Le moulin de Basset à Longpont (3) (1715-1776)

Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _----------------- --------- Novembre 2010

Plan de bornage (août 1771) montrant le moulin de Basset installé sur l'Orge à Longpont.

JP. Dagnot

C. Julien

 

 

 

Cette chronique est le troisième volet de l'histoire du moulin de Basset à Longpont-sur-Orge (cant. Montlhéry, Essonne). Nous étions restés au début du XVIIIe siècle quand le moulin changea deux fois de mains en peu de temps. Une première fois, les héritiers de Charles Jumelle, ne pouvant plus tenir le moulin le vendirent, en juillet 1710, à l'abbé Christophe Pajot, seigneur de Launay et Lormoy (1). Cinq ans plus tard, le vieux prélat légua toute sa terre et seigneurie de Launay à son neveu, Jean-Baptiste Pajot de Dampierre (2), qui devint par le fait, propriétaire du moulin de Basset dans la censive du seigneur de Brétigny. Le moulin avait été affermé au meunier Pierre Jumelle.

 

 

Basset à Pajot de Dampierre

Un conflit apparaît en 1715 à propos de la hauteur du déversoir de Basset. Un mémoire daté du 26 mai précise : «  au-dessous des moulins du Cas Rouge (?) du sieur de Louvain et de celui du Petit Paris du marquis de Leuville, sur la rivière, il y a un autre moulin appelé le moulin de Basset appartenant autrefois à Messire de Martel, comte de Fontaine, depuis à Pierre Jumelle et à présent au sieur Pajot. Quoy que le versoir du moulin aye toujours esté de la longueur de vingt-deux pieds et de la largeur de sept ou environ comme il résulte des procès-verbaux de visite de réparations qui estoient à faire audit moulin daté du 17 may 1678, ledit Jumelle a réhaussé ledit versoir… ». Les propriétaires en amont se plaignent que «  cette rehausse empesche le travail desdits moulins  » car le dénivellement de la rivière est trop faible pour une telle chute.

 

 

Le 13 novembre 1716, le seigneur de Launay baille le moulin à Germain Baticle. En 1719, Germain Baticle et sa femme, Marie-Jeanne Filleul, sont toujours meuniers à Basset où naissent Germain et Madeleine. Puis, Jean Vatar et Marguerite Tavernier occupent Basset où Jean Tavernier, frère de Marguerite, travaille au moulin à tan. À la fin de l'année le couple Vatar quitte Guiperreux. La prisée demandée par Jean Valard, meusnier sortant et Jean Chicot entrant est faite le 2 décembre. Le rapport mentionne un arbre de 14 pieds de long et une roue de 12 pieds de diamètre. Il semble donc qu'à la suite des travaux effectués par Pierre Jumelle la puissance du moulin ait été augmentée par la pose d'une roue plus grande.

Le 25 avril 1726, Messire Jean-Baptiste Pajot de Dampierre, chanoine de l'église de Paris, demeurant rue du Bourdonnais paroisse Saint-Germain l'Auxerrois, baille pour trois, six et neuf ans, à Jean Chicot, ledit moulin, une isle entre la rivière et la morteau, ainsi que les terres attachées au moulin. Le bail est fait moyennant 950 livres et six canards. Jean Chicot s'y installe avec Elisabeth Guignard sa femme. À Basset, leur viennent trois enfants Jean, Julienne et Jean-Charles.

La terre et seigneurie de Brétigny change de mains au début de 1739, par la donation faite le 2 janvier. C'est Messire Claude de Bretel, chef d'escadre des armées navales de sa Majesté, seigneur de Brétigny, Saint-Michel et Marolles, demeurant en son château de Lanquetot, en Normandie, qui fait donation à Anne Charlotte Dotoz, veuve messire Henry de Bretel, nièce et belle-soeur dudit seigneur, demeurant avec lui à Lanquetot, comme héritier d'Henriette Madeleine Julie de Fontaine-Martel, sa cousine veuve d'Estaing. La donation comprend les fiefs terre et seigneurie de Brétigny, Marolles et Saint-Michel-sur-Orge ainsi que la rente de 650 livres due pour le moulin de Basset situé à Lormoy.  

Quelque temps plus tard, le 27 juin 1739, Jean-Baptiste Pajot de Dampierre, demeurant rue Montmartre, de présent en son château de Lormoy, baille pour six ou neuf années à Denis Vaillot, meunier actuel dudit, et Marie-Anne Laisné, sa femme, ledit moulin avec une pièce de huit arpents de luzerne dans le parc de Lormoy. Le bail est accordé au prix et somme de 800 livres tournois. C'est chez Denis Vaillot que le meunier Claude Laurent meurt à l'âge de 86 ans en août 1740.

Un titre nouvel rendu le 13 mai 1741 par Jean-Baptiste Pajot, donataire de Christophe Pajot, qui était adjudicataire sur les biens de Charles Jumelle, à Charlotte Dulot, veuve Henri de Bretel, des 650 livres et 6 canards de cens sur le moulin de Basset et ses dépendances. En 1743, Denis Vaillot et sa femme Marianne Lainé, originaire de Villemoisson, afferment de nouveau le moulin de Basset. Le bail arrivant à son terme, c'est Pierre Laisné, beau-frère de Denis qui prend Basset avec sa femme Françoise Villemain.

Suite aux nombreux conflits avec les moulins en amont, un règlement du moulin de Basset est fait en 1748 par la gruerie des Eaux et Forêts de Montlhéry. Un plan montrant la roue et le repère fixant la hauteur du déversoir par rapport à celui de la chaussée de Guiperreux est gravé dans un moellon du moulin. Désormais, les caractéristiques techniques du moulin sont «  gravées dans la pierre  ».

La roue du moulin de Basset est changée d'après le marché de fourniture de 1752. L'année suivante , Jean-Baptiste Pajot, chanoine honoraire de l'église de Paris, demeurant rue d'Enfer, paroisse Saint-Jacques, étant en son château de Lormoy, baille pour six ou neuf ans à Pierre Laisné ledit moulin avec l'isle, et environ dix arpents, moyennant 800 livres et six bons canards. Pierre Laisné considérant que les successions des défunts Nicolas Laisné et Marie Fabie, ses père et mère, cette dernière décédée au moulin de Basset, seraient plus onéreuses que profitables, de ce fait renonce auxdites successions .

L'abbé Pajot, propriétaire de Lormoy et du moulin de Basset décède en mai 1757 à l'âge de 68 ans. Il avait institué légataires universels ses neveux et nièces, les enfants de son frère Pierre Maximilien Pajot de Villeprot. La succession fut difficile car, d'une part le testament du défunt abbé exigeait une indivision sur le domaine de Launais et Lormoy, et d'autre part un cinquième héritier se présenta, le fils de Marie-Anne Pajot et cousin germain de la fratrie. Une sentence du Châtelet fut rendue en 1760 ordonnant la vente des terres de Lormoy, Launais et Saint-Michel. Les procédures judiciaires se prolongeront jusqu'en 1767.

En revenant au moulin de Basset, le jeudi 11 novembre 1762, Pierre Laisné, meunier sortant de Basset, est prié de payer ses dettes. Pour se procurer le moyen de s'acquitter, envers le seigneur propriétaire, la dame et demoiselle de Lormoy, vend à Charles Laisné, leur fils, deux vieux chevaux et une vieille vache, le tout pour 96 livres versées à la dame en son château de Lormoy qui reçoit la somme... Le lendemain a lieu la prisée du moulin entre Pierre Laisné, meunier sortant, et Claude Arnoult, garçon meunier, demeurant au Breuil. Le procès-verbal mentionne une cabane de garde moulin.

 

Plan terrier (1764) et plan cadastral (1988) du moulin de Basset.

 

 

La marquise de Bréhant

Nous avions esquissé les difficultés de la succession Pajot. Depuis 1757, selon les dernières volontés de leur oncle, Lormoy et ses dépendances sont indivis et il n'est pas question de démanteler le domaine qui doit rester intact à la descendance, "de mâle en mâle". À cette époque c'est la fille aînée Anne-Louise Charlotte Pajot qui gère les affaires en son nom propre et au nom de son frère Louis-Pierre Maximilien et de ses deux sœurs Agnès Alexandrine et Anne Léonie, tous mineurs.

Le 17 novembre 1762 «  haute et puissante dame Anne Louise Pajot, marquise d'Asfeld, demeurant à Paris rue Montmartre, paroisse Saint-Eustache, héritière de son oncle Jean-Baptiste Pajot, seigneur de Launay, baille à Claude Arnoult, meunier de Savigny, à titre de loyer pour trois, six ou neuf ans le moulin de Basset situé sur la rivière d'Orge, moyennant 850 livres et six bons canards  ». À noter sur l'acte de 1762, que la dame est autorisée par justice à la poursuite de ses droits et actions au refus du sieur son mary dans lequel elle poursuit la séparation quant aux biens, ainsi que ses frères et sœurs mineurs légataires universels de feu Jean-Baptiste Pajot leur oncle. C'est par l'adjudication par arrêt du Parlement que le moulin de Basset change de propriétaire le 28 novembre 1768 pour entrer dans le patrimoine de madame la marquise de Bréhant , seigneur de Launais, Saint-Michel et Lormoy (3). Le moulin restera dans les mains des propriétaires de Lormoy pendant encore plus d'un siècle. Le moulin comprend « deux corps de bâtimens d'habitation et d'exploitation, cour, jardin et isle ».

La prisée du moulin est faite le 12 novembre 1769 entre la marquise de Bréhant, propriétaire du moulin et Jean Davoust nommé par Michel Mainfroy sortant dudit moulin. Le rapport précise que la roue mesure six pieds et demy de diamètre. Deux jours plus tard, un nouveau meunier arrive à Basset en la personne de Thomas Lamy «  la marquise de Brémant, dame de Saint-Michel et Lormoy, propriétaire du moulin Basset, comme ayant acquis le tout des neveux et nièces de Messire l'abbé Pajot, baille à Thomas Lamy pour trois, six ou neuf ans le moulin de Basset sur la rivière d'Orge avec bâtiments, un petit terrain derrière la grange et une île qui sert de jardin entre la rivière et la morte eau depuis la chaussée jusqu'au dit moulin. Sont incluses plusieurs pièces de pré, ce bail fait moyennant 1.000 livres et six canards  ».

Un brouillon de lettre rédigé en 1769 nous donne la description détaillée du moulin de Basset à la fin du règne de Louis XV. Cette lettre déclarative est écrite par «  Haute et puissante dame Jeanne Françoise Taschereau de Baudry, marquise de Bréhant, veuve de Messier Marie-Jacques de Bréhant, chevalier, vicomte de l'Isle, seigneur de Bois-Boissel et de la ville de Saint-Brieux en partie, maréchal des camps et armées du Roy, inspecteur général d'infanterie  ». La dame de Lormoy et de Saint-Michel-sur-Orge déclare détenir à titre de à cens des héritages au profit du seigneur de Brétigny, Marolles, et autres lieux. Le notaire recommande en marge de prendre «  garde aux qualités à cause de Saint-Michel  ». En effet, la dame est patronne de l'église de Saint-Michel-sur-Orge tandis que le seigneur de Brétigny en est le seigneur haut justicier. Cette mention n'est pas badine car, du point de vue des droits honorifiques, elle marque la primauté de la marquise à Saint-Michel-sur-Orge bien que cette dernière ait à déclarer des biens en roture au seigneur haut justicier.

Ainsi, parmi les héritages dans la seigneurie de Brétigny, le moulin de Basset est déclaré à l'article premier «  le moulin à eau appelé Le Basset, situé sur la rivière d'Orge, terroir de Saint-Michel au dessous de la chaussée de Guipéreux, se consistant en plusieurs bâtiments couverts de tuiles, dans l'un desquels sont les tournans et travaillans dudit moulin, chambre servant de cuisine, antichambre à côté d'icelle, écurie, étable à vache, greniers au dessus desdits lieux, cour devant dans laquelle est un autre bâtiment pareillement couvert en tuiles servant d'étable, toit à porc, petit jardin d'environ 9 perches derrière le bâtiment, le tout se joignant et contenant un quartier et demi environ, tenant d'un côté vers l'orient à ladite rivière, d'autre côté vers l'occident et un bout vers le nord au chantier des Douvières, le chemin conduisant de Guipereux audit moulin et à entre deux, et d'autre bout vers midy en partie à ladite marquise de Bréhant à cause des terres du chantier des Bourbiers et de la censive de Longpont, petit ruisseau et fontaine entre deux, la dite fontaine étant sur le bord du susdit chemin  ». Le deuxième article décrit «  Item, près ledit moulin, deux arpents ou environ de terre en jardin, pré et saussaye tenant d'un long vers orient à la morte eau, à l'article précédent aux prés dépendant des seigneurs et l'Hôtel Dieu de Montlhéry et plusieurs autres, tenant au versoir de la chaussée de Guipéreux entre deux, d'autre long vers occident, et d'un bout en pointe vers nord à la rivière d'Orge et d'autre bout à ladite chaussée  ». Il est évident que dans sa lettre la marquise de Bréhant cherche à mettre le seigneur de Brétigny en position inférieure. Elle sera déboutée car le moulin de Basset est situé sur la paroisse de Longpont où cette dame n'a aucun droit honorifique.

Un conflit éclata une nouvelle fois en 1772 entre le seigneur de Lormoy et les moines de Longpont à propos de quelques censives comme le moulin de Basset. Après un échange de mémoires se référant au texte de 1615, les avocats finirent par établir un compromis. Il faut dire que la marquise de Bréhant était une dame procédurière, attaquant ses puissants voisins, son seigneur dominant du Plessis-Pâté mais également des particuliers, de pauvres paysans qui oubliaient de déclarer des censives ou des vendanges faites en dehors du ban. La dame de Launais était féroce.

Force est de constater qu'à la suite des diverses donations pieuses et des rachats par des seigneurs laïcs, les chantiers de Bourbiers et des Douvières présentent une complexité quant aux possessions en fief ou en roture. Ainsi, sur le plan de bornage d'août 1771, nous notons les différents propriétaires privilégiés qui possèdent les prairies et terres aux environs du moulin de Basset : le seigneur de Sainte-Geneviève, le prieuré de Longpont, l'Hôtel-Dieu de Montlhéry, le seigneur de Launay, le seigneur de Lormoy, le seigneur de Brétigny, la cure de Montlhéry, la fabrique de Montlhéry, le chapitre de Linas. Seigneurs laïcs et ecclésiastiques, tout ce beau monde, est impliqué dans un différend sur le bornage des terrains.

 

 

Le rachat de la rente foncière sur Basset

Un mémoire daté du 3 février 1775 signé Chaillou reprend l'histoire du moulin depuis 1693 pour répondre à une question juridique de cet avocat «  La faculté de racheter la rente foncière düe sur le moulin de Basset stipulée au bail à cens et rente de 1693 est-elle prescriptible en 1775 ?  ». Il s'agit du rachat d'une rente foncière par la marquise de Bréhant, dame de Saint-Michel, propriétaire du moulin. La dispute avec le seigneur de Brétigny occasionne ce mémoire. Voici les faits:
1°) en 1693, le seigneur de Brétigny bailla à Jumelle le moulin Basset et dépendances, moyennant quelques sols de cens, quelques canards de rente seigneuriale et 650 livres tournois de rente rachetable en deux payements au denier 20.
2°) vers 1710, Jumelle décéda, laissant une veuve et un enfant mineur endetté sur lesquels ledit moulin fut décrété et adjugé vers 1731 à messire l'abbé Pajot, seigneur de Saint-Michel et Lormoy.
3°) vers 1733, Mr l'abbé Pajot passa déclaration et titre nouveau au terrier de Brétigny pour raison de cens et rentes qu'il devoit à cette seigneurie à cause du moulin Basset et dépendances.
4°) vers 1735, les religieux seigneurs de Longpont demandèrent entre autres choses la censive sur le moulin Basset et dépendances à Mr l'abbé Pajot ; il défendit à cette demande et mit en cause le seigneur de Brétigny et par arrêt du Grand Conseil de 1738, les religieux furent condamnés sur ce chef, Mr l'abbé Pajot jugé de ses offres de payer à la seigneurie de Brétigny le cens, la rente seigneuriale en canards et la rente amortissable de 650 livres tournois.
5°) vers 1755, Mr l'abbé Pajot mourut laissant pour héritier des terres de Saint-Michel et Lormoy et dudit moulin Basset, Messire Pajot de Villeperot dont la minorité n'a fini qu'en 1769.
6°) en 1767, les terres de Saint-Michel et Lormoy, le moulin Basset et dépendances furent publiées et adjugées à Madame de Bréhant à la charge des droits seigneuriaux et en outre à celle de 650 lt de rente rachetable düe sur le moulin Basset à la seigneurie de Brétigny.
7°) en 1768, Madame de Bréhant a payé le quint, lods et ventes de son acquisition aux seigneurs de qui les terres et dépendances relèvent, notamment au seigneur de Brétigny pour raison du moulin Basset.
8°) en 1771, on a présenté de la part de Madame de Bréhant à Mr de Juigné, seigneur de Brétigny un projet de titre nouveau de la di
te rente de 650 lt rachetable conformément au bail à rente de 1715 et on luy proposa de l'accepter pour éviter toute difficulté ; il le refusa sous prétexte que le bail à rente à près de 60 ans et que par l'article 20 de la coutume, la faculté de racheter une rente foncière se prescrit par 30 ans.

 

Le moulin de Basset à la fin du XIXe siècle (carte postale).

 

Mme de Bréhant répondit : Si les prescriptions qui tendent à libérer les héritages sont en général odieuses, celle cy doit l'être bien davantage puisqu'elle tend à les grever d'une rente et charges contre l'intention des parties contractantes dans les termes même de leurs titres contre lesquels elle ne devrait jamais prescrire. D'où la dame concluoit que la moindre circonstance devoit couvrir cette prescription ; que dans cette affaire toutes circonstances se réunissoient pour écarter la crainte de cette prescription :
1°) il paroit que l'acte de 1715 est moins un bail à rente qu'un contrat de vente du moulin Basset pour le prix duquel Jumelle a constitué 650 lt de rente ; dans ce cas, il seroit constant que la faculté de racheter cette rente ne pourroit se prescrire par aucun prix.
2°) quand cette faculté de racheter ladite rente de 650 lt seroit sujette à la prescription, elle seroit couverte par la minorité des enfans de Jumelle ; cas suivant l'article même allégué par Mr de Juigné : la prescription n'a lieu qu'entre âgés et non privilégiés.
3°) si comme on le présume les actes postérieurs à celuy de 1715 portent l'énonciation de rente rachetable : ils contiennent une nouvelle faculté de rachat que le créancier de la rente doit être sensé avoir par un acte accordé au débiteur suivant l'avis de Bassin dans son commentaire sur la coutume de La Rochelle.
4°) le décès de Mr l'abbé Pajot arrivé en 1755 a laissé des mineurs propriétaires du moulin Basset contre lesquels la prescription n'a pu courir, ainsy il faudrait dans la sentence de Mr de Juigné qu'elle ait été complètement acquise en 1755, ce qui ne peut être à cause de la minorité de Jumelle ancien propriétaire dudit moulin.
5°) l'ensaisinement que Mr de Juigné a fait de l'adjudication des terres de Lormoy et de Saint-Michel et du moulin Basset avec celle des lods et ventes pour raison dudit moulin pr
ouve incontestablement que M. de Juigné a regardé la rente de 650 lt comme rachetable puisque si elle ne l'était pas ; il ne luy auroit point été düe des droits, comme il est faute de devoir par la notte cy après.
Le moulin Basset avec les prés compris au bail à rente de 1715 et quelques autres de la seigneurie de Saint-Michel est loüé 1.000 lt
Charges à déduire, se montent à 1.000 lt, savoir :
• une partie des vingtièmes, 35 lt
• les cens et rentes dus à Brétigny, 663 lt
• les prés qui sont de Saint-Michel, 52 lt
• les réparations qui montent au tiers du produit, suivant l'art. 256 de Bretagne, ne mettons que le quart, 250 lt,
Reste du produit net, 0 lt,
Qui fait un capital de 0 lt,
Qui donne pour lods et ventes, 0 lt.
Mr de Juigné a donc pour son propre fait couvert ladite prescription qui, comme on l'a dit peut être par la moindre circonstance.
6°) enfin le moyen sur lequel Mm
e de Bréhant comptoit le plus, quand elle n'auroit pas ceux qu'on vient de donner seroit fondée sur l'honnêteté de Mr de Juigné qui ne voudroit sûrement pas se servir d'une admise prescription pour grever Mme de Bréhant d'une rente et charge pareilles ; comme cette dame ne voudroit pas se servir de prescription pour faire perdre à Mr de Juigné le capital de cette rente, quoique le dernier titre qui a plus de 30 ans puisse être prescript et de peur que des successeurs ne soient dans le cas d'alléguer cette prescription, elle a écrit des lettres qui suffisent pour le couvrir.

En vertu des sentences de la Maîtrise des Eaux et Forêts de Paris et notamment celle du 3 juillet 1775, exécutoire le 8 janvier 1776, un avertissement, daté du 16 avril 1776, concerne le curage de l'Orge avec répartition «  du rôle sur les propriétaires, possesseurs et détempteurs d'héritages riverains médiats et immédiats de la rivière d'Orge, tenus, chacun en droit foi, de contribuer au payement de l'entrepreneur adjudicataire du curage général de ladite rivières, mortes rivières, grandes et petites boelles, fossés et ruisseaux y affluans…  ». La Charité de Montlhéry est imposée pour sa cotte-part du curage à 22 livres 11 sols 10 deniers «  à cause de 57 perches de pré au dessus de la chaussée de Longpont  ».

Une descente de la maîtrise des Eaux et Forêts a lieu en octobre 1776 aux moulins de Grouteau et Basset en exécution de la sentence du 19 août. Denis Metayer, conseiller du roi, lieutenant de la maîtrise est assisté de Pierre Debeaujeu, commis pour greffier dûment assermenté an l'absence du sieur Agier, greffier ordinaire. Arrivés le dimanche 6 octobre, les deux hommes sont descendus à Linas, «  en l'hostellerie où pend pour enseigne la fontaine  ». Le lendemain à dix heures du matin le lieutenant et le greffier s'annoncent au moulin de Basset où était Pierre Antoine Rivière, arpenteur, requis pour les opérations ordonnées et jugées nécessaires. Est comparu Messire René Chaillou, prêtre et avocat en la cour «  lequel a dit en l'absence de Messire Bigot de la Boissière, procureur en la cour et de dame Françoise Jeanne de Baudry, marquise de Bréhant, dame de Lormoy, de Launay et de Saint-Michel, patronne honoraire dudit  ». Il s'agit encore une fois de la contestation sur la hauteur du déversoir et de la chute d'eau du moulin.

 

 

Antoine Robine, meunier à Basset

A la fin de l'année 1778, un nouveau meunier arrive au moulin de Basset en la personne d' Antoine Robine le jeune. Un document complet, procès-verbal de prisée et estimation, nous donne une description complète du moulin de Basset en cette fin de XVIIIe siècle avec les termes techniques de l'époque. Lors du changement de meunier la prisée du moulin de Basset fut organisée, l'acte notarié est passé le lendemain à l'étude de maîtres Susane et Malherbe, notaires à Montlhéry. «  Furent présents et sont comparus Pierre Simon, charpentier demeurant à Longjumeau expert nommé de la part de Thomas Laisné, meunier sortant du moulin de Basset et Louis Laisné, meunier du moulin du Petit Paris y demeurant, paroisse de Leuville, expert nommé de la part de Antoine Robine le jeune, meunier entrant audit moulin de Basset lesquels ont dit qu'en conséquence des pouvoirs à eux donnés séparément par deux écrits sous seing privé, l'un signé Thomas Laisné et l'autre Antoine Robine en datte du jour d'hier pour faire la privée et estimation des tournants et travaillants dudit moulin de Basset, lesquels écrits duement contrôlés en cette ville ce jourd'huy ont été a la réquisition des parties annexées à ces présentes après avoir été d'elles certifiés véritables, signés et paraphés en la présence dudit notaire . Ils se sont transportés et qu'en ayant vu, visité et examiné tous lesdits tournants et travaillants et ustencils, ils les ont ensuite prisés et estimés article par article avec toute l'attention possible et en leur âme et conscience ainsi qu'ils l'ont juré et affirmé par la religion du serment, qu'ils ont prêté es mains desdits notaires de la manière et ainsi qu'il suit ».

À suivre…

 

 

Notes

(1) La famille Pajot, installée à Paris avait donné des gens de robe au service du roi. Léon Pajot, sieur de Pont, secrétaire d'état et contrôleur général des Postes, fut reçu secrétaire du roi le 17 octobre 1680. Il mourut en 1686. Marié avec Marie-Anne Oger, dame de Villiers et Ons-en-Bray, ils eurent sept enfants dont l'aîné Léon II et Christophe le cadet. Christophe Pajot fut conseiller-clerc en Parlement et grande chambre d'icelle en septembre 1684, abbé commendataire des abbayes de la Chassaigne, Valsainte, Sénanque et Saint-Jacques de Provins. Il est mort le 24 novembre 1730, à 80 ans.

(2) Messire Jean-Baptiste Pajot, dit de Dampierre était le cinquième enfant de Léon II Pajot, seigneur d'Ons-en-Bray, et de Marie-Anne Rouillé. Il devint chanoine et maître de chapelle et musique de l'église de Paris en 1709, conseiller au Parlement le 11 juillet 1715 et abbé de Saint-Loup. Il mourut le 11 mai 1757, âgé de 69 ans. Sa sœur était mariée à Antoine le Gendre, seigneur de Lormoy dont le second fils Léon-François, légataire de son oncle, devint comte d'Ons-en-Bray

(3) La marquise de Bréhant était Françoise Jeanne Tachereau du Baudry, seconde femme de Marie-Jacques de Bréhant dit "le Marquis", vicomte de Lisle, seigneur de Bois-Bossel et de la ville de Saint-Brieux en partie, inspecteur général de l'infanterie. Les armes de la marquise étaient «  De gueules à sept mascles d'or, posés trois, trois et un  ».

 

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