La fondation de l'église de Ballainvilliers |
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Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------------- _------------------ --------- Janvier 2011 Extrait de l'Atlas Trudaine (1745-1780).C. Julien
Cette chronique est consacrée à la fondation de l'église de Ballainvilliers « Balleinvillare, Balenviller, Baleinviler », survenue en 1265, suite au démembrement en deux parties de la paroisse de Longjumeau « Longo Jumello », bénéfice aux mains de l'évêque de Paris. Avant d'exposer cette charte, nous parlons du temporel du Chapitre de Notre-Dame de Paris dans le sud parisien et exposons plusieurs actes de l'Église cathédrale relatifs au village de Ballainvilliers (1).
L'invasion des laïcs dans l'Église Ce fut pendant l'agonie de la dynastie mérovingienne, et principalement sous le gouvernement de Charles Martel, que les hommes de guerre, ayant envahi les bénéfices ecclésiastiques, occupèrent les abbayes et les églises, et formèrent un nouveau clergé, aussi méprisable, suivant saint Boniface, par ses mœurs que par son ignorance. Ce fut aussi au milieu des guerres des petits-fils de Charlemagne et des invasions des Normands, que, la plupart des églises et des monastères ayant été de nouveau dépouillés de leurs possessions, on vit des comtes se faire évêque ou abbés, le scandale s'introduire dans le sanctuaire, et la discipline ecclésiastique relâchée menacer de se perdre entièrement.
L'Église de Paris Depuis le début de la féodalité, l'évêque de Paris avait surpassé en dignité les plus hauts barons du royaume, car ceux-ci étaient soumis envers lui à une obligation, qui peut paraître fort humiliante, à celle de le porter jusqu'à la cathédrale le jour de son inauguration. Les sires de Montmorenci, les comtes de Saint-Paul et de Bretagne et même le roi devaient recevoir humblement sur leurs épaules la litière du prélat. Beaucoup d'ecclésiastiques étaient hommes liges de l'évêque et lui devaient l'hommage à raison même des fonctions ou des bénéfices qu'ils possédaient dans l'église. Tels étaient le doyen, le chantre, le chancelier, tous les archidiacres, le marguillier et le pénitencier de l'église de Paris, son propre chapelain, et les doyens des chapitres de Saint-Marcel, de Saint-Germain-l'Auxerrois, de Saint-Thomas-du-Louvre et de Saint-Cloud, le prévôt et le chantre de l'église collégiale de Champeaux, le curé de Servon, le chapelain de Villiers, un prébendier de l'église Saint-Eustache de Paris. L'évêque avait deux maîtres à satisfaire : le pape et le roi, et un rival à ménager : le chapitre qui, siégeant à ses côtés était parvenu à partager sa juridiction et ses revenus, à balancer sa puissance et souvent à la dominer. Les revenus ecclésiastiques étaient partagés en quatre parts : celle de l'évêque uniquement, celle pour son clergé, celle pour les pauvres de l'Église et la quatrième pour l'entretien des édifices consacrés au culte. D'après le capitulaire de l'an 801, on partageait même les dîmes payées aux prêtres en trois parties : pour l'entretien des églises, pour les pauvres et les pèlerins, et enfin pour les prêtres. Les biens de l'église de Paris furent très-considérables à en croire le Petit et le Grand Pastoral du cartulaire de Notre-Dame. Parmi toutes les terres possédées par l'Église au XIIe siècle, mentionnons celles du sud parisien : Montrouge, Clamart, Fresnes-les-Rungis, Rungis, Wissous « Villæ Cereris ou Viceor », Massy, Palaiseau, Champlan, Limours, Montlhéry, Saint-Michel-sur-Orge, Brétigny, La Ferté-Aleps, Chevreuse, Les Trous, administrées par des prévôts « præpositus » laïcs ou ecclésiastiques. Les principales terres qui faisaient partie de la mense capitulaire avant la fin du XIIe siècle sont : Gentilly, L'Hay, Chevilly, Orly, Avrainville, Itteville, Lardy, Corbreuse. Le chapitre faisait administrer ses terres et la justice qu'il possédait par des officiers de quatre degrés différents, savoir par un prévôt « præpositus », un maire « major », un doyen « decanus » et un sergent « serjent ». Tous ces officiers sont quelquefois compris sous la dénomination générale de « servientes » (2). Hors la ville de Paris, plusieurs abbayes et églises faisaient partie de la mense épiscopale dont Saint-Saturnin de Chevreuse. Ces terres sont entrées successivement dans le domaine de l'église N.-D. de Paris, et pour la plupart ne comprenaient qu'une partie du territoire de villages dont elles portent le nom, l'autre partie ayant été possédée par d'autres maîtres, soit ecclésiastiques, soit laïcs. Les fiefs possédés par l'évêque de Paris sont très nombreux et de différentes espèces. Ils comprennent des villages, des terres, des châteaux et des églises avec leurs dépendances, des maisons, des moulins, des dîmes, des cens et des rentes, des octrois et des droits de tous genres et mêmes des fonctions ecclésiastiques. L'évêque lui-même avait des vassaux, qui tenaient de lui des biens de son église, et ces biens formaient par rapport à celle-ci de véritables arrière-fiefs. Les plus célèbres étaient les châteaux et châtellenies de Chevreuse, Brie-Comte-Robert, Tournan, Conflans-Sainte-Honorine, etc., les châteaux de Corbeil, de Montlhéry et de la Ferté-Aleps. Les possesseurs des fiefs de Corbeil, de Montlhéry et de la Ferté-Aleps, étaient obligés chacun à porter l'évêque à son entrée solennelle le jour de son installation ; et comme ces trois fiefs étaient réunis dans la main du roi, celui-ci devait fournir deux chevaliers pour acquitter avec lui ce genre de service. Mais il mettait un troisième seigneur à sa place, aimant mieux faire remplir ce singulier devoir par un tiers que de le remplir en personne. Tous les ans, le seigneur de Corbeil devait rendre à l'évêque un cierge de vingt sous, celui de Chevreuse un de vingt-cinq sous, celui de Montlhéry de même, celui de la Ferté-Aleps un de soixante sous. Mais, dans un acte de l'an 1222, le cierge de Corbeil est porté à quarante-cinq sous, de même que celui de Montlhéry. Les vassaux s'obligeaient, en prêtant l'hommage, à produire dans les quarante jours le dénombrement de leurs fiefs ; que la veuve de Jean de Brétigny remplit ce devoir, en 1228, pour son fils, dont elle avait la tutelle. Hors de Paris, le bailli de l'évêque avait la justice au fief de Rosières, à la Ville-l'Évêque, à Saint-Marcel, et dans les bourgs ou villages de Saint-Cloud, Marnes, Garches, Gentilly, Wissous, Moissy, Combs-la-Ville, Maisons-sur-Seine, dans la terre de Sainte-Croix de Saint-Denis, et au pont de Charenton. L'institution des chapitres évolua jusqu'au concile de Rome en 1063 qui engendra les chanoines réguliers canonici regulares . Dès le XIIIe siècle, le chapitre de N.-D. de Paris était composé de huit dignités et de cinquante-deux prébendes, y compris celle que l'abbaye de Saint-Victor y possédait. Les huit dignitaires étaient le doyen, le chantre, les trois archidiacres, le sous-chantre, le chancelier et le pénitencier. Le doyen nouvellement installé avait droit de procuration , c'est-à-dire de gîte dans toutes les terres de Notre-Dame, la première fois qu'il les visitait. L'archidiacre jouissait du droit de procuration dans les visites qu'il faisait tous les ans des églises de son archidiaconé. Le droit du pigment était l'usage de joncher d'herbes et de fleurs le pavé de l'église aux jours de grandes fêtes, et principalement à la fête de l'Assomption, était pratiqué dans l'église de Paris, où la fourniture de cette espèce de litière, « pigmentum », était mise à la charge des prieurs du doyenné de Massy ou de Châteaufort. Au XIVe siècle, les prieurs étaient ceux de Bruyères, de Briis, de Forges, de Limours, de Gometz-le-Châtel, d'Orsay, de Saulx, de Palaiseau, de Saint-Rémi, de Chevreuse, d'Yvette, de Châteaufort, de Versailles, de Jardy, de Marly, du Pecq et de Marcoussis. Ils s'acquittaient de cette redevance tous les ans à tour de rôle, et le tour revenait tous les dix-sept ans. Avec les droits accoutumés de patronage, le chapitre se réserve la dîme nombrée directe et légitime sur toutes ces possessions, de quelque nature qu'elles soient ; les cens, les rentes, les corvées et toutes les autres redevances, droits et coutumes, ainsi que la justice, tant grande que petite, tant haute que basse, les amendes, saisines et autres droits, dus au chapitre avant l'affranchissement. Indépendamment de la taille arbitraire, le chapitre se réserve encore le droit de tailler les affranchis, toutes les fois qu'il sera obligé de fournir un subside au roi, tant que les affranchis, leurs hoirs ou ayant-cause demeureront ou posséderont des biens dans les terres du chapitre, fussent-ils même clercs ou citoyens de Paris. La dîme nombrée « decima numerata », dont il est ici question, est celle que les décimateurs lèvent en raison du nombre ou de la quantité des choses dîmées. Elle est d'un seizième pour le vin en cuve et de mère goutte « mua gutta » ; d'un treizième pour le premier et le second pressurage, et de la moitié pour le troisième; d'un onzième ou de la onzième gerbe ou botte pour les blés d'hiver et de mars, pour les fèves, pois, vesces, légumes, pour la guède et les autres plantes de toutes sortes. Quiconque enlèverait le vin, les blés ou les autres produits, avant que les sergents du chapitre n'eussent perçu la dîme, serait tenu d'en payer l'amende au chapitre, comme s'il eût commis un vol. Les affranchis ni leurs héritiers ne pourront demander, posséder, tenir ni acquérir d'aucune manière, par droit de succession, testament, achat on autrement, les biens des hommes ou des mainmortables du chapitre; et, comme il est stipulé dans d'autres chartes, « s'il leur advenait par échoite des biens de cette nature », ils seraient obligés de les vendre dans l'année à des mainmortables du chapitre, sinon celui-ci aurait le droit de s'en emparer. Il leur est interdit d'appeler en justice les hommes ou les hôtes de l'église devant un autre tribunal que celui de l'église. Pour dernière condition, il est stipulé que les quatre enfants de Thomas Langlois ne seront libres qu'après qu'ils auront payé intégralement la somme de 24 livres parisis, et qu'en attendant, ils jouiront de la faculté de se marier où ils voudront (II, 99). Dans d'autres actes du XIIIe siècle, le prix de l'affranchissement de trois serfs est fixé à 16 livres parisis (II, 192) ; l'affranchissement d'une famille, composée de huit personnes, est taxé à 120 livres parisis (II, 172); celui d'un serf, à 20 (II, 192); d'un autre à 50 (II, 177); d'un troisième, de même à 50 livres parisis (II, 183); de deux ensemble, à 64 (III, 424). Douze hommes de Wissous obtiennent la liberté à condition qu'ils payeront un cens de 90 livres parisis, au lieu de celui de 45 livres , qu'ils devaient auparavant (III, 139). Dans un dénombrement des serfs affranchis par le chapitre, de 1253 à 1255, les prix varient de 15 à 90 livres parisis par personne (III, 467). Les affranchissements généraux concernent la terre de Wissous où les hommes sont affranchis de la servitude corporelle « hominium corporis ». En 1255, les hommes de Wissous, dont les noms remplissent près de quatre pages du manuscrit, reçurent de l'évêque Renaud la liberté , moyennant le prix de 1.000 livres parisis (III, 170). Le même prélat l'accorda trois ans plus tard à plusieurs familles, en leur imposant les mêmes conditions qu'aux hommes de Wissous, et en exigeant de chacune une somme qui revient en moyenne à 100 sous parisis (III, 342).
Les hostises L'hôte avait un statut particulier entre l'homme libre et le serf « famulus ». Une charte de l'an 1119 contient quelques renseignements sur l'état des hôtes. L'évêque de Paris, Eudes de Sully ayant divisé en petits lots sa terre de Marnes, y établit des hostises à charge de cens. Chacune se composait de huit arpents de terre labourable et d'un arpent pour l' herbergagium , c'est-à-dire pour l'habitation, la cour et les dépendances. L'hôte payait pour cet arpent un setier d'avoine à Noël, six deniers parisis à la Saint-Rémy, une demi-hémine de froment et deux chapons à la fête des Morts, et pour les huit arpents de terre labourable, 4 sols, c'est-à-dire 6 deniers pour chaque arpent. L'évêque choisissait, entre les huit arpents, les deux meilleurs pour être annexés perpétuellement et inséparablement à l' herbergagium . L'hôte ne pouvait disposer que des six autres arpents, et seulement en faveur d'une personne demeurant en la terre. Celui qui héritait soit de l' herbergagium , soit des terres était tenu d'y venir demeurer dans le terme d'un an, ou de les vendre à un des habitants.
La dîme des chanoines de Saint-Thomas du Louvre En février 1237, s'adressant à tous les fidèles Chrétiens, l'Official de la cour épiscopale d'Évreux donne des lettres et fait savoir que le chevalier Pierre de Battigny « Petrus de Bastigniaco » reconnaît avoir vendu et quitté à l'église de Saint-Thomas du Louvre « ecclesie Sancti Thome de Lupera » (3) toute la dîme qu'il possédait par héritage à Longjumeau et à Ballainvilliers « apud Longum Jumellum et apud Baleinviler », c'est-à-dire la dîme de grain, de gerbe et de paille et avec le charriage et tous les droits dont elle relève moyennant la somme de 415 livres parisis (charte XX du Livre 9). Le vendeur garantit la transaction comme étant véritable conformément aux us et coutumes de France. Dans le cas où l'acquéreur serait évincé, la susdite église recevrait 30 livres parisis de dédommagement en plus des 415 livres . En outre les plèges de cette vente sont les chevaliers Robert, doyen de Paveyo, Robert de Villabé, Alexandre de Villabé et Alexandre Fresnel qui promettent d'agir en tant que tel. En témoignage de cette vente le sceau de la curie d'Evreux est apposé sur l'acte (4). Il est évident que Ballainvilliers était le centre d'exploitation agricole du grand territoire de la paroisse de Longjumeau qui, situé en fond de vallée d'Yvette assurait le passage de la route de Paris à Orléans sur la rivière. Cette petite ville était un centre commercial où se tenait un marché hebdomadaire et possédait des moulins. Trois mois plus tard, le chevalier Pierre de Battigny déclare avoir vendu de son bon gré, à l'église et aux chanoines de Saint-Thomas du Louvre, la tierce partie des dîmes de Longjumeau et Ballainvilliers moyennant 415 livres , lequel fait le serment d'avoir possédé et de mettre en possession en ces lieux et dans les lieux voisins (charte XXII du Decanorum). En août 1238, le chapitre de N.-D. de Paris reprend la tierce partie de dîme de Ballainvilliers qui avait été acquise par le chapitre de Saint-Thomas du Louvre des mains de Pierre de Battigny moyennant 415 livres parisis (charte CX).
Les fiefs de Ballainvilliers Selon le cartulaire de N.-D. de Longpont, au XIe siècle, Doda, femme d'Hugues possédait deux hôtes à Ballainvilliers. L'abbaye de Saint-Germain-des-Prés y avait quelque bien qui venait de la famille Cocherel. Les chartes de l'église N.-D. de Paris nous instruisent sur le nom de plusieurs personnes qui détenaient des droits féodaux à Ballainvilliers. Tout d'abord, il faut mettre le Chapitre cathédrale de Notre-Dame de Paris représenté par les vénérables doyen et chanoines « venerabiles viros decanum et capitulum Parisiense » qui possédaient des censives, avaient droit de prélèvement de la dîme et plusieurs autres droits féodaux. En avril 1203, Marguerite femme de Renaud de Plessis est qualifiée dame de Ballainvilliers « domina femina de Bellemviller » au sens de seigneur (charte LXXIX). La dîme de blé de La Norville donnée au chapitre de Paris était dans le fief de cette dame et de ses fils Philippe et Hugues de Saint-Vrain. Trois ans plus tard, en janvier 1241, deux lettres de l'Official de Paris constatent un différend entre le chapitre Notre-Dame et le curé de Longjumeau. Le chevalier Guillaume de Villejust reconnaît posséder cinq hostises qui sont tenues par Lucas de Ballainvilliers « Lucam de Beleinviler », Robert Langlois, Pierre Luciane, Benoît Boileau, Jean dit Douce Aille (charte XL). Au mois de juin suivant, ces mêmes hôtes sont nommées par l'Official de la curie parisienne pour résoudre un conflit sur la dîme du chapitre de Paris dans la paroisse de Longjumeau. Plusieurs terres sont concernées dont 7 quartiers sis derrière la fontaine de Saint-Martin, … toute la terre située devant la maison de feu Jobert Huchedei qui est dans la couture du seigneur de Balisy « in cultura dominorum de Basiliaco ». La même charte précise le canton dîmier du chapitre de Paris et celui dévolu au doyen de Longjumeau, curé de cette ville « de décima decani Longi Jumelli sive presbiterii ejusdem ville » dont 5 quartiers tant de terre que de vigne, situés proche Alnetum à Balenviler qui étaient tenus par feu Renoud Grani-Ordei, et un arpent et demi de pré qui appartenait au feu Jean de Baleinviler… La dîme du doyen est aussi prélevée sur les terres au Plessis-Saint-Père dont un arpent et demi de terre en jachère de feu Richard du Plessis « Rocardi de Plesserio » (charte CXII). Quelques jours après, Guillaume III d'Auvergne, évêque de Paris, confirme le compromis passé entre d'une part le Chapitre et les paroissiens de Longjumeau cités précédemment et d'autre part Thomas, curé de Longjumeau. Un peu plus tard, en juin 1244, un arbitrage fut prononcé par Herbert de Recest et Pierre, curé de Marly pour résoudre un contentieux entre Mathide de Marly et les chanoines de Paris à propos de la dîme de Longjumeau et Ballainvilliers « in territorio de Longo Jumello et Balleinvillari » située dans la mouvance féodale de cette dame. Il semble que la vente de 1237 n'avait pas été faite avec son autorisation. Le 11 juillet, le lundi suivant la fête de Saint-Martin d'été, devant l'Official de la curie de Paris, la dame noble de Marly donne quittance de 10 livres parisis à maître Henri de Mommengny, chanoine de Paris, au nom du Chapitre, pour la dîme de Ballainvilliers et de Longjumeau « super decima de Balleinvillari et de Longo Jumello » (charte XXXV). Le 17 avril 1270, le chevalier Pierre de Ballainvilliers et dame Marguerite, sa femme, confessent avoir fait la vente au Chapitre de Paris, un arpent de pré proche de l'étang nommé Mere Morte dans la censive du Chapitre et un quartier et demi de terre arable au lieu-dit Pre Demanche à Chatenay, moyennant 40 livres parisis (charte XXXVI).
Le démembrement de la paroisse de Longjumeau Le démantèlement de la paroisse de Longjumeau fut effectif au mois d'avril 1265 par les lettres de l'Official de la curie parisienne ayant autorité épiscopale « littera de divisione parrochie de Longo Jumello ». Voici la charte CCXXXVIII du Grand Pastoral de Notre-Dame de Paris, transcrite par Benjamin Guérard : « Universis presentes litteras inspecturis, officialis curie Parisiensis, salutem in Domino. Notum facimus quod, cum parrochia de Longo Jumello adeo ampla sit et diffusa, quod, propter locorum distantiam ac defectum copie confessoris, qui commode haberi non potest, infirmorum necessitatibus provisurus et sacramenti baptismalis, multa possunt pericula contingere animarum, ex parteque quorumdam nobilium, videlicet dominorum Petri et Anselli de Baleinviller, militum, Petri de Villa Nova, armigeri , et quorumdam aliorum proborum virotum ejusdem parrochie, domino Parisiensi episcopo esset humiliter supplicatum, ut dictam parrochiam in duas divideret ex causa supradicta, præsertim cum capella de novo construenda posset dotari quorundam beneficio, ut dicebant ; tandem, magistro Guillelmo, restore ecclesie de Longo Jumello, coram nobis presente et in hoc consentiente, nobis mediantibus, extitit ordinatum, videlicet : Quod dicte parrochie de Longo Jumello fieret divisio ex causa antedicta, et quod construeretur de novo capella apud Baleinviller, que esse debeat ecclesia baptismalis, cujus ecclesie erunt parrochiani illi de dicta villa de Baleinviller, de Plesseyo Sancti Petri, et de Ville Boissen ; hoc salvo, quod compensatio fieret juris parrochialis matrici ecclesie de Longo Jumello. In cujus quidem compensationem, petebat dictus rector undecim libras Parisienses annui redditus sibi et successoribus suis constitui atque reddi, retentis sibi majoribus et minoribus decimis, vel duodecimlibris, majoribus decimis sibi retentis ; asserens se aliter nolle consentire quod hujusmodi divisio parrochie fieret, cum jus matricis ecclesie, alio modo illesum, ut dicebat, minime servaretur. Nos vero, consideratis omnibus que nos circa hec movere poterant et debebant, decrevimus quod fiat divisio parrochie predicte, secundum quod domino Parisiensi episcopo videbitur expedire, propter causam superius nominatam, salva justa compensatione juris parrochialis sepedicte ecclesie de Longo Jumello ipsi rectori, arbitrio boni viri seu ipsius domini episcopi statuenda. Datum anno Domini MCCLX° quinto, mense aprilis ». Voici une traduction sommaire : « À tous ceux que ces lettres verront, l'Official de la Curie parisienne, en notre Seigneur, salut. Nous faisons savoir qu'avec la paroisse de Longjumeau qui reste aussi longtemps étendue et de grande superficie, qu'avec la grande distance des lieux, la confession fait défaut à une grande partie de la population, que les infirmes n'ont pas la possibilité d'accomplir leur devoir et que nombreux baptisés ne peuvent recevoir les sacrements au péril du salut de leur âme. D'autre part, de nobles personnes, les chevaliers Pierre et Anseau de Ballainvilliers, l'écuyer Pierre de Villeneuve, et de nombreux autres paroissiens supplient le seigneur évêque de Paris de diviser en deux parties la susdite paroisse mise en cause, et notamment, ils requièrent la construction d'une nouvelle chapelle et la doter d'un bénéfice et le proclament solennellement. Enfin, en notre présence, maître Guillaume, recteur de l'église de Longjumeau, nous exposons notre médiation comme suit. Que la dite paroisse de Longjumeau sera démembrée selon les termes précédents, qu'une nouvelle chapelle sera construite à Ballainvilliers, que cette église possédera des fonts baptismaux et qu'elle servira au salut des paroissiens dudit village de Ballainvilliers, de Plessis-Saint-Pierre et de Villebouzin, et pour préserver cela, une compensation sera donnée aux paroissiens de l'église matrice de Longjumeau. Laquelle compensation sera constituée d'une redevance de 10 livres parisis versée chaque année au susdit recteur et à ses successeurs en retenant les grosses et menues dîmes ou bien 12 livres en retenant les grosses dîmes, ceci est attaché au détachement des paroissiens d'avec l'église matrice. De ce fait, en considération de tout ce qui est changé et reconnu par cette charte décidant le démembrement de la susdite paroisse, et deuxièmement que de seigneur évêque de Paris a répondu favorablement à la réclamation par une juste compensation au profit des paroissiens et du recteur de la susdite église de Longjumeau, l'arbitrage par un homme équitable ou par le seigneur évêque sera statué. Donné en l'an de grâce 1265, au mois d'avril ». Ainsi, en remontant dans les temps les plus reculés, vers 1200, nous trouvons que Ballainvilliers n'était qu'un simple agglomération de quelques masures « Bellenvillers n'étoit qu'un simple hameau de Longjumel », nous dit l'abbé Lebeuf. C'est bien au mois d'avril 1265, que les chevaliers Pierre et Ansel de Ballenvillier, Pierre de Villeneuve et autres, prièrent l'évêque de Paris de détacher Ballainvilliers de Longjumeau et d'y construire une chapelle qui est sur le titre de Saint-Jacques et Saint-Philippe. Plusieurs prélats remarquables s'assirent sur le siège épiscopal de Paris au XIIIe siècle. Guillaume d'Auvergne était le confesseur de Blanche de Castille, mère de Saint-Louis. Il mourut au mois de mars 1249. Son premier successeur, Gautier de Château-Thierry, n'est resté que trois mois évêque de Paris, il meurt subitement le 23 septembre. Le second successeur, Renaud de Corbeil prit possession du trône le 12 juillet 1250. On ne sait si Renaud de Corbeil fut élu par le chapitre ou désigné le pape car les chanoines n'arrivant pas à se mettre d'accord sur un nom en référèrent à Innocent IV, alors à Lyon. C'est Renaud de Corbeil qui arbitra le démembrement de la paroisse de Longjumeau. Les historiens prétendent que son épiscopat eut un rayonnement moindre que celui de Guillaume d'Auvergne (5). La nouvelle paroisse comprenant le village lui-même et plus au midi les deux hameaux de Plessis-Saint-Père, dénommé dans cette charte sous le vocable Plessis-Saint-Pierre « Plesseyo Sancti Petri » et Villebouzin « Ville Boissen » . En fait, il faut voir dans cette opération, un grave préjudice pour le curé de Longjumeau qui se trouvait dépouillé d'une partie de son bénéfice. Celui-ci exigea pour dédommagement la collecte des grosses et menues dîmes ou bien le versement annuel d'une somme de 12 livres et la perception des grosses dîmes à Ballainvilliers. La cure était à la pleine collation de l'évêque. Dans le Pouillé du diocèse, il est écrit : « Ecclesie pertinentes ad donationem episcopi : in decanu de Linais, ecclesia de Balenvilier qui suit decisa ab ecclesia de Mongimel » (6). Notons qu'après 1791, le Plessis-Saint-Père fut rattaché à la commune de La Ville-du-Bois sous le nom de Croix-Saint-Jacques.
Le fief de Philippe de Brétigny Au temps où Ballainvilliers fut érigé en paroisse, vivait un chanoine de Notre-Dame de Paris, nommé maître Philippe de Brétigny « magistri Philippi de Bretigniaco, canonici Parisiensis ». Ce prélat, issu d'une famille aristocratique possédait sur le territoire plusieurs labourages et deux fiefs : l'un tenu par le chevalier Philippe de Coudray, l'autre en la possession d'Anseau de Ballainvilliers. Il légua tous ses biens à l'Église de Paris. Selon l'abbé Lebeuf, il est probable que le chanoine influa à faire choisir Saint-Philippe et Saint-Jacques pour patrons du nouveau sanctuaire. Dans les lettres du 5 mars 1273 de l'Official de l'évêché de Paris, maître Philippe de Brétigny chanoine de Paris, fonde un anniversaire dans l'église cathédrale de Paris pour être célébré chaque année à perpétuité. Le chevalier Symon de Boysseria et ses fils Geoffroy et Milon attestent qu'il possédaient des biens à Ballainvilliers « que omnia sita sunt apud Balenviler » qui comprennent 12 arpents et demi de terre arable, 18 sols de cens sur trois masures avec ce qu'elles comportent, plus deux fiefs dont un tenu par le chevalier frère Philippe de Coudray « Philippe de Coudreyo » dans lequel sont 17 arpents de terre arable et 21 sols et 8 deniers de cens. L'autre fief appartenait au défunt chevalier Anseau de Ballainvilliers « Anselli de Balenviler, militis » dans lequel sont 14 arpents de terre arable et 21 sols et 8 deniers de cens. Les terres données à l'église de Paris seront de franc-alleu et libres de tout hommage tant envers les donateurs que de leurs successeurs (charte LXII du Grand Pastoral). Philippe de Brétigny est un prélat très influent au sein du Chapitre cathédral. En février 1267, il agit avec maître Clément, archidiacre de Laon, en tant qu'arbitre du différend entre les doyen et chanoines de Paris et Jean de d'Orléans « Johannes de Aurelianis », prieur de Deuil-la-Barre à propos de la dîme de Sarcelles (charte II du Livre 6). En février 1276, le chanoine est encore appelé pour arbitrer une chicane entre le Chapitre parisien et le chevalier Jean de Ulmeio, seigneur de Villabé, à propos d'un bornage à Itteville près de la Ferté (charte XVIII du Livre 16). En février 1273, Eudes de Corbeil chanoine de Paris reçoit neuf livres parisis de cens annuel pour la maison derrière son clos, occupée par maître Philippe de Brétigny. En 1276, le chanoine est cité dans plusieurs transactions et semble agir au nom du Chapitre Notre-Dame. Tous les héritages sont situés au lieu-dit Saint-Germain à Vernou près Moret. Le 22 mai, le clerc Jean de Rive vend au chanoine Philippe de Brétigny une part de terre moyennant 40 livres tournois. Le 3 juin suivant, mercredi après la Trinité, le même Philippe de Brétigny achète du chevalier Thibaud de Moret, un fief situé à Verneau moyennant 76 livres tournois. Le même jour, le chevalier Thibaud de Moret met dans les mains du chanoine son fief de Vernou avec 12 deniers de cens perçus sur un pré que tient Guillaume. Le 19 août, le mercredi de l'Assomption, ce sont Pierre dit Poilevilain et sa femme Mathide qui cèdent six parts de terre et une demi part de dîme sises au même village, tous biens de leur fief, moyennant la somme de 50 livres tournois. Le 2 septembre maître Philippe de Brétigny acquiet huit parts de terre au même endroit d'Étienne Lisiard et Agnès sa femme moyennant 30 livres tournois. Dans l'obituaire de Notre-Dame de Paris « Obitarium Ecclesiæ Parisiensis », nous lisons la fondation de l'anniversaire de Philippe de Bretigny en date du 13 janvier. Pour le salut de son âme « ob remedium anime sue », le chanoine fonde un obit qui consiste en sept arpents et demi de terre arable et 28 deniers de cens perçus annuellement, avec trois masures qu'il avait achetées, le tout situé dans la paroisse et le territoire de Ballainvilliers « in parrochia et in territorio de Baleinvilierz ». Pour la même fondation, il légua également les deux fiefs à Ballainvilliers, l'un contenant 17 arpents de terre arable ou environ tenu par Philippe du Coudray, chevalier, pour lequel 21 sols et 8 deniers étaient perçus chaque année, et l'autre fief de 14 arpents de terre arable, tenu Anseau de Ballainvilliers qui rendait 18 sols chaque année.
Notes (1) M. Guérard, Cartulaire de l'église Notre-Dame de Paris, 4 vol. (Impr. de Crapelet, Paris 1850). (2) En 1255, le doyen de Wissous fut affranchi avec les autres habitants ; toutefois il est expliqué, par une charte subséquente de l'an 1275, que, du moment où il était institué par l'évêque, il était libre de sa personne et de ses biens, et exempt de la taille et des corvées, excepté pour les biens qui lui proviendraient, dans la suite, de succession, donation ou autrement. (3) L'église collégiale de Saint-Thomas-de-Louvre , située dans la rue qui en portait le nom, près des galeries du Louvre , fut fondée en 1189 pour quatre chanoines, par Robert, comte de Dreux , sous l'invocation de Saint-Thomas-de-Cantorbery, en qui le roi Louis VII, frère de Robert, avait beaucoup de dévotion. Cette fondation fut confirmée en 1199, par le pape Innocent III, qui prit cette collégiale sous la protection du Saint-Siège. Les quatre premières prébendes étaient à la collation du Roi. En 1428, Jean, duc de Bretagne, augmenta de sept le nombre des chanoines, et ceux-ci étaient à la nomination du Roi et de l'archevêque alternativement. Le doyen était élu par le chapitre. Il avait environ 2.400 livres de revenu, tandis que celui des chanoines n'était que de 400 livres . Effondrée en partie en 1739, elle fut reconstruite en 1744 et fusionnée avec sa voisine, l'église Saint-Nicolas-du-Louvre. [Abbé J.-J. Expilly, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France , tome 5, chez Desaint et Saillant, Paris, 1768]. (4) « Bastigniacum », Battigny, commune de Pierrefonds (arr. Compiègne, cant. d'Attichy, Oise). (5) L. Pietri, Le Diocèse de Paris , vol. 1 (Beauchesne, Paris, 1987). (6) Selon l'abbé Lebeuf, la cure de Ballainvilliers fut quelquefois unie à celle de Longjumeau pendant la vie de certains curés que l'évêque voulait favoriser. « C'est ainsi qu'elle fut conférée le 7 juillet 1482, à Jean Mauger, curé de Longjumeau ». En ce temps, le revenu de la cure était de 20 livres .
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