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La terre de Boisselle à Saint-Germain-lès-Arpajon

Dans cette chronique, nous présentons une charte de la fin du XIe siècle, relative à une terre comprise dans la paroisse de Saint-Germain-lès-Arpajon , possédée par un des chevaliers de la famille de Donjon de Corbeil. C'est la terre nommée Boisselle que l'on connaît pour être un chantier de ce territoire où se trouve un moulin à eau sur l'Orge qui porte le nom de « la Boisselle ou Francherel  » (cf. chronique), désigné par «  moulin de la Bosselle  » sur le cadastre napoléonien (1820).

 

C.Julien Avril 2013

Plan de Trudaine.

 

Il convient de distinguer plusieurs maisons qui portent le nom de Corbeil. D'une part les comtes de Corbeil, issus de Aymon 1er, époux d'Elisabeth le Riche et investi du comté par Hugues le Grand, duc des Frances, Bouchard 1er, puis Mauger 1er furent ses successeurs. D'autre part, les vicomtes de Corbeil, officiers du comté chargé de l'administration sont issus de Bégon de Corbeil qui épousa Hersende d'Antony, veuve de Guérin le Riche, baron de Paris. Leur fils, le vicomte Gaudri de Corbeil et son épouse Eremburge du Donjon-Corbeil sont cités par une charte du cartulaire de Longpont ainsi que leurs enfants qui héritant de l'église Saint-Denis de Bondoufle la donnèrent au prieuré Notre-Dame de Longpont. De cette maison, sont issus les Corbeil-Châtillon et les Corbeil-Yerres.

 

 

La maison de Donjons de Corbeil

Dès le XIe siècle, dans une charte du cartulaire du prieuré de Longpont, il est question de plusieurs personnages de la maison de Donjons-Corbeil. Cette maison est issue de la famille des Le Riche comtes de Paris. Le chef de cette maison est Ferry 1er de Corbeil, fils d'Ansoud II Le Riche (v. 945-v. 1015), conseiller de régence du roi Robert II, et de Retrude. Vers 1080, un chevalier nommé Aymon de Donjons «  Aymo de Donione  » se retire à Notre-Dame de Longpont et prend le froc de moine dans ce monastère. À la même époque, en présence de ses vassaux, Aymon constitue devant le prieur de Longpont sa dot de ce qu'il possédait dans le moulin de Grotteau, une partie de la forêt de Séquigny, l'autel de l'église de Longjumeau et l'hostise d'Hermier (charte XLIX). Vers 1105, il est témoin de la donation de la chapelle de Viviers par Geoffroy, fils d'Ulric. Enfin, la charte de 1110, nous apprend qu'Aymon, fils d'Hervé de Donjons «  Hervei de Donjone  » et d'Elisabeth , sentant venir la mort donne cinq hostises situées à Brétigny, avec l'approbation de ses frères Bouchard et Geoffroy (charte CCV). Cet Hervé qualifié de vicomte «  Herveus vicecomes  » est présent lorsque Gui Troussel, seigneur de Montlhéry, remet son château dans les mains du roi Louis VI le Gros (Charte XLII). La charte, c'est dire la richesse de ce riche seigneur qui porte le nom du fief des Donjons sur le territoire de Soisy-sous-Etiolles (comm. Soisy-sur-Seine, cant. d'Évry, Essonne) . Soisy «  Sosiacum  » est une paroisse sur la rive droite de la Seine, à une lieue plus bas que Corbeil.

 

 

Pendant l'octave de l'Ascension de l'année 1136, un nommé Baudouin de Donjons, également connu sous le nom de Baudouin II de Donjons-Corbeil-Beauvais «  Baldovinus de Dunguno  » approuve en tant que premier seigneur, la redevance d'un muid de blé à prendre dans la grange d'Orangis, chicanée par Geoffroy de Vert. L'acte est donné à Boudoufle, dans la maison du prêtre André, en présence du prieur Landry et du moine Guibert. La sentence a été donnée par trois arbitres qui sont Gui de Vaugrigneuse, Robert Polin et Jean de Corbeil. Ce dernier est le frère de Baudouin. Il est le premier abbé de Saint-Spire de Corbeil. Baudouin de Donjons avait été également l'un des signataires «  S. Balduini Corboliensis  » de la fondation en 1071 de l'abbaye de Saint-Spire de Corbeil par le comte Bouchard en présence du roi Philippe 1er. L'auteur de l' Art de Vérifier les Dates marque que Jean de Corbeil, abbé du chapitre Saint-Spire a un frère nommé Payen (de Donjons) qui paraît en 1076 dans une charte de Philippe 1er en faveur de Cluny. Ce Payen de Donjons «  Paganus de Donjone  » est cité comme témoin dans une charte du prieuré N.-D. de Longpont pour laquelle Aymon de Donjons organise sa sépulture.

 

 

Hugues de Voves

Au commencement du XIIe siècle, un seigneur, vassal du comte de Corbeil nommé Hugues de Soisy « Hugo de Sesiaco miles  » est présent au château Corbeil, l'an 1130, avec d'autres chevaliers du comté lorsque l'on y passe l'acte de donation de l'église de Bondoufle au profit du prieuré Notre-Dame de Longpont. Fils de Ferry II du Donjons-Corbeil, conseiller du roi Philippe 1er et vicomte de Corbeil, Hugues avait trois frères d'Ansoud IV, de Ferry et de Seguin. Ce personnage est souvent nommé par Hugues de Melun ou Hugues de Voves , du nom des fiefs qu'il possédait. En effet, Hugues de Voves était possesseur de nombreux domaines dans les comtés de Paris et de Chartres, notamment des maisons à Melun et la terre de Voves, au pays chartrain (ch.l. cant., arr. Chartres) et des fiefs dans le Hurepoix . Ce seigneur figure en 1085 comme témoin d'une renonciation d'Orson, vicomte de Melun, à tous ses droits de coutumes sur Moisenay et Courceaux au profit du monastère de Saint-Maur-des-Fossés, placée sous la tutelle du comte Bouchard de Corbeil.

En tant que cadet de la famille, Hugues de Voves avait été doté des terres des Donjons, mais n'avait pas reçu la vicomté de Corbeil après la mort de son frère Ansoud. Ce titre fut transmis à sa nièce Eremburge, femme de Gaudri, vicomtesse de Corbeil. Gaudri, vicomte de Corbeil du chef de sa femme, avait, longtemps avant l'an 1097, épousé Eremburge, petite-fille de Ferri, qui est celui qui vivait, en 1006, à la cour du comte Bouchard 1er.

 

 

Alors que la plupart des seigneurs de la famille de Donjons-Corbeil étaient «  clients  » du prieuré N.-D. de Longpont auquel ils firent de nombreuses libéralités pieuses, Hugues de Voves se tourna vers le prieuré parisien de Saint-Martin des Champs. À cette époque la communauté de ce prieuré clunisien était présidée par le prieur Ourson sous l'abbatiat d'Hugues de Cluny «  Hoc autem factum est temporibus Philippi regis Francorum et Gaufredi episcopi Parisiorum , Hugone de Cluniaco existente abbate, Urso de Campis priore  ».

Dans une charte du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, donnée vers 1093, Hugues de Voves « Hugone filio Frederici » est témoin lorsque Guérin de Moussy «  Warinus de Munciaco  » renonce, moyennant cinq sous, à ses revendications sur des serfs et des serves «  servos et ancillas  », légués précédemment à Saint-Martin par le prévôt Thiébert. Ermesende, femme de Guérin adhère à cette convention.

La suite des chartes du prieuré fait penser qu'à la fin de sa vie, le seigneur Hugues de Voves prit le froc de moine à Saint-Martin-des-Champs. Pour cette raison, le nécrologe du prieuré porte au 6 février : «  Obiit Hugo filius Frederici. Officium fiat. Ex ejus elemosina habemus ea que sunt apud Vovas  ». Ainsi, la donation de 1097 serait la constitution de la dot d'entrée dans l'ordre clunisien.

 

 

Le don de la terre de Boisselle

Le cartulaire du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, fait état d'Hugues de Voves. La donation décrite par cette charge, des biens détenus par ce riche seigneur, semble constituer sa dot lors de la prise d'habit dans le monastère parisien, membre de l'ordre clunisien. Voici, en langue latine, la charte LXXIX du prieuré.

« Utile indicavimus in hac cartula scribere, et sic fidelium presentium et futurorum noticie tradere quod Hugo filius Frederici dedit æcclesiæ Sancti Martini de Campis quæ sita est extra muros Parisiacæ urbis ac Cluniacensibus monachis Deo in ea servientibus, villam que Vozua dicitur, scilicet omnem terram, nemus, vineas, aquæ quoque partem ad eandem villam pertinentem. Omnia dedit æcclesiæ Sancti Martini prædictus Hugo quæ etiam a prædictis monachis possidentur, sic a domino Hugone possidebantur, antequam ea Sancto Martino largiret. Adjunxit etiam huic dono duas areas domorum cum omnibus redditibus que de ipsis consuetudinaliter exeunt, scilicet justicia, sanguine, theloneo, foratione vini, pedachio, cum omnibus redditibus quæ de ipsis consuetudinaliter ut superius diximus, sic ipse eas tenuerat. Sunt autem ipse areæ cum domibus suis in burgo Sancti Ambrosii , apud Milidunum castrum, ad apud æcclesiæ Sancti Michahelis .

Dedit etiam cum omnibus his, æcclesiæ Sancti Martini duos de servis suis cum filiis et filiabus earum, scilicet Albericum cum uxore sua et filiis et filiabus, et Hubertum fratrem ejusdem Alberici . Arpennum etiam vinee dedit qui in terra Buxiole consistit .

Habebat autem domnus Hugo duos nepotes, filios Siguini fratris sui, quorum unus, qui major natu erat. Fredericus vocabatur et Paganus Rufus cognominabatur ; alter vero Mauricius dicebatur : sine quorum concessione elemosina domni Hugonis stabilis esse non poterat. Hi enim post decessum suum heredes esse debebant. Timens ergo sepenominatus Hugo eorum calumpniam post obitum suum Sancti Martini æcclesiæ adfuturam, rogavit eos multis precibus ut elemosinam quam pro redemptione animæ suæ fecerat, sua concessione confirmarent et elemosinæ participes existerent. Qui tandem precibus ejus evicti, ad Sanctum Martinum venientes, in societate orationum et beneficiorum ejusdem æcclesiæ a senioribus in capitulo sunt recepti ; et pro tantæ societatis recompensatione, donum de quo sermo habetur, quod patruus eorum fecerat, sua concessione confirmaverunt ; illudque super principale beati Martini altare posuerunt, audientibus et videntibus his testibus : Odolrico qui cum ipsis venerat, Hildino vernula domni Hugonis , Ivone coco , Walterio majore , Herberto de Ponte Isaræ , Warino , Bernardo de Aneto , Roscelino servo ecclesiæ, Fulcone coco .

« Hoc totum factum est in æcclesia Beati Martini de Campis anno Dominice Incarnationis M°XC°VI° , indictione v regnante Philippo rege Francorum , imperante Cluniacensi congregationi domino Hugone abbate , et Willelmo existente episcopo Parisiacæ æcclesiæ , vivente domno Ursione de Campis priore.

Voici la traduction sommaire de cette charte. « Il est profitable de révéler la teneur de cette charte, et que les fidèles présent et futurs sachent que Hugues, fils de Frédéric, donna à l'église de Saint-Martin-des-Champs située hors les murs de Paris où les moines Clunisiens y servent Dieu, le village appelé Voves, c'est à savoir toutes les terres, bois, vignes, étangs et une partie du village. Tout ce qui a été donné par le susdit Hugues à l'église Saint-Martin est possédé par les susdits moines, ainsi le seigneur Hugues offre généreusement à Saint-Martin ce qu'il possédait antérieurement. À laquelle donation sont joints les terrains de deux maisons avec toutes les coutumes qui en relèvent, c'est-à-dire la justice, le droit de forage, de mesurage, et tous les autres droits coutumiers proclamés précédemment. Ces deux places avec les maisons sont situées dans le bourg de Saint-Ambroise dans la ville de Melun, près l'église Saint-Michel.

« Et avec tout ceci, l'église Saint-Martin reçoit deux serfs avec leurs fils et filles, à savoir Albert et sa femme, ses fils et ses filles et Hubert frère d'Albert. La donation comprend également un arpent de vigne situé sur le territoire de Boisselle .

« Aussi, le seigneur Hugues avait deux neveux, fils de son frère Seguin qui était son aîné. Ce sont d'une part, Frédéric, surnommé Payen le Roux et d'autre part Maurice, qui refusent d'approuver l'aumône concédée par Hugues parce qu'ils sont ses héritiers. Effrayé à cause de ce refus, Hugues craignant d'être accusé injustement et de n'être plus associé, après sa mort, aux prières de l'église de Saint-Martin, confirme sa donation en participant aux aumônes pour le salut de son âme. Enfin, par ses prières, il obtient la bienveillance de ses neveux pour l'église de Saint Martin et il fut reçu pour s'expliquer devant la communauté et par le chapitre des anciens, et pour cela il remercie la communauté et confirme sa donation en posant l'acte sur le maître-autel de l'église Saint-Martin. Les témoins de cette chose sont : le révérend Odolric, Hildouin, jeune serf du seigneur Hugues, le cuisinier Ives, le maire Gautier, Herbert de Pont-d'Isère, Guarin, Bernard d'Annet, Roscelin le serf de l'église et le cuisiner Foulques. Cela a été donné en l'église de Saint-Martin-des-Champs, l'an de grâce 1196, sous le règne du roi Philippe et le gouvernement du seigneur Hugues abbé de l'Ordre de Cluny, Guillaume évêque de Paris et le seigneur Urson prieur de Saint-Martin-des-Champs ».

Nous venons d'apprendre qu'Hugues de Voves possédait notamment des maisons à Melun, la terre de Voves au pays chartrain, la vigne de la Boisselle « vinee in terra Buxiole   », comprise dans la paroisse de Saint-Germain-lès-Arpajon et plusieurs serfs sur ses domaines. Sur la fin de sa vie, n'ayant aucun héritier direct, il résolut de léguer ces biens au prieuré clunisien de Saint-Martin-des-Champs à Paris. Mais, il ne pouvait s'en dessaisir sans le consentement de ses proches. Il fit donc venir à Paris ses deux neveux, Ferri dit Payen le Roux, et Maurice, fils de son frère aîné Séguin; il obtint d'eux, non sans recourir à des prières instantes et réitérées, leur désistement en faveur des moines, dans l'église même de Saint-Martin. Ceci se passait à la fin du XIe siècle.

Joseph Depoin, éditeur du cartulaire de Saint-Martin-des-Champs nous donne quelques indications sur cette charte. Il semble que cette charte fut écrite à une date mal définie entre le 24 septembre 1096 et le 5 avril 1097. C'est-à-dire pendant le gouvernement d'Ourson (Ursion) qui fut prieur de 1079 à 1106. Notons le surnom «  de Campis » attribué au monastère. Parmi les témoins, nous trouvons des chevaliers comme Bernard d'Annet-sur-Marne (cant. Claye-Souilly, arr. Meaux, Seine-et-Marne) et Herbert de Pont-d'Isère, mais aussi des personnes au service des moines : les cuisiniers Ives et Foulques, Roscelin le serf du prieuré. Le jeune serf Hildouin de la maison d'Hugues accompagne son maître. Puis, nous trouvons un officier du prieuré, Gautier, maire de Noisy-le-Grand. Ce Gautier avait trois fils : Bertrand, Baudoin, Adam. L'aîné lui fut associé durant un temps assez court, dans les derniers temps du gouvernement d'Ourson «  Walterius major, Bertrannus filius ejus  ». Thion, frère cadet de Gautier, lui fut substitué, postérieurement à 1105.

Bien qu'implantée en deçà de la Seine, la maison de Donjons-Corbeil possédait des terres dans le Hurepoix et notamment à Longpont, à Saint-Philibert de Brétigny et à Saint-Germain-lès-Châtres. Nous avons trouvé, au début du XIIe siècle, Aymon de Donjons «  Aymo de Donione   », qui fréquentant l'église de Longpont, donna, pour obtenir les prières de moines, la plupart de ses biens au prieuré Notre-Dame «  sancte Marie de Longo Ponte  ». Vers 1108, alors qu'il était en proie à une grave maladie, ce riche seigneur approuve, en présence de son frère le moine Wulgrin, la donation par son vassal Hervé d'un champart près de la grange des moines.

 

 

Le consentement des neveux

Ayant surmonté les difficultés introduites par les enfants de son frère Seguin, Hugues de Voves demande l'approbation de ses autres neveux, les enfants de sa sœur Eremburge et du vicomte Gaudri de Corbeil (Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977). Le 5 avril, au plus tôt, et le 24 septembre 1097, au plus tard, l'oncle, les neveux et leur mère se trouvèrent au château de Corbeil pour confirmer la donation de la terre de Voves, en présence du comte Eudes de Corbeil. De cette charte nous déduisons que Hugues, vassal du comte, appartient à la maison de Donjons de Corbeil puisque seuls Aremburge, épouse du vicomte Gaudri, et ses enfants sont impliqués. L'absence de Gaudri exclut l'appartenance du vicomte à la maison de Donjons-Corbeil.

Voici l'énoncé de cet acte : «  His ita pacifice compositis, Dominus Hugo ut post decessum suum elemosinam quam dederat Sancti Martini æcclesia possideret, perrexit ad Corbolium castrum. Ibi enim habebat alios parentes, filios Herenburgis neptis sue, quorum unus Fredericus nominabatur, alius Gaufredus , tertius Walterius , et quartus Bego dicebatur. Hos quatuor cum matre eorum Herenburge et sororibus suis, filiabus ejusdem Herenburgis multis precibus circumvenit, rogans eos ut elemosinam suam supradictæ ecclesiæ Sancti Martini concederent, et concedentes partem in elemosina haberent. Qui peticionibus religiosi viri adquiescere dignum esse judicantes, peticionem illius impleverunt, et donum superius nominatum ecclesiæ Sancti Martini omnes, una die, in Corboilo castro concesserunt ; et ut hoc manifestius fieret, posuerunt donum in manu domni Walterii monachi qui tunc camerarius erat Sancti Martini , mater scilicet cum filiis et filiabus suis. Et ita ab illo tempore usque hodie æcclesia Sancti Martini , extincta omni calumnia, elemosinam sibi datam quiete possidet.

Factum est hoc in Corboilo , audientibus et videntibus his testibus, quorum nomina hic, ne oblivioni tradantur, conscripsimus. Odo comes Corboili , Fredericus filius Balduini Belvacensis , Godolricus vicecomes , Walterius Lisiardus , Wido frater ejus , Orricus Calandus , Paganus de Lanciaco , Walterius Cociacus , Waldricus de Villa crena , Wido , Bertrannus et Henricus fratres ; Geraldus Gastinellus , Hugo de Muissiaco , Odo Bisollus , Odo de Chanquiliaco , Warinus frater majoris , Levinus famulus Sancti Arnulfi . Hoc factum est anno Incarnati Verbi M° XC° VII° , indictione v, vivente atque regnante Philippo rege et Willelmo Parisiaco episcopo , tempore domni Hugonis abbatis Cluniacensis et Ursionis prioris æcclesiæ Sci Martini de Campis . Benedictus Deus qui fecit mirabilia in celo et in terra ».

Voici la traduction succincte. « Cette charte donnée au château de Corbeil a pour but d'établir la paix et de mener à son terme l'aumône faite par le seigneur Hugues à l'église Saint-Martin qui la recevra après sa mort. En ce lieu se trouvent ses parents, ses neveux fils d'Eremburge, le premier est Frédéric, le second est Geoffroy, le troisième est Gautier et le quatrième est Bégon. Tous les quatre avec leur mère Eremburge et leurs sœurs enfants d'Eremburge, sont priés d'accepter la susdite aumône concédée à l'église Saint-Martin et de concéder eux-mêmes cette aumône. Et ce jour, au château de Corbeil, que les religieux hommes demandeurs trouvent toute la quiétude qu'ils méritent dans cette sentence, qu'ils soient rempli d'espoir, car la mère avec ses fils et filles mettent l'acte de donation dans les mains du seigneur Walter, moine et chambrier de Saint-Martin en ce temps-là. De cette façon, en ce jour le contentieux entre cette famille et l'église de Saint-Martin s'éteint et cette aumône est possédée en toute quiétude. Ceci est fait à Corbeil devant les principaux témoins : Eudes comte de Corbeil, Ferry III de Corbeil, fils de Baudouin III de Beauvais, le vicomte Gaudry, Gautier Lisiard et son frère Gui Lisiard, Ouri le Chaland , Payen de Lancé , Gautier de Coucy , Gaudry de Villecresnes , les frères Bertrand et Henri , Gerald Gastinel [Gâtineau] , Hugues de Moussy-le-Neuf, Eudes de Brezolles , Eudes de Champcueil , Gautier, frère aîné de Thion, maire de Noisy-le-Grand, Levin serf de Saint Arnoult . Donné en l'an de grâce 1097, sous le règne du roi Philippe , sous le pontificat de Guillaume, évêque de Paris, au temps du seigneur Hugues abbé de Cluny et d' Urson prieur de l'église de Saint-Martin-des-Champs . Que Dieu bénisse le miracle fait sur la terre ».

Ainsi, étant très âgé (on estime, selon son obit, la date de son trépas le 6 février 1099), Hugues de Voves fit le don de tout son patrimoine à Saint-Martin-des-Champs où il choisit de finir sa vie. Hugues n'avait pas eu d'enfants et entendait disposer des biens qui lui venaient de l'héritage patrimonial, mais devait obtenir l'approbation de ses parents. Par des sollicitations vives et renouvelées, Hugues décida sa nièce, fille de son frère Ansoud, et tous les enfants de celle-ci à suivre l'exemple des fils de Séguin, son frère, et à renoncer à leurs droits éventuels sur cette part de son héritage. À cette occasion, le chambrier Gautier – responsable du temporel du prieuré de Saint-Martin – qui accompagnait le donateur, eut grand soin de donner à cet assentiment toute la solennité possible.

Bien que cette seconde charte ne mentionne ni les maisons de Melun, ni la vigne de Boisselle, la donation de ces biens est implicite. Cette charte n'a pas d'autre objet que la reconnaissance par les neveux du legs fait au prieuré parisien.

Il est permis de regarder l'énumération des témoins comme un aperçu de ce qu'était la petite cour du comte Eudes de Corbeil. La présence de noms qui se rattachent au Vendômois ou qui s'en rapprochent s'explique par le contact que, durant le long règne de Bouchard, la noblesse des deux comtés dut avoir, réunie qu'elle était sous un même chef. Les cartulaires de Paris et de la banlieue nous représentent un certain nombre de ces chevaliers, rassemblés à Corbeil en 1097, comme fieffés dans l'Île-de-France. Parmi ces cartulaires, celui de N.-D. de Longpont est particulièrement intéressant à consulter. Il précise en effet l'alliance d'Eremburge avec Gaudri et donne sur leur descendance les détails les plus précieux (cf. la chronique XXVII de N.-D. de Longpont)

Dans ses notes, l'éditeur du cartulaire mentionne que Bégon, frère cadet de Ferri de Châtillon, de Gautier Tirel et de Geoffroi d'Yerres, fut moine de Longpont. Une charte relative à Bouchard I de Vaugrigneuse mentionne «  Bego monachus, frater Friderici de Castellonio  ». (Ms. I. 9968, nº 162). Lisiard ( Lethardus, Lisiardus ) est le fils d'Ansoud III Le Riche et neveu de Milon 1er dont les biens confisqués servirent à doter Saint-Martin-des-Champs. Ses descendants prirent habituellement son prénom comme surnom patronymique. Son fils Ansoud V ( Ansoldus filius Lisiardi de Parisius ) donna à Longpont tout ce qu'il avait dans la dîme de Nozay ( Noerai ) et une terre à Villiers, hameau de Nozay pour l'âme de son fils Guérin V (Ms. I. 9968, n os 289, 290). Il est encore témoin d'une charte de Louis le Gros donnée en 1108 peu avant son avènement (Ms. I. 9968, nº 42). Son frère Guérin IV ( Garinus filius Letardi ) souscrit un diplôme du même roi pour Saint-Magloire en 1112 (Ms. I. 5413, fol. 10). Il eut trois fils, Manassé qui fit don à Longpont d'un clos à La Celle de Saint-Cloud ; Milon et Anseau, cités avec Pierre, curé de Marcoussis, leur oncle (Ms. I. 9968, nº 247). De Milon, fils d'Ansoud Lisiard, cité avant 1146 (A. N. LL 1024 fol. 74) sont issus les seigneurs de Courtry ; de Milon fils de Guérin IV ceux de Marcoussis, vassaux des Courtry au XIIIe siècle (Ms. lat. 5466, p. 563). Milon de Marcolciis est contemporain du prieur Thibaud de Longpont vers 1154 (Ms. I. 9968, nº 46). Lisiard II , se croisant en 1201 (Dominus Lestardus de Marchocies ad visitandum Domini sepulcrum iter arripuit) , concéda à St-Wandrille des droits de pressurage sur des vignes du monastère ; ses frères Pierre et Hervé, fratres jamdicti Lesiardi (sic) y ajoutèrent le don d'une vigne dite Vinea Letardi .

Hugues de Moussy est le fils d'Aubert, cité en 1097 après plusieurs chevaliers de l'entourage d'Eudes, comte de Corbeil. Cet Aubert de Moussy, donateur de l'église de Sainte-Opportune, eut un fils, Hugues, et deux filles, Richeud, mariée à Jehan de Lagny, et Hélouis. Gautier, est le frère aîné de Thion, maire de Noisy-le-Grand, remplacé entre 1101 et 1105 et disparaissant à partir de ce moment

 

 

Notes

(1) Joseph Depoin Recueil des chartes et documents de l'abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien (éd. Ligugé, Paris, 1913-1921.