L'hôtel des Carneaux à Marcoussis Première partie jusqu'à la Révolution |
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Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _-----------------------------Octobre 2008 Extrait du plan terrier de MarcoussisJP. Dagnot
L'idée première de cette chronique était de remonter l'histoire de l'actuelle maison de retraite de Marcoussis. Au cours des recherches sur ce lieu, est apparu un mot troublant à plus d'un titre "Carneaux". Il serait prétentieux de vouloir remonter le temps d'une manière continue jusqu'aux premières citations employant ce terme. Nous nous contenterons d'exposer ce que nous avons trouvé aux différentes époques. Notons que Carneau est l'ancienne forme du mot créneau. Ce dernier également appelé quernal, aquarniau, carnel, créniau, désigne les vides pratiqués dans un parapet pour permettre aux défenseurs des murailles de voir les assaillants et de leur lancer des projectiles. Mais au Moyen Âge, on entendait par créneau toute ouverture pratiquée au sommet d'une tour ou d'une courtine, couverte ou découverte, et qui servait à la défense. On ne pouvait pas avoir de créneaux dans une maison roturière sans la permission du seigneur justicier.
Les actes les plus anciens En 1361, maistre Raoul Lavenant, notaire du Roy en son chastelet de Paris et Agnes sa femme, personnages que nous retrouverons plusieurs fois, acquièrent une série de biens impressionnante, devant Aubin et Baigneaux, clercs notaires jurés du Roy à Paris, moyennant 80 escus d'or. Nous ne retiendrons qu'une portion de phrase extraite d'une rente " pour son courtil aux houssiers au dessoubz de lostel des Carneaux " . A cette époque le seigneur de Marcoussis est Guillaume de Préaux, et un hôtel de Marcoussis porte le qualificatif "carneaulx". Puis en 1378, c'est une transaction entre Jourdain le Venneur, chevalier, demeurant à Marcoussis, et maistre Raoul Lavenant, notaire au chastelet de Paris, lesquels confessent avoir traicté et accordé leurs parties, c'est à savoir que ledit Jourdain avoit pris dudit Raoul à titre de pur chef cens une rente sur une masure derrière le moustier tenant du chemin qui tend du moustier à la rue aboutissant par devant au chemin qui tend au carrefour de l'échelle et par derrière au jardin de lhostel des créneaux. Cet acte situe bien la maison proche du prieuré ( moustier ) de Marcoussis. Nous trouvons ensuite plusieurs actes mentionnant le lieudit:
Enfin nous arrivons à la fin du
XIVe siècle. Un huissier d'armes du Roy, Galeran de Montigny demeure à Montlhéry avec sa femme Jehanette Lavenant. Cette dernière est la fille de feu Raoul Lavenant jadis notaire dudit seigneur au Châtelet, et de feu Agnès sa femme. Ils disent qu'ils détiennent du propre héritage de ladite Jehanette, et détient à présent les héritages qui ensuivent: L'extrait de cet aveu permet d'affirmer que contrairement à certains articles comme Hercepot, l'hôtel des Carneaux est habitable à cette époque. L'achat par Jean de Montagu de terres permet également de voir apparaître le lieudit. Ainsi: A la fin du XIVe siècle, une autre version de l'aveu de l'hostel des Carneaux est réitéré par le même couple: Galleran de Montigny, huissier d'arme du roy & Jehanette sa femme, fille de feu Raoul Lavenant, demeurant à Montlhéry disent qu'ils tiennent de la Jehanette les héritages ..., prés boys aulnoys, maison, coulombier, molins fiefs et revenus en la ville & chatellenie de Marcoussis quy ensuivent:
La reconstruction des lieux après la guerre de Cent ans En 1448, Jehan Bourderin, procureur de Jehan de Graville, seigneur de Montagu et Marcoussis baille à titre de pur chef cens, portant lods et ventes, à Gillet Marceau, laboureur demeurant à Marcoussis, une grande masure jardin & appartenances appelée les Carneaux où de présent ledit Gillet a fait édifier des appentis couverts de chaulmes, que souloit tenir Geoffroy Godeffroy, assis près l'église de la madeleine, tenant d'une part au chemin du roy, appelé la rue, et d'autre part aux hoirs de feu Gilot de Lourme . Ce bail faict moyennant six sols parisis de pur chef cens. De cet acte qui correspond à une vente, tant que la rente est servie, l'hôtel quitte le giron des seigneurs de Marcoussis. Comme souvent à cette époque les documents se font rares et il se passe un siècle et demi sans information.
Les Carneaulx sous André de Béning Avant de parler du lieu qui nous intéresse, dressons le portrait du personnage qui va l'habiter. Il s'agit d'André de Béning, que nous trouvons pour la première fois devant le tabellion juré de Marcoussis. L'acte date du début 1578 et est rédigé au château de Marcoussis. François de Balsac et son épouse Jacqueline de Rohan, nomment ledit de Béning pour se rendre au Châtelet de Paris, insinuer leur contrat de mariage de 1560. L'épouse décède trois mois après à Bois-Malherbes et François s'unit en octobre de la même année avec la célèbre "haute et puissante dame Marie Touchet, dame de Belleville et de Langeais" (maîtresse du roy Charles IX). André de Béning, archer de la garde du corps du roy sous la charge de Clermont d'Entragues fait partie des témoins. L'année 1581 voit le mariage du personnage: devant Guillaume Belleseur tabellion du baillage, André de Béning, archer des gardes du corps du roy, et maître d'hôtel de François de Balsac, d'une part et Catherine Dupoux femme de chambre de feue madame d'Entragues (Jacqueline de Rohan) d'autre part", lesquelles parties contractent une union classique faite entre deux personnes au service du seigneur. Jean Lausson, capitaine du château de Marcoussis, beau-père d'André de Béning, promet de donner à son gendre, une rente annuelle et perpétuelle de 50 escus soleil, et François de Balsac, seigneur d'Entragues, promet de donner aux futurs époux, une somme de 100 escus soleil. Le document est rédigé au château de Marcoussis. L'année suivante, François de Balsac, capitaine de cent hommes d'armes, seigneur du comté de Montlhéry, se trouve en Italie. Ce dernier également seigneur de Marcoussis nomme André Béning, son maistre d'hôtel, pour le remplacer tant qu'il sera absent et vaquer en tant que lieutenant à la conservation des choses dépendant de la charge de capitaine du château de Montlhéry. Le maistre d'hôtel du seigneur d'Entragues jouit alors d'une position importante. Il procède à plusieurs achats à Marcoussis: Le dernier acte où ce personnage apparaît, concerne la seigneurie de Nozay, achetée récemment par François de Balsac. Le maître d'hôtel mandaté par son seigneur, se rend au château de Montlhéry (ruines!), pour présenter la foy et hommage de cette seigneurie. Il décèdera moins d'un an plus tard. Début du XVIIe siècle, la veuve, damoiselle Catherine Dupoux, en son nom et comme tutrice des enfants myneurs delle et de feu André de Béning vivant escuier Sieur des Carneaulx, procède à un rachat de rente. Elle habite ledit hôtel où on la retrouve également en 1606, puis en 1609. La veuve décèdera quelques années plus tard. En 1613, Françoise, Catherine et Denise, filles et héritières en partie d'André de Béning, sieur des Carneaux et de damoiselle Catherine Dupoux leur père et mère, demeurent à Marcoussis, probablement aux Carneaux, et recoivent une vente de rente ne concernant pas l'hôtel nous intéressant. Deux ans après, devant Guillaume Divry, tabellion à Marcoussis, les trois filles d'André de Béning, Charlotte, Françoise et Marie vendent la cinquième partie d'une maison et héritages appelés "les Carneaux". Cette vente est faite moyennant 600 livres tournois. En 1617, Marie réside encore à Marcoussis. En 1630, Françoise y demeure et malade rédige son testament. Elle désire être inhumée en l'église de la Madeleine sous le tombeau de son père.
L'hôtel des Carneaux sous Jacques Bordier Ce personnage apparaît en 1637, comme secrétaire de Léon de Balsac d'Illiers, lors d'un rachat de rente, constitué par Jacques d'Illiers (père dudit Léon) en 1611, et par Catherine de Balsac (sa mère) en 1618 et 1620. L'acte intéresse le seigneur de Marcoussis et non les Carneaux.
Jacques Bordier s'installe à Marcoussis quelques années après, en faisant l' acquisition de la future Bailloterie appelée à cette époque l'hôtel des Carneaux. Il s'unit à Anne Hellie. On le retrouve en 1650, maistre Jacques Bordier, secrétaire de Monseigneur d'Entragues, demeurant à Marcoussis où il réalise un petit achat de terre à Mathurin Peuvrier, vigneron de Marcoussis. Six mois après, le secrétaire décède à Marcoussis. Son épouse lui survivra jusqu'en 1672. Elle est également inhumée en l'église de ce lieu en présence des notables Léon et Pierre Poullier. De leur union sont nés : Nous avons vu que le couple Dansonville demeure paroisse St Paul. Ils côtoient un bourgeois de Paris, le sieur Antoine Guérou, et c'est ainsi que peu avant la fin du siècle, Louise Bordier et le mari de sa soeur Catherine, lui vendent leur part (deux tiers) d'une maison scize au village de Marcoussy, grande rue dudit lieu consistant en: Trois ans après, le dernier tiers est acheté par le bourgeois. C'est la fin d'une occupation pendant de nombreuses décennies par le personnel au service du seigneur de Marcoussis.
Les Carneaux sous les Guérou En 1706, notre borgeoisl déclare qu'il tient à cens d'Alexandre de Balsac, seigneur de la paroisse: Le plus drôle, c'est que deux ans plus tard, Anthoine Guérou, bourgeois de Paris y demeurant rue de la Bretonnière, paroisse st Benoist, baille à titre de loier & prix d'argent pour six ans, à Messire Alexandre d'Illiers, commandeur de la commanderie en Flandre, c'est à savoir la maison appelée les Carneaux avec cour, les logements et bastiments qui en dépendent, proche & au dessous de l'église, le jardin au bout de ladite maison avec un autre jardin clos de murs proche et de l'autre côté desdits lieux, tenant au clos du prieuré, avec la jouissance des arbres fruitiers, bail moyennant 150 livres. Il ne s'agit pas d'Alexandre seigneur de Marcoussis, mais de son oncle paternel, chevalier de l'ordre de St Jean de Jérusalem. Ce bail sera résolu (dissout) l'année suivante.
Passage aux Moithey Anthoine Guérou et son épouse Catherine Chardonnet, ont deux filles Marie-Anne et Antoinette-Catherine. Marie-Anne est unie avec Jean Moithey, professeur de mathématiques. En 1736, ils sont présents devant Lhéritier, notaire à Montlhéry, dans un acte avec Haranger l'aisné, détenteur de vignes. Malheureusement pour nous, les minutes de ce notaire n'existent plus pour l'année en question.
Quatre ans plus tard, devant un notaire parisien, a lieu le partage des biens de feu Antoine Guérou et de Catherine Chardonnet, entre Jean Moithey, ingénieur, Marie-Anne Guérou, sa femme d'une part, et Antoinette-Catherine Guérou, héritières de leur père d'une maison à Marcoussis, consistant: L'ingénieur et son épouse ont deux enfants: On peut affirmer que dorénavant la propriété de Marcoussis est une résidence secondaire pour des parisiens aisés. Le père Jean Moithey décède en 1770. A cette occasion; on retrouve la confirmation de partie de biens à Aubervilliers et à Montlhéry. Dans les années 80, les frères ont des difficultés pour régler la succession de leurs parents. L'aîné traîne les pieds, et ne se présente pas aux sommations. Afin de purger les dettes, le mobilier de Marcoussis est vendu à l'amiable devant Lardenois de Montlhéry. A cette occasion une visite est faite de la propriété de Marcoussis:
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