La ferme de l'Hôtel Dieu (1665-1789) |
|||
Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis------------------ ------------------------------- Novembre 2011 Extrait du plan terrier de la comtesse d'Esclignac (source avant tranfert aux AD91) .JP. Dagnot
Cette chronique est le second volet de l'histoire d'un lieu qui est resté une ferme jusqu'au XXe siècle. Nous nous étions arrêtés à la vente de cette ferme à l'Hôtel-Dieu de Paris. Elle restera entre les mains de cet ordre charitable jusqu'à la Révolution. À cette époque, elle sera considérée comme bien national et mise en adjudication.
La ferme dite du Guay Donc en 1665, un contrat est passé devant deux notaires parisiens par lequel noble homme Thomas Heudon, avocat en parlement et damoiselle Marie Dumoulin sa femme demeurant à Paris rue de Bièvres, paroisse Saint-Estienne-du-Mont, ont donné transporté et délaissé à toujours à hault et puissant Messire Guillaume de Lamoignon, ... premier président en sa cour de Parlement, ... tous gouverneurs et administrateursde l'Hotel Dieu de Paris, une ferme et métairie scize à Marcoussis au hameau du Guay consistant: En 1666, les administrateurs de l'Hôtel-Dieu, donataires entre vifs de Thomas Heudon advocat en la cour du parlement et Damoiselle Marye Dumoulin sa femme, font bail à Eloy Petit, laboureur & Anne Pinotteau sa femme, d'une ferme et mestairye, consistant en : La même année, les administrateurs font procéder au mesurage et arpentage par Charle Rosy demeurant à Passy, à la requête de l'Hôtel-Dieu, de toutes les terres de l'Hotel Dieu, en présence d'Eloy Petit fermier. Malheureusement pour nous, les archives de l'Hôtel-Dieu ont brûlé! L'année suivante, pour se dégager d'éventuelles créances du couple Heudon, les administrateurs se font volontairement saisir sur eux réellement et mis en criée pour purger les hypothèques, à la requeste de Robert Sadron, pour jouir de la donation de Thomas Heudon et Marie Dumoulin. Ils obtiennent ainsi un décret du Châtelet qui adjuge la ferme de Marcoussy et le fief des Biez à l'Hôtel-Dieu. Effectivement fin 1667, quelques arrérages existaient encore, Thomas Heudon et Marie Dumoulin règlent à Romaine Lanoullier, veuve Poullier, femme du receveur de Marcoussis, la somme de 300 livres pour des reliquats de cens dus au seigneur d'Entragues .
La ferme du Guay aux Petit et Duval
Généalogie simplifiée de la famille Petit concernée par la ferme du Guay.
L'histoire d'une ferme est principalement faite de la succession des baux faits par le propriétaire. Ainsi en 1675, nous retrouvons Éloy Petit qui s'est remarié à Marie Prudhomme et qui loueà l'Hôtel-Dieu la ferme et métairie de manière analogue au bail de 1666. Éloy décède en 1680. Trois mois plus tard, Marie Prudhomme, sa veuve fait une transaction avec la famille Petit. En son nom, et comme tutrice de Michel, son fils, Charles, garçon émancipé d'âge et Jeanne fille majeure, enfans de feue Marie Caillet, font un arrangement en faveur de Jeanne. Charles cède à sa soeur le bail de la ferme du Guay où ils sont demeurants, soeur de Charles & Michel, qui prend le droit au bail fait par les administrateurs de l'Hostel Dieu et dont il reste cinq années. Jeanne se marie aussitôt avec un laboureur de Villejust, Jean Duval. En 1685, Henri Duval et Jeanne Petit se rendent à Paris pour un nouveau bail avec les administrateurs de l'Hôtel-Dieu. Le bail est conclu moyennant 400 livres. L'union sera de courte durée Henri décède en 1691, âgé de 35 ans. Son épouse va se remarier avec Pierre Renaud en 1694. Avant l'union, elle fait dresser un inventaire comme étant commune en biens avec son frère Charles, que comme tutrice des enfants mineurs d'elle et de Louis Duval. Vont être listés les effets, grains, bestiaux, titres, nous ne retiendrons que les pièces composant la ferme qui est le sujet de cette chronique:
La ferme de l'Hotel-Dieu aux Grandjean L'année suivante l'Hôtel-Dieu loue la ferme à un nouveau couple, Antoine Grandjean, laboureur, et Marie Deforges. Le bail est conclu pour six années, et moyennant le prix et somme de 400 livres. Les conditions restent inchangées. Les mêmes renouvellent leur bail en 1702, cette fois pour neuf années. L'acte est toujours semblable, néanmoins les parties font leurs comptes, le couple est redevable de la somme de 1.025 livres sur laquelle somme , l'Hôtel-Dieu a fait remise de deux cents livres pour l'indemniser des dommages qu'il a souffert par la gresle arrivée le 29 juillet dernier. Pour se couvrir les administrateurs hypothèquent plusieurs biens du laboureur notamment des terres et une maison qu'il détient d'un héritage à Morangis ..! En 1708, les directeurs et administrateurs de l'Hôtel-Dieu n'ont pas satisfait à leurs devoirs seigneuriaux envers le marquis d'Entragues, une sentence est rendue à son profit à cause de leur ferme en censive du seigneur de Marcoussis. La vie continue, en 1713 a lieu le baptême d'Antoine Fourneau fils de Jean, garde-chasse de Monsieur le marquis d'Illiers, le parrain est le sieur Antoine Grandjean, fermier de l'Hôtel-Dieu, la marraine Marie Cochard, épouse de Monsieur Blanchard, receveur de la terre de la Ronce. Notre fermier décède le 4 janvier 1715. Il sera inhumé en l'église de Marcoussis. Trois semaines après Jean Duval, fils de Jeanne Petit ancienne fermière au Guay, prend la ferme de l'Hôtel-Dieu en bail avec Marie Anne Grandjean, mineure et seule héritière de son père Antoine. Jean Duval demeure déjà en ladite ferme, Marie Anne précise qu'elle est sur le point d'épouser Jean Duval. Le lieu est actuellement habité par Marie Desforges, veuve d'Antoine qui termine le bail. La description de la ferme est toujours la même, avec la petite maison en sus, ... devant l'entrée de la ferme il y a une fontaine et dépendances dicelle, ..., avec la quantité de 116 arpents de terres labourables, prez, saulsayes, aulnayes, y compris le fief des Bietz ... Le bail est conclu moyennant 400 livres. Notons en 1724, l'acquisition par l'Hôtel-Dieu de 14 perches au Guay à Jean Héros moyennant 100 livres. De nouveau en 1725, le bail de la ferme est renouvelé pour neuf années à Jean Duval et Marie Anne Grandjean. Les termes du bail restent identiques, à l'exception du montant du loyer qui passe à 500 livres. Cette fois en 1727, les représentants de l'Hôtel-Dieu n'oublient pas leur devoir pour le fief des Biez et présentent à Alexandre de Balsac, un nouvel homme vivant et mourant comme c'est la coutume pour des ordres religieux. Le personnage choisi se nomme Pierre Bernard, huissier de bureau à l'Hôtel-Dieu, et ce dernier va présenter la foy et hommage du fief des Biez relevant de Marcoussis, Alexandre de Balsac a fait remise des droits en faveur des pauvres de l'Hôtel-Dieu. L'année suivante, un différent intervient entre le fermier du Déluge et celui de l'Hôtel-Dieu. Devant Antoine Lhéritier, bailly de Marcoussis, comparait Charles Machelard marchand laboureur en la ferme du Déluge, plaignant, contre Jean Duval laboureur de la ferme de l'Hôtel-Dieu. Les chiens de ce dernier ont blessé dangereusement les vaches de Machelard au nombre de sept dont certaines plus blessées les unes que les autres par les chiens de Duval, ..., iceluy Duval soit condamné en dommages & intérêts ... Duval se défend en disant que les vaches s'étant échappées et ayant parcouru la campagne abimant les grains de particuliers et que iceluy Duval les a chassées uniquement... Marie Anne Grandjean décède en 1732, à l'âge de 34 ans, elle sera inhumée dans le cimetière de Marcoussis. Reprenons une nouvelle fois en 1733, un bail de la ferme: les administrateurs de l'hôtel-Dieu donnent à titre de ferme et prix d'argent pour neuf années à Jean Duval, laboureur en ladite ferme, c'est à savoir une ferme et mestairie consistant en un logement pour ledit Duval, estables à vaches et à chevaux, greniers et bergerie, poulailler, une grange de 4 espasses, jardins et autres appartenances pour 3,5 quartiers, clos de mur et de hayes vives, plus une petite maison menant à la dite ferme aussi clos de murs et de hayes vives pour un arpent, devant la ferme une fontaine, une avenue sortant de ladite ferme aboutissant sur le chemin du chateau, plus 116 arpents en terres prés saulssaye y compris le fief des Biez . Jean Antoine Fauve est le tuteur des enfants de Duval qui est veuf de Marie Anne Grandjean. Fin 1734, Jean Duval décède et sera inhumé dans la nef de l'église de Marcoussis probablement avec sa mère. Antoine Fauve, laboureur demeurant à Morangis au nom et comme tuteur des enfans mineurs de défunt Jean Duval et Marie Grandjean, vivant demeurant en la ferme de l'hôtel Dieu, fait à scavoir que les grains, herbes de pré et autres de présent pendant par les racines sont à vendre en l'auditoire devant le bailly, au plus offrant et dernier enchérisseur... En 1735 l'Hôtel-Dieu déclare qu'il détient 12 arpents en 7 pièces chantier de Beauvais, sur lesquelles l'oeuvre et fabrique de Marcoussis a droit de prendre 12 livres de rente.
La ferme aux Fauve En 1736, un intitulé d'un procès verbal de mesurage et arpentage fait par Pierre Jubin, arpenteur royal, des bâtiments terres prés et autres héritages dépendant de la ferme de Marcoussy montant au total à la quantité de 148 arpents scavoir les bâtiments et terres à 119 arpents, un quart en pré et 16 en bois à auquel est attaché un plan. Les archives détruites ne nous permettent pas de voir ce document. Qui exploite la ferme depuis le décès de Jean Duval? Ce qui est certain c'est qu'une scène se déroule le 14 juin 1736, Jean Antoine Fauve est arrivé dans la ferme, ce qui est attesté par le document abîmé suivant : après la célébration de la messe, sur le réquisitoire de Jean Antoine Fauve, fermier,... devant la principale porte de l'église avant la grand messe, Dame Louise Philiberthe de Xaintrailles, Messire Alexandre de Balsac d'Illiers, marquis d'Entragues, Mathieu Rousseau, curé, Nicolas Regnault, prureur fiscal, Louis Bontems marguillier, .... tous habitans dudit lieu de Marcoussis assemblés devant la principale porte de l'église, ont sur l'humble supplication qui leur a été faite, de vouloir bien rendre un fidèle témoignage au sujet de l'incendie arrivé par le feu du ciel en la ferme où il est demeurant, dépendant de cette paroisse attesté à tous, qu'il appartient que la nuit de la feste de Dieu au vendredy vingt neuf du mois dernier entre une et deux heures, il est survenu en cette paroisse un orage furieux, suivy d'éclairs et de tonerre épouvantables que ce tonerre est tombé sur les bastimens de la ferme, que si ledit Fauve n'avoit point été promptement secouru par la plus grande partie des habitans, la ferme auroit été par la grande ardence du feu réduite en cendres avesque ce qui estoit dedans, mais que par le moyen de ce prompt secours l'on a arrêté le cour du feu de sorte qu'il n'a été détruit qu'une écurie, une estable et les greniers qui estoient au dessus dans laquelle écurie et estables estoient lors enfermés les chevaux, beste à laynes, vaches, veaux et autres bestiaux dudit Fauve et resserez les arnais des chevaux.. les greniers estoient remplis d'avoine de foin et autres fourrages qui ont été consommés et incendiés, ainsy que les bestiaux et arnois à l'exeption toutefois de trois chevaux et neuf vaches qui ont été sortis dudit incendie, lequel incendie cause une perte qui aux yeux des comparants apparait très grande et qui est d'autant plus grande pour ledit Fauve qui est un homme nouvellement estably et sa femme preste d'accoucher, chargé d'une tutelle considérable... et auquel on ne connait pour tout bien que ladite ferme qu'il tient à haut prix...
En 1741, un nouvel arpentage est fait par Estienne Godefroy le total est passé à 155 arpents et les terres à 128. Deux ans après, Antoine Fauve, laboureur, époux de Marie Anne Pluchet, baille pour neuf ans la ferme et métairie consistant en un logement pour le fermier, estables à vaches & à chevaux, greniers et bergeries, poulailler, une grange de quatre espaces, jardins le tout clos de murs et de hayes vives plus terres et jardins plantés d'arbres fruitiers contenant sept arpents. A l'égard de la petite maison qui étoit attenant la dite ferme, comme elle a été abatue et les matériaux employés aux remises, elle ne fait plus partie du bail. Plus une saulsaye dans laquelle il y a une fontaine, plus 155 arpents de terres labourables comprenant les enoncés précédents, 20 de prez, 6 de bois. Le bail est fait moyennant 500 livres de ferme et loyer. Le bailleur pourra retirer la haye vive qui est autour du jardin à perdreaux. Notons que Jean Antoine Fauve est nommé receveur de la seigneurie de Marcoussis, lors du baptême de sa fille Claude, et dont la marraine est haute et puissante Claude Louis d'Illiers épouse du marquis de Rieux seigneur de Marcoussis. Vers 1750, dans des rôles de taille de la paroisse de Marcoussis, on peut voir que Jean Antoine Fauve exploite cette ferme ainsi que celle du château, payant à ces titres 975 livres pour celle du château et 185 pour celle de l'Hôtel-Dieu, l'ensemble correspondant à plus de 20% des tailles de la paroisse. Un nouvel arpentage des terres de la ferme est fait par François Galien arpenteur royal au Châtelet de Paris à la requête de Jean Antoine Fauve en présence du sieur Juliard du Chesnerond propriétaire de terres contiguës avec mise de bornes avec plan, par lesquels le total des biens se monte à 147 arpents et les terres à 118 et les prés à 19. En 1751, l'Hôtel-Dieu possède des bois dans la région dont la coupe de 290 arbres va être mis en adjudication, l'adjudication de la coupe se déroule en l'auberge de la Fontaine à Linas. C'est Médéric Gaudron qui est retenu moyennant le prix de 850 livres, Jean Antoine Fauve s'est arrêté à 750 livres. L'année suivante, Jean Antoine Fauve renouvelle le bail de la ferme pour 550 livres, les terres représentent 147 arpents. Le bailleur est tenu, dans les conditions, de planter soixante arbres fruitiers à haute tige tous les ans pendant neuf ans, le long du chemin des Biez. Un nouveau bail est passé en 1762, Jean Anthoine Fauve, laboureur, baille pour 9 ans, la ferme et mestairie comprenant 151 arpents, moyennant 570 livres. Suivent les conditions habituelles et notamment celle de laisser bien peuplé le colombier. En 1769, à la requeste de Nicolas Antoine Fauve fermier de la ferme dite de l'Hôtel-Dieu & Marie Jeanne Giroust sa femme, au nom et comme procureur de demoiselle Catherine Durant, demande un inventaire pour une ferme à Celle en brie... Le couple est dans la ferme du Guay depuis environ un an et Nicolas Antoine a pris la suite de son père Jean Antoine. Un an après, nouveau procès verbal d'arpentage de la ferme de Marcoussy : En 1772, Nicolas Antoine Fauve, époux de Marie Jeanne Giroust demeurant en la ferme du Guay prennent à loyer jusques à neuf ans la ferme et mestairie audit lieu comprenant les bâtiments et 151 arpens , En 1776, les rôles de tailles indiquent que sur 30 domestiques que compte Marcoussis, 5 font partie de la ferme de l'Hôtel-Dieu. Durant cette période, la ferme recevait occasionnellement des indigents sous les directives probables de l'Hôtel-Dieu de Paris. On peut remarquer les exemptions de cens données par Alexandre de Balsac lors de la présentation des foy et hommages et destinés aux pauvres. En 1780, Le bail à ferme est fait à Jean-Nicolas Fauve, laboureur, qui remplace son frère. La description des lieux est identique le bail fait cette fois moyennant 1.000 livres de loyer annuel. On notera que l'entretien des vitres et des clefs est à la charge du locataire. Deux ans après, devant Girard les administrateurs de l'Hôtel-Dieu ont présenté à la comtesse d'Esclignac la personne d'Alexandre Bertrand huissier pour homme vivant homme mourant pour le fief des biez relevant de la seigneurie de Marcoussis ,le sieur Bertrand a fait et porté les foy et hommage à cause du fief des Biez et il a payé 653 livres de droits de relief.
En avril 1782, l'homme vivant et mourant est chargé par la compagnie de l'Hôtel-Dieu de faire sa déclaration censuelle au terrier de Marcoussis des biens en roture de la ferme: article 1, un corps de ferme vulgairement appelé la ferme de l'Hôtel-Dieu, .... suivent 68 autres articles décrivant les différentes pièces composant les biens . La déclaration représente 114 arpents chargés de 6 livres en argent, 5/6 de chappon!, et une poule de cens. Pour terminer le dernier bail passé par les gouverneurs et administrateurs de l'Hôtel-Dieu en décembre 1789 au même Jean Nicolas Fauve. Prévu pour une durée du bail de neuf ans il n'ira pas à son terme, la ferme sera considérée comme bien national. Précisons l'étendue de 154 arpents et le loyer de 1000 livres. À suivre...
Ces sujets peuvent être reproduits " GRATUITEMENT" avec mention des auteurs et autorisation écrite |