L'école à Marcoussis avant la Révolution

Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis----------------------ajout novembre 2013_septembre 2012

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Extrait de plan napoléonien.

 

JP. Dagnot

 

 

Cette chronique se propose de rassembler les mentions pouvant laisser croire qu'un enseignement existait à Marcoussis dès le XVIe siècle.

 

 

Les premiers documents

Le premier novembre 1527, Ollivier Liger, marchand hostellier et Marguerite sa femme demeurant à Marcoussis, vendent à Estienne Lescripvain, sergent en la prevosté de Marcoussis, six livres tournois de rente annuelle sur une maison couverte de thuilles où pend l'enseigne l'Image Notre-Dame, tenant ... d'autre part au chemin du cimetière... qui tend du parc au jardin de lescolle ... Le terme est sans ambiguité et tendrait à confirmer un enseignement à Marcoussis dès le début du XVIe siècle.

L'année suivante, Estienne Lescripvain et Jehanne sa femme confessent avoir transporté la rente cy aprez à discrette personne messire Guillaume Vignault, prestre de Marcoussis, six livres de rente sur une maison, estable, cour, jardin, appelée l'image Nostre Dame, tenant ... au chemin du cymetière, d'un bout au cours de l'eau qui descend du parc au jardin de lescolle ... L'école serait proche la place du village.

En 1529, toujours le couple Lescripvain dans une donation contre rente ... la maison au carrefour de la Magdeleine, devant l'école dudit lieu, ... au chemin du presbytaire à l'église... item ung aultre jardin assis sur le champ de foire tenant .... d'autre bout au chemin de lescolle...

 

 

Les déclarations censuelles

Le terrier de 1580 permet de confirmer qu'un chantier de l'escolle existe, ainsi:
- Jehan Roux, tixier en thoilles advoue au seigneur de Marcoussis, un espace de maison couvert de chaulme avec cour et jardin contenant ung quartier tenant au chemin qui tend de Marcoussis à Nozay, d'un bout sur le champ de Lescolle...
- Jacques Besnard, vigneron advoue ... demy espace de maison couvert de chaulme avec deux planches de jardin assis sur le champ de Lescolle ... une espace de maison couvert de chaulme avec droit de cour et jardin assis au champ de Lescolle, tenant ... d'un bout au ruisseau qui descend du parc...
- Barbe Bizeau, veufve de Gervais Dumont déclare une maison couverte de chaulme avec cour jardin contenant demi quartier assis près le champ de lescolle , tenant à Claude Michel et Gilles Vallée procureur en parlement à Paris, d'autre bout au ruisseau qui descend du parc à la fontaine des Roches...

 

 

L'enseignement au XVIIe siècle

Nous sommes en 1625, Charles, un des fils de Thomas de Balsac, évêque de Noyon, sur sa fin de vie veut laisser son empreinte. Dans son testament, il demande aux Célestins de Marcoussis de distribuer une somme chaque année pour l'instruction d'enfants... seront tenus lesdits religieux de payer par chacun an et à toujours la pension de quatre petits enfants qui seront pris et choisis des paroisses de Montlhéry, Linois la Pellerine, Chastres sous Montlhéry et Marcoussis, auxquels seront donnés à chacun cent livres pour être entretenus au collège; lesdits enfants seront nommés par le curé desdites paroisses aux dits religieux Célestins. Pareillement seront nommées quatre filles desdites paroisses, pareille somme pour les aider à les marier et à prier Dieu par lesdits concédants.

En 1668, notons la présence de Jeanne Parant, fille de deffunt Aubin Parant, vivant maistre des petites écolles dudit Marcoussis... Ce qui revient à dire qu'il y avait une école dans les années 1640. À partir de cette époque les registres paroissiaux de Marcoussis permettent d'affirmer l'existence d'une structure pour l'instruction des garçons. En 1688, a lieu le mariage de Louis Rochefort, maître d'école de Marcoussis...

 

 

L'école au XVIIIe siècle

Début 1701, sur la requeste de Jean Cornu, au nom et comme marguillier de l'église oeuvre et fabrique Sainte Marie Madeleine de ce lieu, au devant de la grande porte, à l'issue de la messe chantée et célébrée en la dite église, ledit Cornu auroit dit que le nommé Jacques Rethoré, maistre d'Ecolle, l'auroit fait assigné pour avoir manqué de paier la somme de vingt livres pour ses gaiges en la qualité de Maitre d'Ecolle du lieu, lesquelles vingt livres ont été accordées par les marguilliers d'icelle église et par plusieurs des habitans dudit Marcoussis qui sont Jean Bourguignon, curé dicelle églize, Nicolas Molé concierge du chasteau, Claude Boulogne, Louis Cornu, Louis Manon laisné... qui ont nommé Jacques Rethoré maitre d'Ecolle de ladite paroisse, et attribué la somme de vingt livres pour ses services qu'il a rendu et rendra à l'église dudit lieu, pour tenir les petites Ecolles dans ladite paroisse ... Ce document indique que l'instruction est sous le contrôle des marguilliers de l'église de Marcoussis et qui entretiennent financièrement le maître d'école.

Douze années après, la scène ne concerne pas les petites écoles, mais les relations entre les Célestins de Marcoussis et les quatre curés concernés par la fondation de Charles de Balsac. Jean Bourguignon, prestre bachelier de Sorbonne, prieur de Saint-Vandrille, et curé de Marcoussis, Louis Chanceau, prestre bachelier en droit canon, curé de Montlhéry y demeurant, Jacques Simmonneau aussy prestre licencié en théologie de la faculté de Paris et curé de Saint Clément de Chastres, et Pierre Moret, prestre docteur en Sorbonne, curé et chanoine de Linois, y demeurant, estant tous présents en la maison du sieur Moret, stipulant pour les pauvres de leur paroisse, pour l'exécution de la fondation de 200 livres de rente à perpétuité pour chacune desdites paroisses, faite en leur faveur par Illustrissime et Révérend père en Dieu Messire Charles de Balsac évesque de Noyon, comte et pair de France, par son testament du cinq octobre 1625, et l'acte de ladite fondation du 22 novembre de ladite année, étant sur le point d'entrer en un long et très grand procès avec les vénérables frères, prieur et couvent des Célestins de Marcoussis, au sujet du refus qu'ils font de payer auxdits pauvres par eux nommés, les pensions à eux dues depuis l'année 1701 jusqu'à la présente année 1713. Désirant conserver la paix et union entre personnes ecclésiastiques, persuadés qu'un procès priverait les pauvres d'un puissant secours, ... ils ont choisi pour arbitrer Monseigneur l'emminentissime cardinal de Noailles, archevêque de Paris...

Quinze jours plus tard, , Jehan Bourguignon, prieur de saint Vandrille, curé de Marcoussis, assisté de Pierre Brizard procureur sindic de la communauté des hahitans dudit Marcoussis, Louis Chanceau, curé de Montlhéry, et Pierre Bourgeron sindic dudit Montlhéry, Jacques Simmonneau curé de Chastres et Robin Jubin sindic de Chastres, Pierre Morel curé de Linois assisté de Nicolas Esnard sindic pour Linois, tous présents au monastère des Célestins en la chambre capitulaire du chapitre, stipulant pour les pauvres de leur paroisse, à l'exécution de la fondation de Charles de Balsac, évesque de Noyon, comte & pair de france, d'un part, et les religieux Célestins assemblés représentant la plus saine partie de tous les religieux, lesquelles parties désirant pour le repos de leur conscience, ..., terminer à l'amiable le cour des poursuites et contestations, tant en principal qu'arrérages, ont choisi & élu pour juge & arbitre l'éminentissime cardinal de Noailles, archevêque de Paris et le procureur général du parlement de Paris, auxquels seigneurs ils donnent plein pouvoir pour terminer et juger le présent différent. Chaque partie apportera ses mémoires et pièces justificatives. Les curés élisent domicile chez le curé de Linois rue saint Médéric, et les Célestins en leur maison conventuelle de Marcoussis.

La même année, un autre personnage, peut être au vu de la négligence des Célestins, fait un codicille à son testament. Il s'agit de Joseph de Xaintrailles oncle de la dame de Marcoussis, qui termine sa vie à Marcoussis. Il demande de faire une constitution de rente dont le revenu estre employé à l'entretien d'un maitre d'écolle pour l'instruction des pauvres enfans dudit Marcoussy... Nous verrons que sa nièce exécutera ses volontés.

Revenons aux maîtres d'écoles, le registre paroissial de 1714 mentionne Jean François Gaillard maître d'école.

Jusqu'à présent l'instruction ne concernait que les garçons. En 1716, la dame de Bellebat voit sa fin arriver et rédige son testament : dame Anne Chouette de la Chesnières, épouse de deffunt Gilles Philippe le Forestier, vivant seigneur de la Chesnières, ladite dame, bourgeoise de Paris et propriétaire de la maison de Bellebat, logée en une chambre haulte de la maison, ladite tenue au lit malade, ...., lègue:
- 350 livres pour l'acquisition de rente ou d'héritages pour faire célébrer à perpétuité une messe basse de requiem le jour de son décès,
- 300 livres en denier pour estre emploiés en l'acquisition de rente, pour servir à l'instruction des garçons par le maitre d'école qui les instruira,
- et 300 livres pour la maitresse d'écolle qui instruira les filles de la paroisse...
- donne à Pierre Duval et Louise Richelet sa femme pour l'amitié qu'elle leur porte...
Cette pieuse femme est la première qui se soucie d'instruire les filles de la paroisse. Le testament prendra effet en 1720.

Relevons de 1719 à 1721 François Violle est cité comme maistre d'école. Lui succède ladite année Louis de Trolle, maître d'école, qui se marie avec Jeanne Manon, il vient de Bourgogne. Le notaire a écorché le nom du promis il s'agit de François de Violle que l'on retrouvera époux de Jeanne Manon.

Extrait d'un document très abimé, en 1726, à l'issue des vêpres chantées, les habitans sortant de ladite église sont comparus en assemblée au devant de la grande porte, Messire Baltazard Saint André curé, Guillaume ..? receveur & procureur fiscal de cette seigneurie, et Pierre ..? tous deux marguilliers, ... tous habitans demeurans audit lieu, le sieur curé a dit le besoin qu'il y avoit de chanter le service divin et enseigner les enfans de ladite paroisse dans les petites escolles. A cet effet Jean Charles Pichon ancien maitre d'écolle de la paroisse de Limours, en cette qualité, tenir et exercer lesdites écolles en cette dite paroisse, ce qui est entendu par lesdits habitans et du consentement de Madame la marquise d'Entragues, dame de ce lieu, aussi ont reçu ledit Perichon en qualité de Maitre d'écolle, et de lui fournir un logement, ainsi que le prix les ecolles seront tenues de paier chacun mois audit Perrichon... Le texte est trop abîmé il donne les horaires selon les saisons, ainsi que les sommes payées par élève... fait et passé audevant de la porte de l'église par le notaire tabellion audit Marcoussis.

le registre paroissial mentionne en 1727 le décès de Louise Rainsaut ancienne maitresse d'école de cette paroisse décédée à 78 ans. On a la confirmation de l'exécution des volontés de la dame de Bellebat.

De 1732 à 1736, Germain dans son histoire de Marcoussis cite Victor Audry. De 1736 à 1760, Le maître des petites écoles est donné dans l'acte de décès de ce dernier, Louis Lucas âgé de 60 ans.

Revenons au litige entre les Célestins et les quatre curés, une sentence du 13 mai 1748, condamne lesdits religieux à payer les rentes de la manière portée au testament. Depuis cette époque, les Célestins se sont acquittés desdites rentes. À cet effet deux modèles de nomination et quittance sont donnés à Messieurs les curés de Montlhéry, Chastres, Linois & Marcoussis quand ces derniers nomment des filles à marier ou des garçons pour étudier au collège, le tout après un procès de près de quarante ans entre les curés contre les religieux Célestins. Ci-dessous le modèle de lettre:

" Nous ... prestre curé de l'église paroissiale de sainte Trinité de Montléry, en conséquence du pouvoir à nous donné par la fondation de Charles de Balsac et de la sentence de nos seigneurs des requestes du palais avons nommé à messieurs les Célestins de Marcoussis:
- ... ... native de cette paroisse à l'effet de recevoir la somme de 100 livres pour l'aider à la marier, laquelle fille nous certifions être de notre paroisse
- ... ... clerc non tonsuré (s'il est), étudiant actuellement en l'université de Paris au collège de ..., natif de cette paroisse, à l'effet de recev
oir la somme de 100 livres pour être entretenu au collège pendant trois ans aux termes de ladite fondation, lequel garçon confirmons être de notre paroisse.

En 1751, le legs de Joseph de Xaintrailles refait surface, le premier acte se passe devant la principalle porte d'entrée et de sortie de l'église Sainte-Madeleine, à l'issue de la messe paroissiale, dite chantée & célébrée, les habitans en sortant en abondance duement convocqués et avertys au son de la cloche, ... Laurent Poullet procureur fiscal, Gabriel de la Vanne marguillier, ... tous vignerons et habitans de cette paroisse, faisant la plus saine partie des habitans, il a été présenté par messire Mathieu Rousseau prieur et curé dudit Marcoussis, que feu Massire Joseph de Xaintrailles, chevalier, premier écuyer de S.A.S le duc de Bourbon, a par son codicille de 1713, légué pour faire instruire les pauvres enfans dudit Marcoussy, la somme de 2.000 livres pour faire un fond dont le revenu seroit pour l'instruction des pauvres. Que par arrangement fait avec Louise Philberthe de Xaintrailles, nièce & seule héritière de son oncle Joseph, ladite dame se seroit chargée de payer ledit legs. Que les héritiers de ladite dame veulent se libérer des 2.000 livres en principal du legs. En conséquence, la matière mise en délibération, les habitans s'engagent à placer sur l'Hôtel de Ville cette somme, pour produire 100 livres au proffit du maistre d'école, pour instruire lesdits pauvres. À l'effet de quoi, lesdits habians ont constitué pour leur procureur Mre Mathieu Rousseau, prieur et curé pour les représenter.

La semaine suivante le second acte se déroule à Paris, il s'agit d'une quittance. Mathieu Rousseau, prieur et curé de Marcoussy, procureur des marguilliers et habitants de la paroisse de Sainte-Marie-Madeleine, lequel a confessé avoir reçu de haut et puissant Alexandre de Moyria Chastillon, sénéchal de Valence en Dauphiné, demeurant ordinairement à Dijon, la somme de 2.429 livres, savoir:
- 2.000 livres pour le payment d'une somme léguée par Joseph de Xaintrailles, ...
- 429 livres pour les intérêts depuis 1747
(décès de la marquise de Xaintrailles) jusqu'à juillet dernier où ledit seigneur de Chastillon a acquis une rente de 100 livres sur les aydes et gabelle.
Louise Philberte de Xaintrailles avait reçue cette somme de 2.000 livres comme venant du testament du seigneur de Xaintrailles, et acquitté cette fondation aux marguilliers de la paroisse
. Notons qu'elle était légataire universelle.

Revenons aux maîtres d'école, Laurent Germain, exerce de 1760 à 1769, il est qualifié de choriste dans divers actes des registres paroissiaux. Son successeur Louis François Lemiraux sera mentionné de 1770 à 1786, tantôt maître d'école, tantôt tailleur d'habits. En 1786 il est qualifié d'ancien maître d'école.

Un différent intervient en 1775 entre le sieur Arthur Nolleau, confiseur parisien et les habitants du hameau du champ de lescolle. Le parisien a acquis une maison aux enfants Bellanger aboutissant sur le ruisseau et chemin du grand parc et aurait fait fermé le chemin... Deux années passent le problème subsiste, une nouvelle assemblée d'habitants réitère ses griefs on apprend que ce chemin existe depuis plus de 300 ans, que feu le grand admiral Graville a concédé le terrain pour former le hameau et y avoir des sujets... On peut donc penser que le champ de l'escolle date des années 1500.

Nous arrivons en 1784, Louis Etienne Boudier arrive comme maître des écoles. L'année suivante il se marie avec Catherine Coispeaux fille de François Coispeaux maître charpentier et de Marie Jeanne Legendre, présent du côté de l'époux le curé Sébastien Lenoble et le vicaire François Toullet, et du côté de l'épouse, Laurent Poullet, procureur fiscal. Louis Etienne Boudier, mineur, agé de 23 ans maitre des écolles de Marcoussis y demeurant, est présenté par son père Louis aussi , maitre d'écolle à la Norville. L'union religieuse se fera deux mois après. Il a la permission de l'intendant de la généralité de Paris car il est milicien depuis le mois dernier.

À suivre...

 

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