Cette chronique est le troisième volet de l'histoire de la seigneurie de Fontenay-les-Briis.
J.P Dagnot - Janvier - 2015
Fontenay aux Haudry
L'histoire de Soucy comprenant les différents achats faits par André Pierre Haudry ne retenons que l'acquisition devant Delan, en 1751 de la seigneurie de Fontenay à Joseph Simon Delaistre et Marie Françoise de Bullion son épouse, moyennant 252.400 livres tournois.
André Haudry est veuf de Françoise Dantan depuis 1743. En 1750, il marie sa fille Elizabeth, avec Jean-Baptiste de Monthulé. Jean Baptiste de Monthullé, chevalier, seigneur baron de Saint-Port d'une part et André Haudry, écuier, secrétaire du roy, l'un de ses fermiers généraux stipulant pour sa fille Elizabeth et de feu Françoise Dantan, ladite demeurant avec son père rue Plastrière paroisse Saint-Eustache d'autre part... Monthulé apporte le tiers des biens venant de la succession de sa mère et 365.000 livres. André Haudry apporte 400.000 livres dont une partie en avance d'hoirie.
L'année suivante, Laurent Haudry, fils aîné du fermier général, rédige son testament, malade dans son corps, dans son lit en la maison de son père:
- donne à sa soeur Madame de Monthulé, sa tabatière à portrait et son étui d'or,
- institue mon père légataire universel...
Le château de Soucy devient une résidence secondaire de qualité dans la région. Le fermier général achète donc la seigneurie de Fontenay en 1751. Il obtient en général ce qu'il désire, ainsi en 1753, l'archevêque de Paris lui permet de célébrer un mariage en la chapelle de Soucy. Je soussigné, prêtre de Saint Sauveur, ai fiancé et marié, François Noel Haudry, directeur des aydes, fils majeur de François Haudry, receveur des gabelles d'Abbeville… et de Marie Antoinette Tétard… Notre fermier général est l'oncle de François Noel Haudry./
La générosité de cet homme se voit par les écrits de Colin, curé de Fontenay:
- en juin 1757, Messire André Haudry, seigneur de cette paroisse, bénévolement et sans obligation de sa part, pour le soulagement du curé, et des habitans a commencé à réparer le choeur et la sacristie de cette paroisse , a augmenté l'un et l'autre d'environ 18 pieds... Messire André Haudry de Souci son fils en présence de mon dit sieur Haudry seigneur dudit lieu...
- Puis l'année suivante, le jours de Pacques, à l'issue de la grand messe, tout le peuple assemblé par ordonnance de l'archevêque de Paris, l'église de Fontenay, réparée considérablement agrandie et décorée par les charités de Messire André Haudry seigneur de Fontenay a été bénie par nos curés suivant le rite de l'église, sous l'invocation de Saint André premier patron et Saint Martin évêque de Tours, second patron... Furent présents à la bénédiction et ont signé avec nous, Messire André Haudry, ..., Messire André (Pierre omis) fils, écuyer, fermier général de sa Majesté, ...
C'est à cette époque qu'il acquiert ses titres de noblesse. Nous arrivons en 1763, André Haudry marie son fils André Pierre avec Justine Victoire Payneau. Le document est mentionné sur le répertoire du notaire mais existe-t-il ? En effet, suite à la faillite d'André Pierre, les documents concernant cette famille ont tous été retirés des liasses de ce notaire.
André Haudry vieillit, âgé de 76 ans, il achète la terre et seigneurie de Janvry et la même semaine rédige son testament. Ce dernier, comme il vient d'être dit est absent des liasses du notaire. Une chance pour nous, il a été retranscrit dans un registre de justice. Nous André Haudry, écuyer ...., ce que je peux faire de mieux pour conserver la paix dans ma famille, .... au nom du père, du fils, ... je recommande mon âme à Dieu ...
- je désire que mon corps soit mis dans un cercueil de plomb, porté et inhumé en la chapelle Saint Eloy du château de Soucy, à gauche en entrant dans le choeur de la chapelle , sans pompes funèbres, tant à Paris qu'à Soucy,
- je déclare pour la plus grande édification de mes enfans que la fortune que je pourrai laisser sera pure et noble, le fruit du travail de plus de cinquante années dans les seules fermes du roy...
- Mes enfans sont nés d'une mère sage et vertueuse que j'ai eu le malheur de perdre il y a 19 ans, ... Avec cette femme j'ai eu un assez grand nombre d'enfans dont deux me restent, scavoir André Haudry a qui il a plu au roy d'accorder la ferme générale où j'ai travaillé, et Elizabeth Haudry épouse de Mr Monthullé... J'ai perdu un fils aisné (Laurent) de celui d'aujourd'hui, qui m'a fait son légataire universel...
- D'après l'acquisition que je viens de faire des terres de Janvry et Bligny qui joignent de toute part cette terre de Soucy et Fontenay, je crois devoir faire les dispositions suivantes dans lesquelles je n'aurai d'autre vue que la justice... Je délaisse tous mes biens à mes biens à mes deux enfants pour être partagés entre eux, mais je désire que la postérité masculine reste pour Soucy, Fontenay et Janvry ; à cet effet j'ordonne qu'elles entreront dans le lot de mon fils pour un 1.000.000 de livres, scavoir 625.000 livres pour Soucy et Fontenay, 375.000 livres pour Janvry, sans que ma fille ne puisse rien prétendre sur ce choix, soit comme mon héritière, soit comme héritière de sa mère... Pour ne pas léser ma fille je lui lègue Seynel... Les terres de Soucy et Fontenay réunies en un seul corps de terre sous le titre de châtellenie que j'ai fait érigé par lettres patentes... au cas où les héritiers contesteraient mes intentions et dans ce cas seulement je lègue à l'hôpital de Paris 400.000 livres à prendre sur la part du contestataire, me manquant de respect pour la conduite que j'ai eu d'eux de ne pas me remarier et de continuer la communauté avec eux pour ne rien distraire à leur préjudice.
Suivent des legs particuliers ...
Fait au château de Soucy le 16 octobre 1764. Ecrit sur l'enveloppe: Testament d'André Haudry qui sera déposé chez Bioche.
Fin 1769, André Haudry décède, son testament est déposé et absent des minutes du notaire. Début 1770, il en est de même de son inventaire après décès.
Guilhermy qui a visité l'église de Fontenay après la Révolution cite: Un porche en charpente abritait une porte percée dans le mur méridional de l'église. On y voyait employée en dallage la tombe de messire André Haudry, écuyer, seigneur de Soucy, Fontenay, Janvry et autres lieux, secrétaire du roi et fermier général, mort à Paris en 1769, âgé de 81 ans, présenté à Saint-Eustache sa paroisse, et transporté ensuite à Fontenay. L'épitaphe rédigée en français; des ossements et une tête de mort couronnée de lauriers servait d'accessoire au texte. Cette pierre provient de la chapelle de Soucy si l'on se réfère au testament du défunt. Aujourd'hui, elle se trouve dans le cimetière de Fontenay et aurait besoin de quelques restaurations.
À cette période, extrayons des mémoires de Madame Roland: André Haudry possédait un château antique (Fontenay), dans lequel il aimait à mettre des habitans; il y avait logé un notaire, un régisseur, et il engagea monsieur et madame Besnard à y prendre un appartement, où ils passassent une partie de la belle saison. Ces derniers jouissaient de la promenade d'un parc, dont le négligé faisait un aimable contraste avec les jardins de Soucy. Lorsque nous étions arrivées chez madame Besnard, elle désirait que nous allions faire une visite à Soucy, où la belle-mère et la belle-soeur d'Haudry se tenaient avec lui, et faisaient les honneurs de sa maison. Cette visite se rendait modestement avanr dîner; j'entrais sans nul plaisir, dans un salon où madame Penault et sa fille nous recevaient avec une grande politesse, il est vrai, mais qui sentait un peu la supériorité. Le ton de ma mère, le caractère même que je portais, sous l'air d'une timidité qui naît du sentiment que l'on vault et du doute d'être apprécié, ne permettaient guère de l'exercer; je recevais des compliments qui me flattaient peu et que je relevais avec quelque finesse. Peu de jours après, ces dames ne manquaient pas de nous rendre notre visite, elles étaient suivies de la compagnie qui se trouvait au château; on faisait un bout de promenade de la visite à Fontenay; j'étais alors plus aimable, et je savais mettre, dans ma part de réception, la dose de politesse modeste et digne qui établissait l'équilibre. Il arriva, une fois, à madame Penault de nous inviter à dîner; je ne fus jamais plus étonnée que d'apprendre que c'était, non pas avec elle, mais à l'office. Je sentais bien que monsieur Besnard y ayant fait autrefois son rôle, je ne devais pas, par égard pour lui, paraître mécontente de m'y trouver ... Le dimanche on dansait à Soucy, au bel air, sans autre abri que celui des arbres... J'apercevais le jeune Haudry qui commençait à inspirer de l'inquiétude à sa famille; ses folies avec la courtisane Laguerre préparaient sa ruine.
En 1765, notons extrait du registre des baptêmes de la paroisse Saint-Eustache, la naissance d'André Haudry, fils d'André-Pierre et de Justine Victoire Payneau, le parrain Jean-Baptiste de Montullé, la marraine Adélaïde Payneau.
Deux mois après de décès d'André Haudry a lieu le partage de la succession, entre André Pierre et sa soeur Elizabeth Françoise, seuls héritiers chacun par moitié du défunt leur père. Comme pour la plupart des documents concernant la famille Haudry, la minute est inexistante dans la liasse du minutier central. On peut penser que ses enfants s'en sont tenus à son testament.
À la même époque, André Pierre Haudry, écuyer seigneur de Soucy, Fontenay, Janvry, l'un des fermiers généraux de sa majesté, demeurant à Paris rue du Boulois paroisse saint-Eustache, constitue à Jean Antoin Huet, bourgeois de Paris une rente 500 livres de rente au denier 20, sur ses meubles, moyennant 10.000 livres que ledit Haudry reconnait avoir reçu; ladite rente rachetable. La fin de l'acte est le remboursement en 1778.
Notons fin 1787, le mariage du baron Jean Lesparda avec Adélaïde Haudry. Ce couple va posséder Fontenay en l'an 7.
Les déboires financiers du fermier général vont aboutir fin ventôse an 7, à une délibération par les créanciers Haudry, pour mettre en vente Fontenay.
Le 25 germinal an 7, un procès verbal de publication de la terre de Fontenay est réalisé par Pierre Jean Charlot, demeurant rue de la Grange Batelière, division du Mont Blanc, créancier et l'un des syndics et directeurs des droits des autres créanciers unis d'André Pierre Haudry de Soucy , fermier général, disant :
- l'historique, le fermier général abandonne ses biens non vendus dont fait partie la terre de Fontenay, laquelle pour raison de la comptabilité dudit citoyen est dégagée de l'opposition nationale, qui repose exclusivement sur la terre de Soucy;
- pour éteindre les créances non encore acquittées, arrête le 29 ventôse la vente sur publications de la terre de Fontenay;
- dresser un cahier contenant la désignation des maisons corps de ferme, les clauses, ..., mise à prix 46.000 frs.
Présent le citoyen André Pierre Haudry de Soucy, il demeure rue de la Grange Batelière, n°35, (le créancier et la victime habitent la même adresse)
Les biens à vendre:
- corps de ferme avec jardin, tenant au chemin de Fontenay à Bligny et à la route de Fontenay à Bris contenant 25.908 m2 ,
- maison appelée l'école 376 m2 ;
- grange avec cour 674 m2 ,
- maison occupée jusqu'à ce jour par un chapelain , sur la place de Fontenay 1.186 m2 ,
- maison dite l'auberge de Chantilly sur la place de Fontenay , 376 m2 ,
- suivent prés avenues, bois,
- la maison principale, cour, parterre, dépendances, potager, parc, pièce d'eau et allées, clos partie de mur et borné au nord par le chemin de Fontenay à Briis pour 206.193 m2 ,
soit 52 articles appartenant aux créanciers d'André Pierre,
le 3/6/1783, a été formé au cy devant parlement de Paris, l'union des créanciers qui sert à distribuer le prix des biens. Suivent une seconde publication le 5 floréal an 7 , puis une troisième le 15 floréal. Les biens sont adjugés pour 52.300 frs au baron Lesparda.
À suivre...