Le voyage de Jean de La Fontaine
Dans les « Nouvelles œuvres diverses de Jean de La Fontaine » par Mr Walckenaer, nous trouvons la narration d'un voyage que le célèbre fabuliste fit de Paris à Limoges au cours du mois de septembre 1663 (1). Le récit est sous la forme de six lettres écrites à Madame de La Fontaine sous le titre de « Relation d'un voyage de Paris en Limousin, en 1663 ». .
C.Julien . Mai 2014
Vignette pour l'illustration de « La mouche et le coche »
Le voyage se fit en sept étapes : Paris-Clamart, Clamart-Étampes, Étampes-Orléans, Orléans-Amboise, Amboise-Richelieu, Richelieu-Châtellerault et Châtellerault-Limoges. C'est la seconde étape qui nous concerne, puisque arrivant à Bourg-la-Reine, le voyage se fit par la route royale d'Orléans à Toulouse en passant à Montlhéry, Arpajon, Torfou, Étampes, etc.
Le poète commence la première lettre par « Vous n'avez jamais voulu lire d'autres voyages que ceux des chevaliers de la Table ronde ; mais le nôtre mérite bien que vous le lisiez. Il s'y rencontrera pourtant des matières peu convenables à votre goût : c'est à moi de les assaisonner, si je puis, en telle sorte qu'elles vous plaisent ; et c'est à vous de louer en cela mon intention, quand elle ne seroit pas suivie du succès… » et continue par une digression sur l'oisiveté et les lectures de sa femme : « Ce n'est pas une bonne qualité pour une femme d'être savante ; et c'en est une très mauvaise d'affecter de paroître telle ».
L'éditeur qui posséda ces lettres constate qu'elles « donnent un modèle de la meilleure écriture de La Fontaine à l'âge de quarante-deux ans ». Les deux premières lettres du voyage à Limoges détenues par l'académicien furent ajoutées celles publiées par d'Olivet en 1729.
Huit lettres furent adressées à Mme de La Fontaine :
lettre I : à Clamart, le 25 août,
lettre II : à Amboise, le 30 août,
lettre III : à Richelieu, le 3 septembre,
lettre IV : à Châtellerault, le 5 septembre,
lettre V : à Limoges, le 12 septembre,
lettre VI : à Limoges, le 19 septembre.
L'objet du voyage
La Fontaine commence sa lettre écrite à Clamart par : « Nous partîmes donc de Paris le 23 du courant, après que M. Jannart eut reçu les condoléances de quantité de personnes de condition et de ses amis. M. le Lieutenant-criminel en usa généreusement, libéralement, royalement: il ouvrit sa bourse, et nous dit, que nous n'avions qu'à puiser. Le reste du voisinage fit des merveilles. Quand il eût été question de transférer le quai des Orfèvres, la cour du Palais, et le Palais même, à Limoges, la chose ne se seroit pas autrement passée. Enfin, ce n'étoit criez nous que processions de gens abattus, et tombés des nues. Avec tout cela, je ne pleurai point; ce qui méfait croire que j'acquerrai une grande réputation de constance dans cette affaire ».
« La fantaisie de voyager m'étoit entrée quelque temps auparavant dans l'esprit, comme si j'eusse eu des pressentiments de l'ordre du Roi ». En effet, La Fontaine fut mêlée à la disgrâce de Fouquet dès que le roi Louis XIV prit la direction du gouvernement au lendemain de la mort de Mazarin. Par suite des persécutions dirigées contre Fouquet, Jannart, son ami et son substitut dans la charge de procureur au parlement, fut exilé à Limoges, où la femme de Fouquet avait aussi été reléguée. Un valet de pied du roi, nommé Châteauneuf, eut ordre d'accompagner Jannart jusqu'à Limoges. La Fontaine le suivit; dans son exil. Jannart avait épousé une tante de madame de La Fontaine, et ce fut lui qui avait fait connaître notre poète à Fouquet. (Voyez l' Histoire de la Vie et des Ouvrages de J. de La Fontaine , p. 13 et p. 58). La Fontaine se persuade que l'exil à Limoges lui sera plaisant « On nous a dit, entre autres merveilles, que beaucoup de Limousines de la première bourgeoisie portent des chaperons de drap rose-séche sur des cales de velours noir. Si je trouve quelqu'un de ces chaperons qui couvre une jolie tête, je pourrai m'y amuser en passant, et par curiosité seulement ».
L'étape de Clamart
Les trois premières lieues furent « sans aucun accident, sinon que l'épée de M. Jannart s'est rompue ». Clamart est situé au-dessous de cette fameuse montagne où est situé Meudon, dit-il. Les voyageurs sont hébergés chez « Madame C. » dont nous ignorons le nom. « là nous devons nous rafraîchir deux ou trois jours. En vérité, c'est un plaisir que de voyager; on rencontre toujours quelque chose de remarquable. Vous ne sauriez croire combien est excellent le beurre que nous mangeons; je me suis souhaité vingt fois de pareilles vaches, un pareil herbage des eaux pareilles, et ce qui s'ensuit, hormis la batteuse, qui est un peu vieille. Le jardin de madame C. mérite aussi d'avoir place dans cette histoire; il a beaucoup d'endroits fort champêtres, et c'est ce que j'aime sur toutes choses ».
Nous retrouvons ici le maîtres des Eaux-et-Forêts dans une description précise des lieux : « de ces deux terrasses que le parterre a en face et à la main gauche, et des rangs de chênes et de châtaigniers qui les bordent : je me trompe bien si cela n'est beau. Souvenez-vous aussi de ce bois qui paroît en l'enfoncement, avec la noirceur d'une forêt âgée de dix siècles :les arbres n'en sont pas si vieux, à la vérité; mais toujours peuvent-ils passer pour les plus anciens dû village, et je ne crois pas qu'il y en ait de plus vénérables sur la terre. Les deux allées qui sont à droite et à gauche me plaisent encore : elles ont cela de particulier, que ce qui les borne est ce qui les fait paroître plus belles. Celle de la droite a tout-à-fait la mine d'un jeu de paume; elle est à présent bordée d'un amphithéâtre de gazon, et a le fond relevé de huit ou dix marches : il y a de l'apparence que c'est l'endroit où les divinités du lieu reçoivent l'hommage qui leur est dû » . Et adresse un pamphlet aux puissants qui gouvernent :
« J'aime cent fois mieux cette herbe
« Que les précieux tapis
« Sur qui l'Orient superbe
« Voit ses empereurs assis.
« Beautés simples et divines.
« Vous contentiez nos aïeux,
« Avant qu'on tirât des mines
« Ce qui nous frappe les yeux.
« De quoi sert tant de dépense?
« Les grands ont beau s'en vanter :
« Vive la magnificence
« Qui ne coûte qu'à planter!
On devine qu'il invoque les dépenses pharamineuses de Fouquet à Vaux-le-Vicomte, mais également l'entreprise de Louis XIV à Versailles. Et en guise de conclusion « Nonobstant ces moralités, j'ai conseillé à madame C. de faire bâtir une maison proportionnée en quelque manière à la beauté de son jardin, et de se ruiner pour cela.. ».
« Les occupations que nous eûmes à Clamart, votre oncle et moi, furent différentes. Il ne fît aucune chose digne de mémoire : il s'amusa à des expéditions, à des procès, à d'autres affaires. Il n'en fut pas ainsi de moi; je me promenai, je dormis, je passai le temps avec les dames qui nous vinrent voir ».
Carte par le Sieur Sanson « Le Gouvernement général de l'Isle de France ou la Généralité de Paris divisée en ses Elections » (1696) .
L'étape de Bourg-la-Reine
Les voyageurs quittèrent Clamart le 26 août pour aller à Bourg-la-Reine, accompagné par Madame C. et la tante de M. de La Fontaine « pour y prendre la commodité du carrosse de Poitiers, qui y passe tous les dimanches ». Là se doit trouver un valet de pied du roi, qui a ordre de nous accompagner jusqu'a Limoges. « Je vous écrirai ce qui nous arrivera en chemin, et ce qui me semblera digne d'être observé , cependant faites bien mes recommandations à notre marmot, et dites-lui que peut-être j'amènerai de ce pays-là quelque beau petit chaperon pour le faire jouer, et pour lui tenir compagnie», dit-il.
Il fallut attendre trois heures avant l'arrivée de la voiture de poste, « nous ouïmes une messe paroissiale. La procession, l'eau bénite, le prône, rien n'y manquoit. De bonne fortune pour nous, le curé étoit ignorant, et ne prêcha point. Dieu voulut enfin que le carrosse passât : le valet-de-pied y étoit; point de moines, mais en récompense trois femmes, un marchand qui ne disoit mot, et un notaire qui chantoit toujours, et qui chantoit très mal : il reportoit en son pays quatre volumes de chansons. Parmi les trois femmes, il y avoit une Poitevine qui se qualifioit comtesse; elle paroissoit assez jeune et de taille raisonnable, témoignoit avoir de l'esprit, déguisoit son nom, et venoit de plaider en séparation contre son mari : toutes qualités de bon augure, et j'y eusse trouvé matière de cajolerie si la beauté s'y fût rencontrée; mais sans elle rien ne me touche; c'est à mon avis le principal point : je vous défie de me faire trouver un grain de sel dans une personne à qui elle manque. Telle étoit donc la compagnie que nous avons eue jusqu'au Port-de-Pilles. Il fallut à la fin que l'oncle et la tante se séparassent ; les derniers adieux furent tendres et l'eussent été beaucoup davantage, si le cocher nous eût donné le loisir de les achever » .
Enfin la malle-poste s'ébranle : « Comme le cocher vouloit regagner le temps qu'il avoit perdu, il nous mena d'abord avec diligence. On laisse, en sortant du Bourg-la-Reine, Sceaux à la droite et à quelques lieues de là Chilly à la gauche, puis Montléry du même côté ».
La Fontaine à Montlhéry
C'est ici le centre d'intérêt de notre chronique. La fabuliste continue sa deuxième lettre par une discussion sur le toponyme de la capitale du Hurepoix et par une présentation étrange de l'histoire de la cité. « Est-ce Montléry qu'il faut dire, ou Montlehéry ? C'est Montlehéry quand le vers, est trop court, et Montléry quand il est trop long. Montléry donc ou Montlehéry comme vous voudrez, étoit jadis une forteresse que les Anglois, lorsqu'ils étoient maîtres de la France, avoient fait bâtir sur une colline assez élevée. Au pied de cette colline est un bourg qui en a gardé le nom. Pour la forteresse, elle est démolie, non point par les ans : ce qui en reste, qui est une tour fort haute, ne se dément point, bien qu'on en ait ruiné un côté : il y a encore un escalier qui subsiste, et deux chambres où l'on voit des peintures angloises, ce qui fait foi de l'antiquité et de l'origine du lieu. Voilà ce que j'en ai appris de votre oncle, qui dit avoir entré dans les chambres : pour moi, je n'en ai rien vu; le cocher ne vouloit arrêter qu'à Châtres, petite ville qui appartient à M. de Condé, l'un de nos grands maîtres (2) . Nous y dînâmes. Après le dîner, nous vîmes encore à droite et à gauche force châteaux : je n'en dirai mot, ce seroit une oeuvre infinie.
À propos de Montlhéry, Mr. Walckenaer précise dans une note: « L'usage a fait prévaloir Montlhéri , mais le véritable nom est Montlehéri , de Mons-Letherici qui est celui qu'on trouve dans les anciens titres. Ce nom vient de la situation élevée du lieu, et d'un Lethericus ou Lederic qui, dit-on, y fit, le premier construire un château ou qui, selon d'autres, fut forestier de la forêt Charbonnière , au sixième siècle. Mais cela est incertain : ce qui ne l'est pas, c'est l'erreur de La Fontaine qui dit que ce sont les Anglois qui ont bâti Montlhéri. Les premières mentions de Mons-Lethericus se trouvent dans la chronique des moines de Maurigny, dans l'histoire des Goths de Louis le Gros, par Suger dans des lettres de Philippe-Auguste. Tous ces écrits ne sont pas antérieurs au douzième siècle, mais ils font remonter l'origine de la forteresse de Montlhéri au commencement du onzième, vers l'an 1015. Ce fut alors qu'un nommé Thibaud, surnommé Fils-Étoupe , à cause de ses blonds cheveux, fit bâtir la forteresse de Mons Lethericus (Voyez Aimoin, liv. V, chap. 46). Ce n'est que par pure conjecture, de l'aveu même de Duchesse, que les Montmorency font remonter l'origine de leur maison à ce Thibaud, qui étoit forestier du roi Robert (Voyez Histoire de la maison de Montmorency, p. 687). Quoi qu'il en soit, les descendants dé Thibaud, au moyen de cette forteresse inquiétèrent beaucoup Philippe premier et Louis-le-Gros. Celui-ci s'en empara, la fit raser, et le conserva que 1a tour, qui servit depuis de prison, et où Philippe-le-Bel fit enfermer le comte de Hainaut en 1292 et 1293. Pendant les guerres civiles et autres, la situation de Montlhéri l'a souvent fait choisir comme poste militaire, et l'a rendu le théâtre de plusieurs combats.
La traversée de Torfou
Seulement nous passâmes auprès du Plessis-Pâté et traversâmes ensuite la vallée de Caucatrix, après avoir monté celle de Tréfou ; car, sans avoir étudié en philosophie, vous pouvez vous imaginer qu'il n'y a point de vallée sans montagne. Je ne songe point à cette vallée de Tréfou ? que je ne frémisse ».
« C'est un passage dangereux,
« Un lieu, pour les voleurs, d'embûche et de retraite;
« A gauche un bois, une montagne à droite,
« Entre les deux
« Un chemin creux.
« La montagne est toute pleine
« De rochers faits comme ceux
« De notre petit domaine.
« Tout ce que nous étions d'hommes dans le carrosse, nous descendîmes, afin de soulager les chevaux. Tant que le chemin dura, je ne parlai d'autre chose que des commodités de la guerre : en effet, si elle produit des voleurs, elle les occupe; ce qui est un grand bien pour tout le monde, et particulièrement:pour moi, qui crains naturellement de les rencontrer. On dit que ce bois que nous côtoyâmes en fourmille : cela n'est pas bien, il mériteroit qu'on le brûlât ».
« République de loups, asile de brigands,
« Faut-il que tu sois dans le monde?
« Tu favorises les méchants
« Par ton ombre épaisse et profonde.
« Ils égorgent celui que Thémis, ou le gain,
« Ou le désir de voir, fait sortir de sa terre.
« En combien de façons, helas ! le genre humain
« Se fait à soi-même la guerre !
« Puisse le feu du ciel désoler ton enceinte !
« Jamais celui d'amour ne s'y fasse sentir,
« Ni ne s'y laisse amortir !
Enfin, les voyageurs terminent cette étape en entrant dans Étampes. « Notre première traite s'acheva plus tard que les autres; il nous resta toutefois assez de jour pour remarquer, en entrant dans Étampes, quelques monuments de nos guerres : ce ne sont pas les plus riches que j'aie vus ; j'y trouvai beaucoup de gothique ; aussi est-ce l'ouvrage de Mars, méchant maçon s'il en fut jamais ?
La mauvaise réputation de Torfou
Dans une note l'éditeur des lettres évoque les écrits de l'abbé Le Beuf (t. XI, p. 20) :
« Torfou est le vrai nom de ce lieu. Ce nom, dans d'anciens titres qui remontent à Philippe-Auguste, est en latin Tortefagus. Je ne sais pourquoi l'abbé Le Bœuf reproche à Cassini d'avoir appelé ce lieu Tréfou dans sa carte des triangles; car sur la carte générale de Cassini, qui accompagne sa description géométrique de la France (in-4°, 1783), sur celle de la méridienne de Paris, (in-4°, 1744) et enfin sur la grande carte des triangles, en 18 feuilles, ce nom est écrit Torfou. Il est aussi écrit de même sur les cartes de Sanson, dressées du temps de La Fontaine ».
La plaine de Torfou étoit autrefois une forêt dont Martin Franc, poète françois sous Charles VII, fait mention lorsqu'il parle du concours aux fêtes des Pays-Bas :
« Là tu verras des gens dix mille,
« Plus qu'en la forêt de Torfolz,
« Qui servent par sales, par villes,
« A ton Dieu le prince des fols.
Mr. Walckenaer précise dans une note : « Ce lieu étoit devenu célèbre par les meurtres et les vols que deux gardes de chasse de madame la maréchale de Bassompierre y avoient commis quinze à vingt ans auparavant. Alors la grande route approchoit tout-à-fait de Torfou. Le chemin dans la vallée avant que l'on aperçût le village, étoit aussi plus étroit qu'aujourd'hui. Les deux gardes avoient pratiqué sous une roche une espèce de cave qui leur servoit de retraite. Là ils avoient des habits de différents ordres religieux, et aussi des livrées les plus distinguées : par ce moyen ils changeoient de forme et de figure à toutes les heures du jour, et à la faveur de ces déguisements, répétés plusieurs fois, ils se répandoient le long du grand chemin, et ne faisoient point de quartier à ceux qui tomboient entre leurs mains. Ils furent enfin découverts, arrêtés et condamnés à être rompus vifs : ce qui fut exécuté, dit-on, au bas de la vallée; au moins leurs corps y furent exposés long-temps sur la roue ».
La mouche et le coche
On dit que ce voyage donna l'occasion à Jean de La Fontaine l'écriture de sa célèbre fable « La mouche et le coche » du Livre VII (3). Ceci est exact. La fable fut écrite en 1663 à Bellac pendant que La Fontaine y séjourna quelques jours. Bellac est une petite ville du Limousin (Haute-Vienne) à 45 kilomètres de Limoges. Quel fut l'évènement qui donna cette idée au fabuliste ? Parmi les différentes hypothèses furent établies, on a dit que la montée de la cote de Montlhéry, par une chaude journée, en cette fin de mois d'août, fut pénible. Ce serait le passage de la rue de la Chapelle, puisqu'à cette époque la route d'Orléans parcourait le centre de la ville passant la grande rue et la porte Baudry. Il semble, toutefois, que cette hypothèse ne puisse être retenue.
En lisant les lettres des 25 et 30 août, nous trouvons la clef de cette énigme : il s'agit du passage de la route d'Orléans sur « la montagne de Torfou » depuis la plaine de Saint-Sulpice-de-Favières. Voici les indications qui conduisent à cette conclusion :
- en montant dans la malle poste à Bourg-la-Reine, La Fontaine dit « point de moines, mais en récompense trois femmes, un marchand qui ne disoit mot, et un notaire qui chantoit toujours… », alors qu'il écrit (vers 4) « Femmes, moine, vieillards, tout était descendu ». Nous retrouvons les personnages avec la présence d'un « moine » bien qu'il soit exclusdans la lettre postée à Amboise.
- la description du lieu (deux premiers vers) « Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, et de tous les côtés au Soleil exposé… » correspond parfaitement à la montée de Torfou.
- La Fontaine précise qu'au bas de la cote « tout était descendu » (vers 4) puis « L'attelage suait, soufflait, était rendu » (vers 5) alors que la lettre nous apprend « Tout ce que nous étions d'hommes dans le carrosse, nous descendîmes, afin de soulager les chevaux. Tant que le chemin dura, je ne parlai d'autre chose que des commodités de la guerre… ».
- La Fontaine reprend le thème du moine (vers 15) « Le Moine disait son Bréviaire ».
- enfin, le fabuliste nous parle de chansons (vers 16 et 17) « … une femme chantait ; c'était bien de chansons qu'alors il s'agissait ! » alors que sa lettre mentionne « un notaire qui chantoit toujours, et qui chantoit très mal ».
Épilogue
Notre poète termine sa dernière lettre par une appréciation toute personnelle : « Je vous donne les gens de Limoges pour aussi fins et aussi polis que peuple de France : les hommes ont de l'esprit en ce pays là, et les femmes de la blancheur: mais leurs coutumes, façons de vivre, occupations, compliments sur tout, ne me plaisent point ». Le galant avoue qu'il ne trouva aucune compagnie en Limousin… en terminant par ces vers :
« J'y trouve aux mystères d'amour
« Peu de savants, force profanes;
« Peu de Phillis, beaucoup de Jeannes ;
« Peu de muscat de Saint-Mesmin,
« Force boisson peu salutaire;
« Beaucoup d'ail et peu de jasmin:
« Jugez si c'est là mon affaire.
Notes
(1) C.A. Walckenaer, Nouvelles œuvres diverses de Jean de La Fontaine (chez A. Nepveu, Paris, 1820).
(2) Note de Mr. Walckenaer « Châtres se nomme aujourd'hui Arpajon . Les terres et seigneuries de Châtres ou Chastres sous Montlhéry , de la Bretonnière et de Saint-Germain , toutes trois continues, avoient été unies et érigées en marquisat sous le nom d'Arpajon, par lettres patentes d'avril 1720, et il fut en même temps décidé que la ville de Châtres se nommeroit Arpajon ».
(3) On peut lire des commentaires à http://bacdefrancais.net/coche_et_la_mouche.php .