Le moulin d'Aulnay à Leuville |
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Chronique du Vieux Marcoussy -oussis--------------- _----------------------------- --Nn..NNovembre 2008 Extrait de carte de l'atlas de TrudaineJP. Dagnot
Ce moulin à farine se situait à Leuville sur l'Orge. Actuellement à cet emplacement (1), se trouve une société, Chr. Hansen SA, filiale d'un groupe danois. Cette entreprise, localisée officiellement à Saint Germain-lès-Arpajon, est spécialisée dans la fabrication de ferments lactiques, destinés à la production de produits laitiers (fromages, yaourts...). De nombreux toponymes, du côté de Leuville, tels que « route du Moulin d'Aulnay », « route d'Aulnay », etc., désignent ce lieu plutôt humide où poussaient les aulnes (lat. alnus ) et rappellent l'existence du moulin.
Les documents patronymiques anciens aux XIIe et XIIIe siècles Revenons aux temps anciens et procédons toujours sur un canevas familier. La lecture des cartulaires parisiens et notamment ceux de Linas et Longpont nous fournissent les documents anciens. Le premier d'entre eux date du début du XIIe siècle quand Maurice de Sully, évêque de Paris, confirme la donation d'un muid de blé sur le moulin de Bison, à Longpont. Cette donation est faite par "Guillaume d'Aulnay". Il est suivi cinquante ans après par une charte de l'évêque Thibault qui confirme des possessions de l'abbaye des Vaux de Cernay. Retenons seulement pour la chronique qui nous concerne " Paganus de Alneto dedit eisdem modium vini in torculari suo" (le chevalier Payen d'Aunay cède un muid de vin provenant de son pressoir). Vers 1160, fondant un obit en faveur de son oncle paternel Milon de Linas, Pierre d'Aulnay donne à l'abbaye des Vaux de Cernay un muid d'annone sur le moulin de Buisson avec le consentement de son frère Milon d'Aulnay. En janvier 1225, Barthélemy, évêque de Paris, notifie la vente faite à l'église de Linas par Jean de Mégaudon, chevalier, d'un cens qu'il percevait sur des biens proche l'église, avec le consentement d'Eustachie, sa femme, de Pierre Cortons, son frère, de Thierry de Milly, écuyer, premier seigneur, et de Messire Payen, châtelain de Saint-Yon, deuxième seigneur. Plèges : " Jodoinus de Alneto" , chevalier, et ledit Pierre Cortons. En restant toujours sur les patronymes, mais en se plongeant dans le cartulaire de Linas, nous trouvons:
C'est en 1301 (1302 pour le calendrier actuel), qu'apparaît la première mention du moulin. Des lettres de Simon, évêque de Paris approuvent une requête du chapitre de Linas, présentée du consentement de Jean et Pierre, prêtres, marguilliers en charge, où il est exposé que : attendu que pour remplir l'office de marguillier, un simple clerc ou même un laïc conviendraient mieux, et que l'église manque et manquera toujours de personnes pouvant faire fonction de diacre, le Chapitre désire que les marguilliers soient déchargés désormais d'une partie de leur service et fassent l'office de diacres, qu'ils soient rétribués sur la bourse commune au gré du Chapitre, et, pour à ce aider, lesdits Jean et Pierre, pour eux et leurs successeurs, ont abandonné 4 sols de cens « pro quibusdam terris de Cocheto » et 2 sols « pro prato Andree Abbatis, silo propre molendinum de Alneto », revenus qu'ils retirent annuellement des anniversaires, ce qui permettra à l'église d'acheter en la censive de la chapelle de Guillerville des biens jusqu'à concurrence de la somme de 40 livres parisis. Fait à Gentilly. (Les marguilliers)...
La confirmation de l'existence du moulin continue au fil du temps:
Le moulin d'Aunay après la guerre de Cent ans Le premier document date de 1456, Messire Rigault, seigneur de Fontaine, déclare au roy: un manoir scitué a Leuville, et ses déppendances, comme le texte de 1367, 2 arpents et demi scitué a la chaussée d'Aunay. Cette déclaration se renouvelle à chaque changement de seigneur, et ainsi, c'est au tour de Margueritte de Brétigny, de Fontaine et de Leuville, veuve de messire Rigault, chevalier, rendant aveu du fief scitué a Leuville, et des 2 arpents et demi scitué a la chaussée d'Aunay. A la même époque nous trouvons pour la première fois le seigneur de Bruyères, Jehan de Voisins, qui déclare au Roy ses biens et notamment un arrière fief tenu par Marguerite de Bretigny assis à Aulnoy sous Leuville. En effet et comme la suite nous le confirmera, la seigneurie de Bruyères-le-Châtel est dominante sur le fief d'Aunoy à Leuville. En 1462, Loys Bohan de la Rochette, qui vient d'acquérir la seigneurie de Bruyères-le-Chastel et parmi ses arrière-fiefs figurent, tenus par Loys de Brétigny, des biens assis à Aunay sous Leuville comprenant l'hébergement d'Aunoy, le moulin et ses appartenances, avec 28 sols de menus cens.
L'histoire concrète du moulin Jusqu'à présent les documents trouvés faisaient mention, soit du patronyme, soit du moulin. En 1477, le premier document direct met en scène le seigneur de Leuville pas encore anobli. Il s'agit d'honorable homme Jacques Olivier, procureur en parlement, qui confesse avoir baillé à titre de chef cens et rente à toujours, à Jehan Locre, musnier demeurant au moulin du Petit Paris et Guillaume Lebouvier son gendre, les biens cy après déclairez à icelluy appartenant de son conquest, c'est à savoir Deux ans après, devant Pierre Michel de Saint Martin, tabellion juré de Chastres, pour haut et puissant seigneur Loys de Graville, Jehan Locre, meusnier demeurant à Aunoy lequel de son bon gré confesse avoir quitté et transporté à Gilles Bertheau, meusnier du moulin Daunoy, c'est à savoir tous les droits qu'il peut avoir sur le moulin daunoy et deppendances qu'il avoit prins du seigneur de Leuville, qu'il avoit pour cette moitié dudit moulin. En 1480, Gilles Bertheau, musnier demeurant au moulin d'aulnoy, affirme qu'il est détenteur et propriétaire de la moitié par indivis dudit moulin par transport ci-dessus, à la charge avec Guillaume Bouvier de payer au seigneur de Leuville 10 livres tournois de rente. Au milieu de la même année les copropriétaires du moulin le revendent: Guillaume Bouvier, laboureur à Mauperthuis et Gilet Bertheau, musnier demeurant au moulin daulnoy, comme ayant droits au transport de Jehan Locre, musnier demeurant au moulin du Petit Paris, lesquels confessent avoir vendu transporté à toujours les héritages cy après déclairez à Guillaume Brizard, musnier demeurant à Lonboyau et à Marion sa femme: En 1484, a eu lieu la succession de Guillaume Brizard partagée par ses enfants. Devant Jehan Luillier clerc tabellion juré du roy, Estienne Despagne marchand laboureur demeurant à Leuville, Anthoine Brisard d'une part, Jehan et François Brisard frères laboureurs demeurant à Leuville, lesquelles parties affirment pour vérité que Despagne de son conquest et lesdits Brizard de leur propre, appartient le moulin déjà décrit.ainsi que les terres. Le même jour, Jehan et Gervais? Brisard frères laboureurs demeurant à Leuville vendent à Estienne Despagne tous les droits pouvant leur appartenir de leur propre à cause de leur feu père & mère, comme de leur conquest de leurs autres frères et soeurs sur le moulin à eaue et toutes les terres de l'ancien bail moyennant le prix et somme de 12 lt. Présent Geoffroy Daigremont, procureur. La possession du moulin ne dure qu'un an, et devant Pierre Thomas Marie tabellion juré pour haut et puissant Loys de Graville, Estienne Despagne, vend et transporte à Symonnet Poirier, marchand musnier demeurant à Chastres en la paroisse St Germain le même moulin devenu un moulin à bled avec trois arpents de pré estant en patils, jardin autour du moulin, tenant au seigneur de Leuville à la rivière d'Orge d'un bout à la boelle et d'autre bout à la chaussée daulnay, plus des terres à la charge de 8 lt de rente. L'entretien est classique et la vente faite moyennant le prix et somme de 30 lt. Notons l'apparition des Poirier dans la région. Relevons également la boelle et la chaussée toutes deux attachées à ce moulin. Peu avant la fin du siècle Simon Poirier, le meunier propriétaire, revend le moulin à un homme de robe, Jehan de St Rémy, praticien en cour laye, qui demeure à Lynois les Montlhéry . Cette transaction peu habituelle s'expliquera quelques années plus tard. La vente comporte: En 1503, on retrouve les enfants, Jacques Olivier et Guillaume Olivier fils du défunt seigneur qui procèdent au partage des biens de leur père et font des échanges. A cette occasion on apprend que honorable homme et saige maistre Jacques Olivier, est qualifié de conseiller et advocat du roy, et maistre Guillaume Olivier, de procureur en la cour de parlement. Ledit Guillaume délaisse: En 1505, c'est Guillaume Poirier qui entre au moulin pour douze ans, moyennant 26 septiers de bled mousture et 32 sols parisis en argent. La vie continue les seigneurs se succèdent et cette fois en 1526, Jehan Olivier, doyen de l'église de Beauvais, et chanoine de Paris, rend aveu du moulin et des 22 arpents, à Jacques de la Rochette seigneur d'Ollainville et Bruyères en partie tant en son nom, que comme tuteur de Jeanne, fille de deffunt Loys de la Rochette seigneur dudit Bruyères-le-Chastel. Huit ans après le chanoine de Notre-Dame décède. Ses frères, noble homme et saige maistre François Olivier, conseiller du roy nostre sire en son grand conseil & chevallier ... d'une part, et noble & saige maistre Anthoine Olivier seigneur de Villema..? les dits François & Anthoine frères du costé paternel, recongnoissent que par le trépas dudit deffunt Jehan Olivier leur frère, les fiefs de Leuville, de la Roche et moullin d'Aulnoy et autres terres tant en fief que roture situés en la chatellenie de Montlhéry et baillage d'Estampes, leur reviennent par moitié... Ils font les eschanges quy ensuivent: A la suite du partage François Olivier, seigneur du moulin d'Aulnay, s'adresse au même Jacques de la Rochette, pour rendre aveu du fief d'Aulnoy. Citons en 1536, la foy & hommage portée par Jean Olivier au même seigneur de Bruyères. Relevons la quittance de 30 livres due pour droits de quint et avec main levée de la saisie féodale qui avait été faite pour devoirs non faits. Des travaux ont été réalisé sur l'Orge, puisqu'en 1542, le bail du moulin à Jean Poirier qui demeure à Aunay, mentionne la vieille et la nouvelle rivière. Une petite isle entre la vieille rivière et la rivière neuve a été créée. Citons un dernier hommage en 1560 rendu par Jean Olivier seigneur de Leuville et du moulin d'Aunay, et Madeleine Olivier sa soeur, les deux enfants de deffunt François Olivier chancelier de France, à Jehan d'Allonville écuyer seigneur de Basville et Bruyères. La liste des baux et hommages est très importante rendant cette chronique plutôt fastidieuse, mais ne nous plaignons pas, le fait est très rare. La suite du récit va se scinder en paragraphes spécifiques, les baux et les meuniers, les prisées et la banalité.
Les baux et les meuniers Dans la liste chronologique suivante nous allons trouver les différents meuniers qui se sont succédés jusqu'à la fin du XVIe siècle:
Les prisées La première trouvée date de 1596. Elle est faite entre le seigneur de Leuville et Michel Beauvair, présent aussi Jean Boudet meusnier demeurant à Chastres au moulin du roy . Il faudra attendre le siècle suivant pour trouver des dimensions.
La banalité Deux faits ont été trouvés concernant ce moulin. Le premier date de 1568, c'est une sentence rendue au profit du seigneur de Leuville contre Jérôme Audouart le jeune, Claude Bouteloup et Jehan Gallet qui condamne ces derniers à aller moudre leurs grains ou l'envoyer moudre au moulin banal d'Aulnay; ou bien le meunier dudit moulin iroit chercher lesdits grains sous peine de 60 sols parisis d'amende et de confiscation desdits grains et de saisie des bestes s'ils alloient faire moudre leur grain ailleur qu'audit moulin. Notons qu'il s'agit de manans de Leuville. Le second fait, sept ans après, concerne une autre sentence rendue en la mairie de Leuville (mererye). Jehan Olivier est seigneur de Leuville et également de Ballainvilliers. Les acteurs en présence sont des habitants de Leuville, contraints d'aller moudre au moulin d'Aulnay à la limite de St Germain les Arpajon! Néanmoins c'est le meunier d'Aulnay qui se charge d'aller quérir les grains et de les rendre comme nous l'avons déjà vu concernant le droit de chasse classique des grains, dedans 24 heures. Dans le cas où le meunier ne répond pas à leur demande, ils sont libres d'aller moudre ailleurs qu'au moulin d'Aulany, leur moulin banal. Les subjets concernés sont: Thomas Gillet, Claude Mezerac, la veuve de Jehan Rousseau, Denys Forestu, Pierre Angot, la veuve Michel Roger, Guillaume Audouart, Guillaume Auger, Pierre Lecompte, Estienne Picquart, Guillaume Girault, Allain Audouart, Jehan Villain, Pierre Legendre, Guillaume Robin, Mathurin Robin, Estienne Audouart, Guillaume Asselin, Marin Gaultier, Augustin Germani, Michel Chevrier, Pierre Picgnard, Jehan Audouart le jeune, Jehan Gallet, Jacques Langlois, la veuve Estienne Despagne, Jehan Chevrier le jeune, la veuve Martin Chevrier, Guillaume Degouttes, Oudin Degouttes, Vincent Gaulmont, Loys Vadureau, Roullet Roulx, Jehan Brizard, Raoul Fournier, Guillaume Boiteux, Guillaume Bruche, Jehan Bruche, Edmond Pelletier, Denys Perrot, André Brizard, Loys Mesnard, Abel Pelletier, Villiers? Bedouet, Jehan Grouslon, la veuve Michel Chaulne, Martin Bourdon, Estienne Boutillier, Pierre Pelletier, Jehan Brizard le jeune, Clément Bruche, Loys Lehault, Denys Brizard le jeune, Noel Peuvrier, Pierre Forestu, Lou Audouart, Jehan Chaune, Thomas Aboillard, Guillaume Audouart le jeune, Jehan Ragon, Jehan Forestu, André Despagne, Guillaume Clerget, Guillaume Rochefort, Jehan Audouart, Michel Bruche. Cette longue liste a deux mérites, elle donne le nombre de feux de Leuville, elle permet également aux passionnés de généalogie de trouver peut être leur patronyme. On peut également remarquer que depuis la fin de la guerre de Cent ans, le nombre de paroissiens a été multiplié par cinq.
Notes (1) Localisation via Google map : sélectionner Vue puis cliquez hybrid, vous serez sur les lieux avec indications des rues.
à suivre ...
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