreherium, militem, de Balisi, misit donum apud Longum Pontem, quod ex sua parte super altare sancte Marie poneret. Et hoc donum concesserunt uxor ipsius Godefredi et Teudo, filius amborum. Hujus rei sunt testes: Ansellus, monachus; Mainerius, filius Alberti; Guido, frater ejus; Arnulfus Ruffus, de Alvers; Moreherius, miles ; Paganus, filius Anseis  ».

Une traduction succincte nous indique que «Geoffroy, fils de Thion d'Étampes, a donné à Dieu et à Sainte Marie de Longpont et aux moines de ce lieu, la moitié du péage «  portus  » de Palleau et par l'intermédiaire du chevalier Morhier de Balizy mit l'acte de donation à Longpont qu'il posa de sa part sur l'autel de Sainte Marie. La femme dudit Geoffroy et son fils Thion autorisent cette donation tous deux ensembles. Les témoins de cette chose : le moine Ansel, Mainer fils d'Albert, Gui son frère, Arnoux Le Roux d'Auvers, le chevalier Moreher et Payen fils d'Anseau».

C'est bien le seigneur de Balizy qui place l'acte de donation sur l'autel de la Vierge. Ce fut sans doute une petite cérémonie car les témoins sont des petites gens et des serviteurs des moines, excepté Arnoux Le Roux d'Auvers qui devait être un vassal de Thion 1er d'Étampes. Ce dernier était, en 1082, aux côtés de Philippe 1er confirmant les immunités de Notre-Dame d'Etampes. Il est désigné par Thion d'Étampes fils d'Ours de Paris « Teudo de Stampis filius Ursonis de Parisius » . En 1085 on retrouve à Etampes Thion 1er et son fils Aimon « Teudo et filius ejus Haimo ». Ainsi, Geoffroy autre fils de Thion d'Étampes possédait le péage à Palleau (comm. de Ballancourt) qu'il donna aux moines de Longpont avec l'accord de sa femme et de son fils Thion III. Geoffroy tenait ce droit en fief de son cousin germain, Thion II, fils d'Ours ou Orson II. Ce dernier personnage approuva le legs de son cousin en présence de Simon châtelain de Neaufle, Thomas de Bruyères-le-Châtel, Roger et son fils Gautier de Saint-Yon, Roger Huet et autres (charte CCXV).

 

 

L'hostise de Rascicot

Nous venons d'évoquer la présence de Morhier de Balizy, seigneur de ce lieu lors de la prise de froc de Bertrand. Pour constituer sa dot, le nouvel impétrant donne tout son patrimoine qu'il avait tant à Marcoussis qu'à Balizy. Voici la charte LXXVII du cartulaire de Longpont transcrite par Jules Marion : «  Bertannus, filius Odonis, filii Alvi, abrenuncians seculo et habitum monachi sumens, dedit Deo et sancte Marie de Longo Ponte, et monachis ibi Deo seventibus, unum hospitem, nomine Androldum, filium Bernoldi, apud Marcocias, in Burco Medio ; et unum dimidium apud Balisiacum, nomine Rascicot, qui solvit sex denarios et obolum, ad festivitatem sancti Remigii ; et omnem decimam de Lachieinrem. Histi vero sunt testes : Odo, filius Alvi ; Landricus, filius ejus ; Hugo, filius Alvi ; Odo Codive ; Moreherius de Balisiaco ; Gaufredus, major ; Oylardus, famulus ; Garnerius, gener ejus ; Albertus de Dordigco ; Symon de Brucia  ».

Cette charte donnée à Longpont vers 1100, peut être traduite de la façon suivante : «Bertrand, fils d'Eudes, fils d'Alvi, abandonnant le siècle et prenant l'habit de moine, donna à Dieu, à Sainte Marie de Longpont et aux moines qui servent Dieu dans ce lieu, une hostise tenue par le nommé Androld, fils de Bernold au Bourg du centre de Marcoussis, et la moitié [d'une hostise] du nommé Rascicot, située à Balizy qui est chargée de six deniers et obole rendus à la fête de Saint-Remi ; et toute la dîme de Chêne-Rond. Ceux qui ont vu et entendu cela : Odon fils d'Alvon, Landry son fils, Hugues fils d'Alvon, Odon Codive, Morhier de Balisy, le régisseur Geoffroy, le serviteur Oylard, Garnier, son père, Albert de Dourdan et Simon de la Brosse ».

Nous n'avons aucune information sur l'origine des trois personnages, le nouveau moine et son père Eudes, lui-même fils d'Alvon. Par contre les parents du novice sont présents à Longpont : son père Eudes, son frère Landry et son oncle Hugues. Ainsi, il semble que Bertrand soit encore jeune puisque son père est vivant. En ce qui concerne Balizy, cette famille y avait un fief où l'hôte Rascicot payait un cens six deniers et obole. On peut imaginer que l'autre moitié était possédée par Landry, frère de Bertrand.

En outre, cette famille possédait des biens plus importants à Marcoussis : hôtes et dîmes. Dans un premier temps, le scribe écrit «  apud Marcocias, in Burco Medio  » au Bourg du centre de Marcoussis, pour distinguer ce lieu de celui du hameau le Chêne-Rond qui suit. Dans son dictionnaire géographique Jules Marion mentionne : «  Lachieinrem ou la Chiein Rem, nous supposons que ce nom barbare, mal transcrit par le scribe du Cartulaire, qui n'avait pu déchiffrer convenablement le texte de la charte originale, doit s'appliquer au lieudit le Chêne-Rond, commune de Marcoussis  ». Ici, nous assistons au transfert au profit de l'Église des droits dîmiers confisqués pendant plusieurs siècles par les seigneurs laïcs.

 

 

Le legs d' Émeline de Fleury

Vers l'an 1100, dame Émeline fonde un obit auprès des moines du prieuré de Longpont. Cette libéralité est faite quand étant sur son lit de mort demande son salut en donnant quatre arpents de terre à Balisy (charte LXXIX). Voici le texte transcrit par Marion : «  Emelina, filia Roberti de Fluriaco, veniens ad mortem, dedit Deo et sancte Marie de Longo Ponte IIII arpentos terre de sua hereditate, apud Balisiacum, concedente viro suo, Hugone, filio Alvei ; scilicet arpennum Berardi, et arpennum Alelmi, et duos arpennos ante domum Bernonis, sutoris, qui tunc temporis sine domibus erant. Hii sunt testes sancte Marie : Paganus Castellus ; Anseis de Villa Justa ; Oylardus, famulus ; ex sua parte : Hugo, vire jus, et Galterius de Grini  ».

Une traduction succincte peut être la suivante : « Émeline, fille de Robert de Fleury, venant à mourir, donna à Dieu et à Sainte Marie de Longpont, quatre arpents de terre de son héritage, situés à Balisy, son mari Hugues, fils d'Alvei approuva. Bien entendu, il s'agit d'un arpent de Berard, d'un arpent d'Alelmi, et de deux arpents devant la maison de Bernon, le cordonnier, qui à l'époque était sans propriétaire. Les témoins de Sainte Marie sont : Payen Château, Anseau de Villejust, le serviteur Oylardus, de la part d'Emeline : Hugues, son mari et Gautier de Grigny ».

En rapprochant ce texte de la charte LXXVII, nous trouvons que cette dame Émeline de Fleury est la femme d'Hugues de Murs, fils d'Alvon «  Alvei  » et frère du seigneur Morhier de Balisy. La superficie de la terre léguée aux moines est assez considérable pour l'époque, sachant qu'un arpent était cultivé, en moyenne, par un attelage. Robert de Fleury fut cité avec d'autres chevaliers de Montlhéry, Gui de Linas, Bouchard de Vaugrigneuse, Aymon de Massy et Gui l'Angevin, comme témoins des moines lorsque le seigneur Hugues de Champigny prit le froc clunisien au couvent de Longpont (charte CVII).

 

 

Le legs de Gilbert de Balizy

Un autre personnage du nom de Balizy apparaît dans le cartulaire de Longpont, charte CXXX donnée vers 1100. Voici le texte de ce diplôme «  Domnus Gislebertus de Balisiaco dedit Deo et sancte Marie de Longo Ponte, et monachis ibidem Deo famulantibus, duos arpennos terre, secus viam Buxiarie, domni Galterii de Castris. Hujus rei testes sunt hii : Petrus, Andreas, Bernardus de Orceaco, Fredericus de Morseng, Bernardus, famulus ; Engelrannus de Opere ».

La traduction sommaire donne : «Le seigneur Gilbert de Balizy donna à Dieu, à Sainte Marie de Longpont, et aux moines qui y servent Dieu, deux arpents de terre, le long du chemin de Boissière dans le fief de Gautier de Châtres. Les témoins de cette chose sont : Pierre, André, Bernard d'Orsay, Frédéric de Morsang, le serviteur Bernard, Enguerrand d'Opere».

Nous ignorons la parenté de Gilbert de Balizy avec la famille Morhier. Toutefois il est qualifié de seigneur «  domnus  ». A la même époque nous rencontrons un Gautier de Châtres qui avait fait promesse de donner aux moines de Longpont l'alleu de Fontaine et de Cossigny dans la paroisse de Saint-Philibert de Brétigny (charte CLII). Ce personnage est un familier du prieuré où il se trouve à plusieurs reprises comme témoin lors de donations.

 

 

La dîme de Thibaud de Balisy

Plus tard, vers 1136, sous le priorat de Landry, Thibaud de Balisy, avec l'accord de son frère Baudouin et son épouse, donne la dîme qu'il partageait avec les moines de Longpont au château de Montlhéry (charte XVI). «  Venturas in posterum generationes volumus non latere quod Theobaldus de Balisiaco, consilio et assendu fratris sui, Balduini, et uxoris ejus, de decima quadam, que sub castello Montis Letherici nostre communis erat, super altare beate Marie de Longo Ponte donum Landrico, priori, et fratribus ibi Deo famulantibus fecit, astante conventu et laicis pluribus circumstantibus ; et, ob spontaneam doni hujus concessionem, a priore supranominato XXVII libras de caritate idem Theobaldus accepit. Concessit hoc frater ejus, Balduinus, et uxor ejus, et donum misit super altare. Concesserunt et hoc Theobaldus Rufus, de quo tenebat hanc decimam Theobaudus et Hugo de Vallegrinosa, de quo Theobaudus Rufus tenebat, et se doni hujus testes, fidejussores et defensores futuros spoponderunt. Miserunt et ipsi donum super altare, astantibus his : Haymone de Boolum ; Oddone de Villamoyssun ; Johanne, famulo, et Ivone, fratre ejus ; Guidone Muler ; Guidone Blundo ; Gaufredo Anglico et Symone, filio ejus ; Theoderico, majore, et filius ejus, Gaufredo et Guillelmo. Apud Espinolium ergo, ubi uxores eorum, Balduini scilicet, Theobaudi Rufi et Hugonis, hoc concesserunt, assuerunt : Laurencius, monachus ; Philippus, prior de Brolio ; Victor, sacerdos de Espinolio ; Haymo de Boolum ; Johannes, famulus, et Ivo, frater ejus; Guido Blundus ; Gaufredus Anglicus et alii plures  ».

 

Une traduction sommaire donne : «Aux générations futures, nous voulons ne pas cacher que, Thibaud de Balizy , sur le conseil et avec l'accord de son frère Baudouin et son épouse, donna une dîme qui était en commun avec nous [moines de Longpont] au château de Montlhéry. L'acte de donation fut posé sur l'autel de Sainte Marie devant le prieur Dom Landry et les moines qui servent Dieu dans ce lieu. Ils ont donné vingt-sept livres de charité et Thibaud accepta. Son frère Baudouin et sa femme approuvèrent cette donation et posèrent l'acte sur l'autel. Thibaud le Roux, de qui venait cette dîme, et Hugues de Vaugrigneuse, de qui Thibaud la tenait, ont consenti aussi à cette donation. Ils posèrent l'acte sur l'autel, en présence des témoins : Aymon de Bullion, Eudes de Villemoisson, le serviteur Jean et son frère Yvon, Gui Muler, Gui le Blond, Geoffroy l'Anglais et son fils Simon, Théodore le régisseur et ses fils Geoffroy et Guillaume. Les épouses de ces derniers, bien entendu la femme de Baudouin, celle de Thibaud le Roux et celle d'Hugues, qui résident à Épinay, sont d'accord. Les témoins de cela : le moine Laurent, Philippe, prieur de Brolio, Victor, curé d'Épinay, Aymon de Bullion, le serviteur Jean et son frère Ivon, Gui le Blond, Geoffroy l'Anglais, et beaucoup d'autres».

Ainsi, dans cette charte apparaît la complexité du droit féodal puisque le fief de Thibaud de Balizy se tient en troisième position derrière le fief d 'Hugues de Vaugrigneuse et l'arrière-fief de Thibaud le Roux. Pas moins de six personnes doivent approuver le legs de Thibaud et toutes les épouses sont impliquées.

 

 

Étienne de Balizy

 

Près de cinquante ans plus tard, à la fin du XIIe siècle, un nommé Étienne de Balizy est mentionné dans le cartulaire de Longpont (charte CCXIX). Ce chevalier a été également cité, en 1169, dans le Grand pastoral de l'église Notre-Dame de Paris.

La charte de Longpont concerne la dot de Jean Escharat, prenant le froc à Longpont «  Johannes Escharat, apud nos habitum monachi bona devotione suscipiens ». L'impétrant donne les revenus de deux hostises et demi et la dîme d'Écharcon avec tous les droits rendant 12 deniers de cens à la Saint Rémi. Ces droits seigneuriaux sont payés par deux chevaliers, à savoir Étienne de Balizy à raison de six deniers; Bouchard de Palaiseau pour les six autres. Le nouveau moine décéda subitement et son frère Renaud accepta ce don et vint poser l'acte sur l'autel de la Vierge, le jour de l'enterrement de Jean « die obitus sepedicti Johannis  », promettant la garantie noble de son côté et écartant tout pouvoir de sa part.

Cinq ans plus tard, le chambrier de Longpont annote le diplôme de 1185 sur le rachat des rentes payées au prieuré : «  Prior Geroldus de beneficio domus nostre dedit militibus, Stephano et Buchardo, pro relaxatione illorum XII denariorum censualium, XL, id est unicuique XX solidos  », c'est-à-dire : le prieur Géraud [donna acte] à nos chevaliers Étienne et Bourchard, pour la suppression des douze deniers de cens, [par le paiement de] quarante et vingt sous. Cette phase confirme qu'Étienne de Balizy et Bouchard de Palaiseau étaient bien chevaliers.

En 1169, les lettres de Maurice de Sully, évêque de Paris, confirme la vente de Thibaud Cocherel de biens situés à Ivry «  apud Ivriacum  » tant en terres qu'en vignes et les hostises dans le fief de l'Église de Paris, moyennant 120 livres. La vente est garantie et concédée par plusieurs personnes : Nicolas le frère de Thibaud qui devint chevalier l'année suivante, sa sœur Adeline et son mari Pierre Pastille. De même Cécile, femme du susdit Thibaud, fille de Gautier de Bulion et Thibaud le Petit, son oncle maternel «  Theobaldus Parvus avunculus prefati Theobaldi  » et Étienne de Balizy «  Stephanus de Balisi  » donnèrent également leur approbation. Parmi les témoins, nous trouvons des seigneurs de la châtellenie de Montlhéry : Gui de Vaugrigneuse, Thomas de Châtres qui agissent en tant que plèges. Plusieurs clercs de Saint-Germain donnent également leur caution : le maître Manier, Rémy doyen de Saint-Germai et Renard chapelain (charte XXXVII du Grand pastoral de Notre-Dame de Paris).

 

 

Les témoignages et plèges

Vers 1140, Ansoud de Balizy assiste et témoigne en faveur de dame Rose, femme de Tibert de la Ferté-Alais « Roza, uxor Teberti, filii Aszonis, de Firmitate  », qui, au moment de trépasser, fonde un obit au prieuré Notre-Dame de Longpont. Il s'agit de l'hostise du nommé Évrard à Villiers située à Villiers « unum hospitem apud Vilers, Euvrardum nomine  » (charte CCCXLVII). Le mari de la mourante qui était parti en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, posa lui-même, à son retour, l'acte de donation sur l'autel de la Vierge à Longpont avec ses fils Pierre et Gilbert et sa fille Maria.

En 1150, après en avoir délibéré avec Thibaud, évêque de Paris, et Ansoud Le Riche de Chailly «  Ansoldo Divite, de Calliaco », le prieur Thibaud achète à Bouchard de Chailly la moitié de la dîme de Nozay pour la joindre à la partie déjà possédée par les moines de Longpont (charte CCLXXXVIII). La vente est réalisée moyennant 21 livres parisis ou 16 livres et demie tournois, dont nos moines de Saint Julien étaient redevables. Encore une fois, de nombreuses personnes donnèrent approbation : Milon de Marcoussis dont la dîme était dans la mouvance, le susdit Ansoud Le Riche, sa nièce Gile, ses fils Ansold et Gislebertet sa fille Eremburge. Du côté de cette famille se trouve Garin de Balizy qui assiste en tant que plèges.

En mars 1216, cinq chevaliers sont solidaires et agissent comme plèges lors d'un échange entre Nicolas Cocherel et le chapitre Notre-Dame de Paris (charte LVI du Grand pastoral). Ce sont Guy de Balisy , le chevalier Bouchard Cocherel, Pierre de Villiers, Pierre Baiguenel et Baudoin Cocherel. Devant maître Nicolas de Carnot, chanoine de Paris mandataire de l'Église de Paris, Nicolas Cocherel et son épouse Marie, avec le consentement de leur fils Renaud, sont présents et déclarent et confessent qu'il recevaient 30 livres parisis de la dîme de Colleriz, lieu-dit du village de Wissous, fief de l'évêque de Paris, tant en blé qu'en vin, exempt et libre de tout service de mars à mars, et s'engagent à demander les parts qu'il viendrait à racheter. Par la suite le susdit magistrat donnera à Nicolas Cocherel par réciprocité 8 livres parisis sur cette dîme et ainsi elle est fixée à 38 livres parisis. Marie, épouse de Nicolas, en mauvaise santé, donne son consentement au régisseur de Longjumeau «  Lonjumel  » envoyé par le chanoine et Simon de Villemoisson dans le fief duquel se trouve cette dîme consent à tout cela.

 

Charte CCCXXVII de l'église et chapitre Saint-Merry de Linas (XIIIe s.).

 

Nous retrouvons Gui de Balizy dans une charte du cartulaire du chapitre Saint-Merry de Linas. Les lettres d'Etienne, archidiacre de Paris «  Stephano parisiensis archidiaconi  », portent concession à l'église de Saint-Merry de Linas, par Ferri Pâté, chevalier « domino Ferricus Pate miles  », de ses droits, «  quicquid habebat vel se habere credebat  », comme arrière seigneur sur un demi-muid de blé que Gui de Balizy «  in demimidio modio bladi que Guido de Balisi miles defunctus et uxor suo vendidit ecclesia sancti Medericy de Linas  », en son vivant chevalier, et sa femme avaient vendu à ladite église. À la demande des parties «  in autem rei memoriam ad petitionem partium  », le scel de la curie parisienne est apposé en témoignage de cette concession. Fait l'an de grâce 1224 au mois de février.

Au mois d'avril 1230, les lettres de Pierre, évêque de Paris, confirment la vente de la dîme de Fresnes «  decimam de Fraxinis  » tant en blé qu'en vin par Étienne de Fresnes au profit de l'église Saint-Honoré de Paris, moyennant 510 livres. Cette dîme était mouvante par tiers dans les fiefs d' Eudes de Balizy «  Odo de Balisi  », de Nicolas de Champ et de Foulques de Ler. Cette vente est réalisée avec la caution de Ferry de Palaiseau et Hugues de Alnet.

 

 

Le fief de Guillaume de Balizy

Nous rencontrons dans deux chartes du Grand Pastoral de Notre-Dame de Paris, un personnage nommé Guillaume de Balizy « dominus Guillelmus de Balisis, miles  » intitulé seigneur et chevalier. Il n'est autre que l'oncle de Guillaume Bataille le fameux chevalier qui vendit sa seigneurie aux Templiers en 1288 .

Le premier texte (charte CCXXIV) transcrit par Benjamain Guérard (2) est le suivant : «  Anno Domini MCCLX nono die sabbati post quindenam Pasche, dominus Guillelmus de Balisis , miles, fecit homagium domino Stephano, episcopo Parisiensi, se septem quarteriis vinearum sitarum apud Sanctum Clodoaldum, et de retrofeodo quem tenet ab eo in feodum dominus Gaco de Bosco, miles, in domibus existentibus apud Sanctum Clodoaldum et in aliis. Et debet tradere partes feodi in scriptis indra XL dies  ».

« La transcription sommaire donne : « L'an de grâce 1269, le samedi cinquième jour de Pâques (le 13 avril 1269), le seigneur Guillaume de Balizy, chevalier rend foy et hommage au seigneur Etienne, évêque de Paris, pour les fiefs qu'il tient, c'est-à-dire sept quartiers de vigne situés à Saint-Cloud et pour l'arrière-fief qu'il tient dans la seigneurie du chevalier Gaco du Bois aussi à Saint-Cloud. Et celui est passé par les parties dans le temps de quarante jours ».

Le second texte (charte CCLXXVIII) contient une déclaration de foy et hommage identique devant l'évêque de Paris. Cette fois, l'acte est passé le 18 juin 1273 par Marguerite, la veuve de Guillaume. Voici le texte de Guérard : «  Anno eodem, die dominica ante nativitatem beati Johannis Baptiste, Margareta, relicta defuncti Guillelmi de Balisis, militis, fecit homagium sicut feodum debet, domino episcopo Stephano, de septem quateriis vinearum sitarum apud Sanctum Clodoaldum, et de quodam retrofeodo quem tenet ab ea dominus Gaco de Bosco, miles, in domibus existentibus apud Sanctum Clodoaldum et in aliis... et hoc fuit in prioratu de Atis, in claustro monachorum  ». Ainsi le scribe reprend les mêmes temps que quatre ans auparavant avec toutefois la mention ""et ceci est dans le clos des moines du prieuré d'Athis" «  hoc fuit in prioratu de Atis, in claustro monachorum  ».

Ainsi, ce diplôme nous apprend que le chevalier Guillaume de Balizy mourut en mai ou juin 1273. Après la mort d'Isabelle la fille de ce dernier, l'héritier de la seigneurie de Balizy fut Guillaume dit Bataille. Jusqu'en 1288, la " terre et seigneurie de Balizy " appartenait à ce chevalier. Par des lettres du mois de juin 1288, le seigneur de Balizy vendit son domaine à frère Jehan de Tour, trésorier de la maison du Temple , à Paris, pour le prix de 1.400 livres parisis. Comme cette terre relevait directement de la couronne, Philippe le Bel en approuva et confirma la vente par une charte, datée du mois de juin de l'année suivante.

À suivre…

 

 

Notes

(1) J. Marion, Le Cartulaire du Prieuré de Notre Dame de Longpont de l'ordre de Cluny au diocèse de Paris (Impr. Perrin et Marinet, Lyon, 1879).

(2) B. Guérard, Cartulaire de l'église Notre-Dame de Paris , 4 tomes (Impr. de Crapelet, Paris, 1850).

 

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