Élisabeth de Montlhéry et ses descendants (1) |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- _-------------------------------_--Janvier 2012 Attention ce site change d'hébergeur à l'adresse *** (*) Généalogie simplifiée des descendants d'Élisabeth de Montlhéry .C. Julien
Cette chronique est la continuation de l'histoire de la famille de Montlhéry aux XIe-XIIe siècles, celle d'une des filles issues de l'union de Guy 1er de d'Hodierne. Cette fois nous nous intéressons à Élisabeth (1) qui fut alliée avec la famille de Courtenay « Curtiniaco ou Curtiniacensis ou de Curteno ou Curtenou » (du latin curtis , petit fort) dont plusieurs chevaliers prirent une part active à la conquête de la Palestine s'illustrèrent au Proche-Orient. Courtenay, petite ville du Gâtinais, entre Montargis et Sens, est célèbre pour avoir donné son nom à la maison de Courtenay dont sont issus des empereurs de Constantinople et des rois de Jérusalem. « L'histoire des familles composant la société franco-orientale, qui pendant plus de trois siècles habita les colonies chrétiennes de Terre-Sainte, est si intimement liée à la nôtre, qu'elle devient un des sujets les plus intéressants sur lesquels puissent se porter les investigations et les recherches. Parmi ces familles, les unes conservèrent alors les noms qu'elles portaient en Europe; les autres latinisèrent en les adoptant ceux des fiefs qu'elles possédèrent en Orient : ce dernier point est surtout remarquable pour les familles établies en Chypre. C'est leur histoire, ainsi que celle des grands dignitaires de ces principautés que Du Cange s'était proposé d'écrire en complétant le livre dit Lignages d'outre-mer, à l'aide de tous les documents historiques d'une authenticité incontestable qu'il avait pu réunir ».
Damoiselle Élisabeth L'histoire n'a laissé que des bribes pour construire une biographie solide d'Élisabeth de Montlhéry. Bien évidement, il faut prendre les dates données dans les textes avec toutes les précautions d'usage. En tenant compte du mariage d'Élisabeth, on ne peut que prendre sa date de naissance entre 1040 et 1048, puisqu'elle aurait au mieux 17 ans en 1065, l'année de ses noces avec Joscelin de Courtenay. Ce qui signifie qu'Élisabeth arrive au cinquième rang biologique de la fratrie de Montlhéry avant son frère Guy le Rouge et sa sœur Mélisende Chère-Voisine. Ainsi, dame Hodierne, sa mère, était âgée de 34 ans lors de son accouchement. Pour Étienne Pattou, Élisabeth serait née en 1040 à Corbeil. Cette demoiselle fut élevée à Montlhéry où son grand-père avait eu la permission d'y fortifier une tour. Son éducation fut assurée par les religieux de la collégiale seigneuriale de Saint-Pierre de Montlhéry « canonicos Sancti Petri de Monte Letherico », fondée par la famille. Nous savons l'attachement de cette famille à la Cour royale des premiers Capétiens, puisque son père en était l'un des officiers, comme « forestier du roi » ; il est cité à plusieurs reprises dans des actes de Philippe 1er. Les demoiselles de Montlhéry côtoyaient les jeunes nobles de la Cour capétienne et leurs parents leur réservèrent des alliances prestigieuses ; Élisabeth fut alliée à la maison de Courtenay, qui détenaient des fiefs du riche Gâtinais « Vastinensis pagus ». Tout comme Guy de Montlhéry, seigneur de Bray-sur-Seine, Athon de Château-Renard seigneur de Courtenay était vassal du comte de Champagne. Ces deux personnages avaient été des familiers du roi Robert 1er. En fondant l'église de Longpont en 1031, Guy de Montlhéry avait sollicité le roi et Imbert de Vergy, évêque de Paris, pour poser la première pierre. De son côté, en 1015, Athon avait obtenu du roi l'autorisation de fortifier le bourg de Courtenay et y édifier un château. Par une habile politique matrimoniale, les deux familles s'allièrent en 1065. Avec Élisabeth, les Montlhéry reviennent s'installer dans contrées briarde et gâtinaise de l'ancien diocèse de Sens.
La maison de Courtenay par Du Tillet Si nous en croyons le continuateur d'Aimoin, chroniqueur et moine de Fleury, Courtenay eut un château, et par conséquent le titre de fief antérieurement au XIe siècle. Sous le règne du roi Robert-le-Pieux, Athon, fils d'un seigneur de Château-Renard, célèbre dans les fastes militaires de l'époque, fut le premier autorisé à fortifier le château de Courtenay « Tempore Roberti regis Atho filius cujusdam Gastellarii de Castro Rainardo, militari honore se fecit sublimari : ipse firmavit castrum Curtiniaci . Idem accipiens in uxorem quandam nobilem dominam genuit ex ea Joscelinum de Curtinaco ». La mention "et se maria avec une noble dame" pourrait indiquer qu'Athon s'élevait dans la société féodale. Dans son chapitre de la branche de Courtenay, Du Tilley, évêque de Meaux, mentionne en 1607 : « Aimoins en son histoire françoise (liv. 5, ch. 46) est autheur que Athon fils d'un chastellain ou capitaine de Chasteau-regnard, fut fait chevalier, et fortifia Courtenay. II eut de sa femme, estant de noble lignée, non nommée, Joscelin de Courtenay, lequel espousa la fille du comte de Joigny, Geoffroy de Frerolle en premières nopces, et d'elle eut deux fils, Guy et Ramard comtes de Joigny. En secondes nopces espousa Ysabeau, fille de Milon de Montlehery , de laquelle il eut trois fils, Milon de Courtenay , Joscelin comte d'Este en Levant ; la lignée duquel y seigneuria longuement, et feirent tous de grands faits ; le tiers fils fut Geoffroy de Champlay. Milon de Courtenay espousa la sœur du comte de Nevers ; d'elle eut trois fils, Guillaume, Joscelin, et Ramand ou Regnaud, duquel vindrent deux filles: l'aisnée Ysabeau dame de Courtenay et Montargis, que Monsieur Pierre de France fils puisné du roy Loys le Gros, espousa et print les nom et armes de sa femme. Pour ce (comme est apparent) qu'elle luy fut accordée à celle charge ; la seconde fut femme d'Avalon de Suilly. Milon de Courtenay est enterré en l'abbaye de Fontaine-Jean, diocèse de Sens, fondée par celle première lignée de Courtenay, où l'on voit que l'escu dudit Monsieur Pierre de France, et sa descente est semblable à celuy de la première lignée de Courtenay, qui portoit d'or à trois torteaux de gueules » (4).
Josselin 1er de Courtenay Josselin 1er de Courtenay naît en 1020, fils de Anton 1er (ou Athon), seigneur de Château-Renard et de Courtenay dont nous ne possédons que peu d'éléments. Outre les fiefs paternels, il possédait les seigneuries de Charmy et de Champignelles en 1040. Il épouse en premières noces, vers 1054, Hildegarde de Gâtinais, fille de Geoffroy V Ferréol, comte de Gâtinais et Ermengarde, comtesse d'Anjou. Certains auteurs prétendent que le mariage fut annulé pour cause de consanguinité. Enfants connus: En secondes noces Josselin épouse Élisabeth de Montlhéry, fille de Guy 1er de Montlhéry et Bray et Hodierne de Gometz en 1065. Il décède en 1079. Ils eurent quatre enfants : Remarquons que ces enfants étaient les neveux de Mélisende, sœur de leur mère. Cette tante avait épousé Hugues 1er comte de Rethel et lui avait donné un fils, Baudouin de Bourg, futur roi de Jérusalem. Tous partirent pour la Palestine lors de la « Croisade des Chevaliers Francs » dès 1096. Notons également qu'il y a une ambiguïté sur la filiation les demi-sœurs Hermengarde et Hodierne de Courtenay, erreur qui provient de la généalogie du père Anselme (2). Selon les auteurs, elles passent du lit de Josselin et d'Hildegarde de Gâtinais à celui de Josselin et d'Élisabeth de Montlhéry. Par conjecture, nous pouvons affirmer que, selon la coutume, Hodierne de Courtenay aurait pris le prénom de sa grand-mère, Hodierne de Gometz et serait donc la fille d'Élisabeth de Montlhéry. De même, Ermengarde, comtesse d'Anjou a donné son prénom à sa petite-fille Hermengarde, fille d'Hildegarde de Gâtinais (3).
André Du Chesne, Histoire généalogique de la maison de Montmorency et de Laval (1621).
Le continuateur d'Aimoin, au chapitre 46 du cinquième et dernier livre de l'Histoire des François, ne nous a enseigné, que fort peu de chose sur la maison de Courtenay, en ces mots : « Joscelinus de Curtinaco desponsavit filiam comitis Gaufridi Fœrolem, ex quagenuit unam filiam, que duos filos habuit Guidonem et Rainardum comitem de Johegneio. Post mortem uxoris suæ idem Jocelinus accepit Elisabeth filiam Milonis de Monte-Leherico, de qua habuit Milonem de Cortinaco, Joscelinum comitem Edessæ, Gaufridum Chapalii. Milo genuit de sorore comitis Niversensis Willermum, Joscelinum et Rainardum. Rainardus denuit uxorem Patri fratris Domini Regis, et uxorem Avalonis de Seluiaco seu Seuliaco ». Ici, il n'est pas question de divorce, mais de décès de la première femme de Joscelin qui se remaria avec Élisabeth de Montlhéry. Notons que l'auteur fait une erreur en donnant Milon, père d'Élisabeth (5).
Dame Élisabeth Élisabeth de Montlhéry , femme de Joscelin, mère de Milon de Courtenay , est nommée dans deux chartes du début du XIIe siècle. Le premier acte, vers 1116, est une donation au prieuré bénédictin Saint-Pierre de Néronville « Sancto Petro de Neronvilla », près de Château-Landon (Seine-et-Marne). Le second acte, daté de l'an 1120, est l'une des chartes de fondation de l'abbaye cistercienne des Escharlis (com. Villefranche-Saint-Phal, cant. Charny, Yonne ).Vers 1110-1116 Robert Bonet fait au prieuré Saint-Pierre de Néronville divers dons « promisioni Robertus Bonet… donavit Sancte Marie de Silva Majore et Sancte Petri de Neronvilla et monachis ibidem degentibus, granchiam suam quam habebat apud Lanci, et masuram Rustici, et quatuor arpenta pratorum, et pasnagium nemoris et usuarium ad omnia que necessitati monachorum Sancti Petri Neronville convenerint… », qui sont constitués par une grange à Lancy et des masures paysannes, quatre arpents de prés et de droits de pacage et d'usage dans la forêt de Paucourt pour les besoins des moines. « Hoc donum quando Robertus Bonet fecit, vidit et laudavit Milo de Curtiniaco, et manu propria cum ipso Roberto super altare Sancti Petri per librum obtulit… », cette donation faite par Robert fut acceptée et confirmée par Milon de Courtenay, suzerain de Robert Bonet, qui en compagnie du donateur posa personnellement l'acte sur l'autel de Saint-Pierre. Cette charte mentionne également le consentement d'Élisabeth femme de Milon « hoc donum etiam laudavit Elisabeth uxor Milonis, videntibus Rainardo comite, Herveio Balena, Motet filio Hurrici et Hugone filio Avunde » avec l'accord de Rainard ou Rainaud, comte de Joigny, et d'autres seigneurs (charte XXX du prieuré Saint-Pierre de Néronville). Peu de temps après, Robert Bonet, après avoir abandonné tous ses biens aux pauvres, se fait moine et donne au prieuré de Néronville sa terre de Sceaux. Cette donation est confirmée par de nombreux personnages dont Milon de Courtenay et son neveu Adam dont le bien était dans la mouvance et un nommé Albert, écuyer de Milon « laudavit Milo de Curtiniaco et Adam nepos ejus, de quorum beneficio erat… Alberico armerigo Milonis de Curtiniaco » (charte XXXI du prieuré de Néronville). Vers l'an 1120, est donnée la charte constituée par un recueil de notices contenant les donations primitives faites pour la fondation de l'abbaye Notre-Dame des Écharlis « locum Scarleias dictum », près Villefranche (charte CXXVIII). Elles ont été transcrites au milieu du XIIe siècle les unes à la suite des autres, sur une longue pancarte. On y remarque que les fondateurs de ce monastère sont le chevalier Vivien de Laferté-Loupière « miles de Firmitate quæ vulgo dicitur de Loperia, nomine Vivianus », qui l'établit dans le lieu appelé les Vieux-Echarlis; puis Seguin, son fils, Isambard le Gros, Fromond de Caarneto, Landric de Duchy, Gautier Baderant, Baudoin Fuisnard, Seguin le Gros, Guillaume de Montcorbon, Etienne dit Bouche-Close, Oudarde et son fils Gautier le Sot, de Joigny, Leteric Jallard, Hervé, seigneur de Laferté, etc. Longtemps après la fondation, une chicane intervint entre Séguin, fils de Vivien « Seguinus praedicti Viviani filius, calumpniatus est… » et l'abbé Guillaume et les moines au sujet de l'uage d'un bois pour la construction de la nouvelle abbaye. Un arbitrage fut donné par Henri, archevêque de Sens devant plusieurs témoins dont Milon de Courtenay « Milo Curtiniacensis » et Hugues de Malicorne. Ensuite, Milon de Courtenay, son fils Guillaume et Baudouin Fuisnard « Annuit hoc dominus Milo de Curtiniaco, et Willelmus filius ejus, et Bauduinus Fuisnardus » donnent attestent leur approbation pour que Fromond de Caarneto et sa femme Belette donnent tout ce qu'ils ont à Fontaine. Plus tard, Baudouin Fuisnard, afin d'assurer son salut et celui de ces ancêtres, vient donner à l'église Notre-Dame des Écharlis toute sa part dans le village de Vilers, tant en terre qu'en bois. « Balduinus Fuisnardus pro salute animæ suæ et antecessorum suorum dedit ecclesiæ Sanctæ Mariæ de Scarleis omnem suam partem de Vilers, quicquid scilicet terræ et nemoris in territorio illo habebat . Habuit tamen, pro hac re, a monachis quindecim libras. Huic dono interfuerunt Milo de Curtiniaco et uxor ejus Elisabeth et filii eorum Willelmus, Joscelinus, Rainaldus et ii omnes laudaverunt : nec hoc solum, sed quicquid de eorum casamento adquirere possent… ». Cette donation est approuvée et concédée par Milon de Courtenay et sa femme Élisabeth (il faut lire sa mère) et ses fils Guillaume, Joscelin et Renaud. Le même jour, les moines reçoivent toutes ces terres avec le pacage et les coutumes ave l'accord une fois encore de Milon et ses fils, seigneurs suzerains « dominus Milo et prædicti filii ejus ». Puis, le seigneur Milon est de nouveau témoin avec Payen Lisiard, Guillaume Brisus et Geoffroy de Duchet, quand Élisabeth, femme de Baudouin vient approuver la donation de son mari. Bien que le scribe ait écrit « Elisabeth uxor Milonis », il faut comprendre qu'Élisabeth était la mère de Milon. Du Bouchet, dans l'Histoire généalogique de la maison de Courtenay (page 10) et les autres historiens, donnent pour femme à Milon de Courtenay, Ermengarde de Nevers, qu'il épousa vers 1095; Élisabeth est cependant bien dénommée aussi dans la charte de fondation de l'abbaye des Escharlis (Quantin, Cartulaire de l'Yonne , t. I, p. 239). Il s'agit très certainement ici d'Élisabeth de Montlhéry (6). Toutefois, il convient d'être prudent car alors, Élisabeth de Montlhéry serait morte après 1120 et non en 1113 ni même avant 1100 comme mentionné parfois. Une charte datée de 1133 enregistre une donation à l'abbaye de Saint-Jean de Sens par Miles de Courtenay « Curteno de Milo », ajoutant que sa mère [Elisabeth], veuve était devenue religieuse là-bas pour y servir Dieu « servientibus ubi scilicet mater ipsius Milonis vidua divinis insistebat obsequiis » et que son frère Renaud « frater ejus Rainaudus » a choisi d'être enterré là ; dans laquelle charte il est confirmé que Milo était le fils de second mariage de son père. Avant d'étudier l'histoire de la branche aînée de Courtenay, issue de Milon, nous ébauchons brièvement la biographie des enfants d'Élisabeth de Montlhéry.
Hodierne de Courtenay Peu d'éléments nous sont parvenus au sujet d'Hodierne de Courtenay dont nous attribuons la naissance du second lit de Joscelin 1er vers 1068. Dans cette notice nous prenons en compte la « Généalogie de la maison de Joinville en Champagne » par Charles du Fresne, sieur Du Cange, publiée, à Londres en 1785, par Jean de Joinville dans la Collection Universelle des Mémoires Particuliers relatifs à l'Histoire de France (tome 1). Cette demoiselle épousa, vers 1090, un des puissants vassaux du comte de Champagne : Geoffroy de Joinville, IIe du nom, fils de Geoffroy 1er « Gaufridus de Juncivilla » dit le Vieil , comte de Joigny et seigneur de Joinville (mort le 25 janvier 1080) et de Blanche de Mosellane. Geoffroy II devint comte de Joigny après ses frères Guy et Renaud, morts sans postérité. Avec la comtesse Hodierne, sa femme, il fit quelques bienfaits à l'abbaye de Molêmes, lesquels furent confirmés par Ricuin, évêque de Toul qui tenait le siège depuis l'an 1107 jusques en 1126. En 1096, à la demande de Robert abbé de Molesmes, le prieuré Saint-Thiébaut de Vaucouleurs fut fondé Geoffroy II de Joinville « Ego Gaufredus de Junccivilla, innumeris peccatorum meorum confixus sagittis, hanc solam medicinam ut Christi pauperibus subvenirem misericordiæ operibus, dedi apud Vallicolorem sanctæ Mariæ Molimensis monasterii in manu Roberti, primi videlicet ejusdem loci abbatis… » en accordant quelques biens-fonds et revenus. Dans un autre acte où se trouve désignée sa femme Hodierne, Geoffroy II autorise le prieuré à posséder en franc-alleu tout ce qu'il recevra d'un de ses fondataires. « Notum sit omnibus fidelibus quod Dominus Gaufredus senex Jonciville, pro remedio anime sue et predessorum suorum, cellule Vallicoloris, in tempore Philippi regis Francorum, et Pibonis, Tullonsis episcopi, concessit ut quicumque feodum suum teneret, si ecclesie tribuere voluisset, quantum ad se, ipsa ecclesia quasi in alodium possideret. Concessit etiam, laudante filio suo, et uxore ejus Hodierna.... ». Que tous sachent qu'au temps du roi Philippe, le seigneur Geoffroy de Joinville, pour son salut et celui de ses ancêtres, concéda au prieuré de Vaucouleurs le droit de posséder les biens-fonds en franc-alleu. Cette concession fut approuvée par son fils et sa femme Hodierne… (7). Geoffroy II de Joinville mourut après l'an 1099, car il est cité à cette date dans une charte du cartulaire de Molesme avec Geoffroy de Troyes et la comtesse Adélaïde. De l'union d'Hodierne avec Geoffroy « Goffrido juniore, Junville domino » sont nés : 1° Walfrid ou Geoffroy III de Joinville, nommé avec ses frères en un titre de l'abbaye de Bouillencourt au diocèse de Troyes. Il est probable qu'il n'eut pas d'enfant. 2° Renard, comte de Joigny duquel procèdent les autres comtes de Joigny. 3° Roger 1er, seigneur de Joinville dont sa postérité porta le nom. Il fut présent à la donation que Hugues comte de Champagne fit en la ville de Bar à l'église de Saint-Oyen. Il épousa Aldearde de Vignorry, fille de Guy et de Beatrix de Bourgogne. 4° Hadwide de Joigny, dame d'Aspremont, laissa une grande postérité. 5° Laure, qui devint abbesse (citée par Simonet).
Joscelin II de Courtenay Pour une histoire complète des Courtenay d'Outremer nous renvoyons le lecteur aux nombreuses études généalogiques des comtes d'Edesse. Josselin d'Edesse est un cadet sans fief, un « bacheler » de la seigneurie de Courtenay. Tous ces chevaliers se croisèrent et combattaient pour la conquête de la Terre-Sainte au début du XIIe siècle. Baudouin de Boulogne, leur cousin fut sacré premier roi de Jérusalem en 1101 et céda l'immense comté de Rohais-Edesse à Baudouin de Bourg. Ce dernier octroya la seigneurie de Tall-Basir (Torvaisel), fief stratégique pour le contrôle d'Alep, à son cousin Josselin de Courtenay. Josselin épouse une princesse autochtone, une Arménienne, Béatrice de Cilicie, fille de Constantin 1er, prince de Cilisie, en 1104. À la mort de Josselin 1er d'Edesse, son fils Josselin II devient comte de Rohais et s'unit à une jeune veuve Béatrice de Saône. Elle loi donne un fils, le futur Josselin III, et une fille Agnès qui épousera Amaury 1er, roi de Jérusalem de 1162 à 1174. Le sieur Du Gange parle de Joscelin II de Courtenay (Joscelin 1er d'Edesse) en ces termes : « … à Joscelin de Courtenay , son cousin, n'estant encore que comte d'Édesse, Beaudouin de Bourg avoit fait don à son arrivée en la terre sainte, vers l'an 1101, de la partie de son comté qui est vers le fleuve d'Euphrate, en laquelle estoient les villes archiépiscopales de Coritium et de Tulupe, et les villes et les chasteaux de Turbessel, de Haitab, de Ruvendel et quelques autres, pour tenir le tout en fief de luy; d'où il est souvent surnommé de Turbessel dans les auteurs. Joscelin estoit issu d'une très-illustre famille, ainsy qu'écrit Albert d'Aix, et estoit fils de Joscelin, seigneur de Courtenay, et de sa seconde femme, Elizabeth, fille de Miles de Montlhéry... Cette Élizabeth estoit sœur de Mélissende, mère de Baudouin [de Bourg], ce qui a fait dire au mesme auteur [Albert d'Aix] que Joscelin II estoit fils de la tante de ce roy. Miles, seigneur de Courtenay, espousa Agnès, sœur de Guillaume, comte de Nevers, et eut d'elle Renaud ou Renard, seigneur de Courtenay, qui, de la sœur de Guy du Donjon, eut Elizabeth, dame de Courtenay, mariée à Pierre de France, fils puisné de Louys le Gros, roy de France, dont la postérité prit le surnom de Courtenay ». Joscelin, comte d'Édesse, se fit tellement signaler dans les guerres saintes qu'il en acquit le surnom de Grand, qui luy est donné par les auteurs et par son fils mesme, qui, dans des lettres de [mai] 1136, où souscrit Tramon [Francon], archevesque de Tulupe, prend ce titre « Goscelinus, magni Goscelini filius, comes Edessanus ». Guillaume de Tyr parle avantageusement de ses rares qualitez, aussy bien que les autres escrivains des guerres d'outre-mer, qui racontent au long toutes ses belles actions. Il mourut l'an 1131, laissant de sa femme, qui estoit sœur de Levon ou Léon, prince d'Arménie ou dans l'Arménie, Joscelin, qui luy succéda.
Geoffroy Charpalu Geoffroy de Courtenay , fils cadet de Joscelin 1er et d'Élisabeth de Montlhéry, reçut le surnom de Chapals , ou Champlay comme il est écrit en la page 86 des Mémoires du greffier du Tillet. André Du Chesne le nomme Charpalis . Guillaume archevêque de Tyr ( livre 14. chap. 15) l'appelle Gaufridus Charpalu . Tout porte à croire que les terres et le moulin de Chapalu ou Champalu, près Montargis, que les moines de Fontaine-Jean possédèrent jusqu'à la suppression de leur abbaye, leur furent donnés par Geoffroy Charpalu , frère de Milon de Courtenay. Vaillant guerrier, adoubé chevalier vers 1091/1095, il était destiné à participer à la grande aventure de la Croisade. Avec son frère Josselin Ier d'Édesse, Geoffroy fit le voyage de Jérusalem pour rejoindre le contingent de Godefroy de Bouillon et leurs cousins les comtes de Rethel. L'historien Guillaume de Tyr vante la valeur et le mérite éminent des frères Courtenay. Dans ses Mémoires de l'ancien Devonshire (en langue anglaise), Fréderick Snell mentionne les exploits de la famille de Courtenay en Palestine au début du XIIe siècle. En voici une traduction : « La chute d'Édesse, le rempart de la chrétienté au Levant, a provoqué la deuxième croisade . Toujours dans le flot de ceux qui ont pris la croix se trouve le nom de Courtenay , car parmi les adeptes du roi Louis le Jeune ont été dénombrés Reginald et Guillaume [William] de ce nom, et aussi Pierre de France, frère du roi . Lorsque Jocelyn d'Edesse , avec son jeune frère, Geoffrey Courtenay , surnommé le Chapalu , font le voyage pour la Terre Sainte , au cours de l'année 1101, et le fils aîné de la maison , Milo de Courtenay, est resté en France , succédant , à la mort de son père , des domaines de la famille. Il a épousé Ermengarde , fille de Renaud, comte de Nevers, et d'elle eut trois fils : Guillaume, Reginald , et Jocelyn . Du dernier , rien n'est connu, seul le nom. Guillaume, qui comme les autres membres de la famille, prit part à la croisade, et mourut en Terre Sainte , en laissant, sur l'extinction des comtes d'Edesse et la mort de Geoffroy de Chapalu , son oncle, Réginald , son frère cadet, le seul héritier du nom et des biens de ses ancêtres » (8) . En 1139, Geoffroy Charpalu se distingua par sa valeur héroïque, et trouva la mort lorsque les infidèles battirent l'armée de Foulques d'Anjou, roi de Jérusalem, comme il allait au secours du château de Montferrand au comté de Tripoli, assiégé par Sanguin, seigneur de Ninives. Guillaume de Tyr raconte sa mort en ces termes : « Cecidit illa die inter ceteros vir magnificus nobilitate, et armorum usu insignis, Gaufridus Charpalu, domini Joscelini senioris Edessani comitis frater, cujus interitus, tanquam strenui viri, multis extitit doloris causa amplioris, et universum concussit exercitum casus ejus lugubris ». La perte d'un homme d'un mérite si éminent et d'une valeur si distinguée, ne fut pas seulement un sujet de douleur aux particuliers, mais qu'elle causa un étonnement général à toute l'armée. À suivre…
Notes (1) Une autre demoiselle de Montlhéry porta le prénom d' Élisabeth (†1141), fille unique de Gui II de Montlhéry dit Troussel . Elle épousa, en 1104, Philippe de Mantes (1093-après 1133), fils du roi Philippe 1er et de sa concubine Bertrade de Montfort, qui, en 1109, possédait en même temps Mantes et le château de Montlhéry. (2) Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France , 3ème éd. (Cie des Libraires, Paris, 1726). (3) Anomalies : l'auteur du site « généanet » fait naître Ermengarde de Courtenay (de Châteaurenard) en 1063, soit deux ans avant le mariage de ses parents. De nombreux sites donnent un second mari à Élisabeth de Montlhéry en la personne de Gauthier II de Saint-Valéry (ca. 1064-1111) qui, en fait, fut l'époux d'Hodierne de Montlhéry, sœur d' Élisabeth .(4) Jean Du Tillet, Recueil des rois de France, leurs couronne et maison (chez Jean Hovze, Paris, 1607). (5) R.P. Philippe Labbé, Tableaux généalogiques de la maison royale de France (chez Gaspar Meturas, Paris, 1652). Le révérend père jésuite rectifie l'erreur du continuateur d'Aimoin « Elisabeth, fille de Miles de Mont-Lehery » en mentionnant « ou plustost de Guy ». (6) Henri Stein, Annales de la société historique et archéologique du Gâtinais , t. XIII (Impr. Bourges, Fontainebleau, 1895) p. 323. (7) J. Simonnet, Essai sur l'histoire et la généalogie des sires de Joinville (Libr. Dangien, Langres, 1876). (8) Fréderick Snell, Memorials of old Devonshire ( Bemrose and sons, 1904) 305 pages.
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