La ferme du val de Guay (1580-1665) |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis------------------ ---------------------------__--------- Juin 2010 Extrait du plan terrier de la comtesse d'Esclignac (source avant tranfert aux AD91)JP. Dagnot
Cette chronique relate l'histoire d'une métairie sise au hameau du Guay à Marcoussis (Essonne) . Le récit commencera par décrire les lieux avant l'existence de la ferme, ensuite sa création, puis sa vente aux administrateurs de l'Hôtel Dieu de Paris, enfin son retour à des particuliers lors des ventes de biens nationaux pendant la Révolution. Les acquisitions réalisées par Claude Dumoulin, bien que fastidieuses à lire, ont été volontairement citées pour permettre à de nombreux lecteurs de retrouver leurs origines. En effet les registres paroissiaux de Marcoussis correspondant à cette première période n'existent plus.
Les lieux avant le XVIe siècle L'étude du hameau du Guay (1), montre que cette partie de Marcoussis était appréciée par les parisiens dès le XIVe siècle. De nombreuses sources jaillissaient de la colline et ses pans exposés au sud en faisaient un endroit privilégié. Les lieux correspondant à la future ferme, en contrebas et donc avec une vue mois attrayante étaient occupés par les habitants du cru.
La situation fin XVIe siècle Du dépouillement du registre censier de Marcoussis de 1580, nous ne retiendrons que la famille qui possède les bâtiments et qui constituera le point de départ de la création de la ferme.
Extrait d'un plan utilisé pour la vente comme bien national.
Les Belleseur, puisqu'il s'agit de ce patronyme, sont des gens aisés qui ont éduqué leur enfants, certains deviendront des notables, notamment des notaires. Donc en 1580, Jehan Belleseur déclare ses biens au seigneur de Marcoussis: Citons également Loys Belleseur et Jehanne Clin son épouse, dont la déclaration n'apparaît pas dans ce registre censier incomplet, et qui doit posséder des biens comparables à son frère Jehan.
La création de la métairie Nous avions vu l'arrivée à Marcoussis de Claude Dumoulin qui avait épousé Madeleine Vallée, fille d'un procureur parisien demeurant l'été à Marcoussis. Dans la chronique consacrée au Houssay, nous avions listé les achats à l'est de Marcoussis. Voyons maintenant ceux qui ont permis la création de la ferme. Afin de constituer un domaine suffisant, le créateur partira du Guay et accroîtra ses terres du côté de Beauvert. Recensons les multiples acquistions: En 1603, l'achat fait à Nicolas David notaire royal de Montlhéry:
En 1605, plusieurs achats: Puis en 1606, toujours devant le tabellion de Marcoussis la vente par Vincent Prudhomme et Elizabeth Trottier de sept quartiers en deux pièces au chantier de Pinceloup. Egalement devant Belleseur, la vente par Charles Dautier et Marguerite Belleseur de: En 1609, la vente par deux notaires, Vincent Belleseur et Pierre Beauperrin, par François Darly et Marie Belleseur d'un espasse de masure au dessus d'une cave, droit de passage et tour d'échelle, avec 20 perches de terre en jardin attenant la grange le tout sis au Guay . Pour avoir l'intégralité il faudra faire le tour de tous les héritiers de feu Jehan Belleseur. En 1611, devant Prévost et Perier, notaires au châtelet de Paris, la vente par Jean Sorterye d'une espasse et demi de grange couverte de chaume, droit de cour et passage, et moitié de masure près de ladite grange au Gay. En 1613, c'est au tour de Guillaume Belleseur laboureur demeurant à Soucy et Marie Lemaire sa femme, François Darly cordonnier à Marcoussis et Marie Belleseur, Fiacre Lobier marchand boucher de Longjumeau et Jeanne Jubin, Loyse Jubin épouse de Michel Belleseur son premier époux, tutrice, tous héritiers de feu Loys Belleseur et Jeanne Clin. Devant Cressé et Perrier, notaires au Châtelet, Il s'agit de conclure la vente de six espasses de logis et autres masures court jardin devant le tout contenant trois arpens au gay, ... Cette vente est faite moiennant quatre cents trente huit livres partagées sur le champ entre les héritiers. En 1618, devant Pierre de la Marche notaire à Montlhéry, la vente faite par Aubin Sorterye d'un arpen et demy de terre en trois pièces, pour l'agrandissement des terres labourables de la ferme. En 1619, devant Beauperrin la vente par Denis Touchard, laboureur demeurant à Beauvairs, de diverses pièces de terres: En 1621, devant Leroyer tabellion à Marcoussis, la vente par Charles Buisson, d'un demi arpen à Galesourt... L'année 1622 est importante pour Claude Dumoulin, il va pouvoir finaliser son ascension sociale en concrétisant une acquisition qu'il préparait depuis quelques temps. Il s'agit du fief des Biez qui est entre les mains d'héritiers de Loys de Graville. Comme nous le verrons ce fief a fait partie du lot attribué à Thomas de Balsac dans la succession de Jehanne de Graville. La descente aux enfers de cette famille se poursuit au XVIIe siècle. Ainsi le fief des Biez est saisi et mis en décret à la requeste dudit maistre Claude Dumoulin sur Messire Louis Seguier chevalier baron de saint Brisson et d'Anne de Balsac son épouse, faute de payement d'onze cent trente sept livres, adjugéz par sentence des requestes du mois de may 1617 aux charges des devoirs seigneuriaux et moyennant 2.700 livres. Donc en 1622, une ordonnance de la cour confirme la sentence d'adjudication faite par décret aux requestes du palais audit Claude Dumoulin, d'une pièce de terre appelée les Bietz es esciens se consistant en terres labourables, prés, paturages, saulx, hayes, contenant le tout quarente arpens ou environ, la pièce comme elle se poursuit par faire que ce soit, fief ou roture, assise en la paroisse Sainte Madeleine de Marcoussis, tenant d'une part au petit étang, d'autre aux terres de la dame d'Entragues, d'autre au fossé mitoyen, d'un bout à la chaussée du petit étang et d'autre à la chaussée du grand étang. Le bien acquis, il reste à porter le titre associé à ce fief. Notre personnage va trouver la dame de Marcoussis et de Montlhéry, Jeanne de Gagnon veuve de Messire Charles de Balsac, et par devant Leroyer tabellion à Marcoussis, il fait constater que ladite dame reconnait avoir reçu du sieur Dumoulin la somme de 350 livres, à laquelle ladite dame lui a quitté et remis le quint denier qui luy estoit du à cause du fief des Bietz relevant du roy à cause de sa seigneurie de Montlhéry. En fin d'année, notons, devant Leroyer notaire à Montlhéry, le bail à rente fait au sieur Dumoulin, en son nom et tuteur des enfans mineurs de lui & deffunte Madeleine Vallée, par Antoine Manon d'un arpen et demy de terre au chantier des Mocquets, moyennant 32 sols tournois de rente... Egalement en cette année, toujours devant Leroyer tabellion cette fois à Marcoussis, la cession par Jean Michel de trois espasses de maison couverte de chaume, cave au dessous cour et jardin contenant trois quartiers assis à Marcoussy.
La ferme du Val de Guay Les liasses conservées de l'étude de Marcoussis ne débutant qu'en 1631, les baux avant cette période n'ont pu être retrouvés. Signalons la mention, dans un bail d'entretien du Houssay antérieur à cette année, que cette ferme existe. L'entente, entre Marie Dumoulin devenue majeure et son père, n'est pas au beau fixe! Elle a fait saisir son père, obtient sa part et également en 1631, un bail judiciaire de ses biens. On retrouve en fin d'année noble homme Claude Dumoulin, escuyer, sieur des Biez et sa fille Marie majeure. Lesquels ensemble, confessent avoir baillé à titre de loier & prix d'argent de la saint Martin prochain jusqu'à six ans six dépouilles à Eloy Petit, marchand demeurant audit Marcoussis à présent preneur, une ferme & mestairie assise au Guay à Marcoussis appelée val de Gay, se consistant en maison, estable, bergerie, grange & aultres batimens, cour close de murs et jardin avecq la quantité de six vingts arpens de terres labourables en plusieurs pièces. Ledit Petit preneur, se tient pour comptant pour en avoir vu et jouir... fumer les vignes de la maison du Houssay. Payer 31 livres jusqu'à la saint Martin prochain, le bail fait moyennant 300 livres de loier à payer à Marie du Moullin.
Fin 1636 Claude Dumoulin décède. Son corps est inhumé dans l'église de Marcoussis. L'année suivante Marie Dumoulin et sa belle-mère Jeanne Martin vont transiger. Marie Dumoulin, fille majeure, est héritière sous bénéfice d'inventaire de deffunte Madeleine Vallée sa mère, première femme de feu Messire Claude Dumoulin, vivant escuier sieur des Bietz. Jeanne Martin, veuve en secondes noces dudit Dumoulin, au nom et comme tutrice des enfans mineurs de feu sieur Dumoulin et d'elle, est héritière d'icelluy deffunt. Après transaction ladite veuve quitte et délaisse à ladite Marie la métairie du Guay avec ses dépendances soit 180 arpents comprenant le fief des Biez.
La vie continue, en 1647, pour ne pas rester vieille fille Marie Dumoulin dame des Bietz s'unit avec Thomas Heudon avocat en parlement, malheureusement pour nous, le document vu son état est interdit de consultation. Eloy Petit l'aîné a passé la main à son fils Eloy Petit le jeune pour jouir de la ferme du val de Guay. En 1660, noble homme Thomas Heudon, advocat en parlement demeurant à Paris, rue du noyer, paroisse saint Séverin, lequel confesse avoir baillé et délaissé à titre de loyer, ferme, & prix d'argent du jour de la feste St Martin d'hiver prochain jusqu'à six années, six dépouilles, à Eloy Petit le jeune, marchand fruitier, laboureur, demeurant au Gué,..et à Marie Caillou sa femme: En 1662, Eloy Petit perd sa femme et comme tuteur de ses enfans mineurs, héritiers de leur mère, donne son accord pour poursuivre le bail en cours avec ses enfans. Trois ans après Marie Dumoulin et son mari Thomas Heudon, avocat au parlement, font donation à l'Hôtel-Dieu de Paris en 1665 d'une ferme et métairie située à Marcoussis, au lieu dit le hameau du Guay, avec environ 120 arpents de terre, y compris le fief des Biez situé le long du petit étang de Marcoussis, d'une petite maison avec cour et clos et un arpent de terre sis au hameau du Guay... Le détail sera repris dans la chronique suivante "La ferme de l'Hôtel Dieu". À suivre...
Notes (1) Chronique à venir
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