Les carrières de la Justice à Marcoussis |
|||
Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _----------------------- ------ Juillet 2011 Extrait des plans terrier de Marcoussis et de Nozay.JP Dagnot
Cette chronique est la première d'une série consacrée aux carrières de Marcoussis (1). Localisons les lieux en partant de deux plans terriers celui de Marcoussis et celui de Nozay. Dans l'angle en haut à gauche figure la représentation de la partie copiée sur le plan de Nozay. On voit sans ambiguïté les poteaux de justice de la seigneurie de Marcoussis. Le lien souligné permet de voir la vue satellite des lieux. Nous verrons par la suite qu'une de ces carrières se situait à l'emplacement des anciens poteaux de Justice de la seigneurie de Marcoussis.
Les lieux fin XVIIIe et début XIXe siècle Comme la plupart des poteaux de justice, ces derniers se trouvaient en limite de seigneurie et, à cette époque, étaient mitoyen avec la seigneurie d'Orsay. Un autre point à noter, ce lieu était traversé par le chemin de Montlhéry à Briis. Côté Marcoussis, la comtesse d'Esclignac possédait les bois qui englobent ces lieux, à l'exception de quelques parcelles. En 1786, l'une d'entre elles appartient à Jacques Dieu journallier demeurant à Villeziers, ce dernier vend à Pierre Garreau, laboureur demeurant au même lieu, soixante six perches un tiers de terres en friches, chantier de la pointe de la justice de Folleville, entre Courtin et Giraud. Notons que cette pièce tient également au chemin de Briis à Montlhéry et relève en censive de la dame de Marcoussis. La vente faite moyennant 100 livres francs deniers. En 1810, cette pièce de la pointe de la justice est transmise par Garreau à Guézard, à la réserve de l'usufruit, qui durera jusqu'au décès du vendeur en 1814.
Les premières carrières En 1840, les bois de la Justice au travers de la succession de la dame de Marcoussis , puis de la vente par Anthoine Hyacinthe Chastenet de Puységur, revenu d'exil, au marquis Eugène Louis de Salperwick, appartiennent à ce dernier.
Ce propriétaire, demeurant à Marcoussis, département de Seine-et-Oise, cède à Charles Marie Clérisse, entrepreneur de ponts et chaussées, demeurant à Palaiseau, le droit d'extraire, pendant vingt années, les grès, pavés, pierres qui pourraient exister sur: L'année suivante, le scénario se reproduit avec les mêmes intervenants, mais selon deux actes séparés: Nous avons donc deux entreprises exploitant des carrières de grès de part et d'autre du chemin de Montlhéry à Briis. Aujourd'hui ce chemin a disparu et l'accès ne peut se faire qu'en longeant les bretelles d'autoroute. Que se passe-t-il dans l'entreprise Clérisse? Trois mois après, ce dernier cède à Adolphe François Lemoine: En 1843, la carrière exploitée par Lemoine s'étend jusquà la parcelle appartenant à Etienne Guézard. Ce dernier vend une pièce de bois à la pointe de la justice, contenant 2425 m2 d'après les titres et 2702 d'après un arpentage, tenant au marquis de Salperwick, au ruisseau mitoyen et au chemin de Saint-Clair à Montlhéry. La vente est conclue moyennant 2370 frs. Comme nous le verrons dans la chronique sur les carrières des Fonceaux, en 1849, Clérisse fait faillite et l'union des créanciers fait vendre par autorité de justice les biens de cet entrepreneur. En 1851, l'autre entrepreneur François Adolphe Lemoine, propriétaire, et Mélanie Sadourny sa femme, demeurant à Paris rue de Varenne cèdent, une série de droits d'extraction, notamment à Bellebat, et au bois de la Justice, à Augustin Napoléon Petit, entrepreneur de fournitures de pavés demeurant à Nozay. Les droits présentement vendus ne sont pas détaillés ici plus longuement, Mr Petit déclarant connaître parfaitement leur assiette, leur étendue, leur importance, leur durée, les charges dont ils sont grevés, les réserves dont ils sont frappés, comme ayant surveillé et dirigé pendant longtemps l'exploitation des carrières de Bellebat & la Justice sous les ordres de Mr Lemoine, et comme ayant pris lecture des titres de concession de Mr Lemoine. Suivent les conditions d'exploitation, ne retenons que ce qui concerne la carrière de la Justice, la somme de 1.881 frs sera payée à la société Etienne de la Chaume et compagnie, sous la dénomination de comptoir d'escompte des entrepreneurs de bâtiments, actuellement en liquidation, ... Le même jour, Adolphe Lemoine & Mélanie Sadourny vendent au même Augustin Petit, une pièce de terre, partie bois, partie carrières, au lieudit pointe de la justice, contenant 2.425 m2 et 2.702 d'après arpentage, pris en l'état, moyennant 1.080 frs. Il s'agit de la pièce de bois de 1786. Le règlement également effectué aux liquidateurs Henri Ernest et Auguste Louis Thion de la Chaume... Les deux actes passés dans la même étude! Signalons que l'étude de la Chaume a déjà fait parler d'elle, lors de la fin rocambolesque du château du Plessis-Pâté. L'activité à la Folie Bessin devient plus restreinte. Les bancs étant sur leur fin d'exploitation. Notons l'arrivée d'un carrier qui travaille à l'échelle locale. Il s'agit de Prosper Werbeck, carrier domicilié à Gometz et demeurant depuis peu de temps à la folie Bessin. Nous sommes en 1856, Louis Leroux, cultivateur demeurant à Sain-Jean de Beauregard, lequel a par ces présentes vendu le droit d'extraire pendant cinq années consécutives, toutes les pierres meulières et autres qui peuvent exister dans 17 ares à Marcoussis lieudit la pointe de la Justice, tenant d'un coté au chemin de Briis. Le concessionnaire devra reboucher immédiatement les excavations le long du chemin. Le droit concédé moyennant 700 frs forfaitaires. Augustin Petit n'a pas gardé longtemps la concession pour terminer l'exploitation commencée par Clérisse Lemoine et Baron, car en 1856, Jean-Jules Balay de la Bertrandière, propriétaire, député au corps législatif, manufacturier, banquier, demeurantà Saint-Étienne , actuellement à Paris en son hotel à Chaillot, 113 Champs Elysées, étant ce jour à son chateau de la Ronce (2), a racheté au baron de Vauce, le domaine et les carrières existant sur ses terres. En 1861, il fait concession à Denis Roger, exploitant de carrières, demeurant à Palaiseau: En 1882, Louis Parfond, garde particulier, demeurant à la folie Bessin ou l'aventure, commune de Villejust, mandaté par Fanny Balaÿ, propriétaire demeurant au château de Sourcieux, veuve de Francisque Balaÿ, député, concède pour cinq ans à Jean Malardier, entrepreneur de carrières , demeurant au Gué: En 1887, Fanny Baläy, demeurant en son château de Sourcieux, Loire, vend à Evelina Roger, exploitante de carrières, veuve de Théophile Lapostolle, 12 hectares au bois des Carrés ou la Justice tenant au comte de Caraman ...
Localisation des poteaux de justice En reprenant le plan terrier de Marcoussis et son échelle, la distance de ces poteaux à l'axe de la route de Versailles donne 64 mètres; le même raisonnement avec le plan terrier de Marcoussis donne 45 mètres. La même analyse avec le plan napoléonien se situe entre ces deux valeurs à 58 mètres. Enfin en reprenant ce raisonnement avec le cadastre en ligne actuel de Villejust, cette distance est aussi de 58 mètres. On peut ainsi apercevoir au-delà du garage Renault des bois en forte pente, conséquence du re-nivellement de 1861.
Notes (1) L'extraction du grès pour le pavage des rues de Paris a été évoquée dans la chronique " Le détournement des eaux de l'Yvette n°4 ". Dès le début du XVe siècle, le grès était extrait dans le Hurepoix, en remplacement de la roche de Fontainebleau qui était jugée trop tendre. Il existait dans la vallée de l'Yvette plusieurs bancs de grès durs d'où les entrepreneurs tiraient autrefois une grande partie de leurs approvisionnements. Le bail passé le 21 février 1720 au profit du sieur Pierre Rivoy, maître paveur conjointement avec le sieur Jean Giffart, bourgeois de Paris, leur indiquait particulièrement ceux de Palaiseau, Saulx-les-Chartreux et Orsay. En 1756, des entrepreneurs parisiens s'établirent sur celui de Lozert et y étaient encore en 1790. Les carrières de Marcoussis étaient à ciel ouvert. D'une épaisseur allant jusqu'à un dizaine de mètres, le banc de grès, parfois affleurant le sol, était souvent enfoui à faible profondeur sous une couche d'humus, de marne et de pierres meulières. A la fin du XIXe siècle, l'activité des carriers était intenses à Marcoussis : « … un bon ouvrier peut par jour fabriquer une centaine de gros pavés, ou soixante dix à quatre-vingt piqués. Ils sont payés au mille, de 80 à 100 francs pour les ordinaires, 160 à 200 francs pour les piqués ». (2) En 1860, le banquier "de la Bertrandière" fait bâtir à la Ronce, une maison bougeoise à usage de rendez-vous de chasse (chronique à venir).
Ces sujets peuvent être reproduits " GRATUITEMENT" avec mention des auteurs et autorisation écrite |