La seigneurie de Chamarande (1685-1789)

Chronique du vieux Marcoussy___________________________________________---_ Février 2012

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Extrait d'une carte de Cassini.

JP. Dagnot

 

 

Cette chronique est le second volet consacré à ce lieu qui devient Chamarande en 1685 et qui sera appelé de nouveau Bonnes pendant la Terreur. Nous nous étions arrêtés au moment de l'acquisition de la seigneurie par Gilbert d'Ornaison.

 

 

Bonnes sous Gilbert d'Ornaison

La seigneurie va se transformer en comté en 1685. Voyons le texte des lettres patentes à ce sujet: Louis par la grace de Dieu, roy de France et de Navarre à tous présens et à venir salut, La satisfaction que nous avons des grands et agréables services que rend à nostre personne depuis 40 ans le sieur Clair Gilbert d'Ornaison de Chamarande, chevallier, conseiller en nostre conseil d'état, gouverneur des villes et chasteau de Phalsbourg et Sarrebourg, et premier maistre d'hostel de nostre très chère et très amé fille la Dauphine, nous auroit fait désirer qu'il vendit la terre et comté de la Bastie (1) qu'il possédoit dans la principauté de Dombes, pour en acquérir une semblable dans nostre royaume et près de nous, afin qu'il pust encore avec plus d'application nous rendre le service qu'il nous doit et à nostre fille.
Lequel sieur de Chamarande pour exécuter nostre volonté auroit vendu au mois de novembre dernier ladite terre et comté de la Bastie, et des deniers et du prix de vente, auroit, au mois d'octobre ensuivant, acquis la terre et seigneurie et paroisse de Bonnes, sittuée dans nostre duché d'Estampes, laquelle est en titre de haute, moyenne et basse justice, décorée d'un chasteau considérable, entouré de fossés d'eau vive à fond de cuve, et d'un parc orné de plusieurs canaux et bassins et fontaines, avec la terre, seigneurie et paroisse de Mauchamp, consistant aussy en haute, moyenne et basse justice, sur les hommes et vassaux de ladite seigneurie, et sur les habitans de Lemondant, sur Trois-maisons, la terre et seigneurie de Villeconin, consistant aussi en droits de haute, moyenne et basse justice, les terres et seigneuries de Vaucelas et la Grange, sur ledit Villeconin, aussy consistant en droits de haute, moyenne et basse justice, avec les terres et seigneuries du Grand Boinville, et Dardenelle, et justice en dépendant, et la seigneurie en partie de la voirie d'Estrechy, et justice haute, moyenne et basse, sur les hommes vassaux demeurant audit Estrechy, les maisons et hostels esquels il a droit de censive à cause de ladite seigneurie de Vaucelas, ensemble les fiefs et seigneurie du bois Desnotz, Grand et petit Valsamon et du Coulombier, vassaux, arrières vassaux, censitaires, tenanciers, et plusieurs autres droits, appartenances circonstances, et dépendances, desdites terres et seigneuries.
Ce qui auroit fait désirer au dit sieur de Chamarande de réunir en un seul corps de terre et seigneurie celles qui sont mouvantes de nous, et en séparer celles qui relèvent des seigneuries particulières, et pour cet effet nous auroit supplié de vouloir joindre et unir lesdites justices, haultes moyennes et basses, qu'il y a dans l'estendue et ressort des dittes paroisses terre et seigneuries de Bonnes, Vaucelas, Estrechy, Mauchamp et Villeconin, avec les fiefs terre ... ensemble la terre et seigneurie de Boinville mouvant et relevant de nous à cause de nostre chasteau et grosse tour d'Estampes...
A quoi, ayant égard et voulant témoigné au dit sieur de Chamarande la satisfaction que nous avons des grands et assidus services qu'il nous a rendus depuis nostre avènement à la couronne, et ceux qui ont été rendus par ses ancestres aux Roys nos prédécesseurs dans les armées, et mettant aussy en considération les services qu'il nous rend journellement, et que nous promettons que nous rendra le sieur Lous Dornaison de Chamarande, marquis de Buzancy, son fils, colonel du régiment de Périgord et premier maistre d'hostel en survivance de nostre dite fille, la Dauphine; auquel ledit sieur de Chamarande père a donné ladite terre entre vifs, et voulant en laisser des marques à la postérité et l'engager d'autant plus, lui et ses descendans à suivre de si bons et si grands exemples: à ces causes et autres à ce nous mouvans, de nostre grâce spécialle, pleine puissance et auctorité royalle, avons par ces présentes, signées de nostre main, joint, uni et incorporé, joignons unissons et incorporons les dittes terres et seigneuries de .... avons deschargé la mouvance de partie de ladite seigneurie de Bonnes dudit lieu et seigneurie du Grand Boinville et l'avons transférée à nostre dit chasteau et grosse tout d'Estampes... créons, érigeons et instituons à perpétuité, à titre de dignité de comté, sous le nom et appellation de Chamarande, pour estre possédée par ledit sieur de Chamarande et ses hoirs...
Avons en outre dans ledit comté de Chamarande crée et estably une foire par chacun an, à l'endroit où est planté le pilory du dict lieu...

Ce texte est très instructif, il résume l'achat de Bonnes, en précisant:
- le château considérable entouré de fossés à fond de cuve,
-un parc orné de plusieurs canaux et b
assins et fontaines,
- les services qu'il rend au roi, ainsi que ceux de son fils,
- la vente de la Bastie pour acquérir Chamarande,
- l'énumération des paroisses concernées pour faire partie du comté,
- la donation entre vifs du père au fils, les qualités de ce dernier,
- l'érection de Chamarande en comté,
- l'institution d'une foire annuelle.

 

Gravure de la façade d'entrée du château par Lapointe 1689.

 

L'examen de la gravure ci-dessus, et d'autres, notamment celle du parc, confirme les dires que Mansart a contribué à la réalisation du château et que Le Nôtre s'est occupé du parc.

Gilbert d'Ornaison mourut en 1699, âgé de 78 ans, et fut inhumé au choeur de l'église de Chamarande. Mais il est probable que sa pierre tombale de marbre blanc, indiquée par l'abbé Lebeuf (2), a disparu, car le baron Guilhermy qui a rapporté plusieurs inscriptions de l'église de Chamarande ne parle pas de la tombe du marquis d'Ornaison.

 

 

 

Bonnes à Louis d'Ornaison

En 1686, Le fils de Gilbert accroît son domaine, hault et puissant seigneur Messire Louis Dornaison, chevalier, comte de Chamarande, colonel du régiment de Périgord et premier maistre dhostel de madame la Dauphine, demeurant à Paris paroisse Saint-Severin, acquiert de Nicolas Chevalier, chevalier, seigneur de Vaumontel, escuyer des grandes et petites escuries du roy, le fief terre et seigneurie de Vinthué, sciz en la paroisse d'Estrechy, érigé en baronnie en 1685, ladite terre consistant en:
- trois grands corps dhostel, fontaine d'eau vive,
- court, bassecourt, logement, colombier à pied, droits de fossés et de pont levis à planchettes,
- jardins, viviers, canaux, fontaines jaillissante et coulante...
La dite seigneurie relevant en plain fief de la terre et seigneurie du Roussay ... Cette vente moyennant la somme de 37.400 lt..

L'année suivante, le suzerain de Vinthué est également concerné, en effet le comte de Chamarande et sa femme Scholastique Danglure de Bourlemont continuent leurs acquisitions et rencontrent haute et puissante dame Magdelaine Houel, marquise de Sainte-Marie dame du Roussay, Estrechy et autres lieux, laquelle vend les terres et seigneuries du Roussay et Estrechy consistant en:
- un chasteau entouré de fossés avec pont levis sciz en la paroisse de Saint-Estienne d'Estrechy,
- chapelle dans ledit chasteau, court, bassecourt, colombier à pied,
- terrasses, jardins, clos d'arbres fruitiers, allées avenues parc,
- bois et allée de noyers,
- terres labourables friches vignes prez ozerayes,...
-Le fief de la Rumée, sciz audit Estrechy, pressoir et grange prez l'église,
- plus la ferme et mestairie appelée le Couldray située audit Estrechy, consistant en ...
- plus la ferme et mestairie située au village de Chauffour, consistant en ...
- plus la terre et seigneurie de Malassis située en la paroisse de saint-Germain-les-Estampes, consistant en maison seigneuriale... clos à fossés...
... outre moyennant le prix et somme de 123.355 lt ... payer aux créanciers
, ... suivent 25 pages décrivant les baux à ferme, à rentes ... Ces deux acquisitions complètent le comté de Chamarande qui devient un vaste domaine.

En 1688, le maistre dhostel ordinaire de la table dhonneur de madame la Dauphine, Gabriel Fouton, fondé de procuration du comte de Chamarande, se rend à Marcoussis au couvent des Célestins. Il déclare que son maître a fait en juin un eschange avec Henry de Mazis, seigneur de Brières les Scellées, ce dernier a baillé le fief de la cour Dhuisy et ses deppendances relevant desdits religieux Célestins à cause de leur seigneurie Dardeine. Ledit Fouton a payé en espèces de louis dor et pistolles les droits seigneuriaux et profits de fiefs... Dans sa procuration le comte de Chamarande mentionne qu'il se trouve au camp de Maintenon, comme colonel au régiment de Périgord. Au dos du document: le fief de la cour Dhuisy scis à Brières les Scellez consistant en deux corps de logis, cour, jardin, contenant deux arpens, item 80 arpens de terre en plusieurs pièces scises en la garenne dudit Brières, item 8 lp de menus cens... L'acte d'achat au répertoire de l'étude parisienne, ne s'y trouve pas, il n'y a pas de minutes pour cette période.

En 1697, Le comte de Chamarande et son père font une transaction. Le fils est devenu colonel du régiment de la Reyne et brigadier des armées du Roy, inspecteur général d'infanterie, ... Pour éviter les contestations au sujet des jouissances qui ont été perçues par le père des terres et seigneuries de Vinthué, du Roussay, d'Estrechy et des ferme de Chauffour et Malassis appartenant au fils; lesquels font les comptes afférents à ces lieux durant l'absence du fils pour le service de sa majesté dans les pays de Piedmont, Allemagne et Flandres où il a passé les estéz et mesme les hivers... Le seigneur père est redevable envers ledit seigneur son fils de la somme de 28.000 livres, ledit seigneur père délaisse tous les meubles meublans, ustancilles dhostel et autres effets mobiliers estant dans le chasteau de Chamarande, bastiments et lieux en dépendant représentant 22.000 livres et promet de payer les 6.000 livres restant à la première demande de son fils... Et comme ledit seigneur père se trouve à présent hors d'estat à cause de ses infirmitéz, de pouvoir davantage vacquer à la perception des revenus de la terre du Comté... Fait et passé au chasteau de Versailles...
À la fin du document se trouve l'inventaire des meubles, on relève les pièces suivantes:
- chambre dorée, garde robe, antichambre,
- grand sallon, (23 fauteuils),
- antichambre de Monsieur, garde robbe ,
- chambre au premier devant la chapelle,
- chambre alcôve de Madame au premier étage,
- salle à manger, deux salles attenant,
- antichambres, garde robe,
- chambre d'embas vis à vis la chapelle,
- chambre de messieurs les enfants,
- chambre alcôve au second étage, garde robe,
- chambre pour l'abbé,
- chapelle,
- appartement dem bas proche la cuisine,
- chambre dit pavillion de l'office, petite chambre attenante
- office,
- chambre à Bossu et chambres des gens de livrées,
- chambre de la servante,
- garde meubles,
- grenier du chasteau,
- bassecour, foullerye et fournil,

Cette énumération ne prétend pas lister touts les pièces du chasteau.

Le Mercure de France résume la carrière de Louis d'Ornaison et cite, qu'en 1684, le régiment de Périgord se trouvait en Piémont, que Louis dOrnaison obtint en 1693 le régiment de la Reyne infanterie et y fut employé comme brigadier en Allemagne, et qu'il séjourna également comme maréchal de camp dans l'armée des Flandres.

Rappelons l'hommage de la Grange de Villeconin fait en 1698 par le fondé de pouvoir de Louis d'Ornaison.

En 1700, de l'acquisition du Roussay avec une chapelle qui devait disparaître du fait de la destructuction du chasteau dudit lieu, le sieur d'Ornaison obtint son déplacement à Chamarande. Les deux chapelles réunies servirent à l'entretien d'un vicaire qui ferait l'école aux garçons...

Le comte de Chamarande perd son fils aîné Louis-Nicolas, colonel du régiment de la Reine, en 1706. Le second fils, également militaire, capitaine de cavalerie meurt de la petite vérole en 1716 . Louis d'Ornaison n'a plus de descendance.

En 1708, une mise au point est faite entre Louis d'Ornaison et sa soeur Marie-Anne. Le sujet est la succession de leur père Clair Gilbert. Du fait de la renonciation de François Hubert de Talaru et Marie Anne d'Ornaison à la succession de Clair Gilbert d'Ornaison, Louis renonce à toute prétentions qu'il aurait pu avoir contre eux.

L'année 1717 commence par une donation mutuelle entre Louis d'Ornaison et son épouse Scholastique d'Anglure de Bourlemont. L'épouse sait que sa fin est proche. En avril elle rédige son testament, relevons ce qui intéresse Chamarande:
- donne et lègue 350 livres de rente pour estre distribués par le curé aux pauvres malades et nécessiteux, et pour pour payer le chirurgien et les médicaments,
- donne 100 livres de rente par augmentation au chapelain qui fera la fonction de vicaire dans l'église de Chamarande, à condition qu'il continuera à enseigner le plain champ! aus enfans de la paroisse,
- donne et lègue 120 livres de rente pour l'établissement et entretien d'une maîtresse décolle à condition par ladite maîtresse de faire sa résidence à Chamarande,
- done et lègue 120 livres ... pour une maîtresse d'écolle à Estrechy,

En mai a lieu son inventaire après décès. Ce document est inconsultable vu son état.

Sans descendance le seigneur voit en son neveu Louis Talaru, marquis de Chalmazel, son successeur, il démissionne en 1735 de sa charge de premier maître d'hôtel de la reine, et celle dernière accorde à Louis de Talaru la provision de ladite charge. 

L'année suivante, Louis d'Ornaison se sent vieillir et rédige son testament :
- Je donne 200 livres aux plus pauvres habitans de ma paroisse de Chamarande et 100 livres à chacune des paroisses d'Estrechy, de Mauchamp, de Villeconin, de Brières, pour estre distribuées par les curés .
- Je lègue à tous mes valets de chambre 200 livres de rentes viagère.
- Je lègue à tous mes gens de livrée une année de leurs gages,
- Je donne et lègue à mademoiselle de Chalmazel, ma petite nièce, en augmentation de sa dot, lorsqu'elle trouvera un parti pour son mariage, une somme de 30.000 livres.
- Quant au surplus de tous mes biens meubles et immeubles, je les donne et lègue à mon neveu le marquis de Chalmazel, que je nomme et institue mon légataire universel aux charges et conditions ci-après... que l'aisné des héritiers soit mon légataire universel en tous mes biens et mes immeubles en usufruit seulement, et la jouissance sa vie durant en substitution... laquelle substitution sera perpétuelle dans toute la descendance masculine de mon neveu.
- Je désire estre enterré simplement et mon corps soit porté à la paroisse de Chamarande.
- Pour exécuter mon testament, je nomme le marqu
is de Chalmazel mon neveu...

Louis d'Ornaison décède en 1737, son inventaire après décès est un document délavé pratiquement illisible. A la fin, un document ajouté décrit les revenus et charges du comté. On peut ainsi avoir une idée plus présice de l'ensemble des biens, notamment des acquisitions faites par le défunt:
- la ferme de Montfort, tenue par Pierre Moullé, 2233 livres,
- Brières-les-Scellez, tenu par la veuve Noel de Launay, 464 livres,
- Villeconin, tenu par Pierre Desforges fermier actuel et Joachim Depevra, 2003 livres,
- la petite ferme de Vaucelas, tenue par Pierre Jousse, 200 livres,
- la grande ferme de Vaucelas, tenue par Noel et Estienne Hautefeuille, 1599 livres,
- Chauffour, tenu par Charles Hautefeuille, 1124 lt,
- le Roussay, tenu par Antoine Moreau, 1533 lt,
- Vinthué, tenu par Denis Chardon, 778, lt
- Malassis, tenu par Jean Thiboust, 457 lt,
- Estrechy, tenu par Charles Boullanger, 170 lt,
- la ferme du Couldray, tenu par Pierre Grugeon, 934 lt,
- Torfou, tenu par la veuve Charles Le Bye, 400 lt,
- la thuillerie de Chamarande, par les héritiers d'Antoine Lerable, 279 lt,
- Boissy-le-Secq, tenu par les héritiers Lazare Bramard, 200 lt,
- Montflix, renu par les héritiers Pierre Haury, 104 lt,
- la Grange de Villeconin, tenue par la veuve de René Pinault, 704 lt,
- la Poeslée, tenu par les héritiers de François Gingriault, 1119 lt

- les pressoirs d'Estrechy, par Pierre Chérubin, 90 lt,
Un autre chapitre liste les charges dudit comté, retenons:
- chapelain, Pierre Jamet, 300lt,
- concierge, 60 lt,
- jardinier du chasteau, Michel Moullin, 600 lt,
- jardinier de Vinthué, 150 lt,
- 3 gardes chasses: François Ferry, Albert Vattier, Ferry Stouche à 250 lt, soit 750 lt,
- aux domestiques actuels de la petite ferme, 324 lt,

 

 

Bonnes à Louis de Talaru

Rappelons quelques faits sur ce personnage, il se remarie en 1720 avec Marie Marthe de Bonneval, fille de militaire. De ce mariage sont issus:
- Marie-Louise, née en 1723, marié à Armand François de la Croix, marquis de Castries dont elle est restée veuve sans enfant depuis 1743.
- César-Marie, né en 1725, chevalier, colonel du régiment de Talaru, brigadier d'infanterie en 1748, inspecteur général d'infanterie en 1758, maréchal de camp des armées du roy en 1761, lieutenant général en 1780. Il a la charge de premier maître d'hôtel de la Reine de 1746 à 1770, date à laquelle il la transmettra à son frère Louis François. Il se marie avec Marie-Justine de Sassenage dont il aura deux enfants Louis Marie, mort à trois mois, et Eulalie morte en 1774 à l'âge de 23 ans en accouchant d'une fille.
- François-Hubert, né en 1726, militaire qui décèdera à Hanovre en 1757.
- Ange-François, né en 1727, qui embrasse la carrière ecclésiastique et devient évêque de Coutances.
- Louis François né en 1729, également militaire, qui a repris la charge de premier maître d'Hôtel de la Reine en 1770.

Ce rappel fait reprenons le fil du récit chronologique, l'inventaire de l'oncle terminé, une délivrance de legs est donnée à Louis de Talaru lui enjoignant de respecter les clauses du testament.

L'année suivante, le nouveau comte de Chamarande, nomme un procureur pour remplir les devoirs de vassal qu'il a pour ses biens hors comté. Ainsi il porte les foys et hommage du fief de la cour d'Huisy, relevant des Célestins de Marcoussis à cause de leur fief d'Ardeine et verse 200 lt correspondant au revenu d'une année. Toujours à Marcoussis, il procède de même pour le fief de la Grange de Villeconin relevant de la seigneurie de Marcoussis.

La mode à cette époque est de faire des terriers. Ainsi en 1750, Louis de Talaru s'adresse au notaire Caron pour rénover le terrier général du comté de Chamarande composé entre autres choses, des terres de Mauchamp, Estrechy, fief de la Rumée, Vaucelas, Villeconin, Vinthué, fief de la cour d'Huisy, et autres ... Le seigneur marquis s'engage de payer audit Caron la somme de 2.400 livres. Un autre traité est conclu avec deux arpenteurs royaux de faire dans le délai de trois ans le plan géométrique détaillé du comté de Chamarande, fief par fief, ... il leur sera payé 10 sols par arpent.

En 1753 Louis de Talaru rédige son testament. Il ne sera ouvert que dix ans plus tard. Retenons qu'il veut être inhumé à costé de Messieurs les comtes de Chamarande, mon grand père et mon oncle , ..., pour la conservation du comté de Chamarande dans toute son intégrité, soit et demeure substitué comme l'indique le testament de mon feu oncle, mon fils aisné comme héritier, ...
Ce testament indique également que le marquis a l'intention de faire construire une chapelle joignant le coeur de l'église de Chamarande et un caveau pour sa famille. Cet édifice qui existe actuellement n'est pas celui qui existe actuellement construit début XIXe siècle, le plan joint au testament ayant disparu. À noter également les pensions qu'il donne à son premier valet de chambre, au fils de son concierge, à ses deux suisses, à ses deux premiers laquais, soit plusieurs milliers de livres, montrant un train de vie relativement élevé; à son second fils 80.000 livres dans sa future succession, à ses deux autres fils 40.000 livres chacun, le reste à son fils aîné et comprenant le droit de substitution donné par Louis d'Ornaison.

En 1755, deux personnages importants font une transaction et un bornage. Il s'agit de Chrestien Guillaume de Lamoignon, marquis de Basville, baron de Saint-Yon, seigneur de Torfou, ... et Louis de Talaru, comte de Chamarande, ... demeurant à Versailles, ... leurs procureurs feront un arrangement sans grand intérêt.

Marie Anne d'Ornaison, mère de Louis décède en 1756. Louis est seul héritier de sa mère.

En 1756, devant Lecaron notaire à Chamarande, la tuilerie est donnée à bail pour neuf années à Jean Marechal vigneron et cabaretier, moyennant 279 livres de ferme... Les baux des fermes des environs ne seront pas cités. Durant toutes ces années le notaire de Chamarande est également régisseur des terres; également il percevait les rentes, lods et ventes du comté et assurait la charge de procureur fiscal.

L'année suivante, un changement est intervenu à Marcoussis, le nouveau seigneur de Marcoussis Charles Louis Preissac comte d'Esclignac, est arrivé et comme à l'accoutumée, un aveu de la terre et seigneurie de la Grange de Villeconin est rendu par un représentant du comte de Chamarande.

En 1760, le couple Louis de Talaru et Marie Marthe de Bonneval acquiert de Adrien Regnault, ..., gouverneur du duché d'Estampes:
- le fief terre et seigneurie de la Tour de Joeurs, situé en la paroisse de saint-Germain d'Estampes, consistant en un château entrès mauvais état, dont un des pavillons n'est pas couvert et l'autre n'est pas fini, ...
- plus le fief du petit Joeur,
- plus les métairies du petit Malassis,
- plus le le fief terre et seigneurie de Villeneuve-sur-Auvers, ...
- plus le fief d'Huisson, ...
- plus le fief de Vicardel en la paroisse d'Auvers,
-plus le fief terre et seigneurie de Bonvilliers en la paroisse de Saint-Germain-lez-Estampes
-- le fief du moulin de Brou.
Ladite vente fai
te moyennant le prix et et somme de 308.000 livres dont 8.000 de pot de vin. Des rentes incluses dans la vente représentent la moitié du prix global. Cette importante acquisition est une adjudication forcée en raison des promesses et des dettes que le vendeur a contractées! Ce sera le dernier achat du couple.

Reprenons pour compléter la vie de Louis de Talaru, le paragrahe tiré de la monographie de l'instituteur (3) ... pour la description des embellissements, il dépensa près de 600.000 livres et acheta différentes maisons et terres, il fit décorer le parc, construire différents points de vue, bosquets, fer à cheval, jeu d'oye, cascades, pièces d'eau, orangerie, ..., il fit bâtir un tourne-bride en forme de ferme, établit un potager de quatre arpents, celui actuel,..., L'intérieur du château ne fut pas négligé". Ce fut alors qu'il fit construire l'auditoire ou salle de justice, fit établir les nouveaux terriers et plan général de Chamarande que l'on voit aujourd'hui dans le cabinet du régisseur du château et qui mesure 2m,40 de longueur sur 1m, 80 de largeur.

Louis de Talaru, marquis de Chalmazel et comte de Chamarande décède en 1763 au château de Versailles. Suit son inventaire après décès: À la requête de:
- Marthe Françoise de Bonneval, veuve de Louis de Talaru, exécutrice du testament de son époux, demeurante à Paris en son hostel rue de l'Université,
- César Marie de Talaru, marquis de Talaru, maréchal de camp et armées du roy, absent, représenté par Marie Justine de Sassenage son épouse, demeurante à Versailles,
- Ange François de Talaru, abbé commandataire de l'abbaye du Jard, demeurant en l'hostel de la rue de l'Université,
- Louis François de Talaru, chevalier non profes de l'ordre de saint-Jean de Jérusalem, maistre de camp de cavalerie, demeurant à Versailles,
- Marie Angélique de Talaru, veuve du marquis de Castries, demeurant à Versailles,
lesquels demandent l'inventaire après décès du marquis. Les quatre habiles à se porter héritiers de leur père, plus le marquis fils aisné, légataire par substitution du marquis d'Ornaison.

La marquise demeure ordinairement à Versailles. Un inventaire sera également fait dans l'appartement qu'ils ont au château de Fontainebleau. Notons dans ce document de plusieurs centaines de pages, les déclarations de titre nouveaux faits par des habitants du comté à leur seigneur Louis de Talaru. Curieusement au chapitre des baux des fermes et terres, Villeconin et la Grange n'apparaissent pas. Elles font partie des trois huitièmes des terres de Chamarande apportées par César lors de son mariage. Notons que dans les dernières années, Françoise de Bonneval remplace son mari, ce qui indiquerait une défaillance du comte. Que ce dernier touchait les appointements de gouverneur de Phalbourg, de colonel réformé, et de premier maistre d'hostel de la reine.
De cet inventaire très instructif, on retient que le nouveau seigneur de Chamarande, est par substitution, le fils aîné, César.

 

 

Bonnes à César de Talaru

En 1750, César Marie de Talaru se marie avec Marie Justine de Sassenage. Sa mère Marie Marthe de Bonneval et sa soeur majeur Louise, stipulent pour ledit qui est alors mineur. Du côté Sassenage les parents présentent leur fille. Dans ce contrat pas de communauté de biens entre les futurs époux. Le futur est pourvu de l'état de colonel du régiment de Talaru dont le montant est estimé à 40.000 livres. Ses père et mère l'ont mis en jouissance de la terre de Saint-Marcel de Phéline à Forez. Il a également le droit de substitution de son grand oncle, consistant en les trois quarts de la moitié dans la terre de Chamarande, en la moitié de la halle aux vins de Paris. Du côté Sassenage les parents apportent 295.000 livres.

Notons à Chamarande le 24 août 1766, le baptême de la grosse cloche de l'église; le parrain fut haut et puissant seigneur, César Marie, marquis de Talaru, et la marraine, sa soeur, dame Marie Louise de Talaru de Castries.

En 1770, Françoise de Bonneval décède. Son testament est déposé et n'apporte rien sur Chamarande. Ensuite l''inventaire après décès est fait à la requeste de:
- César, marquis de Talaru, comte de Chamarande, marquis de Chalmazel, seigneur de Saint-Marcel Phéline, ..., maréchal de camp et armées du roy, inspecteur général d'infanterie, gouverneur de Phalsbourg, conseiller d'estat et premier maistre d'hostel de feue sa majesté la reine et premier maistre d'hostel de la Dauphine demeurant à Paris rue Vivienne .
- illustrissime Ange François de Talaru évesque de Coutances,
- très haut et très puissant Louis François de Talaru, maistre de camp de cavalerie, premier maistre d'hotel de la Dauphine... demeurant rue Vivienne,
- Louise de Talaru marquise de Castries...
lesquels habiles à se porter héritiers de leur mère, et César comme son légataire universel...

L'année suivant, les comptes des biens de Françoise Bonneval sont enfin terminés. retenons de ce document complexe la masse globale, évaluée à 844.000 livres. les valeurs les biens concernent la plupart le pays de Poitou:
- Ange- François, l'évêque reçoit 86.000 livres,
- Louis-François, le maître d'hôtel de la Dauphine 171.000 livres,
- Marie-Louise, la marquise de Castries 86.000 livres
- César, le reste soit 500.000 livres.

En 1773, César marie sa fille Eulalie de Talaru avec Etienne Damas. L'union sera de courte durée; l'année suivante Eulalie accouche d'une fille et les deux décèdent. Du côté d'Etampes, la même année, avec l'autorisation des habitants de Chamarande et d'Etrechy, César de Talaru entreprend l'assainissement des prairies qui avoisinent la rivière et dont les miasmes occasionnent force maladie (3).

Nous arrivons en 1782, Louis François de Talaru décède fin septembre. Sa veuve a trouvé dans son secrétaire une enveloppe ouverte contenant le testament du vicomte, le testament fait à Versailles date de 1776 ... relevons qu'il veut que son fils soit élevé à la pension de Mr Verdier. Suit quelques jours après, l'inventaire après décès dans lhostel rue du Bacq et également dans l'appartement qu'ils occupaient au château de Versailles. Jeanne Elie Becdelièvre Cany, sa veuve, est tutrice de très haut et très puissant seigneur, Louis Justin, vicomte de Talaru, chevalier et de très haute et très puissante demoiselle Cézarine de Talaru, ses deux enfants mineurs. On apprend que ces derniers possèdent dans la région d'Etampes:
- le fief de Vauviers relevant des célestins de Marcoussis à cause de leur fief d'Ardenne,
- le fief du petit Joeurs,
- le fief de la Bretonnière,
- le fief de Piere Broux à Estrechy.

Cette maîtresse femme nomme plusieurs procureurs pour gérer les biens en Beauce, en Normandie, en Bourbonnais, dans l'Orléanais et la région d'Etampes.

Revenons à César qui acquiert en 1785, l'hôtel qui deviendra sa prison...  d'une maison scise à Paris rue de Richelieu, près la bibliothèque royale, sur la poursuite de la succession Clermont Montoison... moyennant le prix et somme de 280.000 livres.

L'épouse de César, Justine Sassenage, rédige en 1787 un testament à Grenoble qui mentionne:
- qu'elle désire être enterrée simplement dans la paroisse de Chamarande.
- nomme la marquise de Franqueville sa soeur, son unique héritière,
- je donne à mon mari la somme de 225.000 livres comme marque de reconnaissance et d'amitié ainsi que mes diamants avec le portrait de ma fille qui est dans mon cabinet de toilette et les deux tabatières où sont les portraits de ma soeur de Franqueville et de ma fille...
- donne à ses servantes ... toute sa garderobbe,..

À suivre...

 

 

Notes

(1) département de l'Ain au nord-est de Lyon.

(2) Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris par l'abbé Lebeuf .

(3) Monographie Commune de Chamarande, AD91.

 

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