Le Doyenné de Châteaufort

(1) Les paroisses septentrionales

Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------------- _------------------ --------- Février 2011

Carte de «  l'Archevêché de Paris divisé en ses trois archidiaconez et en ses deux archiprêtrez et sept doyennéz ruraux  » dressé par ordre du cardinal de Noailles (Besson, Paris, 1706).

C. Julien

 

 

 

Après la description du doyenné de Montlhéry, cette chronique est le second volet de la prescription des paroisses dans l'archidiaconé de Josas, division du diocèse de Paris sous l'Ancien régime. Cette fois, après avoir donné quelques généralités, nous présentons les paroisses septentrionales du doyenné de Châteaufort en exposant pour la plupart les visites du vicaire de l'archidiacre de Josas au cours du XVe siècle (1).

 

 

Le doyenné de Châteaufort

L'élection de Paris était située au centre du gouvernement de l'Île-de-France, et avait pour chef-lieu la capitale du royaume. Le siège de l'élection était le Châtelet de Paris où tous les jugements en appel avaient lieu après contestation d'une sentence rendue par le prévôt de la châtellenie royale dont relevait la paroisse. Le diocèse ayant à peu près les mêmes limites que l'élection.

Au diocèse de Paris «  civitas Parisiorum  », l'archidiaconé de Josay ou Josas et au XIIIe siècle de Hurepoix «  archidiaconatus de Josayo, al. de Josaso, de Heripensis vel Huripensis  » est divisé en deux doyennés : 1° doyenné de Châteaufort antérieurement nommé de Massy «  decanatus de Castro-Forti, vel de Maciaco, al. de Massiaco  ». 2° doyenné de Montlhéry, depuis et successivement nommé de Linas, d'Essonnes et de Longjumeau «  decanatus de Monte-Lerico, al. de Monte-Letherico, postea de Linaio, de Essona (Exona), vel Montis-Gemelli  ».

Nous parcourons les paroisses du doyenné rural de Châteaufort « decanatu de Castro Forti », c'est-à-dire toute l'étendue de l'archidiaconé de Josas à l'ouest de la route de Paris à Orléans, frontière orientale, qui commence au nord sur les rives de la Seine à Gennevilliers et finit au sud sur les bords de l'Orge à Bruyères-le-Châtel (2). Au Moyen âge, époque qui nous intéresse, l'archidiaconé de l'Éripoix (Hurepoix) ou de Josas et ses deux doyennés comportaient 165 paroisses dont 99 paroisses dans le doyenné de Châteaufort et seulement 66 paroisses dans le doyenné de Montlhéry.

 

 

Le doyen de Saclay

Dès 1194, Châteaufort était considéré comme le siège du doyenné occidental ( decanatu Castri Fortis ) de l'archidiaconé de Josas, et il figure au même titre en divers textes du XIIIe siècle commençant. Son titulaire est néanmoins qualifié doyen de Saclay. C'est dans le Pouillé de la province de Sens que la partie occidentale de l'archidiaconé de Josas est désignée sous le nom de doyenné de Saclay « decanatu de Sarcloi ». Dans les lettres de confirmation d'avril 1232, données par Guillaume III, évêque de Paris, pour la vente d'une rente, nous apprenons également l'existence du doyen de Saclay « ad requisitionem decani de Sarcleio in episcopatu Parisiensi ».

En effet, l'église de Saclay est nommée aux Pouillés du XIIIe siècle, sous le nom de Sarcloi dans le rang de celles dont la cure est conférée de plein droit par l'évêque. Un dénommé Guy en est le curé en 1233. Il est qualifié decanus de Sarcleys , dans un acte de cette année-là, parce qu'il est, semble-t-il, doyen du doyenné de Châteaufort (3). Une église vient d'y remplacer une chapelle Saint-Germain édifiée sur l'une des terres par les religieux de l'abbaye parisienne. La liste des abbayes et prieurés de 1260 situe le doyenné à Massy, où l'église dédiée à Marie-Madeleine paraît plus récente que celles, proches, de Wissous et de Paray. En 1261, les textes parlent du doyen d'Issy «  decanatu de Issiaco  » tandis qu'un document rédigé vers cette dernière date substitue l'expression de doyenné de Massy à la locution de doyenné de Châteaufort qui ne tarde pas néanmoins à prévaloir définitivement.

Il convient de dire que, seuls, dix-sept prieurs au doyenné de Châteaufort étaient tenus de fournir à tour de rôle, à l'église cathédrale de Notre-Dame de Paris, le pigment lors de la fête de l'Assomption « solvere pigmentum in festo Assumptionis beate Marie Virginis  ». Les comptes de la fin du XIIIe siècle mentionnent successivement le prieur de Palaiseau en l'an 1280 puis en 1295 et 1311, celui de Bruyères-le-Châtel en 1281, de Briis-sous-Forges en 1284, Marcoussis en 1288 puis en 1304, Gometz-le-Châtel en 1290, Saulx-les-Chartreux en 1291, Limours en 1292, Châteaufort en 1294, puis en 1310, Orsay en 1301, etc.

Au Moyen âge les curés étaient présentés par le patron de l'église, le fondateur qui pouvait être l'évêque de Paris, le seigneur du lieu ou le chef (abbé ou prieur) d'un monastère. Nous trouvons les trois cas de figures dans le doyenné de Châteaufort. De ce fait, la situation de chaque paroisse s'en trouvait complexe et cette complexité fut source de nombreux procès. Prenons l'exemple de la paroisse de Nozay dont le le prieur de Longpont présentait le curé. Celui-ci en recevait une rétribution appelée le gros . Par contre, l'évêque de Paris avait droit de visite à Nozay, il recevait du curé la procuration ou décime somme d'argent payable le jour de la venue du vicaire archidiaconal. En 1352, les comptes des décimes énoncent 13 s. 4 d. au curatus de Noreyo pour 20 l .t. de taxatio (plus exactement la taxe correspondant au trentième de la taxatio ). Dans le Pouillé de 1525, il est écrit que le bénéfice de l'église paroissiale de Nozay ( Noreyo ) appartenait encore au prieur de Longpont.

 

 

Le pouvoir de l'archidiacre

Au déclin du Moyen Âge, les archidiacres jouissaient d'un pouvoir considérable, le clergé leur était soumis dans la plupart des actes paroissiaux. Les paroisses par l'intermédiaire du marguillier ou du curé leur payaient différentes redevances et notamment un tribut, nommé droit de visites ou de procuration dont le montant était évidemment fonction de la taille de la paroisse. En 1460, le montant de la procuration semble être de 40 sols parisis, l'amende s'élevait jusqu'à 12 sols parisis, chiffres élevés pour l'époque.

L'archidiacre recevait le " serment et la légation " au moyen de lettres payées à l'entrée de marguilliers en fonction et venant d'être élus, ces derniers décrétaient la taille qui était l'impôt sur les édifices religieux. Les fidèles se trouvaient placés sous leur dépendance pour de nombreuses circonstances de la vie commune. Fiancés, époux, malades, délinquants, défunts, intestats ou sans sacrements acquittaient en faveur de l'archidiacre des amendes ou des redevances qui étaient sans cesse de plus en plus importantes. De plus, les archidiacres avaient su se créer une telle indépendance que leurs titres et leur situation équivalaient à l'un des fiefs royaux, c'est pour cette raison qu'ils rendaient foi et hommage au roi, dès le XIIIe siècle. Les marguilliers sont les administrateurs de la paroisse ; ils gèrent les biens, louent les terres, perçoivent les rentes, versent au prêtre le montant des messes. L'assemblée, le conseil de fabrique nomme éventuellement la sage-femme, le maître d'école, etc.

Au cours des siècles, la législation évolua, et plus particulièrement avec la création de l'Église gallicane. La puissance de l'archidiacre a été brisée par le concile de Trente. La visite reste un devoir de sa charge sous le contrôle de l'évêque à qui il doit rendre compte (4). Alors que le concile accepte l'exemption de visite, sous le roi François 1er, seuls les abbayes chef d'ordre et les couvents dont elles ont juridiction peuvent être exemptés de visite, mais l'évêque peut visiter en qualité de délégué du pape. La visite a lieu chaque année ou avec une périodicité de deux ans. A partir du XVIe siècle, le visiteur doit avoir «  un train et une suite modeste  » contrairement aux usages du siècle précédent. Il doit être nourri «  honnêtement et frugalement  », à moins que les visités ne préfèrent verser une somme d'argent ou même de ne rien donner si la coutume le permet.

 

 

Les visites canoniques

La charge de la procuration en argent est fixée par la coutume et n'est pas, de ce fait, soumise à des règles uniformes dans toutes les paroisses. La procuration épiscopale est toujours payée par le curé et la provision décanale par les marguilliers, la procuration archidiaconale est demandée tantôt au curé, ou au desservant, tantôt aux marguilliers. À la fin du XVe siècle, l'archidiacre de Josas lève la procuration sans obstacle dans tout son archidiaconé, percevant autant de taxes qu'il visite de paroisses, fût-ce dans la même journée.

Le légat du pape avait notifié en 1472 à l'évêque de Paris la décision générale de Sixte IV confirmant la faculté de visiter par délégué et de faire plusieurs visites par jour. Une telle disposition ne pouvait que renforcer une ancienne pratique puisque les évêques et archidiacres avaient régulièrement recours à la délégation, sauf à faire quelques visites en personne, même lorsque l'exemption des établissements visités ne les y astreint pas, comme à Longpont.

Dans les années 1470, le grand archidiacre de l'Église de Paris se nomme François Hallé. Nous le trouvons en tournée dans les doyennés ruraux du 22 septembre au 1er octobre 1471.

Les prélats de la curie épiscopale exerçaient leur autorité par les visites annuelles de paroisses du diocèse afin de contrôler tant l'état du spirituel que celui du temporel. Les églises étaient inspectées de fond en comble : fonds baptismaux, tabernacle, sacrements, huiles saintes, saint chrême, hosties, vases et calices, etc. Les marguilliers devaient rendre compte de la dignité du curé, de la pratique des fidèles, de la nomination de la sage-femme jurée. Ces visites épiscopales, archidiaconales ou décanales étaient faites avec minutie, jusqu'à la présence d'araignées «  vermes et arachnæ  » est signalée.

Au XVe siècle l'archidiacre de Josas avait délégué ses prérogatives à un vicaire de l'épiscopat. Ainsi dans les années 1460-1470, sous le pontificat de nous trouvons Guillaume Chartier, évêque de Paris de 1447 à 1472, Jean Courcelles, clerc d'origine picarde était archidiacre de Josas qui déléguait ses pouvoirs au vicaire Jean Mouchard lequel visita l'archidiaconé entre 1440 et 1500 (5). Les visites peuvent surprendre par leur rapidité ; il n'est pas rare que trois ou quatre visites paroissiales soient faites le même jour par le vicaire. L'arrivée du visiteur, suivi d'une caravane considérable, était toujours objet de curiosité mais aussi cause d'épouvante pour les paisibles habitants d'un village.

 

 

Bièvres

Cure Saint Marin à la nomination de l'archevêque. Ce village étoit ignoré avant le XIIe siècle ; il étoit nommé Bièvres-le-Châtel. Dans l'église est la sépulture de Georges Maréchal, premier chirurgien du Roi, seigneur de Bièvre, mort en 1736. Ce lieu a été célèbre par le voisinage de l'abbaye de Val profond, la même que l'abbaye de Val-de-Grâce. Les religieuses, avant de s'établir, en 1621, au Fauxbourg Saint-Jacques, occupoient une vallée qu'elles furent obligées de quitter à cause des inondations fréquentes.

Visites archidiaconales. Le dimanche 3 juin 1459, le vicaire de l'archidiacre de Josas visite l'église paroissiale de Bièvres en présence de Dom Germain Gilleberti, prêtre-curé de ce lieu. Dans cette paroisse, il y a seulement trois paroissiens qui sont tous absents. Le même jour Jean Foucquet a été nommé marguillier et doit présenter la provision de cette église pour samedi prochain.

À la fin du mois de juillet 1466, le même vicaire a visité les l'église paroissiale Saint Martin en la paroisse de Bièvres en présence du curé Dom Guillaume le Ber, et des marguilliers Goeffroy Dugué et Guillaume Flain. Guillaume de la Haye est cité pour établir un inventaire de la fabrique pour samedi prochain. Le curé s'amende pour s'être amuser en public sans chemise le jour de saint Pierre et en face des gens du village d'Igny.

 

 

Château-Fort

Sur le déclin de la seconde race de nos rois, plusieurs seigneurs firent bâtir des châteaux dans les lieux qu'ils trouvoient les plus faciles à fortifier, et dont la situation étoit plus avantageuse pour se défendre, en cas de guerre. Le lieu dont il s'agit ici, qui est sur le bord d'une profondeur qui règne au midi et au levant, au bas de laquelle coule un ruisseau, qui se jette près de Gif, dans la rivière d'Ivette, fut jugé propre à bâtir une forteresse vers ce temps-là, et c'est ce qui lui donna le nom. La confiance qu'eurent les gens de la campagne dans la protection du seigneur de Château-Fort, fit qu'ils vinrent s'y réfugier, et que le bourg qui s'y forma, ressembla à une petite ville. Non seulement le château mit les peuples à l'abri des ennemis, mais aussi la clôture qui fut faite tour-au-tour , et trois grosses tours en différents endroits du bourg, dont on voit encore les restes de deux, sous lesquelles on a fait agir la mine. Ce lieu devint si considérable, qu'il fut regardé comme le chef d'une contrée de tout le diocèse de Paris, et nommé Château-Fort vers le X e et XIe siècle : c'est le plus étendu des six doyennés ruraux ; il commence au bout de la banlieue, au midi de Paris, sur le grand chemin d'Orléans, et comprend tout ce qui est à main droite, jusqu'à Mauchamp inclusivement ; savoir , à deux ou trois lieues en deçà d'Étampes, s'étend jusqu'au delà de Saìnt-Germain-en-Laye, et renferme tout ce qui est au rivage de la Seine dans cette espace.

Château-Fort est à cinq lieues de Paris, vers le couchant d'hiver ; les terres du côté du septentrion ou de la plaine, y sont toujours également propres au bled, et les vallons y. font garnis de prairies ; mais le nombre des habitants est fort diminué, et les maisons en petite quantité et fort délabrées.

Il y a deux paroisses : celle du bourg dont on vient de parler, et où il reste encore quelques vestiges de rues et de places, avec une espèce de contiguïté dans les maisons. L'autre paroisse a ses habitants répandus dans la campagne, vers l'orient, et en très petit nombre. On pense que c'est celle du bourg qui est l'ancienne, et qu'elle existoit avant l'érection de la forteresse, à l'abri de laquelle les fermiers vinrent se mettre, ce qui la grossit fort aux dépens de l'autre.

L'église paroissiale est située sur la descente de la montagne à mi-côte, et est titrée de la Sainte-Trinité. Ce n'est plus qu'une espèce de chapelle isolée et solitaire, élevée à neuf depuis peu sur les ruines de l'ancien édifice.

L'autre église est en même temps priorale et paroissiale ; elle est sous le titre de Saint-Christophe. La desserte de la paroisse se fait dans une aile de ce vieux bâtiment, du côté du midi. Le principal corps de l'édifice est l'ancienne église des moines, dont la nef n'est pas voûtée. Ce qui reste du tout se sent très fort de sa vétusté. On ignore quel fut l'évêque de Paris qui donna à l'église de Bourgueil la nomination des deux cures de Château-Fort, qui est dite appartenir à l'abbé dans tous les pouillés de Paris, tant manuscrits qu'imprimés, à commencer par celui du XIIIe siècle. Le Pelletier a marqué dans le sien de l'an 1692, que c'est au prieur du lieu. La léproserie de Château-Fort existoit dès le XIIIe siècle.

Par arrêt du 9 février 1663, Charles d'Escoubleau, marquis de Sourdis, comte de Jouy, fut déclaré devoir jouir de la seigneurie de Château-Fort, à condition que la justice y seroit rendue au nom du Roi par les officiers pourvus par Sa Majesté sur la nomination de ce seigneur, conformément à 1'arrêt du 27 juin 1650. Château-Fort n'a commencé à diminuer visiblement, que depuis que les dames Ursulines de Saint-Cyr en sont devenues dames, aussì-bien que de la seigneurie de Chevreuse ; en sorte qu'il est très sensible que l'un des lieux s'est fort affoibli, à mesure que l'autre, qui n'est qu'à une lieue, s'est fortifié et a augmenté en habitants.

Il y avoit autrefois à Château-Fort une rue, que l'on appeloit la rue de la Monnaie. Il y avoit aussi tous les mardis un marché. Il ne reste de tous les droits attachés à la tour, que celui de la foire du jour de Saint-Simon, qui consiste dans le mesurage des grains, droit de place, jeu de quilles, affermé 80 livres .

Ce lieu a donné naissance à plusieurs illustres personnages, entr'autres, à Jean de Château-Fort , abbé de Livry, ordre des chanoines réguliers, en 1289 ; à Guillaume de Château-Fort , recteur de l'Université de Paris, en 1449, et ensuite docteur de la maison de Navarre. Il étoit Grand-Maître du même collège en 1459, et fit de graves remontrances au roi Charles VII, sur les abus introduits dans les collèges. Du Boulay le représente comme un homme impérieux et hautain ; mais en même temps il le fait natif du Berry. De nos jours, le célèbre Eusebe Renaudot , si connu par ses ouvrages, a été prieur de Château-Fort.

Visites archidiaconales. Le 3 juin 1462, le vicaire est passé devant l'église Saint-Christophe de Châteaufort «  ecclesiam sancti Xhristofori de Castro forti  » qui est en ruine, le clocher est aussi ruiné dans lequel une grosse cloche est suspendue. Le curé Dom Jean Lounel est absent. Il y a seulement quatre paroissiens et tous communient. Monseigneur l'évêque de Paris a en garde une croix en argent que l'on voyait dans cette église.

Le mardi 1er décembre 1467, en présence de Dom Pierre Roussel curé de Magny, Jean Roze prévôt de Châteaufort et plusieurs autres, le prieur de Châteaufort, frère Charles Roussel est présenté à la commission du vicaire du seigneur archidiacre. Le prieur nous ouvre son église de la part dudit prélat en disant qu'il n'est pas tenu de la visite et la procuration du seigneur archidiacre. Gervais Guillier paroissien de ce lieu de Châteaufort nous dit que le curé ne réside pas en ce lieu et qu'il n'y a pas de marguillier dans l'église Saint-Christophe. Le prieur fait le service dans l'église.

Le 21 novembre 1468, le vicaire se trouve au prieuré Saint-Christophe de Châteaufort où l'évêque à le droit de visite et la procuration ; il rencontre à nouveau Charles Rousseau prieur de ce lieu, membre dépendant de l'abbaye de Bourgueil, ordre de Saint-Benoît. Celui-ci nous répond que personne n'a la visite. En état de cause une commission aura la tâche de clarifier cela. Le procès-verbal est fait en présence de Dom Guillaume Hamelin, curé de la Trinité de ce lieu, Jean Belmeau, Louis Guillier et plusieurs autres.

 

 

Toussus

Ce village que l'on a surnommé le Noble , sans qu'on en puisse découvrir la véritable raison, est à cinq lieues ou environ de Paris, vers le couchant d'hiver, et à une lieue et demie de Versailles vers le midi, dans le doyenné de Château-Fort qui n'en est qu'à une demi-lieue. Sa situation est dans une plaine qui paroît fertile en froment et avoines, au sortir du parc de Versailles ; on n'y voit aucunes vignes. Il y a peu d'habitants, et le pavillon de la porte du parc de Versailles qui en est voisine, est sur le territoire de la paroisse. L'église a pour patron Saint-Germain, évêque d'Auxerre ; elle est tenue en fief du duché de Chevreuse, et la cure a toujours été à la collation pleine et entière de l'évêque de Paris.

Visites archidiaconales. Le lundi 4 juin 1459, le visiteur arrive à l'église de Toussus-le-Noble qui est quasiment détruite. L'inventaire ne mentionne qu'un seul calice en argent de deux livres qui est dans les mains de Jehan le Lorain, demeurant rue Bucherie. L'abbesse de Gif détient les dîmes et le gros du curé. Ce curé possède un jardin dans lequel il récolte de nombreux fruits. Dans cette église on ne trouve ni sacrements ni corps du Christ.

Le dimanche 25 septembre 1468, a lieu la visite de l'église Saint-Germain de Toussus. Cette église annexée à Buc est desservie par Dom Guillaume Hamelin. Il y a environ sept paroissiens. Les marguilliers Jean Robelot et Francis le Roux ont les lettres de la Curie parisienne mais n'ont pas été mis en possession depuis quatre ou quinze années. Il n'y a pas de sacrements. Le procès-verbal est fait en présence desdits marguilliers et de Jehan Blondeau.

 

 

 

Igny

Village, à une lieue de Palaiseau, peuplé de 670 habitants, situé sur la Bièvre entre deux coteaux couverts de bois, n'aurait par lui-même rien d'intéressant, si M. Félix Tourneux, ingénieur, n'y avait pas fait construire en 1852 un magnifique château, qui sera désormais une des curiosités de la vallée de la Bièvre. Ce château, bâti dans le style de la Renaissance et orné de remarquables sculptures, attire do loin les regards, car il s'élève à mi-côte sur la rive g. de la Bièvre, près de la route directe de Verrières à Bièvre. Il s'appelle Marienthal On en vante beaucoup le jardin d'hiver. L'église d'Igny remonte au XIVe et au XVe siècle, mais des mutilations lui ont fait perdre en partie son caractère.

M. l'abbé Mullois a fondé à Igny, en 1855, un orphelinat agricole. Les environs d'Igny offrent de nombreux buts de promenade. On peut monter en 30 minutes jusque sur le plateau accidenté que couronne à l'est le Buisson de Verrières (F. p. 621); mais on devra surtout gravir le coteau boisé qui domine l'église. De ce coteau, on découvre de délicieux paysages. En suivant la rigole creusée sur le bord du plateau, on irait d'un côté, à Vauhallan, de l'autre, à Bièvre et à Jouy. (6)

Visites archidiaconales . Le mercredi 10 mai 1458, Jean Mouchard visite l'église paroissiale d'Igny «  ecclesiam parrochialem de Ygniaco  » placée sous le titre de saint Pierre. Le curé Simon Hulin est absent et l'église est desservie par le curé de Bièvres. Il y a cinq paroissiens. Le visiteur exige que les marguilliers remettent l'église en état avant la mi-août et qu'un inventaire du trésor soit dressé avant la fête de la Trinité. L'année suivante, le dimanche 3 juin, le visiteur exige que les deux marguilliers Pierre Roupaneau et Robert de Lestain tiennent les sacrements dans le tabernacle clos dans les deux jours et que les fonts baptismaux soient fermés avant la fête de saint Rémy sous peine d'amende.

Au mois de juillet 1467, le vicaire de l'archidiacre de Josas a visité les église et paroisse de Saint Pierre dans le village d'Igny «  Igniaco  » en présence de Dom Simon Hulin, prêtre, des marguilliers Colin Belaune et Henri Boucher, de Jean Martin, Maurice Boucher, Pierre Roupaneau et Egide Damours. Il y a seize paroissiens, mais aucune sage-femme. Le seigneur vicaire enjoint Henri Boucher de se munir de ses lettres d'agrément, et de faire un bon et sincère inventaire de la fabrique pour samedi après la Pentecôte sous peine d'une amende e sols parisis. De même, il est exigé qu'une sage-femme soit élue avant la mi-août sous peine d'amende.

 

 

Joui-en-Josas

Joiacum, Joviacum , est de l'archidiaconé de Josas, archidiaconatus Joviacensis, ou Joiacensis . Ce village est à trois lieues de Paris, vers le couchant du solstice d'hiver, et à environ une lieue de Versailles. Il est situé dans un vallon arrosé par la petite rivière de Bièvre. Le territoire y est fort diversifié ; quant à l'agriculture, il y a labourages, prairies et quelques vignes.

L'église qui paroît être du commencement du XVIe siècle, est sous le titre de Saint-Martin. L'édifice est couronné par une assez haute flèche d'ardoise. On y aperçoit encore Saint Christophe, peint à fresque, à l'entrée dans l'aile, suivant l'usage de placer ainsi les images de ce saint à portée de la vue de chacun, sur ce principe de confiance : Christophorum videas, postea tutus eas . La cure est à la collation pure et simple de l'évêque de Paris.

Le château est magnifique ; il est construit à l'Italienne, mais sans vue, parce qu'il est enfoncé entre des coteaux qui l'environnent. Le parc est d'environ 400 arpents. On remarquera dans une futaie, une fontaine, d'après les dessins de M. Blondel : elle est rocaillée et surmontée d'un baldaquin qui est au niveau d'une allées du parc. Le dessin de cette fontaine est admiré des connoisseurs : il est, en effet, des plus élégants. L'orangerie est en face d'un étang, et est des plus belles et des mieux remplies. Ce château a appartenu à M. Rouillé, ministre et secrétaire d'État. Après sa mort, il a passé à Madame la marquise de Beuvron, sa fille.

Visites archidiaconales. Le lundi 11 août 1466 ; le vicaire est devant l'église paroissiale de Jouy où les trois paroissiens sont privés de curé ; tout est en ruine tant la chapelle sous le clocher que la sacristie. Guillaume Brisart a la garde de cette église.

Dans le procès-verbal de sa visite du 26 juin 1470, le vicaire Jean Mouchard se trouve à l'église des Loges, annexe de Jouy «  Jouyaco annexa  ». Le patron est l'évêque de Paris. Les habitants de Jouy sont au nombre de dix. Tous ont communié à Pâques. Les marguilliers Louis Croche et Jean Gardin sont nommés par monseigneur l'archidiacre.

 

 

Villiers-le-Bâcle

Cure dédiée à la Sainte Vierge dont le patron est l'archevêque. Tous les villages qui ont pour premier nom Villiers , le tiennent du mot latin Villare, petit village ou maison de campagne. Quant au second nom de celui-ci, le Bâcle, ou li Baacle , au XIIIe siècle, étoit le nom que portoient d'anciens chevaliers. On prétend que quelques-uns de ces seigneurs érigèrent en cure, vers 1260, la chapelle de leurs ancêtres. L'église a été rebâtie : on y voit plusieurs tombes anciennes. On présume que cette paroisse a été distraite de Toussus et de Saint-Aubin. En 1483, la cure de Villiers a été unie à celle de Gif, jusqu'en 1508.

Visite archidiaconale. Le 3 juin 1462, le vicaire épiscopal passe devant l'église de Villiers-le-Bâcle «  ecclesiam de Vilaribus le Bacle  » dont le bâtiment est complètement reconstruit ; une chapelle latérale est en ruine. Cette église est une annexe de la cure de Gif ; elle est fondée en l'honneur de Notre Seigneur.

 

 

Saclé et Vauhallan

Cette paroisse commence à quatre lieues de Paris, du côté de Vauhallan, vers le sud-ouest. Le village est à une demi lieue au-delà; lorsqu'on a passé le vallon qui donne le nom à Vauhallan , succursale de Saclé, où l'on voit quelques vignes, on monte dans la vaste plaine de Saclé, où sont les hameaux différents de la paroisse, et où la plus grande partie du terrain sur la route de Chevreuse est en labourages.

L'église paroissiale est sous le titre de Saint Germain, évêque de Paris. Elle a vraisemblablement succédé a une simple chapelle de ce même saint, que les religieux de l'abbaye de son nom dans Paris, avoient érigé dans l'une de leurs fermes du territoire de Palaiseau, pendant les deux siècles que toute la terre leur appartint. Comme le grand Saint Martin étoit patron de l'église de Palaiseau, lorsque cette terre leur fut donnée, ils n'eurent garde de le changer. Ils se contentèrent d'établir un oratoire dans l'étendue de la paroisse, pour servir, selon la coutume, de mémorial à la postérité; et cette chapelle de S. Germain, dont les laïques s'emparèrent au Xe siècle, étant revenue à l'évêque de Paris, fut par la fuite érigée en paroisse, à laquelle on annexa l'église de Vauhallan, qui auparavant avoit été la seconde église du territoire de Palaiseau. La nomination de la cure appartient absolument à M. l'Archevêque de Paris. Une tradition porte qu'autrefois les curés jouissaient du droit de chasse, et qu'une bulle du Pape autorisoit cet usage. On ajoute que ce privilège n'étoit accordé qu'à trois églises du diocèse de Paris, toutes les trois titrées de saint Germain, évêque de Paris; savoir, Saint-Germain-des-Prés, Saint-Germain-en-Laye, et celle-ci. En 1684, Louis XIV fit faire à Saclé un étang où s'écoulent les eaux de tous les environs, par des rigoles, et cela pour la fourniture des réservoirs de Versailles. Il en avoit existé en ce lieu un autre auparavant.

Visites archidiaconales. Le second jour d'août 1458, nous avons visité l'église de Saclay «  ecclesia de Sacleyo  » en présence de Dom Jehan Odin, curé qui s'excuse d'être débiteur auprès de l'archidiacre. Les marguilliers Marquet Boulier et Benoît Orbeginat s'excusent pour ne pas avoir réparer les fonts baptismaux dans lesquels le seigneur Vicaire a trouvé des animaux. Cela est négligé et nécessite des réparations avant la fin de ce mois sous peine d'amende et d'excommunication. De la même façon, il est exigé du curé que celui-ci renouvelle les hosties sous peine d'excommunication. La sage-femme nommée Stéphanie épouse de Robin Pillette est absente elle doit envoyés ses lettres le lundi après l'Assomption et doit comparaître devant le l'Official de la curie parisienne.

L'année suivante, le 3 juin, en visitant l'église paroissiale de Saclay, Jean Mouchard, vicaire de l'archidiacre de Josas rencontre le curé Dom Jean Odin et les marguilliers Pierre Charles et Marsault Forge en compagnie de plusieurs autres. L'église possède un calice en argent prisé six écus d'or actuellement dans les mains de Haucquin de Breban ; il est exigé que les paroissiens récupèrent ce calice sous peine d'amende.

Le 25 juin 1461, la caravane du vicaire archidiaconal arrive à Saclay pour visiter l'église Saint-Germain en présence du curé nommé Dom Nicolas Morel, de Clément le Cousturier alias Petit et Pierre Chailliz, marguilliers. Les sacrements sont en bon état. Les marguilliers s'excusent de ne pas avoir leurs lettres d'agrément, il leur est intimé de se les procurer et en envoyer une copie, de même un inventaire doit être dressé.

Le 23 juillet 1463, le jour de Sainte Marie-Madeleine, nous avons visité l'église de Saint Germain le Gallart au village de Saclay en présence de Dom Nicolas Morel, curé de cette église. Les marguilliers Clément Petit et Marquet Boullier assistent la visite, toutefois ils ne peuvent pas présenter leurs lettres de commission.

 

 

Saint-Aubin

La curé Saint Aubin, du nom de l'évêque d'Angers, est sous le patronage de l'archevêque de Paris. C'est une très petite paroisse, dont la cure a quelquefois été unie à celle de Saclé. L'église est du XIVe siècle, l'érection de la cure peut remonter à 700. Il y a plusieurs fiefs sur cette terre, dont les Dames de Saint-Cyr ont la haute justice.

Visite archidiaconale. Le 3 août 1470, lors de la visite de l'église Saint-Germain, le vicaire de Saclay Dom Jehan Quetil reconnaît et s'amende parce qu'il dessert cette église et l'église de Saint-Aubin et qu'il dit deux fois la messe le même jour et n'a pas la commission.

À suivre…

 

 

Notes

(1) Abbé J.M. Alliot, Visites Archidiaconales de Josas (Alphonse Picard et fils, Paris, 1902).

(2) P. Hurtaut, Dictionnaire Historique de la Ville de Paris et de ses envions (chez Moutard, Paris, 1779).

(3) C'est au mois d'avril 1233 que rencontrons pour la première fois l' abbaye de Notre-Dame de la Roche, dans une lettre de Guillaume III, évêque de Paris, par-devant lequel elle achète, moyennant cinquante livres parisis, de Guillaume d'Issy, chevalier, fils de Ferry d'Issy, l'un des croisés d'Albigeois, et d'un autre chevalier nommé Barthélemy de Viroflay, trois arpents de pré situés à la Chapelle-Milon, près de Chevreuse, et dans la dépendance du chapelain de ce lieu, auquel l'abbaye continuera de payer annuellement les douze deniers qui lui étaient dus à cause de sa chapellenie. De plus, le vendeur devait assigner au même chapelain, en raison de sa chapellenie, une rente de cinq sous à la requête du doyen de Saclay (charte XLIX).

(4) Recueil de travaux sur l'Histoire de la Cathédrale et de l'Église de Paris , Congrès des 30 mai-3 juin 1964 (Libr. J. Vrin, Paris, 1967).

(5) Jean de Courcelles était clerc, docteur régent en la faculté de décret, compétiteur de Philippe de Besgue à la chantrerie de la collégiale Saint-Marcel près Paris, à lui adjugée à la mort de celui-ci, archidiacre de Josas en 1441.

(6) A.L. Joanne, Les environs de Paris illustrés (Libr. Hachette, Paris, 1868).

 

Ces sujets peuvent être reproduits " GRATUITEMENT" avec mention des auteurs et autorisation écrite