Le doyenné de Montlhéry (2)

Les paroisses septentrionales  

Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------- _------------ _------------------ --------- Mars 2011

« Environs de Paris divisés par pays » par le Sieur Robert de Vaugondy (1768).

C. Julien

 

 

Nous présentons le deuxième volet de la série des chroniques consacrées au doyenné de Montlhéry sous l'Ancien régime (*). Dans cette chronique, nous présentons l'histoire générale du doyenné rural et poursuivons la description des paroisses de la plaine de Longboyau. Pour chacune d'elles nous citons les visites du vicaire de l'archidiacre de Josas au cours du XVe siècle (1).

Le doyenné de Montlhéry est assis sur le territoire situé sur la rive gauche de la Seine , petit pays connu sous le nom de Hurepoix «  pagus Heripensis  », subdivisé en pays de Josas au sud-ouest de Paris «  pagus Jauciasensis vel Gaujiacensis  » et en pays de Châtres au sud-est «  pagus Castrensis vel Castrisus  ». Mentionnons que les anciens doyennés ont été anéantis, en France, en l'an 1801 par le souverain pontife Pie VII.

Le nom de doyenné de Montlhéry, sous lequel il a été indiqué dans tous les pouillés du XVIe siècle et postérieurement, remonte au moins au XIVe siècle. Lebeuf ( Hist. du dioc. de Paris, X. 191) cite un rôle de procurations épiscopales rédigé, en 1384, dans lequel figure un «  decanus de Monte Leherico  ». Avant cette période, Linas (on disait Linais ) fut le siège le plus ancien du doyenné oriental de l'archidiaconé de Josas. On le voit mentionné, dès le XIIe siècle et dans le pouillé du XIIIe siècle; il paraît avoir ensuite porté momentanément, vers la fin du XIIIe siècle, le nom d'Essonne, très-ancienne localité du même archidiaconé. (Guérard, Cart. N.-D., I, p. 13) et de Chrétienté d'Essonne «  decanus Christianitatii de Essona » .Dans le catalogue des prieurés, il porte le nom de Longjumeau «  C.Montis-Gemelli vel de Lonjumello), mentionné déjà dès l'année 1226 dans le cartulaire de Saint-Maur des Fossés. (Lebeuf, Dioc. de Paris , X, 114).

Encore une fois, l'occasion est donnée de mettre sous les projecteurs de l'érudition, le célèbre abbé Lebeuf, éminent membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres qui a publié l'histoire du doyenné de Montlhéry. Toutefois, il n'est pas question de reprendre son œuvre, nous en laissons le soin au lecteur. Dans un mémoire de mars 1758, un auteur dit «… le doyenné de Montlhéry s'étend depuis la banlieue de Paris jusqu'à dix lieues de cette capitale, ce qui, dans un pays si peuplé donne un grand nombre de belles et grandes paroisses  ». Jean Lebeuf s'attache par-dessus tout à «  percer les ténèbres de son temps. Il s'agit de fixer l'antiquité d'une église, d'un bourg, d'une fondation, d'une possession seigneuriale par l'observation attentive de parchemins, chartes, registres, rôles, inscriptions, vieux monuments…  ». Son ouvrage décrit le temporel et le profane des environs de Paris.

Sur le titre des églises de l'archidiaconné de Josas, nous remarquons une grande majorité dédicacée en l'honneur de saint Germain. Dans le catalogue «  des églises dédiées à Dieu sous l'invocation de S. Germain, évêque de Paris  » (publié en 1623) nous avons, au doyenné de Châteaufort : Saint-Germain-en-l'Aye, Gomet-la-ville, Nozay et Sarclé ; au doyenné de Montlhéry : Vitry, Orly, Lisse et Saint-Germain-lez-Châtres-soubs-Montlhéry.

 

 

Fresnes-lez-Rungy

Le village de Fresnes-lez-Rungy est nommé au XIIe siècle par le cartulaire de Longpont. La bulle d'Eugène III promulguée le 21 février 1152 mentionne que dans les villages de Villejuif et Fresnes, «  in villis Jude et Fretnes  », le prieuré Notre-Dame possède le tiers de la dîme et la sur-dîme ; dans sa charte latine, l'évêque Thibaud le nomme Fresnes en français. D'autres chartes mettent en latin Fraximis , ou Fraxineus , c'est-à-dire la terre où croissent les frênes. Cette paroisse située sur la pente du coteau de la Bièvre est un pays de terres labourables et vignes. Ce lieu comptait 80 feux en 1709. L'église est sous le vocable de saint Éloi. La cure est à la pleine collation de l'évêque de Paris. Le dîmage fut vendu par Étienne de Fresne pour moitié à l'église cathédrale de Paris, une autre portion à l'église de Saint-Honoré, ce qui ne fut pas sans chicane à propos du bornage arbitré par Pierre de Nemours en 1211. Vers l'an 1686, l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés acheta la terre de Frêne ainsi que le château de Berny avec le revenu de la vente des bois de Verrières, Monteclin et de la Celle cédés au roi pour l'agrandissement de Versailles. Le château appartint depuis ce temps-là aux abbés de Saint-Germain.

Visites archidiaconales . La première visite connue du vicaire de l'archidiacre de Josas à l'église paroissiale Saint-Eloi de Fresnes «  sancti Eligii de Fraxinis » a lieu le dimanche 3 juillet 1458. Le patron de cette cure est l'évêque de Paris. Dom Jean de Forges, prêtre-curé est présent avec Jean Josse et Jean Simonneaux marguilliers de ce lieu. Il leur est enjoint de fournir un inventaire d'année 1457 avec l'Assomption et d'organiser l'élection d'une sage-femme avant le même jour de fête. Les Sacrement son en bon état en considération de la pauvreté du lieu.

Le mercredi 25 juin 1460, l'église de Fresnes est visitée en présence des mêmes curé et marguilliers. Le vicaire conclut que l'état des Sacrements est bon ; il enjoint les marguilliers d'acheter une chasuble correcte avant la Toussaint , de faire réparer la toiture de l'église et de produire un inventaire de l'église. Il est aussi exigé de restaurer le missel avant la prochaine visite. Le curé s'acquitte de la procuration qui se monte à 22 sols parisis.

 

 

Rungy

La paroisse de Rungy ou Rungis est nommée Rungi villa par les titres anciens du XIIe siècle. Plusieurs communautés religieuses se partageaient la terre de Rungis. L'abbaye de Sainte-Geneviève en possédait la justice «  Rungiacum cum omni justitia  » donnée par le roi Louis VI à Étienne, doyen du Chapitre, la voirie quittée par Pierre de Maule sous la charge de 10 sols payables à la S. Rémy et la dixme dans le canton dit Ad punctam . Le prieuré S. Éloy de Paris y avait des hôtes. L'abbaye de Saint-Victor de Paris possédait la sixième partie des dixmes de la grange de Rungy. L'abbaye de Saint-Germain-des-Prez avait la voirie du Paray de Rungy. Le chapitre de Notre-Dame de Paris, qui nommait à la cure, eut une portion considérable de terres à Rungy. L'Hôtel-Dieu avait terre et seigneurie à Rungis, consistant en maison, droit de justice et censives et en outre 42 arpents de terre et une rente annuelle de 17 septiers de grains mesure de Paris. L'église est sous le titre de la Sainte Vierge et la nomination de la cure «  cure de Rougy  » est à la collation du Chapitre de Paris. C'est là que sont la source et le réservoir des eaux que l'on nomme communément à Paris eau d'Arcueil, parce que l'aqueduc qui les y conduit passe par ce dernier village. En juillet 1613, Louis XIII visita les travaux pour lesquels 600 ouvriers travaillaient (2).

Visites archidiaconales . Le 3 juillet 1458, l'église paroissiale Sainte-Marie de Rungis «  Beate Marie de Rungiaco  » est inspectée. Les patrons sont le doyen et chapitre de l'Église de Paris. Le curé Dom Jean Pasquer est présent lors de la visite. Étienne Bloteau est le seul marguillier ; il est fait injonction aux paroissiens d'élire un autre marguillier avant la mi-août. On dénombre dix paroissiens. Les sacrements sont bien disposés. Il n'a pas de sage-femme, le vicaire exige une élection. Les nommés Jean Morart, Jean Delanoue et ledit Bloteau sont assignés à comparaître samedi prochain devant l'Official de la curie épiscopale pour ne pas avoir fait les réparations à l'église.

Le 7 août 1468, le vicaire Jean Mouchard visite l'église de Rungis fondée en l'honneur de la Sainte Vierge à la collation du Chapitre de Paris, en présence de Dom Jean Pasquier prêtre, et du seul marguillier Jean Morart. Il y a neuf paroissiens et nulle sage-femme. Les paroissiens sont enjoints à nettoyer l'autel où tout est putride. Le 8 octobre 1469, l'église est visitée en présence de Jean Pasquier, curé et Jean de la Nouée et Michel de Montcuit marguilliers qui sont assignés à cause des fonts baptismaux sont indisponibles. Jean de la Nouée est enjoint à réparer la toiture de l'église avant la fête de la Conception de la Sainte Vierge. De même les fonts baptismaux doivent être fermés avant Pâques sous peine d'amende. La fabrique possède un calice en argent doré, gravé au nom de Notre-Dame de Rungis, valant 26 écus d'or. Les paroissiens s'acquittent de 6 sols parisis envers le doyen.

 

 

Thiais

Thiais est plus haut qu'Orly, entre le chemin de Fontainebleau et Choisy, qui étoit autrefois une dépendance de cette paroisse, Thiais existoit dès le temps de Charlemagne, nommé Theodaxium par Irminon, l'abbé de Saint-Germain-des-Prés, l'auteur du pouillé du XIIIe siècle s'est contenté de Tiès . Le territoire a été très anciennement donné à l'abbaye de Sainte-Geneviève, qui le possède encore, à quelques fiefs près : l'église est vaste et ancienne ; elle est dédiée à saint Loup ou Leu et saint Gilles, et on y conserve des reliques de ces saints. Il y a un écart de Thiais que l'on appelle Grignon . Le dénombrement de 1745 donne 122 feux. Sous le règne de Charles IX, les dîmes étaient perçues par les religieux de Saint-Germain-des-Prés et par deux seigneurs laïcs, les sieurs Nicolas Bigot et Jérôme Dupuy.

Visites archidiaconales . La visite de l'église paroissiale de Thiais «  Theodosio  » a lieu le dimanche 12 juin 1458. Le patron est l'abbé de Saint-Germain-des-Prés. Le curé maître Philippe Docgny réside à Paris. Ce lieu est desservi par Dom Hoier. Les marguilliers sont Sandrin Regis et Jean Martel qui sont enjoints de présenter un inventaire avant la fête de Sainte-Madeleine et d'élire un nouveau marguillier. On dénombre 80 paroissiens. La sage-femme est Jeanne Bataille à qui nous donnons la licence. Tout est en bon état. Jean Mouchard, vicaire archidiaconal revient à Thiais en décembre, le jour de sainte Lucie, à cause de la cession que fit de son bénéfice le curé susnommé Philippe Docgny. Les revenus de la cure sont mis dans les mains de l'archidiacre car mis en suspend entre maître Etienne de Montigny, official de la curie épiscopale et Dom Jean Ducis, prêtre, en présence de Xandrin le Roy et Jean Moreau avec plusieurs autres. Il est enjoint de réparer les fonts baptismaux avant la fête de Pâques. Au cours de cette visite, le vicaire confisque les revenus de la chapelle Saint-Thomas fondée dans ladite paroisse qui possédait Guillaume Moulineaulx procureur de Dom Jean Ogier chapelain de ladite chapelle à cause de son mauvais service divin envers les habitants et paroissiens. Un procès était pendant entre Étienne de Montigny et Jean Leduc pour la possession de la cure de Thiais. Le visiteur s'efforce de tenir la balance entre les deux compétiteurs ; il enjoint à Leduc de remplir les fonctions curiales, mais à titre privé seulement ; il lui défend d'usurper le titre de curé ; il notifie également la décision aux paroissiens : Jean Marceau, Henri Hudeau, Jean Moreau et tous les autres.

Le 11 octobre 1464, le vicaire visite l'église paroissiale Saint-Leu de Thiais «  sancti Luppi de Thodosio  » en présence de Dom Jean le Duc, prêtre-curé, Dom Robert Laguète son chapelain, Jean Chartier et Pierre du Chemin, marguilliers, Jean Marceau, Guillaume Moulineau, Guillaume Fontaine, Huet Aufray, Pierre Mouton, Etienne Rabuteau, Philippe le Boucher, Alexandre le Roy, Jean Moreau, Pierre Josseaume et plusieurs autres. Les paroissiens se plaignent du manque de service divin à la chapelle Saint-Thomas, que le chapelain fait un service réduit dans les autres chapelles. Le vicaire confisque les revenus de la chapellenie qui étaient dans les mains de Guillaume Moulineau et qu'il percevait depuis deux années. Les marguilliers sont enjoints de réparer, sous peine d'amende, le chœur avec des «  lambrieys  » à cause du péril d'accident, avant le fête de saint André apôtre. La sage-femme est Jeanne la Bataille qui apparaît au cours de la visite.

Le 5 décembre 1470, la visite de l'église de Thiais est faite en présence de Dom Guillaume Vastinel chapelain et Jean Marteau qui agit comme marguillier et la sage-femme Jeanne la Bataille. L 'inventaire montre que tout est en bon état.

 

Pour de nombreux archéologues la frontière entre les doyennés de Châteaufort et de Montlhéry (tracé vert-jaune) suivrait le tracé de l'ancienne voie romaine de Paris à Orléans. Cette hypothèse a été récemment vérifiée par les fouilles réalisées au nord de Longjumeau.

 

 

Viceours ou Vissous

Viceours ou Vissous, puis Wissous est nommé Viceorium ou Villa Cereris dans les documents anciens. Au XIIe siècle, dans les chartes du prieuré de Longpont, nous lisons en langue latine Vizeorium qui signifierait petit village avec us seule rue ( vico en latin). La cure est dévolue au Chapitre de Paris sous le titre de Saint-Denis. Pour l'abbé Lebeuf, Wissous serait un démembrement de la paroisse de Chevilly ou de celle de Rungis. En 1709, ce village, terre en bled, comptait 160 feux. Les évêques de Paris jouissaient de la terre de Viceours et de la dîme de Colleriz, à la réserve de quelques fiefs. L'épiscopat y possédait de grands greniers et y fit bâtir une enceinte étendue avec des redoutes et des tournelles. En 1520, les Célestins de Marcoussis prétendaient avoir deux fiefs à Wissous qu'ils appelaient Bièvre et Bonneuil et le chapitre de Linas y avait une petite rente. Ville-Milan, Mont-Jean et Collerie sont les hameaux de Wissous.

Visites archidiaconales . La paroisse de Wissous ne fut pas visitée par le vicaire de l'archidiacre de Josas ; sans doute parce que le patron était le doyen du Chapitre et non pas l'évêque de Paris. Un seul document qui relève de Wissous, est le procès-verbal de la visite du mardi de la Saint-Jean -Baptiste de l'an 1460 dans la paroisse voisine de Rungis. Le secrétaire Louis Penyor nous apprend que le curé de Rungis, Dom Jean Pasquer s'excusait de ne pas posséder la licence de l'Official de Paris pour servir dans l'église de la paroisse de Wissous «  ecclesia de Villa Sereris  » alors qu'il ne réside plus dans la paroisse depuis sept années environ.

 

 

Paré ou Paray

L'histoire de Paray est celle d'un village paisible dont l'abbé Lebeuf n'a pas parlé (3). Au XIIe siècle la terre de Paray, implantée sur la fertile plaine de Longboyau, avait été attribuée en grande partie à deux communautés religieuses parisiennes, l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés et l'abbaye de Sainte-Geneviève qui exploitait le territoire sous la responsabilité d'un maire ( major ). Deux grosses fermes constituent le village de Paray et son écart Contin «  Contein  » qui était la possession de l'abbaye de Sainte-Geneviève. En 1250, ce couvent payait une modique redevance à messire Philippe de Chailly pour la terre de Marleriis , voisine de la ferme de Contein, et aux moines de Longpont pour quelques arpents proche Loenz . Le relais de poste nommé «  relais de Longboyau  » fut installé en 1648 sur la route royale de Paris à Fontainebleau.

 

La route de Fontainebleau (atlas de Trudaine).

 

 

Louans ou Morangis

Morangis ne porte ce nom que depuis 1693, au XVIe siècle, elle s'appelait Louant . C'est en faveur de Jean-Jacques Barillon qu'on lui a fait prendre le nom qu'elle porte à présent. Alors cette terre fut aussi érigée en titre et dignité de comté. En 1230, un diplôme de l'abbaye Sainte-Geneviève donne le nom vulgaire Loand . À l'extrémité de la plaine de Longboyau, c'est un territoire de grains. L'église est sous le titre de saint Michel, la cure est à la pure collation de l'archevêque. Adam Boucher, secrétaire du roi, était seigneur de Louans sur la fin du XVe siècle, puis Raymond Boucher son fils et Philippe le frère de ce dernier. Il y avait à Louans au XIVe siècle un fief mouvant du prieuré de Saint-Éloy près Longjumeau.

Visites archidiaconales . Le 29 juillet 1458, l'église paroissiale Saint-Michel de Louans «  sancti Michaelis de Louancio  » est visité en absence de Dom Reginald Charpentier, curé. Le vicaire est reçu par frère Pierre Murat, religieux de Saint-Éloi de Longjumeau, chapelain qui dessert ce lieu. On dénombre 16 paroissiens dont la majorité a élu Jean Leblanc et Pierre Lescrivain comme marguilliers en la présence du vicaire archidiaconal. Il est enjoint au chapelain de nettoyer les fonts baptismaux sous huitaine.

Lors de sa visite du dimanche 22 juillet 1460, le vicaire, constatant que le curé Dom Reginald Charpentier étant toujours absent, les revenus de la curé sont confisqués au profit de l'évêque de Paris. Jean Leblanc et Pierre Lescrivain, marguilliers, et Dom Guillaume Cousin, chapelain sont présents avec plusieurs autres. On dénombre 24 paroissiens environ. Il y a trois objets précieux, un calice en argent, une coupe en argent, un crucifix en cuivre argenté. Les sacrements et tout ce qui a été visité sont en bon état. Le temporel possède 18 arpents de terre arable qui rapportent 40 sols parisis. Pierre Lescripvain l'aîné se repend d'avoir servi pendant trois ans sans avoir obtenu de commission nonobstant deux injonctions au cours des deux dernières visites et promet d'obtenir ses lettres avant un mois. Il est enjoint aux paroissiens de réparer la toiture de l'église avant un mois et d'en référer à la curie et d'élire un ou deux commissaires qui constateront l'état des réparations avant la Saint-Martin d'hiver. Guillaume Geoffroy qui reçoit les aumônes de l'église depuis douze ans est invité à rendre ses comptes.

Le vendredi 17 juillet 1467, Jean Mouchard, vicaire archidiaconal, visite l'église de Morangis où le curé Dom Pierre Charpentier est absent. Les revenus de la cure sont dans les mains du seigneur l'évêque. Frère Pierre Daida dessert cette église Saint-Michel. Les marguilliers Pierre Lescripvain et Georges le Bourlier sont enjoints de produire un inventaire dans le mois. Les corporaux sont immondes. La fabrique possède un calice en argent.

 

 

Chilly ou Chailly

Chilly qui est à quatre lieues de Paris et à deux de Montlhéry, à l'extrémité de la plaine que l'on nomme Longboyau, et qui, de l'autre extrémité, se termine à Villejuif, s'appeloit anciennement Chailly . Les titres des XIIe et XIIIe siècles rendent en latin de ce village par Calliacum ou Challiacum . Dans le dénombrement de 1709, il y avoit 124 feux. Il n'étoit pas encore bien remarquable au XVIe siècle ; cependant, dès le XIIe siècle, il avoit eu pour seigneur Robert, comte de Dreux, fils de Louis le Gros, qui y bâtit un château et une chapelle. Pierre de Dreux, comte de Bretagne, en hérita, son gendre, Hugues de Luzignan, comte de la Marche , le vendit au roi Philippe le Bel. Ensuite nos rois cédèrent et engagèrent cette seigneurie à différentes personnes, jusqu'à ce qu'enfin elle entra dans la maison d'Anjou au XIVe siècle ; à la fin du quinzième, elle revint au roi Louis XI, François 1er la donna à sa sœur naturelle, Souveraine (nom de baptême) d'Angoulême, qui avoit épousé Michel Gaillard, panetier du roi. La postérité de Michel Gaillard, en jouit jusqu'à ce qu'en 1616, Martin Rusé, secrétaire d'État, l'acheta et Antoine Coeffier d'Effiat, neveu de Martin Rusé, en hérita. Celui-ci devint bien grand seigneur sous le règne de Louis XIII, car il fut surintendant des Finances, et mourut maréchal de France. Il fit bâtir le château de Chilly avec une magnificence vraiment royale. Celui qu'occupoit son oncle le secrétaire d'État, n'étoit ni si beau ni si grand ; nos cosmographes nous en ont laissé la description et la représentation. Quant à celui du maréchal d'Effiat, on le voit encore, et il a été de nouveau embelli par ses héritiers et successeurs qui ont été les ducs de la Meilleraye-Mazarin , une fille, du Maréchal d'Effiat ayant épousé le maréchal de la Meilleraye. On voit dans l'église, donc le bâtiment est du XIVe siècle, des tombeaux très modestes de quelques anciens seigneurs, et de plus magnifiques élevés à MM. d'Effiat et de la Meilleraye. Il y a dans la paroisse de Chilly un petit prieuré de chanoines réguliers, fondé au XIIIe siècle par les anciens seigneurs de la maison de Dreux. Il est sous l'invocation de saint Éloi, dont on prétend y conserver quelques reliques; l'église est bâtie dans le goût gothique, et à peu près du temps de la fondation.

Visites archidiaconales . Le vendredi 19 mai 1458, le vicaire visite et inspecte l'église paroissiale Saint-Étienne de Chilly «  sancti Stephano de Chaliaco  ». Voici le procès-verbal : Nous avons passé la nuit dans cette paroisse. Le curé est absent, le desservant est Dom Simon Hulin, prêtre en ce lieu, par autorisation du seigneur évêque. Éloi Boutet et Guillaume Desury sont nommés marguilliers. Le patron est l'évêque de Paris. La fabrique ne possède rien comme il a déjà été dit. Il est enjoint aux marguilliers de fermer les fonts baptismaux avant la fête de saint Rémy et d'organiser des élections de nouveaux marguilliers avant le 1er septembre sous peine de 20 sols d'amende. Les Sacrements sont honnêtes.

Le 4 juillet 1459, le vicaire visite la paroisse de Chilly après être passé à Morangis où il avait enjoint Jean Leblanc, marguillier, de réunir les femmes de Morangis et de Chilly pour organiser l'élection d'une sage-femme qui exercera dans les deux villages. Le curé Nicolas Rivierre est absent à Chilly. Le vicaire de Chilly nommé Dom Richard Manuel est présent avec d'autres paroissiens. Le même jour les nouveaux marguilliers Innocent Dulariz et Michel Bachelier selon la proposition dudit chapelain, des anciens marguilliers Guillaume Dupont et des paroissiens Eloy Boutet et Jean Héron et Jean Paton les paroissiens de ce lieu. Les susdits Boutet et Dupond, anciens marguilliers, prétendent que le curé possédait deux cierges, appelés en français poinctes , sur le grand autel de l'église. Il est promis que le chapelain sera nommé curé de cette église.

 

 

 

Longjumeau

Longjumeau est un gros bourg de plus de douze cents habitants, très-anciennement dépendant du Domaine, si bien qu'on prétend que nos rois de la première race y avoient un palais et y ont tenu des Cours plénières et des Parlements. Dans le cartulaire de Longpont, ce lieu fut appelé Nongemellum, Nogemellum et Nugemellum . Ce bourg situé au rivage droit de la petite rivière d'Ivette, est composé d'une seule rue qui commence dans la plaine et finit au milieu de la montagne vers le midi, auquel lieu est située l'église paroissiale sous l'invocation de Saint-Martin. Le dénombrement de l'élection de Paris par feux en 1709, en marquait 207 à Longjumeau et 30 à Balizy. Jusqu'à la création des communes en 1791, le territoire actuel de Longjumeau était partagé en trois paroisses : de sorte que, sur la rive gauche de l'Yvette, toutes les maisons qui sont à gauche en entrant sont de la paroisse de Chilly, et celles qui sont à main droite comme la place du marché ou Halle sont de la paroisse de Champlan, la paroisse de Longjumeau proprement dite commence sur la rive droite de l'Yvette.

Les plus anciens seigneurs particuliers que l'on connoisse, sont les comtes de Dreux, qui possédèrent Longjumeau avec Chilly, et ces deux terres réunies ont été aux mêmes maîtres jusqu'au moment présent. Au reste, il y a dans Longjumeau et dans l'étendue de la paroisse, différents fiefs appartenants à des seigneurs particuliers.

Visites archidiaconales . Le samedi 20 mai 1458, nous avons visité l'église paroissiale de Saint-Martin de Longjumeau «  ecclesia parrochialis sancti Martini de Longojumello  » en présence de Dom André Guerin, curé et plusieurs autres paroissiens. Le marguilliers Pierre Hemon et Alain Mulineau rendent les comptes et les arrêtent en signant le registre du curé. Il y à 34 paroissiens ou environ à Longjumeau. La sage-femme est mariée à Guillaume Routi. Les anciens marguilliers doivent faire élire des nouveaux avant le 1er août, sous peine d'amende.

Jeudi 11 novembre 1462, jour de la Saint Martin d'hiver, nous avons visité l'église paroissiale Saint-Martin de Longjumeau in présence de Dom André Guérin, prêtre curé, Jean Boutet et Etienne le Maistre avec Jean Giroult, Michel Lescrivain, Jean Trique, Jean Pannier, Guillaume Hubert et plusieurs autres. Il y a 30 paroissiens environ. La fabrique possède un calice en argent acquis récemment d'une valeur de 12 livres tournois. La sage-femme est la veuve Guillaume Roty.

Le vendredi 17 juillet 1467, nous avons fait la visite de l'église paroissiale Saint Martin de Longjumeau en présence du curé Dom André Guérin, Gauillaume Bonnart et Pierre Boisselet, marguilliers avec Jean Plexe, Jean Moulineau et plusieurs autres. Il y a … paroissiens. La femme de Laurent le Mère est sage-femme. Nous avons passé la nuit à Longjumeau. Sur la recommandation du curé, les marguilliers de Saulx-les-Charteux, Adam des Noiers et Jean Bonnemer acceptent de prendre en charge toute la cire du luminaire.

Le lundi 9 octobre 1469, nous avons fait la visite de l'église paroissiale Saint Martin de Longjumeau à la présentation de monseigneur l'évêque de Paris. La visite faite en présence de Dom André Guérin, curé, Pierre Rémon et Eloi Bonti, marguilliers, Jean Richer, Alain Monlineau, Laurent le Maistre, Jean Mulot, Pierre de Sanelis, Michel Lescripvain et plusieurs autres. Il y a 70 paroissiens et la sage-femme s'appelle Colette, femme de Laurant le Maistre. Le vicaire épiscopal ordonne aux marguilliers, sous peine d'amende de 40 sous parisis, de faire la couverture de l'église avant la fête de la Conception. Les marguilliers se plaignent du curé qui arrête de célébrer l'office, de dire la messe dominicale. De même, le visiteur épiscopal ordonne aux marguilliers de réparer la sacristie, de réparer le toit en y posant une croix, le tout en état avant la Saint-Martin. Nous avons couché dans cette ville et entendu la messe le lendemain matin.

 

 

Balainvilliers

Éloigné de quatre lieues et demi de Paris, Balainvilliers est une assez belle terre, érigée en paroisse au XIIIe siècle, et en baronnie au XVIIe siècle. La paroisse fut démembrée de Longjumeau en 1265 et l'église titrée sous l'invocation de Saint-Jacques et Saint-Christophe. Le village comprenait les écarts du Choléra, du Petit-Ballainvilliers, de Villebouzin auxquels il fallait mettre le Plessis-Saint-Père enlevé en 1791 au profit de La Ville-du -Bois. C'est un pays de plaine où règne la grande culture avec un peu de vignes. Le dénombrement de 1709 donne 40 feux. Nous engageons le lecteur à consulter les chroniques parues ou bien l'abbé Lebeuf pour approfondir l'histoire de Ballainvilliers (4).

Visites archidiaconales . Le samedi 8 juillet 1460, nous avons visité l'église paroissiale de Saint-Jacques et Saint-Christophe de Ballainvilliers où le curé est absent. Jean Noël et Thomas le Breton sont les marguilliers de ce lieu. Il y a cinq paroissiens. Le visiteur épiscopal a ordonné à Jean Noël et aux autres marguilliers de faire un inventaire avant le premier septembre sous peine d'amende. Il n'y a rien pour ranger les objets sacrés et il n'y a qu'une cloche. Mais nul n'est puni. L'inventaire devra être présenté à Pierre le Beau dans sa maison de Paris.

Dimanche 2 juillet 1463, nous avons visité l'église paroissiale Saint-Jacques et Saint-Christophe de Ballainvilliers «  ecclesia beatorum Jacobi et Christophori de Balanvillari  » en présence de Dom Toussaint Laisné, curé, Guillaume de Larris, Barthélemy Daves, marguilliers. Il y a 4 paroissiens. La fabrique possède une croix argentée très belle, et il n'y a pas d'autre objet précieux. Maître Olivier accepte quatre blancs de la part des marguilliers. De même, 2 sous dans le village de Fresnes «  Fraxinis  ».

À suivre…

 

 

Notes

(*) Nous avons conservé l'orthographe du XVIIIe siècle.

(1) Abbé J.-M. Alliot, Visites archidiaconales de Josas (chez Picard, Paris, 1902).

(2) Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut , Dictionnaire historique de la Ville de Paris et de ses environs (chez Moutard, Paris, 1779).

(3) Le nom de Paray-Vieille-Poste apparaît en 1923.

(4) Abbé Jean Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris , tome IV (Libr. Féchoz et Letouzey, Paris, 1883), pp. 79-82.

 

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