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Le prieuré Notre-Dame de Longpont

XXVI. Chartes relatives à Viry (2)

Cette chronique est le vingt-sixième volet de la série des textes qui présentent les chartes du prieuré Notre-Dame de Longpont « ecclesia sancte Marie de Longo Ponte  » dont certaines sont inédites (1). Il s'agit d'actes relatifs à Viry (ch.-l. cant., Essonne), paroisse dans laquelle les religieux de Longpont partageaient des droits dîmiers avec les chanoines du Chapitre Notre-Dame de Paris . Cette dernière partie évoque les donations de Girard ou Géraud Gastinel et l'échange entre les moines de Longpont et le Chapitre de Notre-Dame de Paris.

C.Julien Janvier 2013

 

Legs des serfs à Viry

Deux chartes concernent le don d'un serf par Girard Gastinel au couvent de Longpont. Nous sommes au début du XIIe siècle, au plus fort des donations de biens temporels au prieuré Notre-Dame. Sur la charte CXXII donnée vers 1100, nous trouvons le seigneur en partie de Viry donnant son serf Herbert avec l'approbation de sa femme et ses enfants. Notons que [ servum ] est le serviteur ou plutôt l'esclave ou le serf , au sens de la société féodale. «  Giroldus Gastinellus et filius ejus, Anseredus, cognomento Sultanus, donaverunt Deo et sancte Marie de Longo Ponte, et monachis ejusdem loci, hominem quendam, Herbertum nomine, quem secundum seculi consuetudinem habebant servum, et donum super altare sancte Marie posuerunt. Hujus rei sunt testes isti : Garnerius, famulus ; Meingodus, talamerarius ; Durannus de Vilers ; Osbertus, frater ejus ; Rainardus Huretus. Hoc ipsum donum fecit Avelina, uxor ipsius Giroldi, apud Viriacum ; quod concesserunt filii amborum, Odo atque Hugo, et filia eorum, nomine Emelina. Cujus rei sunt testes isti: Guido de Saviniaco, Rogerius de Saviniaco, Galterius de Buevria, Johannes, filius Rogerii ».

Voici la traduction : « Girard Gastinel et son fils Ansered, surnommé Sultan , donnèrent à Dieu et à Sainte Marie de Longpont et aux moines de ce lieu, un serf nommé Herbert qui suivant la coutume séculaire est sous leur dépendance, dans leur fief, et ils placèrent l'acte sur l'autel de Sainte Marie. Les témoins de cette chose : le serviteur Garnier, Meingod, le boulanger, Duran de Villiers, Osbert, son frère, Rainard Huret. Cette donation faite à Viry par Aveline, épouse de Girard , est approuvée simultanément par leurs fils Odon et Hugues et leur fille nommée Emeline . Ceux qui sont témoins de cette chose : Gui de Savigny, Roger de Savigny, Gautier de Bièvres et Jean, le fils de Roger».

 

 

La même année, le legs du serf Herbet par Girard Gastinel, seigneur de Viry, est accepté par son suzerain Baudoin de Corbeil (charte CXXIX). «  Domnus Balduinus de Corboilo, qui etiam de Belvaco dicitur, concessit ecclesie de Longo Ponte donum, quod Giroldus Gastellinus antea fecerat de quodam homine, scilicet Herberto nomine, quem secundum seculi consuetudinem servum habebant. Hujus rei sunt testes isti: Paganus de Stampis, Ingenulfus de Firmitate, Heinricus, filius Fulcoidi; Uvvanus, Nanterius, Lysiardus, filius Godefredi; Paganus Bifol, Paganus, filius Garini; Paganus, filius Fillonis; Teobaldus de Guicha, Oylardus, filius Oylardi; Teboldus de Genueriis  ».

Voici la traduction sommaire : « Le seigneur Baudouin de Corbeil, qui était dit de Beauvais, consent l'offrande faite à l'église de Longpont, par Girard Gastinel , d'un homme nommé Herbert, qui selon la coutume séculaire était son serviteur. Les témoins de cette chose sont : Payen d'Étampes ; Ingenulf de La Ferté, Henri, le fils de Fulcoid, Uvarus, Nantier, Lysiard, les fils de Godefroy, Payen Bifol, le fils de Garin, Payen, le fils de Fillon, Thibaud de La Guiche, Oylard, le fils d'Oylard, Thibaud, le fils de Genueris». Baudouin de Corbeil qui possède le fief de Beauvais [ Belvaco , Belvacum ] (com. de Champcueil, arr. Corbeil, Essonne) fait partie de la maison des vicomtes de Corbeil. Dans cette charte nous trouvons plusieurs vassaux tels que le seigneur de la La Ferté-Alais [ Firmitate ] et de La Guiche [ Guicha ] (comm. de Coudray-Montceaux). Payen d'Étampes le cousin de Baudouin est également présent.

L'un des membres de la famille Gastinel est cité dans une charte du prieuré clunisien de Saint-Martin-des-Champs. Il s'agit de Girard Gastinel «  Geraldus Gastinellus  » témoin, en avril 1097, de la charte des neveux de Hugues, enfants d'Erembour [vicomtesse de Corbeil], confirmant la donation de Voves, en présence du comte Eudes de Corbeil, Frédéric fils de beaudouin Beauvais et du vicomte Godefroy. Notons que la maison de Corbeil était liée au prieuré de Longpont par l'un des fils de Gaudri nommé Begon qui avait prit le froc de moine.

 

Généalogie de la maison d'Etampes alliée à celle de Corbeil (d'après Pattou).

 

Rappelons que les charges caractéristiques du servage ont été définies par Marc Bloch : le chevage , redevance seigneuriale en deniers, la mainmorte , droit perçu par le seigneur sur les biens d'un défunt, le formariage , taxe seigneuriale levée dans le cas d'une union avec une personne hors de la seigneurie. Ces trois charges caractérisent un tenancier propriétaire «  tenu au corps  » par le seigneur, c'est-à-dire le serf . Sur les terres du prieuré de Longpont, des colons viennent offrir leurs bras ; ces hôtes ont pour mission de mettre en valeur les parties encore incultes du domaine. À chacun d'eux l'on concède une tenure qu'on appelle hospicium , hostise .

 

 

Donation d'une hostise

Vers 1100, la donation d'un hostise située à Viry tenue par Gunter sur nommé Payen est faite par Girard Gastinel et sa femme Aveline. Dans un premier temps, les donateurs se présentent à Longpont pour déposer l'acte sur l'autel de la Vierge, mais le fils Sultan, malade ne pouvant se déplacer pour assister à la cérémonie, le procureur du couvent se déplace à Viry pour recevoir son agrément (Charte CXXXIII).

«  Domnus Giroldus Gastinellus et uxor ejus, Avelina, dederunt Deo et sancte Marie de Longo Ponte, et monachis ejusdem loci, quendam hominem, Gunterium nomine, qui Paganus vocatur, et donum miserunt super altare sancte Marie. Quod viderunt hii testes, ex parte ipsorum : Albertus de Vizeorio, Anseredus, nepos Rainaldi Guarini ; ex parte sancte Marie : Georgius, filius Josboldi ; Rogerius Orphanus ; Wido, carpentarius, et multi alii. Et hoc donum concessit et firmavit, apud Viriacum, Anseredus, eorum filius, cognomento Sultanus, qui propter infirmitatem quam habuerat cum patre et matre ad ecclesiam venire non potuit. Et de hoc sunt testes hii, ex parte ejus : Albertus de Vizeorio ; Anseredus, nepos Rainaldi Guarini ; Guillelmus de Maciaco ; ex parte sancte Marie : Landricus de Attiis ; Albertus, frater ejus ; Bernardus, nepos Godurrici ; Restaldus de Saviniaco ; Ascelinus de Saviniaco  ».

Voici la traduction sommaire : « Le seigneur Girard Gastinel et sa femme Aveline donnèrent à Dieu et à Sainte Marie de Longpont et aux moines de ce lieu, une hostise tenue par le nommé Gunter surnommé Payen, et posèrent la donation sur l'autel de Sainte Marie. Les témoins qui ont vu, de la part du donateur : Albert de Wissous, Ansered, le neveu de Rainald Guarin, de la part de Sainte Marie : Georges, fils de Josbold, Roger Orphan, Gui, charron et beaucoup d'autres. Et ce don fut consenti et confirmé par Ansered surnommé Sultan, le fils des donateurs [resté] à Viry, qui, par cause de maladie n'a pas pu venir à l'église de Longpont avec son père et sa mère. Ceux qui sont témoins de cela, de sa part : Albert de Wissous, Ansered, neveu de Rainald Guarin, Guillaume de Massy, de la part de Sainte Marie : Landry d'Athis, Albert, son frère, Bernard, le neveu de Godurrici, Restald de Savigny, Ascelin de Savigny ».

Nous notons qu'excepté Albert de Wissous, Ansered, le neveu de Rainald Guarin, les témoins présents à Longpont diffèrent de ceux de Viry. À Longpont, les témoins qui attestent au nom du monastère sont des personnes au service des moines, nous trouvons même le charron Gui. Par contre à Viry, les témoins des moines sont des aristocrates voisins comme Landry d'Athis et Ascelin de Savigny.

 

 

Le témoignage de Girard Gastinel

Vers 1100 (selon Marion) Girard Gastinel est présent devant l'autel de la Sainte-Vierge à Longpont pour attesté que les frères Albert et Frédéric de Trousseau «  Albertus et Fredericus, filii Holdrici de Trosolio  » approuvent la terre de Breuillet «  Braitellum  » donnée aux moines du prieuré par leur parent Fromond qui avait prit le froc de moine (charte CLXXXVI). Parmi les autres témoins, nous trouvons Bouchard de Vaugrigneuse, Aszo de Villebon, Arnulf Malviel, Gui de Villemoisson et son fils Raynald.

 

 

 

Le témoignage de Sultan Gastinel

À la même époque, Sultan, fils de Girard Gastinel, rétabli de sa maladie, agit comme plège lors de la confirmation de Geoffroy seigneur de Yerres et sa femme Ada, surnommée Machane (charte CXCIV). «  Dominus Gaufredus de Edera et Ada uxor ejus cognomine Machan, concesserunt Deo et Sancte Marie de Longoponte... in domo Leonis judei, terram quam Galerannus filius Viviani eisdem monachis moriens dederat. Quod viderunt et audierunt hii; Joscelinus de Castellonio. Guillelmus Normannus. Rursus de eadem re sunt testes in domo ipsius Gaufredi : Hugo Briardus, Robertus de Dravello, Sultanus filius Geroldi Gastinelli , Robertus de Calvomonte  ».

Dans cette charte Sultan assiste Geoffroy de Yerres, son seigneur suzerain. L'acte est dans la maison du juif Léon. Il s'agit de la confirmation de la donation de la terre que Galeran, fils de Viviani avait faite aux moines alors qu'il était mourant. Parmi les témoins se trouve Joscelin de Châtillon parent de Geoffroy de Yerres. Dans un deuxième temps, l'acte est signé dans la maison de Geoffroy en présence de Hugues Briard, Robert de Draveil, Sultan fils de Girard Gastinel et Robert de Chaumont.

Une nouvelle fois, vers 1130, nous trouvons Sultan de Gastinel assistant à la cérémonie dans l'église de Longpont lors de la sentence qui termine le différend entre Foulques de Liers et l es moines de Longpont pour la possession de la vigne du bourreau de Châtres (charte LXXI). «  Ego Stephanus, Dei gracia Parisiorum episcopus, notum volo fieri presentibus et futuris quod quedam controversia, que fuerat inter monachos sancte Marie de Longo Ponte et Fulconem de Lers, de vinea quam tenebat Menardus, carnifex, de Castris, hoc modo coram me fedata est  » que l'on peut traduire par : « Moi, Étienne [de Senlis], par la grâce de Dieu évêque de Paris veux faire savoir à tous présents et futurs que cette controverse entre les moines de Sainte Marie de Longpont et Foulques de Liers au sujet de la vigne que tenait Menard, bourreau de Chastres, est maintenant apaisée devant moi. Il est décidé que les moines ont trois sous de cens comme ils avaient coutume de prendre. L'arbitrage détermine qu'ils posséderont cette terre en commun [indivis] de telle façon que les moines ne puissent rien faire sans l'accord de Foulques et vice versa. Foulques possède seul le pressoir. Dans le cas d'une vente de la terre, les les droits de main-morte seront relèvés. Les témoins de cela sont : le doyen Barthélemy, le chantre Adam, le doyen Rodolphe, Baudouin, neveu d'Aszon de Petitpont, Foulques de Liers, Bouchard, son cousin germain, Gui Caro Macra, Milon de Mortemer, Soltenus de Viriaco , Aymon Bernier, Pierre de Chailly, les serviteurs Garnier, et Richard, Thibaud, fils de Raimbert et Gaufred son frère ».

 

 

La dîme de Frédéric d'Étampes

Vers 1100, Frédéric d'Étampes cède ses parts de dîme de Boudoufle et Viry que dame Eustachie, fille de Gui Lisiard de Montlhéry, mourante avait mise dans les mains des moines de Longpont pour fonder un obit . ( B.N. Mss. Lat. 9968). Peu de temps auparavant la dîme de Bondoufle avait été chicanée par ses parents Philippe et Adam Lisiard, qui après s'être repenti avait cédé ce droit au couvent de Longpont (charte CXCI).

«  Fredericus, filius Anselli, concessit Deo et sancte Marie de Longo Ponte, et monachis ejusdem loci, decimam de Bunduflo, quam Eustacia, filia Guidonis Lisiardi, de Monte Letherico, eidem loco moriens contulerat, ac postea Philippus et Adam Lisiardus, qui eam calumpniabant, concesserant ; insuper et decimam minutam supradicte ville. Concessit autem supradictis monachis memoratus Fredericus ut, si quis res aliquas ad feodum suum pertinentes eidem loco dimittere vellet, eas sine impedimento acciperent. Iterum autem concessit eis decimam de Ivri, quantum ad eum pertinebat. De qua re hii testes existunt : Gaufredus de Edera, avunculus ipsius ; Robertus, famulus ; Osmondus, forestarius ; Bernerius, major ipsius, de Bunduflo ; Aszo de Fontenellis ; Garnerius, famulus ; Oylardus, famulus ».

Voici la traduction : « Fréderic, fils d'Anseau, concéda à Dieu et à Sainte Marie de Longpont et aux moines de ce lieu, la dîme de Bondoufle, que Eustachie, fille de Gui Lisiard de Montlhéry, mourante, apporta en ce lieu, et après Philippe et Adam Lisiard, qui avaient chicané cela, consentirent d'une façon mesquine la dîme du village susdit. Puis, Frédéric concéda, là sans empêchement, aux moines quelque chose qu'il se rappela de son droit féodal appartenant à ce même lieu qu'il renonce à détacher. Puis, de même, il concéda cette dîme de Viry qui leur revient. De ces choses, les témoins sont : Geoffroy de Yerres, oncle maternel de Frédéric, le serviteur Robert, le forestier Osmond, Bernier, régisseur de Bondoufle, Aszo de Fontenelles, les serviteurs Garnier et Oylard ».

Encore une fois nous trouvons les personnages de la maison de Corbeil alliée à celle d'Etampes et à la famille Le Riche. Anseau, second fils d'Aélis et d'Isembart, est nommé quelquefois avec son oncle Gautier Tirel. Il eut un fils appelé Ferri, qui confirma en présence de Geoffroi d'Yerres, son grand-oncle maternel, la donation de la dîme de Viry et celle d'une part de dîme à Boudonfle, faite par Eustachie, fille de Gui Lisiard de Montlhéry, Gui, fils de Lisiard, était par son père petit-fils d'Ansoud de Paris, dit le Riche, et neveu de Guérin, mari d'Hersende. Or nous savons que le domaine de Bondoufle faisait partie du patrimoine de Gaudri : cette parenté explique parfaitement comment une fille de Gui Lisiard possédait une part des droits paroissiaux et tenait le fief de l'un des petit-fils d'Aélis, à laquelle Gaudri avait donné en dot la terre de Bondoufle.

 

 

 

La dîme de Viry

Nous venons d'apprendre que la moitié des droits dîmiers sur la paroisse de Viry avait été donnée par Gautier Tirel, seigneur en partie du village. La donation ayant eut lieu sous le priorat de Jean, en 1140, il est logique de trouver ce titre dans le diplôme de confirmation de Thibaud, évêque de Paris (charte II) donnée en 1150 et dans la bulle de confirmation du temporel du prieuré de Longpont, donné le 21 février 1152 par le pape Eugène III (charte I), bulle qui reprend les termes de la Curie parisienne.

À la demande de Thibaud prieur de Longpont, le nouvel évêque de Paris, son ami donna son diplôme. «  Teobaldus, Dei gracia Parisiorum episcopus, venerabili ac dilecto filio Teobaldo, prori de Longo Ponte, et fratribus ibidem Deo servientubus, in perpetuum. Id episcpale spectat officium ecclesie sibi credite curam genere, maxime vero paci et quieti religiosorum fratrum attentius providere. Idcirco nos propensiori cura et habundantiori pietate bona ecclesie vestre, quecumque tempore predecessorum nostrorum vel nostro legitime adquisita sunt, sub nostra protectione et parisiensis ecclesie constituimus et auctoritate munimus : ecclesiam de Longo Ponte cum decima et atrio … decime de Viriaco medietatem  ».

La traduction sommaire donne : « Thibault, évêque de Paris par la grâce de Dieu, à son vénéré et aimé fils Thibault, prieur de Longpont, et à ses frères serviteurs de Dieu en ce même lieu, à perpétuité. Il incombe à la fonction épiscopale de prendre soin de l'église qui lui a été confiée, et surtout de pourvoir avec attention à la paix et à la tranquillité des frères religieux. C'est pourquoi, nous, par notre soin attentif et notre abondante piété, nous plaçons sous notre protection et celle de l'église parisienne et nous confirmons de notre autorité tous les biens légitimement acquis au temps de nos prédécesseurs et au nôtre : l'église de Longpont avec la dîme et l'atrium … la moitié de la dîme de Viry … »

Deux ans plus tard, le Saint-Père énonce les privilèges du monastère de Longpont, comme suit : «  Eugenius, episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis Teobaldo, priori monsterii beate Marie de Longo Ponte, ejusque fratibus, tam presentibus quam futuris, regularem vitam professis, in perpetuum. Quociens illud a nobis petitur quod religioni et honestari convenire dinoscitur, animo nos decet libenti concedere, et petentium desideriis congruum impertiri suffragium. Ea propter, dilecti in Domino filii, vestris justis postulationibus clementer annuimus, et presatum monasterium, in quo divino mancipati estis obsequio, sub beati Petri et nostra protectione suscipimus, et presentis scripti privilegio communimus, statuentes ut quascumque possessiones, quecumque bona idem monasterium in presentiarum juste et canonice possidet, aut in futurum, concessione pontificum, largitione regum vel principum, oblatione fidelium seu aliis justis modis, Deo propicio, poterit adipisci, firma vobis vestrisque sucessoribus et illibata permaneant. In quibus hec propriis duximus exprimenda vocabulis : in episcopatu parisiensi, villam videlicet de Longo Ponte cum decima et atrio ...... medietatem decimarum Viriaci.. .  »

Nous en donnons un résumé : « Eugène, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à ses chers fils, Thibaud, prieur du monastère de la bienheureuse Marie de Longpont, et ses frères, tant présents et futurs, qui ont professé la vie régulière, à perpétuité. Toutes les fois qu'il nous est fait une requête reconnue en accord avec la religion et l'honnêteté, il nous convient d'y consentir volontiers, et d'octroyer une réponse conforme au désir des requérants. C'est pourquoi, chers fils dans le Seigneur, nous accédons bien volontiers à vos demandes et nous prenons ledit monastère, où vous êtes soumis à l'obéissance divine, sous la protection de Saint-Pierre et la nôtre, et nous le confirmons par le privilège du présent écrit, décrétant que toutes les possessions et tous les biens que ledit monastère possède présentement selon le droit canonique ou qu'il pourra acquérir à l'avenir par concession des pontifes, générosité des rois ou princes, dons des fidèles ou tous autres justes moyens, avec la faveur de Dieu, demeurent fermement et intégralement en vos mains et celles de vos successeurs. Dans ces possessions nous avons jugé devoir désigner en propres termes les suivantes : dans de l'évêché de Paris, la propriété de Longpont avec la dîme et l'atrium… la moitié de la dîme de Viry  ».

 

 

L'échange avec le Chapitre Notre-Dame

Au début du XIIIe siècle, cherchant à réunir leurs domaines pour une gestion plus efficace, les chanoines de N.-D. de Paris et les religieux de Longpont firent un échange par lequel ledit Chapitre cède auxdits Religieux de Longpont la dîme de Marolles-en-Hurepoix, et en contre-échange lesdits Religieux cèdent ce qu'ils possèdent à Viry et payent en outre une somme de 70 livres de retour. Deux chartes sont relatives à cet échange «  de emptione granchie et census in parrochia Viriaco  » (2).

En 1203, le prieuré de Longpont est dirigé par Guillaume de Milly qui détient en outre le bénéfice du prieuré clunisien de Saint-Martin-des-Champs à Paris, qualifé « frater Willelmus, prior Sancti Martini de Campis ». Après un séjour de 23 ans sur les bords de l'Orge, Guillaume de Milly fut nommé prieur de Longpont et pris possession du couvent, en 1198, à la mort du prieur Géraud. Nous sommes l'année où le pape Innocent III, qui vient de monter sur le trône de Saint-Pierre, condamne Philippe-Auguste pour bigamie. Le prieur Guillaume de Milly quitta Longpont en 1207, pour devenir abbé de Cluny.

«  De emptione granchie et census in parrochia Viriaco  » (charte V du Liber quintus, Abbatum du Cartulaire de Notre-Dame de Paris). «  Ego frater W[illelmus II, postea prior et abbas Cluniaci], prior Sancti Martini de Campis ac Longi Pontis, et ejusdem Longi Pontis conventus, notum facimus universis ad quos presens scriptum pervenerit, quod, cum commutationem fecissemus cum venerabilibus viris H. decano et capitulo ecclesie Beate Marie Parisiensis, super decima quam ab Hugone milite de Merrolis, apud ipsas Merrolas, comparaverant, et decima nostra de Viriaco, ipsi, pro granchia et censu que in eadem parrochia Viriaci habebamus, centum et septuaginta libras Parisiensis monete numeraverunt nobis et dederunt, quas nos ab eis accepisse presenti scripto, cum impressione sigilli prefati conventus, prout est in evidenti, profitemur. Actum anno Verbi incarnati M° ducentesimo tertio  ».

Dans cette charte le prieur Guillaume agit au nom du couvent de Longpont. Voici la traduction sommaire : « Moi, frère Guillaume, prieur de Saint-Martin-des-Champs et de Longpont, et tout le couvent de Longpont, faisons savoir à chacun que par les présentes lettres un échange est convenu avec le vénérable homme le doyen Hugues et le chapitre de l'église Notre-Dame de Paris à propos de la dîme que le chevalier Hugues de Marolles et en contre-échange notre dîme de Viry et grange et censive que nous possédons dans la paroisse de Viry. Par les présentes lettres nous accusons réception de la somme de 170 livres parisis en argent et apposons le sceau du couvent pour en reconnaître l'authenticité. Donné l'an de grâce 1203 ».

Au cours de la même année, l'échange entre les deux églises est validé par Hugues l'abbé de Cluny. « Hugonis, Cluniacensis abbatis, vidimus, in quo confirmatur permatatio quarumdam decimarum Viriaci, inter Willelmum, priorem Sancti Martini de Campis Longique Pontis et Parisiense capitumum facta. Actum anno incarnationis Domini MCC tertio ». (Charte LXIV, Grand Pastoral).

À suivre…

 

 

Notes

(1) J. Marion, Le Cartulaire du Prieuré de Notre Dame de Longpont de l'ordre de Cluny au diocèse de Paris (Impr. Perrin et Marinet, Lyon, 1879).

(2) Voir la chronique relative à Marolles-en-Hurepoix.