Le domaine de Belébat à Marcoussis (1566-1661)

Chronique du Vieux Marcoussy ----------------------------------- _------------------- --------- Décembre 2010

ajout février 2011

Extrait du plan terrier de Marcoussis de 1784.

JP. Dagnot

 

 

 

Cette chronique se propose de relater l'histoire d'un lieu situé en périphérie de Marcoussis qui, curieusement, a toujours été habité par des personnages étrangers à la région. Le château de Bel-Ébat est une demeure en bordure du plateau de Nozay dont l'accès se fait par une allée de tilleuls de 250 mètres à partir du chemin départemental CD35. Le chemin de la Ronce à Bel-Ébat et la rue du Bel-Ébat mènent au hameau du Guay jusqu'à la route d'Orsay (1). Dans sa monographie de 1899, Charles Mercier explique que le nom de «  Belesbat  » était fréquemment donné au XVIIIe siècle, aux maisons de campagne isolées.

 

 

Préambule sur la famille Dormy

Commençons par la présentation de la lignée qui va acquérir des biens à Marcoussis. Bénigne Serre, premier président à la Cour des Comptes de Dijon et Jehanne Sappin marient leur fille Claude, à François Dormy conseiller au Parlement de Paris, nous sommes en 1545. Le nouveau couple vit à Paris et l'année suivante le Dijonnais renonce à une clause d'utilisation de 4.000 livres prévue au contrat de mariage. Les informations à cette époque sont peu nombreuses, François Dormy devient président des enquêtes du Parlement à Paris. Le couple donne naissance à un fils Pierre.

En 1560, Le président achète à Jary de Bellecombe la seigneurie de Vinzelles dans le Mâconnais.

 

Généalogie des Dormy ayant connu Belesbat

 

Dans un eschange de maisons au village de Vanves. apparaît en 1576, noble homme Jean Dormy, et sa mère Claude Serre.

L'année suivante, Pierre Dormy se marie avec Claude de Seyssel. La scène se déroule dans le Mâconnais. Le contrat de mariage leur alloue des terres dans la région et les relations avec la belle-mère ne sont pas des meilleures.

Le président décède dans les années 1580. La famille procède à la succession en 1584, demoiselle Claude de Serre, veuve de François Dormy, président au parlement de Paris, et Pierre Dormy, son fils, écuyer, reprennent la baronnie de Vinzelles et la seigneurie de Chassignole, à eux échue par le décès dudit président Dormy.

Deux ans après, un couple, Messire Jacques de Sain-Paul, maître des requêtes et Françoise Dormy, fille du président Dormy et de damoiselle Claude Serre... La famille se constitue...

Puis en 1587, damoiselle Claude Serre, dame de Beauchamp et de Vinzelles, veuve de noble homme et sage Monsieur Messire François Dormy , Charles François Dormy , sieur de Rousier, secrétaire du roi et de ses finances, son fils, et se portant fort de Pierre Dormy , écuyer, seigneur desdits Beauchamp et Vinzelles, aussi son fils dans une transaction sur procès. L'année suivante, dans une constitution de rentes, nous apprenons également que les deux frères ont une soeur nommée Galeace.

Notons en 1587, Jehan Dormy argentier de la maison du Roy, époux de Jehanne Houdart. De ce couple sont issus Mario et Magdelayne, qui vont posséder Belesbat. Ladite Jehanne se remariera avec Jehan Mestayer, puis avec Anthoine Chappelain. En 1590, Jehan Dormy, receveur général des finances à Amiens, décède.

Pierre Dormy baron de Vinzelles et demoiselle Claude de Seyssel, son épouse, revendent la seigneurie de Chassignole en 1592.

En 1610, Charles-François Dormy, conseiller du Roi, secrétaire de ses finances procède à un dénombrement succinct de la baronnie de Vinzelles qui dit que ladite terre consiste en un château fort, toute justice et dîme de blé et vin. On est en droit de penser que son frère Pierre est décédé et qu'il lui succède.

Trois ans après, lors d'un mariage parisien, Charles François Dormy, secrétaire du roy, et Messire Claude Dormy , évêque de Boulogne, font parti des cousins présents...

En 1616, apparaît Jean Pierre, dernier frère de Mario et Magdelayne, dans une vente de terre à Montreuil. La présentation des enfants et petits enfants du président est terminée.

La continuation de l'étude des Dormy permet en se limitant au couple Dormy-Houdart d'aller jusqu'au décès de Mario. Son inventaire après décès retrouvé en 1653, est riche d'enseignements sur les origines de la famille et a permis de retracer en partie cette généalogie. Cette entrée en matière, bien éloignée de Marcoussis va nous permettre de suivre la famille dont les biens principaux sont dans le Mâconnais et faire des rapprochements pour ce qui concerne Belesbat. Pour simplifier le récit, disons que Belesbat représente une infime partie des biens de la famille.

 

 

Belesbat avant les Dormy

Cette chronique n'est pas classique. Une récente recherche systématique des saisies de biens dans la région parisienne a permis de trouver un document très intéressant sur ce lieu. Nous sommes en 1563, au Châtelet de Paris. L'intitulé du document:

La ferme appelée le buissond rond aultrementdit Belesbat assis en la paroisse de Marcoussis et Nozay.

Maistre Sébastien Leroy, procureur au chastelet de Paris, pour noble homme Jehan Sanart, escuyer, ayant droit par transport de noble personne maistre Jérosme Chomedey, advocat en la court de parlement , Nicoles Seguyer aussy advocat et damoiselle Marye Chomedey sa femme, et Jehan Alleaume et damoiselle Françoise Chomedey, poursuivant les criées sur la ferme appelée le Buisson Rond , cy après déclairée que on disoit appartenir à feu maistre Jehan Bailly laisné assavoir:
- une maison et ferme appelée le Buisson Rond, aultrement Bel Esbat, paroisse de Marcoussis, distant de six lieux dudit Paris, laquelle appartenoit audit feu maistre Jehan Bailly laisné au jour de son décès, et laquelle seconsiste en:
- ung corps dhostel co
uvert de thuilles ayant sur le devant deux tournelles couvertes de plomb, auquel corps dhostel y a, chambre, chapelle, et au dessous, cuisine,
- estables, sellier, et vis à vis, granges, bergerie, colombier couvert de thuiles,
- avec une grande court et un jardin derrière ladite maison, le tout enclos de murs et environné de fossés sur lesquels y a grandes quantités d'ormeaux, contenant demy arpen ou environ,
le lieu comme il se comporte, tenant d'un costé au grand chemin tendant de Nozay audit Marcoussis, d'austre costé d'un bout à la pièce de bois cy dessous déclairée et d'autre bout aux terres labourables de ladite ferme de Bel Esbat,
- une pièce de bois taillis tenant à ladite maison, contenant 7 arpents ... tenant au seigneur de Marcoussis,
- une pièce de terre en vayne pasture et friches, contenant 40 arpens ... tenant aux murailles du parc de Marcoussis
- une pièce de terre labourable contenant 18 arpens ..

- une autre pièce de terre contenant 2 arpens, tenant à la veuve Robinet Hermant
- 18 arpents de terres labourables,
- 2 arpent de terre...
- 20 arpens tendant de Fretel...
- 10 arpents de terre tendant au chemin de Fretel à Marcoussis,...
- 2 arpens ...,
- 2 arpens de vigne au Buisson Rond,
- maison et masure à Montgarny ...
Cette premi
ère description remet en question la précédente analyse, "nul n'est infaillible", la propriété est déjà une demeure bourgeoise avec tourelles, chapelle, colombier, avec en annexe des bâtiments à usage de ferme. L'ensemble des terres, bois, friches, vignes, représente 164 arpents.
Voyons maintenant la suite de ce document, il s'agit de rentes à percevoir sur des habitants, pour des biens aux environs de la propriété:
- 310,7 sols à la Chandeleur
- 462 sols à la Saint Martin d'hiver.
Les personnes concernées:
- à Fretel: Jehan Lebrun, Gassot Lebrun, Denys Deforges, Fiacre Bouillon, Jehan Desmaretz, Jehan Solle, Guillaume Roux, François Lendemain, ve Jehan Goujon, Jehan Rateau, Jehan Marchand, Jehan Maur, Massot Guedat, Marguerin Guedat
- à la Poictevine: Anthoine Harsac, Richard Angenoust, Guillaume Angenoust, Jehan Angenoust, Toussaint Harsac, Jehan Bachelier,
- à Villiers: Simon Desforges, Nicolas Guedon, Marin Gendre,

- lieu non défini: Jehan Denys, Henry Henry, enfants de Jehan Roux, Pierre Poullier,
- à Nozay: Jehan Paumier, François Persault, Guillaume Buyer, Jehan Marc, Gervais Persault
- à Villejust: Jehan Gouvain,
- à Marcoussis : Estienne Dulion,
à Paris: Jehan Charles

Les dites rentes paya
bles chacun an, audit lieu du Buissond Rond dict Bel Esbat.

Lesquelles lieux maisons héritages rente appartenant audit maistre Jehan Bailly saisis et mis entre les mains du roy pour la somme de 416 escus dus pour 5 années d'arrérages, à cause des 2/3 de 100 escus sols de rente et 2 années d'arrérages pour l'autre tiers.

La suite du document concerne les créanciers, ne nous apporte rien, sinon que le deffunt Bailly était également propriétaire de la terre et seigneurie de Bièvres-le-Chastel qui a été saisie par la même occasion. Que ledit de Bailly était commissaire au Châtelet de Paris, comme son fils Jehan de Bailly le puisné, fils dudit Bailly laisné aussi commissaire au Châtelet . Ensuite vient la saisie de la seigneurie de Bièvres ...

Revenons au récit initial en supposant qu'à la suite de cette saisie, une vente ou adjudication a probablement été faite au profit de la famille Chefdeville.

 

Belesbat aux Dormy

Au milieu du XVIe siècle deux actes concernent des transactions au Buisson Rond.

En 1566, François Dormy et sa femme acquièrent au Buissond Rond une propriété qui, comme c'est l'habitude dans la région, sert de «  maison de campagne  » comme on disait à l'époque, et également de ferme assurant un complément de revenus. Ce document n'a pu être retrouvé, les minutes des deux notaires parisiens n'existent plus. Les vendeurs, dame Magdelaine Chedeville et noble homme Michel Chedeville son frère d'une part, font eschange avec Monsieur Françoys Dormy, président en sa cour de parlement. Le couple devient propriétaire de Belesbat.

Trois ans plus tard, nous retrouvons Magdelaine Chedeville, demeurant à Paris, veufve de Maistre Michel Perrayt, premier huissier à la cour du parlement à Paris, qui reçoit d'Arthus Panievert, laboureur à Nozay, la somme de 59 livres 5 sols tournois pour debtes. Cette dame, ayant vendu son principal bien sur Marcoussis, Nozay et Villejust, apure la situation; elle vend avec faculté de rémeré, à Loyse Brethon, femme séparée de Jehan Bachelier, 3 quartiers de vigne à la Poictevyne, paroisse de Villejust. Également Jehan Saulve, laboureur demeurant à Fretay, confesse devoir payer à la dite Chedeville, la somme de 26 livres tournois pour reliquat d'une obligation de 74 lt. Nous verrons que dans les biens constituant la ferme du Buisson Rond dit Belesbat au XVIIe siècle, figurent des droits, qui sont certainement ceux que les deux laboureurs cités ci-dessus, règlent comme dû après la vente de 1566.

En 1574, la recherche d'un document ne concernant pas cette chronique a permis d'en savoir un peu plus sur l'ancienne propriétaire de la ferme du Buissond Rond. Il s'agit d'une constitution de rente toujours intéressante par ses "à côtés". Honorable femme Magdelaine de Chefdeville, veuve du premier huissier,..., La rente est adossée à plusieurs biens dont une maison rue Quincampoix où estoit demeuré Monsieur le président... La location de la demeure parisienne a permis de faire connaître la ferme du Buissond Rond!

La même année, une saisie est faite au terroir de Marcoussis: Mr René Capperon, procureur de noble homme Charles Gastenay, conseiller du roy et auditeur en sa chambre des comptes, poursuivant les criées des héritages cy après déclairés, envers Guillaume Maillard, escuyer sieur du Plessis,
Veue un manoir appelé Chesnerond qui se consiste en :
- ung corps dhostel contenant trois espaces ou environ couvert de thuille auquel y a chambre basse, chambre haulte, cuisine, garderobbe et un grenier dessus ,
- ....
- ung arpen et ung quartier de vignes, ..., assis au lieudit le Buisson Rond tenant d'une part au seigneur de Marcoussis, ..., d'autre bout aux terres de deffunt monseigneur le président Dormy, ...

Ce dernier article confirme la présence des Dormy à Marcoussis.

Revenons à la seigneurie de Marcoussis où, en 1580, les sujets du seigneur advouent leurs biens sous forme de déclarations censuelles. En fouillant dans leurs déclarations, nous apprenons plusieurs détails intéressants:
- Mathurin Brethon, laboureur demeurant à Villejust advoue tenir en censive du seigneur de Marcoussis, 5 quartiers de vigne assis au Buisson Rond, tenant d'une part à la présidente Dormy, d'autre ..., item ung demy arpen et demy quartier assis au Buissond Rond tenant d'une part au seigneur d'Entragues, ... d'autre bout à ladite Dormy, ... item deulx arpens et demy de friche assis au Buissond tenant ... d'autre part à la damoiselle Dormy ...
- Jehan Belleseur au nom et comme tuteur de Jehan Bassonnet advoue..., item deulx arpents et demy de terre faisant moitié de cinq arpents assis près les murs du parc, tenant d'une part à madamoiselle la présidente Dormy, et d'un bout a elle...
- Guillaume Marc advoue... demy arpen assis au Buisson Rond tenant ..., d'autre bout au chemin qui tend du chasteau au mollin avant de Monseigneur, ..., item demy arpent de vigne tenant ..., d'autre bout sur la Chavanne de Belesbat...
- Jehan Robicgueau demeurant audit Marcoussis advoue ... item un quartier de terre assis à Villeneufve tenant ... d'autre part au ruisseau qui descend de Belesbat à l'estang...
(2)

Pour les non-familiers de la région, le Buisson Rond est le coteau qui s'étend au nord-ouest de Marcoussis et qui englobe Belébat. La femme de François Dormy fait partie des notables résidant à Marcoussis et apparaît dans les actes comme la présidente Dormy. Nous voyons réapparaître le terme Belesbat. La demeure secondaire existe et les notables " Dormy" y venant l'été ne passent pas inaperçus, le président, ses deux fils, un baron, un secrétaire du roy, et son gendre, maître des requêtes!

Citons en 1580, le chroniqueur Pierre de l'Estoile : "depuis le 2 juin jusqu'au 8 tombèrent malades à Paris 10.000 personnes, d'une maladie ayant forme de rhume ou catharre, que l'on appelle la coqueluche; cette maladie prenoit par mal de tête, d'estomach, de reins, et courbature par tout le corps; et persécuta presque tout le royaume tant que l'année dura, et fût comme avant coureuse de la peste qui fut grande à Paris, és environ tout cet an... Le peste en cet an rengrégea à Paris... La contagion fut plus effroyable que dangereuse, car en tout cet an 1580, il ne mourut pas, à Paris et aux faubourgs, plus de 30.000 personnes". François Dormy dut certainement être atteint par l'un de ces deux fléaux.

L'année suivante, le jour de Pâques, " sur les sept heures du matin, se leva à Paris un orage et vent grand et impétueux, qui continua jusqu'à midi; lequel, meslé de gresle , pluie et nège, estonna fort le peuple estant advenu un tel jour, et aiant fait des maux beaucoup, tant en ladite ville qu'és champs bourgs et village d'alentours..." Belesbat fut-il pris dans la tourmente?

La "présidente Dormy", en 1582, pense au repos de l'âme de son époux et également au sien. Elle rencontre les religieux du couvent des frères prêcheurs à Paris: noble damoiselle Claude Serre, veuve de feu noble homme François Dormy, lui vivant conseiller du roy en sa cour de parlement et président des enquêtes dicelle, en son nom d'une part, et vénérable et discrette personne frère Adam Bourgoing, docteur en la faculté de théologie en l'université de Paris, prieur du prieuré et couvent des frères prescheurs, assisté de ... suivent une dizaine de religieux tous diplômés en théologie, religieux profès, disants les parties, le sieur Dormy mis en terre dans la chapelle saincte Geneviève, ... dire deux obïts de vigille et deux grandes messes, l'une le 10 aoust qui est le jour où le deffunt est décédé, l'autre le jour de la sainct Claude, à l'intention et pour le salut des père et mère dicelle dame, pendant la vie dicelle, et à son intention après son trépas, moyennant 10 livres et un denier de rente annuelle et perpétuelle d'une rente obtenue de Pierre Lucas Charron de Longjumeau en 1566... L'acte est passé rue de Sorbonne.

La même année, la présidente fait un arrangement avec sa fille Françoise et son gendre; son dernier fils, Claude, mineur, ne doit pas être pourvu de biens suffisants, elle reprend Belesbat qui avait été donné à sa fille lors de son mariage. Par devant deux notaires parisiens, furent présents noble homme Monsieur Jacques de Saint Pol, conseiller du roy et maître ordinaire des requestes de son hostel, & damoiselle Françoise Dormy sa femme de lui authorisée, que suyvant faculté de réméré fait par Claude Serre veufve de feu noble homme et saige Françoys Dormy luy vivant, conseiller du roy en sa cour de parlement et président des enquestes, tant en son nom que comme tutrice et se portant fort de Claude Dormy, fils myneur dudit deffunt et delle, reprennent la terre et ferme du Buisson Rond, appartenances et deppendances, situé & assise près Marcoussis, consistant en maison manable, court granche estables terres et prés, labourables et non labourables, boys, taillis & aultre friches, vignes; prés & autres, ... La reprise est faite moyennant la cession d'une rente annuelle et perpétuelle de 33 escus...

Pour bien comprendre la situation, signalons que le Mâconnais voit les guerres de religion dans la décade 1560-1570 et que la région parisienne sera atteinte, pour Montlhéry et ses environs, entre 1585 et 1595. Des lieux déjà décrits dans la Chronique du Vieux Marcoussis, il est logique de penser que la maison de Belesbat ainsi que la ferme, si elles avaient été épargnées par la tempête, ont subit les pillages durant cette période.

Il faut attendre 1600 pour retrouver mention de Belesbat: François de Balsac seigneur de Marcoussis, vend la couppe de bois du parc de Marcoussis ainsi que la futaye proche des murailles de Belesbat... donc la terminologie existe, les murailles sont celles du parc du seigneur de Marcoussis.

Le second document trouvé sur la ferme est malheureusement d'écriture ardue, taché d'encre et délavé! Il date de 1614 et correspond à un transport du bail de la ferme. François Vasseur transporte à Nicolas...? la ferme de Bellesbat ... par le bail faict par le sieur Dormi passé par devant ..? notaires au chatelet de Paris...cette cession et transport fait aux charges ... Retenons le bail initial qui est conclu par un Dormy, probablement Claude ou Charles-François (le futur évêque de Boulogne ou le baron de Vinzelles).

En 1616, Jaspet Leclerc, vigneron demeurant à Belesbat, paroisse de Marcoussis, et Claude Martin sa femme, vendent à Jacques Lebas marchand demeurant à Nozay ung demy quartier de vigne...

Un document de justice de 1653, enregistre les témoignages d'un certain nombre d'anciens. Retenons la déclaration du premier: Jacques Lebas laboureur demeurant à Nozay, aagé de 60 ans a dit que de l'année 1622 ou 1623, lui a pris a ferme du sieur Dormy, conseiller et secrétaire du roy, la ferme appelée Belesbat size en la paroisse et seigneurie de Marcoussis avec toutes les terres et dépendances dicelle, à la charge de paier pendant neuf années de la prinse dicelle ferme et du seigneur d'Entragues ou ses ... la censive dont la terre de ladite ferme estoit chargée et redevable envers ledit seigneur de Marcoussis qui se montre ou environ, à onze livres par chaque année, comme aussi de payer audit seigneur d'Entragues et par chaque année dudit bail onze boisseaux de bled mestail et pareille quantité d'avoyne avec onze sols parisis de cens et surcens donc onze arpents ou environ de terre dependant de ladite ferme de Belesbat, size au terroir de Fretay, à cause de son fief de Fretay ... lesdites neuf années du bail a luy fait par le sieur Dormy. Passons sur la transcription ardue et d'intérêt secondaire, sinon pour dire que les terres entre Belebat et la Poitevine sont soumises à des droits multiples. Le sieur Dormy est, sans équivoque, Charles François, secrétaire du roy.

Jehanne Houdart a marié sa fille Magdelaine à Charles Petit. Cette dernière, devenue veuve, vit à Viapre le Grand en Champagne, et transporte à son frère Mario Dormy, écuyer seigneur de Vinzelles, en 1627, 76 lt de rentes sur l'Hôtel-de-Ville.

L'année suivante, Charles François Dormy , passe procuration pour toucher ce qui peut lui être dû par la succession de l'évêque de Boulogne, son frère, Messire Claude Dormy.

Pierre Guézard, demeurant à Fretay, déclare des terres dans un titre nouvel à Charles François Dormy, devant Delamarche, pour une rente de 4 livres 5 sols, payable à la Chandeleur à la ferme du Buissond rond dit Belesbat.

Signalons en 1630, le laboureur de 1622: Jacques Lebas, laboureur demeurant à Belesbat, promet à Jacques Jollin boulanger à Chastres la somme de 73 livres ... Il s'agit d'un partage d'héritages d'une succession.

Citons en 1633, devant Beauperrin, un autre titre nouvel passé à Charles François Dormy par Claude Moran et Barbe Desforges sa femme de Nozay, pour des terres correspondant à une rente de 116 sols tournois attachée à la ferme du Buisson Rond dit Belesbat.

L'année suivante a lieu la succession de Charles François Dormy, François de Ryans, maître des requêtes, est son exécuteur testamentaire. Sans avoir retrouvé le document (consultation impossible vu l'état), une déclaration faite quelques mois plus tard, nous apporte les renseignements suivants:
- Mario Dormy, notaire et secrétaire du roy, ..., hors et près de la porte St Michel, légataire particulier et universel de Charles François Dormy, son oncle, est détempteur des terres de Vinzelles et Beauchamp, dudit estat et office de notaire,
- Magdelaine Dormy veuve de feu Charles d
e Petit, escuier sr de la Noue, légataire universelle avec son frère, est détemptrice de 4 maisons faubourg st Jacques, et de tous les autres biens dudit deffunt.

 

 

Après cette déclaration, en forme de titre nouvel, pour garantie sur une rente que va devoir Mario, Madalayne unit sa fille Anne avec Innocent Lemoyne, noble, conseiller notaire et secrétaire du roy, demeurant rue des Mathurins , paroisse st Estienne du Mont. La mère Madelayne Dormy, demeure rue des Massons paroisse st Séverin, apporte la moitié de tout ce qui luy doit revenir de la succession de son oncle, dont partie de l'office de secrétaire du roy. Hiérosme Lemoyne; père du futur, donne 16.000 lt en deniers comptant.

Le partage a lieu en 1637, ce document est également en mauvais état (une demande de dérogation est en cours). Retenons ce que nous pouvons affirmer: Magdelaine Dormy et Innocent Lemoyne, son gendre, sont héritiers de la ferme de Belesbat. Avec les biens sont certainement attachés les droits et rentes attachés à cet héritage. Cette hypothèse se vérifie dans l'acte qui suit, rédigé trois mois après le partage: Jacques Lebas, laboureur à Nozay, promet paier de huitaine en huitaine, à Jehan Grand Jehan et Louis Thomas massons demeurant à Marcoussis, la somme de 34 livres restant à paier de la somme de 61 livres pour les ouvrages de massonerie qui ont été faits par les créanciers, à la ferme de Belesbat ....pour rester quitte par ledit débiteur, ledit Lebas agit au nom de Monsieur Lemoyne, secrétaire du roy, sieur dudit Belebat...

 

 

Belesbat à Jehan Lemaistre

La situation devient claire en 1638, nous trouvons Magdelaine Dormy, veufve de Charles de Petit, escuier, sieur de la Noue, et Innocent Lemoyne, conseiller notaire et secrétaire du roy. Magdelaine se présente comme légataire de Charles François Dormy. Cette famille promet à Jehan Lemaistre, marchand hostelier, bourgeois de Paris, demeurant faubourg Saint-Jacques, la vente de la ferme du Buisson Rond dit Belesbat et tout ce qui en deppend, moyennant la somme de 3.000 lt.

Dix jours plus tard, les mêmes intervenant procèdent à la vente de la coupe de 7 arpents de boys de haute futayes dépendant de la ferme du Buisson Rond dit Belsbat, la vente faite moyennant 3.000 lt payées comptant.

En avril, ayant déjà réglé 3.000 livres, l'hôtelier prépare le paiement de l'achat de la ferme de Belesbat. La coutume à l'époque où les banques n'existent pas est de constituer des rentes pour obtenir un capital et de rembourser ensuite les intérêts, la capital restant dû. Donc il constitue:
1°) 66 lt de rente avec G
eneviesve Jobin, la veuve d'un conseiller du roy; cette constitution faite moyennant 1.200 lt qu'il a reçu en pistolles d'Espagne et qui servira à l'acquisition de partye de la ferme et maison appelée Belesbat ...
2°) 100 lt de rente avec Jehan Charles, cy-devant notaire, et moyennant 1.800 lt en escus d'or pistolles quadruples d'Italie ... servant à payer l'autre partie de l'acquisition.
Ces deux rentes sont adossées aux biens de l'hôtelier:
- la moitié d'une maison rue Moufetard ...
- une autre maison faubourg St Marcel appelée la petite fleur de Lys,
- item deux maisons faubourg St Jacques, ...,
- item sur une autre maison au mesme faubourg, ...,
- item la ferme de Belesbat avec 9
0 arpents de terre bois friches.

Vu l'importance de l'opération, le même jour se conclue la transformation de la promesse de vente: Damoiselle Magdelaine Dormy, ..., Innocent Lemoyne et Anne de Petit son épouse, ..., lesquels recognoissent avoir vendu à toujours à Jehan Lemaistre, ..., la ferme appelée le Buisson Rond dit Belesbat, scize en la paroisse de Marcoussis, avec toutes ses circonstances et deppendances contenant:
- u
n corps d'hostel ayant sur le devant deux tourelles, grange, bergerie, estables, foulloir avec un colombier le tout couvert de thuilles,
- avec cour et jardin clos de murs entouré de fossez, ainsi que les lieux se poursuivent, ... tenant ...,
- item une pièce de bois prez ladite maison contenant 7 arpents clos de hayes vives, dont la couppe a été vendue audit acheteur, ...
- item une pièce de terre en pasture étant en friches contenant 40 arpens , ..., dans le bout tenant aux murailles du parc de Marcoussis,
- item une pièce de terre labourables contenant 18 arpens, ...,
- it
em ... suit une longue liste de pièces de terre, prés, vignes, de plusieurs pages, s'étendant à Fretay, la Poitevine, Nozay, Mocquesouris et Montgarny, lesdits héritages en censive du seigneur de Marcoussis... Les vendeurs cèdent également audit Lemaistre les rentes quy ensuivent:
- 4 livres 5 sols deubs par Pierre Guezard demeurant à Fretay,
- 116 sols deubs par Claude Mornu de Nozay et Barbe Desforges sa femme,
- 106 sols de rente deubs à ladite ferme de Belesbat par le sieur Poullier recepveur dudit Marcoussis,
- 5 sols deubs par Jehan Lebrun de Fretel,
- 5 sols deubs par Denis Deforges de Fretel,
- 7 sols deubs par Fiacre Bouillon de Fretay,
- 10 sols deubs par Anthoine Harsac de la Poitevine,
- 6 sols deubs par Jehan DEsmarquest de Fretel,
- 45 sols deubs par Richard, Guillaume et Jehan Angenoust de la Poitevine,
- 5 sols deubs par Simon Desforges de Villejjust,
- 12 sols deubs par Simon ? à Villiers
- 3 sols deubs par Jehan Sollede?
- 12 sols deubs par Jehan Simmoneau de Fretay,
- 17 sols deubs par Jehan Denys,
-7 sols deubs par François Land ? de Fretay,
- 3 sols deubs par Nicolas Guerreu de Villejust,
- 5 sols deubs par Jehan ? de Fretay,
- 4 sols deubs par Jullien Vasteau de Fretay,
- 5 sols deubs par Jehan Panivert de Nozay,
- 5 sols deubs par Toussaint Harsac de la Poitevine,
- 2 sols deubs par Jehan Maur de Fretay,
- 4 sols seubs par François Persault de Nozay,
- 5 sols deubspar Martin Gendre de la ville du Boys,
- 60 sols deubs par Guillaume Vi? de Mocqsoury,
- 15 sols deubs par Estienne Davyon? de Marcoussis,
- 4 sols deubs par Mathurin Roux,
- 25 sols deubs par Jehan Bachelier de la Poytevine,
- 12 sols deubs par Massot Guenard Fretay,
- 12 sols deubs par Marquerin Guenau Fretay,
- 12 sols deubs par Charles Compagnon de Paris,
- 3 sols deubs par Jehan Marc de Nozay,
- 3 sols deubs par Pierre Poullier de Genvris,
- 30 sols deubs par Gervais Persault de Nozay
Toutes lesdites rentes payables à la chandeleur audit lieu du Buissond Rond dit Belesbat.
Dans les origines de propriété, il est fait mention du partage de Magdelayne avec son frère et également de la moitié donnée en faveur et par le contrat de mariage d'entre ledit Lemoyne et sa fille Anne de Petit . Ladite vente faicte moyennant la somme de 3.000 lt en escus d'or pistolles d'Espagne d'Italie et autres monnayes. Pour simplifier disons que la ferme comprend environ 90 arpents et que les rentes représentent environ 6 livres. Notons ce qui est rare, le bourgeois de Paris ne sait ny lire ny signer.

Que se passe-t-il? Que cache cet endroit? L'hôtelier revend la propriété trois ans plus tard.

 

Le château de Bel-Ebat à Marcoussis (Cartes postales anciennes)

 

 

Bellesbat à Augis

En 1641, fut présent honorable homme Jean Lemaistre marchand, bourgeois de Paris, & Barbe Choppin sa femme de luy autorisé, demeurant au faubourg Saint Jacques d'une part, et François Augis, conseiller et secrétaire du roy, maison et couronne de France, et de ses finances, demeurant rue Poupet, paroisse Saint Severin, d'autre part, lesquels font les eschanges qui ensuivent . Le dit Lemaistre et sa femme cèdent la ferme appelée le Buisson Rond dit Belesbat avec toutes ses dépendances sis en la paroisse de Marcoussis; ces biens consistent: la description correspond à celle faite en 1638.
Ledit Augis échange 300 livres de rente au denier 18.

Après cette transaction, une période floue s'installe. Nous trouvons simplement mention en 1643, de Pierre Trenet laboureur demeurant à Bellebat dit le Bisson Rond , paroisse de Marcoussy,... transporte un arpen à Pierre de Ficte...

Après la Fronde en 1653, Louis Divry, procureur à la requête de Léon de Balsac, fait enregistrer des témoignages à l'encontre de: Guyon Leforestier, bourgeois de Paris poursuivant la saysie vente et adjudication par décret de la ferme de Belesbat et héritages saisis sur Antoine Ollin, escuier, sieur de la Ferrière ... d'une sentence rendue au chatelet de Paris le 24 octobre dernier ... avons reçus les témoings cy après:
- Jacques Lebas, laboureur demeurant à Nozay, aagé de 60 ans a dit que de l'année 1622 ou 23, lui à pris à ferme du sieur Dormy,...
(voir texte déjà cité ci-dessus)
- item avec Jean Arsac, laboureur en la ferme de la Brosse agé de 53 ans, qui déclare confirmer que les terres de Fretay sont chargées envers le seigneur de Marcoussis de douze deniers de cens et douze boisseaux de bled et à cause que la ferme et maison de Belesbat il y a environ dix à onze arpents de terre dépendant du fief de Fretay,
- item par Jacques Duval, laboureur demeurant à Fretay agé de 40 ans, disant qu'il a bonne connaissance que la ferme et maison de Belesbat, il despend dix ou douze arpents de terre sur l'étendue du fief de Fretay dépendant du seigneur d'Entragues chargés annuellement de douze deniers de cens un boisseeau de bled et un boisseau d'avoyne de surcens,
- item Philippe Boyvin laboureur demeurant à Fretay agé de 30 ans a dit que depuis troys ans il demeure à Fretay
(même déclaration) . Tous ces témoignages obtenus pour taxer le détenteur de Belébat de droits avec arrérages!

Ce qui est clair, durant cette période, le domaine change de propriétaire, la ferme est saisie et probablement elle a dû souffrir des troubles occasionnés par la Fronde.

 

 

Bellesbat à Gaillard

Trouvé dans un registre relevant les actes dans l'étendue de la seigneurie de Marcoussis, il est mentionné en 1655, sans détail "contrat d'échange de la ferme de Bellebat moyennant 6.000 livres en rentes" . Puis en 1659 un paragraphe "sentence portant condamnation de païer les cens et rentes, tant en deniers que grains, et en passer déclaration au seigneur de Marcoussy; ladite sentence renduë au Châtelet de Paris contre le sieur Gaillard, conseiller du roy, auditeur en la chambre des comptes de Paris, propriétaire de la ferme de Bellebat." Suit une autre sentence de condamnation suivant les offres du sieur Gaillard à païer les arrérages... Une dernière sentence contradictoire du 10 septembre de la même année portant condamnation de païer 98 livres pour appréciation des arrérages.

Toutes ces informations demandent un complément de recherches mais est-ce utile? Les personnages qui reprennent le domaine de Bellebat ne connaissent pas les annexes des droits de cens et surcens sur les terres, ce qui conduit à des saisies et adjudications...  Notons également que le plateau où se trouve le domaine est sujet aux vents et à des températures plus extrêmes que celles de la vallée de Marcoussis.

 

Bellesbat à Michel de Dessuslepont

Nous arrivons en 1661, Michel de Dessuslepont, escuier, gouverneur des pages de Monsieur frère unique de sa majesté, demeurant aux escuries de Monsieur, à Paris paroisse Saint-Roch, lequel a volontairement baillé à titre de loyer & prix d'argent, pour six ans, à Jacques Piot laboureur demeurant à Villiers sous Nozay, et Marguerite Lelong sa femme, la ferme & mestairie de Bellebat consistant en plusieurs batimens, cour et jardin, & 135 arpents de terre labourable, 7 de prés, item 18 arpens de bois taillis appelés la Garenne, item 40 arpens de terres friches, généralement tout ce qui dépend de ladite ferme de Bellesbat et de celle de Villiers à la réserve du clos dicelle maison, une chambre haulte, une escurye en ladite maison de Bellesbat , ledit preneur disant bien savoir connaistre moyennant 500 livres... Suivent les conditions classiques de bail , ... oultre ledit preneur sera tenu de livrer en la grange de la ferme, la dépouille de 4 arpens de bled, également 5 septiers d'orge et 2 d'avoine. Présent Pierre Poullier, concierge du chasteau de Marcoussis...

L'année suivante, notre fermier est toujours en la ferme de Bellebat, lequel de son bon gré confesse avoir vendu à Josias de Rouen, seigneur de Courtabeuf, la moityé d'ung trouppeau de bestes à laynes comptant cinquant bestes tant brebis moutons que agneaulx moyennant le prix & somme de 180 livres tournois.

À suivre…

 

Notes

(1) «  Bel-Ébat  » était de nom donné à des relais ou des pavillons de chasse où les gens, et les chiens pouvaient faire halte. Il y a de nombreux lieux nommés Bel-Ébat en Île-de-France. L'un des plus célèbres fut construit par Henri IV en forêt de Fontainebleau.

(2) Ce ruisseau existe encore actuellement, il est depuis une vingtaine d'années souterrain et canalisé depuis la RN 446 jusqu'au petit étang de Marcoussis.

 

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