
Chronique du vieux Marcoussy ______________________________ -__________ Septembre 2011

JP. Dagnot
C. Julien
Cette chronique continue l'histoire de la Commanderie de Balisy, membre du Grand prieuré de France. Cette dernière partie donne les terriers et procès-verbaux de visite du XVIIIe siècle (1) . Les commissaires font état des difficultés judiciaires et les visiteurs recommandent les réparations et améliorations à apporter aux bâtiments de la commanderie de Balisy.
Le terrier de la Commanderie de Balisy (1753)
Après l'autorisation du Grand Conseil par son arrêt du 22 janvier 1752, le commandeur de Balisy, « illustrissime frère François de Bernard d'Avernes, chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem dépendant du Grand Prieuré de France » donne mandat à un commissaire pour que celui-ci dresser le terrier de la commanderie de Balisy. Tous les propriétaires sont convoqués pour faire reconnaissance et déclaration de leur propriété dans la censive du Commandeur.
Le 11 novembre 1753, maître Claude Angouillant, ancien greffier aux Requestes du Palais, demeurant à Paris, rue du Murier, paroisse Saint-Étienne-du-Mont, est convoqué au nom et comme aux droits par acquisition passée devant Hugot et son confrère, notaires au Châtelet le 31 décembre 1737, deument insinué à Longjumeau le 20 mars 1738, de Jean Chanteau, escuyer conseiller secrétaire du Roy auquel estoit escheu le troisième lot du partage des biens de feu Messire Denis Angouillant, prêtre curé de Nervière, son oncle maternel, passé devant Regnault et son confère le 22 mars 1734, a reconnu et déclare tenir avec tous les droits de haute, moyenne et basse justice « à titre de chef-cens annuel et perpétuel et portant lods et ventes, défauts, saisines et amendes quand le cas y echoit suivant la coutume… », les biens suivants :
• un demy arpent de terre labourable scis au terroir dudit Balisy, touchant à la terre de la fabrique de Longjumeau, donnant sur la voye de Poulette, chargé de cinq deniers de cens payable à la Commanderie le jour Saint-Rémy,
• un demi arpent et huit perches de pré scis en la prairie de Balisy, touchant au terrain de la cure de Longjumeau, chargé de sept deniers et maille de cens payable comme dit est,
lesquels cens se montent à douze deniers et maille dont le sieur déclarant convient, promet et s'oblige, tant et aussi longtemps qu'il sera propriétaire et détenteur desdits héritages. La déclaration est passée à Longjumeau en présence de deux témoins : Jean Durand, bedeau de Saint-Martin de Longjumeau et Germain Roch Taupin, vigneron demeurant audit Longjumeau. Ledit Claude Angouillant proteste car le receveur des terre et seigneurie de Chilly a reçu les lods et vente lors de l'acquisition des biens.
Sur un papier timbré de la Généralité de Paris, à 3 sols la feuille, daté du 14 novembre 1753, nous apprenons que « devant Eustache Goupil, commissaire à terrier nommé pour la confection de celui de la commanderie de Balisy, Messieurs les Maistres et gouverneurs et administrateurs de l'Hôtel-Dieu de Paris représentés par… lesquels ont reconnu et déclaré que l'Hôtel-Dieu de Paris tient à titre de chef-cens portant lods et ventes, défauts, saisines et amendes quand le cas y echoit suivant la coutume, d'illustrissime frère François de Bernard d'Avernes, chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Balisy, membre dépendant du Grand Prieuré de France, Chanut et Fontaine-sous-Mondidier à cause des biens et commanderie et censive dudit Balisy ». Puis, vient la désignation des héritages de la Commanderie :
• premièrement trois quartiers de terre labourables scises au terroir de Gravigny, chantier des Graviers tenant d'un costé d'orient aux biens de Louis Fillaut, d'autre d'occident au fils mineur de Pierre Noel Desvignes et Marie Claude Rigault sa première femme qui étoit héritier de Claude Rigault et Elisabeth Gaultier ses père et mère, qui étoient aux droits par acquisition de Louis Chapellier et la demoiselle Couillante sa femme, de Jean Couillante et la demoiselle Mongobert, ses père et mère, par contrat passé devant Berruyer et son confère, notaires au Châtelet de Paris le 25 septembre 1727, d'un bout au midy sur Jean Mongobert au lieu de Barthélemy Grandjean et les biens vacants dudit Louis Fillaut et d'autre au septentrion sur la voye de Longjumeau à Corbeil chargés d'un denier et maille parisis de cens payables tous les ans le jour de Saint Rémy à peine d'amende suivant la coutume,
• item, trois autres quartes au même lieu, tenant d'orient au fils mineur dudit Pierre Noel Desvignes à cause de son héritage donné pour tenant, d'occident au précédent article, d'autre d'occident à la succession vacante dudit Louis Fillaut, d'un bout au midy sur Hiacinthe Liquor et d'autre au septentrion à la dite de Longjumeau à Corbeil chargés d'un denier et maille parisis de cens, payables comme dit est,
• item, trois arpents de prez scis en la prairie de Gravigny, tenant d'un côté au midy au prieuré de Saint-Éloy, Nicolas Cotentin Moison, la dame Galloin, Frédéric Numain et les mineurs Jean-Baptiste Bara, d'autre au septentrion à la rivière d'Yvette, d'un bout d'orient au pré de la Commanderie et d'autre d'occident à Monsieur Plissay, seigneur de Morangis chargés à raison de huit deniers parisis l'arpent ce qui revient à deux sols parisis pour lesdits trois arpents, payables comme dit est,
Les quels cens montant ensemble à deux sols trois deniers parisis par chacun an, Messieurs les administrateurs audits noms promettent et s'obligent continuer à payer tant et si longtemps que l'Hôtel-Dieu sera propriétaire des héritages sus déclarés. Fait et passé par devant les conseillers du Roy, notaires à Paris, soussignés.
Les gouverneurs et administrateurs de l'Hôtel-Dieu sont représentés par une kyrielle de notables parisiens. Nous en donnons les noms et les titres de ces personnages membres de la noblesse de robe du XVIIIe siècle :
• Messire Joseph Vigneron, conseiller du Roy, président honoraire au bureau des Finances et Chambre du Domaine de la généralité de Paris,
• Messire Charles Mathieu Legal, écuyer, conseiller secrétaire du Roy maison couronne de France et de ses finances, avocat au Parlement,
• Messire Marc Antoine Léonard Desmalpeines, conseiller du Roy en son châtelet de Paris,
• Messire Daniel Bargeton, avocat au Parlement,
• Messire Claude François Delaville Duoportante, conseiller en la Cour des Aydes,
• Messire François Paul Gilles Durant, trésorier de France au bureau et finances de la Généralité de Paris,
lesquels ont fait et constitué leur procureur général et spécial, sieur Pierre Noël Desvignes, fermier de l'Hôtel-Dieu à Morangis , auquel ils donnent pouvoir de pour eux et en leurs noms, en leurs qualités d'administrateurs, passé à Monsieur le Chevalier d'Avernes, commandeur de Balisy, la déclaration dont le projet en des autres parts…
Le 17 novembre, devant les notaires du Châtelet, fut présent le sieur Marc Broüe, marchand épicier bourgeois de Paris y demeurant rue Saint-Martin paroisse Saint-Merry, lequel a fait et constitué pour son procureur général et espécial le sieur Jean Bordier aubergiste à Longjumeau auquel sieur Broüe donne pouvoir de pour luy et en son nom reconnoitre qu'il est détenteur et propriétaire de neuf quartes de terre labourable scise au terroir de Balisy chantier de Poulette tenant d'une part au sieur Pierre Mafferay au lieu des héritiers Dominique Simon et d'autre de Estienne Guesard au lieu de Claude Picard, d'un bout sur Paul Marie Carbonnier à cause de sa femme et d'autre au chemin des prez ou autrement la voye de Longjumeau à Gravigny, lesquelles quartes sont chargées de envers la Commanderie de Balisy, Ordre de Malte, du cens ordinaire à raison de dix deniers par arpent payables par chacun an…
Trois jours plus tard, devant le même commissaire à terrier, le sieur Marc Broüe, marchand épicier à Paris, rue Saint-Martin, paroisse Saint-Mery, héritier en partie de feu Nicolas Broüe vivant marchand à Longjumeau, son père, comparant par le sieur Jean Bordier aubergiste à Longjumeau fondé de la procuration passée devant les notaires de Paris, lequel a reconnu et déclaré tenir à titre de chef-cens annuel, perpétuel et portant lods et ventes, etc… suivant la coutume, et en outre en tous droits de haute, moyenne et basse justice. Il s'agit de la déclaration qui concerne neuf quartes de terre labourable au terroir de Balisy, chantier des Poulette, dans la censive du commandeur de Balisy. Cette parcelle, située sur la « voye de Gravigny à Long Jumeau » a pour voisins : Antoine Simon et consorts, hoirs de Dominique Simon ; Etienne Guesard au lieu de Claude Picard ; et Marie Carbonnier. La terre est chargée de six deniers et pire de cens payable tous les ans en la commanderie le jour de Saint-Rémy « à peine d'amende suivant la coutume ».
Déclaration de la seigneurie de Balizy (1754)
Faisant suite à la constitution du terrier du domaine non fieffé de la Commanderie de Balisy, membre du Grand Prieuré de France, l'arpentage et bornage des terres est entrepris. Un procès-verbal de « mesurage et arpentage » est dressé le 17 mai 1754 par Philippe Garreau, arpenteur demeurant à Paris paroisse Saint-Sulpice. «… Je certiffie à tout qu'il appartiendra qu'à la requestre d'illustrissime seigneur frère François de Bernard d'Avernes, chevallier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur des commanderies de Fontaine-sous-Mondidier, de Channut, de Balisy, membre dépendant du Grand Prieuré de France; je me suis transporté en la seigneurie dudit Balisy scise en la paroisse de Longjumeau, pour faire la mesure et arpentage de tous les lieux, terre labourable, bois, pré et vigne dépendans du domaine non fieffé de ladite seigneurie, dressés précédemment par moy divisée par cantons désignés par les lettres A, B, C, etc. ou étant, j'ay procédé ainsi qu'il suit.
• premièrement l'hostel et lieu seigneurial dudit Balisy de signe au plan sous les N°3 de la lettre A, consistant en plusieurs corps de logis porte cocher pour y enter sur laquelle est un pavillon, cour, jardin, et un grand clos à main droite en entrant par ladite porte en un corps de logis, qui consiste en une grande salle, une cuisine, un fournil, une laitterie, à costé un bucher en apentil au bout de ladite grande salle et ladite cuisine on entre en un escalier, qui conduit à deux chambres hautes, une gallerie et un cabinet. Tout attenant les susdits corps de logis est la grange au bled qui avoit ouverture sur la Rûe , et une vacherie, grande cour devant les susdits bastiments qui parait avoir esté autre fois partagée par les bergeries qui sont au milieu de la dite cour, et les vestiges d'un mur de séparation tendant à ligne droite desdites bergeries, plus un poulaillier et deux toits à porcs tout le long d'un abreuvoir où il y a un puits et ensuite est ledit abreuvoir en terrain y adjacent en face dudit abreuvoir et terrain y adjacent est la grange à aveine derrière laquelle est un grand clos à l'orient desdits cour et jardin vers le septentrion desdites cour et porte cocher est le potager et à un des angles du jardin vers la porte cocher est un corps de bastiment en servant de fenil, au bout duquel est une vacherie. Tout ce que dessus désigné contenant ensemble en fons de terre cinq arpents et demy ou environ et clos de murs de touttes parts tenant d'un long d'orient acause desdits clos à la Rüe du Charot, d'autre long d'occident acause des portes cochers, premier corps de bastiment en terrain adjacent à l'abreuvoir derrière la grange au bled au carrefour et Grande Rüe dudit Balisy ; d'un bout au midy sur ladite veuve Baudry et consorts héritiers Chaussart n°4, Hyacinte Piquot n°5 et Claude Chuillaut n°6 et d'autre bout au septentrion accause dudit jardin à la veuve Simon Maufrar n°2.
• item, la chapelle contenant trois espaces couverts de tuille scituée sur le carrefour dudit Balizy, fondée en l'honneur de Dieu sous l'invocation de Saint-Jean-Baptiste.
• item, devant ledit hôtel seigneurial une pièce de terre contenant quatre arpents un quartier ou environ dans laquelle est un jardin autrefois appellé le jardin du puits de la cane, le tout en une seule pièce n°10 de la lettre B, tenant d'un bout à l'orient au carrefour et Rûe tendante de Balizy à Balainvillier, d'un long azu septentrion à la Rûe tendante dudit Balizy à Longjumeau, d'autre long au midy à la ferme et clos entouré de hayes vives appartenant à ladite veuve Baudry et héritiers Chaussart, n°6 et 28, et d'autre bout à la dame Galloixe n°2.
• item, une pièce de 27 arpents un quartier ou environ cy devant en deux pièces n°7bis de la lettre B, tenant d'un long d'orient à ladite veuve Baudry et consorts héritiers Chaussart n°3 et 4, et à la dame Galloixe n°7, d'autre d'occident à la petite voye de Poulette et à plusieurs, et en hache au sieur Ferrant, d'un bout au midy à plusieurs au chantier des Genes ou marais vers Balainvillier, et accause de la susdite hache aux Blancs Manteaux de Paris, et d'autre bout eu septentrion au chemin ou voye tendant de Balizy à Longjumeau.
• item, deux arpents 15 perches au chantier des Genes au marais vers Balainvillier n°5 de la lettre C et 1 E de la lettre B à travers de laquelle pièce par un bout au septentrion passée le chemin de la Grange du Breuil à Longjumeau tenant d'un long d'orient à Renée Chaussart veuve Baudry et consorts n°4 de la lettre C, et à la dame Galloixe, n°15 de la lettre B, d'autre d'occident à ladite Renée Chaussart et consorts n°6 de la lettre C et Elisabeth le Bigot, veuve Pinet n°10 de la lettre B, d'un bout au midy sur le chemin de Balizy à Balainvillier et d'autre au septentrion sur Nicolas Aboilard n°13 de la dite lettre B.
• item, une autre pièce de terre qui doit contenir un arpent 89 perches et qui ne contient aujourd'huy que un arpent et demy quartier au chantier des Blancs Manteaux, en addition servant de sommier d'un long à son orient à la fabrique de Longjumeau au sieur Bernard, les héritiers Dolimier, Jean Gasteaux, Masnoir à ladite fabriquez, la ditte Renée Chaussart et consorts, d'autre long d'occident à Romain Dupuis, d'un bout au septentrion aux Blancs Manteaux de Paris.
• item, une autre pièce de terre scize derrière la chapelle de Balizy contenant un arpent et demy ou environ n°5 de la lettre D tenant d'un long au midy à Marie Chesneau veuve Charpentier n°2, Nicolas Denis Le Bon, son fils n°3 et Renée Chaussart, veuve Baudry et consorts n°4, d'autre long au septentrion à la ditte veuve Renée Chaussart et consorts n°8, Marie Chaineau, veuve Charpantier n°9 et la fabrique de Longjumeau n°10, d'un bout à l'orient aux mineurs Barat n°6, et d'autre d'occident à la pièce de la Commanderie n°31.
• item, neuf arpents 40 perches au même chantier n°15bis de la lettre D, tenant d'un long au midy au jardin du sieur Dupuis au lieu d'Aboilard n°7, Claude Couillaut n°15, Marie-Anne Fortin veuve Mathurin Michelet n°14, d'autre long au septentrion à la dite Renée Chaussart et consorts n°16, le sieur Taupinart Detillière n°17, au sieur Bernard n°18, aux mineurs de Jean-Baptiste Barat n°19, au sieur Jean-Jacques Ferrant n°20 et Claude Couillau n°20, d'un bout à l'orient à la voye de Balizy à Gravigny et d'autre bout à l'occident à la pièce suivante.
• item, 26 arpents 84 perches au terroir et chantier n°31 de la lettre D, dans laquelle se trouve une pièce appartenante à la cure de Longjumeau n°30 servant d'un long à son orient des sommiers ou tournaille à plusieurs, d'autre long d'occident tenant à Mathurin Narjeau n°32, à la cure de Longjumeau n°52, à Paul Marie Charbonnier n°53, au sieur de Crecy n°54, Claude Couillaut n°55 et à la dite Renée Chaussart et consorts n°66, d'un bout au midy à la voye de Balizy à Longjumeau et d'autre au septentrion à la voye des Prez.
• item, deux arpents 10 perches au même terroir, chantier de la Fontaine au Peintre, anciennement dit les Lièvres servant d'un long à son midy de sommier à plusieurs, une sente ou vidange entre deux, d'autre long à la voye des Prés, d'un bout à son orient Claude Couillaut, d'autre à son occident à Vincent Cossonnet.
• item, 10 arpents 40 perches au terroir dudit Balizy, lieu-dit anciennement les Franchises ou près le Rouillon n°3 de la lettre F, tenant d'un long d'orient à Jean Lambert n°4, Louis Lamoureux n°6, le sieur de Crécy n°7, monsieur le duc de Mazarin n°14, Marie-Louise David n°15, aux mineurs Barat n°16, aux Blancs Manteaux n°18, à la dame Galloixe n°19, d'autre long à l'occident au chemin de Balizy à Gravigny et d'autre bout au midy à la voye tendante de Blaizy à Espinay et d'autre bout à la voye de Balizy à Gravigny.
Ensuite la déclaration des prés dudit seigneur commandeur.
• premièrement 10 arpents 85 perches de pré en la prairie de Balizy désignés au plan sous les N°8 et 12, tenant d'un long au midy à la Morteau, d'autre long à la rivière d'Yvette et au pré de la Charité de Chilly n°4, d'un bout d'orient au pré du moulin de Gravigny n°7, à messire Louis Mathurin Poulain n°9 et au sieur Ferrant n°10 et d'autre bout à l'occident aux héritiers Le Roy n°16 et à l'Hôtel-Dieu n°20.
• item, 3 arpents 16 perches de pré en la mesme prairie n°11 de la lettre H, tenant d'un long et d'un bout en Rûe au midy à la voye des Prés, d'autre long au septentrion à la Morteau et d'autre bout à l'occident à Monsieur Plissay n°13.
• item, 2 arpents et un quartier de pré en la mesme prairie n°15 de la lettre H, tenant d'orient à la Charité de Chilly n°14, d'autre long a l'occident aux héritiers Le Roy n°36, d'un bout au midy à la voye des Prés et d'autre bout au septentrion à l'article premier, la Morteau entre deux.
• item, un arpent et demy trois perches de pré en la mesme prairie n°28 de la lettre H, tenant d'un long à son orient au sieur Cailleau n°29, d'autre long à son occident aux vénérables prieurs et chapelain de Sainte-Marie du Temple n°27, d'un bout au midy sur la ditte voye des Prés, d'autre au septentrion à la cure de Longjumeau n°22 la Morteau entre deux.
Toutes lesdites pièces d'héritage au nombre de quinze cy dessus mesuré et arpenté sur les pieds de 12 pouce pour pied, 22 pieds pour perche, et 100 perches pour arpent contenant en total la quantité de 117 arpents 84 perches et de tout ce que dessus j'ay fait de présent, mon procès-verbal est certifié véritable en tout son contenu ledit jour et an que dessus. Délivré la présente copie qui a esté collationnée, controllée à Paris le ( ?) may 1754 par commis qui a reçû ( ?) pour les droits. Signé Garreau.
La chapelle de la commanderie de Balisy
Un registre des visites porte en couverture « Procès-verbal de visite du Grand Prieuré de France dont est pourvu S.A.S. Monseigneur le prince de Conti rédigé par Messieurs les commandeurs d'Ormesson et abbé Le Barbier ès années 1756-1757 ». Ce registre est précieux car il décrit dans les moindres détails la chapelle de la commanderie de Balisy lors de la visite du jeudy 14 octobre 1756 : « Nous, commissaires en continuant notre visite pour la confection du présent procès-verbal, sommes paris de Paris accompagnés comme dessus à huit heures du matin pour nous transporter au lieu nommé Balizy, membre dépendant du Grand Prieuré de France, distant de Paris de cinq lieues, où nous sommes arrivés à onze heures du matin ». Dans ce qui suit, le texte manuscrit est fidèlement reproduit.
« Nous sommes descendus à la chapelle de Balisy située à gauche en arrivant vis-à-vis de la ferme et de l'autre côté de la Rue.
« Cette chapelle a sept toises et demie de long sur trois et demye de large.
« Après avoir fait notre prière nous avons vu sur l'autel une pierre bénite ( ?), trois nappes et un tapis de sorge.
« Au-dessus de l'autel un tableau représentant le baptême de Notre Seigneur dans un quadre de menuiserie orné d'un fronton et une croix au dessus
« La chapelle est sous l'invocation de Saint Jean Baptiste.
« Sur les gradins sont un crucifix de bois dont le Christ est d'ivoire, deux chandeliers de cuivre, deux petits pots de bois doré portant deux bouquets, un canon complet, un missel et deux oreillers.
« Pierre Servaize fermier de la ferme nous a dit qu'il avoit porté à Paris le calice et la patène pour les faire raccommoder, et nous a fait voir deux burettes et un plateau de fayance qu'il nous a dit avoir acheté n'y en ayant point, et qu'il est nécessaire de luy rembourser.
« Nous avons vu un bénitier de cuivre et une sonnette d'autel.
« Le fermier nous a représenté une chasuble complète en satin de toutes couleurs en bon état.
« Une aube garni de sa ceinture ; il serait à propos d'en ajouter une autre.
« Deux corporaux, quatre purificatoires, quatre amicts ( ?) et cinq lavabos.
« Il y a un divan d'autel de menuiserie garni de ses deux côtés, étant nouvellement faits, quatre bancs de bois tant bons que mauvais, le plafond est en plancher.
« La cloche est suspendue dans le comble, la corde a besoin d'être renouvelée.
« Nous avons remarqué plusieurs crevasses au mur dans l'intérieur.
« Le fermier nous a dit que la chapelle étoit desservie par un prêtre de Villebouzin trop âgé pour continuer la desserte ; le prêtre luy ayant dit de se pourvoir d'un autre desservant.
« La rétribution de la chapelle est de 50 livres par an payées par le fermier au pardessus de son bail.
« Le fermier nous a représenté que les prêtres religieux du canton ne voulaient pas s'assujetir à venir desservir la chapelle à moins qu'on ne leur donne 100 livres de rétribution pour dire la messe les dimanches seulement, et 150 livres pour venir la dire les dimanches et fêtes pendant le cours de l'année.
Signatures des commandeurs du Grand Prieuré de France au bas du procès-verbal de visite de la commanderie de Balisy (1757).
« Il nous a dit qu'il avoit donné jusqu'à 100 livres par chaque année dont 50 livres de sa bonne volonté pour procurer aux habitants du hameau de Balisy composé de quinze à seize maisons la satisfaction d'avoir une messe tous les dimanches.
« Balisy est de la paroisse de Long-Jumeau distant d'une petite lieue.
« Nous représentons au seigneur Grand Prieur la nécessité dans laquelle il est de donner ses ordres pour faire desservir cette chapelle et procurer aux habitants du hameau une messe au moins tous les dimanches.
« Nous sommes sortis pour examiner la bâtisse à l'extérieur ; nous avons trouvé qu'il est nécessaire de recrépir en entier le pignon derrière l'autel et d'y boucher plusieurs crevasses, rejointoyer les pilliers-butants donnant dans le clos d'un particulier qui entoure la moitié de la chapelle.
« Nous avons remarqué plusieurs arbres fruitiers plantés le long des murs qui peuvent l'endommager, nous avons enjoint au particulier à qui appartient ce clos de les arracher et au fermier d'y tenir la main faute de quoy de se pourvoir devant qui il appartiendra.
« La chapelle est couverte en tuile et exige quelques légères réparations à la couverture, qui seront faites ainsy que celles du bâtiment dans deux ans ce jour.
La ferme de la commanderie de Balisy en 1756
Nous reprenons en partie la description de la ferme de Balisy, car cette visite a été faite par les commandeurs du Grand Prieuré accompagnés d'homme de l'art pour décider des réparations à faire.
« Nous sommes entrés ensuite dans la ferme par une porte cochère avec une petite à côté, au-dessus desquelles est un bâtiment composé d'une chambre dont le fermier actuel fait un volet n'ayant point de colombier, où on monte par un escalier de charpente pris dans un petit bâtiment ajouté à droite de celuy cy dessus. Il y a une recherche à faire à la couverture en tuile. Ce bâtiment a 3 toises et demie de face sur 2 de largeur. Sous la porte charretière en entrant à gauche est une petite porte qui entre dans un bâtiment de 7 toises de long sur 3 de large faisant d'abord une écurie garnie de fer, auges et ratelier où nous avons trouvé quelques entretiens à faire au plancher, ensuite est une étable, au dessus est un grenier, la couverture en tuile. À côté de l'écurie est un toit à porc d'une toise et tous sont couvert en tuile, un appenty où il ne manque rien.
« À main droite des portes est un corps de logis de treize toises de face sur trois et demye de profondeur faisant la maison du fermier. Au pignon du côté de la porte charretière est adossé un bâtiment couvert en tuile, un appenty faisant anciennement une foullerie. Apès est l'habitation du fermier, composé au rez d'une chambre, une cuisine et un fournil où est un four. Derrière ces trois pièces est appuyé un bâtiment saillant d'environ une toise faisant un cellier, un escalier de charpente à côté duquel est une laiterie, le tout en bon état à l'exception de la maçonnerie sur laquelle est posée la pierre d'évier qu'il est nécessaire de relever.
« Nous sommes montés par l'escalier au premier étage dans quatre pièces en gallerie à différents usages, dans l'une desquelles il est nécessaire de reboucher une forte lézarde au pignon qui sépare la maison d'avec la grange. Dans une autre pièce à gauche de l'escalier, il est nécessaire de faire plusieurs parties de lambris en plâtre.
« À côté de l'habitation du fermier et dans la même continence est une étable à vaches en bon état. Ensuite est une grange à blé de 12 toises de long sur 4 de large couverte en tuile où il n'y a rien à faire. Derrière la grange est un petit terrain dans lequel est un paitre garni de sa potence de charpente et poulie. En retour d'équerre est un corps des bâtiment isolé de 13 toises de long sur deux et demye de large couvert en tuile en appenty, composé d'abord d'une étable, ensuite deux toits à porc, et deux poulaillers au dessus desquels sont des petits greniers, dont partie en plancher et partie en sineau ( ?), le tout en bon état et bien fermant. Derrière ce bâtiment est une mare. En retour vis-à-vis le pignon des bâtiments cy dessus, et détachée, une grange à avoine de 9 toises de long sur 5 de large en bon état tant maçonnerie, charpente et couverture en tuile. En retour d'équerre et isolées sont deux bergeries faisant même corps des bâtiment de 13 toises de long, sur deux et demye de large couvert en tuile avec des petits greniers au dessus dans lesquels on monte par une échelle, le tout en bon état et bien fermant.
« Nous avons remarqué quelques tuiles à remettre en différents endroits sur toutes les couvertures. Le reste du terrain de la cour est fermé de murs. Derrière le bâtiment des bergeries, dans le mur de clôture, est une porte charretière, par laquelle nous sommes entrés dans un clos en pâture fermé de murs. En sortant du clos et entrant dans la cour de la ferme par la même porte est à droite en retour d'équerre un mur de clôture avec une petite porte par laquelle nous sommes entrés dans un autre clos fermé de murs, dont partie est en potager et l'autre partie en foin. Tous ces murs sont bons. La ferme contient avec deux clos cy dessus environ cinq arpens.
« Nous sommes sortis de la ferme pour examiner les murs de clôtures à l'extérieur, il n'y a point de réparations à faire. Nous nous sommes aperçus qu'un particulier avait construit une meule de paille et chaume appuyée sur le mur du clos dernier cy dessus énoncé, que cette meule faisant tort au mur ; plus que ce même particulier a construit un hangar appuyé au pignon de la maison donnant dans la rue pour mettre des voitures à couvert ; nous luy avons enjoint d'ôter sa meule comme préjudiciable au mur et démolir le hangar comme nuisible à la voye publique et au fermier d'y tenir la main, faute de quoy de se pourvoir devant qui il appartiendra.
Le procès-verbal de la visite se termine en considérant le montant du bail. Les commissaires font remarquer : « Ce membre étoit concédé à Monsieur le commandeur d'Avernes qui en a joui jusqu'à sa mort arrivée il y a peu de tems et rentrera dans le domaine du Grand Prieur après les années du mortuaire et du vacant dont nous donnons avis au seigneur Grand Prieur, afin qu'après ce tem expiré, il passe un bail au fermier qui nous a dit qu'il avoit remis celuy qui luy avoit été fait par feu Monsieur le commandeur d'Avernes, à M. de Grieu, receveur et procureur général du commun Trésor pour luy en être fait un nouveau, et que le montant du bail est de 700 livres tournois, somme à laquelle il faut ajouter « les charges au pardessus du bail à 50 livres, pour la desserte de la chapelle ».
« La seigneurie de Balisy relève du Roy. Le seigneur Grand Prieur est seul seigneur. Il y a haute, moyenne et basse justice servie par un bailly procureur et greffier. Il y a droit de chasse sur cette terre, et droit de pêche sur la rivière d'Yvette, le fermier est tenu de garder la chasse. La contenance de la ferme est 90 arpents de terre labourables, 18 arpents de préz. Les censives sont comprises dans le bail, dont le montant est de 10 livres par année. Les droits seigneuriaux et lods et ventes sont de même compris dans le bail et ne peuvent s'évaluer par leur médiocrité. Le fermier nous a dit qu'il n'y an avoit pas touché 50 livres depuis qu'il est dans la ferme ».
Comme tous les domaines des communautés religieuses, la commanderie de Balisy fut démantelée sous la Révolution. Le décret du 11 août 1789 supprima la dîme sous réserve de rachat. Les évènements vont conduire rapidement à la suppression du prieuré par la loi du 13 février 1790 qui abolissait les vœux monastiques et les ordres réguliers. Par le décret du 2 novembre 1789 tous les immeubles furent été déclarés « biens nationaux » et vendus pour résoudre la crise financière. Ils sont souvent rachetés par la bourgeoisie qui dispose des fonds importants.
Note
(1) Les statuts les plus anciens de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem énoncent que les commanderies n'étaient ni des titres, ni des bénéfices, mais de simples concessions temporaires concédées pour un temps limité, par le Sacré Conseil " Ad decem annos et amplius ad beneplacitum nostrum " ainsi que le portaient les provisions données par la Chancellerie. Les commandeurs étaient amovibles, soit en cas de malversation dans leur régie, soit en cas de mauvaise conduite dans les mœurs ( note tirée de Mannier ).