La seigneurie de Bellejame (3) (1560-1579)

Chronique du Vieux Marcoussy --------------------------- _------------------- ------___--- Refonte avril 2011

Extrait d'un plan terrier du XVIIIe siècle

JP. Dagnot

 

 

 

Cette chronique est le troisième volet de l'histoire de Bellejame. Précisons que deux autres chroniques spécifiques seront consacrées, la première aux bâtiments, ferme et château, la seconde au parc, jardin et ferme du lieu. Les évènements se déroulant à Saint-Cehour et au petit Bellejambe à Nozay sont volontairement omis. Enfin, dans une seconde chronique traitant de la famille Lemaitre, nous parlerons des enfants de Pierre I, qui ne font pas l'objet de récits spécifiques. Nous nous étions arrêtés au décès de Pierre I Lemaistre.

 

 

Jacqueline de Marle, dame de Bellejambe

L'épouse va prendre en main les biens de la famille. Le conseil de famille l'a institué tutrice & ayant la garde noble des enfans myneurs du deffunt & delle . Des actes analysés ultérieurement, les biens du défiunt Pierre I ont été attribués aux enfants, la veuve en conservant l'usufruit. On la retrouve ainsi en 1563 recevant le rachat d'une rente de 10 lt provenant de la femme de Claude Desmazis, seigneur de Bruyères.

 

 

L'année suivante, elle baille à loyer d'argent jusqu'à six ans une maison contenant plusieurs corps dhostels avec puy, estables, et autres aisances, assise à Paris, près la chapelle Mignon. Le preneur n'est autre que son neveu, Jehan Lemaistre seigneur de Saint-Cehour, et Catherine de Herbelot sa femme. Le lieu doit être plus que convenable, le loyer est fixé à 250 lt annuel. En femme avisée elle assortit le bail de conditions précises.

Des échanges ont lieu le même mois entre Jehan de Marle, escuyer sieur de Forville, commissaire ordinaire des guerres, et sa soeur Jacqueline, elle lui prête 1.800 lt sous forme d'une rente de 150 lt. Le même jour, elle revend à son frère une rente de 300 lt, constituée par son époux, et reçoit 3.600 livres dont les 1.800 livres qu'elle avait elle-même constituées dans l'acte précédent.

Le mois suivant, elle reloue une autre maison à Paris, rue du petit Pot, où demeuroit Jehan Marcel advocat. Les preneurs sont Aubin Olivier, exécuteur des aug..? de la monnaye du roy et Jehan Leroyer, imprimeur du roy es artz mathématiques. Cette maison est plus modeste le loyer n'est que de 70 lt.

En fin d'année, cette fois notre veuve a besoin de liquidités et emprunte sous forme de rente hypothéquant ses biens que l'on ne décrit pas ce qui est rare. Marguerite Royer, veuve d'un avocat lui achète 75 lt de rente, payés 900 lt sous forme de ducas, angelot portugais, pistolles, testons et autres...

Cette année n'est toujours pas terminée, la veuve rencontre les Célestins de Marcoussis et procède à des échanges de petites parcelles de bois taillis assis à Vaugoullan. En fin d'année, il s'agit de louer sous forme de bail à rente, un demy arpen de terre à Rozières paroisse de Brétigny à Loys Badault. Ce dernier devra acquitter 40 sols parisis chaque année. Enfin, Mathurin Aubert laboureur demeurant à Brétigny déclare dans un titre nouvel qu'il est détempteur et propriétaire d'une maison, cour, jardin, sur lesquels noble damoiselle Jacqueline de Marle a droit de prendre 40 sols parisis de rente annuelle.

En octobre 1565, elle renouvelle aux mêmes conditions, un bail de maison, cour, jardin et 110 arpents de terres à Gonesse, fait par son époux en 1562.

Le mois suivant, un acte curieux de constitution de 130 lt de rentes par Jacqueline de Marle et Girault Dupuis, escuyer seigneur de Gavins, gentilhomme servant chez le roy, demeurant à Gavins, à Pierre Becquet, advocat, hypothéquant:
- la maison où la damoiselle demeure à Paris rue des deux portes,
- la ferme de Gonesse avec 110 arpens,
- la terre et seigneurie de Bellejambe, mouvant du chastel de Marcoussis,
- la terre et seigneurie de Gavins
Ils reçoiv
ent de Becquet 1.560 lt.

En 1567 un acte entre veuves, Jacqueline de Marle vend à Claude Fragny, dame de Villaines, 50 lt de rente, moyennant 600 lt que la dame de Bellejambe confesse avoir reçu.

Au début de 1569, nous retrouvons damoyselle Jacqueline de Marle, qui va faire le point avec toute sa famille. Elle évoque pour commencer la ferme de Gonesse dont elle avait acquis la moitié du vivant de Pierre Lemaistre, à son frère Jehan de Marle. De ce fait la moitié lui appartient en propre, l'autre moitié à ses enfants.

Elle rencontre en premier son gendre Jacques de Baugy qui d'après ses titres a repris l'office de greffier en la chambre des Comptes de son feu beau-père. Lesquelles parties ont faict aujourd'hui compte à l'amiable entre eulx, de tout ce quy pouvoit appartenir audit de Baugis et sa femme des biens meubles et debtes actives contenues en l'inventaire fait après le décès dudit deffunt Pierre Lemaistre, père de ladite Marye Lemaistre, et aussy des fruits et revenus que ladite de Marle a pris et perçus des héritages cens rentes biens immeubles de la succession dudit deffunt Lemaistre depuis son décès, à huy pour la portion qui en appartenoit audit Baugis et sa femme, à cause d'elle tant que comme héritier pour une sixième partie dudit deffunt son père que héritière pour ung cinquième quand aux immeubles seulement de deffunte Marguerite Lemaistre, sa soeur décédée myneure en bas aage depuys le feu Pierre, et pareillement des frais de mises faicts par ladite de Marle pour l'exécution testamentaire dudit deffunt, debtes passives payées par la communauté... cens rentes et autres charges dont les héritages sont chargés, et des arrérages dus à cause du douaire dicelle de Marle ... du rapport de la régularisation depuis le mariage dudit Baugis d'une somme de 899 livres que le couple a reçu de ladite de Marle... Notons que malheureusement pour nous, aucun inventaire n'a été trouvé, ni pour Pierre I, ni pour Jacqueline.

Le même jour, Jacqueline de Marle , tutrice et curatrice de Hiérosme Lemaistre mineur delle et du defunt , confesse avoir baillé à titre de loyer d'argent jusqu'à neuf ans à noble homme Jacques de Baugy, la moitié par indivis d'une maison à Paris rue du batonnier près la Chapelle Mignon, dont l'autre moytié lui appartient à cause de sa femme Marye, ce bail fait moyennant 150 lt.

Toujours le même jour, Jacqueline de Marle, tutrice d'Anne, Gilles et Hiérosme Lemaistre enfans myneurs, confesse avoir reçu de Jacques de Baugy, la somme de 210 lt, qui est pour chacun desdits mineurs 70 lt, venant de terre ..., selon le partage entre eulx et les cohéritiers de leur père , et délaissés à Pierre Lemaistre, fils aisné dudit deffunt et delle, 45 lt qui est la soulte des terres ...

Quatrième acte, Jacques Baugis et Marye Lemaistre, confessent avoir reçu de Jacqueline de Marle, comme tutrice et curatrice d'Anne Lemaistre myneure la somme de 1014 lt , de soulte des biens partagés entre eulx.

Cinquième acte, Jacques de Baugis et Marye sa femme, confessent avoir cédé à Jacqueline de Marle, tous les droits par partage que le couple peut avoir de la succession de Marguerite Lemaistre, soeur de Marye décédée en bas aage depuis le décès de Pierre Lemaistre, pour laquelle Marye a été eschu un cinquième quand aux immeubles propres en la part et portion de la deffunte Marguerite par le décès et succession de Julian Lemaistre son oncle en la ferme de St Philbert en la prévosté de Montlhéry, maison, terre et héritages, cens, rentes et autres appartenances dicelle ferme, selon que en joyssait ledit defunt Julian Lemaistre... bref on règle également les successions de Julian et Marguerite Lemaistre.

Le mois suivant, elle rencontre Pierre son fils aîné, licencié en lois, advocat en la cour de parlement, usant et joyssant de ses droits... Les deux constituent à Jehan Laleman, notaire absent 60 escus de rente adossés sur :
- la maison, rue des deux Portes eschue à ladite dame par le partage fait avec ses enfants,
- la ferme de Gonesse avec 110 arpens, et la ferme de Brétigny avec 117 arpens, eschues audit Pierre par le partage ...

Les Lemaistre recueillent ainsi 720 escus d'or. L'acte qui suit explique l'emprunt, ledit Pierre achète à Denys Dehere l'office de conseiller au Chastelet de Paris moyennant la somme de 6.000 lt.

Cette même année voit le mariage de Pierre avec Anne Lesueur, l'union est faite entre gens du même milieu. L'oncle tuteur de la promise est greffier à la cour des Aydes. Notons les présents du côté Lemaistre : la mère de Pierre, le beau-frère Jehan de Baugy seigneur de Leudeville, le cousin Jehan Lemaistre seigneur de Saint-Cehour... Le tuteur apporte 6.000 lt en deniers comptants, deux maisons à Paris... Pierre Lemaistre doue son épouse de 400 lt de rente en douaire préfix, Jacqueline de Marle apporte la terre de Saint-Philbert à Brétigny.

À la suite de cette union, Pierre et sa mère font les comptes, meubles, biens, debtes, tant par les successions de Pierre I Lemaistre que de Jullien Lemaistre seigneur de Saint-Philbert, que de Madeleine sa soeur, ... y compris les 6.000 livres pour l'achat de son office de conseiller... le fils verse 1.000 lt à sa mère pour demeurer quitte. Contrairement à d'autres familles, elle fait montre d'une rigueur peu commune.

Pierre et sa nouvelle épouse se défont des deux maisons rue de la Coustellerye à Geneviève Lesueur contre 500 lt de rente.

La mère de Pierre II régularise la donation de la ferme de Brétigny: Jacqueline de Marle veuve de feu noble homme Pierre Lemaistre, ..., laquelle en faveur du mariage de noble homme Pierre Lemaistre son fils, conseiller du roy en sa court de parlement, et de demoiselle Anne Lesueur sa femme, cède & transporte la ferme de Saint-Philbert, paroisse de Brétigny, qui se consiste en maison, granche, manoir, un clos de cinq arpens et 66 arpens de terres labourables avec ung arpen de vigne et deux de pré & la somme de 80 lt de rente, comme il est dit dans le contrat de mariage.

La même année, Pierre II Lemaistre devient seigneur de Vaux (1) . Un acte peu important nous apprend qu'il est également devenu conseiller du roy en son conseil d'estat et en sa cour de parlement et président des requestes dicelle.

Signalons en 1573 le décès de Marie Lemaistre épouse du seigneur de Leudeville. Sa mère continue d'assumer la gestion du patrimoine de la famille, elle reçoit le principal d'une rente venant des de Granges et Desmazis. Elle va même jusqu'à représenter le couple Jacques de Clerc-Loyse de Balsac, seigneurs de Nozay, pour recevoir des boisseaux de blé!

Signalons en 1574 l'aveu du seigneur de Marcoussis, François de Balsac, déclarant pour Bellejambe: le fief de Bellejambe assis en la terre et seigneurie de Marcoussis qui se consiste en maison, cour, jardin prés, 17 arpents de terre labourables que tient de présent dudit seigneur advouant en roture et cens la veuve de Pierre le Maistre, et qui auroit été par cydevant baillez en roture par feu monseigneur ladmiral de Graville bi ayeul dudit seigneur advouant, qui est 62 sols 6 deniers tournoys par an lequel cens est compris en la somme de 110 lt de cens ci dessus déclairés.

La même année, elle agrandit la ferme du petit Bellejame à Nozay. Elle reçoit toujours le blé comme procuratrice du seigneur de Nozay. En fin d'année elle loue une maison, cour, cave, et jardin assis en la chère rue du dit lieu de Lynois, où pend l'enseigne "Jherusalem" ...

Notons en 1575, une obligation concernant la ferme Saint-Philbert: Jehan Groulon, laboureur demeurant à Nozay confesse devoir à noble homme Pierre Lemaistre, conseiller du roy en sa cour de parlement, seigneur de Vaulx, la somme de 710 livres pour 87 bestes à laynes, 34 agneaulx, les labours et semences en la ferme de Brétigny ...

De son côté, Jacqueline de Marle a rendu service plusieurs fois à Suzanne Jallan de Chenanville. Elle lui fait reconnaître une obligation de 50 lt, corps et biens ...

En octobre 1575, Jacqueline de Marle veuve de Pierre Lemaistre, en son hostel seigneurial de Bellejambe, se sent vieillir, elle nomme Pierre Hargenvilliers pour récupérer des dettes de son fermier de Brétigny. Son fils Pierre a dû lui déléguer ses pouvoirs sur Saint-Philbert.

Début 1576, toujours alerte et tenace, elle nomme un procureur spécial au Chastelet de Paris pour plaider contre Guillaume Desnoyers procureur à Montlhéry! En juin elle loue une autre maison en la chère rue de Lynois à Yvonnet Dutartre boullanger. En septembre elle nomme un procureur pour faire saisir les biens d'un feu seigneur de Langlois pour récupérer 850 lt. Se sentant néanmoins sur la fin, elle prépare sa succession et rappelle les donations faites à ses enfants:
- à Marie sa fille aînée elle a donné pour son mariage avec Jehan de Baugy 5.000 lt en avancement dhoirie,
- aussy à Pierre Lemaistre son fils ainé, la terre de Saint Philbert et 80 lt de rentes, faisant pareille somme de 5.000 lt,
- pareillement à Anne Lemaistre sa seconde fille en faveur de son mariage avec Jacques Canelle seigneur de Bernoul, 5.000 lt en rentes,
- et que pour Gilles Lem
aistre, pour vivre noblement, elle lui donne pareille somme de 5.000 lt en rentes.

Début 1577, elle continue néanmoins à gérer ses biens. Elle baille jusqu'à neuf ans à Georges Magnan laboureur demeurant à Gonesse, la ferme dudit lieu avec 110 arpens, moyennant 8 muyds et demy de grains, un pourceau 12 chappons 2 douzaines de pigeons, la moitié du vin de ses vignes bourgeoises en son hostel de Paris... La table de la veuve devait être avenante! En février elle fait un point avec un acheteur de 400 lt de rente en disant que la vérité est, que ce n'est point elle qui les détient mais Gilles Lemaistre son fils seigneur de Bellejambe. À la mi-novembre, elle ressort une rente faite en 1565 à Charles de Tournebeuf, seigneur de Montfaucon,...

En mars 1578 Jacqueline régularise sa situation financière vis-à-vis de son fils Gilles qui est intervenu dans des paiements de rentes. Le même jour, la dite veuve sent sa fin proche, elle fait rédiger son testament. Elle gît au lit malade en sa maison à Paris rue des deux portes, près le cymetière de l'église Saint André des Arts, saine toutefois d'esprit et entendement. Passons sur le texte classique et ne retenons que:
- ordonne sa sépulture en l'église Saint-André des Arts au lieu et endroit où est inhumé son mary,
- donne à l'église de Gonesse, à celle de Marcoussis aux Célestins, à celle de Saint-Philbert de Brétigny, chacune 70 sols tournois pour un service complet.
- nomme ses exécuteurs testamentaires Pierre Lemaistre, Jacques de Baugy, Jaques Cannelle et Gilles Lemaistre, ses enffants et gendres.

 

 

Gilles Lemaistre seigneur de Beljambe

Revenons à Gilles, avant dernier fils de Jacqueline, qui vient d'atteindre sa majorité. On voit d'après les actes qu'à partir d'avril 1577, ce fils certainement moins doué que ses frères, devient seigneur de Bellejambe. Ainsi, Gérard Guérin laboureur de Bondoufle dans un titre nouvel pour des mineurs, déclare qu'ils sont détempteurs d'un quartier de vigne, sur lequel noble Gilles Lemaistre seigneur de Bellejambe a droit de prendre 17 sols de rente foncière... Ce type de déclaration se reproduit six mois plus tard, avec Jehan Lesné musnier du moulin du pré à Brétigny déclare estre détempteur dudit moullin et debvoir une rente à Gilles Lemaistre, escuyer, seigneur de Bellejambe...

La dame de Bellejambe a dû décéder entre mars et mai 1578. En effet, les enfants de Jacqueline se réunissent en mai pour régler la succession de leur mère. Pour éviter les contestations ils nomment un huissier pour arpenter évaluer les biens de Jacqueline de Marle. Une réunion est consacrée à un problème de succession concernant Jullien Lemaistre. Sont présents Pierre II, Jacques de Baugy comme tuteur de ses enfants et de feue Marie sa femme, Jacques Canelle pour Anne sa femme, Gilles seigneur de Bellejambe et Pierre II comme tuteur de Hiérosme, tous héritiers pour une cinquième partie de Jullien Lemaistre frère de Pierre I. Ils nomment Pierre II leur procureur. Le même Pierre II fait le point avec Noel Gallot demeurant à la Ville du Boys sur les grains qui se trouvent en la ferme de Nozay qui naguères appartenanait à deffunte dame Jacqueline de Marle et de présent aux cohéritiers de ladite dame...

On retrouve en juin les exécuteurs testamentaires baillant à titre de ferme et moison de grain à Marc Badran, laboureur de Macy, une ferme qui se consiste en maison manable contenant plusieurs corps dhostel caves granches estables jardins avec neuf vingts arpens de terre, le tout assis au village de Nozay . ce bail fait moyennant la quantité de quatre muids et demy de grain et six chappons... Il s'agit de la ferme du petit Bellejambe qui ne portait pas ce nom à l'époque.

La succession de leur mère se fait très rapidement, en juin les meubles ont été déménagés ou vendus. Les cohéritiers baillent la maison de la défunte rue des deux Portes près le cymetière de l'église Saint-André des Arts. Le preneur Mathieu Lelier, huissier à la chambre des comptes de la reyne mère, accepte un loyer de 183 escus annuels à comparer avec les 70 sols tournois pour une messe!

Début juillet, les cohéritiers remboursent à Gilles Lemaistre les deniers que ce dernier avait avancé à Jacqueline de Marle peu avant son décès:
- noble homme Gilles Lemaistre, seigneur de Bellejambe confesse avoir reçu de damoiselle Anne Lemaistre, femme de Jehan Cannelle, escuyer sieur de Bernon, sa soeur, héritière pour une cinquième partie de deffunte Jaqueline de Marle, ..., 225 escus dor sol, pour leur cinquième partie de la somme de 1425 escus, pour le rachat de rente ...
- un second acte passé entre Gilles et Pierre l'aisné, le seigneur de Bellejambe confesse avoir reçu de Pierre tant en son nom que comme tuteur et curateur de Hiérosme Lemaistre, la somme de 510 escus dor, les deux cinquième parties pour Pierre et Hiérosme, de 1425 escus ... il s'agit de la même rente.
- un troisème acte milaire est passé par Jacques de Baugy, seigneur de Leudeville, tuteur de ses enfants mineurs et de feue Marie Lemaistre... dito

En fin de mois, un document important pour l'histoire de Bellejambe est rédigé entre Anne Lemaistre épouse autorisée de Jaques Canelle, son époux, seigneur de Bernon et de la moitié de la terre de Bellejambe, et Gilles Lemaistre escuyer seigneur pour l'autre moytié dicelle terre. Lesqelles parties font les eschanges qui ensuyvent:
- ledit Canelle cedde la moitié par indivis dudit lieu de Bellejambe venant de la succession de deffunt Pierre I Lemaistre, ... ladite moitié pour la somme de 7.420 lt,
- ledit Gilles Lemaistre cedde la maison terre et appartenances de Gonesse, eschue par la succession de Jacqueline de Marle, ...
moyennant de payer la somme de 100 escus sol de soulte que ledit Gilles confesse avoir reçu
. La franchise ne doit pas être de mise dans la famille, il est question de pouvoir reprendre les biens si Gilles décède sans enfants, ce qui est infirmé dans l'acte qui suit! De ces évènements on peut penser qu'un partage des biens de Pierre I Lemaistre a eu lieu à son décès et que sa veuve a eu la jouissance des biens des enfants sa vie durant.

Le mois suivant, Gilles Lemaistre pense à sa succession et rédige une première donation de la terre de Bellejambe. A cette époque l'acte est passé à Paris. Similaire à celui qui sera fait l'année suivante , il évoque le premier donataire son frère Hiérosme pour la bonne amour fraternelle que icelluy donateur a et dit avoir envers son frère, et qu'il ayt de quoy continuer ses estudes et soit entretenir et vivre noblement sellon lestat et qualité de la maison et lignée dont il sont issus et pour la bonne espérance qu'il a de luy... et au cas Hiérosme n'aurait pas de descendants et qu'il faudrait en désigner d'autres il nomme Gilles puis Jehan Lemaistre ses cousins... Quelle famille!

Gilles prend en main Bellejambe, en 1579 il vend les fruits du jardin de Bellejambe. Il prête un somme, sous forme de 40 sols de rente, à Pierre David masson en terre à Marcoussis; ce dernier hypothèque maison et terre.

En juillet de la même année, un dernier acte important pour la seigneurie est conclu entre Gilles et Hiérosme Lemaistre: devant Mathurin Bligny, notaire royal à Montlhéry, Gilles Lemaistre, seigneur de Bellejambe demeurant audit lieu, confesse avoir donné par ces présentes, en pur don irrévocable fait entre vifs, à noble personne Hiérosme Lemaistre son frère, estudiant en l'université de Sorbonne, le lieu et manoir de Bellejambe et clos estant en icelluy en la paroisse de Marcoussis, avec toutes les terres, prés, bois, vignes, et rentes qui en dépendent ; oultre fait don de tous les meubles qui se trouveront en ladite maison de Bellejambe au jour de son décès; la dite moitié lui appartenant par la succession de son deffunt père et l'autre moitié par tranfert et eschange fait avec Jacques Cannelle, escuyer, seigneur de Bernon, époux d'Anne Lemaistre, soeur dudit Gilles le Maistre, à laquelle ladite moitié est aussi advenue par la succession dudit deffunt Pierre le Maistre son père... le tout tenu en censive, à savoir le manoir du seigneur d'Entragues, à cause de sa seigneurie de Marcoussis, et le reste tant du seigneur de Montagu que des religieux de Sainte-Catherine du val des escoliers à Paris... Le donateur se réserve l'usufruit des choses données pour en joyr sa vie durant... à la charge expresse que si le donateur tomboit en nécessité, ou estoit détenu prisonnier par les ennemys et n'estoit secouru par le donataire, et en ce cas il pourra obliger lesdites choses données au payement desdites sommes. L'acte est passé audit lieu de Bellejambe devant deux médecins le premier Loys Cochin docteur régent en médecine demeurant à Paris le second Pierre Gaignan docteur en médecine demeurant à Lynois. Il est probable que Gilles est malade. Les troubles des guerres de religion sont tels que Gilles sent la nécessité de trouver une porte de sortie au cas où il serait fait prisonnier, Bellejambe n'étant pas un lieu fortifié.

En fin d'année, la famille termine ses ajustements de patrimoine, Pierre Lemaistre, seigneur de Vaulx d'une part et Hiérosme Lemaistre seigneur de Saint-Philbert et Bellejame d'autre part . Le seigneur de Vaux donne le tiers de la terre et seigneurie de Bellejambe au seigneur de Saint-Philbert son frère par eschange fait l'année précédente. Vu le nombre de ratures le notaire s'y perd... Au final c'est bien Hiérosme qui devient seigneur de Bellejambe. Pourquoi le tiers? Gilles est-il décédé entre temps?

Notons néanmoins que Gilles a donné de son vivant 50 sols tournois de rente pour son salut à l'église Sainte Madeleine de Marcoussis.

À suivre…

 

 

Notes

(1) Vaux-sur-Seine aujourd'hui au nord-ouest de Paris.

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