ecusson1
ecusson1
Attention ce site change d'hébergeur à l'adresse http://julienchristian.perso.sfr.fr

La ferme de l'Hôtel-Dieu de 1790 à nos jours

Cette chronique est le troisième volet de l'histoire d'une ferme, au hameau du Guay, qui a existé jusqu'à la fin du XXe siècle.

 

J-P Dagnot septembre 2013.

 

Extrait d'une photo prise à l'orphelinat d'Auteuil.

 

La ferme bien national

La Révolution arrive, et ces biens, bien que gérés par des non religieux, sont considérés comme biens nationaux; des décrets du 6 et 11 avril 1790, et du 5 décembre 1793, vont permettre d'annuler les baux et de mettre en vente cette ferme.

En ventôse an 3, un document provenant du district de Versailles décrit, par un procès verbal d'estimation des biens nationnaux, la ferme de l'Hôtel-Dieu de Paris à Marcoussis: en exécution de la commission à nous donné par le directoire, nous soussignés Louis Boudier, domicilié à Marcoussis aidé de deux commissaires, sommes transportés à la ferme de l'Hôtel-Dieu, lequel bien est loué par bail à Fauve, avons parcouru les lieux et considérant qu'en vertu de l'arrêté du comité de salut public, l'administration a mis en réserve une pièce de pré de 6.900 m2 et fait une autre réserve de 7.960 m2 de bois, ce qui réduit les dépendances de la ferme à 340.930 m2. De ces faits nous avons déterminé de concert avec les officiers municipaux que ce bien n'est pas dans le cas d'être divisé. Et que déduction faite des prés réservés pour le pacage des chevaux de la République et des bois, ledit bien ne doit former qu'un seul lot.
Du bail présenté par Fauve, nous avons noté:
- bâtiments, cour, jardin, 1 arpent,
- terres labourables, 117 arpents,
- vignes, 66 perches,
- bois, 10 perches,
- pré, 20 perches,
- friches, 1 perche..
Composition de la ferme du Guaÿ:
- cuisine et salle à manger au rez-de-chaussée,
- chambre au premier étage, grenier au dessus,
- vollière à pigeons au dessus de la porte de la grange,
- grange de 4 travées, remise et grenier au dessus,
- écuries, étable à vaches, poulaÿer, ber
gerie, laiterie,
- cour et deux jardins en partie clos par la cour et des hayes vives,
contenant 3.485 m2,
suivent les terres ...

 


Trois mois après, la mise en adjudication de la ferme est affichée . Suit la vente conforme à la description soit: 3.400 m2 et les bâtiments, suivi d'une liste de 49 pièces de terre pour 100 arpents. L'acquéreur pourra payer à crédit à raison de 2% l'an . La vente a lieu le 26 prairial an 3: les enchères commencent à 100.000 livres, portées par le citoyen Lhomme de Marcoussis, puis 200.000 par Charles Arranger également de Marcoussis, ... la bataille se termine au cinquième feu par la victoire de Lhomme sur Arranger. Notons que Charles Arranger est le secrétaire de la mairie de Marcoussis et et que Charlemagne Lhomme a exercé les fonctions d'agent national (inquisiteur de Versailles sous la terreur). C'est troublant, leur revenus sont plus de cent fois inférieurs et il faut déposer une caution du quart de l'estimation soit 12.500 livres. Ces deux familles quitteront Marcoussis à la fin de la Révolution.

L'ancien agent national, Lhomme, chirurgien à l'occasion (certainement le plus sévère sans culotte de la commune) a donc acquis l'ensemble et le revend partiellement, à partir de fin thermidor, en divisant le tout en 53 lots, chez l'ancien instituteur Boudier devenu notaire. Apparemment les ventes correspondent à 205.000 livres. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, le duo procéde de même pour la ferme d'Ollainville saisie sur le Maréchal de Castries, émigré; cette fois on passe à plus de 300 arpents avec bâtiments achetés 2.126.000 livres, seule différence, ils organiseront la vente, aux "enchères", pour plus de 3.000.000 livres.

Pour tenir ses engagements, en nivose an 4, le citoyen Lhomme, officier de santé, rembourse une prime de 6.350 livres en assignats, reçue de la Nation, en raison de l'achat de la ferme de l'Hôtel Dieu, à la cinquantaine d'acheteurs, pour les 88 arpents vendus. En final, Lhomme et son épouse ont conservé une dizaine d'arpents ainsi que les bâtiments de la ferme.

 

 

La ferme aux Frizon

La morale doit exister, Lhomme décède prématurément en pluviôse an 5. Sa femme se remarie avec un autre profiteur, Joseph Martin, ils vendent leurs biens, notamment en frimaire an 7, puis, quittent Marcoussis. Le citoyen Pierre Joseh Martin, propriétaire, et Marie Joseph Carbonnet son épouse , demeurant à Marcoussis, vendent au citoyen Laurent Frizon, propriétaire, demeurant à Paris place Vendôme:
1°) sept espasses de bâtiments appliqués en deux chambres basses à feu, deux chambres ou cabinets non à feu, deux écuries ou vacheries, fournil, grange, grenier sur le tout couvert de thuilles, deux toits à porc, poulailler sur iceux couverts de chaume, cour face aux batiments, cave à l'extémité;
2°) à 8°)
terres pour cinq arpents;
la vente est faite moyennant 5.000 francs deniers en pièces d'argent.
Le couple quitte Marcoussis... on retrouve leur trace à Chambon dans le Loiret en l'an 7; il restait à encaisser le solde de la vente, et Martin donne procuration, et envoit sa femme à Marcoussis pour toucher le solde 4.200 francs en pièces d'argent ... Notons l'état du second mari, propriétaire et garde brigadier de forest. La quittance est passée à Bellebat.

La vie des Frizon sera détaillée dans une chonique spécifique. En brumaire an 14, demoiselle Charlotte Chevallier, épouse séparée en biens du sieur Laurent Frizon, propriétaires du domaine de Bellebat, ladite autorisée par jugement à l'effet de gérer les biens de son mary,laquelle fait bail à loyer pour neuf années à Denis Arranger, vigneron, demeurant au Guay:
1°) une maison au hameau du Guay composée de trois espaces de bâtiments appliqués en une chambre basse à feu, allée à côté, servant de batterie et d'entrée, une autre petite chambre basse non à feu, écurie à côté et un petit fournil attenant l'écurie, grenier sur le tout,
2°) une autre maison joignant la première, appliquée en chambre basse à feu appliquée en chambre basse à feu le texte semble est identique foulerie de deux espaces toit à porc et poulailler, grenier sur le tout, cour à côté et une ancienne laiterie servant de remise, puit en icelle remise, cour en face et à côté des deux maisons
3°) 30 ares 75 centiares de jardins près les deux maisons...
La suite non numérisée, mais à l'évidence il s'agit bien des bâtiments de la ferme de l'Hôtel Dieu. Pourquoi le mari est-il interdit de droits? Un document postérieur nous indique qu'il est décédé à Grasse en 1807.

En 1811, Charlotte Chevalier, veuve de Laurent Frizon, avec le consentemeent d'Antoine Pierre Laurent Frizon, chef de bureau au ministère de la marine, tout deux propriétaire du domaine de Belebat, comme ayant la nue propriété desdits objets, baille à loyer pour six années à Louis Godart, charetier, demeurant au Guay, une maison où est demeurant ledit preneur ... (description analogue à celle de l'an 14), quatre pièces de terres représentant 74 ares. Ledit bail fait moyennant 190 frs. Les preneurs auront la facuté de cuir leur pain et faire leur lessive dans le fournil loué audit Paris. Un autre bail a dû être consenti pour le reste des bâtiments.

Charlotte Chevalier décède début septembre 1813, quinze jours après, Antoine Pierre Laurent Frizon, propriétaire du domaine de Bellébat fait bait à loyer pour trois années à Louis Peuvrier, une maison sise au Gué composée de trois espaces.... (description de l'an 14), avec 15 ares de terre, fait moyennant le prix de cent francs .

 

 

En 1830, Antoine Frizon vend les bâtiments de la ferme de l'Hôtel-Dieu: fut présent Antoine Laurent Frizon, propriétaire demeurant à Paris, de présent en son domaine de Belebat, a par ces présentes vendu à Jean Louis Lemaire, cultivateur et Marie Reine Chartier, son épouse:
- une maison au Gué, consistant en un bâtiment distribué au rez-de-chaussée, en deux chambres à feu, étable au bout sud, à l'autre bout allée petite écurie et cabinet grenier sur le tout, fournil en retour avec grenier, grange ensuite du fournil, cour devant les bâtiments dans laquelle cour sont un toit à porcs, deux voûtes en pierre, l'une servant de remise l'aute de cave ou laiterie, terrain derrière et un jardin de 6 ares, tenant ...
- plus une pièce de pré de 2ares 80 centiares
La vente faite moyennant
1°) la somme de 1.000 frs en numéraire métallique,
2°) la somme de 3.000 frs en numéraire métallique ou la quantité de 112 hectolitres de blé froment.
L'examen des matrices cadastrales correspond aux parcelles L508-509-639.

 

 

La ferme de l'Hôtel-Dieu aux Lemaire

 

 

La suite de ce récit va essentiellement reposer sur les matrices cadastrales et les registres d'état civil. Ainsi, la matrice indique l'entrée en 1832, "pour le fils de Louis Lubin" (Jean Louis Lemaire), les parcelles achétées en 1830 et des terres en section G.

Notons, fin 1842, le mariage d'Isidore Emile Sainé, journalier, 22 ans, fils d'Isidore Sainé, avec Louise Marie Lemaire, 17 ans, fille de Jean Louis Lemaire. L'année suivante, Isidore Emile devient Emile Jean dans l'acte de naissance de sa fille Marie Louise...

La matrice des propriétés bâties signale les bâtiments de la ferme en 1847, avec augmentation de construction; confimée par le folio général, dans la période 1853-1859, d'une construction nouvelle.

Pour la période 1859-1882, le propriétaire Emile Isidore Sainé, déclare des terres sections G, et la ferme de 1830.

En 1872, relevons le mariage d'Emile Léon Joseph Sené, 24 ans, demeurant au Gué chez ses parents, fils d'Emile, 52 ans, et Marie Louise Lemaire 47 ans, cultivateurs. Jean Louis Lemaire décède en la demeure du sieur Emile (Isidore) Sené en 1882.

De ces faits, la matrice des propriétés bâties confirme:
- période 1882-1891, case 298, Isidore Sainé au Gué, gendre Lemaire pour la parcelle L508.
- 1887, Denis Ernest Sainé, gendre Huret à Gometz, case 298, pour la parcelle L508.

Bien qu'indigeste, relevons le folio de la matrice générale qui donne pour la même année, Denis Ernest Sainé L505, 506,507,508,509.

Revenons à la matrice des propriétés bâties, sans entrer dans les détails, un partage suivi de permutation a eu lieu entre Emile gendre Lemaire, et Denis Ernest son frère:
1889-1895, folio 1230 Sainé Emile gendre Lemaire,
1889 Emile Sainé, gendre Lemaire au Gué case 298,
1891-1895 case 358, Sainé Emile, gendre Lemaire pour l'habitation L508.

Marie Louise Lemaire décède en 1896. La même année, Jean Emile Sené renonce à la donation et à l' usufruit à lui faite par Marie Louise Lemaire son épouse décédée. En fin d'année une quittance est faite au veuf par les nombreux héritiers.

En 1898, notons l'entrée de Garreau Adolphe sur la matrice des propriétés bâties pour L508 case 401 venant de Villiers à Nozay au Gué. Ce cantonnier est marié à Adélaïde Beulin. Il nous reste à trouver comment la ferme est passée des Séne à Garreau.

Le folio 852 précise Garreau Adophe, père, entré en 1898 pour la ferme et quelques terres. La même page cite Louis Petit gendre Régnier pour les mêmes biens.

Terminons par le décès d'Emile Léon Joseph Sené en 1904.

 

 

La ferme aux Petit

Voyons cette famille et relevons en 1893 le mariage Louis Petit, cultivateur, né en 1870, avec Mélanie Regnier, née en 1876. Ce couple a un enfant en 1898 appelé Maurice.

Nous arrivons en 1908, un cahier des charges est établi à la demande d'Adolphe Garreau, cultivateur, et d'Adélaïde Beulin son épouse demeurant au Gué, pour parvenir à la vente :
1°) d'une maison et dépendances au Gué,
2°) 1 ha de terre
3°) 4 ha au froid cul.

Le mois suivant a lieu l'adjudication par les Garreau au profit de Pierre Louis Petit et Mélanie Regnier d'une maison et dépendances au Gué moyennant 5.500 frs.

 

 

Comme à l'accoutumée l'enregistrement au cadastre a lieu en 1910, tant pour les propriétés bâties L505 à 509, que pour les terres. La matrice signale ce personnage jusqu'en 1937.

Notons en 1930, le mariage de Maurice Gustave Petit, avec Charlotte Pauline Bouet. Des mentions marginales de l'état civil indiquent en 1975, le décès de Maurice Gustave Petit. Ce couple a eu un enfant nommé Maurice, né en 1931.

Ce dernier a épousé Marie Thérèse Percevault; le couple a exercé de 1963 à 1993, l'activité de maraicher de plein champ. Les légumes étaient livrés aux halles de Paris puis à Rungis. En 2013 les bâtiments existent toujours et ne sont plus à usage agricole, mais d'habitation par ces derniers . Les terres restant à ce jour représentent 34.000 m2 à comparer aux 340.000 m2 au XVIIIe siècle de la ferme de l'Hôtel-Dieu.