Le doyenné de Montlhéry (1) Les paroisses de la plaine de Longboyau |
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Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------------- _------------------ --------- Février 2011 « Environs de Paris divisés par pays » par le Sieur Robert de Vaugondy (1768).C. Julien
Dans son ouvrage publié « avec approbation et privilège du Roi » intitulé " Mélanges tirés d'une grande bibliothèque de la lecture des livres françois " pour lequel l'auteur avait été ouvert une souscription en juillet 1783, Marc-Antoine de Voyer Argenson nous donne un tableau géographique et historique de la France au XVIe siècle (1). Dans cette chronique, premier volet de la série (*), nous présentons les paroisses septentrionales du doyenné de Montlhéry, celles de la plaine de Longboyau. Pour la plupart, nous donnons les visites du vicaire de l'archidiacre de Josas faites au cours du XVe siècle, au début du règne de Louis XI (2).
Les doyennés ruraux Voici ce que nous lisons dans l'Encyclopédie de Diderot (3). Il est parlé des doyens ruraux dans les décrétales, où ils sont encore appelés archiprêtrés de la campagne ; c'est la décrétale de Léon IX, provideat etiam archipresbyter vitam sacerdetum cardinalium praeceptis sui obtemperando episcopi, ne aliquando cedant aut scurrilitate torpeant… ». La discipline présente de l'église gallicane, est que chaque archidiaconé est divisé en plusieurs doyennés, qui ont chacun leur nom particulier, et auxquels on donne pour chef un des curés du district, que l'on appelle doyen rural ou archiprêtre rural . Une des principales fonctions des doyens ruraux , est de veiller sur les curés de leur doyenné, et de rendre compte à l'évêque de toute leur conduite. En général, les droits et les fonctions des doyens ruraux sont réglés par les statuts de chaque diocèse, et par les termes de la commission qui leur est donnée. Leurs fonctions les plus ordinaires sont de visiter les paroisses de leur doyenné ou district, d'administrer les sacrements aux curés qui sont malades, de mettre en possession de leur bénéfice les nouveaux curés, de présider aux kalendes ou conférences ecclésiastiques qui se tenoient autrefois au commencement de chaque mois, de distribuer aux autres curés les saintes huiles qui leur sont adressées par l'évêque, et de leur faire tenir ses ordonnances et mandemens. Au reste, quelque étendue que soit leur commission, ils ne doivent rien faire que conformément aux ordres qu'ils ont reçus de lui, et doivent lui rapporter fidèlement tout ce qui se passe. Comme les doyens ruraux ont également à répondre à leur évêque, et à l'archidiacre dans le district duquel est leur doyenné , le droit commun est qu'ils doivent être nommés par l'évêque et par l'archidiacre conjointement. C'est pourquoi, dans la plupart des diocèses, l'évêque donne la commission de doyen rural sur la présentation de l'archidiacre ; il y a néanmoins des diocèses où l'évêque choisit seul les doyens ruraux , d'autres, où ce choix appartient aux curés du doyenné qui présentent à l'évêque celui qu'ils ont élu. La commission des doyens ruraux contient ordinairement la clause, qu'elle ne vaudra que tant qu'il flaira à l'évesque . Cette clause y est même toujours sous-entendue, en sorte que l'évêque peut les révoquer quand il juge à propos, à moins que l'archidiacre ou les curés du doyenné n'aient eu quelque part à leur nomination, auquel cas ils ne pourroient être révoqués que du consentement de ceux, qui les auroient nommés.
Le doyenné de Montlhéry Sous l'Ancien régime, l'élection de Paris était située au centre du gouvernement de l'Ile-de-France, et qui a pour chef-lieu la capitale du royaume. Le siège de l'élection est le Châtelet de Paris où tous les jugements en appel ont lieu après contestation d'une sentence rendue par le prévôt de la châtellenie royale de Montlhéry. Le diocèse de Paris ayant à peu près les mêmes limites que l'élection, il est divisé en trois archidiaconés, le premier appelle le grand archidiaconé ou archidiaconé de Paris , contient deux doyennés savoir, celui de Montmorency et celui de Chelles; l'archidiaconé de Josas a les doyennés de Montlhéry et de Châteaufort; l'archidiaconé de Brie a trois doyennés, Lagny, le vieux Corbeil et Champeaux. Le doyenné rural de Montlhéry « decanatu de Monteletherico », le second, avec celui de Châteaufort, de la partie méridionale du diocèse de Paris, s'étend depuis le grand chemin d'Orléans jusqu'à la Seine ; et en commençant par la paroisse la plus voisine de Paris, c'est-à-dire Gentilly qui, au Moyen âge était le fief de l'évêque. Nous remarquons que le doyenné qui nous concerne a été connu sous diverses appellations. Dans le pouillé de la province de Sens (A. Longnon, 1904) donné en 1215, il prend le nom de doyenné de Linas « decanatu de Linais », sans doute par l'importance de la collégiale Saint-Merry et son chapitre au début du XIIIe siècle. Dans certains actes, il est aussi donné comme doyenné d'Essonne. Vers 1260, on parle du doyenné de Longjumeau « decanatu Montis Gemelli », dans lequel sont situés les prieurés de Longpont et de Saint-Pierre de Montlhéry.
L'archidiaconé de Josas au XVe siècle Sur les 165 paroisses de l'archidiaconé de Josas, le doyenné rural de Montlhéry comptait 65 clochers. De la même manière que le vicaire épiscopal sous le règne de Charles VII, nous parcourons les paroisses. Celles-ci placées sous l'autorité de Jean de Courcelles, qui avec son vicaire Jean Mochard et son secrétaire Louis Penyot, étaient les promoteurs de l'Officialité de la curie parisienne. Les visites archidiaconales se situent à une époque où le Josas comptait plus d'une trentaine d'églises détruites, résultats de la guerre de Cent ans. Bien que le pays se relevait des ruines, certaines paroisses comme Limours et La Norville étaient momentanément en ruine dans les années 1460 et avaient peine à se relever. De nombreux abus du clergé au XVe siècle amenèrent un grand nombre de règlements capitulaires qui signalent l'inconduite du petit clergé, chapelains ou habitués des cathédrales. Les délibérations contiennent notamment des statuts pour assurer la décence et le bon ordre du culte : information contre ceux qui n'assistent pas aux cérémonies, enquête contre l'inconduite des clercs de chœur, etc. Dans de nombreuses paroisses le curé la laisse à un « prêtre-fermier » ou à un chapelain qui administre les sacrements, dit la messe, et exerce ponctuellement les devoirs inhérents au sacerdoce. Grâce à ces usages, le fléau de l'absentéisme ne fait que croître à la fin du XVe siècle. Dans l'archidiaconé de Josas, en 1454, en 1461, le tiers des prêtres est absent ; quelques années plus tard, dans l'archidiaconé de Paris, sur 83 cures visitées par l'archidiacre, 36 curés résident hors leur paroisse, la plupart à Paris, quelques-uns à Orléans ou à Chartres ; 12 sont partis sans licence
L'arrêt du Parlement du 20 juillet 1684. Un arrêt est rendu au parlement de Paris, le 20 juillet 1684 en faveur de l'archidiacre de Josas dans l'église de Paris contre quelques curés de son archidiaconé, tant pour le droit de funérailles, que pour celui de sépulture. Le développement de cette affaire judiciaire opposa maître Charles Cocquart-de-la-Motte, chanoine et archidiacre de Josas en l'église de Paris, et abbé commendataire de Notre-Dame de Vertus contre une quarantaine des curés de l'archidiaconé de Josas et principalement ceux du doyenné de Montlhéry et « tous curés de cette ville de Paris, dépendans de l'archidiaconé de Josas ». Il s'agit du droit de dépouille dit « droit de funérailles », c'est-à-dire de faire procéder par voie de saisie sur la meilleure robe, soutane, ceinture, surplis, aumusse, bonnet quarré, bréviaire, lit garni, cheval ou mulet, après le décès de chacun curé ; les héritiers des curés étant spoliés par ce droit. De plus, l'archidiacre prétendait recevoir le « droit d'inhumation », qu'il soit payé d'un écu en argent, les cires et les oblations après le décès de chacun desdits curés, lorsqu'il fera lui même les inhumations, comme premier délégué dudit archevêque de Paris. Cet arrêt présente un intérêt car il nous donne le nom des curés de l'archidiaconé de Josas en 1680. Nous les donnons en suivant la date de leur requête : maîtres François Denys, curé d'Orangis, Charles Lorel, curé d'Évry-sur-Seine, Gilles Cailleau, curé deViry, René le Febvre, curé de S. Germain-lès-Chastres, Pierre, Gadray, curé de S. Philibert, Raoul Boulanger, curé de Bondoufle; François Noël, curé du Plessis-d'Argouges, Etienne Becquet, curé du Plessis-le-Comte, Toussaint le Roy curé de Lisses, Étienne le Page, curé de Marolles, François de la Grange , curé de Leuville, Robert Castel, curé de S. Vrain, Pierre de Valois, curé d'Espinay-sur-Orge, Jean le Varlet, curé de Paray, et Pierre de Bableu, curé de Torfou, tous curés, étant dans le doyenné de Montlhéry, appelants de l'ordonnance du lieutenant civil au Châtelet de Paris, du 9 juin 1679. maîtres François Lescacher, curé Brétigny, Thomas de S. Denys, curé de Marcoussy, Charles Lorel, curé d'Évry-sur-Seine, et consors, demandeurs en requête, du 15 juin 1682. Maître Pierre Gargan, prêtre prieur de S. Médart, Louis Marcel curé de S. Jacques du Haut-Pas, Denys Dessita, curé de S. Côme, Julien Gardeau prieur curé de S. Étienne-du-Mont, Pierre Camuset, curé de S. Hilaire, Nicolas Mathieu curé de S. André-des-Arts, et Jamet curé de S. Martin au fauxbourg S. Marcel, tous curés de cette ville de Paris, dépendans de l'archidiaconé de Josas, demandeurs en requête du 9 avril 1683. Maître Charles Cardel prêtre curé de S. Jean l'évangéliste au cardinal le Moine de cette ville de Paris, Georges Guerin curé de Vaugirard-lès-Paris, René Le Clerc, prêtre curé de Champland, Léon, prêtre curé de Massy, Dubois curé de Saclé, Antoine de S. Saulieux curé de Longjumeau, Nicolas Fournier curé de Juvisy, Pail Cermoise curé de Louans, Claude Angoulian curé de Vuisoux, Pierre Puchot curé d'Orsay, Henri Bourge curé de Palaiseau, Héron curé de Chilly, G. le Prieur curé de Nozay-la-Ville-du-Bois, le Marquand curé de Chevreuse, Poignant curé de Cernay, Louis Guillon curé de Troux, Fossay curé de S. Remy, tous curés de l'archidiaconé de Josas, demandeurs en requête du 7 mai 1683. Burnouf curé de Gif, Denaux curé de Villiers [-le-Bâcle], Pasquier curé de Fontenay-les-Bois, le Sueur curé de Voisins, Lemière curé de Forges et autres curés de l'archidiaconé de Josas, demandeurs en requête du 8 juillet 1683. Cette affaire, qui dura cinq, sera décrite en détail dans une chronique spécifique.
Gentilly et Bicêtre Le village de Gentilly existoit dès le VIIe siècle. On ne doute pas qu'il ne prenne son nom d'un Gaulois Romain, nommé Gentilis comme le village de Chevilly qui en est voisin, prend le sien d'un seigneur ou possesseur nommé Civilis. On y compte plus de cinq cents habitants, en y comprenant le Petit-Gentilly, dont les dernières maisons sont de la paroisse Saint Hippolyte, au fauxbourg Saint-Marceau. On est assuré que le Roi Pépin avoit un palais ou maison royale à Gentilly, qu'il y tint cour plénière aux fêtes de Noël, l'an 761, et y célébra, en 766, un fameux concile national, au sujet du culte des images. La paroisse de Gentilly étoit si considérable, qu'elle renfermoit celle d'Arcueil, qui n'en a été démembrée qu'après le règne de Saint Louis. Cependant on voit que, depuis la fin du IXe siècle, les évêques de Paris ont été seigneurs de Gentilly, et que les seigneurs particuliers de ce canton leur ont constamment rendu hommage. Aux XIVe et XVe siècles, il paroît que les évêques y avoient une maison de campagne, dans laquelle ils se retiroient souvent : un d'eux, nommé Simon de Bussy , y mourut en 1304. D'ailleurs, il y avoit de grands seigneurs qui y avoient des maisons, tels que les comtes de Valois, de la maison royale, les comtes de Savoie, etc. Ce n'est qu'au XVIIe siècle que l'on établit à Gentilly une communauté de religieuses hospitalières, qui doivent reconnoître pour leur fondateur un fameux libraire, nommé Claude Sonnius. Au milieu de ce même siècle, une partie d'entre elles passa dans le faux-bourg Saint-Marceau, rue Mouffetard; elles y existent encore sous le nom de Saint Julien et de Sainte Basilisse. Au commencement du siècle suivant, les Religieuses qui restoient à Gentilly, passèrent à Saint-Mandé, près Vincennes, où elles sont encore. Il n'y a plus de maisons religieuses à Gentilly, mais beaucoup de maisons de campagne. Le cardinal de Gondi, premier archevêque de Paris, vendit la maison épiscopale à un M. Chevalier, premier Président de la Cour des Aides, et lui inféoda la seigneurie. M. Chevalier vendit cette terre à un M. de Beauvais, fils d'une fameuse première femme de chambre de la reine Anne d'Autriche ; sa postérité en a joui jusqu'à nos jours. Le château de Bicêtre , si connu dans Paris, est sur la paroisse de Gentilly. Le nom qu'il porte, lui vient, non pas d'un comte, mais d'un évêque de Wincester, qui possédoit un manoir ou un hôtel dans cet endroit, dès le temps de Philippe le Bel, à la fin du XIIIe siècle. Quelque temps après, il appartenoit à Amédée comte de Savoie, qui le vendit au duc de Berry, fils du roi Jean et frère de Charles V. Ce Prince y fit bâtir un magnifique château. L'évêque de Paris s'opposa à ce qu'il y eût des fossés et un pont-levis, prétendant qu'on ne pouvoit se fortifier ainsi sur son territoire sans son agrément. Le Prince déféra à ces représentations, et s'en trouva très-mal; car, lors des troubles excités dans Paris par les Cabochiens, ce château fut entièrement brûlé ; l'on assure que ce fut grand dommage, parce qu'il contenoit des richesses infinies. Six ans après, le duc de Berry, en mourant, laissa ce château au chapitre de Notre-Dame, à condition que les chanoines conserveroient précieusement le chef de l'apôtre Saint Philippe, qu'il leur avoit donné, et qu'ils le porteroient tous les ans en procession. L'exécution de cet article du testament du duc de Berry, souffrit de grandes difficultés. On prétendit que tout ce qui avoit appartenu à un prince apanagé, rentroit de droit au Domaine du Roi. En 1519, le Roi reprit en effet possession des ruines du château de Bicêtre. Elles subsistoient encore à la fin du XVIe siècle ; ce ne fut qu'en 1632 qu'elles furent rasées, sous le règne de Louis XIII. On voulut alors établir dans cet endroit un hôpital pour les soldats invalides. Cet établissement fut même assez avancé ; et les plus anciens bâtiments que l'on voie actuellement à Bicêtre, sont de ce temps-là, ils n'ont pas par conséquent cent cinquante ans d'ancienneté. Mais, en 1671, Louis XIV ayant fait élever l'Hôtel Royal des Invalides avec bien plus de magnificence, la retraite des vieux militaires a été fixée dans ce séjour, et Bicêtre dépend depuis ce temps de l'immense établissement de l'hôpital général de Paris. Visites archidiaconales . Le dimanche 25 novembre 1458, jour de fête de la Sainte-Catherine , le vicaire de l'archidiacre de Josas visite l'église paroissiale de Gentilly « ecclesia parrochialis de Gentilliaco » en présence du maître Dom Guillaume Cabaret, curé, de Roger Durant et Jean Tixier marguilliers et de nombreux autres paroissiens. L'ordre est donné aux marguilliers de fermer les fonts baptismaux avant l'an, sous peine d'amende. Tout le reste est en bon état. Le jeudi 22 e jour du mois de novembre 1459, l'église Saint-Saturnin de Gentilly a été visitée en présence de Dom Guillaume Cabaret, curé, de Jean Tixier marguillier et de plusieurs autres paroissiens. Le vicaire donne l'ordre de faire fermer les fonts baptismaux de cette église dans le temps avant Pâques et d'avoir un nouveau calice pour les huiles saintes et le saint chrême pour le même temps, sous peine d'amende. L'an 1467, le 26 février, la visite de l'église paroissiale Saint-Saturnin est faite dans le village de Gentilly ; la cure est à la collation du seigneur évêque de Paris. Il se trouve de nombreuses personnes : le curé maître Guillaume Cabaret avec les marguilliers Etienne Jubert et Guillaume de la Porte , Adenet de la Porte , Jean de Murat, Raymond Dussye, Jean Dauberet, Robert Dorléand, Jean Tixier, Pierre Baudry et plusieurs autres. Il y a 60 paroissiens. La sage-femme est Maceta femme de Pierre Baudry. Les marguilliers et la sage-femme possèdent les lettres d'agrément de la curie de Josas. Les habitants se plaignent parce que le curé ne réside pas dans la paroisse et protestent contre cette absence dont ils subissent le préjudice. Alors, le curé se plaint de ne pouvoir habiter dans la maison presbytérale qui n'a pas de toiture. Sur cette chicane, le seigneur vicaire exige que le curé demeure à Gentilly sous peine de suspension et amende et d'y faire résidence permanente. De même, il donne l'ordre aux marguilliers de réparer cette maison avant la fête de Pentecôte sous peine d'amende. Ensuite, les marguilliers disent que le curé ne s'occupe pas de l'école, ni même un clerc, et pour cette raison les enfants vagabondent dans le village et n'ont ni instruction ni catéchisme. Le curé promet de remédier à ce problème, de conférer un clerc lettré et de permettre à l'école à se tenir au presbytère avant qu'on ait trouvé une maison pour l'accueillir.
Arcueil On trouve à Arcueil des vertiges si évidents d'un aqueduc du temps des Romains, qu'on ne peut douter qu'il n'y en ait eu un dans cet endroit, et que le lieu n'ait pris son nom des arcades qui y subsistent encore. Au reste, la première fois que l'on entend parler d'Arcueil, c'est au XIIe siècle ; il n'a été érigé en paroisse qu'à la fin du treizième : une partie du bâtiment de l'église paroissiale est de ce temps-là. Il y avoit autrefois beaucoup de vignes aux environs d'Arcueil, et le vin passoit pour excellent. Si les Romains ont fait construire un aqueduc à Arcueil, les François se sont occupés du soin de le réparer. Ce n'est cependant qu'au XVIe siècle que Louis XIII posa la première pierre de l'aqueduc, qui conduit les eaux de Rungis à Paris, en passant par Arcueil ; et cette grande entreprise n'a été achevée que plus de cent ans après. Il y a toujours eu de belles mai sons de campagne à Arcueil : on sait que Jodelle, fameux poète du XVIe siècle, y en avoit une, et qu'il y donnoit des fêtes à ses amis, entre lesquels étoit le poète Ronsard ; et, c'est là que furent jouées les premières tragédies qui aient été composées en françois. Visites archidiaconales . La visite de l'archidiacre de Josas a lieu à Arcueil « Arcolio » le 12 novembre 1458. La paroisse est sous le titre de saint Denis. Le curé Jehan Nicole est absent mais le vicaire Dom Pierre Ratoul est présent avec le seul marguillier Geoffroy Boullard à qui il est ordonné de procéder à l'élection d'un second marguillier. Les sacrements sont bien disposés. Le jeudi 1er octobre 1462, la visite est faite pendant l'absence de maître Jean Fournier, doyenné de Saint-Marcel avec Dom Guillaume Pilon son vicaire, Jean Guibert et Michel Poteau marguilliers, Bertrand Bouveri, Jean Rousseau, Yvon du Ralle, Guillaume Bouveri avec Daubanne, Michel Souppe et plusieurs autres. On dénombre 60 paroissiens. La fabrique possède deux calices en argent, l'un doré et l'autre blanc, et un ornement en argent d'une grande beauté, évalué à 48 francs pour le tout. Il y a également un joyau d'argent doré de saint Blaise. Le vicaire enjoint les marguilliers de faire fermer les fonts baptismaux avant la Quadragesime , car voilà deux ans qu'ils l'avaient promis. Le jour de saint Luc l'Évangéliste, le jeudi 19 octobre 1469, la visite de Saint-Denis d'Arcueil, cure à la collation de l'évêque de Paris, est faite en présence de Dom Pierre Ratoul, chapelain, Jacques Daubine et Jean Pousault marguilliers et des paroissiens Louis Soudry, Vincent Daubine, Robert le Riche, Étienne du Bien, Jean Leger, Jean Barteau et plisuers autres, alors que maître Jean Fournier, docteur en droit canon, official et chanoine de l'Église de Paris est absent. On dénombre 80 paroissiens. Guillemette la Contesse est sage-femme. La fabrique possède un seul calice en argent, une croix en argent, un joyau en argent. Le vicaire enjoint les marguilliers de restaurer le missel et de l'enfermer avant la Nativité du seigneur sous peine d'amende. De même, pour le psautier le Grecum .
Cachan Cachant , ( s'écrivait avec un « t » jusqu'au XIXe s. ) qui est de la paroisse d'Arcueil, dépendoit autrefois, aussi bien qu'Arcueil même, de celle de Gentilly. C'étoit un pays de chasse, et on croit que c'est de là que vient son nom, qui doit s'écrire en latin Catticampus. Dès le temps de Louis le Débonnaire et de Charles le Chauve, ce lieu appartenoit à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Cependant nous voyons que, tout au commencement du XIIIe siècle, Philippe le Bel avoir une maison à Cachant, et que plusieurs ordonnances importantes de son règne en sont datées. Il y en a aussi du temps de Philippe le Long, de Charles le Bel et enfin du roi Jean. Ce monarque le céda au duc de Berry, son second fils ; ce prince au connétable du Guesclin, et celui-ci au duc d'Anjou. Apparemment que, dans le temps des troubles du règne de Charles VI, la maison royale de Cachant fut ruinée ; car on ne voit plus depuis ce temps-là ce qu'elle est devenue. L'abbé de Saint-Germain est toujours seigneur de Cachant, et ceux qui ont des fiefs et des maisons dans ce village, en relèvent.
Villejuif La situation de Villejuif est connue dès le temps de Jules César, qui fait mention d'une hauteur auprès de la ville de Lutèce, sur laquelle il s'arrêta, et remonta de là vers Essonne et Melun . Cette hauteur étoit sûrement celle de Villejuif : mais d'où vient le nom que porte actuellement cette paroisse? Son étymologie pourroit faire la matière de grandes dissertations ; ce qu'il y a de sûr, est qu'elle ne vient point des Juifs, car il n'y en a jamais eu dans ce lieu, mais plutôt de Villa Jugi , ville sur la hauteur. L'église paroissiale, dont la construction paroît être de la fin du XVe siècle, ou des premières années du seizième, renferme des reliques qui y attiroient autrefois un grand concours de peuple catholique qui venoit les révérer. On les porte encore en procession à certains jours de l'année. Elles consistent dans un os de la jambe de saint Cyr, la mâchoire de sainte Julitte, et une vertèbre du cou de saint Roch. On fait que saint Cyr souffrit le martyre étant encore enfant, et que sainte Julitte étoit sa mère ; quant à saint Roch, il est assez connu. Le chapitre de Notre-Dame et les principales églises de Paris ont eu autrefois des biens et des rentes à Villejuif, mais le Roi en étoit seigneur haut-justicier, et il faisoit partie du comté de Montlhéry. Depuis, nos Rois ont cédé ou engagé cette justice à différents particuliers. Les principales familles de l'ancienne magistrature de Paris l'ont possédée. Le couvent de filles de la Saussaye est sur le territoire de la paroisse de Chevilly , qui d'ailleurs n'a rien de remarquable. Cette maison étoit autrefois une maladrerie ou léproserie pour les femmes, fondée du temps de Louis le jeune. Au XIVe siècle, la supérieure prit le nom de Prieure, et les Hospitalières devinrent de vraies religieuses de l'ordre de Saint Augustin. On prétend qu'au XVIe siècle elles sont devenues Bénédictines. La Prieure est de nomination royale, et se disoit tout-à-fait exempte de la juridiction de l'archevêque : mais je crois que cette maison est à présent absolument détruite. Les bâtiments en subsistent cependant encore à environ une demi-lieue de Villejuif, sur le chemin de Paris à Fontainebleau. Visites archidiaconales . La première visite connue du vicaire de l'archidiacre de Josas à l'église paroissiale Saint-Cyr de Villejuif « sancti Cirici de Villajuden » a lieu le dimanche 3 juillet 1458. La présentation de cette cure appartient à l'évêque de Paris. Le curé Étienne Michel réside à Paris et la paroisse est desservie par le prêtre Dom Richard le Toillier. Les marguilliers Jean de Baulne et Robert Benard donne l'inventaire. La sage-femme est Marguerite, épouse d'Étienne Fiédet l'aîné. Les sacrements sont en bon état. Le 26 mars avant Pâques 1465, la paroisse de Villejuif est visitée en absence du curé Dom Etienne Michel, mais le vicaire Dom Cancien Robert est dans l'église avec le marguillier Jean de Beaune. Hugues Voisin est défaillant, remplacé par Guillaume Renou qui est élu à la quasi unanimité devant Jean Villeneufve l'aîné, Guillaume le Charon, Jacques Brissanac, Jean Aubert, Bobin de Bures, Jean de la Ruelle , Guillot Aubert, Pierre Coulon, habitant cette ville. Le lundi avant la Purification , le 29 janvier 1469, l'église paroissiale Saint-Cyr de Villejuif « ecclesia sancti Cirici in Villa Juden » est visitée par le vicaire de l'archidiacre de Josas. La cure est à la collation du seigneur évêque de Paris. Le curé maître Guillaume Nicolay, diplômé de l'Université de Paris et secrétaire de Josas « scriba de Josayo » et Dom Robert Coullart son vicaire sont présents avec de nombreux paroissiens dont Guillaume Remon, Cardin Creté, Thibault Maucousteaux, Étienne Remon, Guillaume Maucousteaux, Jean des Murs et Pierre de Henault. On dénombre 60 paroissiens. Margaret la Fadèle est sage-femme. La fabrique possède deux calices en argent, un blanc et un doré, deux petits joyaux, l'un est un ange argenté qui porte le corporal et le second de saint Cyr.
Chevilly Dans une charte de 829, le village de Chevilly, « Civiliacum » (c'est-à-dire le domaine agricole –villa- d'un nommé Civilis), l'évêque de Paris donne la seigneurie aux chanoines du Chapitre, lesquels en seront propriétaires jusqu'à la Révolution. Vers 1150, Louis VII fonde un couvent au lieu-dit « La Saussaye » qui abritera une léproserie jusqu'au XVIe siècle. Situé dans la plaine de Longboyau, la paroisse est pour la plus grande partie en labourages ; il y a quelques vignes au vallon vers Fresnes. L'église, sous le titre de sainte Colombe, martyrisée à Sens au IIIe siècle, est très petite ; le sanctuaire est un gothique du XIIIe siècle grossièrement fabriqué, dont la dédicace fut faite en août 1546 par Charles Boucher, évêque de Mégare. Les chanoines de Notre-Dame en tiraient un muid de froment chaque année pour la distribution du pain de Carême et réservant un pain quotidien à l'évêque. Les gens de Chevilly étaient redevables envers le Chapitre du droit de Tensamentum qui s'élevait à sept livres parisis. Les chanoines de Paris reçurent, en forme d'obits, de nombreux legs de biens sur le fertile territoire de leur censive de Chevilly. La léproserie de la Saussaye était une maison de femmes qui fut richement dotée par le roi Louis X le Hutin qui accordait tous les chevaux du roi à sa mort. Ainsi à la mort de Charles V, le revenu des religieuses pour l'article des chevaux se montait à la somme considérable de 2.500 livres . Il y avait 60 feux à Chevilly en 1709. Visites archidiaconales . Nous trouvons une première visite de l'église paroissiale Sainte-Colombe de Chevilly « sancte Columbo de Chivilliaco » faite le 3 août 1458 en présence de Dom Rodolphe Odin vicaire du curé Dom Pierre Intrantis absent. Le vicaire archidiaconal mentionne que les corporaux sont immondes et l'église remplie d'immondices. Le chapelain s'amende pour ne pas présenter le registre des testamentaires et des excommuniés de la paroisse. Il lui est enjoint d'en présenter un sous quinzaine. Les marguilliers Pierre Roe et Jean Bleuse assistent à qui il est exigé de fournir de nouveaux fonts baptismaux et de posséder un vase pour les onctions, avant un mois sous peine d'amende. Le vicaire de l'archidiacre de Josas visite l'église de Chevilly le 8 juin 1462 où le curé Dom Pierre Intrant est absent. Dom Rodophe Oudin ancien curé se trouve avec Pierre Poulain et Jean Malet marguilliers, Pierre Rone, Pierre Tan et Guillaume Bernard, habitants. On dénombre 18 paroissiens. Dans cette église, il y a une chapelle fondée en l'honneur de saint Michel où le chapelain Guillaume Maucoustaux, prêtre, y célèbres deux messes par semaine. Parce que le service divin est défectueux dans cette église, le vicaire dépose le chapelain et saisit les revenus de ladite chapelle, et nomme Jean Soriot comme commissaire pour cette déposition. Le vicaire exige qu'une élection de nouveaux marguilliers soit organisée avant la fête du saint Sacrement. Le chapelain reconnaît qu'il n'a pas renouvelé les hosties à Pâques, parmi les hosties, il s'en trouve une cassée. Il est exigé que les marguilliers fassent faire les réparations de la toiture de l'église et fassent fermer les fonts baptismaux. Le 8 octobre 1469, l'église Saint-Colombe de Chevilly accueille le visiteur de la curie archidiaconale avec son secrétaire Penyot et plusieurs curés témoins. Le curé Dom Pierre Intrant est absent. Dom Pierre Hunel son vicaire, Étienne de Landes et Durand Gatin marguilliers sont présents avec Pierre Roné, Jean Soriot, Pierre Poulain, Clément Bruneau, Guillaume de la Barre et plusieurs autres. La fabrique possède un calice en argent blanc de faible valeur. Il n'y a pas de joyau en argent. La sage-femme est Mahiette Roux qui vient du village de L'Hay. Durand Gatin n'a pas reçu ses lettres de la curie. Le vicaire exige que la toiture de l'église soit réparée comme il a été dit précédemment.
Lay ou Lahy Dominant la rivière de Bièvre, le village de Lay ou Lahy ou L'Haï est situé sur un promontoire. Dans tous les documents, il est écrit Laiacum qui signifie des chaumières au milieu d'un bois. Au XVIIIe siècle, le territoire de Lay est composé de terres labourables, de vignes et de prés. Comme à Chevilly, la seigneurie est dans les mains du Chapitre Notre-Dame. L'église, sous le titre de saint Léonard semble avoir été bâtie vers l'an 1500. Les autels furent bénis le 127 mai 1523 par François de Poncher, évêque de Paris. Le dictionnaire universel de 1726 dénombre 284 habitants. Au fil du temps, le Chapitre de Paris rentra dans plusieurs biens de sa seigneurie, y constituant un vignoble assez considérable sur le coteau. Plusieurs chevaliers ont porté le nom de Lay. En 1226, Guillaume de Lay cessa ses poursuites contre le Chapitre de Paris, au sujet des dîmes des Plâtrières. En 1235, Mathieu de Marly et Alix de Logia, sa femme, donnèrent leur consentement lors de l'acquisition de quatre arpents et demi de terre. Ce seigneur avait retiré de Guillaume de Lay, son vassal, trois arpents de terre aliénés sans son accord. Vers 1750, on voyait les restes d'un château féodal appelé la Tournelle de Lay avec un donjon carré du XIVe siècle. Un escalier est construit par le dehors du côté méridional. Visites archidiaconales . Le 3 août 1458, le délégué de l'archidiacre de Josas visite l'église paroissiale Saint-Léonard de L'Hay « sancti Lienardi de Layaco » en présence de Dom Guillaume Meaucoutaux curé, résident. Etienne Dupressoir et Edrictus Boncorps sont créés marguilliers selon la supplique des habitants. Un inventaire de l'église et déclaration des biens de la fabrique sont exigés par le vicaire, à fournir avant un mois, sous peine d'amende ; les lettres d'agrément doivent être obtenues de la curie avant la saint Michel. Le visiteur, vicaire de l'archidiacre de Josas est à L'Hay le 8 juin 1462 où se trouvent Dom Guillaume Meaucoutaux curé, Drogon Boncorps et Jean le Lorrain, marguilliers, Philippe de Gemones, Fastre Boncorps, Fabien Bachone, Jean Boncorps l'aîné et plusieurs autres. Les sacrements sont bien disposés. On compte 26 paroissiens environ. Le vicaire enjoint les marguilliers de fournir un inventaire sous quinzaine. La fabrique possède un calice en argent, un vase qui porte le corporal en argent et un petit reliquaire en argent qui porte une relique de saint Léonard. Le 8 octobre 1469, a lieu la visite de Saint-Léonard de l'Hay dont la cure est à la présentation du Chapitre de l'Église de Paris. Le vicaire de l'archidiacre rencontre Dom Guillaume Maucousteaux, prêtre-curé, Pierre le Bonnier et Jean le Lorrain, marguilliers accompagnés de Fastre Boncorps, Michel le Bonnier, Jean Duon et Clément Bruneau. La fabrique possède un calice en argent. On dénombre 24 paroissiens. De même, la fabrique possède un bijou en argent d'une valeur de trois écus au plus. Le seigneur vicaire enjoint les marguilliers à réparer l'argenture du calice. Un inventaire doit être renouvelé avant la fête de Saint André. Le vicaire donne quittance [de la procuration] aux marguilliers (4). À suivre…
Note (*) Nous avons conservé l'orthographe du XVIIIe siècle. (1) Marc-Antoine de Voyer Argenson, Mélanges tirés d'une grande bibliothèque de la lecture des livres françois ", vol. XLII, t. X (chez Moutard à Paris, 1784). (2) Abbé J.-M. Alliot, Visites archidiaconales de Josas (chez Picard et fils, Paris, 1902). (3) D. Diderot, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers , tome XI (chez les Soc. Typogr., Lausanne, 1782). (4) Au XVe siècle le droit de visite ou procuration s'élevait à 50 sols pour le curé et 10 sols pour la fabrique.
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