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Histoire de Boullay-les-Troux 1737 à nos jours

 

Cette chronique est le troisième et dernier volet de l'histoire de ce lieu; comme à l'accoutumée, le récit est chronologique.

J.P Dagnot - Mars - 2015

 

La famille Dugué et ses descendants à Boullay-les-Troux.

 

 

En 1737, notons le renouvellement du bail de la grande ferme de Troux, de la petite garenne close de murs, à Marie d'Entragues moyennant 2.021 lt.

Relevons l'année suivante, l'achat de la maison parisienne rue de la cloche percée, moyennant 62.000 livres .

En juin 1739, une déclaration à illustre religieux seigneur Alexandre Dubois, chevalier profès de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, commandeur de Louviers, Vaumion, et de la commanderie de Boulay les Troux, lieutenant général des armées du roy à cause de sa terre, seigneurie et commanderie du Boulay scize aux Troux, par Messire Augustin Dugué, seigneur de Méridon, les Troux, Montabé, qui déclare :
- la demi lune plantée en deux rangées d'ormes devant la porte du chateau, ...
- trois espaces de bas logis où il y a chambre à cheminée, four, cour devant, jardin derrière, étable, grange,
- item trois autres espaces de logis ...
- item neuf arpens au Boulay ...

L'ensemble de la déclaration représente 37 postes. Les cens sont à payer en la maison seigneuriale du Boullay. On voit que ce qui dépend directement en fief de la seigneurie ne figure pas sur la déclaration et ne subit que des droits à chaque mutation.

En 1747, Dreux Augustin Dugué, chevalier seigneur des Troux, Montabé, demeurant en son hotel rue cloche percée paroisse Saint-Gervais, lequel fait bail pour neuf années à Charles Leroux, demeurant aux Troux, de la ferme de Troux près du chateau consistant en maison de demeure, ...(dito 1727), comme jouit actuellement Antoine Boisselet ce bail fait moyennant 2.400 livres. Suivent les conditions garder le pigeonnier peuplé, entretenir le pressoir, fournir au sieur bailleur deux pièces de cidre, six douzaines de pigeonneaux, six chappons (pour carnaval), et litière pour sept chevaux pendant le séjour du seigneur, chaque année deux voitures de quatre chevaux avec leurs gens pour conduire de son château de Troux à Paris ce que le seigneur juge à propos, laisser pâturer les deux vaches du concierge. La litière nous renseigne sur l'attelage du carosse.

Notons en septembre 1752, le décès de Dreux Augustin Dugué. Son inventaire après décès est réalisé:
- Nicolas François Mydorge, maître des requêtes ordinaire de l'hotel du roy et Marie Françoise Dugué son épouse, demeurant rue le Comte paroisse saint-Nicolas des Champs,
- Anne Jacqueline Dugué Bagnols, fille majeure demeurant rue cloche percée au pré saint-Gervais,
lesquelles habiles à se porter héritières chacune par moitié de Dreux Augustin Dugué, chevalier, seigneur des Troux et autres lieux, conseiller d'état extraordinaire, doyen des doyens des maîtres des requêtes de l'hotel du roi leur père; ...
. l'inventaire commence rue cloche percée puis se poursuit au château des Troux :
- fournil au rez-de-chaussée ayant vue sur le jardin,
- garde manger à côté de la cuisine,
- office au rez-de-chaussée ayant vue sur le jardin,
- chambre de domestiques au second étage, au fond du corridor à droite de l'escalier,
- chambre à côté où couche Leroux laquais,
- chambre de la femme de chambre de la demoiselle Dugué, ayant vue sur la cour,
- chambre de Denizot, valet de chambre,
- salle à manger au rez-de-chaussée, ayant vue sur cour et jardin,
- serre sous l'escalier,
- salle de billard au rez-de-chaussée, ayant vue sur cour et jardin,
- chambre ensuite ayant même vue,

- petit cabinet ensuite ayant vue sur le jardin, garde robe à côté,
- chambre au bout du corridor au premier étage, ayant vue sur le jardin, ..
- chambre contigue à celle de la demoiselle Dugué,
- autre chambre à côté ayant vue sur la cour,
- première chambre du corridor à droite de l'escalier, vue sur cour, garde robe à côté,
- chambre violette, première du corridor à gauche de l'escalier, vue sur cour,
- chambre au bout du corridor à gauche de l'escalier,
- grenier au dessus du bucher,
- cave sous le bucher,
- remises écuries,
- jardin.

Cette énumération décrit un château de deux étages sans sous-sol. Suivent les titres, on ne retiendra que ce qui concerne l'origine du château et qui nous permet de renseigner la vie antérieure notamment à Troux et Montabé.

L'année suivante, notons l'intitulé de l'abandon par partage des biens de la succession de Dreux Augustin Dugué de la terre de Troux devant Hachette par Jacqueline Dugué avec sa soeur.

En 1754, relevons la déclaration censuelle de Pierre Jacques Cousteau, seigneur de Pecqueuse, demeurant paroisse Notre-Dame à Paris, se portant fort de ses frères et soeurs, qui déclare une ferme au Boulay, nommée le pavillon, consistant en maison, grange, pressoir, bergerie, estable, engard, ...

La même année, devant Claude Dumoulier notaire au Boulay les Troux, déclaration de Jean Greslé, manouvrier qui déclare être propriétaire en censive de la commanderie de Louviers Vaumion en la personne de Charles Boisroger, chevalier de saint-Jean de Jérusalem, commandeur de ladite commanderie, à titre de chef cens: une maison au Boulay les Troux consistant en deux salles ...

En fin d'année, Louis Renoux laboureur fondé de procuration de Pierre Jacques Cousteau de Barrère , seigneur de Pécqueuse, écuyer, trésorier la chambre du roy, déclare au terrier de Boulay: un grand corps de logis au village de Boullay les Troux, vis à vis la ferme seigneuriale...

En 1756, devant nous, Claude Dumoulin, notaire au Boulay les Troux, enregistre une déclaration censuelle de Pierre Denis, faite à illustre et religieux frère Jean Charles Despierre Roger, commandeur de Louviers, ..., Le Boulay les Troux : une maison ...

La même année, dans une déclaration au commandeur du Boulay, mention de la comtesse de Hallweill au Boulay ( cette dame habite le château).

Toujours la même année, une autre déclaration par le tuteur des enfants mineurs de Claude Charles Letonnelier, comte de Breteuil, est faite pour mettre à jour le terrier de la commanderie...

Début 1763, un acte de notoriété atteste le décès Françoise Dugué de Bagnols, épouse de Nicolas François Demy Dorge, et nomme sa fille Mme de Hallweil, seule héritière.

D'après Mannier, en 1783 le revenu de la commanderie du Boulay est de 1.200 livres.

Trois ans après, André Revent, concierge du chateau des Troux, y demeurant, fondé de procuration de haute et puissante dame Marie Thérèse Nicole de Mydorge, dame des Troux, veuve de feu Monseigneur François Joseph, Comte de Hallweyl, maréchal des camps et armées du roy, ..., déclare des terres en censive du commandeur de Louviers.

La Révolution arrive, en 1790, une demande de la municipalité est faite afin de bloquer la porte de communication entre le cimetière et le parc du château. Cette demande, adressée à Madame Dhalleveil faite en raison de l'enlèvement systématique des affiches en passant par cette porte. La dame refuse de recevoir un citoyen actif de la commune voulant lui signifier les faits.

En septembre 1792, le juge de paix du comté de Limours se présente au château de Troux pour en dresser l'inventaire... Un couple dont le mari est militaire et suisse... ils ne sont plus en France! En effet le dernier certificat de résidence de la comtesse date du 3 avril et a été dressé à Lille! La comtesse ne reviendra jamais aux Troux. Veuve d'un suisse, elle sera rayée du tableau des émigrés par arrêté du comité de salut public du 13 floréal an 3. Du fait de son mariage avec un suisse, ses biens n'ont pas été adjugés.

Notons le 7 frimaire an 8, le décès de Marie Thérèse Nicole Demydorge, veuve Joseph Dehallweil, à Soleure en Suisse.

En l'an 10, elle demande à être réintégrée dans ses biens, l'administration lui répond que les bois, dont Méridon, sont réunis à d'autres bois nationaux. Un arrêté du 2 ventôse an 11, lève le séquestre sur les 123 hectares de bois. Un comparatif des biens avant et après Révolution montrera un état inchangé aux murs près.

 

 

Troux du XIXe siècle à nos jours

Notons en germinal an 12, devant Fourcault de Pavant, le contrat de mariage Lasablière-Vieillard dont cette dernière, veuve en 1823 acquièrera le domaine des Troux.

L'année suivante, devant Porlier, notaire parisien, le bail du domaine de Troux pour douze années est consenti aux époux Moreau.

Un point est fait en 1808, devant le notaire parisien Narjot par un acte de notoriété: Mme veuve Esterhazi, propriétaire de la terre de Troux est considérée comme seule héritière de Marie Thérèse Nicole Demy Dorge, veuve Joseph de Hallweil, sa mère décédée en Suisse en 1799.

La veuve n'a pas apprécié la Révolution, en 1811 elle réside à Vienne en Autriche et mandate un procureur nommé Pierre Chipon, propriétaire demeurant à Paris pour la représenter.

 

 

Plans de 1810.

 

L'année suivante, devant Narjot, le mandataire Pierre Chippon baille aux époux Hardeley pour neuf ans, une maison à Montabé avec jardin, terres, bois, une autre maison à Boulay les Troux...

En 1813, le domaine de Troux sort de la famille Hallweil: Pierre Chippon, mandataire de Marie Françoise Ursule de Hallweil, veuve Valentin Esterhazy, vend à Geneviève Vieillard veuve Baptiste Blanchet de la Sablière, épouse feu Jean-Baptiste Blanchet, Clément François Blanchet de la Sablière, André Augustin Blanchet, tous demeurant à Paris:
1°) la terre des Troux, scise à Troux et aux Molières, comprenant le château, cour, basse cour, pavillon du concierge et du jardinier, bûcher, remises écuries, contenant 3.845 m2,
2°) parc clos de murs distribué en potager, bosquets d'agréments, ..., parterre, allées en gazon, contenant 12 hectares,
3°) à 12°) 7 maisons, grange, ...
13°) la ferme de Troux, comprenant logement pour le fermier, presssoir, deux granges, écurie, étable, bergerie, laiterie, colombier à pied, cour, marre, jardin, avec 122 hectares de terres labourables, 6 hectares de prés,
14°) maison à Montabé avec cour, jardin, et quatre hectares,
15°) maison à Boulay les Troux avec 3 hectares.
... Le tout contenant 412 ha. Il est rappelé que ces
biens viennent de sa mère décédée en Suisse. La vente est faite moyennant 450.000 frs.

 

 

Notons l'année suivante, un maire qui signe Blanchet de la Sablière lors de la naissance d'Amélie Mardeley, fille du fermier du château.

Notons en 1822, le décès de Clément François Blanchet de la Sablière. La veuve de Jean Baptiste Blanchet vend:
- la moitié de Troux à Augustin son fils,
- pour l'autre moitié à la communauté, son tiers indivis dans ladite terre de Troux moyennant 200.000 frs.
Au moyen de cette vente, les susdits se sont retrouvés propriétaires de la dite terre chacun par moitié.
Le mois suivant le greffe entérine cet état.

En 1823, extrait d'une vente postérieure, relevons l'adjudication Troux à André Augustin et la ve Paon de la Sablière, sa belle soeur, suivant un jugement de l'audience des criées du tribunal de première instance de Paris, sous le nom de Delahaye, avoué, de la terre de Troux moyennant 566.000 frs. Le jugement rendu sur poursuite de licitation des deux acquéreurs, André Augustin propriétaire pour moitié et la veuve comme créancière de la succession de son mari, du décès de son fils Jean Baptiste, agissant pour les quatre mineurs Lasablière. Le partage et la liquidation se terminent en février 1824.

En mars, le château va changer de propriétaire, devant Agasse notaire à Paris, André Augustin Blanchet de la Sablière , chevalier de la légion d'honneur, propriétaire demeurant rue Hautefeuille et Alexandrine Péan de Villiers, veuve François Blanchet de la Sablière, vendent à Guillaume Raynal, marchand chaudronnier, et Pierre Aubry, marchand frippier, et Jean Combrouse propriétaire:
1°) l'emplacement sur lequel les bâtiments servant de logement au concierge, jardinier, et garde à usage de bucher, remises, écuries, hangards, resserrres et glacière, ensemble les deux cours du château, contenant 36 ares,
2°) un grand jardin potager orné d'une belle pièce d'eau et d'une serre voutée, deux autres potagers garnis de treillages et d'espalliers, un parterre avec une seconde pièce d'eau, un parc planté entouré de murs contenant 12 hectares
3°) l'avenue en face du château,
4°) une petite garenne...
Les vendeurs se réservent formellement comme n'étant pas compris dans la vente tous les bâtiments composant le chateau des Troux dont l'emplacement vient d'être vendu et tout le mobilier qui s'y trouve, Les acheteurs s'obligent solidairement à faire faire la démolition de ces bâtiments et l'enlèvement des matériaux dans un délai de trois mois. La présente vente fait moyennant 30.000 frs.

 

 

 

Sept mois plus tard a lieu la vente de l'ancien château des Troux, canton de Limours, jardin, parc, garenne et dépendances: par devant Millet notaire royal à Palaiseau, Guillaume Raynal marchand chaudronnier, demeurant à Palaiseau, Pierre Aubry, marchand fripier demeurant à Chevreuse, Jean Cambrouse propriétaire demeurant à Longjumeau, lesquels vendent à Antoinette Rousseau, veuve de Charles Bagnault, demeurant à Paris boulevard Poissonnière, Gabrielle Baguenault femme de banquier, et Ernestine Baguenault, épouse Amable Thélusseau, écuyer, ancien capitaine au huitième régiment de la garde royale, acquéreurs pour moitié entre la mère et ses enfants:
- l'emplacement sur lequel étoit construit le château des Troux, plus tous les bâtiments servant au logement du concierge, jardinier et garde et à usage de bucher, remises, écuries, hangards, resserres, poulailler et glacière, ensembles les deux cours dudit château contenant 3.672 m2
- un grand jardin potager orné d'une belle pièce d'eau et d'une serre voutée, deux autres potagers garnis de treillages et d'espaliers, un parterre derrière à droite duquel est une seconde pièce d'eau
- enfin un parc avec terre et prairie, le tout pour 120.265 m2
- l'avenue étant en face le chateau plutôt en face de la grille, planté de pommiers et poiriers avec la demie lune qui se trouve à chaque bout, deux petits prés de part et d'autre pour 6.595 m2,
- une garenne pour 7682 m2,
lesquels biens Mme Baguenault déclare connaître parfaitement et être contente. La vente faite moyennant 40.000 frs payement espèces sonnantes d'or ou d'argent.

 

 

Au milieu du XIXe siècle d'après Boyé, l'ensemble des terrains est devenue une vaste propriété agricole de 150 hectares appartenant à Berthe Adrienne, fille de la comtesse de Thelusson. Cette ferme sera louée.

Nous arrivons en 1863, suite à une demande des habitants, le nom de la commune va changer et devenir Boullay-les-Troux ainsi que le décret signé au palais des Tuileries le confirme.

 

Plan vu par l'instituteur vers 1900.

 

En 1899, le locataire du domaine sera André Marcou. il l'exploitera de nombreuses années, en attendant d'en devenir propriétaire à son tour. Son fils lui succédera, puis le gendre de celui-ci. La propriété n'a plus quitté la famille. A l'époque de René Marcou, subsistaient encore, dans les champs, quelques vestiges des anciennes murailles limitant le domaine au XVIIe et XVIIIe siècle. De ces vestiges furent extraient les pierres avec lesquelles il fit construire sa confortable villa de Limours.

Il subsiste encore quelques vestiges de l'ancienne seigneurie. La plus prestigieuse est le charmant colombier. Quelques pans du château primitif sont toujours debout et délimitent une vaste grange.

Des jardins de Guillaume Dugué de Bagnols, demeure une partie des canaux et pièces d'eau qu'il fit creuser, le canal du parterre, face au château disparu, et celui du potager.