Le domaine de Belébat à Marcoussis (1641-1725) (2) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ----------------------------------- _---------------------- --------- Janvier 2011 Plan cadastral napoléonien de Marcoussis (1811).
JP. Dagnot
Cette chronique est le second volet de l'histoire de ce domaine. Nous nous étions arrêtés en 1661 lorsque Michel Dessuslepont, gouverneur des pages du frère du roy, baillait la ferme de Belesbat. Ce personnage ne restera que deux ans agrandissant le domaine en achetant la ferme de Villiers à Nozay. L'auteur n'aimant pas rester sur "une période floue" continue ses recherches et aujourd'hui un certain nombre de faits nouveaux ont pu être mis à jour.
La période floue Le document de justice de l'année 1653 permettait d'affirmer qu'Augis avait revendu Belesbat à un nommé Anthoine Ollin... que ses héritages avaient été saisis ... A la suite de cette saisie, une adjudication par décret eut lieu. Pierre de la Planche, bourgeois de Paris, lequel déclare que l'adjudication à luy faicte, du fonds et propriété d'une maison héritage et ferme appellée Bellesbat sur la saisie réelle, sur Anthoine Ollin, escuier, sieur de la Ferrière, suivant la déclaration faicte à son proffit, est pour Monsieur Jean Philippe, conseiller du roy demeurant paroisse Saint-Paul ... que ledit de la Planche a accepté l'adjudication par décret, ayant agi sur ordre. La propriété est maudite, trois mois après, le sieur Philippe décède. Un conseil de famille se réunit, nomme un tuteur pour les cinq enfants en bas âge du défunt et autorise la veuve, Marie de Hoquiquan, a revendre la propriété. Cette dernière, dans le mois qui suit, confesse avoir vendu à Gabriel Pena, escuyer, seigneur de Saint Ponet, demeurant à Paris paroisse Saint-Eustache, une maison appelée Belebat, size à Marcoussy, consistant en maison manable composée de cave, cuisine, salle, chambres, garderobbes et grenier, avec chambres servant au fermier, granges, escuryes à chevaux, estables à vaches et à porcs, bergerie ... le tout couvert de thuille et un vollet à pigeons, une cour, un puy et un jardin potager, le tout enclos de murailles et petits fossés contenant 3 arpents ... Ledit Pena disant le tout bien savoir et cognoistre, estant en icelle maison. le preneur lui paiera labours, semences et les deux vaches, dedans huit jours. La vente faicte moyennant 4.500 livres. Ladite sera tenu d'acquitter et indemniser l'acquéreur des droits seigneuriaux, deubs à la date de la vente. Trois semaines plus tard, l'inventaire après décès de Jean Philippe, sieur de Courcelles et Belesbat, réalisé, les papiers ont été triés et ceux afférant au domaine de Bellebat sont remis au sieur Pena: Deux s'écoulent, nous sommes en 1655. Le lieu semble attrayant mais personne n'y reste! Nous retrouvons le sieur Pena qui demeure maintenant, rue de Vaugirard à Saint-Germain-des-Prés, paroisse saint-Sulpice. La partie prenante, Claude Picot, escuier, gentilhomme ordinaire du roy, et Claude Cabouret sa femme, demeurent rue saint-Bimont, lesquelles parties font les eschanges qui ensuivent: Trois jours après l'échange, une transaction se fait entre le vendeur et sa fermière à Marcoussis: Gabriel Pena d'une part, et Anne de Sury, veuve de feu Pierre Veron, vivant laboureur, fermier du sieur demeurant à Bellebat, ayant demeurée fermière après le décès de son mari de la maison ferme de Bellebat, lesquelles parties se sont désistés du bail à ferme passé par le sieur Pena du contrat fait devant Divry, au mois de septembre dernier, et que le bail demeure nul. Cette fois il n'aura fallu attendre que quatre mois. En août 1655, Claude Picot, ..., d'une part, et noble homme Nicolas Gaillard, conseiller du roy, et auditeur en sa chambre des comptes, demeurant à Paris rue saint-Martin, font les eschanges qui ensuivent: Ces tracasseries le conduisent à vendre cette propriété comme l'ont déjà fait ses prédécesseurs. Ainsi en 1660, noble homme Nicolas Gaillard, naguères conseiller du roy et auditeur en la Chambre des Comptes et dame Anne Cousinet sa femme, demeurant à Paris rue des Blancs Manteaux, paroisse saint Jean-en-Grève, d'une part, et Michel de Dessuslepont, escuier, demeurant à Paris rue de Poitou, au marais du temple, paroisse saint-Nicolas des Champs, d'autre part, lesquelles parties font les eschanges qui ensuivent, le sieur Gaillard cède: Au bout de deux années, le nouveau propriétaire, ayant agrandi le domaine, en lui adjoignant la ferme de Villiers à Nozay, cherche un "pigeon" ... Robert Lucas. Pour terminer cette période mouvementée, décrivons la saisie faite après la vente, sur Michel Dessuslepont. Le début de la procédure commence en 1662, quinze jours après la vente, elle se terminera en 1679! Le procureur de Pierre de la Van, bourgeois de Paris, poursuivant les criées de la ferme de Belesbat saisie sur Michel de Dessuslepont...:
Belesbat aux Lucas Revenons à l'histoire du domaine et commençons par le mariage en 1654 de Robert Lucas, lieutenant général en l'admirauté de France, au siège général de la table du Palais à Rouen. Ce militaire demeure à Rouen et revient sur Paris pour s'unir avec Marguerite Obassy, veuve d'un contrôleur général. Robert Lucas est également conseiller du Roy. Il est pour l'occasion, de présent à Paris, logé chez feu noble homme Robert Lucas et damoiselle Magdeleine Donna ses père et mère. Le contrat de mariage est classique, les époux sont communs en biens et chaque époux apporte 15.000 livres, le mari fait valoir ses charges de conseiller et de lieutenant. De cette union naîtra Alexandre Robert qui perdra sa mère dans son jeune âge. Ce personnage finira sa vie à Marcoussis en portant le titre de sieur de Belesbat, mais n'y résidant plus depuis plus de trente ans. Le couple arrive à Marcoussis en 1659, ils acquièrent la maison faussement appelée le presbytère, derrière l'église de Marcoussis. Trois ans plus tard, Michel de Dessuslepont, escuier, gouverneur des pages de Gaston d'Orléans (1) et Catherine Cassigny sa femme, confessent avoir vendu : Le mois suivant, Michel de Dessuslepont, demeurant prosche la grande escurie de sa majesté, paroisse Saint-Roch, toujours gouverneur des pages de Monseigneur le duc d'Orléans, et Catherine Cassigny sa femme rétrocèdent à Robert Lucas, les rentes échangées lors de la vente et reçoivent 6.100 lt en louis d'or... Cette somme provient de la vente de biens en Normandie. Faict au chasteau de Bagnolet. La Fronde a laissé des traces au domaine. Le manoir avec deux tourelles a disparu et les propriétaires utilisent la propriété comme une ferme avec "la réservation d'une chambre haulte et d'une escurie" pour y séjourner quelques jours en été. Le personnage connu à cette époque est plutôt le laboureur qui est locataire de la ferme. Ainsi en 1662, Jacques Pyot laboureur en la ferme de Bellebat, lequel de son bon gré confesse avoir vendu à Josias de Rouen, seigneur de Courtabeuf, la moityé d'ung trouppeau de bestes à laynes comptant cinquante bestes tant brebis moutons que agneaulx moyennant le prix & somme de 180 livres tournois... Deux mois après, il est fait mention de Jean Blondel, laboureur demeurant à Belesbat... En 1666, le sieur de Bellebat est devenu veuf, il agit, tant en son nom, qu'en celui de son fils mineur, revend la ferme de Villiers à Louis de Louvain, seigneur de Villarceau, et apure ainsi une rente importante constituée par le propriétaire précédent. En fin d'année, Henri Dufresne, vallet de chambre de Mr Lucas, sieur de Bellebat, comme ayant pouvoir de ce dernier, vend à un marchand demeurant à la Roche paroisse de Bruyères-le-Chastel, la quantité de 80 pieds de chesne dans les bois de la Garenne, la vente faicte moyennant 120 livres. En 1667, Robert Lucas, fait à nouveau marché avec Jan Piot laboureur demeurant à Orsay. Il le prend à son service comme charretier, à raison de 100 livres par an, outre ledit Lucas lui donnera six septiers de bled mestail et un poinçon de vin avec le profit de quatre vaches noires pour sa nourriture, ensemble de le loger ainsi que sa famille. Notons la même année Toussaint Painlevé jardinier du sieur de la ferme de Bellebat ... En fin d'année, Robert Lucas, demeurant à Paris, rue Saint-Dominique, paroisse Saint-Benoist, de présent à Bellebat, d'une part et Marguerin Bessin, laboureur demeurant à Fretay, d'autre part, lesquels confessent avoir fait le traité suivant: ledit Bessin s'oblige pendant trois ans de labourer les terres dudit Bellebat, ensemencer, ... pasturer les bestiaux, et volailles, ce marché fait moyennant 200 livres, oultre ledit bailleur donne 6 septiers de bled mestail et un poinson de vin. L'année suivante, le sieur de Bellebat complète avec Marguerin Bessin, un second marché, lequel s'oblige de faire entretenir le jardin fassonner de quatre fassons, entretien des vignes... moyennant 50 livres. L'année 1671 est intéressante pour cette chronique, une déclaration censuelle est faite par Robert Lucas directeur général en l'amirauté. Un tableau fournit le résumé des biens: Les années passent, en 1676, Amé Rousset, laboureur demeurant à Bellebat, baille à Marguerin Bessin aussi laboureur demeurant dudit lieu, la moitié d'une pièce de quatorze arpents appelée la pièce du moulin, à prendre du costé du moulin et toutes les friches qui sont entre ladite pièce de terre & le clos du sieur de Ponan, ce bail fait moyennant neuf livres.
Généalogie simplifiée des familles Lucas et Bassy.
En 1678, la famille Herbinot se réunit. De la première union avec Marguerite Bassy étaient nés Françoise Herbinot, soeur utérine d'Alexandre Lucas ainsi qu'un religieux Thomas. Ainsi Thomas Herbinot, Françoise Herbinot et Pierre Pioger époux de la fille de Françoise se réunissent et déclarent qu'ils renoncent à leur droits venant de feue Marguerite Bassy.
Bellebat à Anne Choüet Trois jours après, Robert Lucas fort de la renonciation de la famille Herbinot va pouvoir vendre le domaine de Bellebat. Il demeure maintenant rue du Battoir, paroisse Saint-André-des Arts, et confesse avoir vendu, à dame Anne Choüet, femme séparée quant aux biens et autorisée par justice à la poursuite de ses droits au reffus de messire Gilles Philippe Leforestier, chevalier, seigneur de la Chesnières, et de luy néanmoins pour de présent, en tant que besoin est ou seroit, sans touteffois que ladite autorisation puisse nuire ni préjudicier en d'autres affaires ny dévoyer à ladite sentence de séparation, lesdits sieur et dame de la Chesnières, demeurant rue des Cordeliers en l'hôtel du Havre paroisse Saint-Cosme, une maison et ferme appelée Bellesbat,... la descrition non reprise analogue aux précédentes et qui sera reprise dans la déclaration de 1705. La vente faite moyennant 6.600 lt . Ce domaine est maudit, une semaine plus tard ladite Anne Choüet emprunte 550 lt à Brice Martin, aubergiste, bourgeois de Paris. Ce dernier sera le dernier créancier qui demandera à être remboursé dans la fameuse saisie de 1662. La dame de la Chesnière s'acquittera de son emprunt adossé à Bellebat en juillet 1679. Brice Martin donnant quittance sur la saisie en octobre! Un acte de justice de 1697 montre un différent où le personnel témoigne. Il s'agit de vaches égarées qui ont pâturé dans le jardin de Belesbat. Est mentionnée, Catherine Hubert, fille de Joseph Hubert, demeurant à Bellebat servante et domestique des sieurs et dame de la Chesnaye, ... En 1705, la classique déclaration censuelle de la propriétaire Anne Choüet, femme séparée quant aux biens, autorisé par justice, laquelle déclare estre propriétaire d'une maison et ferme appelée Bellebat constituée en une grande cuisine par bas, une laiterie et une petite salle sur la montée, une salle au dessous, sur laquelle cuisine est une chambre haulte, une petite chambre et cabinet à costé, un grenier au dessus et une autre petite chambre et cabinet à costé, un grenier au dessus, et une autre petite chambre sur ladite salle étant en ladite montée; Un registre notarial mentionne en 1709, une déclaration censuelle au nom d'Alexandre Lucas de Bellebat. Il doit s'agir de la maison derrière l'église. Les déclarations censuelles du notariat de Marcoussis ont été retirés des liasses de l'étude, au moment des autodafés de la période révolutionnaire. Le couple doit finir tranquillement ses jours à Marcoussis. En 1711, Gilles Philippe Leforestier, chevalier, seigneur de la Chesnière, décède à l'âge de 63 ans. Il sera inhumé dans le choeur près de l'épitre. Son épouse séjourne l'été 1716, à Bellebat. La veuve voit sa fin arriver et rédige son testament : dame Anne Chouette de la Chesnières, épouse de deffunt Gilles Philippe le Forestier, vivant seigneur de la Chesnières, ladite dame, bourgeoise de Paris et propriétaire de la maison de Bellebat, logée en une chambre haulte de la maison, ladite tenue au lit malade, ...., classique, Nous verrons dans une chronique spécifique aux écoles de Marcoussis, que cette pieuse femme est la première qui se soucie d'instruire les pauvres de la paroisse. Le testament prendra effet en 1720.
Bellebat aux Desmaisons La veuve finira ses jours à Paris quelques années plus tard. En 1720, Denis Chouet, escuier, sieur de Villennes, Jacques Chouet, .. René Richer époux de Marie Anne Chouet, tous héritiers de Anne Chouet, veuve Philippe Leforestier, leur tante, confessent avoir vendu à Marie de Bonneval de Maisons, espouze de Jean Vergnaud, une maison & ferme appelée Belebat size à Marcoucy... Cette dernière fait appel à un architecte du roy pour visiter la maison et ferme appelée Bellebat et plusieurs terre & bois en dépendant. Comme il se trouve plusieurs réparations à faire et des améliorations aux terres et bois, et que la demanderesse ne peut faire sans que préalablement une visite soit faite tel que compris dans le contrat de vente, et ce dans la crainte d'être ruinée. La visite: Apparemment cette visite doit permettre de faire une acquisition à peu de frais. La même année, Jean Dinau, l'ancien concierge de la maison de Bellebat, estant au lit malade, rédige son testament et désire estre inhumé dans l'église de Marcoussis ... La famille Desmaisons prend possession des lieux. En 1725, Jean Desmaisons, bourgeois de Paris , de présent en la maison de Belle Ebat en cette paroisse et justice de Marcoussis d'une part, & Michel Boudinet manouvrier demeurant à Fretay & Charles Petit aussi manouvrier de Villeziers, paroisse de Saint-Jean de Beauregard, lesquelles parties sont convenues sur le déffrichage et fouille à vif, jauge de un pied, d'un enclos en friche tenant à la cour et jardin, sans endommager la mare servant d'abreuvoir et de laisser un passage de six pieds devant la porte d'entrée, ce travail fait moyennant cinquante livres. Comme le veut la coutume, Marie de Bonneval se rend chez le tabellion de Marcoussis pour y faire sa déclaration censuelle au seigneur de Marcoussis, et comme déjà dit, ce document n'existe plus! Notons la même année l'inhumation dans la nef de messire Alexandre Lucas de Belébat âgé de 70 ans. Ce personnage a fini ses jours dans la maison derrière l'église (3). Les héritiers dont, Pierre Charles Pioyer, écuyer, ..., époux de Agnes Tournoy, soeur utérine de deffunt Alexandre Lucas de Bellebat, héritière dudit Lucas de Bellebat son oncle!! Il reconnait avoir cédé à Martin Hanard sieur de Jully, moyennant 6.000 livres francs deniers, tous les droits de successions, venant du sieur de Bellebat. À suivre…
Notes (1) Au moment de la vente Gaston d'Orléans est mort depuis deux ans. (2) Michel Dessuslepont doit loger au château de Bagnolet. (3) Cette maison fera l'objet d'une chronique sur les presbytères de Marcoussis.
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