Le doyenné de Montlhéry (3)

Les paroisses voisines  

Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------- _------------ _------------------ --------- Mars 2011

Plan de Paris et de ses environs, estampe de Mathis Zundten (1565).

C. Julien

 

 

Nous présentons le troisième volet de la série des chroniques consacrées au doyenné de Montlhéry sous l'Ancien régime (*). Dans cette chronique, nous présentons l'histoire générale du doyenné rural et poursuivons la description des paroisses voisines de Montlhéry, Linas et Longpont. Pour chacune d'elles nous citons les visites du vicaire de l'archidiacre de Josas au cours du XVe siècle (1).

 

 

Quelques archidiacres de Josas

Nous n'avons pas eu accès à un document qui donne la liste des archidiacres de Josas en l'église de Paris «  Josayum in ecclesia Parisiensis  ». Ce prélat était le quatrième dignitaire du Chapitre de Notre-Dame de Paris. Toutefois, quelques noms ont été relevés :

•  1061, Josselin, archidiacre de Josas donne son consentement lors de la fondation du prieuré Sainte-Marie de Longpont (meurt le 3 novembre 1096).

•  1147, Bernard, archidiacre de Josas, consent à ce que Thibaud, évêque de Paris, assure une rente de 30 sols à Saint-Martin-des-Champs en échange de ses droits sur l'église de Clamart.

•  1156, Pierre, archidiacre de Josas est remplacé par Philippe de France (cartulaire de Saint-Martin de Pontoise).

•  1160, Maurice de Sully qui fut élu évêque de Paris la même année. L'année précédente il avait atteint un poste fort envié, celui de chanoine-diacre de Notre-Dame.

•  avril 1199, Hameric, archidiacre, confirme un concordat avec les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Saclay.

•  1297-1313, Gérard de Courlandon, maître, trésorier de l'église de Soissons ensuite archidiacre de Brie et de Josas.

•  1313-1318 Michel du Bec.

•  1318-1326, Alphonse de la Cerda , fils d'Alphonse le déshérité et d'Isabelle d'Antoing, archidiacre de Josas en l'église de Paris.

•  1326-1329, Henri d'Espagne.

•  1329-1345, sous le règne de Philippe VI de Valois, Pierre de Villaines, archidiacre de Josas était en relation d'affaires avec Jean Migon, maître à la Chambre des Comptes.

•  1345-1370, Pierre Roger de Beaufort.

•  1370-1376, Henri de La Tour.

•  1376-1406, Garnier Guéroust, archidiacre de Josas en l'église de Paris, maître des requêtes, prévôt de Chablis en l'église Saint-Martin de Tours. En février 1399, il est couché sur le testament d'Arnaud de Corbie, chancelier de France «  … je laisse à mon très chier et especial ami, maistre Garnier Guerout, arcediacre de Josas en l'Église de Paris, afin qu'il ait mieulx mémoire de moy, mon hanap d'or plain à couvercle. Et avec ce, je lui laisse mes deux meilleurs hanaps de madre  ».

•  mai 1407, Nicolas d'Orgemont s'était fait attribuer l'archidiaconat de Josas par son frère, mais le pape Benoît XIII, en vertu de son droit de nomination, avait attribué ce bénéfice à Boiteux. La mort de ce dernier éteignit le conflit.

•  1418, Guillaume Cardonnel, chanoine de Bayeux et premier médecin du dauphin donne au Chapitre Notre-Dame, le 4 octobre 1418, une maison rue du Port-Saint-Landry pour fonder son obit.

•  1428, Jean Pichon, licencié en droit canon, chanoine de Paris et de Rouen, archidiacre de Josas, participa au procès de Jeanne d'Arc.

•  vers 1435, Jean Vivian mort en 1439.

•  1441, Jean de Courcelles, né à Ayencourt près de Montdidier, clerc, docteur régent en la faculté de décret, compétiteur de Philippe le Besgue à la chanterie de la collégiale Saint-Marcel près Paris, à lui adjugées à la mort de celui-ci. Reçu et élu, 12 janvier 1439, au siège de feu Jean Vivian.

•  1491, Jean de Pierre-Pont, chanoine et archidiacre de Josas, maître des requêtes en janvier 1491, puis évêque de Meaux.

•  François Poncher, archidiacre de Josas et vicaire général de l'évêque de Paris

•  1527, Jean Lebrosse (ou le Bossu), habitait la maison dite «  les Carneaux  » rue des Déchargeurs à Paris qu'il vendit à la corporation des drapiers. En avril 1528, Gilles Perrin détient le bénéfice d'official de l'archidiacre de Josas.

•  1562, Philippe Bryault reçu archidiacre de Josas, chanoine, doyen de Saint-Cloud, curé de Sarcelles. Il meurt le 2 novembre 1572.

•  1578, Pierre Dreux, licencié en droit, abbé commendataire de Sainte-Marie de Ham en Vermandois, ordre de Saint Augustin au diocèse de Noyon, chanoine de l'église de Paris et archidiacre de Josas. Arbitre lors de la résignation de la prébende de Pierre Lescot à Notre-Dame en faveur de Léon Lescot (28 juillet 1578).

•  4 septembre 1612, maître Jean le Roi, conseiller en cour épiscopale, chanoine et archidiacre de Josas en l'église de Paris.

•  18 mai 1613, maître Claude le Roy, abbé de Chaumont, chanoine et archidiacre de Josas.

•  1614, Jacques Garnier, archidiacre de Josas.

•  10 juillet 1615 , François Charon, chanoine et archidiacre de Josas.

•  avant 1641 François Le Charon, aumônier de la Reine , prêtre, protonotaire su Saint-Siège, abbé commendataire de l'abbaye de Cercanceaux, chanoine et archidiacre de Josas, avait assisté aux États Généraux de 1614.

•  1665, Jean-Baptiste de Verthamon, prêtre, chanoine et archidiacre de Josas. Le 11 mars, il est demandeur à l'encontre d'Étienne, Jacques, Charles et François Prudhomme, héritiers de maître René Prudhomme, curé de Senlisses.

•  vers 1670, Hardouin Fortin de La Hoguette , chanoine de Paris, archidiacre de Josas, agent du clergé de France, élu évêque de Saint-Brieux le 3 mai 1676, puis de Poitiers en 1680.

•  1679, Charles Cocquart-de-la-Mothe. Selon Dangeau, il avait été auprès de M. de Perefixe, archevêque de Paris. Mme de Sévigné écrivant à sa fille Mme de Grignan, dit dans sa lettre du 21 mars 1689 : «  Un abbé de la Mothe , archidiacre, celui qui avoit condamné les oraisons de M. le Tourneux, et dit que l'Église avoit toujours eu horreur des traductions est mort tout en vie en deux jours, lorsqu'il se vantoit de sa santé  ».

•  1692, Denis de la Barde , qui en même temps que président des enquêtes était archidiacre de Josas et chanoine de l'église de Paris, ce qui explique sa demeure au cloître Notre-Dame. Il mourut le 2 mars 1709, à soixante et onze ans.

•  1695, l'abbé Antoine Dorsanne, docteur en Sorbonne, naquit à Issoudun. Il fut promu au siège d'archidiacre de Josas par le cardinal de Noailles, archevêque de Paris. Il lui donna aussi la place d'official et la dignité de grand-chantre. Dorsanne mourut subitement le 13 novembre 1728.

•  1732, M . Goulard fait sa représentation le 30 octobre.

•  1741, Pierre de La Chasse.

•  vers 1760, François-Bruno Tandeau de Marsac, docteur de Sorbonne, meurt en 1762.

•  1761-1789, Jean-Antoine-Benoît-Bruno de Malaret. Porté sur la procuration notariée du 11 mars 1789, de la seigneurie d'Outrebois au diocèse d'Amiens qui appartenait au Chapitre de Paris. Le 22 février 1790 déclare que son archidiaconé produit «  au moins mil livres par année  ». Il jouit de son droit de visite qui consiste à recevoir de chaque curé 50 sous et 10 sous de la fabrique.

Au cours du XIVe siècle, plusieurs chanoines ont été archidiacre de Josas pendant plus de 25 ans. Ce sont Pierre de Villaines qui resta 26 ans en fonction, Garnier Guérout qui resta 30 ans sur le siège archidiaconal. Le plus prestigieux fut Pierre Roger de Beaufort, neveu de Clément VI qui devint, en 1348 cardinal-diacre du titre de Sainte-Marie-Nouvelle, puis, en 1370, fut élu pape sous le nom de Grégoire XI.

Ce personnage a intrigué Victor Hugo qui dépeint Claude Frollo, devenu archidiacre de Josas grâce à son suzerain Louis de Beaumont, lequel était monté sur le siège épiscopal en 1472 : «  C'était un prêtre austère, grave, morose un chargé d'âmes monsieur l'archidiacre de Josas , le second acolyte de l'évêque, ayant sur les bras les deux décanats de Montlhéry et de Châteaufort, et cent soixante-quatorze curés ruraux…  » (Notre-Dame de Paris).

 

Lettres de confirmation de l'archidiacre du Josas (1199).

 

 

Le droit de dépouille

Nous avons appris précédemment que l'archidiacre de Josas exigeait, en 1685, le droit de dépouille «  spolium  » et que tous les curés du doyenné de Montlhéry se révoltèrent. Revenons un instant sur cet aspect du droit canonique traité par le chanoine Wagner (1901). «  Au Moyen âge, le clerc était tenu de faire un testament, ou d'établir une personne fidèle « manus fidelis », d'abord devant la justice, puis sans formalités, qui disposait de sa succession, afin de prévenir l'exercice du droit de dépouille, c'est-à-dire d'empêcher les évêques, les archidiacres, les rois, les princes, les avoués, etc., de s'emparer des biens mobiliers d'un clerc mort sans testament  ». Ce droit fut combattu par plusieurs conciles, comme celui de Châlons-sur-Saône au VIIe siècle «  Ut defuncto presbytero, vel abbate, nihil ab episcopo, vel archidiacono…  ».

Par arrêt du parlement de Paris, du 10 juillet 1664, l'archidiacre de Josas fut encore maintenu dans le droit de prendre après le décès des curés de son archidiaconé, tant de la ville que de la campagne, leur meilleur lit garni, robe ou soutane, ceinture, surplis, aumuse, bréviaire, bonnet carré, cheval ou mulet, s'ils en ont, comme à lui appartenant par leur décès, à cause de sa charge et dignité d'archidiacre, pour son droit de funérailles, et de percevoir, lorsqu'il ferait le service et l'inhumation desdits curés, la somme de trois livres, avec les cires et oblations pour le droit de sépulture. Il a même été jugé, par arrêt du 18 mai 1711, que ces droits sont préférés aux créanciers du curé, étant regardés comme funéraires.

Il était aussi d'usage dans le diocèse de Paris, que le lit de l'archevêque décédé appartenait à l'Hôtel-Dieu, de même que celui des chanoines qui décédaient. Ce qui venait de ce que Maurice de Sully ayant légué son lit à l'Hôtel-Dieu, des chanoines l'imitèrent, et, depuis 1168, cela s'observa jusqu'à l'époque de la Révolution de 1789.

 

 

Le doyenné de Montlhéry en 1717

Sous le titre «  Le cri de la Foi  » un recueil des différents témoignages au sujet de la constitution Unigenitus publiée en 1713 donne le nom de tous les curés du diocèse de Paris adressèrent des lettres au le cardinal de Noailles, archevêque de Paris. « Monseigneur, les bruits qui se sont répandus dans le public, à l'occasion de quelques brefs qu'on dit être venus de Rome, ne nous permettent pas de garder plus long-tems le silence, dans une occasion qui intéresse si fort la conscience et le repos des peuples, que la Providence nous a confiez sous l'autorité et le gouvernement de Votre Eminence. Les ennemis de la paix et de la gloire de l'Église se font entendre de toutes parts, et ils crient à qui veut leur prêter audience , la cause est finie, l'accommodement est fait, le parti foible s'est rendu, les conditions sont réglées , la Constitution va être reçue et publiée  » (2).

Nous l'avouons, Monseigneur , nous n'avons pû entendre ces discours, sans en être alarmez, et ils ont altéré la douceur de la juste confiance , que jusqu'ici la fermeté de V. E. nous avoit donnée, qu'à tant de travaux inséparablement attachez notre Ministère, ne seroit pas jointe la douleur inconsolable de voir les ennemis de l'Église et de l'État triompher par l'acceptation d'une Bulle qu'ils regardent comme le chef-d'œuvre de leur puissance , de leur industrie, et comme le parfait accomplissement du dessein auquel ils travaillent depuis si long-tems, de se rendre les Maîtres absolus de la doctrine, et de substituer une morale indigne de sages païens, à la place de celle que la sagesse même nous a donné pour être la régie de notre conduite.

Les curés de l'archidiaconé de Josas ajoutèrent : «  Il faudrait peut-être remonter au tems où l'Église passa des Juifs chez les Gentils pour en trouver une semblable conjoncture ; car loin de connoître dans cette Constitution la doctrines de nos Églises, nous avons la douleur d'y voir cette sainte doctrine proscrite, la saine morale décreditée, les règles de la Pénitence abolies, la lampe des divines Écritures éteinte pour le commun des fidèles…  ». Bref, les curés soutiennent l'action du cardinal de Noailles.

Voici les noms des curés signataires du doyenné rural de Montlhéry le 2 janvier 1717:

•  Le Mercier, docteur de Sorbonne, curé d'Essone, et de Notre-Dame de Corbeil, doyen rural du doyenné de Montlhéry, Le Marquant, curé de Saint-Vrain, promoteur rural du doyenné de Montlhéry, Gilles Cailleau, curé de Viry, doyen des curés du diocèse.

•  L. Chaneau, curé de Montlhéry. P. J. Morel, docteur de Sorbonne, curé et chanoine de Linais.

•  Granier, curé de Bondoufle. L. A. Thibault, curé de Saint-Philbert de Bretigny. Patris, curé du Plessis-d'Argouge. Fleury, curé de Saint-Jean de Leuville. Rebut, curé de Saint-Michel-sur-Orge.

•  Simonneau, docteur de Sorbonne, curé de Châtres. Lesguillon, curé de Saint-Germain-lez-Châtres. Mohologhane, curé de Saint-Yon. De La Vacquerie , curé de Boissy-sous-Saint-Yon. Rossignol, cure d'Avrainville. De Lamitatrie, curé de Guibeville. N. Ferrou de Mondion, curé de Lardy. Auvray, curé de Chamarande.

•  Agis, docteur de Sorbonne, curé de Saint-Sulpice-de-Favieres. J. Edelyne, curé de Mauchamps. J. Le Bys, curé de Notre-Dame de Tourfou. Lemoyne, curé de Chetainville. Deschamps, curé de Leudeville. L. Terrien, curé de Vers-le-Grand. Plonquet, bachelier de Sorbonne, curé de Vers-le-Petit.

•  Prin, curé de Péray et de Saint-Leonard du Vieux-Corbeil. Boisneuf, curé de Saint-Germain-lès-Vieux-Corbeil et de Saint-Jaques de Corbeil. Bardon, curé de Courcouronne. Treneau, curé de Fontenay-le-Vicomte. De La Chaux , docteur de Sorbonne, c uré de Lisses.

•  Cloutier, curé de Mouceaux. Du Festel, curé de Villabé. F. Finati, curé de Mennecy-Villeroy. Dupuyherbaut, curé d'Orangis.

•  Charité, curé de Longjumeau. Osmont, curé de Chilly. Angouilland, curé de Morangis. Angouilland, curé de Parey-lez-Rungis. Poullier, curé de Vuissous. De La Porte , docteur de Sorbonne, curé d'Yvry-sur-Seyne-lez-Paris.

•  Cousson, bachelier de Sorbonne, curé de Saint-Germain de Vitry-sur-Seyne. Chedot, bachelier en théologie, curé de Saint-Gervais de Vitry-sur-Seyne. Jullien, curé de Ville-juive. Barclay, curé de Thiais. Regnault, curé de Chevilly. Fleury, curé de Laï. G.N. Davollé, docteur de Sorbonne, curé de Rungis. Beauvoir, curé d'Orly.

•  Maigret, curé d'Épinay-sur-Orge. Joly, curé de Savigny. Le Bigle, curé de Grigny. Bourlier, bachelier de Sorbonne, curé de Sainte-Geneviève-des-Bois et de Morsan-sur-Orge.

 

 

Montlhéry

Nous donnons le texte de Pierre-Thomas Hurtaut qui, à l'instar de l'abbé Lebeuf, décrit Montlhéry sous une forme inattendue (avec des inexactitudes) dans son Dictionnaire des Environs de Paris (3). «  On trouve sur le grand chemin de Paris à Orléans, entre Longjumeau et Châtres, le bourg et le château de Montlhéry . Le bourg a environ douze cents habitants ; le château est ruiné et conserve cependant une tour fort élevée, que l'on voit de fort loin, même de Paris  ». C'est une petite ville qui n'a commencé à être bien connue que vers l'an 1015, à l'occasion du château qui fut bâti alors ; elle est distante de six lieues de Paris, et située sur une montagne au bas de laquelle est Linas, bourg particulier qui a eu, comme Montlhéry , ses murs particuliers et ses portes, dont il subsiste encore quelques restes. La terre est cultivée de toutes les manières, excepté en lin. La fontaine de Linas fournit d'eau Montlhéry.

La paroisse de Montlhéry est entièrement renfermée dans l'enceinte de la ville , et anciennement dans celle du château ; et ce n'a été que long-temps après que la ville étant augmentée, il a été besoin de bâtir au dedans une seconde Paroisse. Un nommé Thibaud, que l'on conjecture descendre des Montmorency, et qui étoit forestier du Roi Robert, construisit la forteresse appelée Mons Lethericus  ; peut-être fit-il bâtir aussi la collégiale de S. Pierre. Ce Thibaud étoit surnommé en latin filans stupas, que l'on rend en françois par File-Etoupes , sobriquet qui lui fut donné, suivant l'usage de ce temps-là, à cause de ses blonds cheveux. Guy son fils et Hodierne son épouse fondèrent, au bas de leur château, à la distance d'une petite demi-lieue, vers l'orient d'été, le Prieuré de Longpont.

En 1192 et 1293 , le comte de Hainaut fut renfermé dans la tour de Montlhéry, par ordre du roi Philippe-le-Bel, contre lequel il s'étoit révolté. En 1311, le même roi y fit renfermer Louis, fils aîné de Robert, comte de Flandres. Louis-le-Gros fit raser le château, indigné de voir que le seigneur du lieu eût eu l'audace de se liguer contre lui. Louis XIII l'érigea en comté. En 1465, il se donna une bataille sanglante entre Louis XI et le duc de Berry son frère ( ?), auprès de Montlhéry , dans une plaine que l'on appelle en core le chantier de la bataille. Les deux armées s'y firent beaucoup de mal, sans avoir rien décidé pour la victoire. Le roi coucha dans le château de Montlhéry  ; son armée le crut perdu mais le lendemain il se montra et soupa dans Paris avec les principales dames de la ville. Le comté de Montlhéry relève en plein fief de la grosse tour du Louvre.

Montlhéry donne son nom depuis plusieurs siècles à l'un des deux doyennés ruraux de l'archidiaconé de Josas. Les deux églises S. Pierre et Notre-Dame subsistoient alors dans l'enceinte du château. La première étoit une collégiale de chanoines séculiers, lesquels avoient un abbé à leur tête. Elle fut réunie avec la seconde au prieuré de Longpont. L'église de Notre-Dame tomba dans un oubli total, mais on vit paroître le nom de S. Laurent, lequel servit quelquefois à qualifier le chapitre de Montlhéry, devenu prieuré. Aujourd'hui S. Pierre et S. Laurent ne forment qu'un seul bâtiment, n'y ayant qu'un mur commun qui les sépare. S. Laurent qu'on appelle le Prieuré, est du côté septentrional, c'est une espèce de grande chapelle où il n'y a rien d'ancien que le portail qui est du XIIe ou du XIIIe siècle, et dont le sanctuaire seulement est voûté. S. Pierre est comme un reste d'aile méridionale de l'ancien prieuré. Cette petite église est toute voûtée à l'antique. Le prieuré de Montlhéry est donc maintenant l'unique église renfermée dans les vestiges du vieux château, où l'office divin est quelquefois célébré. Le titulaire est seul décimateur dans le territoire de Montlhéry, et de quelques paroisses. Il a le droit double du mesurage des grains du marché, et le droit de placage, toutes les onzièmes semaines. Son revenu peut montera 550 livres . Il est curé primitif de la paroisse de la Trinité qui est située dans la ville, et la seule et unique paroisse de Montlhéry depuis 1739. Il y a dans cette église un bénéfice de chapelains, sous le titre de S. Nicolas et de Sainte Catherine-de-Jambeuse, qui est à la nomination de l'archevêque de Paris. Il peut avoir trois cents ans d'antiquité.

La chapelle de Notre-Dame, située au bas de la ville, près de la porte de Paris, a été bâtie en 1708. Elle fait revivre l'ancienne église de la Sainte Vierge qui étoit dans le château au XIIe siècle, aussi bien que celle de Saint-Pierre. Le fondateur est Jean-Baptiste Bodin des Perriers , procureur du roi de Montlhéry. Il eut permission de Louis XIV d'employer à sa construction les pierres du château qui venoient des débris de sept petites tours. Le fondateur laissa de quoi y entretenir deux chapelains ; l'un, à la nomination du roi, pour y célébrer la messe pour Sa Majesté et la famille royale ; et un autre, à la nomination de M. l'archevêque de Paris, pour célébrer la messe à perpétuité, chaque jour à l'intention du fondateur et pour sa famille. Cette dernière chapellenie est qualifiée de S. Jean-Baptiste et de S. Clément, desservie en la chapelle royale de l'Assomption de Montlhéry. Il fut convenu dans la fondation, que les prêtres natifs de Montlhéry requérant dans les deux mois cette dernière chapelle, seroient préférés. Il y a dans Montlhéry un hôtel-Dieu où sont huit lits.

La prévôté de Montlhéry est composée d'un Prévôt, de deux lieutenants de Police , un commissaire de police, un procureur du roi, un greffier, quatre notaires , autant de procureurs et plusieurs huissiers. Il y a aussi une gruerie.

Il y a à Montlhéry cinq portes flanquées de tours rondes, en partie ruinées. Toute la ville est encore entourée de murailles ; mais ce ne sont pas par-tout les anciens murs. Il y a quelques endroits où les murs des jardins particuliers ont été continués au-delà de l'ancienne enceinte. En 1508, il y a voit une rue des Juifs. On tient dans cette ville un marché les lundi et vendredi. Celui du lundi est très-considérable pour les grains qu'on y apporte d'Étampes et de Dourdan : et c'est un des entrepôts d'où l'on tire le plus de bleds pour Paris.

Ce n'est que dans le temps des guerres civiles sous Henri IV, que l'on a achevé de démolir l'ancien château, en sorte qu'il ne reste plus que la fameuse tour avec une partie de son escalier. Montlhéry est l'un des quatre lieux qui peuvent fournir un jeune garçon qui sera présenté par le curé aux Célestins de Marcouci, pour recevoir d'eux pendant trois ans, la somme de 100 livres , afin de l'aider à étudier au Collège ; la fondation est aussi pour fournir la même somme à une fille du lieu, afin de la marier, suivant le testament de Charles de Balzac , évêque de Noyon, de l'an 1617.

Visites archidiaconales. Nous nous limitons à présenter la plus significative des visites d'inspection de l'archidiacre de Josas et renvoyons le lecteur à la Chronique «  L'église Sainte-Trinité de Montlhéry  ». Le 7 octobre 1461, c'est la visite de l'église paroissiale de la Sainte-Trinité de Montlhéry avec Dom Antoine Villatelli, curé, Boniface le Maistre le jeune, Jean Lamorie marguillier, Gervais Bisony, Michel Mitet, prêtre, Boniface le Maistre l'aîné et Jean Filz de Vielle avec plusieurs autres. La fabrique possède deux calices en argent, un plat, deux burettes en argent, un encensoir comme dans la visite précédente. Les marguilliers reçoivent l'ordre de réparer la sacristie avant la saint Martin d'hiver . Les marguilliers s'excusent de n'avoir fait l'inventaire et promettent de le faire prochainement. De même, il est ordonné de fournir deux copies de l'inventaire « item eisdem fuit injunctum, ut habeant duas papiros, ad faciendum inventarium ». Le visiteur épiscopal ordonne également de réparer la fenêtre dans la chambre du curé dans le même temps. Il y a 60 paroissiens. Le même jour, le curé de Montlhéry, Dom Antoine Villatelli, assiste le visiteur épiscopal dans ses visites de l'église paroissiale de Saint Pierre du Château qui dépend de Longpont, puis de l'église paroissiale de Saint Merry de Linas où sont présents Dom Nicolas Saudubreuil, curé, Richard Bourdon et Jean Gillebert, marguilliers, Michel Garnier, Guérin Renou, Jean Couart le jeune et Jean Champion, et Dom Philippe Gorgette, Le visiteur et les assistants procureurs nomment Edeline comme sage-femme en remplacement de feue Egide Cormelles. Pierre Coulanges demande pardon pour avoir été en concubinage avec sa servante Mariona .

 

 

Linas

Quant à Linas, Pierre Hurtaut est plus que surprenant ; voilà la description laconique «  Linas ou Linois, bourg de France, élection et à six lieues de Paris  ». L'auteur n'est pas «  dans le coup  ». Laissons un autre historien nous parler de Linas . Ou, pour mieux dire, Linois , est fort près de Montlhéry, si bien qu'on l'en a quelquefois regardé comme un faubourg ; il fut donné dès le Xe siècle à l'église de Saint-Merry de Paris; et lorsqu'on plaça les reliques du patron dans cette église, on en détacha une partie pour celle de Linas, où on la révère encore. De même il y a un petit chapitre dans l'église de Saint-Merry de Linas, qui est comme un détachement de celui de la collégiale de Paris.

Visites archidiaconales. Le 6 octobre 1458, le vicaire a visité l'église et la paroisse Saint-Merry de Linas «  sancti Mederici de Linays  », fondé dans l'église collégiale de Montlhéry en présence de Dom Nicolas Saudubreuil, prêtre curé de la paroisse, Jean Gillebert et Richard Bourdon marguilliers. Le présentateur est le doyen du chapitre de cette église. Il y a 60 paroissiens. Les paroissiens demandent une paroisse annexe à l'exception de la tierce partie de la campagne appartenant audit chapitre. L'ordre est donné pour élire une sage-femme.

Ce jour du13 juillet 1460, visité l'église paroissiale de Saint-Merry de Linas en présence de Dom Nicolas Saudubreuil, curé, Jean Gillebert, Richard Bourdon marguilliers, Jean Boussanges, Jean Giffart curés, Jean Boniface l'aîné avec plusieurs autres. Le trésor est constitué par un vase doré d'une grande beauté contenant le Corps du Christ, deux calices en argent, un blanc, l'autre argenté. Le curé s'amende parce que les hosties sont dans un autre endroit. Il y a 70 paroissiens. Les marguilliers se plaignent que le vase en argent contenant le Corps du Christ n'est pas en sécurité dans la sacristie attendus que les lieux sont fréquentés par tout le monde. Le visiteur épiscopal donne un autre vase en cuivre qui pourra contenir le Corps du Christ d'une façon convenable.

 

 

Longpont

Longpont qui a été décrit merveilleusement par l'abbé Lebeuf, ne semble pas intéressé ses collègues. Pour Pierre Hurtaut «  Long-Pont est un village de l'Isle-de-France, avec un prieuré de Bénédictins de la Congégation de Cluni, dans le diocèse et l'élection de Paris, près Linas  ». Pour un autre historien «  Près de là [Montlhéry] est un prieuré assez considérable de l'Ordre de Cluni nommé Longpont , que l'on a quelquefois assez mal à propos confondu avec l'abbaye de Longpont, dans le Soissonnois  ». Nous invitons le lecteur à relire l'abbé Lebeuf.

La plus significative des visites archidiaconales. Le jeudi 19 juillet 1464, le vicaire Jean Mouchard a visité l'église paroissiale Sainte-Marie de Longpont «  beate Marie de Longuo Ponte  » en présence de Dom Michel Legrant, prêtre et curé, Jean Berthe l'aîné, Denis de la Plaine , Etienne Rousseau, Jean Bligny, habitant de Montlhéry, Jean Chesnay, Gérard de la Fosse. Le visiteur épiscopal enjoint aux assistants, pour et au nom de tous les habitants de faire plomber les fonts afin que l'eau ne puisse aucunement disparaître ou se perdre ; de faire réparer la sacristie, de la mettre en bon état décent et sûr, afin qu'aucun dommage ne puisse survenir, et cela sans préjudice de leurs droits s'ils en ont à faire valoir. Comme les dits paroissiens disent au contraire qu'ils sont exempts de toute charge en général, et qu'ils ne sont donc nullement tenus à le faire ; que s'ils le font de plein gré, le prieur et les religieux pourront les charger de subvenir par la suite aux autres nécessités de l'église : telles que livres, ornements, luminaires, et autres choses nécessaires. Qu'il semble donc que le visiteur épiscopal le leur ordonne injustement puisqu'ils ne l'ont jamais fait.

Et comme le promoteur réplique qu'aucune nécessité n'est survenue qui ait provoqué un scandale ou un dommage, mais que maintenant le danger est évident pour le matériel en question, et qu'il recourt à la susdite injonction pour le développement et la conservation des sacrements de l'église afin d'obvier aux périls auxquels le seigneur vicaire de l'archidiacre peut remédier par son ordonnance. Le prieur et le sacristain du lieu surviennent pendant que se croise l'exposé des faits et les répliques. Le prieur, en présence des susdits, est informé de la question et il déclare que le soin de la garde du sacrement et la réparation ou réfection des fonts exceptée, il ne prétend et ne veut prétendre à aucun droit sur les autres choses nécessaires. Bien plus, il veut tout comme ses prédécesseurs, tant pour lui que pour ses religieux, fournir au curé et aux paroissiens tout le reste du nécessaire en livres, ornements, toutes choses convenables et nécessaires à l'église, accorder aux paroissiens l'entrée de l'église autant de fois qu'il le faut, mettre les sacrements à la disposition des paroissiens. Le sacristain ajoute que pour ce motif et pour ouvrir l'église à toute heure voulue, il a sa chambre dans l'église pour entendre plus vite et plus facilement ceux qui frappent et leur ouvrir.

Cela dit et les répliques entendues de part et d'autres, sous la réserve des droits des deux parties, où et quand il le faudra, le visiteur épiscopal en présence des susdits donne suite à son injonction et fixe la date de Noël pour exécuter les réparations de la manière qui sera possible, soit par des aumônes, des dons volontaires ou de toute autre manière qui paraîtra la meilleure. Il ordonne au curé de la signifier au prône du dimanche suivant à tous ceux qui sont présents. Les dits paroissiens demandent qu'il leur soit donné acte de tout cela, ce qui leur est accordé. Le visiteur épiscopal entend plusieurs plaintes sur la conduite du curé qui fréquente très souvent les tavernes et s'y enivre à ce point qu'il peut à peine regagner son domicile sans être reconduit, ce qui est aux détriments des hommes ecclésiastiques, un scandale pour le peuple et peut susciter de nombreux dommages. En conséquence le visiteur épiscopal lui enjoint, sous peine d'excommunication et d'amende, de se conduire désormais de telle sorte qu'il soit irrépréhensible sur ce point. Faute de quoi le visiteur épiscopal s'y prendra de telle façon que cela servira d'exemple pour lui et pour les autres.

À suivre…

 

 

Notes

(*) Nous avons conservé l'orthographe du XVIIIe siècle.

(1) Abbé Alliot, Visites archidiaconales de Josas (chez Picard, Paris, 1902).

(2) G.N. Nivelle, Le cri de la Foi ou recueil des différens témoignages rendus par plusieurs facultez, chapitres, curés, communautez, ecclzsiastiques et réguliers, au sujet de la constitution Unigenitus , tome 1er (1717).

(3) P.-T. Hurtaut, Dictionnaire Historique de la ville de Paris et de ses Environs (chez Moutard, Paris 1779).

 

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