L'école à Marcoussis 1784-1840
Cette chronique est le second volet de l'histoire consacrée à l'enseignement dans la paroisse de Marcoussis. Nous nous étions arrêtés en 1784 avec l'arrivée d'un personnage qui aura plusieurs facettes dans les années qui suivront, Louis Etienne Boudier. Rappelons que l'école est gérée par les marguilliers, et comprend des élèves des deux sexes ce qui est peu commun.
J-P Dagnot novembre 2013.
Extrait du plan napoléonien de Marcoussis.
En 1784, dans le registre paroissial, Louis Boudier, père de Louis Etienne, est présent lors d'un enterrement.
Notons l'année suivante lors de la passation d'un titre nouvel que le lieu dit "champ de l'écolle" est toujours d'actualité.
Louis Etienne Boudier maître des écoles
Fin 1785, le sieur Louis Boudier, maître d'écolle et Catherine Dupuis demeurant à la Norville, stipulent pour Louis Etienne, leur fils mineur, âgé de 23 ans maître des écolles de Marcoussis, y demeurant d'une part, et François Coipeaux, maître charpentier et Marie Legendre, stipulant pour Catherine Coipeaux leur fille majeure, d'autre part, ...
Le cahier des doléances porté en 1789 par les habitants, demande dans son article 14, l'établissement d'une soeur pour les écoles de filles, séparément de l'école des garçons. Les Marcoussissiens n'ont pas encore compris que l'on voulait faire disparaître les ordres religieux.
L'année suivante, la Nation s'occupe activement de ces derniers; à Marcoussis, lors de l'inventaire de la fabrique par un commissaire du district de Versailles, ... en présence du curé Sébastien Lenoble, du maire Marin Angiboust et de Louis Courbois marguillier... relevons ce qui a un rapport avec l'instruction:
- une déclaration de la rente de 100 livres léguée par Monsieur de Xaintrailles...
- la fabrique est chargée de payer au maître d'école une somme de 136 livres pour ses assistances au choeur, pour enseigner aux pauvres et pour son logement, ...
Nous sommes encore, comme de nos jours, en la période des rêves... Le curé de Marcoussis adresse un mémoire et demande au district de Versailles... qu'une maison de charité soit tenue par des soeurs qui administreroient les secours aux pauvres et seraient chargées de faire gratuitement l'école des filles, qui jusqu'à présent ont été privées d'instruction civile, ou mêlées dans une même école avec les garçons, par l'impossibilité de faire autrement. Cet établissement ainsi conçu avoit déjà été jugé nécessaire par les commissaires qui vinrent à Marcoussis en 1781 prendre les informations relatives à la suppression de la maison des Célestins... La troisième demande a pour objet une maison pour y tenir l'école des garçons et y loger le maître et enfin un salaire pour celui-ci afin que l'instruction des garçons soit gratuite, ainsi que celle des filles... Que si ces demandes paroissent un peu forte, on priera d'observer que le seul couvent de Marcoussis remet en les mains de la Nation plus de 60.000 livres de revenus, qui dans les faits étaient le patrimoine des pauvres de Marcoussis... Naïvement il rappelle la fondation de Charles de Balsac et demande que la commune puisse en jouir... Toujours dans son annexe au mémoire on apprend que depuis la mise en régie des biens du couvent il était distribué pour les pauvres 1.678 pains du poids de 6 livres. Que la dame de Marcoussis y ajoutait tous les ans la somme de 2.000 frs de secours et dont la source est pour jamais tarie.
En 1791, notre candide curé a nommé la personne d'Anne Victoire Brizard pour l'année, pour la marier à Denis Brizard, ils se sont présentés aux administrateurs pour percevoir percevoir la somme de 100 livres que donnaient les Célestins... On apprend pour ce qui est de la rente affectée à un garçon, qu'elle a été payée jusqu'en 1787 depuis laquelle année aucun garçon ne s'étant rencontré dans la paroisse, le payement en a été suspendu ... Vous avez témoigné désirer qu'il fut constaté que les biens des cidevant Célestins étoient grevés de cette rente et payée sur la nomination du curé; or les commissaires pour les rôles des impositions étant venus à Marcoussis, y ont vérifié les deux choses demandées, ainsi je suis persuadé que le sieur Brizard touchera les 100 livres, signé Lenoble curé.
L'année suivante c'est au tour de la municipalité de Montlhéry de rappeler au district les termes de la fondation de Balsac pour les garçons et les filles, à prendre sur les biens fonds des Célestins.
Notons en 1792, que le maître d'école n'est pas logé et qu'il a perçu 400 livres payées au citoyen Boudier, maître d'école, pour le parfait payment de son traitement à lui du pour l'année 1792 comme le mentionne un état comptable de la municipalité. Également la somme de 300 livres payées audit Boudier pour la moitié des travaux faits pour la constitution des états et sections matrice et rôles. La commune, à cette époque, n'a ni maison commune, ni classes d'écoles et ni logement pour l'instituteur.
En juin 1792, L'atmosphère s'enflamme, l'assemblée nationale décrète le brûlement des titres de noblesse.
Notons sur le registre d'état civil que, en novembre 1792, Louis Etienne Boudier maître d'école signe un certain nombre d'actes; le curé quant à lui se présente, soit comme curé, soit comme officier public...
En fin d'année, les habitants demandent un logement pour le maître. Louis Etienne Boudier est mentionné au registre des contributions foncières n°178
Pendant la Terreur, la fabrique de Marcoussis existe encore et règle 136 livres à l'instituteur.
En nivôse an 2, Boudier reçoit de la municipalité 500 livres comme maître d'école. Également la somme de 500 livres payées audit Boudier pour ses appointements depuis le 1er janvier 1793 jusqu'au 1er janvier 1794 , et 300 livres pour la confection de la matrice des rôles. En pluviôse, notons la fin du traitement de Boudier maitre d'école et le début d'un nouveau traitement comme greffier municipal.
En fructidor des travaux sont réalisés dans l'école (ancien presbytère).
Le mois suivant, le conseil général de la commune entérine l'autorisation de disposer du presbytère comme salle commune, école, logement instituteur.
En brumaire an 3, un tableau est établi pour les écoles du canton; Marcoussis compte 1356 habitants et a droit à un instituteur et une institutrice.
Jean-Baptiste Petit instituteur
En nivôse an 2, Jean-Baptiste Petit est nommé maître d'école. Son traitement comme instituteur mentionne 90 livres pour ses deux premiers mois d'enseignement. Ensuite, à partir du 15 germinal, il est payé par l'administration.
L'année suivante, la municipalité procède à l'adjudication de mobiliers provenant de divers endroits; Jean Baptiste Petit, instituteur, se rend acquéreur d'une glace et d'une boiserie moyennant 70 livres. Ce récit puise ses informations dans les comptes de la municipalité.
Le 28 frimaire an 3, une quittance signée par Songeux, maçon de Marcoussis, pour sa facture correspondant à l'ouverture des croisées de l'école.
En floréal, le district de Versailles autorise les communes à utiliser le presbytère comme logement de l'instituteur et à recevoir les élèves pendant la durée des leçons ... ce qui était déjà entériné...
La version de la monographie de l'instituteur cite Jean Petit comme instituteur de 1795 à 1802, venant de souvenirs de 1879 de personnes âgées qui fréquentèrent son école, rue des Boulangers. À cette époque, le presbytère sert de logement pour l'instituteur et aussi d'école. Jean Baptiste figure sur les comptes. La mémoire des anciens a oublié le second prénom et confondu les dates. Jean Petit, son père, est instituteur à Fontenay.
En messidor, le jury d'instruction publique du district de Versailles note l'inscription pour le brevet de Jean Baptiste Petit pour les garçons et de Marie Françoise Mouroux pour les filles, déclarés comme instituteurs. Après examen, l'instituteur est reçu, par contre, Marie Françoise Mouroux a dû être recalée, la place d'institutrice pour Marcoussis reste vacante. Notons qu'il s'agit de sa femme.
Nous arrivons en messidor an 4, le citoyen Lhomme déclare que lesdits bâtiments du presbytère sont soumissionnés par le citoyen Boudier, n'étoient affermé en aucune manière en 1790, mais étoit occupé par le cy devant curé de ce lieu, que depuis deux ans il a été occupé par la municipalité et ensuite pour le logement d'un instituteur, qui vient d'être supprimé par le dernier règlement du département concernant les lieux des écoles primaires. Ce texte montre clairement la fin de l'école dans le logement de l'ancien curé Sébastien Lenoble (sur la place du champ de foire).
En germinal an 5, Jean Baptiste Petit, instituteur de la jeunesse à Marcoussis, accompagné de son père Jean Petit aussy instituteur de la jeunesse à Fontenay, sont présent au décès de Marie Françoise Mouroux. Deux mois après, Jean Baptiste Petit, instituteur de la jeunesse, se marie avec Marie Elizabeth Manon, présent Jean Petit son père, 69 ans, instituteur de la jeunesse à Fontenay.
En fructidor an 8, le maire de Marcoussis répond à une demande du préfet: existe-t-il des maisons presbytérales, vicariales ou d'école invendues ... Boudier répond: Actuellement il n'en existe aucune; il existait pour toute chose une maison presbytérale qui m'a été vendu par l'administration le 7 thermidor dernier en vertu de soumission que j'ai fait, comme chargé de pouvoir à cet effet par les habitans de ce lieu pour y loger et tenir les écoles. Signé Boudier. De cette réponse on est amené à croire que l'enseignement va continuer à l'ancien presbytère, ce qui sera démenti.
Paul Clément Robin instituteur
L'instituteur dans sa monographie, cite l'installation de Paul Clément Robin en l'an 10. Nous noterons pour notre part la naissance d'une fille de Paul Clément en l'an XII puis en en 1809.
Les registres de délibérations de Marcoussis ayant disparu avant 1806, nous relevons sur le premier pour cette année, la somme de cent francs pour le logement du maître d'école, continuant jusqu'en 1822 et mentionnant Paul Clément Robin pour les années 1810 et 1821. La somme de cent francs est une aide au logement. Il n'est pas question d'une institutrice.
En 1809, le conseiller d'état, préfet de Seine-et-Oise envoie un imprimé aux maires: ... rappel des décrets impériaux des 17 mars et 17 septembre 1808, l'enseignement public appartient à l'université... une autorisation expresse du grand maitre est nécessaire pour ouvrir une école... les instituteurs concernés devront expédier les diplômes prescrits par les décrets ...
En 1813, le conseil municipal convoqué en vertu d'une autorisation donnée par le préfet cherche à obtenir un logement moins dispendieux pour le curé . Le maire expose que le propriétaire de la maison que le curé occupe, lui a donné congé, que vu le montant des loyers exorbitants, il serait judicieux d'acheter la maison des héritiers Coispeaux qui pourrait servir également de logement au maître d'école, ce qui éviterait deux loyers...
Localisation des bâtiments communaux.
Ce groupe de maisons est noté en vert sur le plan ci-dessus. Le partage entre les héritiers Coispeaux se déroule en 1813; en 1818, la veuve Pierre Gelle fait un arrangement avec les héritiers, concernant la maison du rosaire . Cette maison est mise en vente par Pierre Germain Gelle, par adjudication: une maison au rosaire, ...
En 1819, la maison du rosaire va finalement appartenir à la commune:
- une ordonnance royale autorise le maire de Marcoussis, à acquérir des sieurs Boyer Coispeaux et Boudier, moyennant la somme de 6.000 frs, une maison, jardin et dépendances, pour servir de presbytère... Fait au château des Tuileries, signé Louis...
- La même année, Paul Clément Robin marie son fils aussi instituteur.
- En juillet un partage est conclu entre Louis François Boyer, époux Victoire Coispeaux, François Coispeaux et Louis Etienne Boudier, agissant pour Catherine Coispeaux mineure ... la maison du Rosaire est en indivis...
- En fin d'année, enfin, la vente du rosaire est fait à la commune moyennant 6.000 frs.
En 1825, la même famille procède au partage des biens de Marie Catherine Coispeaux, épouse de Louis Etienne Boudier... Notons dans la masse des biens d'une maison sur la grand route (mairie actuelle indiquée en rouge sur le plan) ... dont on reparlera en 1860.
Côté école, notons en 1827, le décès de Marguerite Lucas, femme de Paul Clément, instituteur. L'année suivante, une assemblée de vieux cultivateurs déclarent dans un acte de notoriété que la comtesse d'Esclignac a fait planter des arbres lors de la construction de la nouvelle route de Versailles à Arpajon; notons comme témoin Paul Clément Robin instituteur.
Nous arrivons en 1831, pour voir un nouveau projet municipal, le conseil examine et entérine le projet d'acquisition de maison pour servir de maison commune, de corps de garde et de logement pour l'instituteur, au sieur Gelles ayant l'intention de la vendre (cette fois il s'agit des bâtiments marqués en bleu qui viennent d'être détruits cette année et revendus à un promoteur). En mai, le conseil municipal prévoit 400 frs pour disposition et réparations à destination de table et chaises de la salle de mairie.
L'année suivante, une ordonnance royale de Louis Philippe, roi des Français, autorise l'achat de la future mairie. En fin d'année, Louis Gelle vend à Pierre Petit, faisant fonction de maire, une maison pour école et mairie, ratifiant un acte sous seing privé de février 1831 avec le maire, et jouissance au premier janvier 1831. Notons dans la description:
- maison de deux chambres basses dont une à feu, grenier au dessus, (police municipale en 2000)
- portail ensuite communiquant de la route à la cour, fermé d'une porte charretière et sur laquelle est une petite chambre avec grenier au dessus,
- pièce à cheminée de l'autre côté du portail, destinée à la salle de la mairie ( syndicat d'initiative en 2000) cave sous cette pièce,
- les autres bâtiments formant retour vers le nord, l'un au levant servant d'écurie, maintenant de bucher, l'autre au couchant un espasse à usage de foulerie et servant maintenant de corps de garde, et d'un hangard ensuite pour la pompe à incendie,
- cour au milieu des bâtiments et jardin en terrasse...
Il est également fait mention de travaux déjà faits pour loger le maître d'école, de l'école, du corps de garde, du local de la pompe à incendie de la salle pour la mairie.
Projet d'aménagement de l'école des garçons et des filles.
En septembre 1833, notons la vente par adjudication en trois lots, de la maison construite par le fameux Charles Arranger, reprise par le notaire Boudier et qui deviendra école et asile en 1863.
L'année suivante, un comité communal d'instruction primaire est créé, comprenant le marquis de Salperwick. Ce comité reçoit Claude Antoine Bosne, élève de l'école normale de Versailles, breveté du second degré en qualité d'instituteur primaire. Suite à sa création, ce comité décide de faire le point sur l'enseignement dans la commune:
- Mr Bosne instituteur primaire de la commune a chez lui 60 élèves, qui sont en progrès sensibles,
- le sieur Petit tient une école privée avec 20 élèves fort jeunes, ayant une intelligence pour la lecture,
- Mr Robin tient une école privée avec 6 élèves en bas âge,
- Me Duffaudais tient une école de jeunes demoiselles avec 45 élèves de différents âges, assez avancés dans la lecture, l'écriture et le calcul.
Ce point met en évidence la présence d'une institutrice. Quand est-elle arrivée?
Cette dernière envoie une plainte adressée au comité se plaignant que le sieur Petit essaye par des bruits mensongés de lui enlever des demoiselles... Dans son analyse le comité fait mention que l'école de jeunes filles dirigée par Madame Deffaudais existe depuis de longues années.
Mr Bosne ne reste que quatre ans à Marcoussis, il donne sa démission au comité et ce dernier et reçoit positivement la demande de Pierre Bossu, présenté par le curé de Linas.
En 1836, la future école asile change de propriétaire, la veuve Christophe achète à Marie Lejemble, une grande maison couverte en tuille,
- au rez-de-chaussée, vestibule deux chambres avec cabinet, à gauche deux pièces, une alcove, l'autre cuisine
- au premier quatre pièces à cheminées avec deux cabinets
- deux grands greniers au dessus.
- devant deux parterres avec cour pavée.
- jardin derrière,
Le puits le corps de pompe qui s'y trouve, l'ange en pierre, ..., restent mitoyen, la propriétaire
précédente Brisset l'avait reçu comme héritier de Louis Boudier...
En 1837, le curé de Marcoussis présente au comité la demande Madame Honorine Saquet épouse Bossu, institutrice à Marcoussis, qui demande l'autorisation de remplacer Madame Duffaudais, institutrice communale démissionnaire. Elle présente son brevet de maîtresse de pension.
L'année suivante, Paul Clément Robin, instituteur privé décède, âgé de 73 ans. Ainsi cet instituteur de fonctionnaire aura terminé sa vie comme instituteur privé.
Début 1840, le comité communal d'instruction se réunit chez Monsieur Martin, curé , Mr Mauzaize l'un des membres donne lecture d'une lettre de Madame Bossu, par laquelle elle donne sa démission d'institutrice communale. En août le comité reçoit le rapport d'un inspecteur d'académie qui aurait examiné une réclamation formée par la dame Bossu, institutrice communale, contre la violence morale qu'on aurait employée à son égard pour lui arracher sa démission. Il reste maintenant à examiner si cette institutrice peut être autorisée à tenir une école privée, cette affaire paraissant apporter le trouble dans la commune. Le comité est d'avis de donner une copie de cette délibération pour qu'elle ait à cesser de faire l'école, immédiatement.
Le même jour, les membres du comité entendent Mr Mauzaize qui expose la plainte de Soeur Prospère institutrice communale sur la difficulté que cette dame éprouve de se procurer un logement convenable pour faire l'école aux jeunes filles. Le comité transmet cette demande au conseil municipal.
À suivre...