La ferme et le parc de Bellejame à Marcoussis (1694 à nos jours)
Cette chronique est le dernier volet de l'histoire de ce lieu. Nous avons vu l'histoire de la seigneurie, du château, voyons de manière distincte celle de la ferme et du parc.
JP.Dagnot . Novembre 2015.
Plan terrier de 1790
En décembre 1706, Louis Henry Lemaistre, seigneur de Beljamme, présente foy et hommage, et rend aveu à Alexandre d'Entragues, du domaine de Bellejame, relevons le château et basse-cour fermés de fossés remplis d'eau vive, et environ six arpents de jardins, potager et parterre, à prendre depuis l'entrée de la Salmouille dans le parc jusqu'à un pont en arcade...
Les baux de parcelles de terre sont la règle, vu leur nombre nous ne les citerons pas.
Relevons en 1724, le baptême de Louise Boullogne, fille de Charles, jardinier de Messire Lemaistre, le parrain Louis Boulogne aussi jardinier de Messire Lemaistre. Egalement la même année notons un autre baptême de Louis Rigault fils de François jardinier , le parrain Mre Louis Christophe de Bullion officier du roy, la maraine Marie Françoise Lemaistre fille d'Henri Louis. Ainsi nous voyons que l'entretien de la propriété nécessite plusieurs jardiniers.
Deux années après, de nouveau les deux familles de jardiniers déclarent le baptême d'une fille de Pierre Rigault, jardinier de messire Henri Louis Lemaistre, parrain, la marraine sa fille Marie Madeleine de Bullion. Puis en juillet, Charles Boulogne se marie avec Louise Segouin.
En 1727, il est fait mention de Claude Boulogne jardinier demeurant au chateau de Bellejame, Charles son frère, aussi jardinier audit lieu, Louis autre frère à Courson.
Vue d'une partie de Bellejame sur l'atlas de Trudaine.
Nous arrivons en 1735, les deux soeurs Lemaistre, de présent en leur château de Bellejamme, lesquelles ont baillé à titre de loier et prix d'argent pour le temps de six années, c'est à savoir:
- à Pierre Groulon l'ainé, un carré de terre planté d'arbres fruitiers situé dans l'enclos dudit lieu de Bellejamme, à main droite en entrant depuis l'antienne porte d'entrée de l'avant cour au long de l'allée allant au logement du jardinier et remontant au long du pont? servant d'entrée et chemin dans ledit enclos, lequel carré est fermé d'allée et contient un arpent et demy,
- à Louis et François Petit, un carré de pareille terre planté d'arbres fruitiers situé dans ledit enclos, à main gauche en entrant en icelluy, dans lequel est une décharge et conduite d'eaüe non comprise, et tenant audit pont d'entrée, le carré contient un arpent six perches,
- à Jean Durub, un arpent commençant en angle au bout d'un endroit et remontant en angle le long dudit endroit planté avec réserve par lesdites demoiselles, ledit arpent dudit Durub, commençant le grand carré de terre aussy planté d'arbres situé dans ledit enclos à main gauche descendant lelong dudit pont qui est le dernier carré aboutissant sur la grande allée traversant ledit enclos avant les fossés dudit chateau,
- ledit Louis Manon le jeune, de suite dudit Durub, demy arpent,
- ledit Claude Arenger de suite dudit Manon, un arpent moins huit perches,
- et ledit Estienne Robin, un arpent quy est restant dudit carré, aboutissant à la grande allée des deux tours au midy, lesquels héritages mesurés par un arpenteur...
Lesdites dames se réservent les tailles et les greffes des arbres, les baux faits moyennant le prix et somme de quinze livres par arpent ...
Cinq années après, Marie Françoise Lemaistre, majeure, et Marie Madeleine, mineure, baillent à la famille Brizard, onze arpents de prés transformés en terre labourables depuis quelques années, situées dans le parcq à gauche en entrant par la porte du côté de Guillerville.
En 1742, les soeurs Lemaistre baillent à la veuve Mainfroy:
- 3 arpents proche la demi lune du parc de Bellejamme tenant au chemin de la Roue à Chouanville,
- 4 arpents au dessus de la pièce précédente entre le chemin précédent et celui de la maladrerie à Chouanville.
Le bail consenti moyennant 117 livres.
Cinq années plus tard, Marie Françoise Lemaistre présente foy et hommage à Mre de Blanbuisson, commandeur du grand et petit Déluge, qui galant, veut bien la recevoir au château de Beljame, du fief de la Flotte , consistant en 46 arpents, dont 30 de terre et bois sur lesquels est située une fontaine appelée la Flotte dans l'enclos du parc de Bellejamme et 16 arpents en terres attenant ledit parc, le long des murs d'icelluy... Le même jour, elle déclare deux arpents dans le parc aboutissant sur la rivière.
En 1748, dans les registres du baillage de Marcoussis, il est écrit que le sieur de la Baude, ancien marchand de fer à Paris demeurant chez le sieur Gaudron, officier du roy demeurant à Linas, s'est homicidé et noyé à dessein prémédité dans les fossés dudit Beljame. Le soir de sa noyade, il dina chez le sieur Gaudron. Le lendemain, Louis Petit, jardinier demeurant au château de Beljame, revenant du potager, aperçut sur le bord des fossés dudit Beljame, des habits, veste, chapeau, perruque, il alla voir et vit un homme dans l'eau qui étoit noyé... Le registre de l'église de Marcoussis précise qu'il a été inhumé dans la nef de l'églize.
L'année suivante, lors de la location du château comme maison de campagne, par Marie Françoise Lemaistre au comte de Sparre, consistant en château, chapelle, colombier, cour, remises, relevons que tous les espalliers et platebandes régnant depuis la petite porte d'entrée du parcq du coté de Montlhéry, jusqu'à la pointe du coté du Houssay et de ladite pointe en descendant jusqu'à la pointe de Choinville, le potager partie duquel est planté d'arbres fruitiers nains et buissons, l'allée des bigarotiers et guigners qui est au dessous des vignes, une autre allée de pareils fruits, l'allée de noyers qui est du mesme coté au bout dudit parcq, les figuiers qui sont derrière les remises, les pièces d'eau et fossés tel qu'ils sont, font parti du bail et seront entretenus par les locataires ainsi que les bondes et décharges au cas où des réparations les amènerait à vuider et mettre à secq. Egalement les allées du parcq du chateau qui ne sont point en valleur, le parterre qui est face au chateau de l'autre coté des fossés; ladite demoiselle se réserve les terres labourables plantées en arbres fruitiers ainsi que le reste du parcq non spécifié, vignes, futayes... Le locataire pourra entrer par la grande porte qui ouvre sur le bord du chemin de Montlhéry à Marcoussis avec leurs chevaux ou voitures, ils auront l'usage des pressoirs fouloir granges... On voit ainsi une multitude d'arbres fruitiers dans la propriété.
En 1752, Marie Françoise Lemaistre majeure, baille à Jean Bellanger, cinq quartiers de terre où il y a deux rangées de pommiers tenant au mur du parc d'autre au chemin du Houssay à Chouanville, d'un bout au chemin de Marcoussis à Montlhéry, d'autre aux murs du potager...
Fin 1771, avec l'autorisation du commandeur du Déluge, Charles Thomas, marquis de Bullion fait marché avec Antoine Lerle terrassier à Orsay, de faire la curure de la pièce d'eau en face l'aile droite du chateau, pour la redresser et l'allonger de faire la vidange de la vaze, faire face à l'aile gauche du chateau, une autre pièce parallèle à la première de mesme dimension, moyennant la somme de trente sols la toise... Ainsi , c'est à cette époque que les plans d'eau qui existent encore ont été réalisés.
Cinq ans après, Charles Thomas donne procuration à Jean Estienne Jubin géomètre et feudiste, pour requérir du commandeur du Déluge de lui inféoder les héritages qu'il possède en la censive de la commanderie situés dans l'enclos dudit Bellejame, pour être remis ladite inféodation au fief de la Flotte que possède ledit seigneur, ...
Extrait d'un acte de l'an 5, notons en 1787, la démolition, de la demie lune du parc de Bellejames vis à vis l'allée du parc dite du mail...
Nous sommes fin 1791, Charles Thomas de Bullion décède, son épouse nomme Pierrette Petitjean Nicolas Etienne Groulon comme concierge et régisseur des terres de Bellejame.
En prairial an 5, un échange est réalisé entre Augustin Dubois de Bellejamme propriétaire du domaine de Bellejame et Nicolas Etienne Groulon son concierge et régisseur, de terres, relevons l'ancienne demi lune démolie échangé par le propriétaire au régisseur...
La matrice cadastrale napoléonienne indique en marge les propriétaires successifs: Dubois de Bellejame Marie, mutation en 1822 à Jean Marie Augustin, maire, puis à Dennié, baron puis en 1842 à Joly de Bammeville.
Plan du domaine sous le baron Dennié.
Le plan ci-dessus montre clairement les canalisations existant entre la source de la fontaine de la Flotte, allant à la pièce d'eau, puis traversant la Sallemouille pour desservir une pièce d'eau, la maison d'habitation et un point d'eau dans la basse-cour. Ce plan montre également la dérivation de la Sallemouille pour alimenter le réservoir du moulin de Guillerville. Notons également sur ce plan l'orangerie qui est devenue la maison du jardinier.
En 1841, la veuve Dennié vend le domaine à Eric Joly de Bammeville moyennant 300.000frs. Le parc est divisé en potager (dans lequel est une serre et une orangerie), vergers, vignes, terres labourables prairies pièces d'eaux et bois. Il est entièrement clos de murs percés de trois grandes grilles en fer et une autre petite également en fer à côté de la grille principale d'entrée.
En 1880, relevons la vente au château de Bellejame d'attirail de culture, faite à la requête de Marthe de Bameville, demeurant audit lieu. Notons qu'elle intervient deux mois après le décès de son époux. Cette vente est faite en la cour de la ferme: 6 herses, 6 charrues, moulin à grain, trieur, semoir, cabane à berger, deux tombereaux, une charette, un pressoir ... Il semble de cette vente apparaître que la ferme n'est plus louée.
L'année qui suit voit la vente de foins, sur toutes les pelouses dépendant du château de Bellejame, appartenant à Claire de Bammeville représentant environ treize hectares. Quelques mois après il s'agit de six hectares.
Ce processus se répète en 1884, pour seize hectares de foins par Claire Marthe de Bammeville, propriétaire au château de Bellejame.
Plan de 1889 montrant la propriété.
De nouveau en 1889, une vente de foins sur 15 hectares, est réalisée à la requête de Madame de Bammeville, le plan ci-dessus en couleur, permet de reconstituer le parc , prairies, le potager, parterre.
En 1892, Edmond et Octave Joly de Bammeville, héritiers de Claire leur mère, décédée à Cannes, nomment Emile Chenu pour gérer leurs biens... Le testament de la défunte cite pour Bellejame, outre le château, les bâtiments de ferme, du jardinier, du concierge, les terres prés bois enclos dans les murs du domaine...
Nous retrouvont en 1898, Octave Aimé propriétaire au château de Bellejame, qui vend aux enchères, sur les lieux, la récolte en foin se trouvant sur les pelouses du parc de Bellejame, sur seize hectares en 23 lots adjugés pour 307frs.
Plan de l'acte ci- dessous.
Fin 1899, Aimé de Bameville, demeurant rue de Berry à Paris loue à deux cultivateurs de Montlhéry et du Houssay, un terrain actuellement en prairie de quatre hestares dans le parc de Bellejame. Laquelle pièce de pré destinée a être convertie en terres labourables ... entrée par la porte à l'extrémité est du parc; cette porte sera agrandie ultérieurement moyennant un fermage 1315 frs.
Pour terminer relevons plusieurs intitulés:
- 1931, montrant qu'une ferme existe du fait d'un bail de cette dernière dite ferme du château, par Jean Joseph de Ponteves, pour 3, 6 où 9 ans à Jean Van Rensen de ladite ferme avec six hectares de terre, moyennant 9.000 frs.
- 1932, par Yvonne de Ponteves, pour 3 ou six ans, à Rémy Bocquet, d'un potager de deux hectares avec l'orangerie moyennant 3.000 frs annuels.