Le Doyenné de Châteaufort

(2) Les paroisses centrales

Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------,,---------------- _------------------ --------- Mars 2011

Carte de «  l'Archevêché de Paris divisé en ses trois archidiaconez et en ses deux archiprêtrez et sept doyennéz ruraux  » dressé par ordre du cardinal de Noailles (Besson, Paris, 1706).

C. Julien

 

 

 

Cette chronique est le second volet de la prescription des paroisses du doyenné de Châteaufort dans l'archidiaconé de Josas (1). Cette fois, après avoir donné quelques généralités, nous présentons les paroisses centrales de ce doyenné qui comptait quatre-vingt-dix-neuf paroisses sous l'Ancien régime. Pour la plupart des paroisses nous donnons la traduction des visites du vicaire de l'archidiacre de Josas au cours du XVe siècle (2).

 

 

 

Macy  

Village qui a pris le nom d'un seigneur nommé Matius , d'où «  Maciacum  » est situé à trois lieues de Paris vers le midi dans un vallon très découvert. La cure Sainte Marie-Madeleine est à la présentation de l'évêque de Paris. Le portail de l'église est du XIIIe siècle. Il y a eu autrefois une léproserie à Macy. Les seigneurs de Massy ont été très généreux avec le prieuré de Longpont et l'abbaye Saint-Victor de Paris. En 1259, Guillaume de Massy prête foy et hommage au prieur de Saint-Martin-des-Champs pour une maison. Dix ans après Jean de Massy fait hommage à l'évêque de Paris pour la dîme du lieu. L'abbaye Saint-Magloire avait aussi un droit de tensement à Massy dans de XIIIe siècle. Macy est placé au rang des cures du doyenné de Château-Fort. Villene et Villejenis sont deux écarts de Macy.  

Visites archidiaconales . Le dernier jour de juillet 1458, nous avons visité l'église Sainte Marie-Madeleine de Massy en présence du curé maître Jehan de Karmoisen. Le Corps du Christ est immonde. Les marguilliers sont Denis Chevalier et Natalis le Barvier, et la sage-femme Jehanne la Fétisse. Colin Petit occupe un arpent et demi de terre arable qui appartient à l'église. Le seigneur vicaire exige que le susdit Colin libère avant la Nativité de la Vierge cette terre sous peine d'excommunication et que le testament de feu Tassin Quatremotes soit respecté.

Le jour de la Saint-Jean -Baptiste 1459, a lieu la visite de l'église paroissiale de Massy «  ecclesiam parrochialem do Macyaco  » où maître Jean de Carmoisen est curé et Denis Chevalier et Natali le Barbier les marguilliers. Le vicaire exige que Colin Jennet fasse l'inventaire à la place de défunt Tassin Quatrecostes avant la fête de Saint Marie-Madeleine sous peine d'excommunication et 100 sols parisis d'amende. Il est demandé s'il avait un inventaire et un testament qu'il avait donné à maître Jean Gentry son procureur dont il est en possession. Ceci est fait et dit en présence des curés Jean Deux et Guillaume Deux. Le curé présente ses excuses parce que le corps de Christ ne repose pas dans un linge consacré.

 

 

Palaiseau

Bourg éloigné de quatre lieues de Paris sur l'ancien chemin de Chartres. La petite rivière d'Ivette passe au-dessous à une légère distance. Ce bourg n'a proprement qu'une rue qui s'étend du septentrion au midi ; on détourne à droite pour monter à l'église et au château qui est au-dessus. Les environs sont en labourages, vignes et prairies.

L'église qui est sur la pente de la montagne est du titre de Saint-Martin. Il y avoit un petit monastère érigé autrefois et confié aux moines de Bourgueil en Anjou, au plus tard vers l'an 1100, mais, depuis plusieurs siècles il n'y a plus qu'un prieur qui est commendataire. Plusieurs ecclésiastiques que l'on qualifie tantôt de chanoines, tantôt de chapelains y célèbrent l'office divin avec le curé qui dessert la paroisse. Ces chapelains furent établis en 1571 dans la chapelle qui fait le fond méridional, au nombre de cinq, et deux enfants de chœur. Leur fondatrice est Catherine de Lévy, veuve d'Esprit de Harville, chevalier de l'Ordre du Roi, et seigneur de Palaiseau, dont on voit les armes à toutes les arcades de l'église. Cette chapelle est sous le titre de la Visitation. On a rejoint en 1710 aux cendres des anciens seigneurs qui y reposent dans un caveau, les os des corps de ceux de la famille de MM. Arnaud qui furent tirés de l'abbaye de Port-Royal. La nomination de la cure fut autrefois accordée à l'abbaye de Bourgueil, et comme le prieuré de ce lieu est membre de cette abbaye, les pouillés des XVe et XVIe siècles et suivants, ont marqué que c'est au prieur à y présenter. Il y avoit en 1351 une Maison-Dieu à Palaiseau, dont le revenu consistoit en sept quartiers de terre au lieu d'Alvernes, sur le chemin de Viffour ; il y a aussi une léproserie.

La situation du château est fort avantageuse pour l'étendue de la vue. On y voit plusieurs tours à l'antique avec leurs créneaux et des pointes en dessous en cul-de-lampe. Le nom de Palaiseau vient incontestablement du latin Palatiolum , qui est le diminutif de Palatium , lequel a été dit en langue vulgaire Paleisol ou Palesel , d'où s'est formé Palaiseau, comme d 'oisel ciseau. Ce petit palais existoit dès la première race de nos rois.

Visites archidiaconales. Le 17 mai 1458, le vicaire épiscopal visite à Palaiseau le prieuré Saint-Martin où le prieur est absent et en même temps l'autel paroissial abrité sous le même toit. Frère Pierre de la Rivière , religieux bénédictin et Jehan Giffart, curé, ont été mandaté par le prieur. Ledit curé donne une somme de 42 sols parisis qui représente le droit de visite dû par le prieur. Les témoins sont : Dom Gérard du Gast, prêtre, Jean Crestien, Simon Delaistre, Jean Dumax et Egide le Roy. Au cours de la même visite le vicaire inspecte l'église paroissiale dont le patron est l'abbé de Bourgueil. Il y a 60 paroissiens. Les marguilliers Egide Robin et Jean Delaistre qui présentent leurs lettres d'agrément n'ont pas fait l'inventaire qui est exigé avant la fête de saint Rémy et en faire une copie sous peine d'amende. Jehanne la Trahette est nommée sage-femme.

En juillet de l'année suivante, la visite du prieuré Saint-Martin de Palaiseau a lieu en absence de frère Pierre de la Rivière , prieur du lieu, religieux bénédictin. Dom Jean Giffart, chapelain dessert le prieuré, lequel satisfait le curé Gérard du Gast et les autres paroissiens. En même temps, l'autel de l'église paroissiale (située sous le même toit) est inspecté en présence du curé susnommé, de Jean de Laistre, Jean Crestien, Simon Delaistre, Philippe Charpe et frère Guillaume Rasme, religieux de l'abbaye de Bourgueil et plusieurs autres. Le marguillier Simon de Laistre et Egide Robin, absent, sont mis en demeure de mettre en ordre les fonts baptismaux avant la fête de saint Rémy. Le curé s'excuse parce que les hosties sont immondes et il lui est intimé de les remplacer sous six jours. Le curé doit 22 sols parisis pour la procuration à monseigneur l'archidiacre, le suppliant d'accepter être payé dans le mois.

Le mercredi 7 octobre 1461, nous avons fait la visite de l'église paroissiale de Saint-Martin de Palaiseau et le prieuré de ce lieu. Le prêtre curé Dom Gérard du Gast est présent avec frère Guillaume Letourneur qui assure la fonction de prieur avec Simon de Lestre et Jean Roussel Marguilliers, Guillaume de Herville, Guillaume de Launoy, Pierre Trehet et plusieurs autres. Messire le visiteur ordonne aux marguilliers de remettre le pied au calice avant le synode ; il exige la réparation des fonts baptismaux avant Pâques. La sage-femme est Jeannette la Trehète. La fabrique possède deux calices en argent dont l'un est doré et l'autre est blanc. Le visiteur ordonne au curé de faire dans son prône la publicité sur les terres qui n'ont pas de valeur. Le curé demande pardon pour avoir été désagréable l'année précédente et que les hosties inacceptables ont été remplacées.

 

 

Champlant

Village de la province de l'Isle-de-France et diocèse de Paris, situé sur le rivage gauche de la rivière d'Ivette. Ainsi les coteaux de Champant qui regardent le midi sous garnis de vignes et de vergers. Le village est connu dans une charte de Charles le Chauve de l'an 863 par Camlimptum et depuis le XIe siècle sous le nom de Campus planus ou Campiplantum . La cure sous le titre de Saint-Germain, évêque d'Auxerre, fêté le 31 juillet. Le prieuré Notre-Dame de Longpont possédait l'autel, l'atrium, le tiers de la dîme avec un demi muid et la moitié du village «  medietatem villæ que vocatur Champlant  ». Les biens de l'église étaient venus aux moines de Longpont de différents particuliers comme des droits et revenus temporels ; les plus fameux seigneurs qui avaient du bien à Champlant furent ceux de la famille de Montlhéry : Guy Troussel, Galeran du Puiset, ceux de Massy, Etienne de Macy surnommé Paumier et Guillaume, son frère. En conséquence de la donation de l'autel faite avant 1150, le prieur de Longpont a toujours joui depuis du droit de nommer à la cure ; ainsi que le témoigne le Pouillé du XIIIe siècle et tous les suivants. Plusieurs maisons de campagne le rendent remarquable. Les principales productions de son terroir sont en grains. Ce village est à une demi lieue au nord-est de Longjumeau, près la rivière d'Yvette et distant de quatre un quart au sud de Paris, par une chaussée joignant la grande route d'Orléans.

Visite archidiaconale. Le visiteur archidiaconal se trouve, le 4 juillet 1459, à Champlan «  parrochialem sancti Germani de Campiplantu  » où le curé Dom Etienne de la Roche est absent. Il rencontre le chapelain frère Pierre Bustanger, le marguillier Jehan Aboilard et plusieurs autres paroissiens. Le vicaire enjoint le nommé Aboilard d'envoyer dans le mois ses lettres d'agrément à la curie parisienne. Les fonts baptismaux doivent être réparés et couverts avant la fête Saint Marie Magdeleine prochaine. Le chapelain s'excuse en promettant que les fonts seront réparés immédiatement. Le vendredi 9 juillet 1458, nous avons visité l'église et la paroisse Saint-Germain de Champlan en présence de frère Pierre Bienfait. Le curé Dom Etienne Delaroche est absent. L'évêque de Paris est le présentateur. Jacques Levin et Guillaume Poncet sont les marguilliers à qui nous ordonnons, dans le mois qui vient, d'avoir un petit vase propre pour y déposer le Corps du Christ sur une coupe. Le vicaire épiscopal exige que les marguilliers fassent les réparations à l'église car on ne peut plus souffrir cet état de ruines. Aussi il est ordonné d'élire de nouveaux marguilliers avant trois semaines, sous peine d'amende.

 

 

Bures

Cure Saint Jean-Baptiste dont l'archevêque est le patron. Village de 389 habitants, bâti dans une riante position sur la rive droite de l'Yvette ; son église, d'apparence rustique, précédée d'une petite esplanade, a un aspect pittoresque. Deux frères, Godefroy et Guillaume, seigneurs de Bures, se distinguèrent en Palestine au commencement du XIIe siècle, le second fut même vice-roi de Jérusalem pendant que le roi Beaudouin II était retenu dans les prisons de Sarrazins. Au XVIe siècle, la seigneurie de Bures appartenait à la maîtresse de François 1er, Anne de Pisseleu, duchesse d'Étampes. Quelques gorges peu profondes coupent les hauteurs boisées au pied desquelles serpente l'Yvette.

Visites archidiaconales. Le 20 novembre 1467, le vicaire a visité l'église Saint Mathieu de Bures «  sancti Mathei de Buris  » où le curé est Dom Egide Maurice, chapelain de Gif. Le patron est l'évêque de Paris. Il n'y a aucun sacrement, pas de marguillier et seulement un paroissien. L'église a besoin de nombreuses réparations. Le procès verbal de visite fait en présence du curé et de Jean le Riverent.

En juillet 1463, Jean Mouchard visite l'église paroissiale Saint-Egide et Saint-Loup de Bures qui est une annexe de l'église d'Orsay. La fabrique possède un calice argenté qui est gardé par Pierre le Conte demeurant à Palaiseau.

Lors de sa visite à Palaiseau, le 6 septembre 1470, le vicaire découvre que le curé a dans ses mains un calice en argent doré dont feu Pierre le Comte lui avait donné en garde. On lit une inscription qui désigne l'église de Bures de ce diocèse dans une inscription «  c'est la galice de l'église parrochiale de Bures  » ; ce qui est reconnu par Dom Hardouin Paris, curé de Palaiseau.

 

 

Gif

Nom commun à un village et à une abbaye, qui ne sont séparés que par la rivière d'Ivette. Il est difficile de décider lequel est le plus ancien du monastère ou de la paroisse. Le village est à 5 lieues de Paris, vers le couchant d'hiver, sur la pente d'une cote, qui regarde le midi, et où l'on a planté quelques vignes, mais le reste est en labourages et prairies. On est dans l'usage de ne point nommer Gif tout seul, mais de dire Gif et Courcelles, ce dernier étant un écart ou le principal hameau du premier. L'église qui est dans le haut du village, est sous le titre de Saint Remi. La cure est à la pleine collation de l'archevêque de Paris. Cette église reconnoît aussi pour son patron, Saint Jean-Baptiste. M. Ballet , curé de cette paroisse, a fait imprimer en 1744, un panégyrique de Saint-François-de-Paule, qu'il avoit prononcé la même année chez les Minimes de la place Royale a Paris. Nous avons de lui des prônes, des panégyriques, un traité sur la dévotion envers la Sainte Vierge , des prônes et autres ouvrages de piété fort recommandables.

L'abbaye est sous l'invocation de la Sainte Vierge. Elle est bâtie sur la pente douce d'un coteau qui regarde le septentrion, à une légère distance de la rivière d'Ivette. Les sources y sont communes. Une partie du revenu que nos rois accordèrent à cette maison vers le tems de son établissement, fut la dîme du vin du Roi ; le Parlement régla en 1268, la manière dont cette maison et celle de la Saussaye recevroient ce droit. L'abbesse Madeleine de Montenay , qui commença à siéger en 1610, y mit la réforme en 1619, et obtint de l'évêque de Paris , que ses religieuses quitteroient l'habit blanc pour se vêtir de noir. Depuis, l'abstinence perpétuelle de chair y a été établie. Madame Eléonore-Marie de Béthune d'Orval, qui a composé plusieurs ouvrages de piété imprimés, fut abbesse de ce monastère. Elle est décédée en 1733.

Visites archidiaconales. Le 17 mai 1458, le vicaire épiscopal visite l'église paroissiale Saint-Rémy de Gif «  beati Remigii de Giffa  » dont le patron est l'évêque de Paris en présence du curé Guillaume de Vicinis. Il y a 16 paroissiens et Jean Gartau et Robert Cheron sont nouvellement nommés marguilliers. La fabrique refuse de rendre un arpent de terre dont le curé prétend en posséder la moitié. Le vicaire exige des marguilliers d'avoir un service avant quinze jours sous peine d'amende. La sage-femme de ce lieu, du nom de Jeanne la Charrone , comparaît au cours de la visite. Le curé s'acquitte de la procuration.

Le 17 juillet 1460, nous avons visité l'église et l'abbaye Sainte-Marie de Gif, en présence de Mère Jeannette de Rauville, religieuse abbesse de ce lieu, du curé de Gif et du curé d'Orsay. Nous n'avons pas trouvé de sacrements. L'église est disposée d'une manière satisfaisante. Le seigneur visiteur épiscopal ordonne à ladite abbesse de faire un inventaire de son abbaye et d'en faire état à la cour de Paris avant la fête de l'Assomption sous peine d'amende. Le samedi 21 juillet 1463, nous avons visité l'abbaye de Gif et rencontré Mère Margrete Dauouer, abbesse de Gif avec qui nous avons parlé et évoqué personnellement de la visite de son église et des réparations qui ont été faites l'année dernière comme il avait été ordonné. La mère a répondu que si quelques réparations ont été faites, elles le furent de son plein gré et non par les injonctions du visiteur épiscopal et qu'elle n'a pas besoin d'un juge avec toute son arrogance, sa superbe et son irrévérence, de l'irrévérence et de l'arrogance qu'il montrait ; et que de cette manière arrogante, et sans obédience, il s'est aventuré dans l'offense. Lors de sa visite il demande pardon, s'amende et se récuse, pour cette raison on inscrit l'excommunication et que l'excommunication est invoqué sans spécification ; l'invocation du Seigneur n'est pas révélée. Les témoins de cette chicane sont Dom Jean Giffard, prêtre, Simon Oudin, Mathieu Hegron, et Mathurin Roux. Ensuite, ladite abbesse est consultée et le seigneur Vicaire épiscopal supplie avec humilité et obédience et requiert la grâce et demande pardon pour sa mauvaise action, faisant une génuflexion et s'étant amendé le seigneur vicaire est absout.

 

 

Orcé ou Orçay

Village situé à cinq lieues de Paris, entre le midi et l'occident, à une lieue au-delà de Palaiseau, sur une des grandes routes qui mènent à Chartres. Son exposition est sur un coteau en pente qui regarde le nord. La rivière d'Ivette qui vient de Chevreuse et de plus loin, passe au bas de la côte, sans faire la séparation de ce village d'avec ceux qui sont au septentrion, puisqu'il a encore des maisons au rivage gauche, dont les vignes sont en meilleure exposition par leur regard vers le midi. L'église dont le portail et le fond du sanctuaire viennent d'être reconstruits à neuf, n'est pas celle qui existoit avant le Prieuré de ce lieu. C'étoit un bâtiment construit au douzième siècle. Cette église reconnoît deux patrons, Saint Martin et Saint Laurent. La présentation à la cure appartient au prieur de Longpont.

Le Château d'Orcé est construit en forme quarrée, tout de pierre de grès, et n'a qu'un pavillon qui est sur l'entrée. Il est tout entouré de fossés très profonds et pleins d'eau; comme il est à mi-côte, la vue en est belle, sans cependant dominer sur la montagne où est situé le château de Corbeville (?). II appartient à M. Pierre-Gaspard Marie Grimod qui est le seigneur de cette terre, fils de M. Grimod du Fort, fermier-général, intendant des Postes, qui a fait travailler aux embellissemens de ce château et des avenues, en aplanissant la montagne; et qui a obtenu que 1e cimetière qui étoit contigu à l'église paroissiale, voisine de son château, seroit transféré dans le haut du village. La salle du billard est ornée de belles peintures, représentant l'Histoire de Dom Guichotte par Natoire . Les appartemens sont très-beaux et magnifiquement décorés. On voit dans la chapelle un Christ d'ivoire, de la plus grande délicatesse.

Visites archidiaconales. Le dimanche suivant la fête de Sainte Marie-Madeleine, l'église paroissiale de Saint-Martin d'Orsay «  sancti Martini de Orsayo  » fut visitée en présence de Dom Jean Giffart, curé d'Étinne Bouly, marguilliers, de Pierre de la Brosse , Thomas Picart , Nataniel Lesort et plusieurs autres, lesquels élirent un nouveau marguillier en la personne du susdit Brosse qui prêta serment.

Le 8 juillet 1460, nous avons visité l'église paroissiale de Saint-Martin d'Orsay en présence de Dom Etienne Giffart, prêtre curé, Pierre de la Brosse et Étienne Bouly marguilliers. Il y a 5 paroissiens à première vue. Le visiteur épiscopal ordonne à Pierre Brosse d'obtenir ses lettres d'accréditation avant le premier septembre. Il n'y a pas de fonts baptismaux.

 

 

Villebon

Est un village du doyenné de Château-Fort, à une demi-lieue de Palaiseau, dont il étoit anciennement un hameau, et dont il n'est séparé que par la petite rivière d'Ivette. Ainsi sa distance de Paris n'est guères que de quatre lieues, en tirant un peu du midi au couchant. Sa situation est sur un coteau qui regarde le nord, et les environs font agréablement variés de toutes les productions de la nature, vignes, prairies, arbres fruitiers, et quelques labourages ; en forte que si ce lieu ne tire pas son surnom d'un nommé Bon, il est confiant que la bonté du territoire a pu le faire appeler Villabona , ainsi qu'il l'étoit dès le XIIe siècle.

Nicolas de Thou , conseiller-clerc au Parlement, et ensuite évêque de Chartres, étoit seigneur de la terre de Villebon ; il y avoit fait bâtir une chapelle, qui vraisemblablement étoit sous le titre de Saint Côme et de Saint Damien, puisqu'il avoit choisi le jour de leur fête pour y établir une foire. Mais comme elle étoit mal située, l'évêque de Paris lui permit en 1581 de la détruire, de la rebâtir ailleurs et de la bénir. Elle fut donc fondée dans le lieu de Villebon, sous le titre de Saint Côme et Saint Damien, et en 1644. André Potier de Novion , alors seigneur de Villebon, obtint de l'archevêque de Paris qu'on y chanteroit vêpres les dimanches et les fêtes; depuis, son fils Nicolas Potier de Noyion , aussi président au Parlement, vint à bout de faire ériger cette chapelle en cure, par un décret du 14 mai 1658. En conséquence, on détacha de Palaiseau, les Casseaux, la Roche , la Piaille , Villiers, et une maison sise à Courtebeuf qui étoit de la censive, justice et taille de Villebon. Le même seigneur dote la cure nouvelle de 300 livres assignées sur la terre, sans diminuer les dixmes du curé de Palaiseau, et la présentation du curé de Villebon fut attachée au seigneur fondateur. L'archevêque ordonna que les habitants viendroient processionnellement à Palaiseau le 4 juillet de chaque année le jour de la fête de Saint Martin, et y assisteroient avec leur curé à la grand'messe qui seroit célébrée par le curé de Palaiseau, ou son vicaire; qu'il seroit payé au même curé de Palaiseau 60 livres par an, et 25 livres à la fabrique. Le château de Villebon est revêtu de deux vastes pavillons, et le parc en est fort étendu.

La cure Saint-Côme et Saint Damien de Villebon est à la collation du seigneur du lieu. Dès le XIIe siècle ce lieu étoit appelé Villabona , probablement à cause de l'excellence de son territoire. Cette paroisse n'étoit d'abord qu'une chapelle bâtie par le seigneur de Villebon ( Nicolas de Thou) évêque de Chartres, qui sacra Henri IV, et oncle du véridique Historien. Cette chapelle, qui pouvoit déjà exister avant cette époque, dépendoit de Palaiseau. Elle fut érigée en cure en 1658 , par les soins du seigneur, qui s'en retint la nomination. Villebon a plusieurs écarts.

 

 

Saux ou Saulx-les-Chartreux

La situation de ce village est des plus heureuses (d'après Pinard) . Il est posé dans la vallée de l'Yvette qui l'arrose; à deux kilomètres ouest de Longjumeau, avec lequel il communique par une chaussée pavée. Son territoire très productif est en même temps un vaste verger. Là, comme à Champlan, les arbres fruitiers abondent, et ne nuisent pas aux autres productions du sol. Le nom de ce village vient du Saule planté autrefois en abondance sur les rives de l'Yvette, aux points les plus marécageux. On l'écrivit Saux originairement; d'anciens titres le prouvent. Un usage plus conforme à son étymologie, dit l'abbé Lebeuf, a fait adopter l'emploi de la lettre «  L  » dans la construction de ce mot. C'est seulement au XIIIe siècle, lors de la possession de cette terre par l'ordre des Chartreux, que ce nom y fut ajouté (3).

Saulx était déjà habité lorsque Dagobert 1er en fit don à l'abbaye de Saint-Denis, au commencement du VIIe siècle. La terre de Saulx fut au nombre de celles qui furent données aux moines de Saint-Florent de Saumur. On lit dans la bulle confirmative de leurs possessions, donnée en 1122, par le pape Calixte II «  Ecclesiam Sanctœ Mariœ de Sazio  ». Ces religieux convertirent dans la suite cet établissement en un prieuré où demeurèrent quelques-uns des leurs pour l'acquit des fondations et l'administration du temporel. C'est en 1498 qu'ils déposèrent en cette église, à titre d'un don, un os de l'épaule de Saint-Florent. Un siècle plus tard, ce bénéfice était donné en commende et administré par un suppléant chargé des fonctions curiales. Dès le XIIIe siècle, les Chartreux de Paris étaient en possession d'une partie de la seigneurie de ce village. Ils firent l'acquisition du surplus le 22 novembre 1675.

L'église est sous le vocable de la sainte Vierge dans son Assomption. Le monument est régulier et a deux collatéraux; le tout se termine carrément. La nef seule a la charpente apparente, la tour des cloches est au midi. Le style dominant de l'édifice est la fin du XIIe siècle. Il est à regretter que la façade de ce monument soit obstruée par des constructions insolites, qu'il serait facile et nécessaire de faire disparaître. La cure longtemps à la présentation de l'abbé de Saint-Florent, est marquée au XVIIe siècle, à la nomination du prieur commendataire de Saulx. Les dons en plus grande partie rendirent les Chartreux seigneurs de Saulx; cette curieuse énumération le prouve. Il y eut aussi à côté d'eux un seigneur laïque. On trouve son nom inscrit sur la liste de ceux qui contribuèrent à payer la rançon du roi Jean, dans la prévôté de Montlhéry : il se nommait Thevenin Le Maistre , et est dit en possession de Sans et Saussier .

L'abbaye Sainte-Geneviève de Paris, qui payait annuellement deux deniers de redevance au prieur-curé du lieu, et le prieuré du Val de Sainte-Catherine des Écoliers, ont eu des biens sur le territoire de Saulx. Ces possessions leur donnaient certains droits seigneuriaux dans la paroisse. Les écarts de Saulx-lès-Chartreux sont les hameaux de la Ville-Dieu , plus anciennement la Ville-gueux. Et Saussiel, dont le nom dénote clairement le Petit Saulx. On l'a écrit diversement «  Sauxiers, Saussières et Sauciel  ».

Visites archidiaconales. Le vendredi 9 juillet 1458, nous avons visité l'église et la paroisse Sainte-Marie de Saulx, en présence de Dom Ollivier Ruelle, présenté par commission de monseigneur l'évêque de Paris, parce que le curé Dom Gui Mercié est absent. Les marguilliers s'appellent Adam des Noiers et Pierre Guillaume. Il y a 9 paroissiens d'après ce que disent les marguilliers. Nous recherchons ensemble les sacrements. L'instant d'après, nous visitons le prieuré de ce lieu en présence du prieur frère Nicolas du Gange, qui réside dans sa maison prieurale. Ledit prieur dit que les fruits et revenus du prieuré sont de faible valeur pour vivre d'une façon satisfaisante, mais il insiste pour dire que le prieuré est bien tenu depuis sa fondation. Tout le monde a entendu que Messire l'Official poursuit ce discours pour un débat avec tous les présents. Le présentateur de cette église paroissiale est le prieur de ce lieu.

Le second jour du mois de septembre 1459, Jean Mouchard, vicaire, visite l'église paroissiale Sainte-Marie de Saulx «  beate Marie de Sallicibus  » et le prieuré de ce lieu fondé sous le même toit où il y a environ huit paroissiens. Ni curé, ni vicaire n'est présent. Frère Nicolas de Cambio, prieur est présent accompagné d'Adam des Noiers. Il y a un calice d'argent pesant un marc et demi avec une grande base en cuivre argenté. Le seigneur vicaire met les fruits de cette église dans les mains de l'archidiacre en l'absence du curé et intime les marguilliers et le susdit prieur de les rendre sous quinzaine en venant à Paris et de payer la procuration sous six jours.

Le 10 juillet 1460, l'église paroissiale de Saint-Marie de Saulx a été visité ce jour en présence du curé Pierre Roussel. Frère Nicolas de Cambio, prieur est absent. Nous avons visité l'église en cachette car Dom Vicario y était avec Adam des Noiers et Pierre Guillaume. Tout est parfait et convenable, avec certaine pauvreté.

 

 

Villejust

Village du doyenné de Château-Fort, à cinq lieues de Paris , à gauche de la route de Chartres, une lieue par-delà Palaiseau. En approchant de ce village, on trouve, du côté de Paris , une montagne assez roide, vers le haut de laquelle sont les vignes du lieu qui sont exposées au levant, et produisent de bon vin blanc, après quoi on se trouve dans la plaine de labourages dans laquelle est bâti le village, dont le territoire ne laisse pas d'être garni de vergers avec grande quantité de pommiers. De l'endroit où font les vignes, la vue est charmante vers Palaiseau, Longjumeau , Juvisy; on aperçoit même des pays par-delà Paris.

L'église est sous le titre de Saint-Julien, martyr de Saint-Brioude, ce qui pourroit faire croire que Villejust est l'abrégé de Ville-Julien , si ce n'étoit que dans la Bulle d'Urbain III, qui confirme cette église à 1'abbaye de Saint-Florent de Saumur, elle est appelée Capella Sancti Juliani de Villa-Juxta . Le Pouillé parisien du XIIIe siècle, marque la cure de Villa-Juxta, à la nomination de l'abbé de Saint Florent de Saumur. Tous les autres rédigés depuis s'accordent à le dire a la nomination du prieur de Saux, lequel, comme on sait, est membre de Saint Florent.

Villejust (selon Hennique de Chevilly) , cure Saint Julien , martyr de Brioude à la nomination du prieur de Saux. M. de Valois donne une raison du nom de Villa justa . Il dit que ce village fut ainsi nommé, parce que rien n'y manque et qu'il est pourvu, de tout ce qu'il lui faut : que c'est ce qui signifie l'adjectif «  justa  » ; de même que les anciens ont appelé Justum Exercitum des troupes qui sont munies d'armes, chevaux et de ce qui est nécessaire à leur état. On pourroit peut-être réclamer contre une étymologie aussi forcée, sans pouvoir cependant en hasarder une plus plausible. En 1100, Odeline , dame du lieu, donna tout ce qu'elle avoit à Villejust , au monastère de Longpont. Une Bulle d'Urbain III en confirme l'église à l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, dont le Prieuré de Saux est membre. Cette église fut dédiée en 1556. Poitevine et Lafrete sont les deux écarts de Villejust ; le premier est très ancien. Le roi Pépin en fit don en 768 à l'église cathédrale de Poitiers, qui lui donna son nom.

Visite archidiaconale. Le lundi qui suit, 10 juillet 1460, visité l'église paroissiale de Saint-Julien de Villejust avec Pierre de Faya, le curé étant absent. Et nous ordonnons à Richard le Breton marguilliers, à cause de l'absence du curé, de suspendre les revenus de la cure. Il y a seulement cinq paroissiens. L'église est presque détruite, il n'y que partie qui soit encore debout. Il n'y a ni sacrements ni fonts baptismaux. Le lundi 22 juillet 1462, Messire le Vicaire épiscopal a retenu les revenus de la cure de Villejust, et les a confiés aux marguilliers. Dom Pierre de Fagia, curé de Villejust demande pardon pour ne pas avoir célébré la messe pendant trois dimanches ainsi qu'aux fêtes de saint Pierre et Paul et celle de sainte Madeleine.

 

 

Nozay - La Ville-du -Bois

Le village de Nozay est éloigné de Paris de cinq lieues et demie dans la plaine, sur le haut de la montagne qu'on laisse à droite à l'approche de Montlhéry, en sorte qu'en passant, on ne voit de cette paroisse que le gros hameau de la Ville-du-Bois qui est au bas de la montagne, et à une légère distance de la route de Paris à Orléans. Dans la plaine d'en haut, les labourages sont en beaucoup plus grand nombre que les vignes et les terre d'une autre nature, que du côté du hameau de la Ville-du-Bois, où le terrein est sablonneux et plus cultivé en vignes.

L'église est sous l'invocation de Saint-Germain-l'Auxerrois; la nomination à cette cure appartient au prieur de Longpont. Le curé réside à la Ville-du-Bois, et son vicaire à Nozay.

La Ville-du-Bois qui fait partie de la paroisse de Nozay, est devenu beaucoup plus considérable en habitants, que tout le reste de la paroisse. Le voisinage du grand chemin de Paris à Orléans, en peut être la cause, aussi bien que la facilité d'avoir de l'eau. Ce hameau est situé dans une espèce d'enfoncement proche d'un petit bois qui domine au dessus, et qui lui donne le nom. On traverse ce bois en montant pour aller à l'église paroissiale. Le bas de ce côteau est sablonneux; on y voit beaucoup de vignes. L'église succursale qu'on y a bâtie, ne paroít guère avoir que 150 ou 200 ans; elle est du titre de Saint-Fiacre. Les habitants sont obligés, sous peine de 10 livres d'amende par chaque feu, d'aller en procession à l'église paroissiale à Nozay, et de fêter Saint-Germain, patron de cette église matrice, le 31 juillet.

Visite archidiaconale. Le 6 octobre 1461, visite de l'église paroissiale de Saint-Germain de Nozay faite à La Ville-du-Bois en présence de Dom Jean Boussanges, prêtre curé de ce lieu, et Pierre du Doit son vicaire, les marguilliers sont absents. Dom Pierre du Doit, chapelain susdit, s'amende en célébrant deux fois par jour, sans audace, de desservir les cures de Nozay et Marcoussis. Plusieurs paroissiens accusent le vicaire de mener une vie licencieuse et d'être en concubinage depuis longtemps avec une nommée Berthelière.

Le 28 juillet 1462. Visite de la paroisse de Nozay où étaient présents le curé et le vicaire. Nous avons trouvé toutes les choses en bon ordre. Devant le curé Dom Jean Boussanges, le marguillier Pierre Cager et Tassin de la Marche , le nommé Jacob Loche a prêté serment aux fonctions de marguillier. Mathias Belle, Jean Loche, Pierre Clichy étaient présents. Reginald Mauny est soldat. Jean Rousseau est parti à Montlhéry pour solliciter un arrangement du juge Lucas Beluceau. Les nommés Jean Salmon, Jean Le Pelletier, Bouchard Chauve et Jacob Chauve sont aussi présents. Denis Salmon est parti depuis quatre années.

 

 

Montfaucon ou Saint-Jean de Beauregard

La cure Saint Vandrille et saint Jean-Baptiste a pour patron le seigneur du lieu. Ce hameau, autrefois, étoit un de ceux qui composoient la paroisse de Marcoucis. Il en fut démembré entre 1300 et 1400 : le patronage fut cédé, par l'Archevêque, à Pierre de la Mouche , maître d'hôtel ordinaire du roi, seigneur du lieu, et à ses successeurs, à condition qu'il rebâtiroit l'église et le clocher, ce qui fut exécuté vers 1680.

À suivre…

 

 

Notes

(1) P. Hurtaut, Dictionnaire Historique de la Ville de Paris et de ses envions (chez Moutard, Paris, 1779).

(2) Abbé J.M. Alliot, Visites Archidiaconales de Josas (Alphonse Picard et fils, Paris, 1902).

 

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