L'origine des " DAGNOT "

JP. Dagnot -Marcoussis------_________________----------- _------------------------------------- Mars 2010

ajout avril 2010

Extrait d'un Atlas des AD de la Charente (1C93)

 

 

Prologue

Qui aurait pu penser que l'auteur, rébarbatif à l'écriture, se mettrait à disserter sur ses ancêtres !

C'est peut-être l'attrait tardif pour l'histoire locale, notamment la période révolutionnaire, qui a été le déclic de la recherche de mes ascendants.

Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont apporté des informations, notamment Alain Braastad de Jarnac. Je dédie cet essai à mes parents, qui je pense, auraient aimer connaître leurs racines.

 

 

Les origines charentaises

Un bref rappel historique permet de mieux situer le cadre.

L'Angoumois, puisqu'il s'agit de cette province, a été visité par Calvin entre 1533 et 1534 et ses idées ont été diffusées à partir de cette époque dans Angoulême et ses environs. Les églises réformées étaient organisées dans des localités telles qu'Angoulême, Cognac, Jarnac, Barbezieux....

Les guerres de religions, dont bon nombre se déroulèrent dans la région, causèrent des ruines: Angoulême fut prise et occupée par les protestants en 1562 et entre 1568 et 1570. Le 13 mars 1569, non loin de Jarnac, eut lieu entre les troupes royales et les réformés, le combat où Condé trouva la mort.

Après 1598 les églises réformées s'organisèrent dans le cadre de l'édit de Nantes, catholiques et protestants coexistèrent pacifiquement pendant quelques dizaines d'années.

Nous arrivons à l'époque de la Fronde qui a certainement eu des conséquences sur le devenir des Daniaux. Nous sommes en octobre 1651. Des extraits tirés d'un ouvrage d'Alphonse Jaillet illustrent la vie sur la Charente:

- des lettres patentes de la cour déclarent coupables de haute trahison les princes et leurs partisans s'ils n'avaient pas fait leur soumission avant un mois (octobre).

- Puis la cour se dirigea sur Poitiers, où elle s'établit au commencement de novembre, pendant que le comte d'Harcourt s'avançait vers la Charente, avec quelques milliers de soldats, qu'on avait demandé à l'armée du nord...

- Déjà les la Trémoille, et les la Force avaient entraîné une grande partie du Périgord, de l'Angoumois et de la Saintonge; le comte du Doignon s'était pareillement prononcé pour Condé.

- L'activité de la cour parvint à rétablir l'équilibre: le baron d'Estissac, de la maison de la Rochefoucault, avec mille gentilhommes de l'Angoumois se rendit à Poitiers auprès du roi, pour donner leur soumission.

- Harcourt fit lever le siège de Cognac que les frondeurs, déjà maîtres de Saintes et de Taillebourg, voulaient également prendre; Condé lui-même, après avoir de Tonnay-Charente organisé la défense de cette rivière, en laissant des garnisosns à Saintes et Taillebourg, avait été contraint de se replier sur la Gironde et la Dordogne.

- Les ruines de Saintes peuvent montrer ce qu'on appelait mettre une ville en défense: Chambon que Condé avait fait gouverneur de la place, afin de rendre l'attaque plus difficile, fit mettre le feu aux faubourgs.

- La province fut aussi éprouvée que la capitale: les impôts de toute nature, les garnisons et le passage des gens de guerre ruinèrent tellement ce petit pays, que dans plusieurs localités les habitants furent forcés de déserter leur foyer, et daller chercher ailleurs une existence moins malheureuse.

- Les petites villes de Tonnay-Boutonne et de Taillebourg, entre autres, tombèrent dans un état d'épuisement et de solitude dont elles ne se sont jamais relevées. Ces barbares exécutions hatèrent la soumission de toutes les villes au dessus de la Charente, dès qu'Harcourt se présenta devant elles.

Pendant les décennies suivantes, l'application restrictive de l'édit se transforma progressivement en persécution. Le système des dragonnades fut utilisé à partir de 1682.

La branche des Daniaux à laquelle j'appartiens est d'origine protestante. Elle a abjuré via Jacques Daniaux, né vers 1671 lequel a quitté Jarnac pendant ces derniers troubles à une date inconnue. On le retrouve en 1698 à La Ferté-Gaucher dans l'Eslection de Colommiers (Coulommiers). L'appartenance à la religion reformée est avérée par un seul document: la naissance de Suzanne soeur de Jacques, sur une phocopie d'un registre en 1674.

 

 

Les premiers DANIAUX

Le plus ancien document mentionnant ce patronyme se trouve aux Archives Nationales. Il s'agit d'un aveu datant d'avril 1409, fait au roy à cause de son château de Taillebourg, où Jehan de Contessin, chevalier, déclare un certain nombre de lieux qui sont au port de la Pierre, sur la Charente. Parmi ceux-ci retenons celui qui nous intéresse, un hébergement et appartenance aux Daniaux ... Ce chevalier déclare après ses possessions, ses rentes et droits et parmi ces derniers, nous voyons sept sols que doivent les Daniaux ...

 

Aveu de Jehan Contessin au port de la Pierre

 

Taillebourg se trouve sur la Charente, à quelques lieues au nord de Saintes. Nous verrons que la suite de ce récit va se situer le long de ce fleuve, sur une cinquantaine de kilomètres. Au XVIIe siècle deux familles portant ce patronyme existent à Jarnac, l'une catholique liée au travail de la terre, l'autre protestante avec des activités dépendant de la rivière.

 

La Charente entre Taillebourg et Angoulême.

 

Comme pour la plupart des récits, les informations sont rares aux XVe et XVIe siècles. Le patronyme apparaît de nouveau en juillet 1615, avec un nommé François Daniaud, gabarier. Il habite Jarnac au faubourg Saint-Pierre et ne sait pas signer. Une seconde fois, en 1648, toujours sur la Charente, il est question de Jacques Daniaud, exerçant le métier de passagier.

En 1662, dans les registres de la justice, un procès a lieu entre deux propriétaires de gabarre. Jean Daniaud, mattelot, est tesmoing dans un heurt de gabarre. Au cours du choc toute l'eau de vye fut perdue. Il est interrogé et déclare quatre mois plus tard :
"J
ean Daniaud, mattelot demeurant en la ville de Jarnac, agé de 28 ans ou environ, assigné , moyennant le serment par luy faict de point congnoistre les partyes, ... vit dessendre à toutes voiles icelluy dudit Millarceau, lequel avoist le van de costé, et vint fondre sur icelluy dudit Girard, lequel marchoist le plus proche du bord qu'il pouvoit et fut heurté sur le devant par le derrière du batteau dudit Millarceau lequel fit reculer icelluy dudit Girard de sa longueur ...

a déclaré ne savoir signer."

En 1687, Jehan II Danyaud passagier et Marie Cormenier quittent le bail du passage par eau de Jarnac:
" par devant le notaire soussigné, et témoins ci après nommés, furent présents Messire Jacques Alexis, sieur de Lachaume, sénat & juge de la présente ville, faisant pour très haut & très puissant seigneur, Messire Guy Henri Chabot, chevallier, Comte de Jarnac, marquis de Soubran, seigneur de Marouattes & Lion, Semoussac, Sémillac et autres places, conseiller du roy en ses conseils et son lieutenant général en province de Saintonge et Angoumois, demeurant ledit sieur deLachaume en ladite ville de Jarnac d'une part, et Jean Danyaud, passager et Marie Cormenier sa femme de luy duman authorizée pour l'effet des présentes, demeurants en ladite ville de Jarnac, d'autre part, entre lesquels a été dit que lesdits Daniaud et sa femme se seroient rendus fermiers judiciaires du passage par eau et péage et plassage par terre de ladite ville de Jarnac appartenant à Mondit seigneur Comte pour le temps et espasse de trois années qui auroient commencé à la Saint Jean Baptiste de l'année 1685, lesdites fermes pour le prix et somme de 500 livres pour ledit passage et de 67 livres pour le péage et plassage par chacun an payable par quartier à la fin de chaque quartier, touttefois souls les conditions portées audit bail qui est en date du 27 juin 1685, signé Maurin greffier, desquels passage & péage & plassage par terre, lesdits Daniaud et sa femme ont déclaré en avoir toujours jouy du depuis jusques à ce jourdhuy, qu'ils ont prié le sieur de Lachaume faisant pour Mondit seigneur de voulloir consantir le résilliman dudit bail et ferme ce que ledit de Lachaume leur a accordé et de fait lesdites parties de leur bonne vollontés ont résilly audit bail de ferme dudit jour 27 juin 1685, veullent et consentent qu'il demeure pour nul & de nul effet pour l'advenir et que par ce moyen ledit sieur de Lachaume audit nom dispoze des aprésent et cy après desdites fermes du passage par eau et péage et plassage par terre comme bon luy semblera, & à cet effet luy ont remis les bateaux en dépendant, desquels batteaux néamoins prisée sera faite par maistre charpentier & gens à ce congnoissant pour raigler de la plus ou moings valleur qu'ils estoient lorsque lesdits Daniaud et sa femme ont entré en ladite ferme afin que la diminution quy se trouvera sur iceux au cas qu'il enaye soit payée avecq le restant du prix de ladite ferme et d'autres années précédentes ledit bail de 1685 que lesdits Daniaud et se femme doivent audit Mondit seigneur desquels après la prisée desdits bateaux, ils viendront à compte & seront tenus d'en faire le payement en deniers ou quittance tout ce que dessus a été ainsy voullu, stipullé & accepté et a l'effet et entretien , ils ont obligé et hypothéqué tous leurs biens présans & futurs, renonsant de jugés et condamnez par ledit notaire de somnis? de fait et passé en ladite ville de Jarnac, logis dudit sieur de Lachaume, en présence de Jean Pinchaud sergent à Jarnac demeurant en ladite ville et de Jean Forestier le jeune, marchand boucher demeurant aussy en ladite ville de Jarnac, tesmoings requis & ont lesdits Daniaud Cormenier & Forestier déclaré ne savoir signer de ce enquis". Ce type de bail ressemble à ceux des moulins de notre région, l'emplacement et le matériel de navigation appartient au seigneur du lieu. Une prisée du matériel, en l'occurrence les bateaux est faite à l'entrée et à la sortie du bail, chaque partie apportant ses priseurs, le sortant est tenu de payer si la prisée est inférieure à celle faite lors de la prise de bail.

 

 

Les Daniaux protestants à Jarnac

Tant aux archives départementales qu'à Jarnac, les registres paroissiaux n'existent qu'à partir de 1700. Il est à déplorer la disparition, après la seconde guerre mondiale, du registre de Jarnac 1649-1685.

Un contact pris il y a 12 ans avec Alain Braastad m'a permis, à l'aide des données qu'il possédait et les miennes, de reconstituer l'arbre probable des Daniaux présents en cette deuxième partie du XVIIe siècle.

 

 

Jacques bien que passagier en 1648, n'est pas considéré comme le père de Jean I, mais cela est théoriquement possible. Une hypothèse osée irait jusqu'à dire que François, le gabarier de 1615 pourrait être le grand père de Jean I. Cela ne retire rien à l'origine de ce patronyme.

Le couple Jean II Daniau - Marie Cormenier existe de manière sure de 1671, date de la naissance de Jacques, jusqu'en 1698, avec la lettre de consentement au mariage du même à La Ferté-Gaucher (77). Ce Jean est probablement le matelot dont nous avons vu la déposition en 1663. Pour terminer sur cette famille, signalons l'acte de naissance de Suzanne Daniaud en 1674 dans un registre protestant détenu par un particulier qui est la seule preuve de leur confession.

 

Acte de baptême de Suzanne Daniaud.

 

Des informations provenant d'Alain Braastad, on peut dresser l'arbre descendant de Jean I. Les frères et soeurs de Jean II sont tous protestants. Pour compléter l'histoire de cette famille, ces mêmes informations signalent que, Jacques, frère de Jean II, prend la suite de son frère comme passagier du bac. Il deviendra marchand en 1673, gabarier en 1686, et de nouveau passagier du passage de Jarnac de 1684 à 1703. Ce Jacques épouse Marie Pé, ils auront au moins six enfants. Ce Jacques est né vers 1672, il entre en apprentissage chez Jacques Maufras, maître cordonnier, rompt son contrat, puis entre comme apprenti chez Jean Garnier, maître blanconnier.

Il est bon de rappeler que durant la période 1670 - 1700, de nombreux Jarnacais protestants quittent Jarnac pour l'étranger ou plus simplement vont vivre ailleurs en quittant leurs racines, certains s'engagent dans l'armée ou partent pour Saint Domingue. Une hypothèse d'engagement de Jacques dans l'armée pour 7 ans avec déplacement vers La Ferté Gaucher serait une explication...

Les informations sur les DANIAUD catholiques de Jarnac indiquent une branche différente associée à des métiers agraires .

 

 

Les Daniaux à la Ferté-Gaucher

Jacques, cordonnier, se marie en 1698. on a confirmation, malgré l'état des documents que les parents sont Jean d'Agneau! (Daniaud) et Marie Cornillier (Cormenier). Il demande comme c'est l'usage l'autorisation de ses parents. N'étant pas sûr de la réponse, il obtient une exemption de Monseigneur l'évêque de Meaux. Néanmoins, cette lettre arrive après le mariage. Elle confirme, par les intervenants, l'abjuration de Jacques. Le consentement des parents est légalisé par le curé de Jarnac, ils ont donc dû également renoncer à leur culte d'origine...

 

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