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Les Balsac seigneurs de Marcoussis

Cette chronique continue la série consacrée à l'amiral de Graville et aux seigneurs de Marcoussis. Rappelons la chronique consacrée à Jehanne de Graville. Morte sans enfant, ce sont ses neveux enfants de sa soeur Anne qui vont hériter. Trois paragraphes vont servir de préambule: la succession de Jehanne de Graville, celle de Pierre de Balsac et d'Anne de Graville, et un rappel des procès qui ont influé sur la vie des frères Guillaume et Thomas de Balsac .

J.P Dagnot - Janvier 2013

Marie de Balsac avec ses filles Louise et Anne.

 

Fin de Jehanne de Graville

De son vivant en 1531, Jehanne de Graville se trouve à Château-Landon, elle confesse avoir ceddé en vray don perpétuel, à hault et puissant Guillaume de Balsac, fils myneur de feu Pierre de Balsac, seigneur d'Entragues, et d'Anne de Graville, sa soeur, son nepveu, le chasteau & basse court, lieu & chasses dudit Marcoussis contenant maisons, granches, estables, jardins, et tous autres bastiments..., avec tous les fiefs et arrières-fiefs, avec les mestairyes de la Bergerye, Guillerville, Nouzay, la Ville du Bois, la Madeleine, Chenanville, Saint Clerc de Gometz, Viviers, Villehiers, Villejust, la Poitevine, Fretay, Chastres soubz Montlhéry, Troux, .... eschus à icelle damoiselle à cause du trépas de messire Loys de Graville et partage avec les autres héritiers... Ceste donnation entre vifs fait de façon irrévocable... Ladite dame se réserve la joyssance, sa vie durant, et à charge de donner à Thomas de Balsac frère de Guillaume 2.000 livres de rente. Un second document analogue reprend l'essentiel.

À la veille de son décès, un nouveau testament est rédigé par la dame Jehanne de Graville, veuve de Charles d'Amboise, dame de Marcoussis, Chastres, Saint Clerc de Gometz, de la Roé, Allainville en Beauce, Villejust, Nozay et Ville du Boys, ... en son lit malade et saine d'esprit, ... ordonne:
- son corps enterré près de sa mère aux Célestins de Marcoussis, son coeur au couvent des soeurs de la nonciade à Bourges,
- que les Célestins au jour de son trépas chantent pendant 34 jours,
- fondation d'une messe ordinaire tous les jours de la semaine et à toujours,
- donne 23 fois 20 livres à 23 couvents ...
- 2.000 livres à son maitre d'hostel, François des Granches,
- donne 50 livres tournois de rentes rachetables à Jacques Lesecq venant de 600 livres envers maistre Pierre Lemaistre greffier des comptes ....
Fait à Marcoussis, Jehan Fontaine curé du lieu présent, par devant Guillaume Bistel tabellion de Marcoussis.

 

 

Succession Pierre de Balsac et Anne de Graville

 

 

Voyons cette succession qui commence en 1540 par un acte entre les deux frères : Guillaume et Thomas , les parties disant être en voie d'entrer en plusieurs et divers procès pour raison des biens et successions de Pierre de Balsac et d'Anne de Graville, leurs parents.
Ledit seigneur de Montagu
(Thomas de Balsac) disoit que leur père estoit décédé sans avoir fait testament à tout le moins valable, délaisse:
- plusieurs bien
s terres et seigneuries situées et assises au pays de droit escrits, mesme celle des Dunes ... jadis en Dombes, de valeur de 4 à 5.000 livres de rente et en manière que Thomas disoit lui appartenir la moitié desdites terres.
- Aussi auroit, ledit Pierre de Balsac, avoir aultres terres en pays d'Auvergne, c'est à savoir la baronnie d'Entragues ... de 1.200 à 1.300 livres tournois de revenu dont le quart appartient audit Thomas.
- Item au baillage d'Orléans Montargis et aultres pays qui se régissent par coustumes, à savoir le Boys-Malherbes, Tournefuy, Saint-Yon, de la valeur de 5 à 6.000 livres de rente;
- Et aussi plusieurs terres en pays de Normandie à savoir Montaigu, Quenonville ... et aultres de ... 1.800 livres de revenus et qu'une partie de toutes ces terres lui appartient selon la coustume des lieux.
- Eg
alement la succession de Loyse de Balsac, femme de Charles Martel, Antoinette de Balsac, (soeurs de Guillaume et Thomas).
Pour ces raisons Guillaume quitte et délaisse à Thomas la terre de Poulach, Ryoumartin, Buissons, Balsac en pays d'Auvergne près de Brioude, Fontaine, Guillerville, Montagu en pays de Normandie.

Les frères devront ratifier dès leur majorité, ils n'ont que 21 et 23 ans.
La même année, Jehanne de Balsac, leur soeur, épouse de Claude d'Urfé, réclame à Guillaume le quart de la succession et obtient la baronnie d'Entragues. La même transaction a lieu avec Jehan Pot époux de Georgette de Balsac, son beau-frère, qui obtient Bois-Malherbes et Saint-Amand ...

 

 

Succession de la branche Jeanne de Graville

En août 1540, Guillaume de Balsac, seigneur dudit lieu et du Boys Malherbes, constitue son procureur noble homme François de Grancher, escuyer, seigneur de Breux et de Venant, et donne pouvoir et puissance de stipuler et accepter pour luy et en son nom toutes les donations que pourra cy après faire noble et puissante dame Jehanne de Graville, sa tante, dame de Marcoussis, signifier & insinuer lesdites donations partout où il appartiendra au nom dudit seigneur, .....En bref, l'aîné choisit le maître d'hôtel de la dame de Marcoussis pour le remplacer et pour plaider.

Une seconde succession est ouverte au décès de Jeanne de Graville en septembre 1540. L'aventure successorale qui va commencer est également l'objet de convoitises entre les neveux de la dame de Marcoussis; leurs soeurs femelles, contrairement au partage en pays d'Auvergne, sont temporairement exclues. Le partage entre Guillaume et Thomas de Balsac va durer plusieurs années.

Voyons le récit chronologique des évènements en octobre, un inventaire après décès est fait à la requeste de noble homme Françoys de Granscher, escuyer, jadis maistre dhostel de feue dame Jehanne de Graville veufve de Charles d'Amboise, au nom et comme exécuteur du testament et dernières volontés de la deffunte, en la présence de Jacques Audoin, procureur de Guillaume de Balsac, chevalier, seigneur d'Entragues, donataire universel de ladite deffunte... Devant Crozon et Bourgeois, il est procédé à l'inventaire des meubles en ung corps dhostel, grande rue Saint-Jacques où pend l'enseigne de l'éléphant où Jehanne de Graville séjournait à Paris. Ledits meubles donnés audit François de Grancher au terme de son testament... Il auroit été fait auparavant un inventaire des meubles à Marcoussis...

En mars 1541, un autre inventaire après décès de Jehanne de Graville, fait à la requête de Dorde de Balsac, seigneur de Saint-Pol et de Pierre Laurens, ausmonier du roy, agissant comme procureurs de Guillaume de Balsac et Thomas de Balsac, seigneurs de Marcoussis, neveux et héritiers par moitié de la deffunte, leur tante . François Crozon & Yves Bourgeois font l'inventaire des tiltres et papiers que le dit Grancher, maistre dhostel de ladite deffunte, avoit en sa possession pour la conduyte de ses affaires ... Ce document, très ardu, ne sera pas abordé dans cette chronique, il est à l'origine de nombreuses références concernant les biens de la dame de Marcoussis.

En août 1541, pour être en règle avec le suzerain: Scavoir faisons que nostre amé et feal Guillaume de Balsac, baron de Dunes et Clermont, seigneur du Boys Malherbes, donataire universel de feue dame Jehanne de Graville en son vivant dame de Marcoussis, nous a ce jourdhuy faict au bureau de la Chambre des Comptes les foy et hommage qu'il nous estoit tenu de faire des biens donnés par ladite dame, c'est assavoir des chastel terre et seigneurie dudit Marcoussis, Nozay, la Ville du Bois, la Roue, Chastres soubz Montlhéry, leurs appartenances et deppendances. Également mentionné dans le mémoire de François de Dinan, prévost, avec un paiement de 2.410 lt pour droit de relief. À ce stade on serait enclin à penser qu'il est seul héritier!

Néanmoins Thomas de Balsac réclame sa part, et en juin 1542, trois actes préparent un partage plus équitable:
Le premier acte est signé en 1542. Hault et puissant seigneur Thomas de Balsac, seigneur de Montagu, en son nom constitue son procureur, Dorde de Balsac, escuyer auquel il donne pouvoir et puissance concernant l'accord passé avec Loyse de Humyères sa belle-soeur, femme de Guillaume, que les terres & immeubles provenant du décès de dame Jehanne de Graville, dame de Marcoussis, ont été fait deux lots, l'un demeurera au seigneur d'Entragues (Guillaume) et l'autre au seigneur de Montagu (Thomas). Il est convenu que le chastel, basse-cour, jardins, garennes, parc clos à murs de Marcoussis restent indivis entre eulx.
Suit le second a
cte: Dorde de Balsac, escuyer, seigneur de Saint-Pol, agissant pour Thomas de Balsac d'une part, et Loyse de Humières, épouse de Guillaume de Balsac, lesquels confessent qu'ils ont fait transaction et accord, ont fait des lots des biens de leur tante Jehanne de Graville, de la manière quy sensuit:
- desquels premier lot se consiste des terres et revenus de Marcoussis, Nozay, Ville-du-Bois et la Ronce, que les parties estiment à la somme de 340 lt par an,
- excepté le chastel, basse cour, jardin, parc, garenne, dudit Marcoussis,
- item la ferme de la Ronsse, estimée quatre muys quatre sextiers bled , deux muys deux sextiers avoyne,
- item la ferme de Chenanville, estimée trois muys quatre sextiers de bled et vingt sextiers d'avoyne,
- item la ferme de la Roue vallant trois muys quatre...,
- item le moulin de ladite ferme de la Roue, vallant deux muys...,
- item la ferme de Fretay, la Poitevine vallant deux muys,
- item la ferme de la Saulsaye assise à Nozay, vallant quatre muys bled deux avoyne...,
- item la ferme de Villiers soubz Nozay...,
- l'autre et deuxième lot qui se consiste en terre et seigneurie de Saint-Clerc de Gommetz ...,
Lesquels lots faits en icelles parties, par tirage au sort..., le premier desdits lots est eschu à ladite damoyselle soit les terres de Marcoussis, Nozay, Ville-du-Bois et la Roue ...
Les biens en indivis, mestairie et chastel de Marcoussis, les étangs...

Ce partage est boiteux et après procès en avril 1543, un procès est pendant entre les frères: Guillaume use de la donation de 1531 par luy mise en avant, son frère Thomas seigneur de Montagu disoit en contraire qu'il estoit héritier par moitié de tous les biens demeurés après le trépas de la feue dame de Marcoussis. À l'occasion de quoy, lesdites parties auroient faict et passé transaction du 25 avril 1543 auquel temps le seigneur de Montagu estoit myneur de 25 ans. Mais à présent ledit seigneur de Montagu est faict majeur, au moyen de quoy lesdites parties pour faire entre eulx les accords qui ensuyvent. C'est assavoir que audit seigneur de Montagu appartiendra la moitié des biens de ladite dame de Graville et audit seigneur d'Entragues l'autre moitié, et oultre appartiendra audit seigneur, le chastel de Marcoussis et ses prés , jardins bassecourt, joignant à icelluy pourpris et enclos, le tout enclos de murailles avec le treffon du parc dudit lieu...

Nous arrivons enfin en 1545 pour le partage final. Extrayons l'essentiel concernant Guillaume qui devient seigneur de Marcoussis:
1°) Guillaume obtient le château avec le parc, son frère en échange aura 200 livres de rente annuelle.
2°) pas de coupe de bois avant que le procès entre les frères et les dames de Sarrebruck soit vuidé et terminé.
3°) Claude d'Urfé devient héritier, en raison de son union avec Jehanne de Balsac, et obtient par arrêt de la cour de Parlement, une somme de 20.000 lt...

Pour terminer ce long préambule rappelons le procès avec la branche des Sarrebruck dont le détail est donné ci- dessous,

 

Procès avec la branche issue d'Elizabeth de Montagu

Un retour vers les filles de Jean de Montagu est nécessaire. Elizabeth s'est unie avec Jean VI du Moulin dit de Roucy. Ils ont eu une fille unique Jehanne qui épousera Robert de Sarrebruck. L'autre soeur Jacqueline, mieux connue a été en secondes noces, l'épouse de Jean Malet de Graville.

 

 

À la sortie de la guerre de Cent Ans, les deux branches de la famille doivent hériter des terres de Montagu et Marcoussis, comme le mentionnent de rares pièces de partage peu explicites. Jehan de Graville au cours d'une vente de terres cite au sujet du produit de cette vente: Le vendeur disant emploier la somme en réparations nécessaires au chastel de Marcoussis, estangs et autres appartenances, qui sont de présent en grant ruine, moyennant lequel prix le vendeur s'est déssaisi des héritages cy dessus déclarez. La vente est irrévocable, même par la femme de Robert de Sarrebruche, seigneur de Commercy, pour lesquels ledit Malet porte sa caution de la propriété dudit Marcoussis de certain procès pendant.

Au bout de deux ans, Robert de Sarrebruche, seigneur de Commercy, et Jehan de Graville sont contraints par un arrest de partage par devant la court. Ils devront se partager et diviser les biens délaissés par feu Charles de Montagu, en son vivant fils de feu Jehan de Montagu jadis grand maistre dostel du Roy. Ce partage se fera selon les coutumes où se trouvent les biens.

Sept années passent. Un nouvel arrest où sont concernées les parties déjà citées ainsi que les fils Amé et Jehan de Sarrebruche, disant: les places terres et seigneuries de Marcoussis avoient été mises en la main du Roy et au gouvernement d'icelle, pour faute et droits deubz non faicts.

Quelques années se passent encore. Le sujet du contentieux est la garde du château de Marcoussis. Le roy dit qu'il a toujours entre ses mains la terre de Marcoussis, pour cause du procès qui est pendant en notre cour de parlement à Paris entre mondit cousin (Jehan de Graville), et le seigneur de Commercy et les comtes de Braine et de Roucy. Le cousin est absent et prisonnier en Angleterre.

L'histoire classique de Marcoussis ne fait plus mention que des Graville pendant 70 ans. La famille Mesnard va provoquer les déboires patrimoniaux de Thomas de Balsac. En ce qui concerne son frère Guillaume, nous n'avons pas retrouvé trace de procès, mais il a aussi été attaqué comme le mentionne le partage de 1545 avec interdiction de couppes de bois avant la fin du procès .

 

 

Guillaume de Balsac et Loyse de Humières

Après le partage, Guillaume de Balsac, se portant fort de Thomas, confesse avoir ceddé à Jacques Lesecq procureur au Châtelet tous les droits qu'ils ont hérité de Jehanne de Graville, dame de Marcoussis, sur le fief de Maulny, paroisse de Pantin. C'est à dire au droit de réméré, moyennant 900 livres consenti en 1539 par Jehanne de Graville, pour le bon et singulier amour que ledit donateur et son frère ont audit Lesecq, pour le récompenser de plusieurs services rendus à la deffunte.

En novembre 1548, une transaction est conclue entre les Sarrebruck et les Balsac , devant Vincent Maupéou et Marc Rousseau. Malheureusement les minutes de Maupéou et Rousseau pour cette période ne sont pas versées aux archives nationales.

Le mois suivant, une ratification est signée par Guillaume de Balsac, chevalier, baron d'Entragues, lequel après lecture d'une transaction passée devant Vincent Maupéou & Marc Rousseau le 8 novembre 1548 entre Symon Forest, procureur de la dame de la Roche Guyon, et Jacques Lenoir, advocat, pour Guillaume de Balsac et Pierre Mesmin et Jehan Lehoux, procureurs de Thomas. En bref, on cite la transaction mais pas le contenu!

 

Branche Sarrebruck concernée par le procès.

 

L'affaire continue trois mois après, les frères se retournent vers Françoys de Vendosme, petit fils de Louise de Graville. Guillaume de Balsac chevalier seigneur de Marcoussis & Thomas de Balsac, seigneur de Montagu et Saint Clerc, héritiers de feu Jehanne de Graville, demandeurs d'une part... Mention de lettres royaux datées du 20 décembre 1548, et François de Vendosme, vidame de Chastres, deffendeur, demandant l'entérignement desdites lettres royaux, lecture à luy faite desdites, mentionnant la transaction faicte et passée entre lesdits demandeurs d'une part, et Philippe de Sarrebruche, dame de la Roche Guyon , Guillemette de Sarrebruche, comtesse de Brayne et messire Charles de Roye seigneur dudit lieu ayant repris le procès de feu Robert de Sarrebruche en son vivant seigneur de Commercy, en date du 4 novembre 1548, par devant Maupéou & Rousseau, pour raison de la cassation de certains contrats des terres & seigneuries de Marcoussis et aultres terres plus amplement décrites dans ladite transaction et que ledit deffendeur Charles de Vendosme, comme héritier pour un tiers de l'amiral de Graville , et pour estre agréable, offre de paier aux dits demandeurs la tierce partie de 45.000 livres d'une partie, de 1350 livres d'autre, auxquelles sommes lesdits demandeurs ont composé avec lesdits Sarrebruche et Roye pour raison des différents sur les terres de Marcoussis, eschues par la succession de l'amiral de Graville .... héritiers de Catherine de Graville pour un tiers de Loys de Graville. L'intérêt est de remonter sur des détails de la seigneurie. Donc tous ceux qui ont hérité de Louis de Graville doivent contribuer à la transaction Sarrebruck et payer les 45.000 livres.

La vie continue en 1551, Guillaume de Balsac, seigneur de Marcoussis, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, donne entre vifs à François de Balsac, enfant d'honneur du dauphin, son fils ainé, une maison à Paris, rue de Jouy, paroisse Saint-Paul, lui appartenant par la succession de sa mère Anne de Graville, et de ses droits à titre d'héritier de Jeanne de Graville, dame de Marcoussis sa tante, et d'une maison à Ablis.

En 1553, cette fois ce n'est pas avec la branche Sarrebruck, mais avec son beau-frère que Guillaume de Balsac est en procès. Claude d'Urfé, père et curateur de ses enfants d'avec Jehanne de Balsac, d'une part, et Loyse de Humières se portant fort de Guillaume de Balsac son époux, disant que en faisant le partage des successions et partage de Pierre de Balsac et Anne de Graville. Que Guillaume a été condamné en pays d'Auvergne en 1542 et 1544, à payer au seigneur d'Urfé, la somme de 20.000 lt. Ledit d'Urfé a fait saisir Marcoussis, Bois Malherbes et aultres terres en Auvergne. Urfé aurait convenu avec Thomas de Balsac qu'il paierait 10.000 faisant partie des 20.000. De son costé ladite Loyse de Humières cedde la terre et seigneurie de Fumez et le reste en escus d'or ... Finalement les problèmes rencontrés par Guillaume sont identiques à ceux de Thomas. L'année suivante Guillaume décède à la bataille de Renty et sera inhumé à Malherbes.

En 1555, Loyse de Humières veufve de Guillaume de Balsac, en son nom et comme ayant la garde de ses enffans mineurs, d'une part, et Thomas de Balsac d'autre part pour résoudre à l'amiable de certain procès en la cour de parlement entre lesdites parties du 9 mars 1553. ... la quatrième partie et meubles et autres dettes mobiliaires délaissés par le trépas des père et mère des seigneurs d'Entragues et Montagu, franches et quite de toutes choses, en payant le quart des dettes personelles de ladite succession ... Il est surtout question de payer les dettes de succession...

Notons en1560, devant Roger et Lenormand, une constitution de rente faite par Jehan Blosset, seigneur du Plessis-Pâté à Loyse de Humières. Apparemment, en l'espace de trente ans, la discorde entre ces familles s'est atténuée.

Début 1568, Louise de Humières décède à Marcoussis. Aussitôt, devant Pierre Courtillier & Martin Jamart, les frères et soeurs ainsi que les exécuteurs testamentaires de la deffunte Loyse de Humières, donnent plain pouvoir pour faire l'inventaire des meubles & autres choses à Bois Malherbes. Début mars , le lieutenant du baillage de Bois Malherbes, à la requeste des procureurs de François de Balsac, ..., Charles de Balsac, escuyer gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, Galéas..., Charles le jeune, aussi frères, François se portant fort pour Loyse et Katherine ses soeurs, et des exécuteurs du testament de la deffunte dame Loyse de Humières, lesdits, héritiers de leur mère ... Suit l'inventaire ....

 

 

François de Balsac et Jacqueline de Rohan

 

Relation entre la branche de Sarrebruck et l'épouse de François de Balsac.

 

Notons en 1556, deux actes où François de Balsac constitue un procureur pour le représenter. Noble seigneur François de Balsac, seigneur baron d'Entragues, seigneur de Marcoussis, Saint-Yon, gentilhomme de monsieur le daulxphin, constitue son procureur Jacques L...? l'aisné pour le représenter et entériner une lettre du frère du roy donnée à Fontainebleau le 13 mars dernier le nommant domestique et officier de Monseigneur le Daulphin. Le second document est similaire pour un autre procureur. Le personnage, à cette époque, n'est âgé que de 15 ans.

En 1560, âgé de 19 ans, François de Balsac se marie avec Jacqueline de Rohan. Furent présents noble homme personne Françoys de Balsac, seigneur d'Entragues et Marcoussis d'une part, et Jacqueline de Rohan, fille et héritière en partie de hault et puissant feu Françoys de Rohan,...,et de deffunte Catherine du Silly ses père et mère d'aultre part, héritière en partie de feu Philberthe de Sarrebruche, dame de Commercy, son ayeule ... présent le procureur de Loyse de Humières, Guillemette de Sarrebruche, comtesse de Braine, sa tante... ont promis de se prendre par les loys du mariage le plus tôt que faire se pourra... ledit seigneur d'Entragues doue ladite de Rohan sa future espouze de la somme de 3.000 livres de revenus sur la terre et seigneurie de Bois Malherbes... Les époux seront communs en biens... Les sommes perdues au procès par Guillaume de Balsac reviennent en partie dans la famille!

En 1573, la succession de Guillaume de Balsac et de Loyse de Humières terminée, le nouveau seigneur de Marcoussis présente les serments habituels de foy et hommages: Scavoir faisons que nostre amé et féal chevalier de nostre ordre, cappitaine de 50 hommes d'armes de nos ordonnances, lieutenant général au gouvernement de nostre duché d'Orléans, François de Balsac, bailly dudit Orléans, seigneur d'Entragues, Marcoussis, et Bois-Malherbes nous a ce jourdhuy faict au bureau de nostre Chambre des Comptes, tant pour luy que pour ses autres frères et soeurs, les foy et hommage qu'ils sont tenus de faire pour raison des terres et seigneuries dudit Marcoussis, Nozay, Ville-du-Bois, Boissy, Eglis, en la chatellenie de Saint-Yon, ..., à eulx eschus par le trespas et succession de leur père et mère, ....

Quelques mois après suit l'aveu fait au roi: A tous ceulx qui ces présentes lettres verront Joseph Poynet, ..., bailly et garde de la chatellenie et baillage de Marcoussis, ... par devant Guillaume Belleseur, tabellion audit baillage, fut présent en sa personne Messire François de Balsac, chevallier de l'ordre du roy, cappitaine de cinquante hommes d'armes, ...., lequel par ces présentes advoue à tenir en une seulle foy et hommage du roy les terres seigneuries et possessions cy après déclarés à cause de la succession de deffunt messire Guillaume de Balsac son père:
- la ville terre, chastellenie et seigneurie de Saint-Yon, anciennement Hautefeuille, le lieu seigneurial où y a ung chasteau qui est depuis longtemps en ruynes...,
- ....

- Villeconin,
- Marco
ussis ,
le ch
asteau et boullevart et cours y estant, le tout clos à fossés à eaue,
2° avec le colombier à pied, granches, estables, basse court, jardins où y a vivier à poisson, l'abreuvoir estant prez le chasteau, pourpris dicelluy,
3° avec le parc clos à murailles estant de présent, tant en boys taillis grands boys contenant 380 arpents, tenant ... à la veufve et héritiers de François Dormy, ..., item la terre et seigneurie dudict Marcoussis ...
4° en icelle, haulte, moyenne et basse justice, clergé, tabellionnage pour passer lettres et contracts, sceaulx autentiques, droits...,
6° item la censive desdites terres qui se consiste en la somme de cent dix livres tournoys avecq droits de ventes, saisines et amendes, selon la prevosté et vicomté de Paris, cinq muyds de grains mesure de Paris, deux parts de bled une d'avoyne,
7° item le moullin advent estant en ladite seigneurie de Marcoussis avecq le droit de chasse du moullin en icelle seigneurie de présent affermé à Nicollas Hanyard à vingt deux septiers de grain mesure de Marcoussis.
8° item deux estangs a poissons l'un contenant six vingts dix arpents en chaussée bordaise d'eaue,prés saulsaye
9° item un petit estang appelé lestang de Vaularon estant de présent en pré
- ... ,
13° 460 arpents de boys taillis, ...
17° item la mestayrie appelée la Ronche,...et 140 arpents de terre
18° item une aultre mestayrie près le chasteau appelée la Bergerye, ...et 140 arpents de terre...
19) item une mestayrie assise au bourg appelée la Granche, ... et 80 arpents de terres...
20° item la mestayrie de Chevanville, ... et 97 arpents, ...
Et sont tenus en fief dudict chasteau de Marcoussis:
- Le fief de Guillerville que tient de présent maistre Jehan Lehoux qui se consiste en moullin à bled...
- Item ledict seigneur d'Entragues à cause de sa seigneurie dudict Marcoussis, le fief de Bellejambe qui se consiste en maison cour jardin et 17 arpents de terres que tient de présent la veufve de Pierre Lemaistre...
21° Plus ledict seigneur advoue la terre et seigneurie de Nozay et Villeduboys, four bannal et menues dixmes ...
24° Item une mesttairye assiz audict Nozay qui se consiste en une maison grange, estables, court, jardin et 103 arpents de terre labourable appelée la ferme de Pillandry ...
25° Item une autre mestairye assis audit Nozay près l'église qui se consiste en maison, grange, estables, court, jardin et six vingts arpens de terres labourables...
26° Item une aultre ferm
e et mestairye assis près ledit Nozay au lieu de Villiers qui se consiste en maison, granche, estable, court, jardin et 103 arpens de terres labourables...

En 1575, François de Balsac fait une transaction concernant la succession de ses parents, il se porte fort de noble homme Aymé Stuart, gentilhomme de la chambre du roy et de damoiselle Catherine de Balsac sa femme, en raison de Guillaume de Balsac leur père, d'une part, et Charles l'aisné, seigneur de Clermont, Charles le jeune, seigneur de Dunes, les deux se portant fort pour Loyse leur soeur femme de Jacques sire de Clairet, d'autre part ... Au final Loyse de Balsac hérite de la terre et seigneurie de Nozay venant du décès de Galéas leur frère.

Notons en 1577, l'adjudication de la châtellenie de Montlhéry à François de Balsac en tant que seigneur engagiste . Donc notre personnage exerce des responsabilités importantes tant à Marcoussis, qu'à Orléans et à Montlhéry.

Curieusement début 1578, par devant Guillaume Belleseur, tabellion juré au baillage & chatellenie de Marcoussis, pour ledit seigneur dudit lieu, furent présents hault & puissant Monsieur Messire François de Balsac, ...., et dame Jacqueline de Rohan son épouse, lesquels confessent avoir nommer un procureur pour insinuer leur contrat de mariage de 1560 au Chastelet; présent et tesmoing noble homme André de Béning, archer des gardes du roy . Quatre mois plus tard, Jacqueline de Rohan décède à Marcoussis.

 

 

François de Balsac et Marie Touchet

 

 

Présentons Marie Touchet: née en 1549 ou 1553 selon les sources, de Jehan Touchet, huguenot, lieutenant au baillage d'Orléans et de Marie Mathii. En 1566, le roi Charles IX, fraîchement déniaisé, l'aperçoit et demande au maître de sa garde robe de la convaincre de venir passer la nuit avec lui. La nuit suivante, Marie, délaissant sa liaison avec Montluc, retrouve le roi et lui accorde ses charmes. Le roi enjoué par cette expérience demande à sa soeur Marguerite de Valois de la prendre comme femme de chambre et ainsi de pouvoir la rencontrer à la cour. Passons sur l'anagramme Je charme tout. Nous arrivons en mai 1574, selon Michelet, le roi atteint d'une maladie de flux de sang, passa une dernière nuit avec Marie qui lui fut fatale.

Quatre mois après, François de Balsac décide de convoler en secondes noces avec l'ancienne maîtresse du roy Charles IX. Cette dernière avait obtenu du roi le château de Langest et en prime un bâtard appelé Charles de Valois que nous allons retrouver en fin de chronique. Furent présent en leurs personnes hault et puissant seigneur Messire , François de Balsac, chevallier de l'ordre du roy, cappitaine de cinquante hommes d'armes, bailly d'Orléans gouverneur de la province d'Orléans d'une part et haulte et puissante dame Marie Touchet, dame de Belleville et de Langeais d'autre part, lesquels de leur bon gré, en présence de plusieurs notables personnages, ont convenu de se prendre par les loys du mariage en la sainte église, en faveur duquel mariage a été accordé que les futurs seront communs en biens… que la future pourra en joyr durant sa vie et après sa mort la quarte partie appartiendra à ses enfants… Le future doue sa future espouse de 1.000 escus sol chacun an… témoings… André de Béning, archer de la garde du corps du roy, sous la charge de Clermont d'Entragues. Ce contrat sera lu insinué et publié plusieurs fois jusqu'en 1581, notamment au Boys-Malherbes.

En 1579, recommence les chicaneries administratives, notamment par le lieutenant du baillage d'Estampes concernant l'aveu de 1574. S'est présenté François de Balsac, chevalier, .., bailly d'Orléans, que par le trespas de Guillaume de Balsac son père, luy sont advenus plusieurs terres, fiefs et arrières fiefs, tenus en plain fief du roy, dont il a fait son adveu et dénombrement passé par Guillaume Belleseur tabellion de Marcoussis le 20 février 1574, nous avons fait lecture judiciaire des dits aveux...

Deux mois après, c'est une supplique adressée à Messieurs de la justice du trésor du Palais à Paris: Supplie humblement François de Balsac, ..., il avoit faict porter au roy la foy et hommage à cause de ses terres et seigneuries de Marcoussis, Nozay... Ce néanmoings, lesdites terres et seigneuries avoient estés saisies le 22 avril dernier, faute de faire les foy et hommage et payer les proffits... Se considère il vous plaise, de donner main levée audit suppliant desdites terres et seigneuries...

L'année suivante, Jacques de Claire, ..., et dame Louise de Balsac son épouse , héritière de Guillaume de Balsac confessent avoir vendu à François de Balsac, ..., la terre et seigneurie de Nozay et Ville du Bois, ..., moyennant 5.000 escus dor...

En 1580, cette fois c'est au tour du procureur du roy de Montlhéry pour la vérification de l'adveu de Marcoussis concernant la justice, à cause de la mouvance une fois au Châtelet, une autre à Montlhéry...

En 1581, avec retard, les parents de Marie Touchet dotent leur fille: l'acte en la châtellenie d'Orléans, Jehan Touchet, naguères lieutenant au baillage d'Orléans, et Marie Mathiis sa femme, pour effectuer la promesse par eulx faite à leur fille Marie Touchet, femme de François de Balsac, gouverneur d'Orléans, ..., transportent par don entre vifs, 1.500 livres soit 333 escus...

Notons en juillet, un bail à nouveau cens par Yves Robert, bailly de Marcoussis, et Damien Dehirebec, receveur dudit lieu, procureurs de François de Balsac, lesquels baillent à Pierre Mauduit, laboureur à Longpont, 24 arpens de terres à Fretay...

En 1582, nous retrouvons François de Balsac, qui comme seigneur de Montlhéry, nomme un procureur pour faire bailler au plus offrant, le péage et minage dudit Montlhéry...

L'année suivante, l'ancienne maîtresse ayant à sa disposition, comme don du roy, la seigneurie de Langest, son époux règle un problème: fut présent en sa personne hault & puissant Messire François de Balsac, chevalier ... gouverneur d'Orléans, seigneur d'Entragues, Bois malherbes, Marcoussis, estant de présent au chasteau dudit Marcoussis, lequel recongnoit, confesse, que cy devant Monseigneur filz et frère unique du roy auroit baillé et délaissé à Marie Touchet, sa femme, la terre & seigneurie de Langest située au pays de Touraine pendant neuf années... Il est question de la recette du greffe...

Côté descendance, le couple engendrera deux filles Catherine Henriette et Marie Charlotte.

La vie continue à Marcoussis, en 1596, André de Béning, chevallier, maistre d'hostel de François de Balsac, cappitaine du chasteau de Marcoussis, et agissant comme son procureur spécial, demeurant audit chasteau, se rend devant la principale porte du chasteau de Montlhéry pour présenter les foy et hommage de la terre et seigneurie de Nozay, mouvant en plain fief de sa majesté à cause de la châtellenie de Montlhéry. Il a acquis cette seigneurie de Jacques de Clerc et Loyse de Balsac son espouze soeur d'icelluy, et les tenant de la succession de Guillaume de Balsac son père. Ledit de Béning promet de rendre aveu et dénombrement dans le temps de la coustume. Une semaine après une demande est faite pour obtenir la main levée de la terre et seigneurie de la Ville-du-Bois qui n'a jamais existé...

Notons en 1599, la nomination d'expert concernant un partage entre Charles Prudhomme, fauconnier du seigneur d'Entragues, demeurant à Marcoussis, à cause de sa feue femme Martine Philbert et noble homme Anthoyne Rolland docteur en la faculté de médecine à cause de sa femme Charlotte Philbert ...

En avril 1600, François de Balsac vend à Loys Gourby, marchan demeurant à Marcoussis la couppe des boys du parc de Marcoussis aagés de 21 ans... moyennant la somme de 250 escus. Il est donc présent à Marcoussis. En septembre il fait un don entre vifs avec la femme de Gentien Guyot d'une maison à Saint-Michel-sur-Orge.

En janvier 1602, Damien Dehirebec, cappitaine du chasteau de Marcoussis, fondé de procuration de François de Balsac, porte foy et hommage au seigneur de Mondétour pour 50 arpens à Fretay.

En mai 1602, François de Balsac, chevalier,.... bailly et gouverneur d'Orléans, seigneur d'Entragues, Marcoussis, Boismalherbes et sous faculté de rachat de la chastellennie de Montlhéry, d'une part, noble homme Christophe Baguereau, advocat, demeurant rue du Plastre paroisse Saint-Séverin, font les accords: le seigneur d'Entragues promet l'estat & office de prévost de Montlhéry, moyennant la somme de 1.350 escus.

Début 1603, François de Balsac, ... gouverneur du duché d'Orléans, ... seigneur de Fretel en la paroisse de Villejust faict les foys et hommages à Messire Charles Boucher seigneur d'Orsay, ... à cause du fief et hostel de Fretel...

Notons en novembre 1603, la réception par Charles de Balsac, gouverneur pour le roy au duché d'Orléans de bagues pierreries et joyaux saisis à Orléans ... passé au chasteau de Marcoussis.

Nous arrivons en 1604, François de Balsac est arrêté et traduit devant la justice pour crime de lèse-majesté. En février 1605, le seigneur d'Entragues est condamné à mort. Sa peine commuée en prison à perpétuité au château de Bois-Malberbes. Il y décèdera en 1613.

Pour terminer avec Marie Touchet , notons en 1632, haulte et puissante dame Marie Touchet de Belleville, dame de Belleville et d'Entragues, ..., demeurant à Paris place royale paroisse Sait-Paul, laquelle confesse avoir vendu à damoiselle Françoise de Chardon, ..., ung lieu appelé Le Luillart, ..., assis au terroir d'Orléans, à elle advenue par le décès de Jehan Touchet, son nepveu... La vente sert à régler des dettes.

Signature d'Henriette d'Entragues.

 

 

Henriette de Balsac et Henri IV

Sans reprendre les nombreux récits sur ces amours, résumons la chronologie des faits vus de trois manières différentes: la première par le frère Pijart religieux aux Célestins de Marcoussis, la seconde par Mézeray dans son histoire de France, et la troisième par la correspondance d'Henri IV et divers actes.

Avant 1599, Henriette et sa soeur Charlotte sont élevées et sévèrement gardées par leur mère à Bois Malherbes. Cette dernière leur inculque l'éducation nécessaire pour briller à la cour.

1° Version de Pijart
Aagée de 18 ans, elle avoit tant de charmes, d'esprit et d'adresse, qu'Henri IV s'y attacha tandis que son mariage avec Marie de Médicis se traittoit, mais ses refus et sa modestie irritèrent plus fort sa passion et bien qu'il ne fut point prodigue, il lui fit porter 100.000 escus, tout en coup, qu'elle ne refusa pas et tesmoigna beaucoup d'amour et d'impatience pour un si grand roy. Elle fit intervenir son père et sa mère à la traverse pour l'observer de si prez, qu'elle ne pust pas luy donner la commodité entière de luy parler. Sur cela, elle luy fit entendre qu'elle estoit au désespoir de ne luy pouvoir tenir parole, qu'il falloit avoir le consentement de ses père et mère, et qu'elle y travailleroit de son costé. Puis après plusieurs longueurs et remises, elle luy dit qu'ils ne pourroit estre amenez à un point si délicat, si ce n'estoit que pour mettre leur conscience à couvert envers Dieu et leur honneur envers le monde, sa majesté voulust luy faire une promesse de mariage; qu'elle n'auroit nulle envie de se servir de cet escrit, et que quand elle voudroit s'en servir, elle scavoit bien qu'il n'y avoit point d'official, qui osa faire citer un homme qui avoit 50.000 hommes de guerre à son commandement; mais que les bonnes gens le désiroient ainsi, et qu'il ne devoit point faire de difficultés à leur fantaisie, puisqu'il ne s'agissoit que de luy donner un petit morceau de papier en eschange de la chose la plus précieuse qu'elle eut au monde. Enfin elle sut si bien tourner son esprit, qu'il luy fit une promesse de sa main, par laquelle il s'obligeoit de l'espouser dans un an, pourvu que dans ce temps là elle luy fit un enfan masle . Toute cette intrigue se voit dans les mémoires de Sully où il dit que le Roy l'ayant emmené seul dans les galeries de Fontainebleau, luy monstra cette promesse escrite de sa main, et luy demanda son avis, et qu'au lieu de respondre formellement il la déchira en deux morceaux; que le roy en demeuroit tout estonné... Le roy rentra dans son cabinet demanda une plume et en un demi quart d'heure en refit un tout pareil, monta à cheval et s'en alla chasser vers le Bois Malherbes où il y séjourna.

Quoy qu'il en soit cette promesse causa bien de l'embarras depuis, car la damoiselle la voulut bien faire valoir. Il luy donna la terre de Verneuil prez de Senlis qu'il érigea pour l'amour d'elle en marquisat. Depuis qu'il avoit esté marié, il ne laissoit d'avoir le mesme attachement pour elle. Il la menoit en ses voyages et la logeoit à Fontainebleau. Ces désordres scandaleux offenssoient extemmement la Reyne; et la fierté de la marquise d'Entragues l'outrageoit furieusement car elle parloit toujours d'elle en termes injurieux ou mesprisans, jusqu'à dire que si on lui faisoit justice elle tiendroit la place de cette grosse banquière et à prétendre que son fils qui estoit illégitime devoit estre préféré au dauphin ...

La marquise se mit à faire la triste et la dolente, à fuir le roy et à luy supplier de ne luy plus rien demander, elle demanda permission au roy pour elle ses enfans et son père de les emmener hors du royaume pour éviter la vengeance de la reyne. Le roy luy accorda sa demande plus facilement qu'elle ne pensoit, donc estant outrés au dernier point, son père et le comte d'Auvergne, son frère utérin, se mirent à traiter secrètement avec Balthazar Cuniga, ambassadeur d'Espagne en France pour avoir retraite sur les terres de son Roy, et se jetter entièrement eux et les enfans entre ses bras dans le dessin qu'elle avoit de se servir de sa promesse. L'ambassadeur crut que cette affaire seroit fort avantageuse à son maistre, ainsi il accorda facilement tout ce qu'ils demandèrent. Le Roy leur avoit donner permission de se retirer hors de France sans emmener pourtant les enfans, dans la croiance qu'ils iraient en Angleterre chez le duc de Lenox ou le comte d'Aubigny de la maison des Stuart qui estoient leurs proches parens.

Mais lorsqu'il apprit qu'ils méditoient leur retraite en Espagne,il résolut de les empescher; et premièrement d'y employer les voyes de douceur. Il manda donc le comte d'Auvergne qui estoit à Clermont, lequel refusa de venir, mais il fust arresté prisonnier et amené à la Bastille... Après le Roy fit aussi arrester d'Entragues, qui fut mené à la Conciergerie et la marquise de Verneuil fut gardée en son logis par Testu.

Le Roy ne voulant pas user de voyes de fait dans un crime si notoire envoya la cause au parlement qui fit leur procès et déclara par un arrest de février 1605, le comte d'Auvergne, Entragues, et un Anglois nommé Morgan qui avoit esté l'entremetteur de cette belle négociation criminelle de leze majesté, et comme tel, les condamna à avoir la teste tranchée en place de grève, leurs biens confisqués et remis au domaine de sa majesté. Et la marquise à estre conduite sous bonne garde à l'abbaye des religieuses de Beaumont près de Tours pour y estre recluse; et que cependant il seroit plus amplement informé contre elle . La Reyne n'avoit point espargné ses sollicitations pour faire donner cet arrest.

Mais la bonté du Roy se trouva plus grande que sa passion, le Roy ne voulut pas qu'on leur prononçoit lettres, et à deux mois et demy de le scavoir, le 15 avril, il commua par des lettres du grand sceau, la peine de mort du comte d'Auvergne en une prison perpétuelle dans la Bastille, et celle du seigneur d'Entragues à demeurer dans sa maison de Bois Malherbes, et si il leur faisoit grace de leurs biens, les privant tant de leur gouvernement et dignités; celle de Morgan en un bannissement perpétuel; il permit aussi à la marquise de se retirer à Verneuil; Et sept mois s'estant passés sans que le procureur général eust trouvé aucune preuve contre elle, il la fit déclarer entièrement innocente du crime dont elle avoit esté accusée. Il n'y eut que le comte d'Auvergne qui estant le plus à craindre, fut le plus mal traité, car non seulement le roy le retint à la Bastille où il croupit plus de douze années, mais encore luy fit retirer la propriété du comté d'Auvergne dont il portoit le tiltre et en jouissoit en vertu de la donation que le Roy Henri III luy avoit faicte, et adjugé à la Reyne Marguerite... Marie de Médicis ayant besoin de luy le fit sortir en 1616. Enfin le Roy se voulant ressouvenir de l'amitié qu'il avoit porté à la marquise de Verneuil, supprima pour jamais la mémoire du crime dont elle avoit esté chargée...

2° Version de Mézeray (2)
Henri IV, son coeur non accoustumé d'estre libre, se prist aux appasts d'Henriette de Balsac, fille enjouée spirituelle & engageante; aussi estoit-elle de race à faire l'amour, car elle avoit pour mère cette Marie Touchet qui avait été maîtresse du roy Charles IX & depuis marié au seigneur d'Entragues, dont cette fille estoit née. Ses parents désirant profiter de l'occasion, la tenoient de fort court, & la gardoient estroitement de peur que la jouissance n'esteignit l'ardeur du Roy. De son costé elle seconda si bien leurs intentions, qu'enfin par des refus attrayants, elle obligea à luy donner une promesse de l'espouser, si dans l'année elle luy faisoit un fils.

Sous cette assurance, & moyennant une pluye d'or de 100.000 escus, il eut toute liberté. Peu après il la gratifia de la terre de Verneuil avec titre de Marquisat . Malheureusement pour cette dernière il se marie avec Marie de Médicis. Il n'est point croyable combien la nouvelle marquise de Verneuil eut de déplaisir de se voir décheoir de l'espérence d'une couronne, elle dissimula pourtant: mais le comte d'Auvergne son frère utérin, autant par la malignité de son naturel que par ressentiment, se porta à venger cette injure, & se joignit aux malcontentements dont nos avons parlé. Tous ensemble conspirèrent d'enfermer le Roy dans une prison, de luy oster la couronne & de la déférer à un autre prince du sang.

En juillet 1601, les billets doux de la marquise & les intrigues de ceux qui servoient à ses plaisirs, rappeloient le Roy sans cesse à Paris. Cette dame souhaitait passionnément qu'il se trouva à ses couches, croyant que si elle faisoit un fils, elle auroit sujet de le sommer d'accomplir sa promesse. Il estoit fort en branle de retourner pour luy donner satisfaction, quand un coup du ciel, s'il faut ainsi dire, rompit le charme, & mit ce prince en liberté: car un jour, après de grands esclats de tonnerre, le foudre estant tombé dans la chambre de la marquise, & ayant passé sous son lict, elle en fut tellement effrayée, qu'elle accoucha d'un enfant mort.

En mai 1601, diverses choses troublaient les divertissements du Roy. Les jalousies que la Reine avoit de ses amours; les malices de ses maîtresses, particulièrement la marquise de Verneuil, ... Les faux rapports que luy fit la marquise de Verneuil le poussèrent au dernier ressentiment...

En mars et avril suivans la marquise de son costé, rusée et coquette, employoit tous les artifices pour entretenir une discorde qui entretenoit sa félicité. Parmi les bons mots dont elle faisoit rire le Roy, elle en méloit souvent de fort insolents contre la Reyne ... la marquise ayant sujet d'appréhender quelque chose de pire qu'une insulte.

Avec cela estant fachée contre le Roy, elle feignit d'estre touchée d'un repentir chrestien, la crainte de Dieu, et que pour faire pénitence elle lui demanda de chercher un asyle hors du Royaume pour elle et ses enfants. Cet artifice n'eut pas d'abord son effet... Pour adoucir les aigreurs de la Reine, le Roy désira qu'elle rendit la promesse de mariage qu'il luy avoit donné et qu'elle faisoit sonner fort haut, la monstrant à quiconque la vouloit voir. Ses prières ne furent pas assez suffisantes pour cela, il fut obligé d'y employer son autorité, avec vingt mille escus en argent, & l'espérence d'une charge de marécal de France pour son père. Moyennant ces conditions , elle la rendit en présence de quelques princes et seigneurs, qui la vérifèrent que c'estoit la vraye.

En juillet, il sembloit après cela que la tempêste estoit calmée, quand le roy découvrit que d'Entragues, père de cette dame & le comte d'Auvergne, avoient tramé une menée très dangereuse avec l'ambassadeur du roi Philippe; c'estoit pour faire passer la marquise en Espagne, avec ses enfans; ce qu'il négocioit avec Baltazar de Suniga, ambassadeur du roy catholique, et d'un gnetilhomme Anglois qui s'appelloit Morgan. On publia qu'il fut vray, ou non, que le comte d'Auvergne ayannt communiqué aux espagnols la promesse de mariage que le roy avoit donné à la marquise, avoit fait un traité secret avec eux; par lequel le roy Philippe promettoit de l'assister pour élever dans le trône le fils de cette dame sa soeur: et pour cet effet, de luy fournir 500.000 livres en argent net de faire avancer les troupes qu'il avoit en Catalogne... On disoit bien plus, mais peu de gens le crurent, que le comte avoit formé un attentat sur la vie du Roy ... Or le comte ayant découvert que leur intrigue se découvroit, s'estoit retiré en Auvergne... Néanmoins les gens du duc de Vendosme le prirent et le ramenèrent à Paris. Au mesme temps Entragues & sa femme furent arrestez dans leur maison de Malherbes, et la marquise en son hostel à Paris. Le comte fut amené à la Bastille, & Entragues à la Conciergerie.

En janvier 1605, on travalloit au procès du comte d'Auvergne, et de ses complices avec d'autant plus de diligence, que la Reine se portoit comme partie, & que le parlement y alloit aussi vite qu'il se pouvoit. Le comte d'Auvergne fut interrogé par trois fois; le seigneur d'Entragues, la marquise sa fille, & Morgan subirent aussi l'interrogatoire; le comte se déchargea de tout sur la marquise sa soeur, croyant bien que le Roy ne pourroit se résoudre à la perdre: il donnoit tous les reproches qu'il pouvoit s'imaginer contre elle, & elle aussi contre luy; Entragues au contraire la déchargeoit entièrement, & se chargeoit de tout, aymant mieux risquer trois ou quatre ans de vie languissante qui pouvoient luy rester( il avoit plus de 73 ans). L'affaire fut poussée si chaudement, que le premier jour de févier, il y eut un arrest qui condamna le comte, Entragues & Morgan à estre décapitez dans la place de grève; & la marquise à estre reccluse dans un monastère de filles à Beaumont prez de Tours. La reyne en eut beaucoup de joye, le roy quant à luy avoit fait scavoir à la cour, qu'il désiroit que la prononciation en fust sursise jusqu'à ce qu'il en eust pris une plus ample connoissance.

Quand il eut donc humilé, la marquise par un coup si terrible, il commença de luy faire grâce pour l'obtenir d'elle, & fit expédier des Lettres le 23 mars luy donnant liberté de se retirer en sa maison de Verneuil. Par d'autres lettres il commua la peine du comte & celle d'Entragues en une prison perpétuelle: puis les restablit dans tous leurs biens & honneurs, non pas toutefois dans leur charge & gouvernements. Peu après il donna à Entragues sa maison de Malherbes pour prison: & à l'égard de Morgan, il se contenta de le bannir du royaume à perpétuité. Sept mois s'estant passés, sans qu'il se trouvast de nouvelles preuves contre la marquise, le roy luy accorda des lettres du 16 septembre qui la déclaroient purement innocente. Le comte d'Auvergne estant le plus dangereux, fut aussi le plus mal-traitté; on le laissa dans la Bastille, où il a demeuré douze ans, sans autre consolation que celle de recevoir de belles lettres...

3° version de la correspondance de Henri IV et notes de l'auteur
Début 1599, Henri IV est roi de France, et François de Balsac est encore gouverneur d'Orléans.

En mai 1599, première rencontre d'Henri et d'Henriette. Le 11 août, la terre de Verneuil est érigée en marquisat pour Mademoiselle d'Entragues. Monsieur le chancelier je vous envoye par ce courrier, que je vous despeche exprès, l'érection de la terre de Verneuil en marquisat, en faveur de mademoiselle d'Entragues, affin qu'auy tost que vous aurés scellé les dictes lettres, vous me les envoyés, sans apporter en ce faict aulcune difficulté ou longueur. Ce 9 juin à Paris.

Le 6 octobre1599, Henri IV pour obtenir Mademoiselle d'Entragues signe à François de Balsac une promesse par laquelle il s'engage à l'épouser si elle lui donne un fils avant un an: Mes cheres amours, La Varane et le laquais sont arrivés en mesme heure. Vous me commandés de surmonter, si je vous aime, toutes les difficultez que l'on pourra apporter à nostre consentement. J'ay assez montré la force de mon amour, aux propositions que j'ay faictes, pour que du costé des vostres il n'y apportent plus de difficultez. Ce que j'ay dict devant vous, je n'y manqueray point, mais rien de plus. Le comte de Lude part demain au matin; il a, dès après-diner, toute sa depesche. Je voiray de bon coeur Mr d'Entragues et ne le lairray gueres en repos que nostre affaire ne soit faicte ou faillye. Cet homme de Normandie est venu icy, et me vient dire qu'entre cy et quinze jours, nous devons avoir la plus grande brouillerie du monde, qui sera causée par vos père, mère, ou frère, et sera tramée à Paris; que vous et moy tiendrons tout pour rompu; que demain il me dira le moyen de l'empescher... Bonsoir, le coeur à moy, je baise vous un million de fois.

Le 21 avril 1600, Henri IV redemande inutilement à Mademoiselle d'Entragues et à son père, la promesse qu'il leur avait donnée par écrit. Mademoiselle, l'amour, l'honneur et les bienfaicts que vous avés receus de moy eussent arresté la plus légère ame du monde, si elle n'eust point esté accompagnée de mauvais naturel comme la vostre. Je ne vous picqueraye point davantage; bien que je peusse et deusse le faire, vous le scavés. Je vous prie de me renvoyer la promesse que vous scavés; et ne me donnés point la peine de la ravoir par aultre voye. Renvoyés-moy aussy la bague que je vous rendis l'autre jour. Voilà le sujet de ceste lettre, de laquelle je veux avoir response annuyt.

Le même jour, même démarche auprès de François de Balsac: Monsieur d'Entragues, je vous envoye ce porteur pour me rapporter la promesse que je vous baillay à Malberbes. Je vous prie, ne faillés de me la renvoyer, et si vous me la voulés rapporter vous-mesme, je vous diray les raisons qui m'y poussent, non d'estat; par lesquelles vous dirés que j'ay raison et recognoistrés que vous avés esté trompé, et que j'ay un naturel que je peux dire plus-tost trop bon que aultrement. M'asseurant que vous obeïrés à mon commandement, je finiray; vous assurant que je suis vostre bon maistre.

En 1601 et 1602, Henriette donne naissance à deux enfants. Le roi s'est remarié avec Marie de Médicis qui lui a donné également des héritiers. Une conspiration de la famille de Balsac commence avec comme but de faire reconnaître le fils d'Henriette par le roi d'Espagne .

En juin 1604 a lieu le procès de François d'Entragues, de sa fille Henriette, et de son demi-frère Charles de Valois. Notons le discours de François de Balsac pour sa justification sur les crimes à luy imposés:
- il a reçu grandes incommodités en sa personne,
- à la fin des guerres, le roy luy a osté sa charge d'Orléans, sans avoir failly, sans qu'il ay reçu ny bien ny honneur ny récompense.
- pour l'accabler et ruiner son bon plaisir, le roy devint amoureux de sa fille aisnée, à présent la dame de Verneuil, qui luy a apporté tant de peine qu'il en a esté deux ans malade à la mort.
-
La liste comporte 54 points.

La suite du procès déjà évoquée plusieurs fois, condamnation à mort de François de Balsac; sa fille recluse à l'abbaye de Beaumont. Puis les peines sont commuées: Henriette de Beaumont à Verneuil, le sieur d'Entragues à la réclusion perpétuelle en sa maison et château de Bois Malherbes. Puis l'arrest d'abolition de la mise en résidence de la marquise à Verneuil.

 

 

Notes

(1) Pijart, Généalogie des Balsac d'Entragues.

(2) Mézeray, Chronologie de l'histoire de France.