ecusson1
ecusson1
Attention ce site change d'hébergeur à l'adresse http://julienchristian.perso.sfr.fr

La commanderie du Déluge 1700-1790

Cette chronique, est le quatrième volet de l'histoire d'une commanderie que nous avions laissé à la fin du XVIIe siècle. Comme à l'accoutumée le récit sera chronologique.

 

J.P Dagnot - Juillet 2013

 

Extrait du plan napoléonien de la commanderie du Déluge.

 

 

Le Déluge au XVIIIe siècle

En 1702, religieux seigneur, frère Jean Jacques de Mesmes, chevalier de l'ordre Saint-Jean de Hiérusalem, demeurant à Paris à l'hostel de Mesmes, rue Saint-Avoye, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs, lequel a constitué son procureur général Monsieur Jean Loppinot, receveur des décimes de l'ordre du grand prieuré de France, pour administrer les commanderies que ledit seigneur pourra cy-après avoir, affermer icelles...

Trois ans après, Monsieur Jean Loppinot receveur des décimes... comme procureur de religieux seigneur Jean Jacques de Mesmes, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Hiérusalem à présent commandeur du Grand et Petit Déluge, lequel a baillé à titre de ferme et prix d'argent pour neuf années, à Claude Machelard, laboureur demeurant à la Forest, paroisse de Bruyères, le revenu général de la commanderie du grand et petit Déluge consistant en terre labourables, prés, bois, censives, lods et ventes, bâtimens, eddifices, jardins, vergers, sans en rien réserver sinon la maison et cour de la commanderie du Déluge, le jardin, garenne contigu à ladite maison dans laquelle les greniers serviront à mettre les grains. Le présent bail fait moyennant la somme de 900 livres. Plus, faire dire chanter et célébrer le service divin chaque dimanche ... Il s'agit d'un bail classique, le commandeur se réserve un lieu de résidence.

L'année suivante, Claude Machelard, marchand, laboureur demeurant en la ferme de la Forest n'est pas encore entré au Déluge, il transporte à Claude Machelard le jeune, aussy marchand demeurant au Déluge, le droit de bail à loyer fait par le fondé de procuration de religieux seigneur frère Jean Jacques de Mesmes chevallier de l'ordre st Jean de Jérusalem, commandeur du Grand et Petit Déluge moyennant 900 livres.

Nous retrouvons en 1707 un vassal voisin, Jacques Martin, seigneur de Marivaux et Mulleron, qui rend aveu à frère Jean de Mesmes, commandeur du Déluge:
- un clos fermé de murailles au terroir de Marivaux, à costé du corps de logis seigneurial, contenant 8 arpens...
- item une pièce de terre labourable appelée la pièce de la mare, contenant 13 arpens ...
- item une autre pièce appelée la pièce du moullin advant, contenant 54 arpens...
- ...
lesdits héritages tenus en censive de Monsieur le grand prieur de France à cause de sa commanderie du Déluge. Ledit sieur Martin s'oblige à payer au commandeur lesdits dits cens...
Deux siècles après on cite encore l'endroit où existait le moulin à vent du Déluge.

Notons en 1714, la famille Clozeau qui donne à rente un quart de maison à Linas, laquelle maison relève par moitié de messieurs les chanoines, l'autre moitié de monsieur le commandeur et de Monsieur de la Cossière patron laïc de la chapelle N.-D. de la Roue... La coexistence entre la Roue et le Déluge continue apparemment sans problème.

Nous arrivons en 1718, devant Cartera, commis du tabellion juré de Chevreuse établi au bourg de Gif, le commandeur Dumerle, ..., délaisse à titre de ferme et prix d'argent pour neuf années à Barbe Girault, veuve Claude Machelard, pour elle et ses deux fils aynés Claude et Charles, c'est à savoir le revenu général de ladite commanderie consistant en... (analogue au bail de 1705), à l'exception de la maison et cour de ladite commanderie, ... plus faire dire chanter et célébrer le service divin ... à l'effet de quoi, les preneurs fourniront les ornements de ladite église qu'ils auront par devers eux, dont ils se chargeront avec le pain, vin, luminaire de cire blanche, nappe et autres choses nécessaires, payer les hommes d'église, ensemble huit livres par chacune des neuf années aux pères Célestins ..., s'obligent en cas que le commandeur aille tous les ans passer huit jours à ladite commanderie de luy nourrir pendant ledit temps deux chevaux et un valet. Ce bail confirme la demeure du commandeur comme résidence d'été.

Le même jour, les mêmes se retrouvent dans un acte où Barbe Girault reconnaît que le bail passé ce jourdhuy par le commandeur de la ferme et commanderie du Déluge n'est que de 900 livres annuelles, la vérité est cependant qu'il est de 1.300 livres, au moyen de quoi la présente contre lettre servira de la somme de 400 livres que la dite veuve s'oblige à payer. Même à cette époque les religieux trichent...

Côté vie locale, notons le baptême de Charles Machelard fils de Charles demeurant à la commanderie, le parrain est Nicolas Regnault receveur de la seigneurie de Janvry. Deux ans après, c'est le baptême de Louise Machelard fille de Charles, receveur de la commanderie, la marraine Louise Rousselet, épouse Angoullian.

En 1723, de nouveau un renouvellement de bail fait par religieux seigneur, frère Jean-François du Merle Blanc Buisson, chevalier de l'ordre Saint-Jean de Jérusalem, commandant le Grand et Petit Déluge, demeurant au Blanc Buisson, de présent au chateau de Courcelles paroisse de Gif , qui délaisse pour neuf années à Charles Machelard, marchand, laboureur, fermier et receveur de la ferme du Grand et Petit Déluge, c'est à savoir, le revenu de la commanderie consistant en:
- en terres labourables prés bois et rente censives, ...., eddifices, fermes, jardin, vergers, enclos et autres dépendances,
- à la réserve de la maison & cour de ladite commanderie, le jardin et la garenne contigus à ladite maison, les greniers dans la réserve serviront au preneur pour mettre ses grains,
- le commandeur se réserve également les droits de quint et requint; le présent bail fait moyennant la somme de mil livres,... feront faire le service divin,..., nourrir le valet et les deux chevaux du commandeur quand il viendra huit jours par an; paiement de la taille par le preneur, également rédiger les papiers terriers.
Comme pour le bail précédent, un second acte en forme de pot de vin dont le montant s'accroît avec le temps: le commandeur de présent au chateau de Courcelles et Charles Machelard, déclarent de bonne foy quoy qu'il paraisse le prix du bail n'est pas de mil livres mais plutôt de 1.800 ...

La vie continue, en 1727, au Déluge Jeanne Machelard fille de deffunt Claude Machelard et de Barbe Giraud se marie avec Pierre Magault receveur de la seigneurie de Leuville, l'union se fait en l'église de Marcoussis en présence de Louise Philberte de Xaintrailles, dame du lieu. Du point de vue curial, le Déluge comme paroisse ne célèbre aucun acte. Comme nous le verrons dans une prochaine chronique le cimetière également n'a plus servi depuis plusieurs siècles.

L'année suivante, un différend se traite au baillage de Marcoussis, devant Antoine Lhéritier, bailly de Marcoussis, comparait Charles Machelard marchand laboureur en la ferme du Déluge, plaignant, contre Jean Duval laboureur de la ferme de l'Hôtel Dieu, ont blessé dangereusement les vaches de Machelard au nombre de sept, dont certaines plus blessées les unes que les autres par les chiens de Duval, iceluy Duval soit condamné en dommages & intérêts ... Duval se défend en disant que les vaches s'étant échappées et ayant parcouru la campagne ont brouté les grains des particuliers et ceux de Duval, qu'il les a chassées uniquement...

Notons en 1729, le baptême de Jean Charles Machelard, fils de Charles receveur de la commanderie, le parrain Jean François du Merle de Blanbuisson, chevalier de l'ordre de Jérusalem, commandeur du Déluge, la marraine Catherine Feydeau fille du seigneur de Courcelles. Quels étaient les liens entre le commandeur et la famille de Courcelles?

En 1732, Jean Trinquart, maistre des eaux et forests de la vicomté de Paris élabore le procès verbal de visite des bois de la commanderie du Déluge en définissant le quart en réserve à couper à partir de 1736. En effet, la coupe des bois est définie par la maîtrise des Eaux et Forêts et le propriétaire doit s'y conformer.

Les baux se suivent, ainsi en 1734, Jean-François du Merle de Blanbuisson, commandeur du Grand Déluge, ...., demeurant ordinairement en ladite commanderie, baille à titre de loier, pour le temps de neuf années, à Pierre Perron laboureur de Montigny, c'est à savoir la ferme du Grand Déluge consistant en:
- une maison manable et logeable pour le fermier, granges, écuries, bergerie, vacherie, toit à porc, poulailler et autres eddifices,
- terres labourables et quatorze arpentsde prés,
- la couppe de 29 arpens de bois taillis,
réglée par Messieurs des eaux et forests,
- les cens, surcens, lods et ventes, rentes seigneuriales spéci
alement celle en bled sur le moulin des Suzeaux,
le preneur disant bien connaitre pour en jouir, le commandeur se réserve la maison, cour, jardin et garenne de la commanderie, ... le bail fait moyennant 2.000 livres en espèces sonnantes et pas en billets !!!, un muid de bled froment criblé, six septiers d'avoine dans les greniers du seigneur bailleur,... faire faire le service divin dans la paroisse et chapelle de ladite commanderie, les jours de dimanches et festes solennelles, fournir le luminaire de cire blanche, pain, vin, nappe, payer les honoraires au prestre séculier ou religieux qui fera la desserte de ladite chapelle, luy envoier un cheval toutes les fois qu'il faudra dire la sainte messe, le seigneur ne fournissant que les ornements et vases sacrés, ... fournir six paires de poulets le jour de la Saint-Jean Baptiste et huit chappons pour la fête de Noel, avec un cochon de lait et un agneau... faire six journées de voiture.
Avec ce bail on voit que le commandeur a fait du Déluge sa résidence principale et qu'il agrémente ses repas avec des fournitures en nature.

Le mois suivant, le commandeur du Déluge, y demeurant, baille pour six années, 30 arpents de terres labourables appelé le Petit Déluge à François Mère ...

Notons en 1737, la déclaration d'une maison de trois espaces par Claude Cordeau à Chenanville relevant de la commanderie du Déluge. Également Pierre Groulon l'aîné fait de même, ainsi que Louis Bonnemé pour une maison rue Saint-Mery à Linois..

Le commandeur habite donc le Déluge, il est considéré dans la région comme un notable et est en 1739, le parrain de Jean François Adam, fils du maître d'hôtel de Mme Lemaistre, la marraine est Marie Françoise Lemaistre, dame de Bellejame.

En 1742, un renouvellement du bail des revenus de la commanderie est conclu entre frère Jean François Dumerle de Blanbuisson et Nicolas Pluchet moyennant 2.000 livres. Le texte est analogue à celui de 1734.

Il n'est pas question de transcrire ici les déclarations faites au Déluge, elles existent pour 1745, 1747 et concernent toutes les possessions sur Linas, Marcoussis, Arpajon, Longjumeau ...

Un acte intéressant est dressé en 1747, il s'agit de l'arpentage demandé par Frère Du Merle de Blancbuisson, ...commandeur, demeurant au Grand Déluge, à Denis Bataille. Le domaine comprend:
- une chapelle, la maison seigneuriale principal manoir et logement du commandeur,
- haute cour, devant laquelle est la chambre du jardinier et grande écurie attenant, une laiterie nouvellement construite à neuf, ainsi qu'un chiennil aussi fait à neuf,
- poullailler, jardin derrière, dans lequel il y a arbres nains fruitiers, petit canal au bout dudit jardin au levant,
- lieu d'aisance au couchant,
- une cave trouvée & découverte par ledit chevalier de Blancbuisson en 1733 ;
laquelle maison a sa principale entrée d'une grande porte cochère au levant, la haute cour ayant communication dans la basse cour par une petite vers le nord.
- dans laquelle basse cour est la maison du fermier, bien logeable, écurye, étable, poulailler et petit jardin au levant,
- vers le couchant tenant à ladite maison du fermier est un fournil, un beau hangard en forme de remise, grenier dessus que le commandeur a fait construire à neuf ainsi que la laiterie et le chienny - au bout de la haute cour est un autre petit jardin,
- en retour la grange à bled, toit à porc, ensuite une bergerie, la principale porte entre,
- en retour de la bergerie est une moutonnerie et une grange à avoine;
Lesquels batimens couverts de tuiles, le tout clos de murs,
- derrière les murs une garenne, dans laquelle il y a 74 arbres fruitiers à haute tiges,
- autour de la commanderie est une pièce de bois taillis de 14 arpents,
Le tout pour 63 arpents.
-
ensuite liste des bois et terres ...
- 18 arpents de bois à Linois,
- à l'article 13, mention de la pièce appelée l'étang de 2,5 arpents avec ruisseau,
- à l'article 18, le Petit Déluge pour 33 arpents,
au total 574 arpents,
mention d'un porte chaisne pour assiter l'arpenteur.

Également la même année, demoiselle Marie Françoise Lemaistre, fille majeure, propriétaire des terres et seigneuries de Bellejame et Guillerville, héritière pour moitié de deffunt messire Henry Louis Lemaistre, de présent en son château de Bellejame, étant sur le point de se transporter à la commanderie du Déluge, pour porter au commandeur la foy et hommage du fief de la Flotte... Il s'agit d'un hommage classique.

Le commandeur assiste aux principales cérémonies à Marcoussis, en 1750 lors de l'inhumation de Marie Madeleine d'Albon, dame du Houssay, il figure parmi les présents.

Les baux se succèdent en 1752, Jean-François du Merle... baille à Guillaume Lamoureux, laboureur de Mondétour ... la ferme du Grand Déluge, avec une description analogue aux précédentes, la coupe des bois est passée à 32 arpents ... outre le bail fait moyennant 2.100 livres, plus 19 septiers de blé froment et un muid d'avoine... quatre livres à payer aux pères Célestins pour la desserte des messes.

En 1756, lors de visites réalisées à la demande du grand prieuré de France, retenons celle du Déluge:
1) manoir seigneurial:
- la porte cochère du manoir est cintrée en pierre de taille,
- la cour du manoir est entourée de bâtimens et murs de clôture faisant séparation de la basse-cour
2) chapelle:
En face de la grande porte est la chapelle donnant sur les deux cours, elle est dédiée à Saint-Jean Baptiste, construite en pierre avec piliers buttant, couverte en tuiles, chargée d'une messe, fêtes et dimanches, acquittées par les pères Célestins de Marcoussy, auxquels il est payé une rétribution de 140 livres par an. Cette chapelle est munie d'ornements.
Au sortir de la chapelle est le logis du commandeur dont l'entrée est par une petite porte quarrée dans un vestibule où à droite est une salle à manger donnant sur le jardin; à gauche du vestibule est une cuisine avec fourneaux et potager dans la cheminée de laquelle sont deux fours éclairée par deux croisées sur la cour et le jardin. Au bout du vestibule est un escalier conduisant à une petite chambre et la première volée à deux chambres avec garde-robe et cabinet. Au dessus sont les greniers. Cette maison est construite en pierre avec pilliers buttant à l'entour et couvert de tuiles.
Derrière ce corps de logis est un grand jardin avec espalier et berceaux orné de plattes banques et bouquets coupé de plusieurs allées formant des quarrés, fermé de murs, à gauche duquel est un canal revêtu de pierres.
Dans un coin du jardin est un puclre, au bout une porte conduisant aux bois, et du même côté une porte conduisant à une cave voûtée. En retour du corps de logis est adossé au pignon de la chapelle un petit batiment faisant une laitterie. En face du corps de logis est un batiment servant d'écurie, à côté une fruiterie, au dessus deux petits greniers, au pignon est un autre bâtiment moins énlevé servant de logement au garde des bois, composé d'une petite chambre au dessous un chenil. Tous ces batiments construits en pierre et couvert en tuiles. A droite de la porte cochère est un mur de cloture auquel est adossé un bucher.
3) Basse cour
La porte chartière de la ferme est couverte d'une petite maçonnerie avec une porte à côté, la basse cour est entourée de batimens et mur de cloture, à gauche est une grande grange précédée d'un portail de pierre à côté duquel est un volet à pigeon, à la ? de face sont adossés deux toits à porcs.
En retour est un jardin potager dans l'enceinte de la cour fermé par un nier? se prolongeant à un corps de batiment servant dans le bas d'une charterie de deux travées et au dessus un grenier dans lequel on monte par un escalier de pierre saillant en dehors ; attenant est la maison du fermier, composée d'une cuisine, un petit cabinet à côté, dans l'angle de la cuisine est un petit degré montant à une chambre, dessous est une cave voutée; à droite de la cuisine est un escalier en noyau montant à une chambre et au dessus sont des greniers dans le comble.
Attenant à cette maison est une longueur de batiment moins élevé, faisant une grande écurie, une étable et au dessus sont des greniers.
Au pignon est adossé un poulailler.
En face et joignant la chapelle est une autre grange avec portail de pierre de suite une longueur de murs aboutissant à un batiment servant de moutonnerie.
En retour est un autre batiment prolongé jusqu'à la grande porte chartière faisant deux bergeries au dessus desquels règne un grenier; Tous ces batiments construits en pierre et couverts en tuile bien entretenus de maçonnerie.
A l'angle en dehors du mur de séparation de la cour du manoir est appliqué un colombier en forme de tour ronde construit en pierre et couvert de tuile.
Au milieu de la cour est une mare servant d'abreuvoir.
Dépend de ce membre la quantité de 460 arpents, tant terre labourables que prez et patures.
Plusieurs pièces de bois taillis contenant 115 arpents dont le quart est mis en réserve, les trois autres quarts divisés en 25 coupes réglées dont il s'exploite par les fermiers trois arpents par année.
Le tout est affermé à Guillaume Lamoureux pour 2.100 livres, 19 septiers de blé froment et un muid d'avoine; en outre de payer 4 livres aux pères Célestins de Marcoussy pour la desserte des messes de la chapelle.
Il appartient audit membre 33 arpents de terre labourable, nommés Petit Déluge, au terroir de Gometz, affermés à Jean Ratel par bail pour 300 livres.
Le commandeur a droit de cens et rentes, lods et ventes, saisines et tous droits seigneuriaux, détaillés au terrier, sur les lieux ci-après nommés, savoir Marcoussy, Linas, Montlhéry, Arpajon, Longjumeau, Chevanville, Amblainville, Marivaux, Gravigny, et Savigny, lesquels droits peuvent valoir 100 livres. Le dernier terrier est de l'année 1751. Les droits de l'an 1757 sont de 2.800 livres.

À la même époque l'abbé Lebeuf dans sa description du Déluge cite: la chapelle qui estoit grande sert aujourd'hui de grange et l'on n'a réservé que la sacristie pour servir de chapelle où l'on célèbre les dimanches & fêtes.

Un mémoire de 1768, demandé par sa Majesté, étudie un projet de chemin entre Orsay et les bois du Déluge, pour éviter de passer par la poste de Berny, pour permettre une communication facile entre Orléans et la Normandie; deux solutions sont abordées, la première passe par la ferme du château d'Orsay, la ferme de Mondétour, le bois des quarrés , la chaussée du grand étang de Marcoussy, un grand esse sous la ferme du Déluge et le chemin que fait paver Monsieur de Soussy, la pente maximale serait de 3,5 pouces par toise et il faudrait abaisser légèrement la chaussée du grand étang pour l'élargir à 42 pieds. La chaussée serait pavée en grès; la seconde solution seroit commune jusqu'à Mondétour, il passeroit à droite du précédent par le vallon au dessus de l'étang, et rejoindroit le chemin de Monsieur de Soussy; on reconnait à l'heure actuelle la première solution dans son passage sur Marcoussis.

Notons un nouveau bail par le commandeur Huet en 1772.

Une déclaration du temporel du Déluge de l'année 1775, nous apprend que le commandeur était seigneur et patron de la paroisse du Déluge. La cure était à sa collation et il jouissait d'un grand nombre de censives et de rentes sur Marcoussis, Linas, Chenanville, Marivaux... Les droits arrivaient à 7.000 livres?

En 1776, Grégoire Fritteau, notaire au baillage d'Estampes, commis pour la confection du terrier du Grand et Petit Déluge, reçoit haut et puissant seigneur, Messire Charles Thomas, marquis de Bullion, seigneur de Bellejame, ..., qui s'est transporté devant la principalle porte d'entrée du château du Déluge, commanderie du même nom, ..., et parlant à noble et religieux frère Edmond Huet, ..., pour lui porter la foy et hommage du fief de la Flotte, ..., sur lequel est situé la fontaine de la Flotte, ... tenant à la glacière, ...

 

Vue du Déluge par Morize 1868.

 

L'année suivante, citons un autre dossier décrivant l'améliorissement du Déluge: A la réquisition de frère Edmont Huet, chevalier magistral de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de la commanderie du Bourgout et du membre du Déluge, ... nous sommes transportés audit lieu du Déluge, nous avons trouvé ledit sieur Huet " nous sommes entrés dans une chapelle en laquelle après avoir fait nos prières, nous avons remarqué qu'elle est bâtie de bonnes pierres biens voutées et couverte de tuilles, reblanchie et carrelée à neuf laquelle contient quatre toises quarrées et est dédié à Saint-Jean Baptiste nôtre patron, qu'il y a dans la ditte chapelle un autel en bois fait à neuf par ledit sieur commandeur avec des gradins en pierre de lier, sur lequel autel est une pierre bénite, un tabernacle de bois peint, avec un crucifix doré neuf de deux pieds de haut donné par le sieur commandeur ... à l'entrée un bénitier de marbre neuf, à la fenêtre donnant sur la cour un rideau de toile vert... nous avons remarqué que le commandeur a fait chlore une porte de ladite chapelle, à côté de l'autel donnant sur la cour du fermier au lieu de laquelle il en a fait percer une donnant sur la maison ou manoir principal et a fait ouvrir au dessus de ladite porte une ancienne fenêtre cintrée de neuf pieds de haut sur cinq de large avec son chassis vitré, ... a fait faire un escalier en pierre de taille pour entrer dans la chapelle...
Il nous a néanmoins dit qu'il paroissoit que le lieu qui sert de grange à avoine étoit anciennement église paroissiale de ladite ferme, le Déluge ayant d'ailleurs un rôle particulier pour la taille, mais que de tems immémorial on n'y avoit point exercé les fonctions curiales.
Sortant de ladite chapelle nous sommes entrés dans le manoir par un passage ou allée au milieu de laquelle nous avons trouvé à gauche une grande cuisine de trois thoises et demi de long sur deux et demi de large, dans laquelle nous avons remarqué que le sieur commandeur a fait rétablir une petite croisée donnant sur le jardin de quatre pieds et demi de haut sur deux de large, à laquelle il a fait mettre des barreaux de fer ainsi qu'à une autre croisée donnant sur la cour de six pieds de long sur deux et demi de large, plus il a fait faire à neuf un potager composé de six fourneaux et fait mettre une plaque neuve de fonte garnie de ses bareeaux de fer.
Au milieu dudit passage à droite et vis à vis de la cuisine est une salle à manger de deux thoises de long sur une thoise et demie ....
Nous avons visité une grande grange de huit toises de long sur cinq de large qui étoit anciennement église ou chapelle, la porte en a été rétablie et le sieur commandeur y a fait mettre deux bornes en grez...
Le terrier en cours, comprenant 470 déclarations, s'est accru de plus d'un tiers, le commandeur ayant fait reconnaître des droits de censives perdus depuis cent et cent cinquante ans !!!
 

Notons la même année la déclaration par monseigneur Ferdinand Mériadek de Rohan, archevêque de Bordeaux, ..., seigneur d'Ollainville, de présent en son château d'Ollainville, ... déclare le domaine appelé Bizon, consistant en 180 arpents de terre et bois...

Relevons un intitulé en 1781 d'une transaction et bornage entre le commandeur du Déluge et le seigneur de Marcoussis.  

L'année 1785, un rôle de taille de la paroisse du Déluge, nous apprend qu'il n'y a qu'un feu, que le bétail du fermier se compose de 9 chevaux, 14 vaches et 300 bêtes à laine.

Terminons cette chronique par le départ précipité du fermier du Déluge en août 1789. Le commandeur adresse une supplique disant que son fermier Tourteau, absenté pour ne pas dire évadé, il y a environ douze jours sans être reparu depuis, que la femme dudit Tourteau a également disparu après, que le mauvais état de leurs affaires est notoire, que ladite ferme et son exploitation dans ce moment précieux des récoltes sont absolument abandonnés dans le plus grand désordre et qu'ayant l'intérêt le plus simple de veiller à la conservation de ses droits et actions dans une semblable circonstance, il a été conseillé de recourir à votre authorité... le commandeur demande une expertise par des fermiers, des biens existant dans la ferme et des récoltes à faire, demande de continuer l'exploitation pour rentrer les récoltes et payer les voiriers employés à icelles. Sur ce, Jean Paul Loyal, doyen des procureurs exerçant la justice en l'absence du prévôt, en présence du commandeur, demeurant en son hôtel à Paris rue Saint-Antoine paroisse Saint-Paul, assisté de deux laboureurs experts, pour visittes et constatations et dresser procès verbal se rendent au Déluge. Le détail n'est pas ici donné, le fermier est parti précipitamment en laissant sur place son mobilier, ses animaux et ses récoltes.

À suivre ...