Le Chênerond à Marcoussis (1100-1600) |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis------------------ ----------------ajout janvier 2011- Juin 2010 Extrait du plan terrier de la comtesse d'Esclignac (source avant tranfert aux AD91)JP. Dagnot
Cette chronique se propose de narrer l'histoire d'un domaine sis à Marcoussis (Essonne) au sud de l'ancien monastère des Célestins .
Le classique document ancien La charte LXXVII du cartulaire de N.-D. de Longpont, rédigée vers 1100, mentionne que , Bertrand fils d'Odon, prenant l'habit de moine au prieuré de Longpont donne à Dieu une hostise tenue par Androld fils de Bernold à Marcocias au Burco medio et toute la dîme de Lachieinrem . « Burco medio » est le hameau central de Marcoussis où l'on trouvait l'église paroissiale. Dans son dictionnaire géographique, Marion parle de « Lachieinrem ou la Chiein Rem » en ces termes «… nous supposons que ce nom barbare, mal transcrit par le scribe du Cartulaire, qui n'avait pu déchiffrer convenablement le texte de la charte originale, doit s'appliquer à la ferme appelée le Chêne-Rond ou Chênerond ».
Le Chênerond au XVIe siècle Comme à l'accoutumée, les faits concernant cette période sont un ensemble de phrases extraites de documents, qui, pour la plupart du temps ne concernent pas directement le domaine. L'analyse systématique d'un ensemble de documents utilisés pour la chronique sur Beauvert apporte les éléments suivants classés par personnages, puis chronologiquement: - Denis Benault, marchand demeurant au Chesne Rond. Un acte de fin 1528, en forme de renonciation est retenu par le fait que Jehan Quelin, laboureur de Marcoussis, renonce à toujours au proffit de Denis Benault son gendre, marchand au Chesne Rond d'ung arpen ung tiers de pré en deux pièces assises au Chesne Rond : - Jehan Ferrant. A la fin 1529, Pierre Houllier, aagé de 22 ans, usant et jouissant de ses droits, recongnoit avoir vendu à Loys Blanchard, vigneron, tous les droits a luy advenu par la succession mort et trépas de feu Jehan Ferrant jadis son oncle tant en maison, terre pré ... biens quelconques situés et assis au Chesne Rond que environs... moyennant la somme de 12 lt. Ledit Blanchard revend ces droits le lendemain à Guilmain Guedon marchand audit lieu. Malheureusement pour nous aucun détail n'est fourni. - honneste personne Jehan Monnetier, marchand demeurant au Chesne Rond achète 4 arpents 7 quartiers de terrre labourables au chantier de la vallée Huot à Pierre Leconte marchand laboureur demeurant à Loppigny . Notons comme tenant à la pièce, Jehan Petit de Maison Rouge, et que Loppigny (aujourd'hui hameau disparu) est habité par un marchand. Nous sommes en 1527. - Anthoine Monnetier, commissaire de par le roy nostre sire, au règne et gouvernement des terres et seigneuries de Marcoussis, Guillerville agit de concert avec Guy du Mesnil escuyer seigneur dudit lieu, ils donnent pouvoir à Jehan du Bouchet pour être leur procureur. Ce dernier, également procureur du seigneur de Marcoussis, lui achète les droits de lods et ventes moyennant 100 escus. Cette somme équivalent à 300 lt est importante, Monnetier et Dumesnil, préfèrent que leur interlocuteur soit du Bouchet et non René d'Illiers dont ils se méfient connaissant sa réputation. Dans le deal, ledit du Bouchet leur promet de rendre bon compte et reliquat au seigneur de Marcoussis. Cet acte est rapporté pour montrer l'importance d'Antoine vis-à-vis de son frère Jehan, marchand au Chesnerond. Ceci se passe au début de 1528. De ces quelques documents, nous pouvons affirmer que le Chesne Rond est habité par des marchands. Nous retiendrons que les frères Monnetier et notamment Jehan, sont les plus influents. La femme revendra en 1549, 20 arpens en une pièce. Relevons également qu'en l'espace de 20 ans Jehan le marchand qualifié d'honorable personne deviendra noble homme. C'est probablement pendant cette période que le domaine du Chesne Rond se créera. Une vente faite en 1533, par Savary de Franqueville aux Célestins de Marcoussis, de plusieurs pièces de terre au champtier des corvées, mentionne dans les tenants et aboutissants, le chemin de Beauvairs au Chesnerond. Puis en 1549, Damoiselle Katherine de la Ryvière, veuve de feu noble homme Jehan Monnetier, demeurant au Chesne Rond, confesse avoir vendu à Jacques Symonnet laboureur à Marcoussis, c'est à savoir 20 arpens en une pièce de terre contenant 5 arpens au champtier dit la Vallée tenant à ladite La Ryvière, d'un bout aux taillis du monastère, d'autre bout aux hoirs aux hoirs de la feme de Jehan Petit de Maison Rouge, d'autre à ladite veuve, luy appartenant du conquest avec son deffunt mary en censive du seigneur de Marcoussis chargé de 12 deniers par arpen. Cette vente faicte moyennant la somme de 18 lt. Ce document permet d'affirmer que le lieu du Chênerond appartient à des gens aisés et nobles et qui d'après les patronymes, ne font pas partie des familles de la région. Trois ans après, une autre vente est faite par Nicollas Delahoue, charretier, et Nicolle Dupuis, sa femme, demeurant au Chesne Rond, paroisse de Marcoussis. L'acheteur n'est autre que Pierre Lemaistre, notaire et secrétaire du roy, greffier en sa chambre des Comptes à Paris, et seigneur de Beljambe. Il s'agit d'un demi-arpent de terre. Signalons enfin en 1565, une vente de terre au chantier du Chesne Rond, appartenant à la famille Guymart. En 1572, un mariage se conclut en la ville de Coignac du ressort de Limoges . Pierre de la Bussière, fils naturel & légitime de feu Dupuis de la Bussière, procureur en la chatellenie de Magnac et d'Anne Seruy ses père et mère d'un part, et honneste femme Ambroise de Lives, veufve de feu Mr Denys Barmon, advocat en la court de parlement à Paris, fille naturelle et légitime de feu Jehan de Lives, controlleur des guerres et de feue Germaine du Brichon, demeurant en la ville de Paris, ladite Ambroise de Lives à présent en la ville de Coignac d'autre part, lesquelles parties pour faire passer et accorder le mariage desdits... c'est un contrat classique les parties communs en biens par moitié, meubles et immeubles, .... en cas de décès, le survivant prendra la somme de 1.000 escus dor soleil ... Ce document est enregistré à Paris la même année au registre des insinuations du Châtelet. Notons les 1.000 escus qui représentent une somme non négligeable. Au premier semestre 1574, une saisie est faite au terroir de Marcoussis: Mr René Capperon, procureur de noble homme Charles Gastenay, conseiller du roy et auditeur en sa chambre des comptes, poursuivant les criées des héritages cy après déclairés, envers Guillaume Maillard, escuyer sr du Plessis, Dans une vente de deux arpents de terre, par Jehan Pinoteau à Anne de Courcy, veuve de Pierre Lefèvre, receveur de Monsieur de Montagu, le nom de Pierre de la Bussière apparaît comme l'un des tenants de ladite pièce . Cette simple information, permet d'affirmer qu'entre 1574, année de la saisie, et 1577, année de la vente des deux arpents, le Chesnerond a changé de mains et que Pierre Delabussière a acheté le domaine. La consultation détaillée du registre des déclarations de cens faites au seigneur de Marcoussis de 1580, qui, bien que partiel, est largement source d'information . Détaillons en premier les documents directs : Ces éléments montrent que la propriété est déjà constituée, le corps d'hôtel et l'enclos correspondent au plan terrier du XVIIIe siècle et que, contrairement aux croyances éculées, les terres de la région, notamment à Marcoussis, sont partagées entre de nombreux propriétaires. Le couple s'est installé et les religieux Célestins font appel à Pierre Delabussière pour effectuer la couppe de leurs boys taillis. Ainsi, vénérable & dicrette personne, frère Hiéraulme Pizier prestre religieux célestin confesse avoir vendu à honorable homme Pierre de la Bussière, marchand demeurant au Chesnerond, paroisse dudit Marcoussis, acceptant, la couppe de vingt arpents de boys taillis .... moyennant la somme de douze escus d'or soleil pour chaque arpent... En 1584, Ambroise de Livres est assassinée. Rappelons l'histoire du procès qui s'ouvre au baillage de Marcoussis en raison du pouvoir de haute justice de François de Balsac, seigneur d'Entragues et dudit lieu. Le procureur de mestre Pierre de la Bussière est présent et le bailly local instruit l'affaire. Ce procès se poursuit en appel à la cour du palais à Paris. Le dénommé Symon Girard est alors amené aux prisons de la conciergerie. Le chef d'accusation: " homicide par luy commis sur les personnes déffunte Ambroise de Livre, femme du sieur Pierre de la Bussière, et d'Estiennette Guidon, également vollé la maison de son mestre et voyes de fait ". Nous ne connaissons que la sentence: " la cour du parlement de Paris condamne ledit Girard, à demander pardon à Dieu, au roy, de faire amende honorable, d'estre mis en chemise avec au poing une torche de deux livres, d'avoir le poing dextre coupé, ses membres rompus et brisés jusqu'à mort s'en suive ". La suite se déroule à Marcoussis, le samedi 12 may 1584, Yves Robert, bailly de la terre et seigneurie et baillage de Marcoussis ordonne l'exécution de la sentence. Le criminel est amené des prisons de la conciergerie de Paris à celles de Marcoussis par Jehan Rousseau, exécuteur de haute justice de la ville et prévosté et vicomté de Paris. Il confie ledit Girard à Mesnager, son commis, pour appliquer la sentence. Ce dernier sort ledit Girard des prisons du château pour le conduire devant la principale porte de la maison du Chesnerond, en présence de son confesseur, le curé de Marcoussis, lui redemande la façon dont il a fait ses homicides, vol et voyes de fait, mentionnés au procès criminel. Le coupable déclare derechef qu'il estoit seul et qu'il n'a point volé les dites choses. " Au Chesnerond, devant la grand porte de la maison dudit de la Bussière, en exécutant par ledit Mesnager, commis dudit Rousseau, l'arrest du parlement, a couppé le poing dextre dudit Girard en présence d'ung grand nombre d'hommes de femmes et d'enfants ". Ensuite Symon Girard est conduit par ledit commis au marché et lieu public dudit Marcoussis, on lui demande de faire amende honorable, il est " oy comme dessus, et fait déclaration pareille que celle cy dessus, en présence de Richard Brizard prêtre curé dudit Marcoussis ". Ledit commis exécuteur mène ensuite le condamné "sur ledit eschafaulx dressé en la dite place publique, ayant étandu iceluy par ledit commis, ses membres brisés rompus jusqu'à ce que mort s'ensuive, ensuite ce fait, l'avons attaché, son corps mis sur une roue plantée joignant ledit eschafaulx pour y estre vingt quatre heures ainsy quil est déclaré par une lettre de santances". Et le lendemain, " treizième jour dudit moy de may, par ledit Mesnager, commis de Mestre Jehan Rouzeau, transporté la roue et le corps dudit Girard au dessus du carrefour dudit Chesnerond, sur le chemin qui tend de Montlhéry à Bryères, à y estre assise plantée pour y demeurer tant qu'il pourra ...et ce fut fait les jours & moy que dessus ". Signalons une sentence prononcée à Montlhéry qui aurait donné acte au procureur du roy et consenti que Mr d'Entragues comme seigneur de Montlhéry et non comme seigneur de Marcoussis prêne par droit de batardise et déshérence la succession de la femme assassinée au Chenerond en faisant néanmoins faire inventaire desdits effets par les officiers de Montlhéry. Il est peu problable que cette sentence fut suivie d'effet en raison du contrat de mariage déposé au registre des insinuations du Châtelet de Paris qui déclarait les époux communs en bien. Notre personnage est entré au service du seigneur de Marcoussis , et, en 1584, honorable homme Pierre de la Bussière demeurant à Marcoussis, receveur et au nom du seigneur d'Entragues s'est transporté devant Jehan Lausson demeurant à Montlhéry, naguères capitaine pour ledit seigneur d'Entragues à son chasteau de Marcoussis, lequel il a interpelé pour lui demander s'il veut entretenir le compromis passé avec ledit seigneur d'Entragues et s'il se satisfait des clauses ... l'accord fait excepté la somme de cent escus qu'il a donné à Bening fidèle serviteur dudit seigneur... L'année suivante , Pierre de la Bussière, procureur et recepveur de hault et puissant Messire Charles de Balsac, chevalier des deux ordres du roy,..., baille à titre de pur chef cens, une petite pièce de terre près du marché de Montlhéry... Il agit en représentant Charles de Balsac, seigneur engagiste de Montlhéry ... De ces deux actes notre personnage apparaît comme l'homme de confiance du seigneur de Marcoussis.
Pierre de la Bussière et Marie Lebel En 1585, nous retrouvons notre veuf qui entre temps s'est remarié avec Marie Lebel. Il exerce également l'exercice de greffier des tailles à Marcoussis et y demeure. L'acte est important et se passe à Paris. L'autre intervenant n'est autre que le maître d'hôtel du seigneur de Marcoussis, André de Béning. Ce dernier achète huit escus et vingt sols de rente annuelle & perpétuelle, adossés au lieu qui nous intéresse :
L'année suivante , la scène se répète cette fois à Montlhéry. Notons simplement les écarts de texte. Les bâtiments sont cette fois plus détaillés maison, granches, estables, vollière, couvert de thuilles et chaulmes court jardin, contenant en fond de terre 10 arpents. Les terres, vignes, ..., sont décrites différemment et par rapport aux voisins cités dans le registre censier, on peut ajouter Guillaume Constant, Ollivier Guenon. Il procède également à des échanges de terres avec Anne de Courcy, demeurant à la Roue. Il doit être reconnu pour son sérieux et ses compétences. Après les célestins, un bourgeois de Paris, honorable homme Jehan Jarry, demeurant de présent en la ferme du Déluge appartenant à Messire le grand prieur de France d'une part , et Pierre de la Bussière, sieur du Chesnerond demeurant audit lieu du Chesnerond, paroisse de Marcoussis, lesquelles parties confessent avoir fait entr'elles et obligations quy ensuyvent, ledit de la Bussière promet de labourer ou faire labourer, cultiver, ensemencer toutes les terres que ledit Jarry tient du grand prieur dépendant de ladite ferme, qui font la tierce partie dicelle par solles, pendant deux années. Ledit Jarry promet de fournir la moitié des grains qu'il conviendra pour semer lesdites terres, Jarry prendra à son proffit la moitié des fruits qui viendront sur lesdites terres. partageront les bastiments, iccelluy Jarry prendra ceux qu'il a accoustumé de joyr, les autres au proffit dudit Delabussière ... Jarry laisse également la récolte de cette année, pendant par les racines, moyennant dix muyds de grains. Le couple semble vouloir jouir de ses biens. Ils continuent de "vendre leur domaine" en constituant une fois de plus, en 1588, au même André de Béning, cette fois 16 escus d'or de rente annuelle & perpétuelle sur le même domaine. La vente étant plus conséquente, Marie Lebel met en garantie la moitié d'une maison à Paris rue Saint-Antoine où pend l'enseigne "le lion d'or" , une autre à Montfort Lamory. Ils reçoivent 200 escus d'or soleil. En 1589, deux marchands font entre eux un état de leurs comptes. Il s'agit d'honorable homme, Philbert Richer marchand de Montlhéry, d'une part et de Pierre de la Bussière, marchand demeurant au Chesnerond, lesquelles parties font aujourd'huy les comptes de tous les deniers qu'ils ont sur les tailles et taillons de la ferme du Déluge pour l'année 1588. Le détail n'offre aucun intérêt, par contre l'apparition de Richer l'est plus comme on le verra par la suite... Signalons pour mémoire que les seigneurs de la Roue possèdent encore en 1590, au moins 40 arpents boys taillis au chantier du Chesnerond. Ce fait est confirmé par une vente de coupe de bois. En 1592, un acte curieux est passé entre Marye Lebel, et son époux Pierre de la Bussière, devenu seigneur du Chesnerond, demeurant à Marcoussis, et André de Bening et Catherine Dupous demeurant aussi à Marcoussis. La confiance ne règne pas on redemande à Marie Lebel de confirmer tous les constitutions de rente attachées au Chesnerond. Il est sous entendu que ladite Marie n'aurait pas été majeure à l'époque des premières. La signature de Delabussière devient tremblante! C'est le dernier acte où ce personnage apparaît vivant. À suivre ...
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