La seigneurie de Bellejame à Marcoussis (6) (1666-1733)
Cette chronique est le sixième volet de l'histoire de ce lieu. Nous nous étions arrêtés au décès de Louis Lemaistre en 1666. Rappelons que ce récit omet volontairement ce qui concerne la ferme, le parc, et le château.
JP.Dagnot . Mai 2014
Plan terrier de XVIIIe siècle.
Hiérosme II Lemaistre et Marie Françoise Feydeau
Hiérosme Lemaistre, est le fils de Louis et Françoise Brandon . Il accepte en 1649 d' être le parrain de Hiérosme Bourgeron fils de Jean, en lui donnant son prénom. À cette époque, il est qualifié sieur de Beljambe, conseiller du roy.
En 1650, Hiérosme Lemaistre, demeurant à Saint-Germain des prés, rue des Saints-pères, paroisse Saint-Sulpice, fils de Louis et de deffunte Marie Françoise Brandon première femme de Louis, s'unit à Marie Françoise Feydeau fille d'Estienne, escuyer, advocat de son altesse royalle, et d'Anne Mareschal. Les époux sont communs en biens, l'épouse apporte une dot 56.000 livres, quant à l'époux il doue sa future de 3.000 livres de rentes.
La semaine suivante, le père de Hiérosme prend des dispositions successorales: Louis Lemaistre, ... seigneur de Bellejame demeurant à Saint-Germain-des-prez, rue des Saints-pères, lequel pour conserver dans sa famille les terres à luy eschues par successions de ses pères et mères et en empescher le démembrement, fait une donation entre vifs à son fils Hiérosme, la terre et seigneurie de Bellejame, tant en fief qu'en roture, plus la terre et seigneurie de Guillerville, sinon l'usufruit qui demeure réservé au seigneur donateur; cette donation réservée aux descendants mâles sans que les filles y puissent prétendre, tant qu'il y aura des masles.
En 1662, Louis Lemaistre donne 100.000 livres à son fils pour qu'il acquière le poste de président en la quatrième chambre des enquêtes.
Appliquant ces directives, Hiérosme attend patiemment le décès de son père pour jouir de cette donation, ce qui arrive en 1666. Il n'en profitera pas longtemps puisqu'il décède trois ans plus tard.
En 1675 Marie Françoise veuve de Messire Hiérosme Lemaistre, chevalier, seigneur de Bellejamme et Guillerville, conseiller du roy en son conseil et en sa cour du parlement, et président en la quatrième chambre des enquêtes de icelle, demeurant à Paris rue Pavée, paroisse Saint-André des Arts, pour la conservation de ses droits et habilitée à accepter la communauté de biens avec le deffunt seigneur président.... ses quatre enfants mineurs Anne, Henri Louis, Antoine et Marie Françoise dont elle est tutrice, laquelle fait procéder à un inventaire des biens et titres. On notera que Paris semble être la résidence principale. Les pièces des bâtiments de Bellejame seront décrites dans la chronique "château".
Notons en 1684, la foy et hommage portés par François Pinault, escuyer, huissier et valet de chambre ordinaire du roy à Marie Françoise Feydeau, veuve de Hiérosme Lemaistre, dame de Bellejamme.
L'année suivante, le fils Henri Louis Lemaistre est reçu conseiller au parlement.
En 1688, Marie Françoise Feydeau, ..., en son nom tutrice de ses enfants, de présent en son château de Bellejame, et Mathurine Chevrier, veuve de Pierre Pestrimoux, marchand de l'hostellerie de la Belle Image à Linois, lesquelles font leurs comptes... À cette époque c'est donc la dame de Bellejame qui gère les biens de la famille
Nous arrivons en 1704, Marie Françoise Feydeau, veuve de Hiérosme Lemaistre, vivant président aux enquêtes du parlement, de présent en sa maison de Bellejame, d'une part, et Denis Crosson, vigneron et consorts, d'autre part, ... lesquels font leur compte portant quittance.
Deux années après, nous assistons au mariage d'Henry Louis Lemaistre, chevalier seigneur de Bellejamme, ..., président aux enquestes du parlement, fils de Hiérosme, demeurant rue Pavée paroisse Saint-André-des-arts, et dame Marie Françoise Feydeau sa mère, d'une part, et Jean Louis de Bullion, chevalier, comte de Fontenay, stipulant pour Marie Madeleine de Bullion, sa fille, et de feu Marie Geneviève Pinot de Charmoy... La dot de l'épouse est de 100.000 livres.
En fin d'année, la foy et hommage portant aveu et dénombrement, (mentionnée dans un répertoire), par Messire Henry Lemaistre, seigneur de Bellejamme à Alexandre de Balsac d'Illiers, marquis d'Entragues et de Marcoussis, consiste:
- ledit fief en la maison chasteau et basse-cour fermée entourée de fossés rempli d'eaux vives et en la quantité d'environ six arpens de jardin potager, parterre,
- item 25 arpens environ devant le logement dudit Bellejame,
- item 10 arpens tant en bois, vignes terres...
Nous devons nous contenter de bribes, les actes ont été détruits en l'an II.
Marie Françoise Feydeau, dite la Présidente Lemaistre, décède en novembre 1712, son inventaire après décès a lieu le mois suivant. Sa fille Marie Françoise, soeur d'Henri Louis se fait représenter. Cette branche réside à Metz où Dominique, son mari est intendant de justice.
Vue début du château de Bellejame au début XVIIIe par Gaignières.
L'inventaire est volumineux, commence à Paris rue Pavée, continue à Bellejamme, peut servir car il est riches en références d'actes notariés des cinquante dernières années, le parcours du chasteau nous apprend qu'il a trois étages, comprend une gallerie de la chapelle vers les communs, la présence de la chambre rouge au dessus de la porte cochère, il y a un billard une chapelle. Un dossier spécifique est consacré au fief de la Flotte, avec une première pièce datant de 1609.
À moins d'une transformation entre 1704 et 1712, la vue de Gaignières ne correspond pas avec les textes, on ne voit que deux étages. Le pigeonnier, également n'est pas dans l'alignement des bâtiments...
En octobre 1713, extrait d'un bail à rente: Henri Louis, conseiller honoraire au parlement de Paris, demeure rue de l'université faubourg Saint-Germain, paroisse Saint-Sulpice.
La même année, Henri Louis Lemaistre, chevalier, conseiller du roy en sa cour de parlement de Paris, après avoir pris communication du testament olographe de messire Louis Lemaistre, conseiller d'état son ayeul en date du 14 septembre 1665 et d'autres actes concernant sa succession, déclare qu'il n'entend point accepter le legs universel a luy fait par son ayeul, lequel est plus onéreux que profitable et qu'il se tient aux donnations faites à son proffit par Louis Lemaistre en 1650 et 1662.
Côté local à Beljamme, Jérôme Chevallier, jardinier demeurant au château de Belljamme, veuf...et Marie Petit aussi veuve se remarient.
En 1717, apparaît un ecclésiastique: Louis Lemaistre et Marie Madeleine de Bullion remercient Messire Pierre Deschez, prestre du diocèse d'Auxerre, en lui créant une pension viagère de mille livres de rente pour "l'estime particulière et singulière amitié qu'ils ont pour lui et en considération des bons offices qu'il leur a rendus ."
Deux années passent, Henri Louis Lemaistre ratifie un partage familial suite aux décès de sa mère et de ses frères et soeurs. Les mêmes, cette fois-ci, constituent une rente viagère de huit cents livres au bénéfice de Pierre Deschez, prêtre, ce dernier apportant 17.600 livres...
Notons en 1720, l'inventaire de Pierre Léger, vivant maitre d'hôtel de Monsieur Lemaistre, en la chambre à coucher du deffunt audit lieu de Bellejamme ...
Ces personnages qui demeurent à Paris rue de l'université, quartier Saint-Germain des prés, paroisse Saint-Sulpice, font une donation en usufruit originale: pour donner des marques de reconnaissance à Messire Pierre Deschez, prestre docteur en théologie, des peines et soins qu'il a bien voulu se donner pour la conduite des augmentations et réparations que les dits sieur et dame Lemaistre ont fait faire dans le chasteau de la terre de Bellejamme , ils ont consenty la jouissance sa vie durant dudit chasteau...
En 1721, Henri Louis Lemaistre a reçu de son beau-père Jean Louis de Bullion, seigneur de Fontenay, 54 arpents qui ont été inféodés devant le notaire de Limours.
Deux ans après, Louis Mainfroy fils de Jean-Baptiste, meusnier de Guillerville, est baptisé, le parrain Jean Louis de Bullion, ..., commissaire aux requestes du palais, la marraine Marie Françoise Lemaistre. En 1726, notons le baptême d'une fille de Pierre Rigault, jardinier de messire Henri Louis Lemaistre, parrain, la marraine sa fille Marie Madeleine de Bullion. En juillet c'est un autre jardinier de Bellejame, Charles Boulogne qui se marie avec Louise Segouin.
Les Bullion concernés à Bellejame.
Fin 1727, Pierre Deschez et Jean Louis de Bullion, chevalier, ancien capitaine de dragons demeurent au château de Bellejame.
Notons également cette même année la foy et hommage portée par Nicolas Gaudron, chevaucheur des écuries du roy, maître de poste, pour son fief de la Boissière à Linois, relevant d'Henri Louis Lemaistre seigneur de Guillerville, en présence de Pierre Deschez prêtre docteur en théologie et Louis Christophe de Bullion, ancien capitaine demeurant au château de Bellejame témoins. En fin d'année cette fois le seigneur de Guillerville rend aveu de la seigneurie de Guillerville...
Les notables du secteur s'intègrent à la vie locale, fin 1729, Marie Madeleine Vavasseur, fille de Jacques, jardinier du Houssay, est baptisée, le parrain Messire Henri Louis Lemaistre , la marraine dame Marie Madeleine d'Albon (dame du Houssay) , veufve de Messire Bénigne de Bretonvilliers, président en la chambre des comptes, présents également Anne d'Albon et Louis Christophe de Bullion . En janvier , nous retrouvons Marie Madeleine de Bullion épouse d'Henri Louis Lemaistre. lors du mariage Cordeau-Guillemin. En février, le mariage de Joseph Joly, 40 ans, domestique de Mr Lemaistre avec Anne Reiso, 25 ans, également domestique, sont présents le seigneur et la dame de Bellejamme ainsi que leurs filles. En juillet, un autre mariage entre Jean Adam, 40 ans, officier de Mr Le Maistre et d'Angélique Legrand, aussi de Bellejame, veuve Bouju, présents les mêmes; également une signature Bullion non affirmée ainsi que Deschez. Cela continue en septembre par le mariage Seigneur-Fleureau, bourgeois de paris, avocat, présent les familles Bullion et Lemaistre.
En 1731, Marie Madeleine Joly fille de domestiques, est baptisée, le parrain Jean Louis de Bullion, chevalier et conseiller honoraire du roy en parlement, la marraine Marie Madeleine de Bullion dame de Bellejame, présentes également les filles Lemaistre. L'année suivante, Jean Adam, fils du maitre d'hôtel de Mr Lemaistre, est baptisé, le parrain, l'abbé Deschez, la marraine la dame de Bellejame.
Le seigneur de Bellejame décède en 1733, haut et puissant Messire Henry Louis Lemaistre, âgé de 73 ans, a été inhumé dans le choeur de l'église à côté de la sacristie prez du sanctuaire; présents Messire Jean Louis de Bullion et Pierre Deschez prestre docteur en théologie .
En février, apposition des scellées, puis un inventaire classique:
à la requête de Marie Madeleine de Bullion, veuve Henry, ....
1) inventaire à Bellejame:
- grande cave,
- sellier servant de blanchisserie,
- autre cave servant autrefois de laiterie,
- sous les remises,
- dans la cour,
- appentis attenant le colombier,
- pressoir,
- grange,
- grenier,
- cuisine,
- office, autre office,
- magasin aux outils,
- garde manger fruitier,
- blanchisserie,
- cuisine à côté de la blanchisserie,
- petite chambre où couche le portier,
- chambres de domestiques,
- garde meuble,
- chambre de la femme de chambre de la dame Lemaistre,
- bûcher, charbonnier,
- salle à manger,
- petit cabinet vue sur le jardin,
- chambre au dessus des remises.
Nous trouvons un dossier concernant le chappelain du chasteau, l'abbé Deschez, demeurant depuis longtemps avec ladite demoiselle Lemaistre, 1.000 livres de pension annuelle, loger son domestique, son cheval, mentionnant la jouissance sa vie durant du gros pavillon du chasteau de Bellejamme estant au bout de la gallerie avec droit de passage dans le bout de la gallerie pour entrer dans le premier étage dudit pavillon , plus d'une chambre alors occupée par le jardinier, plus une portion de cave du chasteau tenant à la porte d'entrée, plus une portion de grenier au dessus des écuries, plus le droit de mettre deux chevaux dans l'écurie, plus l'usage de la chapelle du chasteau , plus le droit de prendre toutes sortes de légumes à son choix dans les potagers du chasteau, plus le droit de prendre un millier de foin par an, plus le droit de prendre de l'eau dans la fontaine de la grande cuisine, et de se promener avec sa compagnie dans toute l'étendue des jardins parcs et lieux dudit chasteau ceci sans rien payer aucunes réparations... Le chapelain a su se faire apprécier.
La suite de ce récit se fait en consultant:
- Charles Thomas de Bullion dernier seigneur de Beljamme,
- les enfants de Charles Thomas de Bullion,
À suivre...