Le Doyenné de Châteaufort (3) Les paroisses occidentales |
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Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------,,---------------- _------------------ --------- Avril 2011 Carte de « l'Archevêché de Paris divisé en ses trois archidiaconez et en ses deux archiprêtrez et sept doyennéz ruraux » dressé par ordre du cardinal de Noailles (Besson, Paris, 1706).C. Julien
Cette chronique est le troisième volet de la prescription des paroisses du doyenné de Châteaufort dans l'archidiaconé de Josas (1). Cette fois, après avoir donné quelques généralités, nous présentons les paroisses occidentales de ce doyenné qui comptait quatre-vingt-dix-neuf paroisses sous l'Ancien régime. Pour la plupart des paroisses nous donnons la traduction des visites du vicaire de l'archidiacre de Josas au cours du XVe siècle (2).
Dampierre Donna-Petra , Damni-Petra, Damra Petra ; bourg à sept lieues et demie de Paris, dans le fond d'une vallée dominée par plusieurs montagnes, mais moins couvert que le château. Il y a beaucoup de labourages. L'église est sous le titre de Saint-Pierre, comme celles du diocèse de Paris, dont le village porte le nom de Dampierre, du nom latin Domnus Petrus. La cure est à la pleine collation de l'archevêque de Paris. Le château a été bâti par Charles de Lorraine, cardinal et archevêque de Rheims : il est entouré de fossés remplis d'eau-vive, et des tours rondes à l'antique, se présentent sur le devant de l'édifice. Le célèbre Jules-Hardouin Mansard y a fait plusieurs augmentations et embellissements, tels que plusieurs galeries et portiques dans la seconde cour, à la faveur desquels on se promène à couvert, et la façade du château. Le fronton est chargé des armes du duc de Chevreuse, parce que c'est en ce lieu qu'a été conservé le titre de duché de Chevreuse, lorsque le roi acheta Chevreuse en 1692. À coté de la chapelle est un corps de bâtiment détaché, que l'on appelle l' Astrée, parce qu'on y a peint plusieurs histoires de ce roman. Dans le parterre, se présentent en face neuf jets d'eau, de grandes allées à perte de vue, à droite et à gauche ; plusieurs canaux, un entr'autres, sur lequel on va se promener, au bout duquel on a pratique une petite isle flanquée de quatre jets d'eau, et dans laquelle est un petit corps de logis avec toutes les commodités et aisances, cuisine, office, etc. On a fait passer un bras de la petite rivière d'Ivette, pour distribuer 1'eau en plusieurs lieux : il se rejoint dans le parc à l'autre bras, et y fait des cascades. Le parc est très grand : il renferme l'église de la paroisse de Saint-Forget, et avance fort du côté de Chevreuse. La terre de Dampierre, ci-devant incorporée au duché de Chevreuse, est possédée avec ses dépendances depuis l'an 1603 par la maison d'Albert. Visite archidiaconale. À la mi-mai 1458, nous avons visité l'église saint Pierre de Dampierre dont le patron est l'évêque de Paris. Il n'y a pas de curé mais la paroisse est desservie par celui de Senlisse dont la licence est en instance et a promis de se mettre en conformité avant quinze jours. Un seul marguillier nommé Jehan Grosset et cinq paroissiens. De même on ne trouve pas de sacrements. Le marguillier se confond et promet sous mon injonction de réparer le tabernacle avant la fête de la Trinité sous peine d'amende.
Chevreuse Ce bourg qui a conservé un air de ville, est situé á six ou sept lieues de Paris, vers le couchant d'hiver, à une lieue de Dampierre, qui est vers l'occident, et à demi-lieue de Saint-Remi, du côté de l'orient. On y a défriché des bois pour planter des vignes, et la plus grande partie du terrain est en labourages et prairies, qui sont engraissées par la petite rivière d'Ivette. Chevreuse est sur le déclin du coteau, dont le regard est vers le midi, et par conséquent à la gauche de cette petite rivière. Ce bourg semble tirer son étymologie du mot capra , chèvre, à cause qu'il s'y trouvoit beaucoup de chevreuils et de chèvres. L'église, qui est dédiée à Saint-Martin, est bâtie de pierres de grès et de pierres molaires, ce qui forme un bâtiment grossier et sans ornemens. Le clocher est en pavillon. Le prieuré est placé à côté de l'église paroissiale, vers le midi. Aucun des bâtiments qui y subsistent, n'en démontre l'antiquité, sinon une porte de pierre qui paroît être du XIIe ou du XIIIe siècle. Il a été uni par Louis XIV à la maison de Saint-Cyr. Sa première origine est inconnue; mais les seigneurs de Chevreuse en sont, au moins, les seconds auteurs. La terre de Chevreuse, qui n'étoit qu'une baronnie, fut érigée en duché, au mois de décembre 1545, en faveur du duc d'Étampes et de sa femme, et les lettres d'érection furent confirmées en avril 1555. Le château, si célèbre par son antiquité, par ses illustres barons et par ses ducs, se trouve représenté dans la topographie de France, par Claude Chastillon, vers l'an 1610. Il paroît, par les ruines qui en restent, qu'il étoit presque quarré, et environné de huit ou dix tours. Visites archidiaconales. Le 17 mai 1458, le vicaire épiscopal visite l'église paroissiale Saint-Martin de Chevreuse « beati Martini de Caprosia » dont le patron est l'abbé de Bourgueil, diocèse d'Angers. Le curé résident s'appelle Laurent de Sauhac, prêtre. Les marguilliers sont Jean Fourchault le vieux et Pierre Mensais. Les paroissiens sont au nombre de 28. La sage-femme est Robine la Martine. La fabrique possède un arpent de pré sis au terroir le Clotée de Monières , trois quartiers de pré au lieu-dit la Chardonnette , une masure avec un demi-arpent, et un carré de jardin près du pont et une pièce de terre contenant onze quartiers, sis en la Cousture très bien cultivée. Le vicaire exige que les marguilliers aient la bénédiction de l'évêque sous peine de 20 sols d'amende, qu'ils se procurent un encensoir en cuivre et une bannière et qu'ils fassent l'inventaire. En juillet 1460, nous avons visité l'église Saint Martin de Chevreuse où se trouve Dom Laurent de Sauhac, prêtre-curé . Les marguilliers Jehan Boisseau et Colin Valeton sont absents. La visite s'est déroulée en présence du curé Dom Jean de Gales, d'Hervy, notaire de la curie parisienne et Dom Jehan Giffart curé d'Orsay. Puis sont arrivés ledit Valeton accompagné de Jehan de Tournay. Le vicaire exige que les marguilliers fournissent un missel et des livres religieux décents avant la fête de la Nativité du Seigneur mais aussi qui répare la toiture de l'église découverte avant la saint Rémy. En juin 1459, Jehan Foucault et Pierre Menfays sont les marguilliers et Anesota femme de Natalis Pichot est la sage-femme de la paroisse de Saint-Martin de Chevreuse.
Saint-Rémi , près Chevreuse . Ce village est situé en partie dans la prairie arrosée par la rivière d'Ivette, et par le ruisseau qui vient d'entre les Trous et Molières, et en partie sur les bords de cette prairie tant d'un côté que d'un autre, ce qui forme le gros de la paroisse, étant la jonction des deux rues en forme de croix, l'une venant du midi, du côté des Trous, et l'autre venant du nord. Ce village est distant de Paris d'environ six lieues. Le terrain est froid, et n'est cultivé qu'en labourages et en prairies. L'église qui est du titre de Saint Rémi de Reims, est située dans le plus bas de la prairie, ce qui est cause qu'elle est quelquefois inondée, et que le pavé en est tout verd. Elle se soutient malgré les attaques de l'eau, parce qu'elle est bâtie des pierres molaires ou molières du pays, dont la grossièreté n'admet aucunes sculptures, et a plus de résistance. Il en est de même de la tour qui la supporte du côté de l'orient, où l'on a placé l'entrée dans ces derniers siècles, en transportant l'autel à l'occident, où la porte auroit dû rester. Les Dames de Saint- Cyr possèdent la seigneurie de ce lieu, et y ont le banc seigneurial. La cure est à la nomination du prieur, comme membre de l'abbaye de Saint-Florent, à laquelle l'église de Saint- Rémi avoit été donnée avant l'an 1122. Le prieuré du village de Saint-Remi est connu sous différents noms : les anciens 1'appelloient le Prieuré de Saint -Remi , ou le Prieuré de Beaulieu , apparemment à cause de la beauté du vallon où il se trouvoit, et peut-être pour le distinguer de l'église paroissiale de Saint-Rémi ; de laquelle les moines se seroient éloignés à cause de sa situation aquatique. Depuis l'avant-dernier siècle, on l'a appelle quelquefois le Prieuré de Sainte-Avoie , peut-être à l'occasion de quelque dévotion du peuple envers cette Sainte, qui y est représentée sortant la tête d'une tour. L'église paroissiale est située dans la baronnie de Saint-Remi. Le village et les maisons qui le composent, sont de la mouvance et de la justice de plusieurs seigneurs. Le prieur de Beaulieu, autrement de Sainte-Avoie, qui a haute justice, a dans sa directe le haut du village, du côté du midi. Les dames de Saint-Cyr ont du côté du septentrion, le bas du village dans leur directe, et outre cela la terre et seigneurie du fief de Rodon, qui est aussi de la paroisse, et qu'elles ont acquis et réuni à leur seigneurie de Chevreuse. Visite archidiaconale. Mercredi 2 juin 1462, Dom Laurent de Sauhac, curé de Chevreuse, confesse au visiteur de la curie parisienne qu'il tient en garde un mi-temps de la paroisse de Saint-Rémy les Chevreuse qui commence par « Dominus deus meus » et finit par « Venite exultenus Domino », qu'il promet de rendre.
Sernay ou Sairnay Autrement dit Cernay. Village donné, en 768, par le roi Pépin à l'abbaye de Saint-Denis où il choisissait sa sépulture. Charlemagne renouvela cette donation l'an 774 « deinde ad Sarnetum usque ad cellam D. Germani ». Cette paroisse est à huit lieues de Paris et une de Chevreuse ; sa situation est sur l'extrémité d'une longue plaine de terres labourables. À une légère distance commence le vallon dans lequel a été bâtie une abbaye de l'ordre de Cîteaux ; ce qui fait que pour distinguer le village d'avec le monastère, on a dit Sairnay-la-Ville, pendant que l'abbaye a été nommée les Vaux de Sairnay. L'église de la paroisse est un édifice de deux ou trois cantons à peu près quarré et qui manque une d'une aile au septentrion, au lieu de quoi à côté de l'autel est bâtie une tour quarrée fort basse. Saint Brice, évêque de Tours est patron de cette église qui fut dédiée en 1556 par Charles, évêque de Mégare. La cure est à la pleine nomination de l'évêque de Paris « ecclesia de sarnaio de donatione episcopi ». Les écarts et hameaux de cette paroisse sont la Charterie ou les Charmes, la Dalonerie , Champhourdy, Plaine-Coulon. L'abbé des Vaux-de-Sairnay est marqué comme seigneur en partie de Sairnay dans le procès-verbal de la coutume de Paris de l'an 1580, mais on lit aussi que le village de Sairny-la-Ville se prétendoit régi par la coutume de Montfort. Visite archidiaconale. Au mois de mai 1458, Jean Mouchard et son secrétaire visitent l'église paroissiale Saint-Brice de Cernay-la-Ville « sancti Bricii de Sarnay villa » dont le patron est l'évêque de Paris. Il n'y a aucun curé. Les paroissiens sont au nombre de quatre et un seul marguillier nommé Panisot Dardelet. Le vicaire arrête qu'en absence du curé les dîmes et le bénéfice revient à l'archidiacre de Josas. Un inventaire de tout ce que cette église comporte est exigé avant la mi-août.
Choisel ou Choisei Cette paroisse serait un démembrement fait de Chevreuse vers l'an 1200, située à sept lieues et demie de Paris. Sa situation est dans une petite vallée entourée de terres labourables. Ce village est enregistré sous le nom de Saint-Jean de Choisel dans les rolles de l'élection de Paris. La cure, sous le titre de saint Jean-Baptiste, est à la pleine nomination de l'abbé de Bourgueil par concession de l'évêque de Paris. Plusieurs éléments désignent que l'église fut bâtie au XIIIe siècle avec les pierres du pays. Elle manque d'une aile du côté du septentrion, mais elle est supportée par une tour solide. Le grand autel conserve un retable de pierre, devant lequel est posé un tabernacle à l'antique qui est en forme de pyramide ou tourelle à jour. Il y a sur le territoire de cette paroisse et assez près de l'église Saint Jean, au lieu dit la Ferté , « Feritate juxta Caprosiam » une chapelle du titre de Saint Jacques est édifiée, laquelle est au rolle des décimes. Le Pouillé de 1450 la dit être à la nomination de l'évêque de Paris avec un revenu assis sur six arpens de prez.
Péqueuse Cette paroisse commence à l'entrée d'une plaine, après que l'on a monté doucement au sortir de Limoux. Le terrain continue en plaine du côté de l'occident vers la Grange Saint-Clair , et finit, du côté méridional, au bout de la plaine, à un petit vallon, dit Vilverd, où l'on trouve quelques vignes sur un coteau qui regarde le midi, le reste est en terres labourables. L'église est presque solitaire, n'étant accompagnée que du presbytère et de quelques maisons. Le reste des habitants est répandu dans les écarts et hameaux qu'on appelle Grignon, Formanteau, la Grange Saint-Clair et Vilverd. Cette église est sous le titre de Saint Médard, qui y est représenté en relief avec Sainte Radegonde, reine de France. La nomination de la cure appartient au prieur de Longpont.
Limoux, puis Limours Que l'usage fait écrire aujourd'hui Limours , est un bourg éloigné de Paris, environ de sept à huit lieues; dans le doyenné de Château-Fort, et peut-être ainsi nommé à cause de sa situation dans un petit vallon et sur un torrent limoneux. L'église, qui est du titre de Saint-Pierre, est un bâtiment assez beau, construit en forme de croix, et tout voûté, mais sans ailes. En 1091, Geoffroi, évêque de Paris, l'avoit donnée à l'abbaye de Bourgueil, et les moines y avoient formé un prieuré. En tant que paroisse, elle fut comprise au doyenné de Château-Fort dans le pouillé de Paris, écrit au XIIIe siècle, et marquée sous le nom de Limos , comme dépendante de Bourgueil pour la nomination : et en tant que prieuré, elle y fut marquée avec le nom de Prioratus de Limoves , sous le doyenné de Macy. Le Pelletier, dans son pouillé de l692, marque que l'un et l'autre sont à la nomination de l'abbé de Bourgueil. Il y a aussi à Limours un couvent de Pénitens du Tiers-Ordre de Saint-Augustin, qui y furent établis au haut du bourg, vers le midi, par Gaston d'Orléans. Jean Poncher, trésorier des guerres, possédoit cette terre en 1516. Ce fut de son temps que François 1er permit d'y tenir un marché tous les mardis, et deux foires chaque année ; l'une, le jour de Saint-Marc; l'autre, le jour de Saint-Michel. En 1545, le roi la donna à Anne de Pisseleu, duchesse d'Étampes, qu'il aimoit. En 1553 , Henri II la donna à Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois. Ce fut la duchesse d'Étampes qui bâtit le superbe château de Limours. Le séjour de ce lieu parut si agréable à François 1er, qu'il le choisit pour dissiper, durant les réjouissances des jours gras, l'ennui que la mort d'Henri VIII, roi d'Angleterre, lui avoit causé, et les accès de la fièvre lente dont il fut attaqué quelques jours avant que de mourir. La lettre initiale de son nom est sculptée au-dessus de plusieurs fenêtres. Le cardinal de Richelieu en fit aussi l'acquisition, et il fit de grandes dépenses dans ce château, qu'il orna de statues, de tableaux, de fontaines, etc. En 1616 , il établit dans le bourg un marché par semaine, et quatre foires par an. Le comté de Limours appartint ensuite à Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII, à qui le roi donna aussi le droit d'étape dans le bourg. Ensuite, le même prince l'unit et l'incorpora avec Montlhéry au duché de Chartres, pour être tenu et possédé par le même Gaston d'Orléans, aux titres et charges de son apanage. Après la mort de ce prince, Marguerite de Lorraine , son épouse, choisit le château de Limours pour sa demeure; mais ce château, au décès de la princesse, perdit son ancienne beauté. On y voit encore six pavillons, dont deux sont quarrés, les quatre autres ronds, le tout entremêlé de brique et de pierre. II y reste aussi quelques statues de marbre. Ce que l'on y entretient le mieux, est la haute futaie du parc. Visite archidiaconale. Lors de la visite du prieuré de Briis, le vicaire épiscopal apprend que trois cloches sont entreposées qui appartiennent à l'église de Limours « ecclesie de Lymours » et sont gardées proche de l'autel de la Sainte Vierge.
Trous ou les Troues Le pays s'est d'abord appelé « Trous » ( Trociis ou Trocis , puis Troux, enfin « Boulay-les-Troux ( Booleium ), sans doute à cause des nombreuses carrières à pierres meulières (meules à moulins) qui y ont été ouvertes. Dans le Pouillé du XIIIe siècle, on lit « Ecclesia de Trous » à la présentation de l'évêque de Paris. À huit lieues de Paris vers le sud-ouest, ce village est situé dans une plaine au-dessus de la montagne qui fait face à Chevreuse vers le midi. C'est un pays où l'on ne recueille que des grains, et il est sans vignes. La cure est sous le titre de Saint Jean l'Évangéliste. En juin 1582, l'évêque de Paris donna la permission de faire dédier l'église par Jacques de Maury, évêque de Bayonne, et d'y bénir trois autels, avec ordre d'en fixer l'anniversaire au premier dimanche d'après la Saint Jean-Baptiste. L'église tombant en ruines au milieu du XVIIe siècle, on entreprit de la rebâtir avec permission de la changer de place afin qu'on pût faire la procession. Le maçon nommé Bricard fut maître d'œuvre moyennant 6.000 livres . En 1190, Simon, seigneur de Chevreuse, donna aux Templiers son village de Boulay « Boolium ». Les châtelains de Chevreuse tenaient en fief de l'évêque de Paris ce qu'ils possédaient aux Troux « Villa des Tros ». En 1250, Jean Danel, seigneur de Denisy donna aux chevaliers du Temple établis à La Ville-Dieu-lez-Maurepas, 68 arpents de terre aux Trous et 21 arpents de prés de Montabbé. Visite archidiaconale. Le 15 septembre 1468, nous avons visité l'église Saint-Jean des Trous « sancti Johannis de Trocis » où nous avons procuration. Le curé maître Jehan Haqueville, réside à Paris en l'église Saint-Merry. Il y a deux paroissiens. Le susdit curé n'assure pas le service divin, ni aucun autre, nulle dîme n'est perçue. Il n'y a pas de sacrements, les fonts baptismaux sont sans eau bénite. L'église a besoin de nombreuses réparations et la majeure partie de la toiture est manquante. Le procès-verbal fait en présence de Jehan Everard et du chapelain de Chevreuse.
Plan d'ensemble de la commune de Boulay-les-Troux (monographie, 1899).
Molières ( les) Cette paroisse est à sept ou huit lieues de Paris, vers le couchant d'hiver, à une demi-lieue, ou un peu plus, de Chevreuse, et aune lieue de Gometz ou Saint-Clair; elle est à l'entrée d'une grande plaine qui commence après le vallon qui la sépare de Trous, et qui se termine à Saint-Remi. Le terrain consiste principalement en labourages. Ce lieu est une espèce de bourg muré, mais assez dépeuplé. Il y a encore des restes de trois portes. L'une s'appelloit la porte de la Bastille , et conduisoit au village de Trous qui en est peu éloigné; elle étoit dans le bas-bourg qui est un peu en pente. L'autre, placée dans le haut, étoit la porte de Paris , parce qu'elle y conduit ; et la troisième étoit dite la porte d'Armenont , ou d'Arnemont. Cette dernière regardoit l'orient, et conduisoit à Gometz-la-Ville. La facilité d'avoir de la pierre, rendit ce lieu fort, et l'on assure qu'il a soutenu des sièges. C'est le roi qui en est seigneur, la terre étant du comté de Limours. L'église est du titre de Sainte-Marie-Madeleine. Elle fut confirmée à l'abbaye de Saint-Florent de Saumur. Mais comme cette abbaye avoit un prieuré à Gometz-le-Châtel, qui n'en est qu'à une lieue, l'abbé se reposa apparemment de ce soin sur le prieur de ce monastère, puisque dans les pouillés du XVe et du XVIe siècle, cette nomination lui est attribuée; ce qui a été suivi par ceux de 1616, 1648 et 1691. Les habitants avoient le droit d'envoyer leurs malades à l'hôpital de Gometz. Pour de Chevilly, les Molières, la cure Sainte Marie-Madelaine est à la nomination du prieur de Gometz-le-Châtel. Le nom de ce bourg ( Mollariæ ), vient, dit-on, de ce que, dans ses carrières, on trouvoit des pierres dures propres à faire des meules de moulin. C'est le Roi qui en est seigneur. Une Bulle d'Urbain III, de 1186, confirme l'église à l'abbaye de Saint Florent de Saumur, qui possède un prieuré à Gometz-le-Châtel. Visites archidiaconales. Le jeudi 19 novembre 1467, l'église Sainte Marie-Madeleine des Molières est visitée. Le curé réside à Paris. C'est le curé de Chevreuse qui dessert la paroisse et administre les sacrements. Il y a trois paroissiens. Les objets sacrés sont en bon ordre et entiers, il n'y a pas d'hosties consacrées ni d'autres sacrements. La pierre des fonts baptismaux est entière et en bon état, mais il n'y a pas d'eau bénite . Il n'y a pas de marguilliers. Le procès-verbal de visite est fait en présence du curé de Chevreuse et d 'Étienne le Rabateur, paroissien de ce lieu qui se plaint que quelqu'un a coupé du bois dans cette église, et qu'il est parti avant de rétablir les lieux en emportant son larcin. Denis le Pelletier, paroissien de cet endroit, ou bien sa famille, est même suspecté d'avoir habité l'église avant de partir de ce lieu ; et l'on trouve de toute part leur impudence et ce qu'ils ont brisé avant de se sauver. Le 6 septembre 1468, le secrétaire du vicaire écrit : nous avons visité l'église sainte Marie-Magdeleine des Molières « beate Marie Magdalenes de Moleriis » où nous avons la procuration. Il y a quatre paroissiens. Le curé maître André Marchant est le neveu de maître Barthélemy du Cloistre, résident à Paris. Dom Jehan Révérent, chapelain de l'abbaye de Gif, est desservant de quinzaine en quinzaine. Le Corps du Christ repose dans la sacristie. Les fonts baptismaux n'ont pas d'eau. Un dépôt existe dans l'ampoule de l'huile sainte, L'huile sainte et le saint chrême sont vieux et de temps reculé, une fenêtre proche le maître-autel est cassée. Reginald Mesnil et Jehan le Peletier sont embarrassés pour les grains qui jonchent l'église. Natalis le Peletier perçoit les dîmes qui reviennent annuellement au curé. Le procès-verbal est donné en présence du chapelain de Chevreuse.
Gometz-la-Ville Village qui n'est qu'à une « portée de fusil de Gometz-le-Château », est à l'entrée de la plaine que l'on trouve un peu après avoir monté la colline, où ce dernier est bâti. C'est un pays tout plat entièrement de labourages. Ce lieu a été autrefois muré. L'église est sous l'invocation de Saint Germain, évêque de Paris : elle est entièrement de grès. Une assez belle tour, du côté du midi, lui sert d'ornement. La nomination aux deux cures se fait pour l'abbaye de Saint-Florent , par le prieur de Saint-Clair de Gometz-le-Château, comme nous l'avons déjà dit. Par accord, le prieur et le curé doivent partager par moitié les grosses dîmes des territoires de la Folie et de Ragonnant, avec les menues dîmes de la paroisse et les revenus de l'église. Le prieur, comme patron et curé primitif, doit dire ou faire dire par chacun an, la grand'messe dans l'église paroissiale, le jour de Saint-Germain, patron de la paroisse, auquel jour le curé doit donner à dîner, quand le prieur s'y trouve en personne. Visite archidiaconale. La visite de l'église paroissiale Saint-Clair de Gometz-la-Ville « sancti Clari de Gometivilla » a lieu le 16 juillet 1460, en présence de frère Pierre de la Faye , prieur de ce lieu, Simon Gervaise marguillier. Le second marguillier Nolet Brochebourde est absent. L'injonction est faite aux marguilliers de clore les fonts baptismaux cette année sous peine d'amende. Le vicaire demande au prieur la valeur de son prieuré, il lui est répondu qu'il ne vaut pas plus de dix francs chaque année. Il est exigé que les marguilliers envoient, à la curie parisienne, leur inventaire avant la fête de la Sainte Vierge.
Plan d'ensemble de la commune de Gometz-la-Ville (monographie, 1899)
Gometz-le-Château, autrement Saint-Clair Ces deux lieux portant le même nom, et n'étant qu'à une légère distance l'un de l'autre, paroissent ne devoir pas être séparés, parce qu'il y a grande apparence qu'ils ne formoient autrefois ensemble qu'un seul corps de paroisse et une même terre. Gometz-le-Château paroît avoir été le plus fameux dans l'Histoire, quoiqu'il ne soit peut-être pas le plus ancien. C'est là qu'est le prieuré de Saint-Clair, qui a fait donner ce nom au lieu. Saint-Clair, ou Gometz-Saint-Clair est éloigné de six lieues et demie ou environ de Paris, vers le couchant d'hiver, et bâti au défaut d'une montagne assez roide, dont la pente regarde le levant. Le grand chemin de Chartres passe au nord et au couchant de ce bourg, qui a Palaiseau à son levant d'été, et Chevreuse pareillement au couchant d'été ; chacun à la distance de deux lieues ou approchant. Il y a quelques vignes à Gometz-le-Château ; on y voit aussi des prairies, le reste est en labourages. Autrefois ce lieu étoit fortifié: on y voyoit, il y a trente ans, des restes considérables de son enceinte, des murailles, des tours, des portes. Il y a voit un château posé sur la cime d'une éminence qui commande sus le vallon, et dont la vue s'étend jusqu'à Montlhéry. Ce château est entièrement ruiné. On y voit seulement quelques vestiges de murailles, et des marques d'un incendie, par les pierres qui paroissent calcinées.
L'église de Gometz-le-Château est paroissiale et priorale. Elle existait avant qu'on y appelât des moines. Le bâtiment n'est pas en droite ligne, mais en espèce de coude, situation qu'on a été apparemment obligé de lui donner, à cause des terres de la montagne qui auront écroulé. Elle est toute de pierre de grès, et l'on y monte par plusieurs degrés. Cette église paroît plus nouvelle que celle de Gometz-la-Ville. Le pouillé parisien du XIIIe siècle marque que la présentation de la cure appartient au prieur du lieu, qui est membre de l'abbaye de Saint-Florent et ce prieuré, qui vaut 1.800 livres de rente, est à la collation de l'abbé de Saint-Florent de Saumur. En 1610, la terre de Saint-Clair appartenoit à M. le Comte de Limours, fils du chancelier de Chiverny. Sur les confins de ce territoire avec celui de Bure, est une fontaine de Saint-Clair, qu'un curé du lieu a fait en sorte de rendre célèbre; ce ne peut être que la fontaine de la Hacquinière . Une brochure in-8° qui a paru en 1620, dit que cette fontaine sent le cuivre et le fer, que les aveugles y ont recouvré la vue, que les impotens y ont été fortifiés, qu'elle a guéri les enflures, la pierre, la gravelle, la teigne, etc. le tout en buvant de cette eau, ou s'en frottant; qu'on l'a vu guérir des fièvres et du tremblement de corps en trois jours. Les grenouilles n'y peuvent vivre ; le pain qu'on y trempe devient bleuâtre ; la noix de galle devient rouge comme du sang. On exhortoit de ne pas laisser à terre le vase ou tonneau dans lequel on renfermoit de cette eau, mais de le suspendre en l'air, etc. Visite archidiaconale. Le jeudi 18 mai de 1458, Jean Mouchard a visité le prieuré Saint-Clair de Gometz-le-Châtel en présence du prieur dans la résidence prieurale. Le visiteur épiscopal demande quels sont les revenus du bénéfice pour le service fait en ce lieu en présence de Symon Gervaise et Natalis Brechebourde. Il lui est répondu que son bénéfice est de faible valeur et que, maintenant, la célébration de l'office à haute voix les dimanches et jours de fête, pourrait être faite avec l'assistance d'un prêtre. Il n'y a rien pour vivre, ni obituaire, ni revenu venant d'un pèlerinage. Et les dîmes et autres revenus sont de faible valeur dans les temps présents. Et pour cette raison, le visiteur ordonne que l'information soit faite, que l'on récupère les terres usurpées, que l'on estime les revenus du prieuré et que l'on nous en fasse une notification et un certificat. Le Corps du Christ est dans un bon état, mais il n'y a ni fonts baptismaux, ni saint chrême, et nous estimons qu'il n'y a que les deux paroissiens susdits. Le visiteur épiscopal ordonne à ces deux paroissiens de remettre l'église en bon état avant la mi-août, et de faire un inventaire. Et en tout état de cause, le prieur et le curé ont deux bénéfices distincts qui ont été fondé sous la même invocation. (il y avait un pèlerinage à Saint Clair au XVe siècle) . À suivre…
Notes (1) P. Hurtaut, Dictionnaire Historique de la Ville de Paris et de ses envions (chez Moutard, Paris, 1779). (2) Abbé J.M. Alliot, Visites Archidiaconales de Josas (Alphonse Picard et fils, Paris, 1902). (3) M. Pinard, Histoire, archéologie, bibliographie du canton de Longjumeau (Auguste Durand, Paris, 1864).
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