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Jean Nicolas Finet, premier maire de Nozay

 

Cette chronique retrace la vie de Jean-Nicolas Finet, premier maire républicain de Nozay (Essonne, arr. Palaiseau, cant. Montlhéry) élu en 1790.

 

C.Julien . Mai 2014

 

Acte de baptême de Jean-Nicolas Finet (12 mai 1756).

 

La famille Finet

Nous voyons apparaître le nom de la famille Finet quand le grand-père, Nicolas, s'installe à la ferme du Mesnil-Forget au début du XVIIIe siècle. Cette exploitation agricole de la plaine de Nozay était dans le fief de la seigneurie ecclésiastique des Célestins de Marcoussis. Ces religieux possédaient deux fermes celle de Nozay et celle du Fay qu'ils affermaient par des baux de neuf ans. Le domaine de Nozay, appelé Ménil Fulger ou Ménil Frogier dans les documents anciens, était un fief mouvant de la seigneurie de Marcoussis. Dans les mains de Jean le Courtillier vers 1367, il entra dans le patrimoine des Célestins de Marcoussis dès la fin de la guerre de Cent ans 1464. À cette époque le Mesnil-Forget est décrit de la manière suivante : hôtel, grange, colombier, fosse à poissons et environ 222 arpents de terres, prés et bois (cf. chronique "La ferme du Mesnil Forget").

En 1673, Guillaume Lamoureux et son fils Jacques étaient laboureurs au Mesnil-Forget. Vers 1710, la famille Lamoureux quitta Nozay pour Brétigny. Pendant tout le XVIII e siècle, cette exploitation agricole, contenant 208 arpents, fut affermée par les religieux de Marcoussis à la famille Finet. Cette famille était la plus imposée de la paroisse. On peut dire que le chef de famille est considéré alors comme le " coq du village ".

 

 

Le grand-père Finet

Vers 1710, le fermier des Célestins est Nicolas Finet, le grand-père, dit l'ancien. Né en 1665, le grand-père Finet décède au Mesnil Forget à l'âge de 79 ans le 14 juin 1744. Son fils Nicolas, son gendre Denis Delahaye et son neveu Jacques Guignard signent l'acte de décès. Il avait un frère nommé Jacques. En premières noces, il épousa Denise Brüet, puis devenu veuf très tôt, il se remarie avec Jeanne Catherine Brûlé en secondes noces. Cette dernière, veuve en premières noces de Jacques Geudin, décède le 2 mai 1746 à l'âge de cinquante ans.  

Sa première femme, Denise Brüet, lui donne une nombreuse descendance. D'abord, en 1715, Denise l'aînée qui décède le 20 septembre 1732 à l'âge de dix-sept ans. Puis, Denis l'aîné des garçons et Marie-Madeleine née en 1718. Cette dernière se marie à l'âge de 23 ans, le 10 août 1741, à Denis Delahaye âgé de 30 ans, charretier à la ferme du Mesnil-Forget, originaire de Valgrand (Vert-le-Grand). Ils resteront à travailler au Mesnil Forget. Leur premier fils naîtra le 26 juillet 1742. Le 19 octobre 1721, c'est le baptême du second fils Nicolas dit le jeune (le père du premier maire de Nozay). Un autre fils, François Alexis arrive le 24 mars 1727 dont le parrain est François Le Blanc, vicaire de Nozay. Le 30 octobre 1729, c'est une fille, Geneviève, qui naît chez les Finet. La marraine est Elisabeth Finet, fille de Jacques Finet, maître charron à Montlhéry. On enterre le fils aîné, Jacques Finet, mort à l'âge de 23 ans, le samedi 3 juillet 1737. Son père Nicolas l'ancien déclare alors ne pas savoir écrire ni signer au moment de parapher le registre d'état civil.

 

Acte de décès du grand-père Finet (14 juin 1744).

 

 

Le père Finet

Nicolas Finet le jeune était fermier à Saint-Michel-sur-Orge au moment du mariage de sa sœur en 1741. Quelques mois plus tard, il afferme le Mesnil Forget succédant à son père malade. Il avait épousé Marguerite Mainfroy dont la famille était dans la meunerie. Le frère de celle-ci, Maître Jean-Louis Mainfroy est patron meunier au moulin de Châtres (Arpajon). Nicolas le jeune, fils d'un paysan aisé de la paroisse, avait passé quelque temps aux petites écoles de Nozay. Ayant des rudiments de catéchisme, de lecture et d'écriture, il déclare savoir signer sur les registres d'état civil.

Le couple Finet-Mainfroy donne à Jean-Nicolas de nombreux frères et sœurs qui sont tous inscrits sur le registre d'état civil de Nozay :
• Marie Anne née en juin 1743 est inhumée le 19 août à l'âge de trois mois,
• Marie Madeleine née le 23 avril 1745. Le parrain est Michel Mainfroy et la marraine Marie-Madeleine Finet qui lui a donné son prénom.
• François né le vendredi 28 juillet 1747. Le parrain François Leblond meunier et la marraine Geneviève Finet demeurant à St-Michel-sur-Orge. Il décède le 8 mai 1772.
• Louis décédé le 25 février 1749.
• Marie Marguerite baptisée par le vicaire de Nozay, un certain Gremoud, le 23 septembre 1750. Le parrain est Jean Gouffier cabaretier à Longpont et la marraine Marie Magdeleine Guignard, aussi de Longpont. Elle décède le 8 août 1769 à l'âge de vingt ans.
• Marie Catherine baptisée le 29 mars 1754. Le parrain est Alexis Dantier cuisinier au couvent de Marcoussis et la marraine demoiselle Marguerite Enard, fille d'un notable de Montlhéry.
• Jean Nicolas, puîné de la fratrie, né le 12 mai 1756.

Le 3 janvier 1763, c'est l'inhumation Nicolas Finet décédé le jour précédent. Il part dans la pleine force de l'âge à 40 ans laissant une nombreuse famille avec des enfants en bas âge. La ferme du Mesnil Forget est alors reprise par sa veuve aidée de son fils aîné François.

Comme on peut le voir sur les actes d'état civil, la famille Finet est alliée ou amie avec les fermiers, les meuniers et même les notables de la région ; familles que l'on considère comme faisant partie de "l'aristocratie paysanne", c'est-à-dire des gens d'un niveau social plus aisé que la moyenne des paysans des villages. Ce sont les Machelard, fermiers à Villiers-sous-Nozay et à Saint-Jean-de-Beauregard, les Mainfroy, meuniers de plusieurs moulins sur l'Orge dont celui d'Arpajon, les Bourdau, fermier au Plessis-Sebeville. C'est Denis Delahaye, le gendre, maître à la ferme de la Noue-Rousseau à Saint-Michel-sur-Orge ; Louis-Antoine Paris le beau-frère aubergiste à Linas ; François Le Blond, meunier de la paroisse de Saint-Germain-lès-Châtres, parrain de François Finet. Pour revenir à la parenté du premier maire de Nozay, les oncles maternels sont Claude Mainfroy, fermier à Brétigny, et Louis Mainfroy, meunier du moulin de Biron à Longpont.

 

 

Naissance et éducation de Jean-Nicolas

C'est 12 mai 1756 que naît Jean Nicolas Finet, le fils cadet du fermier de Mesnil Forget. Baptisé dans l'église Saint-Germain de Nozay, le lendemain, par le père Bailié, vicaire, son parrain est Jean-Jacques Blin, ami de la famille. Ce personnage est un notable de la région puisqu'il détient la charge de greffier à la prévôté de Montlhéry. La marraine est une cousine nommée Marie Finet. Notons que le curé de Nozay-La Ville-du-Bois résidait et servait l'église de La Ville-du-Bois, laissait le service à son vicaire de Nozay. Seulement, lors des grandes occasions, le curé Féragu vient à Nozay comme ce jour du 29 septembre 1750 où il se trouve dans la chapelle du château de Lunézy pour marier Messire Adrien Louis Bodin, sieur de Durdent avec Mademoiselle Madeleine Louise Laisné, fille du sieur de Parvilly avec «  dispense de Monseigneur notre archevêque  ».

Voici l'acte de baptême tel que l'a écrit le vicaire de Nozay : «  L'an mil sept cent cinquante six et le douse may est né Jean Nicolas Finé fils de Nicolas Finé fermier du Mesnil Forgé et de Marguerite Menfré sa femme et a été baptisé dans l'église de la présente parroisse par nous vicaire soussigné le treize du susdit mois et an, son parrain a été Jean Jacques Blein habitant de Montheri qui a signé la marraine Marie Finé qui n'a pas signer en foi de quoi  ».

Jean Nicolas est de constitution robuste, il est entouré par ses trois sœurs et vit au milieu de toute la marmaille du Mesnil Forget. Comme son père, il fréquente les petites écoles de Nozay où le vicaire instruit quelques enfants et, outre les leçons de catéchisme, leur donne des notions de calcul et d'écriture. Jean Nicolas est doué et apprend vite, il devient le meilleur de se génération.

Le passeport pour circuler dans le district et aller à Paris, délivré le 13 mars 1793, nous donne en détail la physionomie de Jean Nicolas Finet. « Cultivateur, âgé de trente six ans passé, taille de cinq pieds trois pouces, cheveux et sourcil châtain, cheveux blond et mêlés de quelques cheveux blancs, yeux bleus, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, front découvert, visage un peu ovale et coloré un peu marqué de petite vérole avec une cicatrice à la joue droite ».

Jean-Nicolas est donc un homme de taille moyenne, sans doute un peu charmeur et sûr de lui. Des traces de la petite vérole, la variole qui était une redoutable maladie mortelle à l'époque, restent sur son visage qui porte aussi une balafre suite à un accident quand il était jeune.

 

Signature de Nicolas Finet, maire de Nozay (janvier 1791).

 

 

L'entrepreneur et père de famille

Jean-Nicolas Finet devient fermier du Mesnil Forget en succédant à son frère François mort à l'âge de 25 ans le 8 mai 1772. Il avait épousé dans l'église Sainte-Madeleine de Marcoussis, mademoiselle Marie-Catherine Robin le 23 janvier 1777 nom de famille courant dans le Hurepoix. On trouve des Robin à plusieurs endroits comme à Montlhéry, à Gif, à Orsay, à Leuville à La Ville-du -Bois, etc. Un certain André Robin était laboureur à Bellebat en 1709. Le père de Marie-Catherine est laboureur au Plessis-Saint-Père et son frère Henri-Pierre, chez qui elle habite, est fermier des religieuses de la Saussaye à Couard (1). Il s'agit bien d'un mariage arrangé entre deux familles de riches paysans.

Voici l'acte de mariage porté sur le registre de Bruyères-le-Chatel puisque la mariée demeurait chez son père Henry-Pierre Robin, laboureur à Couard, paroisse de Bruyères-le-Châtel. Le curé rapporte l'extrait du registre des mariages de la paroisse de Marcoussis où la célébration eut lieu. «  L'an mil sept cent soixante dix-sept le vingt trois janvier après la publication des trois bans faite tant dans l'église de Saint-Germain de Nozai suivant le certificat de maître Thomine vicaire de la ditte paroisse que dans l'église de Saint-Didier de Bruyères suivant le certificat de messire Paulus, curé de la ditte parroisse aux messes parroissiales les dimanches cinq fête de l'Epiphanie, six et douze des présens mois et an pour le futur mariage entre Jean Nicolas Finet, âgé de vingt et un ans, fils de deffunt Nicolas Finet vivant fermier du Mesnil Forget paroisse dudit Nozay et de Marguerite Mainfroy avec laquelle le dit Jean Nicolas Finet demeure d'une part, et Marie Catherine Robin âgée de dix-sept ans fille d'Henry Pierre Robin fermier de Couard paroisse dudit Bruyères et de déffunte Marie-Claude Billard, avec lequel Henry-Pierre Robin, la ditte Marie Catherine demeure d'autre part, sans aucune opposition ni empechement et les fiançailles célébrées la veille en notre église nous Mathieu Rousseau, prieur et curé dudit Marcoussis avec la permission par écrit du sieur Paulus curé dudit Bruyères, après avoir reçu le consentement mutuel desdits Jean-Nicolas Finet et Marie Catherine Robin, leur avons donné la bénédiction nuptialle en face de notre église, en présence du consentement de laditte Marguerite Mainfroy mère, de Louis François Mainfroy oncle, de Jean-Jacques Blein parrain dudit Jean-Nicolas Finet, et aussi en présence et du consentement d'Henry Pierre Robin père, de Charles Rousseau oncle et parrain, d'Etienne Gallemard oncle maternel de laditte Marie Catherine Robin et de plusieurs autres parents et amis qui ont signé avec nous, ont signé Mainfroy, Blein, Gallemard, Charles Rousseau, Henry-Pierre Robin, Henry Robin, Pierre Peuvrier, Maurice Finet, Marie-Catherine Robin, Rousseau curé  ». Collationé à l'original et transcrit par nous vicaire de laditte paroisse de bruyères. Signé Le Doux.

 

Signatures des parents et amis au bas de l'acte de mariage rédigé par Mathieu Rousseau, prieur et curé de Marcoussis (23 janvier 1777).

 

La ferme du Mesnil Forget est essentiellement constituée de terres labourables, quelques prés pour les vaches et les chevaux et peu de vignes. Elle totalise 208 arpents, c'est-à-dire un peu plus de 8% de l'étendue du terroir de Nozay. La concentration foncière ne constitue pas de parcelles éparpillées, mais de parcelles se jouxtant, réalisant ainsi de grandes superficies plus faciles à cultiver. Cette situation engendre le mécontentement des petits paysans. Pour ces cultivateurs ce n'est pas seulement la richesse foncière qui s'étale sous leurs yeux, c'est aussi le fermier à qui ils vont quémander du travail, du fait que leurs lopins de terre sont insuffisants pour faire vivre leur famille. C'est le fermier à qui ils louent cheval et charrue, lorsque ce dernier a terminé ses labours, pour retourner leur propre terrain, c'est un ensemble de faits où le paysan se trouve diminué devant le puissant fermier.

On voit souvent Jean-Nicolas Finet sur le marché de Montlhéry, comme les autres fermiers de la région, pour vendre la production céréalière du Mesnil Forget : blé, seigle, avoine, méteil. Pour exploiter les quelques 90 hectares de la ferme du Mesnil-Forget, il faut une main-d'œuvre assez considérable. Il n'y aucune mécanisation à cette époque. Les journaliers manœuvriers louent leurs bras à l'année pour faire vivre la famille. Nombreux sont ceux qui ont leur province à cause des difficultés économiques : Normands, Beaucerons, Sarthois, Limousins sont présents à Nozay qui compte seize familles de manœuvriers. C'est le cas de Noel Pagny, veuf de la paroisse de Faverolle près Argentan, et de son fils Pierre Pagny qui sont au service chez Nicolas Finet au Mesnil Forget.

Comme toutes les familles rurales du XVIIIe siècle, les époux Finet-Robin ont une nombreuse descendance. Les naissances se succèdent presque chaque année dès le mariage. On compte dix enfants au Mesnil-Forget : cinq garçons et cinq filles qui sont élevés avec l'aide de la grand-mère Mainfroy. Le tableau suivant donne la liste des enfants avec les noms des parrain et marraine. Le premier enfant né le 11 février 1778 est une fille, Marie-Marguerite , baptisée le même jour, dont le parrain Henry-Pierre Robin est son grand-père maternel et la marraine est Marguerite Mainfroy, la grand-mère paternelle. Onze mois plus tard, Marie-Catherine est baptisée, le jour même de sa naissance le 18 janvier 1779, le parrain est Jacques Mainfroy, meunier à Arpajon, la marraine Marie-Catherine Rousseau, fille du buraliste de La Ville-du-Bois.

Notons qu'à cette époque, par Dom Thomine est vicaire de Nozay Jacques Cossonnet est bedeau à Saint-Germain de Nozay et mademoiselle Lefranc, sage-femme jurée demeurant à Montlhéry vient accoucher les femmes de Nozay. Bien souvent l'enfant est ondoyé « en la maison à cause du danger de mort  », comme l'écrit le prêtre sur le registre. Tout nouveau né doit recevoir le baptême pour pouvoir être chrétien, et le cas échéant être inhumé en terre consacrée, le cimetière paroissial. C'est à cause de cette crainte que les enfants étaient bien souvent baptisés le jour même de leur naissance, au pire le lendemain.

 

Les enfants de Jean Nicolas Finet et Marie-Catherine Robin.

 

Le 3 février 1780, naît Marie-Adélaïde dont le parrain est Denis Delahaye, marchand à Montlhéry et la marraine Catherine Finet, épouse de Pierre Machelard, laboureur à Janvry. Le premier fils, Nicolas-Étienne naît le 3 avril 1781, baptisé le lendemain en présence du parrain Estienne Gallemard, maréchal à Marcoussis et la marraine Marie-Marthe Mesnault femme de Henri Pierre Robin «  laboureur à Quouart paroisse de Bruyère-le-Chatel  ». Le 16 octobre 1782, Nicolas-Pierre vient au monde au Mesnil-Forget, son parrain est son oncle Henry Pierre Robin et sa marraine est Marie-Magdeleine Mainfroy, cousine de l'enfant de la paroisse de Saint-Clément d'Arpajon. Le troisième fils, Nicolas-François , né le 16 janvier 1784, est baptisé le vicaire Laperruque qui écrivit «  leparin a été François Moreau, obergiste à Arpajon oncle maternelle de l'enfant, lamareine Marie Margueritte Minfroitte, épouse de Jean renard, meunier de la paroisse d'Arpajon, lesuqels ont signé avec nous, le père absent  ».

Puis, deux autres filles naissent au Mesnil-Forget. Louise Sophie le 21 août 1785, baptisée le lendemain par le curé Legendre et Marie Rosalie le 26 août 1786. Les parrain et marraine de la première sont François Moreau et Louise Robert demeurant à Arpajon, ceux de la seconde sont Pierre-Claude Machelard de la paroisse de Janvry et Marie-Catherine Robin de la paroisse de Saint-Pierre de Brétigny. Enfin, deux garçons sont les puînés de la famille Finet-Robin, Charles Nicolas qui arrive au monde le 1er novembre 1787, tenu le lendemain sur les fonts baptismaux de Nozay par son parrain Laurent-Charles-Pascal Gillet de la paroisse d'Orsay et de sa marraine Gabrielle Bordier « de la paroisse de Marcouscy qui a signé avec nous ». Jean Paul naît le samedi 22 janvier 1791 «  fils de Jean-Nicolas Finet, maire et fermier en cette paroisse », la parrain Jean-Baptiste Jacques Mousseux , bourgeois de Paris, la marraine Marie-Catherine Finet, «  sœur de l'enfant qui a signé avec nous  » écrivit le prêtre desservant de Nozay nommé Fauchier.

 

 

Le citoyen Finet

Dès la mise en place des municipalités issues de la réforme administrative de 1787, Jean-Nicolas Finet joua un rôle important. Il participera activement pendant les premiers temps de la Révolution comme membre de la municipalité en tant que notable ou procureur. Dès 1787, il devient membre de la municipalité de Nozay en tant que secrétaire-greffier. Bien que les fermiers jouissent généralement d'une mauvaise réputation à la campagne, il semble que ce ne soit pas le cas à Nozay puisque tous les habitants sont unanimes pour donner leur confiance à Jean-Nicolas Finet qui passait pour un homme juste et bon.

Nomination de la municipalité de Nozay, le 7 septembre 1788 «  C'est jourd'huy dimanche après la messe paroissiale nous avons tenu notre assemblée pour nommer trois adjoints qui sont présents Jean Baptiste Dauphin et Louis Rivet et Jacques Cossonnet fils tous trois nommés à la pluralité des voix Pierre Rousseau syndic, Germain Paupe membre et Jean Claude Martin aussi membre, Jullien Rousseau aussi membre et Jean Nicolas Finet greffier de l'assemblée municipale et plusieurs autres habitants qui se trouvent Jean Claude Paupe, Germain Le Roy, Pierre Liberolle Du sept septembre mil sept cent quatre vingt huit signé : Rousseau syndic municipal, J.C. Martin membre, Jacques Cossonnet adjoint, Jean-Baptiste Dauphin adjoint, Germain Paupe membre, Finet  ».

Nomination d'un releveur des vingtièmes, le 28 janvier 1789. «  C'est jourd'huy dimanche vingt cinq janvier mil sept cent quatre vingt neuf à l'issue des vêpres nous avons tous été assemblé pour … lettres que nous avons reçu qui été daté du vingt deux janvier pur faire la nomination d'un releveur des vingtièmes auquel que nous avons jugé à présent de nommer Jean Claude Paupe auquel que nous syndic Et greffier Et membres de notre assemblée qui avons faits la nomination Et qui avons signé la feuille ainsi que la minute sur notre registre. Signé : Rousseau syndic municipal, Germain Paupe membre, J.C. Martin membre, Jacques Cossonnet, Jean-Baptiste Dauphin adjoint, Jean-Claude Paupe adjoint, Finet  ».

Jean-Nicolas Finet participa activement à l'assemblée du mercredi 15 avril 1789 pour composer le cahier de doléances préparant les Etats Généraux convoqués le 5 mai. Il signa ce document en compagnie de Pierre Rousseau, syndic de la commune. Ces deux personnages allaient jouer un grand rôle pendant toute la période révolutionnaire. Ils furent élus comme députés du tiers-état pour représenter la paroisse de Nozay à l'assemblée provinciale secondaire réunie le 18 avril dans la grande salle de l'Archevêché de Paris.

 

 

Election du premier maire de Nozay

Le mardi 2 février 1790, tous les habitants actifs de Nozay, convoqués par Pierre Rousseau, syndic de la municipalité en exercice, se sont assemblés dans la salle du presbytère à l'effet de procéder à l'élection du maire et des officiers municipaux devant composer la nouvelle municipalité, en exécution des lettres patentes du roi et des décrets de l'Assemblée nationale ordonnant la constitution desdites municipalités dans tout le royaume. Après la formation du bureau formé de Michau, président, Louis-Sylvain Michaut, secrétaire, Perissaut et Cretin, scrutateurs, et que tous les électeurs présents « eurent juré de choisir, en leur âme et conscience, ceux qu'ils croiraient les plus dignes de la confiance publique et les plus capables de remplir avec zèle et courage les fonctions civiles et politiques qui pourraient leur être confiées », le scrutin fut ouvert. La participation des citoyens actifs fut meilleure que lors des assemblées primaires d'avril 1789. Elle atteignit 20 votants pour 35 inscrits, soit 59% à Nozay, alors qu'à La Ville-du -Bois on vit seulement 49 votants pour 135 inscrits, soit 36,3% du corps électoral.

Le scrutin donna les résultats suivants. Le premier maire de Nozay fut Jean-Nicolas Finet. Les officiers municipaux furent : Pierre Rousseau ex-syndic de la paroisse, Germain Paupe. Jean-Claude Paupe a été nommé procureur greffier du corps municipal. Jean-Baptiste Dauphin et Germain Le Roy ont été élus comme notables. Tous étaient cultivateurs. Voici la copie in extenso de la délibération portée sur le registre de Nozay.

«Le 21 février mil sept cent quatre vingt dix nous nous sommes assemblés à l'issue de la grande messe paroissiale dans une des salles du presbytère pour procéder à la nomination des officiers municipaux selon l'instruction des lettres patentes de l'assemblée nationale sur la formation des nouvelles municipalités, premièrement on a procéder à la nomination du président le Sieur Michaut a été nommé d'une voix unanime ainsi que Louis Sylvain Michaut qui a réuni tous les suffrages pour être secrétaire de l'assemblée. Ensuite on a procédé à la nomination des scrutateurs Mrs Perissaut et Cretin ayant eu la majorité des voix ont été élus. La nomination s'est faite ensuite au maire sur vingt électeurs Mr Finet a réuni la majorité absolue des suffrages et a été nominé Maire de la Communauté. On fait ensuite l'élection des officiers Pierre Rousseau et Germain Paupe ont été proclamés ayant obtenu la pluralité des voix pour composer le Corps Municipal. La lecture du présent procès verbal a été faite à haute et intelligible voix devant ladite assemblée et la nomination des présents officiers a été acceptée unanimement. Le sieur Jean-Claude Paupe ayant eu la pluralité des voix a été nommé procureur greffier dudit corps municipal. Ensuite ont procéder à la nomination de deux notables Jean-Baptiste Dauphin, Germain Le Roy ont été élus et ont signé avec le maire et les autres officiers municipaux. Signé : Finet maire, Cretin, Germain Paupe officier, Rousseau officier, Jean Baptiste Dauphin, Germain Le Roy, Jacques Le Gourd, Jean Tassin, Jean Paupe, Liberolle, Jacques Cossonnet, Jean-Claude Martin, Claude Martin, Jean-Claude Paupe procureur, Pierre Armand, Milliard».

 

Signatures des élus sur le procès-verbal de l'élection de la municipalité de 1790.

 

Une élection complémentaire eut lieu le 2 mars 1790 pour désigner les quatre autres notables qu'on avait omis de nommer le 2 février dernier. «  D'après réflexion faite sur les lettres de l'assemblée nationale adressée à notre municipalité au sujet de la nomination d'une nouvelle municipalité nous nous sommes aperçu que nous n'avions pas entièrement satisfait aux intentions de ladite assemblée en n'ayant nommé que deux notables. C'est pourquoi nous nous sommes assemblés ce jourd'huy deux mars mil sept cent quatre vingt dix pour en nommer quatre autres par scrutin comme ci devant duquel il résulte que Jean Tassin est désigné pour notable ensuite Jean-Claude Martin, le troisième Jean Paupe et le quatrième et dernier Monsieur Roinville, lesquels ont accepté et signé avec nous président scrutateur maire et autres composant ladite municipalité. Signé: Finet maire, Louis Michaut président, Paupe procureur, Germain Paupe officier, Rousseau officier, Denis Donné, Jean Tassin notable, Jean-Claude Martin notable, Jacques Cossonnet greffier, Jean Paupe notable, Germain Le Roy notable, Cretin scrutateur  ». Désormais la première municipalité de Nozay était complète.

 

 

Le Mesnil Forget sous la Révolution

Le 18 février 1791, Jean-Nicolas Finet baille la ferme des Célestins pour la dernière fois. Le loyer s'élève à 1.600 livres par an. Le preneur doit payer 16 sols de cens par arpent à la seigneurie de Nozay. Cette ferme est constituée de bâtiments servant à l'exploitation composés du logement du fermier, de deux granges, deux bergeries, une écurie, un hangar, toit à porc, poulailler, le tout couvert de tuiles en très bon état ; l'ensemble est clos de murs avec une entrée par porte charretière et contient un arpent. Un jardin également clos, planté en fruitiers, avec une mare servant d'abreuvoir et un puits contient 3 quartiers contigus aux bâtiments. Les terres labourables représentent 135 arpents, les prés 3 et les bois 70. L 'expert note également une mention (faite avant la vente comme Bien national) indiquant que «  200 chênes sont à couper par ce qu'il ne reste plus que les corps, les branches ont été coupées par le peuple  ».

Par un décret du 2 novembre 1789, l'Assemblée constituante déclare que les biens du clergé sont " mis à la disposition de la Nation ". Le Mesnil Forget devient «  bien national de première origine  ». La vente a lieu le 29 mars1791. C'est l'abbé Guyot qui l'obtient pour 62.100 livres payable en 12 années. Un mois plus tard, un bail à loyer est passé par l'abbé Guyot au fermier Jean-Nicolas Finet. Le 30 juin 1792, le bureau d'enregistrement de Longjumeau reçoit du sieur Jean-Nicolas Finet laboureur demeurant en la ferme du Mesnil Forget la somme de 750 livres à valoir sur ce qu'il doit des fermages de la ferme du Mesnil Fruger appartenant aux ci-devant Célestins de Marcoussis et affermé le 14 décembre 1785 au prix de 1.650 livres par an.

Le 15 thermidor an 3, le maire et les officiers municipaux font le recensement des hommes pour la Garde nationale «  les citoyens de cette commune qui depuis l'âge de seize ans jusqu'à soixante doivent être compris dans la Garde Nationale conformément à la loi du 28 brumaire dernier et à la circulaire du substitut du Procureur syndic du district de Versailles en date du 9 thermidor présent mois, l'avons formé ainsi qui suit…  ». La Garde nationale de Nozay est constituée de 27 hommes dont Jean Nicolas Finet, âgé de 40 ans.

Le Mesnil Forget est vendu une nouvelle fois, c'est le citoyen Joseph Bressy, médecin demeurant à Arpajon qui devient propriétaire. Le 23 septembre 1796, un protocole d'accord est signé entre Joseph Bressy et Jean Nicolas Finet, cultivateur et fermier demeurant en la ferme du Ménil Fruger « lesquels ont dit que ledit Finet tient à titre ferme bail passé à son proffit par ledit Joseph Paul Guyot lors propriétaire en 1792, ladite ferme du Ménil Forget et les bâtiments servant à son exploitation pour neuf années, moyennant 1.800 livres et cinq poulets de fermage annuel, et que du fait du nouvel achat par Bressy ce dernier pouvait donner congé au citoyen Finet selon l'usage  ».

La famille Finet quitte Nozay à la suite de la vente de la ferme du Mesnil-Forget. Jean-Nicolas Finet habite un temps Villejust, puis on perd sa trace.

 

 

Note

(1) Le 9 août 1759, le bail de la ferme de Couard a été passé par la Révérende et Discrète Ddame Jeanne Bénard dite de Sainte-Madeleine, supérieure, et les religieuses de La Saussaye «  lesquelles dames baillent pour neuf années, à Henri Pierre Robin, laboureur à Montlhéry, la ferme de Couard moyennant un loyer annuel de 550 livres ». Est présent Henri Pierre Robin, laboureur au Plessis-Saint-Père, père du preneur , qui se porte comme garant. Ainsi, Henri Pierre Robin demeura à Couard jusqu'à la Révolution.