La seigneurie de Saint-Cehour (1) (1274-1586) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------------- _------------------ --------- Février 2011
Extrait d'un plan terrier de Briis-sous-ForgesJP. Dagnot
Cette chronique vient compléter une précédente dédiée au château de Saint-Cehour qui deviendra par la suite le château de Courson. Elle se rattache également à celle dédiée à la famille Lemaistre.
Le premier document Citons en 1274, un amortissement accordé à « Martin de Vienne », seigneur de La Roue , et à Jeanne sa femme, par Ernaut de Bouglainval, chevalier et « Witace », sa femme, Jeannot de La Boissière , et Philippot Poquet « de Guissartei », écuyers, pour la vente qui leur avait été faite par « Oudin Macuel », de Bretonvilliers, écuyer, d'un cens sur des terres à « Saint-Caour », en la paroisse de Briis et de Fontenay-les Bruyères, et d'un pré à « Guissarrei, que l'en cleimme le pré à cens de Baleinviller ».
Les fiefs de Saint Cehour et Monthelou Un premier hommage est rendu au roy en 1496 par Gilles Spifame pour la moitié de deux fiefs appelés l'un Monteloup, l'autre Saint Cehours, mouvant de la chatellenie de Montlhéry. Le second rendu en 1498, pour le quart en la moitié de deux fiefs, l'un nomé Montelou, l'autre Saint Ceour, par Gilles Spifame, écuyer. Le troisième, l'année suivante, toujours par le même, pour la moitié indivise et un quart de l'autre moitié de deux petits fiefs, sis l'un le fief de Montelou, l'autre Saint Cehours. Ensuite commencent les erreurs recopiées Sauval, puis l'abbé Lebeuf, Malte-brun, et d'autres qui ne vérifient pas leur source et qui déclarent Geoffroy Lemaistre détempteur. Ce qui est gênant c'est qu'en 1527, " nostre amé Jaques Chandelier, nous a ce jour dhuy fait les foy et hômage qu'il estoit tenu de faire pour raison de la moitié par indivis et d'un quart en l'autre moitié de deux petits fiefs séant en la chastellenie de Montlhéry en la paroisse de Briis, l'un nommé Montelou et l'autre Saint Cour tenu et mouvant de nous à cause du chastel de Montlhéry, auxquels foys & hommages nous l'avons reçu... Combien de temps ce Chandelier est-il resté?
Saint Cehour sous Gilles Lemaistre
Gilles Lemaistre épouse Marie Sapin en 1525. Sans avoir retrouvé le contrat de mariage, et si Geoffroy Lemaistre avait possédé Saint Cehour, il l'aurait donné à son fils, et à cette occasion, la foy et hommage au roy aurait été faite par Gilles Lemaistre. Ce qui est sûr, c'est que dans un acte des années 1560, sont présents, le président Gilles Lemaistre, son épouse et Jehan Clavyer prestre chappelain, les premiers évoquent leur arrivée à Saint Cehour, lesquelles parties disant qu'en l'année 1534: Apparemment les informations trouvées par l'abbé Lebeuf n'étaient pas les plus anciennes, il a sept ans de retard quand il cite 1541 pour l'érection de la chapelle. On peut raisonnablement penser que l'acquisition des deux fiefs par Gilles Lemaistre a eu lieu peu de temps auparavant. Fervent croyant, l'édification de la chapelle à son arrivée à Saint Cehour est certainement un point retenu par les historiens de l'époque. Voyons maintenant les acquisitions faites par Gilles Lemaistre qui commencent également en 1534. L'énumération serait longue et fastidieuse, le document de référence comporte plus de 400 articles dont environ 300 mentionnent des terres. Le nouveau seigneur va acheter systématiquement, parcelle par parcelle jusqu'à la fin de sa vie. La suite du récit se limitera à indiquer le nombre annuel des acquisitions ou des échanges: Fin 1557, Gilles Lemaistre et Marie Sapin font une donation à leur fils aîné Jehan. Ce dernier, à cette époque porte déjà les titres de noble, advocat en la cour de parlement, conseiller et maistre ordinaire des requestes de la Reyne. Les intervenants font de leur bon gré les choses quy ensuivent: les parents font donation jusqu'à la quarte génération au préjudice des masles, les fiefs terres et seigneuries dudit Saint Cincehour et Montelou ... Ledit lieu et fief de Saint Cehour qui se consiste en : Sur Paris, Gilles Lemaistre, chevalier, premier président en sa cour de parlement, ... baille en 1560, une maison, gallerye et jardin à Saint Germain des prés moyennant la moitié des fruits qui viendront et 30 lt de loyer annuel. Il vend également, un arpent et demi à Montlhéry proche le Boullay, moyennant 80 lt. L'année suivante, il baille à Denys Rubentel, avocat, un maison à l'angle de la rue des Mathurins et de la rue des Massons, à l'opposite de l'hostel auquel le sieur demeure, que le seigneur avoit naguères fait construire et eddifier de neuf pour luy , taxé et cottisé pour le regard des fortifications de cette ville de Paris... oultre moyennant le prix et somme de sept vingt livres de loyer... La même année, il finalise la rétribution du chapelain qui officiera à Saint Cehour et rappelle la fondation de la chapelle Saint Claude, comme l'a décrit la chronique sur le château . Les erreurs sur la date de création n'ont pas encore été corrigées. Jusqu'à la fin de sa vie il poursuivra l'embellissement du château, pavage des allées, adjonction d'un pavillon avec une chapelle proche sa chambre. Il continuera également a : En septembre 1562, Gilles Lemaistre sent sa fin proche, il fait rédiger ses dernières volontés: à présent atteint de maladye estant assis dedans une chaise en l'estude de son domicile à Paris, rue des Massons, touteffois saint de pensée, ... (formules classiques) puis une partie en latin, ... par la forme et manière qui ensuit:
Réduction en terre cuite qui figurait sur son monument funéraire aux Cordeliers.
En 1565, Marie Sapin fait un marché avec deux maistres vitriers et bourgeois de Paris, Jacques et Nicolas Pinegriers, frères, pour la fourniture d'une vitre nouvelle en la chapelle du Saint Esprit du couvent des Cordeliers où le deffunt Gilles Lemaistre est inhumé. La vitre comportera trois jours, chaque jour quatre personnages, et au dessous de ces derniers cinq armoiries selon les blasons que fournira ladite dame... fournir toutes ces choses moyennant le prix et somme de 11 escus sol. La même année, Marie Sapin hérite en partie des biens de son frère Baptiste Sapin...
Saint Cehour à Jehan Lemaistre En 1558, suite à la donation de la seigneurie par ses parents, le nouveau seigneur officiel rend l'hommage des fiefs, terre et seigneuries de Saint Cehours & Monteloup, mouvant de Montlhéry, ... rendu par Jehan Le Maître, conseiller et maitre des requestes ordinaire de la reine, donataire desdites terres. La famille Lemaistre s'installe dans la région, Julien Lemaistre chanoine de Tours et frère de Gilles Lemaistre est le curé de Briis, ce qui a peut être facilité l'érection de Cincehour en paroisse. En 1561, Gilles Lemaistre ne doit pas avoir une entière confiance en son fils aîné, il lui demande ainsi qu'à son épouse Catherine Herbelot de renoncer à toute action envers ses parents, tant par leur contrat de mariage, ... et en récompense faite par ces derniers audit Jehan Lemaistre leur fils et Gilles leur petit-fils de la terre et seigneurie de Saint Cehour et Monthelou et aussi la grande maison assise en ceste ville de Paris. Cette remarque apparaît également dans le testament du président. En 1564, Jehan Lemaistre vend le fief de Boutervilliers lui venant des biens de sa femme. Contrairement à son père, il perd une constitution de rente sur Saint Maurice, est en litige avec des biens venant de sa femme. Il porte à cette époque les titres de seigneur de Saint-Cehour & la Bretesche. Quatre ans après, il fait échange avec Loyse de Hacqueville qui représente son mari seigneur de Soucy. Jehan Lemaistre cède 48 arpents à Soucy, en contre échange la dite dame transporte 3 arpents et des rentes... Le besoin d'espèces persiste. Notons son remariage en 1579 avec Roze de Lespine. La promise, âgée de 25 ans, a perdu ses parents : usant et joyssant de ses droits franchises et libertés, ainsi quelle a dit... Sont présents du côté du mari, sa tante maternelle Gabrielle Sapin, ses soeurs Marthe et Geneviève, du côté de l'épouse le tuteur et sa soeur. L'épouse apporte les biens qui lui reviennent de la succession de ses parents... Pour les historiens, il s'agit d'une amourette, nous allons voir que la réalité montre des dernières volontés plus surprenantes... Le grand amour ne dure que quelques années, Jehan sent sa fin proche. En juillet 1585, il transporte à Jehan, son fils puisné, émancipé & à damoiselle Roze de l'Espine, sa femme, par don irrévocable entre vifs, 416 escus de rente venant du décès de feu noble & discrette personne Nicolas Lemaistre, son frère, vivant prieur de Choisy, venant du partage fait avec Geneviève et Marthe Lemaistre ses soeurs... Jehan doit être âgé au plus de cinq ans. Six mois plus tard, il pense que cela ne suffit pas et commet la donation qui suit: ... naguères conseiller du roy, ..., demeurant rue des Massons , lequel pour la très grande affection et dilection qu'il porte de jour en jour à Jehan Lemaistre son fils puisné, et émancipé, afin de lui donner à l'advenir ung honneste moyen de vivre, considérant aussi les advantages faicts à Gilles Lemaistre son fils aisné, seigneur de Ferrières, par le deffunt de bonne mémoire Gilles Lemaistre, premier président... a ledit seigneur Lemaistre de son bon gré, tant à la donation faicte en juillet 1585, donne, délaisse et transporte à toujours par vrai don irrévocable fait entre vifs à Jehan son fils puisné et aux autres enfants qui pourraient naître du donateur et de Roze de Lespine sa femme, ladite stipulant pour eulx la moitié de tous les biens luy appartenant, meubles bestial, ..., qui se trouveront au trépas du donateur tant à Paris qu'à Cincehour et Ferrières... On peut penser que les rapports avec l'aîné ne sont pas des meilleurs, notons également que ce dernier n'était pas présent au remariage de son père. Début 1586, nous sommes en pleine guerre de religion, Roze de Lespine, authorisée par son mari, demande à Jehan Lausson demeurant à Montlhéry, de placer ce dernier comme capitaine et garde de leur chasteau de Cincehour, et également pouvoir, pour poursuivre, recevoir, les grains, rentes estant en leurs seigneuries de Cincehour et Montelou ... Rappelons que ce personnage fut les années précédentes, capitaine du château de Marcoussis. Pour terminer cette chronique, citons deux baux rédigés à Paris le 5 novembre 1586. Ils sont passés par le notaire parisien entre un laboureur de Fontenay-les-Briis et le feu seigneur Jehan Lemaistre! La quinzaine suivante, la veuve demandera l'inventaire après décès des biens de Jehan Lemaistre, au nom de son fils mineur. L'autre fils, Gilles, viendra pendant l'inventaire, les parties étant visiblement en froid. À suivre…
Notes (1) Hommages rendus à la chambre de France, prévôté et vicomté de Paris (Léon Mirot). (2) Les minutes de ces notaires ne nous sont pas parvenues, à cette époque peu de documents existent.
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