Le domaine du Déluge 1798 à nos jours
Cette chronique, est le sixième volet de l'histoire d'un lieu que nous avions laissé à la fin du XVIIIe siècle, après le départ des Bernard-Récamier. Comme à l'accoutumée le récit sera chronologique.
J.P Dagnot - Août 2013 ajout
Extrait du plan napoléonien section H.
Le Déluge aux Senaire
Commençons par le mariage en prairial an 2 de Jean Baptiste Senaire avec Anne Marie Thabouret. Ce mariage est fait sans communauté de biens. Jean-Baptiste apporte 6.000 livres, la future 1.200 en deniers comptant.
L'arrivée de cette famille à Marcoussis a lieu en l'an 6: Françoise Rose Gourgaud, femme divorcée de Angelo Vertois, Marie Eugénie Gourgaud, veuve René Leculant, toutes deux demeurant à Paris rue neuve Saint-Roch, lesquelles vendent au citoien Jean Baptiste Senaire, huissier de la justice de paix de la division de la Butte des Moulins, demeurant aussi rue Saint-Roch, un domaine appelé le Déluge composé de:
- une maison de chef ayant son entrée par une avenue en demi lune indépendante, maison de concierge, bâtiment servant cy devant de chapelle, remise, .....
- petit jardin clos avec un canal et une garenne,
- ...... 21 arpents pièce de la Tour, ...
acheté 14.000 frs en ventôse an 5 .... dont l'acquisition a été faite par le citoyen Cristy...
Notons également la vente des meubles meublants, le tout moyennant 18.000 frs métalliques. Le paiement de l'acquisition, montre des vendeurs endettés, Senaire payant :
- 10.000 frs à Madame Bernard,
- 3.720 frs à Monsieur Houdon,
- 680 frs restant aux vendeuses.
Dès son achat, l'huissier Jean Baptiste Senaire expose à la municipalité de canton qu'une pièce de terres et friches restée aux mains de la République, et se trouve contiguë avec son acquisition, d'une démarcation incertaine; il demande donc un bornage avec la République. Le mois suivant, l'administration cantonale, après avoir entendu le citoyen Arranger commissaire, nomme le citoyen Pierre Petit arpenteur de la commune de Marcoussis pour dresser procès verbal entre les parties.
Début nivôse an 7, l'administration cantonale constate que les grandes routes traversant la commune de Marcoussis sont dans un état de délabrement, que depuis plusieurs années il n'y a été fait aucune réparation, que dans la montagne du Déluge, les grandes eaux ont fait des dégradations qu'il est urgent de réparer. Ceci peut expliquer le départ des parisiens Bernard-Récamier.
Toujours la même année, Joseph Pierre Martin et Marie Josephe Carbonet, lesquels ont vendu à Jean Baptiste Senaire, huissier, demeurant rue neuve Saint-Roch, division de la Butte des Moulins, six arpents de terre labourable au Déluge... les biens venant de la communauté de ladite Carbonet avec le citoyen Lhomme "officier de santé". La vente faite moyennant 700 frs en pièces d'or et argent.
En brumaire an 8, Joseph Bernard Rossion, demeurant à Paris rue des prêtres, paroisse Saint-Germain l'Auxerrois, achète 9 hectares à Jean Baptiste Clément, demeurant aussi à Paris rue de Clery, division de Brutus. Ce bien vient de la vente faite à Louis Roch, command de Clément, en brumaire an 3. la vente faite moyennant 1.500 frs... Le citoyen Clément condamné a besoin de liquidités.
Le domaine du Déluge continue de se reconstituer, en nivôse an 8, Jacques Blondel, receveur des contributions du quatrième arrondissement de la commune de Paris, demeurant à Paris rue Bailleul, division des gardes françaises, lequel vend à Jean Baptiste Senaire, une portion divise et indivise :
- d'un corps de ferme appelé le Déluge avec 40 ha dans une pièce de 58,
- une portion de friche entre les derrières des bâtiments et le grand chemin,
- un morceau de terre de l'autre côté du grand chemin et nommé le cimetière.
Ces biens viennent de l'acquisition faite par contrat privé avec Jacques Recamier, banquier, devant Trutat, le 9 ventôse an 6, moyennant 10.000 livres dont cinq comptant.
La présente vente faite moyennant 10.000frs métallique. Les bâtiments maison de maître et ferme sont dorénavant aux mains d'un seul propriétaire, reste néanmoins encore quelques terres à acheter.
En pluviôse an 8 , Antoine Isidore Bourgeois propriétaire, demeurant à Paris rue de Sorbonne, vend à Jean Baptiste Senaire, huissier public, demeurant à Paris rue Helvesin, 8 hectares correspondant à la pièce dite de la Tour moyennant 3.000frs.
En floréal, Jean-Baptiste Senaire, huissier priseur parisien, propriétaire du domaine du Déluge, ce jour en sa maison, baille à Toussaint Thualagan, fermier en la ferme de la Justice au Plessis Sebbeville, la ferme composée de:
- bâtiments suffisants pour son exploitation, appliquée en une maison de fermier composée d'une cuisine par le bas, chambre à feu à côté, chambre haute sur l'une d'elle, grenier et chambre à grain au dessus, grange à bled, remise, bucher, fournil, écurie, étable à vaches, deux remises, écurie, angard, grange à avoine, laiterie, cave, deux jardins dont un clos de mur, attenant aux dits batiments, cour close de murs..
- 64 hectares de terres et bois en huit pièces ...
En thermidor an 8, Joseph Rossion propriétaire demeurant à Paris rue de l'école revend à Jean Baptiste Senaire les 9 hectares qu'il avait achetés en l'an 8.
L'année suivante, notre huissier continue ses acquisitions par l'achat à Charles Guingallois de 8 hectares au Déluge moyennant 3.000 frs
Le fermier Toussaint Thualagant, laboureur, âgé de 51 ans, décède à la ferme du Déluge. En thermidor an 9, son épouse Geneviève François, âgée de 40 ans continue l'exploitation et se remarie en pluviôse an 10 avec Martin Daix, cultivateur, âgé de 45 ans.
Nous arrivons en l'an 12, Jean Louis Bessin, aubergiste à l'auberge de l'aventure (Folie Bessin) , âgé de 44 ans, veuf, se marie avec Marie Denise Daix, 23 ans, fille du fermier de la ferme du Déluge ...
Notons le départ en 1808, de Victoire François, veuve Thualagan, remariée à Daix qui transporte le bail de la ferme, à Henry Gandrille, en la présence et du consentement du propriétaire Jean-Baptiste Senaire, demeurant en sa maison bourgeoise au dit lieu. Les lieux sont décrits comme le bail de l'an 8.
En 1814, Jean Baptiste Senaire, a déménagé, il demeure à Paris rue du Jindre. Ce jour en sa maison de campagne du Déluge, il baille pour neuf années à Pierre Marie Lesec, maçon de Janvry, 2 hectares d'une pièce de 20 arpents au terroir de Marcoussis, chantier du Déluge, le bail fait moyennant 75 frs.
Les propriétaires du Déluge pendant plus d'un siècle et demi.
De son union le couple Senaire-Thabournet est née une fille Adrienne Césarine; en 1814 cette dernière se marie avec Emile Héluis, magistrat, qui apporte une rente de 839 frs, une maison rue de l'université et des meubles pour 3.000 frs. Les parents d'Adrienne lui constituent une dot 103.000 frs.hypothéquant le domaine du Déluge comprenant la maison bourgeoise.
En 1817, le propriétaire du Déluge fractionne la ferme, Jean Baptiste Senaire demeurant à Paris rue du Gindre, quartier du Luxembourg, baille à loyer pour trois six ou neuf ans à Jacques Louis Noël, cultivateur, demeurant au petit Ménil à Marcoussis, partie de la ferme:
- une pièce à cheminée, par bas servant de cuisine ayant entrée et vue au midy sur la cour avec une pierre à laver au devant de la croisée, dans laquelle pièce le bailleur s'oblige de faire construire un four, et condamner la porte de communication à une autre pièce à gauche et celle de l'escalier à droite
- autre pièce par bas sans cheminée à droite de la précédente derrière ledit escalier et vue au nord, ..
- autre portion dans la largeur du bâtiment réservé à une écurie entre le pignon du couchant...
- portion de grenier à fourrage régnant sur ladite écurie.
- grenier à grain au dessus du fournil de la ferme,
- grange à blé de trois travées,
- jardin enclos dans lequel est un puits entre les bâtiments d'habitation et l'xtémité nord de la grange à blé,
- Suivent trois pièces de terre représentant 1,3 hectares. Le bail fait moyennant 90 frs de loyer annuel. Les entrants sont ceux de la famille des Noël du potager seigneurial, qui laissent en garantie partie de terre à eux adjugée au Déluge comme bien national, et également partie de maison rue des Boulangers.
Quatre mois après, de nouveau le propriétaire du Déluge, baille à ferme à Simon Rousseau, dans la ferme du Déluge :
- une chambre basse dite le fournil, four en icelle, ayant vue et entré au midi sur la cour,
- une chambre à côté, au couchant de la précédente de vue identique,
- une remise ensuite aussi au couchant que le bailleur fera fermer d'une porte pour former une écurie, avec droit de fumier dans la cour,
- partie de grenier à grains au dessus de l'écurie,
- deux remises neuves à l'extrémité au levant de celles qui sont dans la partie sud de la cour,
- jardin de 1.709 m2, derrière les bâtiments au nord,
- 6.836 m2 de terre aux joncs marins,
le bail fait moyennant 100 frs de loyer pour les bâtiments et 50frs pour les terres.
La technique de fractionnement du domaine se poursuit en 1825, par le bail à Adolphe Gibon de 10 hectares plus une grange de trois travées faisant partie de la grange à blé de la ferme du Déluge... Le bail conclu moyennant 750 frs.
L'année suivante, Jean Baptiste Senaire, de présent en son domaine au Déluge, baille pour neuf années à Claude Leroy, cultivateur:
- 8 hectares de terre labourable pièce de la Tour,
- une grange fermant à deux battans faisant partie et étant au milieu de l'ancienne grange à blé de la ferme, sise à gauche en entrant dans ladite ferme près de la porte principale d'icelle. Outre ce bail est fait moyennant la somme de 985 frs en numéraire métallique.
En 1827, c'est un bail de partie du Déluge à Louis Etienne Chambellan, qui sera décrit dans le bail de 1835.
En 1831, Senaire se fait adjuger par le préfet de Seine et Oise, 22 hectares de bois, appelés Bois du Déluge, dépendant de la forêt de Marcoussis.
En 1835, Emile Héluis, agissant pour Jean Baptiste Senaire son beau-père, demeurant rue de l'Université, mandataire de Jean-Baptiste Senaire, son beau-père, baille pour neuf années, à Claude Leroy, cultivateur, demeurant au Déluge, une partie des bâtiments de la ferme:
- une chambre à cheminée ayant porte vitrée, cuisine avec alcôve, cave dessous, fournil à côté de la cuisine ...
- 8,88 hectares, ... plus quelques parcelles..,
- 10 hectares dans la pièce de la Tour,
- tous les bâtiments d'un bail fait à Chambellan au même endroit avec les terres correspondantes, représentant 30 hectares environ, aussi un fruitier important de 156 arbres.
Le bailleur se réserve le droit de chasse sur toutes les terres louées. Outre moyennant la somme de 4.930 frs. Le propriétaire sent sa fin arriver, il délègue la gestion du domaine à son gendre.
En 1836, Jean-Baptiste Senaire rédige son testament. Il est ainsi conçu: à mon décès, Jean Baptiste et Adrienne mes deux enfants recueilleront par égale portion ma succession, mais ne jouiront que de l'usufruit de mon domaine du Déluge, la nue propriété dudit domaine étant par moi formellement réservée à mes petits enfants. Je donne et lègue à ma domestique, Louise Petit, en considération des éminents services qu'elle a rendu à ma défunte épouse et à moi, 1.000 frs de rente et pension viagère, également la jouissance durant sa vie entière de deux chambres dont une à cheminée au premier étage de la maison du jardinier sur la cour du Déluge.
Trois mois après, l'inventaire après décès a lieu, à la demande de Jean Baptiste Senaire fils du défunt, marchand de nouveautés, et Emile Héluis son gendre, époux d'Adrienne, propriétaire. Lesdits habiles à se porter héritiers chacun par moitié. Passons la visite à Paris, les papiers sont surtout des reconnaissances de créances, le défunt paraissant être prêteur à grande échelle; en ce qui concerne le domaine de Marcoussis, ne retrouvant pas le contrat de vente, le notaire après recherche déclare que le Déluge consiste:
1°) une maison de chef ayant son entrée par une avenue et demi lune en dépendant et maison du concierge, bâtiment servant ci devant de chapelle , remise , grenier, écurie, étable, cour, petit jardin clos de murs planté d'arbres fruitiers avec un canal, un verger et une garenne en haute futaie contenant sept arpents.
2°) la majeure partie de la cour dite de la ferme, la moitié de l'étable pratiquée dans cette cour, un poulailler, à la suite avec le terrain à côté formant ci devant un jardin, une grange servant autrefois d'église , la laiterie qui y est adossée, deux grandes remises fermées,
3°) 21 arpents en une pièce dite de la tour
4°) 24 arpents, 16
...
Les meubles présents au Déluge sont estimés à 80 frs . Le mois suivant le partage à lieu. En décembre suite à une réclamation judiciaire du fils Jean Baptiste, ce dernier est débouté n'ayant pas d'enfants. Il vend sa part d'usufruit du domaine à son beau-frère moyennant 75.000 frs.
Le Déluge aux Héluis et Nelaton
En 1839, Maria Pauline Heluis, demeurant chez ses père et mère, se marie avec Auguste Nelaton demeurant rue grange des Halles, et depuis son mariage devenu professeur à l'hôpital Saint-Louis.
La vie continue à Marcoussis, en 1843, Emile Héluis, propriétaire demeurant à Paris rue de la Victoire, actuellement en sa propriété du Déluge, baille pour neuf années, à Claude Leroy père et Claude Leroy fils :
1°) tous les bâtiments de ladite ferme, savoir:
- à l'extrémité de la cour de la ferme, à gauche contre le mur de la basse-cour du bailleur, un bâtiment divisé au rez-de-chaussée en écurie, vacherie, deux portes sur la cour, grenier à fourrage au dessus, un poulailler adossé à ce bâtiment,
- ensuite un bâtiment d'habitation au rez-de-chaussée une pièce à cheminée servant de cuisine, entrée sur la cour, autre chambre, petit bâtiment l'extérieur avec four ayant son ouverture dans la cuisine...
- dans la cour face à l'écurie est une cave avec porte en bois,
- à la suite autre maison d'habitation d'une pièce avec cave au dessous, à côté autre pièce dite fournil servant de cuisine,
- à côté de la vacherie est la porte du jardin, clos de murs, dans lequel se trouve un puits,
- à la suite du jardin grand bâtiment formant deux granges, ensuite petit bâtiment servant de chenil,
- autre grand bâtiment dit l'église, servant de grange à avoine avec deux portes, l'une à deux battants & l'autre à un seul portail; à cette grange est adossé un petit bâtiment servant de laiterie,
- au milieu de la cour, mare entourée d'arbres,
Vue de la mare, de l'église, et de la maison de maître.
2°) Suivent les terres ...
Mention du droit de passage dans la cour et du droit de chasse, sauf pour le gros gibier, cerf, daim, biches, sangliers, chevreuils. Le présent bail fait moyennant 5.130 frs pour les bâtiments et terres.
Le cadastre indique avec retard en 1843 la sortie de deux maisons, parcelle H191, passé de Jean-Baptiste Senaire, bourgeois, au profit de Jean Emile Héluis.
Adrienne Senaire décède en sa demeure du Déluge en 1845, l'acte est signé par le fils Jean Emile et le gendre Auguste Nelaton. Un acte de notoriété est dressé l'année suivante pour ladite et également de son fils André Héluis, étudiant en droit.
Début 1846, relevons un dépôt d'écriture de la liquidation de la succession d'Adrienne Senaire. Présents:
- Emile Heluis, propriétaire,
- Jean Emile Héluis fils, propriétaire,
- Auguste Nélaton, docteur en médecine agrégé de la faculté de Paris, chirurgien de l'hôpital Saint-Antoine et Maria Pauline Héluis son épouse,
Jean Emile et Maria Pauline, héritiers chacun pour moitié de leur mère, et chacun pour un quart de leur frère André Camille.
Passons sur les chiffres et retenons que les époux Senaire ont dépensé 60.000frs en frais de construction pour le domaine. Il est probable que le château construit début XIXe siècle fasse partie des frais de construction. Le domaine appartient désormais aux héritiers.
En 1859, Dame Louise Petit, épouse Nicolas Manganne, garde particulier, demeurants à Marcoussis, laquelle déclare renoncer au droit de jouissance résultant du testament olographe de feu Jean Baptiste Senaire, aïeule de Mr Héluis et de Mme Nélaton, ancien propriétaire du déluge, lequel testament ainsi conçu:
Je donne à Jeanne Petit, la jouissance pendant sa vie de deux chambres dont une à cheminée au premier de la maison du jardinier sur la cour du Déluge.
Cette renonciation au profit:
1°) de Jean Emile Héluis, propriétaire,
2°) de Maria Pauline Héluis épouse Auguste Nélaton, professeur à la faculté de médecine, les deux petits-enfants propriétaires indivis du domaine.
Cette renonciation faite moyennant 300 frs à titre d'indemnité. Cet acte mentionne en clair l'indivision du domaine du Déluge.
En 1862, l'indivision se vérifie : Jean Emile Héluis, propriétaire, demeurant boulevard du Temple à Paris, étant ce jour dans sa propriété du Déluge, et Auguste Nélaton, professeur à la faculté de médecine, époux de Marie Héluis, demeurant avenue d'Antin à Paris, lesquels donnent à ferme pour 18 ans à Louis Isidor Leroy, cultivateur, la ferme dépendant du domaine du Déluge consistant en:
- un corps de ferme composé d'une maison d'habitation pour le fermier, avec chambre à grain au premier étage,chambre à blé et à avoine, fournil, grenier, cave, écurie, vacherie, bergerie, poulailler, toit à porcs, hangar, au milieu desdits bâtiments grande cour avec mare entourée d'arbres, citerne, jardin planté clos de murs, le tout contenant 48 ares.
- 44 hectares de terres ...
Les bailleurs se réservent le droit exclusif de chasse... Outre moyennant 5.398 frs de loyer.
En 1866, Mr Auguste Nélaton, professeur à la faculté de médecine de Paris et Maria Héluis son épouse, demeurant à Paris avenue d'Antin, lesquels vendent par licitation à Jean Emile Hèluis, propriétaire demeurant Boulevard du Temple, la moitié indivise du domaine du Déluge, consistant en maison d'habitation avec les bâtiments, terrains, jardins et autres, petite chaumière rustique dans le bois, bâtiment de ferme et d'exploitation, terre labourable, pâture, bois, prés, le tout d'une contenance de 123 hectares. Ces biens viennent du partage de plusieurs successions déposées en février 1846. Le prix de la licitation 185.000 frs réglé par Mr Nélaton. Jean Emile Héluis devient donc le seul propriétaire.
En septembre de la même année, relevons un insert de journal: un déplorable malheur vient de frapper la famille de M. Nélaton. Il y a quelques mois, Melle Nélaton, fille de l'honorable docteur, épousait Mr de Bammeville; nous apprenons que ce dernier a eu la tête broyée par la roue d'une charrette, à sa terre de "Saint James" près de Marcoussy.
C'était un homme excellent. Son coeur était à la hauteur de son intelligence. Il n'était âgé que de 32 ans.
Sa jeune femme est enceinte de six mois. Mr Nélaton est parti pour "St James".
À la même époque deux auteurs écrivent sur ce lieu en commettant des erreurs:
1°) Malte-brun . Nous lisons, page 29 « le Déluge avait appartenu d'abord aux Templiers, puis octroyé en 1311 aux Hospitaliers après suppression de l'ordre rival ». Puis, page 301 et suivante : « Il est probable qu'un des anciens seigneurs du Déluge l'abandonna aux Templiers », dit-il. On remarque que l'auteur doute d'abord, mais est très affirmatif par la suite « Les Templiers y entretenaient un maire ou major principal officier de l'Ordre, auquel on assignait ce domaine pour retraite », et encore « Ce sont les Templiers qui élevèrent la chapelle qui sert aujourd'hui de grange à la ferme… »..
2°) Morize. C'était autrefois une commanderie du Temple. Il rappelle ensuite l'abbé Lebeuf et Malte-brun. Il est probable qu'un seigneur du Déluge relevant de Montlhéry l'a abandonné aux Templiers. Après l'abolition de l'ordre du Temple, le Déluge fut attribué aux chevaliers hospitaliers de Jérusalem... La chapelle construite par les Templiers...
Retenons sa description de la chapelle avec les dessins correspondants ainsi qu'une vue du domaine. Également une description de deux pierres tombales qui seront reprises lors d'une chronique spécifique aux bâtiments.
Curieusement en 1873, Jean Emile Héluis propriétaire agissant en son nom personnel qu'au nom de d'Auguste Nélaton et de Marie Pauline Heluis, lesquels ont fait bail à Louis Charles Breton de plusieurs pièces de terre... Apparemment la vente par licitation n'est pas appliquée.
Fin 1881, Jean Emile Héluis, propriétaire, fait bail et donne à ferme pour quinze années, à Louis Isidore Leroy, cultivateur et Prospère son fils, célibataire majeur, une ferme consistant en :
1°) un corps de ferme composé d'une maison d'habitation pour le fermier, avec chambre à grain au premier étage, granges à blé, à avoine, et à fourrage, petite bergerie, poulailler, fournil, greniers, cave, écurie, vacherie, toit à porcs, hangar . Au milieu desdits bâtiments grande cour avec mare entourée d'arbres, citerne, jardin planté clos de murs, le tout contenant 4.800 m2.
Le bailleur se réserve le droit de faire établir dans l'église une grange à fourrage, une séparation pour se constituer une remise & magasin à son usage (rayé), il se réserve le droit s'il le juge convenable d'établir un chenil fermé dans la cour de la ferme.
- 2°) 50 ha en cinq pièces... Retenons dans la description: potager du château.
Le bailleur se réserve le droit de chasse exclusif . Le
bail fait moyennant 6.314 frs en monnaie d'or ou d'argent.
Avec le retard habituel le cadastre donne en 1882, la parcelle H191 pour Jean Emile Héluis.
Côté familial enregistrons en 1887, le décès à Paris de Marie Louise Germaine Chevalier épouse Jean Emile Héluis.
En 1894, notons le renouvellement du bail de la ferme: Jean Emile Héluis propriétaire demeurant à Paris rue François 1er, fait bail et donne à ferme pour douze années à Prosper Leroy, cultivateur demeurant en ladite ferme, une ferme dépendant du domaine du Déluge... La description est analogue à celle de 1881 mis à part les terres qui représentent dorénavant 68 hectares... Le présent bail fait moyennant 8024 frs ...
En 1898, notons le bail d'un hectare en la pièce du milieu, par Gabrielle Héluis, mandatée par son père, à Louis Petit, cultivateur; également à François Retourné cultivateur 1,39 hectares aux Charmeaux... Ces deux baux montrent la faiblesse du père.
Deux mois après, Jean Emile Héluis, propriétaire, âgé de 80 ans, décède au Déluge à Marcoussis, il laisse pour héritière sa fille Marie Emilie Gabrielle. Un second acte de notoriété est rédigé pour la mère de Gabrielle décédée en 1847. De ces faits la fille unique du couple est propriétaire du domaine du Déluge .
En 1899, Marie Emilie Héluis veuve Jules Henri Gréau, née Héluis, demeurant rue François 1er, fait bail pour cinq ans à Auguste Robin, journalier du Ménil, 11.000 m2 en la plaine du Déluge ou la Forêt. Les conditions: pas de fermage la première année, à charge de mettre en état de culture, et 65frs les années suivantes.
Le mois suivant, la dame du Déluge voit son cousin Charles Louis Georges Nélaton, docteur en médecine, chirurgien demeurant rue st Honoré, et lui baille à Marcoussis la maison de campagne appelée la Bailloterie, moyennant un loyer de 2.000 frs
En 1901, la propriétaire du Déluge, Marie Emilie Gabrielle Héluis décède en son château du Déluge. Les témoins sont ses cousins Charles Louis Georges , agrégé à la faculté de médecine et Adolphe Etienne, artiste peintre, ainsi que le maire de Marcoussis le comte Aymar de la Baume. Il est probable qu'une succession aura lieu au profit de son cousin Charles Louis que l'on retrouve les années suivantes passant des baux au Déluge.
La matrice cadastrale confirme en 1904, Charles Louis Nélaton 268 rue st Honoré. Ensuite nous devrons nous contenter d'intitulés d'actes, le notaire de Marcoussis n'ayant pas versé ses minutes. Ainsi en 1911 retenons un intitulé de bail par Emilie Moquard, veuve Nélaton. Également l'année suivante un intitulé de procuration par les enfants Edmond Charles Emile Heurteau et Charlotte Nélaton.
En 1923 le domaine de Marivaux voisin de celui du Déluge est mis en adjudication. Dans la description des lots le nom de Heurteau apparaît plusieurs fois. Sans autre information retenons le décès de Charles Heurteau en 1961. Charlotte Nelaton vit en 1973.
Pour terminer cette chronique notons l'arrivée d'Octave et Lucette Delecroix qui ont acheté cette propriété en 1975 probablement à la famille Heurteau ou à leurs héritiers; à ce jour la famille Delecroix exploite toujours le domaine. L e château, l'emplacement du logis du commandeur, la cave de 1733 et la nef de l'église appartiennent à la famille Chiu.