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Le prieuré de Bruyères-le-Châtel 1070-1550

Cette chronique, est le premier volet de l'histoire d'un prieuré qui a vu des personnages, notamment anglais, occuper des fonctions religieuses dans la région.

 

J.P Dagnot - Juillet 2013

 

 

 

Les premiers documents

Nous sommes en 1070, une charte de Geoffroi (de Boulogne), évêque de Paris, porte confirmation à Guillaume, abbé de Saint-Florent, de l'église de Bruyères, avec la chapelle du château , des deux églises, du château de Gometz... Ce don fut fait avec l'autorisation de l'archidiacre ainsi que des chanoines de Paris, et avec réserve de tous les droits épiscopaux sur lesdites églises. Cette abbaye bénédictine est située en Anjou près de Saumur. Notons qu'elle possèdera des prieurés en Angleterre: Saint-Pierre de Sele (Chichester), Monmout (Hereford) et Andover.

En 1122, une bulle du pape Calixte II mentionne les églises de Saint-Rémy, Sainte-Marie de Saulx, et Saint-Didier de Bruyères, avec la chapelle Sainte-Marie; l'église de Gometz-la-Ville avec l'église Saint-Clair.

Vingt ans après, deux autres bulles d'Innocent II et d'Eugène III, confirmant une série d'églises dont celle de Bruyères, Saint-Clair de Gometz-le-Chasteau avec l'église Saint-Germain de Gometz-la-Ville, la chapelle Sainte-Marie des Molières et la chapelle Saint-Julien de Villejust.

En 1150, une confirmation du don fait par Geoffroi de Boulogne, par Thibaud, évêque de Paris, à l'abbaye de Saint- Florent de Saumur, de l'église de Saint-Didier de Bruyères, Thibaut, par la grâce de Dieu, évêque de Paris, à tous ceux présents et futurs, salut. Nous confirmons que notre prédécesseur Gofredi (l'évêque Geoffroy de Boulogne) avait fait un don prestigieux pour la paix de l'Eglise «  paci ecclesie  » à l'abbaye Saint-Florent de Saumur «  sancti Florentio Salmunensi  », c'est à savoir le don de l'église Saint-Didier de Bruyères «  ecclesiam sancti Desideri de Brueris et capelli castelli  » et la chapelle du château qui dépendait de cette dernière , avec également l'autel de Saint Rémy «  sancti Remigy  » près du village appelé Chevreuse «  juxta vicum qui dicitur Cabrosis  ». Nous voulons confirmer cette donation et concession à Saint-Florent de Saumur. Les dites églises et chapelles resteront sous l'obédience de l'épiscopat parisien selon le code pontifical. Cet acte passé le cinquième jour des calendes de janvier (23 décembre) 1150, la huitième année de mon épiscopat.

En 1186, une bulle d'Urbain III pour la région parisienne, mentionne la liste confirmant Bruyères, les deux Gometz, les Molières et Villejust.

Nous arrivons en 1192, avec un accord avec l'abbaye Saint-Florent de Saumur pour les dîmes. Mainerius, humble serviteur de Sainct Florent , et Guido, abbé de Sayrnay, Mainerius , Dei gratia, humilis minister Sancti Florentii , et Guido , divina permissione, abbas de Sarnaio , omnibus ad quos littere iste pervenerint, in perpetuum : Sciant universi fideles quod, cum controversia diutius verteretur inter abbatiam Sancti Florentii et fratres de Sarnaio super quibusdam decimis, que in parrochia de Brueriis continebantur, tamdem consilio bonorum virorum, et precipue domini Bartholomei de Chevrose , in hanc formam facta est compositio. Pro unoquoque siquidem arpenno vinearum singulis annis persolvent predicti fratres de Sarnaio monachis sancti Desiderii de Brueriis unum costeret , continens quatuor sextaria vini et dimidium ; quod vinum non de torculari, sed ad cubam accipietur. De terris vero quas sepedicti fratres in decimatione Sancti Desiderii adquisierunt vel adquirent, et propriis laboribus vel expensis ab eisdem excolentur, habebunt monachi Sancti Desiderii pro unoquoque arpenno bladato dimidiam minam annone, mediam partem de mexteil et mediam partem avene. Sciendum vero quod hec pactio solummodo in decimationibus monachorum Sancti Desiderii tenebitur. De proprio enim feodo eorumdem a Monachis Albis nichil accipietur. Et ut hoc futuris temporibus ratum perseveret et illibatum, domini Mainerii abbatis et capituli Sancti Florentii , et Guidonis , abbatis de Sarnaio , sigillis est communitum. Actum est autem hoc in plenario capitulo Sancti Florentii , millesimo centesimo nonagesimo secundo ab incarnatione Domini anno ; presente : domino Mainerio abbate , et Aimerico priore  ; Raimundo suppriore  ; Michaele sacrista  ; Guienocho , preposito Sancti Laurentii  ; Johanne , cellarario Sancti Florencii Veteris  ; Salomone elemosinario  ; et fratre Gaufredo de Noerio , monacho de Sarnaio , qui cum supradicto Bartholomeo , pro capitulo de Sarnaio , huic compositioni interfuit, et multi alii.

Voici brièvement ce qu'écrivit le scribe dans cette charte. « Nous, Mainier humble abbé de Saint-Florent par la grâce de Dieu et Gui, abbé des Vaux de Cernay, que tous sachent que ces lettres restent permanentes à perpétuité concernant le différend intervenu entre l'abbaye de Saint-Florent et les frères des Vaux de Cernay au sujet des dîmes perçues dans la paroisse de Bruyères qui fut éteint par l'arbitrage du seigneur Barthélemy de Chevreuse. Ce qui est perçu chaque année sur chaque arpent de vigne à Saint-Didier de Bruyères par les susdits frères moines des Vaux de Cernay, à raison d'un «  cotteret  » contenant quatre setiers et demi de vin et non pas de pressoir. Sur les terres en pleine culture, la dîme de Saint-Didier perçue par les frères susdits sur chaque arpent est une demie mine de blé, moitié en méteil, moitié en avoine. Pour que cet accord soit ferme et permanent, le seigneur abbé Mainier et le chapitre de Saint-Florent et Gui, abbé des Vaux de Cernay apposent leur sceau respectif. Donné au chapitre général de Saint-Florent en l'an 1192 de l'Incarnation du Seigneur ; sont présents du côté du de Saint-Florent : le seigneur abbé Mainier et Amauri prieur, Raymond sous-prieur, Michel sacristain, Guinocho prévôt de Saint-Laurent, Jean chambrier de Saint-Florent le Vieux, Salomon aumônier ; du côté du chapitre des Vaux de Cernay : frère Geoffroy de Nozay, moine aux Vaux et le susdit Barthélemy et beaucoup d'autres ».

En 1206, Hamelin abbé de Vendôme, et Hervé prieur de cette abbaye, commissaires désignés par le pape, font connaître leur décision au sujet du différent soulevé entre Nicolas, prieur de Bruyères et Hubert, Gilbert et Jean de Ballainvilliers à propos d'une dîme sise à Ballainvilliers, et d'un pré et fixent la redevance annuelle de blé imposée à ces hommes d'après la mesure de Lonjumeau. Les commissaires et arbitres nommés par notre Saint-Père, le pape (Innocentius tertius) font connaître leur décision et sentence au sujet du contentieux soulevé entre Nicolas, prieur de Bruyères d'un part, et Hubert, Gilbert et Jean de Ballainvilliers, qui avaient hérité de biens chargés d'une dîme, d'autre part. Les juges désignés pour rétablir la paix sont Hamelin, abbé de l'abbaye de la Trinité de Vendôme et Hervé, prieur de cette abbaye. La dîme sise à Ballainvilliers consistait en une redevance annuelle de deux muids et quatre setiers de blé « redderit duos modios et quattuor sextarios bladi  » mesure qui a cours sur le marché de Longjumeau «  ad minam de foro de Longjumel  ». La dîme de Ballainvilliers comprend également dix setiers d'avoine et dix setiers de blé méteil. Le concordat porte sur cette dîme et la propriété d'un pré qui rend un cens de deux sols «  debent censu seu duos solidos qui si die statuto  » payable le jour de Saint-Rémy.

Également en 1206, un autre différend existe entre le prieur de Bruyères et Adam curé de Saint Maurice «  Adam personam ecclesie sancti Mauricii  » qui fut arbitré par Hamelin abbé de Vendôme par la grâce de Dieu «  H. Dei gracia Vindocimus abbas  ». La chicane a pour objet la perception de la dîme sise à Aulnay «  quandam decima quod est apud Alnetum  ». Le jugement arbitral dit que les parties en cause se partageront d'une manière égale la dîme dont il est question : le susdit prieur Adam et le curé auront chacun pour soi la moitié du droit dîmier «  tali modo quod décimato predicti prioris fidelitatem faceret predicto Adamo et decimator presati Adami prenominato priori  ». Et le présent prieur dudit prieuré donne son approbation et son consentement en signant ces lettres.

Également durant cette période, une autre transaction entre le prieur de Bruyères et ses trois hommes de Couart, Guillaume, Payen et Pierre, énumère les redevances et corvées annuelles dues par chacun d'eux et leur interdit le démembrement ainsi que l'abandon de leurs tenures sans volonté du prieur. L'abbé de St Florent et son chapitre ont approuvé cette transaction.

Nous arrivons en 1220, et retenons cet acte en raison de l'identité du personnage: Michel, abbé ratifie l'accord passé entre maître Simon de Langeton, pourvu par eux du prieuré de Bruyères, sa vie durant , et Dame Jehanne de Lices et Renaud de Chauffour sur les dixmes de Venant . Michel, abbé par la grâce de Dieu, et les moines et le monastère de Saint-Florent de Saumur rattifient l'accord passé entre maître Simon de Langeton « clericus noster » pourvu par eux du prieuré de Bruyères, sa vie durant, et dame Jeanne de Lices «  J. de Lices » et Renaud de Chauffour «  Regnald de Chaufor  » sur les dîmes de Venant conformément aux termes de la lettre écrite à ce sujet par frère Simon. Acte fait et passé en l'an 1220. Nous voyons un religieux d'origine anglaise dont la vie ainsi que celle de sa famille va être reprise dans une étude à paraître sur le Déluge.

L'année suivante, Claude Fournier de Ballainvilliers engage partie de sa dîme de Bruyères à maître Simon de Langeton, nommé au prieuré de Bruyères de Languetonno, nomine prioratus Desiderii de Brueriis. Nous faisons savoir que Clément Fournier de Ballainvilliers «  Clemens Fornarius de Balemviler  » a engagé par devant lui une partie de sa dîme de Bruyères à maître Simon de Langeton «  magistro Simoni de Languetonno, nomine prioratus sancti Desiderii de Brueriis  ». Ledit Clément Fournier reconnaît devoir une somme de 110 sols parisis audit prieur et un demi muid de grains, moitié blé d'hiver, moitié d'avoine «  dimidio modios bladi medietate hybnagy, medietate avene in decima sua de Balemviler  » que ledit Clément Fournier tenait comme un bien inféodé provenant du testament de Hubert de Ballainvilliers «  Hubertus de Balemviler  ». Acte passé en l'an de grâce 1221 au mois de mai, le jour suivant la quatrième fête de la crucifixion du Seigneur .

En 1235, une répartition est faite au profit du prieuré: A tous ceux que ces lettres verront, Nicolas, official de l'évêché de Paris, salut. Nous notifions que Geoffroy, prêtre de Bruyères et Barthélemi, chanoine de Senlis, exécuteurs testamentaires de feu André de Trox «  defuncti Andrea de Trox  » ont fait une répartition en ma présence. Il s'agissait de répartir les dîmes possédées par André de Trox dites dîmes des Prairies «  decimas de Praeriis  » que le défunt possédait et a affectées aux prêtres de la paroisse de Bruyères. Les dîmes sur la terre appartenant à la léproserie de Bruyères sont attribuées à ces mêmes lépreux. Une autre dîme sise derrière la maison des moines blancs à Bruyères «  alborum monachorum apud Bruerias  » est transférée et concédée aux moines des Vaux de Cernay «  monachis de Vallibus Sarnaii  ». Et les affectations de toutes les autres dîmes de blé perçues dans la paroisse de Bruyères et mouvant du fief de Guillaume, fils de feu Jean de Ballainvilliers «  de feodo Guillelmi, filii defuncti Johannes de Balemviler  » qui approuve et donne son consentement, sont faites au profit du prieuré de Saint-Didier de Bruyères. L'acte fait en l'an 1235, au mois de juillet.

En 1244, Frère Simon, maître de la maison de l'Hôpital de Jérusalem à Paris «  magister humilis domus Hospitalis Jérusalem Parisiensis  » fait connaître qu'il satisfait à la réclamation de Guillaume, prêtre de la paroisse de Bruyères «  Guillelmy, presbiter in parrochia de Bruerias  », agissant comme procureur du prieuré de Saint-Didier au nom de maître Simon de Langeton, «  magistro de Languetone  », archevêque de Cantorbery, qui prétendait à l'encontre du Temple percevoir et recevoir deux setiers d'avoine sur la dîme des terres de Buisson «  Buissum  » en la paroisse de Bruyères. Acte passé le 2 septembre 1244. L'examen de l'acte ne laisse pas apparaître Canterbury et à cette époque le prélat se nomme Edmund Rich of Abingdon. Une erreur sur la fonction est probable le religieux serait archidiacre de Canterbury.

Vers 1270, un extrait du Pouillé général de Saint-Florent de Saumur, dressé par Michel Hurtaut, sous prieur de l'abbaye citant pour l'épiscopat parisien dans le prieuré Saint-Didier de Bruyères, l'ocupation par quatre moines. À Saint-Clair de Gometz deux moines.

Le temps passe, en 1347, Jaucelin de Solhac, prieur de Saint-Didier de Bruyères-le-Chastel est mentionné pour des obiits.

Nous sommes en 1416, Marguerite de Bruyères, fille de Thomas et de Béatrix de Varennes, mariée avant 1374 avec Guillaume des Bordes, chambellan du roi porte-oriflamme tué en 1396 à Nicopolis rédige son testament. Parmi ses dispositions elle fait don au prieuré de Bruyères d'héritages dont les fiefs de Groslay.

À la sortie de la guerre de Cent Ans, les informations sur le prieuré viennent des visites archidiaconales de Josas:
- Le jeudi 2 août 1459, nous avons visité le prieur et le prieuré Saint Didier de Bruyères-le-Châtel où la procuration appartient au prieur, frère Jean Boyleau qui est présent. Le prieur administre tout se que nous avons visité dans ledit prieuré. Les paroissiens nommés Guillaume Brechier, marguillier, et Jean de Saint-Germain, Philippe Boulart, Jean Martin, Louis Cornées avec plusieurs autres se plaignent du prieur parce que celui-ci ne fournit pas le luminaire dans ladite église Saint Didier, que ce serait le minimum qu'il fasse, et qu'il faut un cierge pour honorer le Corps du Christ. Ledit prieur contradictoirement prétend que ses prédécesseurs ne l'ont jamais fait. Le prieur implore l'indulgence pour le concubinage vieux de deux ans déjà qu'il a eu avec sa servante Michèle et demande pardon pour cela.
- Le jeudi 2 août 1459, nous avons visité l'église paroissiale fondé en ce lieu
(Bruyères-le-Châtel) en présence de Dom Louis Badin, prêtre curé, frère Jean Boyleau, prieur et les autres susdits avec plusieurs paroissiens. Messire le vicaire épiscopal a exigé des marguilliers qu'ils ferment les fonts baptismaux avant la saint Rémy.
- Le jeudi 2 août 1459, nous avons visité l'église paroissiale supérieure
(de Bruyères-le-Châtel) fondée sous l'invocation de la Vierge Marie dans le château de ce lieu en présence du curé, du prieur, et des paroissiens susdits. La sage-femme nommée Simone la Pelletière a été désignée aujourd'hui. Le curé et le prieur s'amendent pour la saleté des corporaux, tant dans l'église matrice que l'église paroissiale. Les marguilliers demandent pardon de ne pas présenter un inventaire correct, ce qui était exige de leur part. Il est exigé que deux marguilliers soient élus dans le mois qui suit, sous peine d'amende.
Dans ladite église saint Didier, il y a une chapelle fondée sous le vocable de Sainte-Marie par le défunt seigneur de Bruyères qui, par ses dernières volontés, donna 100 livres parisis pour célébrer six messes par semaine. De cet obit, le prieur dit que seulement trois messes sont faites actuellement sur l'ordre de la cour épiscopale
(1).
- Le jeudi 8 octobre 1461, nous avons fait la visite de l'église paroissiale dans le château de Bruyères fondée en l'honneur de Sainte Marie. Dom Ludovic Badin, curé de ce lieu est présent. Adam de Monterran, …
- Le mercredi suivant 28, j'ai visité une autre partie de l'église paroissiale dans le château de Bruyères-le-Châtel, fondé en l'honneur de Sainte Marie. Et il est noté que dans ladite église, il y avait deux parts et que la visite est faite en présence du prieur, du curé et des marguilliers. Le saint chrême et les fonts baptismaux ne sont pas ici mais dans la paroisse Saint-Didier. Le visiteur épiscopal ordonne aux marguilliers de se munir d'un papier et de dresser l'inventaire de tout avant la mi-août.
Pierre le Mère, dit l'Escossays, Pierre Guitet, habitants de Fontenay près Briis, viennent à Bruyères pour l'office. Ledit Pierre Guitet confesse qu'il a les dîmes de l'église, pour deux setiers de blé et un d'avoine au cours de l'année précédente. La dîme qui rend aujourd'hui trois setiers par an est remise par ledit Guitet qui est disposé à rendre l'argent.
- En 1466, nous avons atteint le village de Bruyères à trois heures de l'après-midi et fument accueilli par le prêtre. C'était jeudi le jour de l'Assomption, fête de la Vierge, organisée par les marguilliers.
Ensuite, nous sommes demeuré le vendredi de l'Assomption pour accéder à l'église de Sainte Marie dans le château de Bruyères ; et nous avons rencontré frère Jean Boileau, prieur de Saint Didier et Dom Ludovic Badin, l'unique curé. Il y a deux parts, l'une au curé l'autre à monseigneur l'évêque qui sont réunies en une seule à cause de la pauvreté. De même nous avons examiné les sacrements, le Corps du Christ et le saint chrême et nous n'avons pas trouvé de fonts baptismaux. Les marguilliers Philippe le Commans et Didier Chevallier sont présents avec Ludovic Cornez, Jean Boisseau, Jean Martin, Antoine Dysac, Pierre Mondouère, Oudin Formont, Jean Vauderon, Jean Regnault et Jean Brachier et Jean Soupplisse. Cette église contient les livres suivants : un missel, un livre en grec, un Antiphonarius, un psautier, un bréviaire ancien, un livre de processions, un petit livre des nouvelles fêtes, et un autre missel. Il y a également quatre calices en argent de différentes factures et poids divers. Il y a aussi plusieurs autres ornements qui sont enfermés.
Ensuite et immédiatement, nous avons atteint le prieuré et l'église paroissiale Saint Didier dans le village de Bruyères et les avons visité et avons entendu la messe en présence des susdits et de plusieurs autres. L'église contient le Corps du Christ, le saint chrême et de fonts baptismaux. Cette église est le sanctuaire principal et est divisé en deux parties comme nous l'avons dit précédemment. Dans cette église il y a un seul calice donné par le comte d'Armagnac. Il n'existe pas d'ornements. Tout ce que contient l'église sainte Marie serait en sécurité en ce lieu. Les marguilliers et les habitants se plaignent de Dom Temporali qui a accepté de fermer l'église Sainte Marie contre ceux qui étaient volontaires pour la garder avec soin en mettre une serrure à cette église. Un tel évènement n'a jamais été vu de mémoire d'homme. Que cette église supporte une tour dans laquelle est un clocher et que cette petite tour ; de cette tour enclavée de nombreuses réparations doivent être faites telles que les murs, la couverture et tout le nécessaire et ce serait somptueux pour la paroisse.
Nous avons visité le cimetière qui n'est pas nouveau dans lequel poussent des petits arbres. Le visiteur épiscopal ordonne aux marguilliers de la nettoyer et placer deux croix dans ce cimetière qui devrait être divisé en plusieurs cantons. Il y a 70 paroissiens et la sage-femme est Simone la Mercière.
- Le 28 juillet 1466, nous nous sommes transporté dans le village de Bruyères et avons pris un repas et avons passé la nuit et le dimanche avons entendu la messe dans de l'église de Saint Didier. Aussi, nous avons visité cette église après la messe. Ladite église a le titre de prieuré et de paroisse avec un curé et un prieur qui acceptent la procuration. Etaient présents : frère Dom Jean Boileaue, prieur, Dom Ludovic Badin, prêtre curé, Philippe le Commant et Colin Chevallier, marguilliers, Ludovic Conez, Etienne Martin, Raoul Hézart, Adam de Montoran, Oudin Fourment, Denis Martin, Asselin Hermant, Jean Macé et plusieurs autres. Le nombre de paroissiens est 60. Simone la Pelletière est sage-femme.
Les paroissiens se plaignent parce que le prieur, comme ses prédécesseurs l'avaient fait, est accusé de garder les Nonalies et les Complies les samedis et jours de fêtes solennelles, ce qui est un préjudice pour la paroisse. A cette question le prieur répond que ses prédécesseurs l'ont fait et que personne ne l'a tenu en main. Ceci est examiné publiquement en présence de Oudin Formont, Philippe Petit, Jean Martin, Ludovic Cornez et Didier Carré l'aîné qui, dans la confusion revendiquent que du temps de frère Bertrand le Veillant, prieur, ils ont vu que celui-ci avait promis de le faire ; et pour cela Philibert Petit exige qu'on pourrait céder une somme de quatre deniers. De toutes ces exigences, le visiteur épiscopal ordonne au prieur, sans le préjudice de ses successeurs, de faire ce qui est demandé.
Ensuite, les marguilliers se plaignent du prieur et du curé, que plusieurs d'entre eux sont divisés pour la commodité du service, bien évidemment d'une manière distincte…
- Le jour de Saint Laurent, 10 août 1468, nous avons fait la visite de l'église paroissiale de Saint Didier de Bruyères-le-Châtel et le prieuré. Dom Ludovic Badin, curé est absent. Le prieur est absent. Sont présents : Colin Chevallier et Jean Chevallier, marguilliers, Dom Jean de Bourges, prêtre vicaire du curé, Dom Jacques Gérart, prêtre pour prieur, Jean Boisseau, Didier Carré le jeune, Jean Renault, Didier Chevallier l'aîné, Simon Petit, Pierre Quidet, Jean Vauldron et plusieurs autres . Il y a 24 paroissiens . Plusieurs paroissiens sont partis l'année dernière. Simone la Bausseronne est la sage-femme. Dom Jacques est convoqué mercredi après l'Assomption parce qu'il est arrivé en jaquette avec une petite guirlande et nous ignorons si il a fait son sacerdoce et si il est consacré ; il servait pendant quatre mois et d'une manière distinctive à Pâques sans agrément et il a entendu les paroissiens en confession et a fait dix messes.
- Le 3 mars 1469, nous avons fait la visite du prieuré Saint Didier de Bruyères-le-Châtel qui est la présentation de l'abbaye et couvent de Saint Florent, diocèse d'Angers. Le prieur Pierre des Forges, Robin Regnault, Mathurin Poussin marguilliers, Dom Jean de Vy, Dom Jean Baugeau, Colin Chevallier et beaucoup d'autres sont présents. Des plaintes des marguilliers et des habitants sont faites contre le prieur, disant que le luminaire de l'église est sa fondation, et le prieur prétend le contraire. Nous décidons que le seigneur prieur et les marguilliers compareront personnellement en justice le vendredi après Letare, à l'audience ordinaire du seigneur sur quoi ledit prieur tient tout le luminaire faisant partie de la fondation de l'église. De même les marguilliers sont passibles sous huit jours de produire une requête sous peine de 20 sols parisis d'amende. Il y a 40 paroissiens . Simone la Peletière est sage-femme. La fabrique possède un calice en argent et plusieurs bijoux en argent.
- De ce jour 1469, nous avons fait la visite de l'église paroissiale de Saint Didier de Bruyères-le-Châtel qui est la présentation de monseigneur l'évêque de Pris après la présentation du prieur. La visite faite en présence de Dom Ludovic Badin, curé, Robin Regnault et Mathurin Poussin marguilliers, Dom Jean de Vy, Simon Petit et plusieurs autres. Les sacrements sont bons. Le doyen s'acquitte d'une dette de 4 blancs.
Ainsi en l'espace de dix ans nous avons appris le nom de trois prieurs pour Bruyères. Que le second pour agrémenter son temps libre jouissait de sa servante...

En 1473, une autorisation est accordée à Richard Pressaley par François abbé de Notre-Dame de Pontlevoy, de changer de monastère. En 1477, Jehan de la Couture prieur de Bruyères soumet à l'approbation de l'abbé de Saint Florent la réception dudit religieux de Pontlevoy comme obédiencier de Saint-Didier de Bruyères.

En 1483, devant Jacques archiprestre de Saumur une procuration est donnée à Jehan de Tucé prieur commendataire de Saint-Didier de Bruèyères le Chasteau, pour résigner son bénéfice et l'échanger...

De nouveau en 1489, une procuration est délivrée entre religieux et permuter avec Guillaume Maurice prieur de Bruyères.

En 1497, une bulle du pape Alexandre VI porte réhabilitation pour Christophe Audayer, prestre au diocèse de Luçon, qui avait été investi frauduleusement.

La même année, René Louet, prieur de Bruyères, député par Louis abbé de st Florent, pour visiter les prieurs, déclara que la chapelle de l'église du prieuré de Beaulieu estoit mal en ordre, le logis du prieur mal entretenu et qu'on l'avait informé que les biens dépérissaient de jour en jour.

En 1502, Pierre Pivain, vicaire de l'abbé de Saint-Florent est chargé de visiter le prieuré de Bruyères, ceci en l'absence de Audoyer prieur.

L'histoire du prieuré semble décousue, il faut composer avec les rares documents trouvés. Cette fois en 1507, devant Dam & Doreau, notaires au chatelet, discrette personne Messire Mor Gebart, prestre vicaire du prieuré de Bruyères le chastel, au nom et comme procureur de Messire Christophe Audayer, prieur commendataire dudit prieuré de Bruyères, fondé de procuration devant le tabellion de Bruyères ayant le pouvoir de bailler ledit prieuré, donc baille à titre de ferme et loyer d'argent, jusqu'à neuf années, à Guillaume Chevillard et Pierre Goriot laboureurs demeurant à Groslay, ledit fief de Groslay ... moyennant trente six livres.

De nouveau en 1519, une bulle du pape Léon X est rédigée proclamant par une provision Claude Guy successeur de Jacques Galland au prieuré de Bruyères. La même année des travaux sont faits à l'abbaye: une souscription est faite pour la réparation du cloître et de l'infirmerie de Saint-Florent, le prieur de Bruyères est mentionné pour 100 sols.

En 1520, de nouveau à Paris est conclu le bail des fiefs de Groslay: Claude Guy, escolier étudiant en l'université de Paris, prieur du prieuré de Bruyères le chaste, jouissant et usant de ses droits si comme il disoit, lequel de son bon gré, confesse, en la présence et du consentement de vénérable & discrette personne maistre Claude Legrand, prestre chantre & chanoine de l'église st Germain l'Auxerrois, son cousin germain, avoir baillé à titre de ferme & loyer d'argent jusqu'à quatre ans, à Pierre Chevillant & Pierre Goriot, laboureurs demeurant à Groslay, lesdits fiefs, venant du testament de Marguerite de Bruyères, qui sont au nombre de quatre, ce bail fait moyennant 50 livres.

En 1544, le prieur se nomme Léonard Desfossez; il rencontre Jehan de Montqueron laisné, marchand demeurant à Bruyères, qui confesse devoir payer à noble et discrète personne Messire Léonard Desfossez, prieur commendataire du prieuré dudit Bruyères, la somme de 380 livres tournois venant des receptes de la ferme dudit prieuré pour le temps et espasse de sept années.

La même année, le prieur commendataire du prieuré de Bruyères le chastel, demeurant audit Bruyères conclue un accord avec Jehan de Gaignon seigneur de Saint-Bohaire (parents de Jehanne de Gaignon), concernant la seigneurie d'Aunonvillier en la paroisse d'Arthenay.

En 1547, extrait d'un acte de la série B relevons noble & discrette personne Mr Léonard Desfossez, prestre prieur commendataire du prieuré de Saint-Didier de Bruyères le Chastel ... L'acte difficile à déchiffrer n'apporte rien sur le prieuré.

 

 

Note

(1) Bruyères-le-Châtel avait en 1459 son église paroissiale qui existe encore, sous le vocable de Saint-Didier. Dans cette église, il y avait un prieuré. De plus il existait une autre église sous le vocable de Notre-Dame. Elle était renfermée dans le château fort. Cette église existe encore, mais elle a été transformée en maison particulière et porte aujourd'hui le nom de Château de Bruyères .